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Faut-il encore laver nos enfants ?

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Academic year: 2022

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0 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 25 janvier 2012 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 25 janvier 2012 197 présentation clinique

Madame B. vient consulter l’allergologue pédiatre car elle est désespérée au vu des nombreuses maladies atopiques dont souffre sa fille Mélissa, âgée de dix-huit mois. L’enfant a commencé par présenter une dermatite atopique dès l’âge de trois semaines, avec des lésions importantes pendant les quinze premiers mois de vie. Depuis 2-3 mois, la maman cons tate néanmoins une légère amélio- ration. L’enfant a par ailleurs présenté quatre épisodes d’asthme péri-infectieux et la maman a l’impression que Mélissa s’est légèrement frotté les yeux, qui étaient rouges, en présence du chat de la famille. D’autre part, la première fois que la fillette a mangé du Nutella, elle a présenté, dans les dix minutes qui ont suivi, une réaction urticarienne sur tout le corps. La maman n’était pas trop sur- prise car l’enfant avait déjà eu le même type d’érup tion trois mois auparavant avec un œuf à la coque. La maman se demande ce qu’elle a fait faux pour pré- venir les allergies. En effet, la famille gère une exploitation agricole avec de nom- breux animaux d’élevage, elle possède trois chats à domicile et la maman a allaité Mélissa exclusivement jusqu’à l’âge de sept mois.

La famille projette d’avoir un deuxième enfant et se demande si elle ne ferait pas mieux de déménager en ville et de remplacer l’allaitement par un lait «pour la prévention des allergies».

commentaires

Le terrain atopique, qui touche environ un tiers de la population, est caractérisé par la présence d’IgE spécifiques à des allergè- nes courants, alimentaires ou respiratoires.

Les maladies allergiques se déclarent chez environ la moitié des atopiques. Chaque al- lergique a un profil particulier, l’allergie pou- vant se déclarer, comme chez Mélissa, tôt

dans la vie puis diminuer, ou alors qu’à l’âge adulte.

L’environnement de l’individu semble jouer un rôle essentiel dans l’émergence de l’al- lergie. Dans un premier temps, Strachan et coll. ont pu démontrer que le fait d’être né comme puiné dans une famille nombreuse semblait protéger de la survenue d’allergie, probablement en rapport avec le nombre d’infections banales qu’un enfant subit dans la petite enfance.1 Cette étude a été par la suite confirmée par d’autres, suggérant que les parasites2 et certaines infections vira- les 3 peuvent protéger de l’allergie. Une étude allemande comparant l’Allemagne de l’Est (DDR) et de l’Ouest avant la réunification a objectivé une plus faible prévalence de la rhinite allergique (2,4% vs 8,6%) en DDR, cela malgré une pollution de l’air supérieu re, suggérant l’intervention d’autres facteurs en- vironnementaux.4 Clairement, les enfants vivant en DDR étaient «socialisés» par la vie en crèche de manière plus précoce qu’en Allemagne de l’Ouest, et donc fréquemment exposés à divers pathogènes banals. Les

études sur la prévalence de l’allergie chez les enfants grandissant à la ferme font partie des études les plus élégantes dans le do- maine. Un groupe d’investigateurs helvético- germano-autrichien a clairement démontré que naître puis grandir proche de l’environ- nement bactérien d’une étable était le plus puissant facteur protégeant de la survenue d’une allergie.5,6

Sur cette base, diverses stratégies de prévention de l’allergie, basée sur l’adminis- tration de micro-organismes protecteurs tels que les probiotiques, ont été développées.

Leur effet est néanmoins controversé. Par ailleurs, des interventions alimentaires de type éviction d’allergènes à haut risque ont été recommandées jusqu’à récemment. Ce dogme est également remis en question.

Si l’effet protecteur d’un environnement

«infectieux» semble établi, d’autres facteurs environnementaux ou génétiques peuvent parfois annihiler cet effet protecteur et me- ner à des situations comme celle décrite dans la vignette clinique.

Faut-il encore laver nos enfants ?

Quadrimed 2012

P. Eigenmann

Dr Philippe Eigenmann Département de l’enfant et de l’adolescent HUG, 1211 Genève 14 philippe.eigenmann@hcuge.ch

Rev Med Suisse 2012 ; 8 : 197

Implications pratiques

Les mesures menant à la prévention de l’allergie sont à mettre en rapport avec le risque familial et personnel du patient mais ne seront, dans le meilleur des cas, que partielles Les mesures de prévention d’allergies doivent être discutées avec les parents et leurs im­

plications sur la qualité de vie de la famille doivent être soigneusement mesurées En cas de manifestation précoce de l’allergie, un bilan spécialisé doit être effectué, avec comme but, un diagnostic précis de l’allergie, pour éviter notamment des régimes inutiles E

E E

Bibliographie

1 Strachan DP, Taylor EM, Carpenter RG. Family struc­

ture, neonatal infection, and hay fever in adolescence.

Arch Dis Child 1996;74:422­6.

2 * Yazdanbakhsh M, Kremsner PG, van Ree R. Allergy, parasites, and the hygiene hypothesis. Science 2002;296:

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3 Matricardi PM, Rosmini F, Ferrigno L, et al. Cross sectional retrospective study of prevalence of atopy among Italian military students with antibodies against hepatitis A virus. BMJ 1997;314:999­1003.

4 * von Mutius E, Fritzsch C, Weiland SK, Roll G, Mag­

nussen H. Prevalence of asthma and allergic disorders

among children in united Germany : A descriptive com­

parison. BMJ 1992;305:1395­9.

5 ** Riedler J, Braun­Fahrländer C, Eder W, et al. Ex­

posure to farming in early life and development of asth­

ma and allergy : A cross­sectional survey. Lancet 2001;

358:1129­33.

6 Ege MJ, Mayer M, Normand AC, et al. Exposure to environmental microorganisms and childhood asthma.

N Engl J Med 2011;364:701­9.

* A lire

** A lire absolument

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