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Faut-il encore aller à l’ASCO? ÉDITORIAL

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Academic year: 2022

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ÉDITORIAL

Faut-il encore aller à l’ASCO ?

J. Rouëssé

Centre René Huguenin, 35, rue Dailly, F-92210 Saint-Cloud, France

En aucun cas, cet éditorial se veut être un résumé plus ou moins exhaustif des résultats les plus importants de cet ASCO puisque les papiers publiés dans ce numéro ont pour but de le faire ; il a plutôt la prétention de donner l’impression générale ressentie par un oncologiste (dont la formation, et une bonne partie de l’exercice, a été celle d’un généraliste), harassé par la course, au milieu de plus de 20 000 congressistes, à la recherche de la communication qu’il ne faut surtout pas manquer. Avec plus de 9 000 abstracts dont une bonne proportion est publiée soit en communication orale soit en poster, l’ASCO 2005 donne le vertige et amène à se poser un grand nombre de questions sur l’exercice de l’oncologie que nous voudrions aborder ici tout en sachant que chacune d’elle mériterait de plus importants développements. Les publications de l’ASCO ont un impact non seulement du fait des résultats qu’elles apportent, mais surtout parce qu’elles témoignent de l’arrivée en masse de traitements, les thérapeutiques ciblées qui, s’appuyant sur de nouveaux concepts et de nouvelles techniques diagnostiques, bouleversent notre arsenal thérapeutique. Certaines de ces nouveautés ont été considérées comme suffisamment importantes pour modifier un programme généralement rigoureusement établi et pratiquement intouchable. La session

« imprévue » consacrée à l’utilisation du trastuzumab dans le traitement du cancer du sein est un événement rarissime dans l’histoire de l’ASCO, passionnant au point de vue scientifique, et lourd de conséquences pratiques pour le soin quotidien d’un nombre non négligeable de patients. Les excellents résultats des antiangiogéniques dans les cancers du rein sont eux aussi une grande nouveauté qui ne sera pas sans suite.

Cette explosion d’innovations n’est pas sans poser de nombreux problèmes. Le premier qui vient à l’esprit est celui de savoir si l’on peut continuer à être oncologiste médical généraliste. C’est vraisemblablement impossible dans les établissements de référence où le fait d’avoir un spécialiste « sein », ORL, « poumon », etc. est devenu quasiment obligatoire, le généraliste qu’il soit dans la dite institution ou un honorable correspondant de celle-ci dans le cadre d’un réseau institutionnalisé ou non, ne devenant plus qu’un exécutant du protocole. Cette répartition du travail est souhaitable et possible, car qu’elles soient utilisées dans telle ou telle pathologie d’organe, on retrouve plus ou moins les mêmes thérapeutiques ciblées dont les spécificités d’utilisation, mode d’administration, posologie, toxicité sont sinon identiques du moins très voisines.

Le second problème est celui de la veille « thérapeutique », chaque ASCO pouvant amener à réviser plus ou moins profondément les stratégies thérapeutiques. Cette « veille » est chronophage, difficile et lourde de responsabilités. En France, le nouvel INCa, ou les pôles régionaux de cancérologie, sont, à notre avis, là pour l’assurer et la diffuser à la communauté oncologique.

Troisième problème, celui de l’impact économique de telles nouveautés. Dans certains cas, la question est relativement simple à résoudre, tout en sachant que certaines firmes devraient éviter de trop profiter de leur situation de quasi monopole. Notre société ne peut se permettre de sauver des vies qu’en fonction de leur prix : voit-on des équipes d’urgence refuser de porter secours à tel ou tel accidenté sous prétexte que le coût de cette intervention est trop élevé ? En revanche, il y a de nombreux cas « limite » où le gain apporté au patient est très incertain et sa durée dans les meilleurs des cas fort limitée.

Heureusement, les nouvelles dispositions de financement des établissements de santé, qu’ils soient publics ou privés, créant une liste de médicaments ou dispositifs médicaux

ÉDITORIAL

Oncologie (2005) 7: NS1-NS2 NS1

© Springer 2005

DOI 10.1007/s10269-005-0229-6

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-onco.revuesonline.com

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pris en charge complètement par l’Assurance Maladie, sous réserve d’un accord de « bon usage » entre l’Agence Régionale d’Hospitalisation et les établissements de soin laissent espérer un assainissement de cette question tant du point de vue économique que médical et scientifique.

Reste aussi le problème des essais thérapeutiques. Ceux-ci demeurent insuffisamment nombreux et pourtant indispensables et doivent être rapidement menés avec un nombre suffisant de sujets, d’où la nécessaire implication de toutes les structures oncologiques quel que soit leur statut (ce qui aura de plus comme conséquence indirecte d’améliorer la qualité des soins). Malheureusement, les procédures d’inclusion restent lourdes et onéreuses (ne serait-ce qu’en coût « temps »), même lorsqu’il s’agit d’études académiques destinées à comparer des attitudes « classiques » et non strictement innovantes et viennent encore d’être compliquées par les nouvelles directives européennes. Il est urgent que la communauté oncologique soulève à nouveau cette question vitale auprès de nos autorités.

Enfin la réponse à la question titre de cette éditorial me paraît être clairement « oui ».

L’ASCO a le mérite d’être un « grand magasin » ou une « exposition universelle » où (pratiquement) toutes les nouveautés importantes sont présentées au public. C’est un lieu d’échanges unique qui n’empêche pas la tenue de congrès sur tel ou tel sujet plus pointu telles les réunions de San Antonio, de St Gall, ASCO GI, etc. Son caractère généraliste est exceptionnel, axé sur les problèmes des mécanismes et du traitement du cancer en général donc communs à tous les oncologistes quels que soient le ou les organes qui les intéressent plus particulièrement. Il serait paradoxal de « bouder » voire de supprimer une manifestation au moment où les découvertes pratiques sur les traitements des cancers ne sont plus le fruit du hasard (comme le furent en leur temps et en d’autres circonstances, les antibiotiques, les corticoïdes, les cytotoxiques…) mais l’aboutissement logique de recherches et de réflexions dont l’exposition a lieu en amont au niveau de la réunion annuelle de l’AACR, elle aussi vaste forum témoignant de l’effort international d’une recherche entièrement consacrée à l’accroissement de la Connaissance afin de lutter contre un fléau majeur de ces derniers siècles.

ONCOLOGIE

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