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1834 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 21 septembre 2011

actualité, info

Dans un musée d’art contemporain d’une grande ville du Moyen-Orient, un artiste a produit une œuvre qui révulse les visiteurs.

Le plasticien a reconstitué en matière molle un général en chef et ancien premier mi- nistre dans un faux lit d’hôpital. Le patient se trouve en réalité depuis cinq ans en état de coma grave à la suite d’un accident vascu- laire cérébral majeur. Il n’a aucune chance de récupérer la moindre de ses facultés.

Cette œuvre d’art est un automate avec fausse respiration comme dans un Disney- land, sorte de poupée gonflable avec les yeux en verre semi-ouverts et un système de ventre bedonnant en rythme. Cet artefact serait destiné à la conscience d’un pays sous assistance.

Pour moi, la signification est autre. L’œuvre est révoltante parce que la «non-mort» est dégoûtante. Or ce sont des confrères qui, installés dans leur déontologie, se sont abs- tenus (principe de précaution) de décider de la seule option digne de ce patient et qu’il eût désiré au temps de sa conscience claire telle qu’elle émerge de sa biographie.

En effet, il fut un «faucon», chef militaire de haut rang pour lequel le sacrifice de sa vie et de celle d’autrui posait peu de problèmes en raison d’une vision messiani que. Il a proba- blement cautionné des mas sacres de popu-

lations civiles. Il a suscité haine et admiration.

Il aurait peut-être pu être blan chi faute de preuve, si à l’époque il eut été arrêté et jugé pour suspicion de crime de guerre. Chacun est libre d’imaginer ce qu’il aurait souhaité si on lui avait annoncé qu’il allait devenir le sym- bole grand public d’une déchéance «horti- colement» assistée.

Ce que l’artiste a utilisé aujourd’hui pour s’exprimer m’a aussi tordu les tripes et don- né envie de me faire tatouer sur le thorax

«Ne pas réanimer !» Faute de pouvoir comp- ter sur des amis pour décider en situation critique, j’en suis contraint à ne compter que sur des artistes, suffisamment libres et cy- niques pour faire cesser immédiatement toute mesure destinée à me confire, le jour où ma dignité intrinsèque se sera pervertie elle- même au point d’être devenue le seul rem- part contre la destruction de mon enveloppe vide. Comment faire pour obtenir à coup sûr la certitude de ne pas être la victime du latex des réanimateurs intempestifs qui ne croient pas en ce quoi je crois ? J’y ai bien réfléchi.

Il n’y a pas de solution. Dernière question : un artiste a-t-il vraiment tous les droits ? carte blanche

Dr Christian Danthe Rue de l’Ancienne poste 61 1337 Vallorbe

cdanthe@worldcom.ch

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