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Paysage en partage. Sensibilités et mobilisations paysagères dans la conduite de projet urbain

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Paysage en partage. Sensibilités et mobilisations paysagères dans la conduite de projet urbain

MATTHEY, Laurent (Ed.), GAILLARD, David (Ed.), GALLEZOT, Hélène (Ed.)

Abstract

En dépit de sa mort annoncée, le paysage opère depuis une dizaine d'années un retour dans la pratique aménagiste. Il existe en effet un relatif consensus pour faire du paysage un objet pertinent de la conduite de projet urbain, notamment en ce qu'il est un élément susceptible d'en assurer la cohérence en l'inscrivant dans la grande échelle aménagiste (trame verte, trame bleue...) et un élément de médiation entre les différents ordres qui instituent l'urbain (nature, organisation, systèmes techniques, etc.). De fait, cet intérêt pour le paysage tient pour beaucoup à son caractère flou. En matière d'aménagement, la logique du paysage relève en effet de ce que la sociologie des sciences et techniques a appelé des “objets frontières” : objets aux contours incertains qui permettent la rencontre de différents mondes sociaux. Ainsi, le paysage est tout autant une méthode d'analyse qu'une médiation et une modalité d'argumentation. “Faire du paysage” et “faire le paysage”, c'est aussi enrôler des ressources (de l'eau, du temps, de la culture, des identités...) pour fonder l'évidence d'une [...]

MATTHEY, Laurent (Ed.), GAILLARD, David (Ed.), GALLEZOT, Hélène (Ed.). Paysage en partage. Sensibilités et mobilisations paysagères dans la conduite de projet urbain. Genève : Fondation Braillard Architectes, 2012

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:77687

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En dépit de sa mort annoncée, le paysage opère depuis une dizaine d’années un retour dans la pratique aménagiste. Il existe en effet un relatif consensus pour faire du paysage un objet pertinent de la conduite de projet urbain, notamment en ce qu’il est un élément susceptible d’en assurer la cohérence en l’inscrivant dans la grande échelle aménagiste (trame verte, trame bleue...) et un élé- ment de médiation entre les différents ordres qui instituent l’urbain (nature, organisation, systèmes techniques, etc.). De fait, cet intérêt pour le paysage tient pour beaucoup à son caractère flou. En matière d’aménagement, la logique du paysage relève en effet de ce que la sociologie des sciences et techniques a appelé des “objets frontières” : objets aux contours incertains qui permettent la rencontre de différents mondes sociaux.

Ainsi, le paysage est tout autant une méthode d’analyse qu’une médiation et une modalité d’argu- mentation. “Faire du paysage” et “faire le paysage”, c’est aussi enrôler des ressources (de l’eau, du temps, de la culture, des identités...) pour fonder l’évidence d’une réponse spatiale. De sorte que ce flou institue le paysage comme un analogue de l’espace public, un espace qui organise la rencontre de ce qui est distant (dans le temps, dans l’espace) pour faire société.

C’est précisément l’efficacité de cette indécision du paysage qu’appréhendent les textes rassemblés dans ce volume.

AVEC DES TEXTES DE

Sébastien Alcaix, Émeline Bailly, Patrice Ballester, Rémi Bercovitz, Eva Bigando, Yves Bonard, Sophie Bonin, Laure Brayer, Laurent Couderchet, Hervé Davodeau, Cedissia de Chastenet, David Gaillard, Élise Geisler, Sandra Guerraoui, Hélène Gallezot, Didier Labat, Laurent Matthey, Théa Manola, Guillaume Meigneux, David Montembault, Sébastien Nageleisen,Matthieu Noucher, Ma- rie-Madeleine Ozdoba, Sandra Parvu, Philippe Sahuc, Sylvie Salles, Sylvie Servain, Lolita Voisin, Laurent Lelli, Sara Marini, Grégory Morisseau, Yu Wang-Vedrine.

PAYSAGE EN PARTAGE

PAYSAGEENPARTAGE. SENSIBILITÉS ET MOBILISATIONS PAYSAGÈRES

SENSIBILITÉS ET MOBILISATIONS PAYSAGÈRES DANS LA CONDUITE DE PROJET URBAIN

MATTHEY, DAVIDGAILLARD, HÉLÈNEGALLEZOT (EDS.)

LAURENT MATTHEY

ISBN 978-2-97-008080-0

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Titre : Paysage en partage. Sensibilités et mobilisations paysagères dans la conduite de projet urbain ou de territoire Éditeurs scientifiques : Laurent Matthey, David Gaillard, Hélène Gallezot.

Éditeur : Fondation Braillard Architectes, 2012, 179 pages.

ISBN : 978-2-9700808-0-0

© Fondation Braillard Architectes, Genève, Suisse Diffusion :

Fondation Braillard Architectes Rue Saint-Léger 16

CH – 1205 Genève www.braillard.ch

Photo de couverture : © François Schaer.

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COMITÉ SCIENTIFIQUE

Jean-Marc Besse, UMR Géographie-cités. Yves Bonard, Service d’urbanisme de la Ville de Lausanne. Rémi Baudouï, Université de Genève. Catherine Chomarat-Ruiz, École nationale supérieure du paysage de Versailles. Elena Cogato Lanza, École polytechnique fédérale de Lausanne. Antonio Da Cunha, Université de Lausanne. Bernard Debarbieux, Université de Genève. Bernard Declève, Université catholique de Louvain. Roselyne de Lestrange, Université catholique de Louvain. Christophe Mager, Université de Lausanne. Laurent Matthey, Université de Neuchâtel & Fondation Braillard Architectes, Genève. Michael Jakob, Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève. Nicolas Pham, Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève. Frédéric Pousin, École nationale supérieure du paysage de Versailles.

COMITÉ D’ORGANISATION

Laurent Matthey, Fondation Braillard Architectes. David Gaillard, Fondation Braillard Architectes. Hélène Gallezot, Fondation Braillard Architectes. Tearanel Te, Fondation Braillard Architectes.

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INTRODUCTION

LAURENT MATTHEY, YVES BONARD, DAVID GAILLARD & HÉLÈNE GALLEZOT. PAYSAGE EN PARTAGE. SENSIBILITÉS ET MOBILISATIONS PAYSAGÈRES DANS LA CONDUITE DE PROJET URBAIN OU DE TERRITOIRE ... 9

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PAYSAGE EN PROJET

DIDIER LABAT. L’IDENTIFICATION DES REPRÉSENTATIONS HABITANTES AU SERVICE DE

L’ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES DE PAYSAGE ... 13 LOLITA VOISIN, SYLVIE SERVAIN & GRÉGORY MORISSEAU. DU PROJET URBAIN À LA

PROSPECTIVE PAYSAGÈRE : LE PAYSAGE COMME PROJET POLITIQUE ... 19 SÉBASTIEN ALCAIX. LE PAYSAGE COMME UN ÉLÉMENT D’IDENTITÉ ... 27 SYLVIE SALLES. PAYSAGE DANS LES POLITIQUES URBAINES ... 33 YU WANG-VEDRINE. NOUVELLES VOCATIONS DES ESPACES PAYSAGERS ET LEURS MISES EN ŒUVRE DANS LES CAS D’ÉCOQUARTIERS ... 40 CEDISSIA DE CHASTENET. LA QUALITÉ PAYSAGÈRE DANS L’AMÈNAGEMENT URBAIN ... 48 MARIE-MADELEINE OZDOBA. RENOUVELER LE PAYSAGE DU FRONT DE SEINE ... 56 PATRICE BALLESTER. DE LA FORCE DU PAYSAGE DANS LES PROCESSUS D’AMÉNAGEMENTS DES ESPACES PÉRIPHÉRIQUES DÉGRADÉS EN EUROPE ... 64 SANDRA PARVU. LES ATLAS DE PAYSAGE, DOCUMENTS D’APPUI AUX DÉMARCHES

D’AMÉNAGEMENT ... 70

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PAYSAGE EN PARTAGE

ÉVA BIGANDO & RÉMI BERCOVITZ. PAYSAGE EN PARTAGE, PARTAGE DES SAVOIRS ... 76 THÉA MANOLA. L’IMPLICATION HABITANTE DANS LES QUARTIERS DITS DURABLES ... 84 MATTHIEU NOUCHER, SÉBASTIEN NAGELEISEN & LAURENT COUDERCHET. LE PAYSAGE COMME OBJET-FRONTIÈRE COGNITIF ET COLLABORATIF ... 92 SOPHIE BONIN & SANDRA GUERRAOUI. RETOURS SUR DEUX OUTILS DE MÉDIATION APPLIQUÉS À UN PROJET DE CHARTE PAYSAGÈRE ... 100 LAURENT LELLI & PHILIPPE SAHUC. SORTIR DE L'ENTRE-SOI DU PAYSAGE : POUR UNE DÉMARCHE DE CHANTIER PARTAGÉ ... 108

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HERVÉ DAVODEAU & DAVID MONTEMBAULT. LA PARTICIPATION, UN FACTEUR DE

RENOUVELLEMENT DES PRATIQUES PAYSAGISTES ? ... 116

! PAYSAGE EN MÉTHODES ÉLISE GEISLER. LE PAYSAGE SONORE ENTRE CONCEPT, OBJET D’ÉTUDE ET MÉTHODE D’ANALYSE ... 124

GUILLAUME MEIGNEUX. APPROCHE VIDÉOGRAPHIQUE DU PAYSAGE ... 132

LAURE BRAYER. L’APPRÉHENSION DES TEMPORALITÉS DU PAYSAGE EN PRATIQUE À PARTIR DE DISPOSITIFS VIDÉOGRAPHIQUES ... 140

! ! PAYSAGE EN ÉMERGENCE SARA MARINI. ESPACES DE L’INDÉTERMINATION OU DE LA RÉSERVE ... 148

ÉMELINE BAILLY. PAYSAGE AMÉNAGÉ, PAYSAGES HABITÉS ... 156

MANUEL APPERT. UN SKYLINE POUR POUR LA «CLASSE CAPITALISTE TRANSNATIONALE» ? ... 162

OLIVIER LABUSSIÈRE. MÉGALOPOLIS : LE PAYSAGE COMME VOLUPTAS ? ... 170

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INTRODUCTION

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PAYSAGE EN PARTAGE

SENSIBILITÉS ET MOBILISATIONS PAYSAGÈRES DANS LA CONDUITE DE PROJET

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Laurent Matthey, Yves Bonard, David Gaillard & Hélène Gallezot!

Fondation Braillard Architectes, Service d’urbanisme de la Ville de Lausanne & Fondation Braillard Architectes!

!En dépit de sa mort annoncée, le paysage opère depuis une quinzaine d’années un retour dans la pratique aménagiste. Il existe en effet un relatif consensus pour faire du paysage un objet pertinent de la conduite de projet urbain, notamment en ce qu’il est un élément susceptible d’en assurer la cohérence en l’inscrivant dans la

grande échelle aménagiste (trame verte, trame bleue…) et un élément de

médiation entre les différents ordres qui instituent l’urbain (nature,

organisation, systèmes techniques, etc.).

De fait, cet intérêt pour le paysage tient pour beaucoup à son caractère flou. En matière d’aménagement, la logique du paysage relève en effet de ce que la sociologie des sciences et

techniques a appelé des «objets frontières» : objets aux contours

incertains qui permettent la rencontre de différents mondes sociaux. Le paysage est un espace où des savoirs disciplinaires multiples, des rationalités hétérogènes et des intérêts divers se rencontrent et parfois s’affrontent dans un processus de définition de ce qu’est le lieu de l’intervention et donc de la réponse spatiale qu’on y développe.

Dans des cas plus rares, il peut aussi être une instance de dernier recours qu’on mobilise pour produire une cohérence a posteriori, dans un

processus de naturalisation : le site a ses intouchables et c’est ainsi qu’il convenait de l’aménager.

Ainsi, le paysage est tout autant une méthode d’analyse qu’une médiation et une modalité d’argumentation. «Faire du paysage» et «faire le paysage», c’est aussi enrôler des ressources (de l’eau, du temps, de la culture, des

identités…) pour fonder l’évidence d’une réponse spatiale. De sorte que ce flou fonde le paysage comme un

analogue de l’espace public, un espace qui organise la rencontre de ce qui est distant (dans le temps, dans l’espace) pour faire société.

C’est précisément l’efficace de cette indécision du paysage que souhaite appréhender ce colloque. Pour ce faire, on empruntera différents chemins : Le premier cible les sensibilités

paysagères. Le paysage se pose en effet comme lieu où les interventions sur un cadre de vie deviennent perceptibles car visibles. C’est en ce sens que l’on parlera de sensibilités paysagères. Lieu de manifestation et d’aperception de

«ce qui change», le paysage sensible est, par suite, un lieu de mobilisations (au sens où l’on se mobilise pour une chose ou un cause). On s’intéressera ici aux conflits de rationalités et d’usages ouverts à l’occasion de projets de paysage. On cherchera également à comprendre à quel titre le paysage est

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! 10 ! mobilisé par les différents acteurs des

controverses paysagères. Est-il, par exemple, mobilisé parce qu'il participe à ce qui fait le beau, le juste et

l'adéquat ? Dans le prolongement, ce sont les mobilisations collectives consécutives à la mise en tension de ces sensibilités paysagères qui peuvent être analysées. On sera donc également attentif à la dimension identitaire des paysages de projet. La

problématisation par les sensibilités paysagères peut être élargie à la question patrimoniale des ancrages à valoriser dans les projets de paysage, ces «intouchables» à partir desquels faire paysage.

Le deuxième chemin approfondira la capacité du paysage à fonctionner comme un point de rencontre de savoirs hétérogènes et d’intérêts différents sinon divergents. Les propositions de communication rassemblées ici seront notamment attentives à l’identification — dans une perspective réflexive et critique — des outils de participation dans les projets de paysage. On s’intéressera également aux temporalités des séquences

paysagères : à quel moment recourt-on, construit-on le paysage dans le projet ? En phase de diagnostic (ce qui

compte) ou en phase de projet (ce qui va compter).

Le troisième chemin, traitera la

question des mobilisations paysagères de manière plus littérale : il s’agira de documenter la manière dont les

faiseurs de villes et de territoires usent du paysage ; de décrire les modalités d’action qui instituent le paysage. Il s’agit ici de développer une saisie des opérations pratiques et des médiations qui permettent de «faire parler»

l’espace pour le plier au service du projet aménagiste, de décrire le

paysage en train de se faire dans la mobilisation de documents

d’urbanisme, d’outils de planification et de mise au service d’une stratégie d’argumentation (question de

l'intégration dans un contexte, rôle micro de structuration du périmètre…).

De même, il serait intéressant d’interroger ici les variations historiques des « lois de la

composition » paysagère en matière de projet territorialisé.

C’est par l’intermédiaire de ces

différents chemins que l'on cherchera d’une part à comprendre comment le paysage peut être un élément

rassembleur (cf. ci-après section Paysage en partage) dans la conduite de projet urbain ou de territoire (cf. ci- après section Paysage en projet), d’autre part à réfléchir les états

d’émergence paysagère et les modalités méthodologiques susceptibles de les appréhender (cf. ci-après sections Paysage en méthodes et Paysage en émergence).

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PAYSAGE EN PROJET

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L’IDENTIFICATION DES

REPRÉSENTATIONS HABITANTES AU SERVICE DE L’ÉVALUATION DES

POLITIQUES PUBLIQUES DE PAYSAGE !

LES ENSEIGNEMENTS D’UNE DÉMARCHE EXPLORATOIRE DANS LES DOCUMENTS D’URBANISME

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Didier!Labat!

ENSP,!CETE!du!Sud/Ouest!

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LA PLANIFICATION ENTRE NORMES ET PROCESSUS SOCIO-SPATIAL

L’élaboration des documents

d’urbanisme constitue un processus qui se complexifie depuis la

décentralisation des années 1980 en France. Les collectivités se sont autonomisées et ont acquis des compétences pour organiser le

développement de leur territoire selon des mécanismes de concurrence

territoriale et de proximité avec les habitants dans les procédures de concertation (Gaudin, 1993).

Gilles Pinson (2009) précise que le changement du plan en planification de projet signifie un élargissement de l’objet de la planification. Il ne s’agit plus uniquement de réguler, mais de valoriser le territoire et ses ressources pour optimiser les chances de

développement économique. Ces outils de planification deviennent des

«outils de marketing territorial

intégrant de nouvelles préoccupations comme celles relatives à la qualité urbaine et environnementale, réévaluées comme facteur de compétitivité des villes». Cette génération d’outils est moins précise dans ses prescriptions réglementaires

mais elle tend à mieux argumenter le contenu du projet à un niveau

communicationnel.

Un autre élargissement intervient.

Dans ce contexte de valorisation territoriale, il est tout aussi important de favoriser «la mobilisation des forces sociales et des ressources locales autour d’un développement économique». En fait, les outils de planification

territoriale tels que les schémas de cohérence territoriale (SCOT) s’orientent progressivement vers des outils de développement local.

L’urbanisme prédictif fait place à un urbanisme d’incertitude économique et sociale. Après avoir montré ses limites, le savoir expert n’est plus suffisant.

Pour élaborer les nouveaux projets de planification, les acteurs mobilisent les savoirs locaux. L’usage du territoire et le savoir habitant sont valorisés dans les nouvelles concertations, inscrites dans le code de l’urbanisme. Le projet n’est plus un plan prédéterminé et appliqué dans «une domination du savoir expert». Il est présenté comme

«un processus démocratique, concerté, ouvert et indéterminé». Dans ce

contexte, les documents d’urbanisme ne sont plus seulement des outils

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! 14 ! réglementaires, mais ils «fournissent

des représentations accessibles et

négociables de la ville future servant de bases à des échanges». C’est en ce sens que Gilles Pinson qualifie l’instrument de planification urbaine comme «une gestion permanente de processus politiques».

Au-delà de son aspect normatif et réglementaire, la planification doit se comprendre «comme une gestion de décalages, entre dynamiques spatiales, dynamiques politiques et dynamiques organisationnelles. La planification spatiale se définirait alors comme une opération de reconstruction cognitive des territoires» (Offner, Lefèbvre et al., 2004 : 46). Donnant naissance à un projet de territoire, les outils de planification constituent une réponse des élites gouvernementales locales aux besoins des populations. Le cadre réglementaire fixe cette notion de besoin aux articles du code de l’urbanisme L.121, L.122-1-2 et L.123-1-2 pour les plans locaux d’urbanisme (PLU). Les documents d’urbanisme sont des outils

prévisionnels des besoins des

populations en matière d’habitat et de développement économique, le tout dans le respect des enjeux

environnementaux. Leur structure intègre une suite logique de l’action publique qui est l’identification et la formulation des problématiques

territoriales, la sélection des modalités d’action publique en réponse aux problèmes et la mise en œuvre des orientations choisies, complétées par une évaluation au moins partielle imposée par le Grenelle de

l’environnement.

Dans un processus d’évaluation de politique publique, chercher à qualifier la pertinence d’une politique paysagère

revient à analyser la correspondance entre les problèmes traités par les élites, et ceux perçus par les populations.

Les politiques paysagères des

documents d’urbanismes répondent- elles aux préoccupations des

habitants ?

Cette question nous paraît actuelle d’autant plus que ces outils d’action publique sont en passe de se

généraliser sur l’ensemble du territoire français. Or, leurs normes intègrent le paysage comme objet problématique de manière centrale, puisqu’il est inscrit dans les tous premiers articles du Code de l’urbanisme. Par

conséquent, l’action publique de planification, qu’elle soit communale ou intercommunale, constitue un terrain de régulation spatiale et sociale des paysages (Monédiaire, 2003).

Évaluer ces outils revient donc à

analyser leurs processus d’intervention, depuis la formulation des problèmes jusqu’à leurs impacts sur les

représentations paysagères. Celles-ci s’interprètent comme la manière de percevoir un espace social à partir de quatre composantes : — l’imbrication des rapports sociaux et spatiaux, — les positions sociales différentielles, — les itinéraires quotidiens et les pratiques de l’espace géographique, — les représentations sociales issues «de la production mentale d’images et de schémas pertinents du réel» (Di Méo et Buléon, 2007 : 12).

L’ÉVALUATION COMME MÉTHODE D’ANALYSE CONVERGENTE

L’évaluation des politiques publiques ou plus globalement de l’action

publique répond à plusieurs impératifs (Trosa S., 1992 ; Duran P., 2000) qui nous servent de cadre méthodologique pour aborder l’évaluation des politiques

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paysagères dans les documents d’urbanisme. C’est à partir des concepts de l’analyse des politiques publiques et de la théorie de l’action (Muller P. et Surel Y., 1998 ;

Lascoumes P., Le Galès P., 2004) que nous avons construit une démarche d’évaluation adaptée aux normes de la planification spatiale. L’évaluation d’une politique publique doit intégrer

«une analyse des déterminants

cognitifs, normatifs et institutionnels du choix. […] Pour l’approche

cognitive, le processus décisionnel va ainsi apparaître avant tout comme un processus de construction progressive d’une représentation du problème, des solutions et de leurs conséquences»

(Muller et Surel, 1998 : 118-119).

En corollaire des impératifs des normes d’évaluation, nous avons intégré le contenu de la Convention européenne du paysage comme référentiel. L’habitant est placé au cœur des dispositifs de projet dans lesquels l’action publique est censée lui réserver une place centrale, selon le principe de démocratie participative.

Cependant, même si cette participation fait l’objet d’une codification normative selon des procédures d’enquête publique ou de concertation, nous constatons la faible implication de l’habitant dans

l’édification des projets de territoire dans les documents d’urbanisme et en particulier dans le document que nous avons évalué. Par conséquent, ne disposant pas de référentiel initial de définition des attentes habitantes, nous avons entrepris une démarche

exploratoire d’analyse de la pertinence de la politique paysagère sur la base d’une confrontation entre l’outil planificateur et des habitants.

Dans la lignée de travaux entrepris depuis les années 2000, nous avons orienté une partie de notre démarche d’évaluation en direction de l’analyse des représentations paysagères. De multiples chercheurs ont mené des travaux en ce sens (Luginbühl, 2001 ; Bigando, 2004 ; Fleury, Guisepelli, 2004 ; Moquay, Aznar et al., 2004 ; Pappy, Guisepelli , 2005 ; etc.) Dans le cadre de l’évaluation de la politique paysagère du schéma directeur de l’aire métropolitaine de Bordeaux (SD 2001), nous avons axé notre analyse des représentations sur une approche territorialisée définie par la géographie sociale (Di Méo et Buléon, 2007 ; Di Méo, 2008).

L’ANALYSE DES REPRÉSENTATIONS PAYSAGÈRES POUR QUALIFIER LA PERTINENCE D’UNE POLITIQUE Nous proposons une lecture comparative des problématiques mobilisées par les décideurs et celles perçues par les habitants du territoire de projet. L’analyse des représentations paysagères permet d’identifier une demande sociale, expression pertinente pour conseiller et légitimer les choix des acteurs (Luginbühl, 2001 ; Guisepelli, 2007). Nous avons testé deux enquêtes exploratoires aux

échelles métropolitaine et communale afin d’identifier les interrelations entre les objectifs de la politique paysagère du document d’urbanisme et les représentations des populations du territoire de projet.

L’enquête à l’échelle métropolitaine a été menée en collaboration avec le syndicat en charge du schéma directeur et s’inspire d’expérimentations menées en France (Pappy F., Guiseppelli E.et al., 2001 ; Luginbühl Y. et Toublanc M., 2004 ; Oliveira R., Dneboska M.

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! 16 ! et al., 2007). À partir de 243

répondants, nous obtenons une

appréciation des priorités et des enjeux perçus en matière de paysage.

L’enquête par sondage se trouve utile pour confronter de manière graduelle les typologies de problèmes et les actions à mettre en œuvre. Il se dégage des réponses apportées par

l’échantillon, l’identification de valeurs accordées aux différents paysages dans la lignée des travaux décrits par des anthropologues (Droz, Miéville-Ott et al., 2009). Il s’avère que ces valeurs et leur intensité correspondent en grande partie aux valeurs exprimées par les acteurs dans le SD 2001 de l’aire métropolitaine de Bordeaux. De la même manière, les orientations paysagères du SD 2001 sont globalement plébiscitées avec une propension à aller au-delà du niveau d’engagement des acteurs. Malgré un échantillon non représentatif de la structure sociale de l’aire

métropolitaine, nous constatons que les acteurs se font l’écho des

représentations des répondants, mais sur une échelle territoriale très vaste.

La planification métropolitaine répond globalement aux représentations des problèmes par les répondants, et le caractère plutôt général des actions explique en partie cette concordance.

La pertinence du SD 2001 est

identifiable à cette échelle. Mais l’est- elle au niveau communal ?

À l’échelle communale, l’analyse de la pertinence des orientations du SCOT nécessite un retournement du sens de l’observation. Le rapport de

compatibilité entre échelles de planification constitue une variable d’ajustement de l’action publique qui permet de prendre en compte les disparités sociospatiales des territoires.

Le rapport descendant de la norme

«supérieure» du SD 2001 se trouve confronté aux aspirations ascendantes et aux mécanismes d’action publique communale. Réalisées au sein de trois communes périurbaines tests, des enquêtes individuelles ont été menées auprès d’acteurs locaux et d’habitants.

La confrontation des discours

d’habitants (45 entretiens) et d’acteurs (24 entretiens) de trois communes représentatives de l’ensemble des orientations paysagères du SD 2001 permet de distinguer plusieurs facteurs définissant les contraintes de l’action.

À la mesure des analyses de Patrick Hassenteufel (2008), nous distinguons tout d’abord les effets de distorsion de l’action publique, entre les orientations en top down et les revendications en bottom up des acteurs locaux. La structuration des communautés d’intérêt en fonction des typologies communales explique en partie les freins à la mise en œuvre des

orientations paysagères du SD 2001 et à l’édification d’objectifs de qualité paysagère locaux. Les rapports de proximité entretenus entre les agents sociaux, décideurs et cibles de l’action publique, nourrissent des rapports fortement liés à la structure de la propriété foncière. Celui qui détient les sols, influence les politiques de développement et donc urbaines et par conséquent, oriente même

implicitement le raisonnement de l’action publique sur l’intervention à finalité paysagère. De ce fait,

l’engagement des élus pour le développement d’une réflexion paysagère dans le document

d’urbanisme reste faible. Intégrer les représentations paysagères des

habitants, c’est accepter le débat sur les valeurs du territoire et renforcer

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l’indétermination du projet, facteur substantiel d’échec de la procédure. Le document d’urbanisme reste d’abord un dossier sensible à manipuler avec précaution afin d’y insérer les projets jugés les meilleurs à l’aune de sa propre vision des enjeux de la commune.

Entre logique de mandature,

demandes des groupes d’intérêts, et contraintes spatiales et réglementaires, l’équation pour la formulation d’un

«bon» projet reste complexe. La corrélation entre les orientations proposées par l’expert (urbaniste ou paysagiste) et la réalité spatiale des enjeux socio-économiques du territoire à laquelle l’élu souhaite répondre, n’est que partielle.

Dans ce contexte, l’exercice de l’élu s’apparente à celui de l’équilibriste pour trouver le dénominateur commun aux enjeux les plus puissants ou

exigeants. La participation du public apparaît alors comme une étape potentiellement conflictuelle qu’il convient de manier avec précaution pour les décideurs. Le niveau du cadre réglementaire de la loi permet ce positionnement précautionneux car sans objectif d’efficacité, l’analyse des requêtes et des bilans des commissions d’enquête publique montre l’intérêt très relatif des habitants à des procédures qu’ils jugent technocratiques et souvent

inaccessibles dans leur langage et leur temporalité.

CONCLUSION

De manière progressive mais parfois irréversible, ces documents

d’urbanisme constituent des objets de construction géographique et sociale des paysages. Ils en sont également l’expression et traduisent les rapports techniques et politiques de

l’investissement humain sur son espace.

L’expression du projet de territoire ou de paysage est corrélativement

proportionnelle d’une intensité de la structuration de l’espace social et des spécificités locales.

Cet effet miroir nous renvoyant aux logiques économiques et de propriétés locales pourrait être le point de départ de démarches plus ouvertes sur les processus d’interaction entre gouvernants et gouvernés. Or, à la mesure des liens de proximités dans l’espace social d’intervention, il nous semble qu’il existe une confusion dans l’interprétation même du projet et de ses modalités d’élaboration. C’est à ce niveau que les ruptures de l’action publique sont les plus flagrantes.

Par notre expérience menée sur ces outils de projet territorial, nous analysons les travaux récents de géographes et de sociologues comme des perspectives opérantes pour une meilleure contribution des

représentations paysagères aux modes d’élaboration des projets locaux. Des expériences d’empowerment par la méthode de Community planning ou de co-construction et de participation opérationnelle des habitants montrent des chemins possibles pour

l’édification des politiques paysagères locales. Mais la planification urbaine peut-elle s’inspirer de ces démarches hors cadre normatif ? Autrement dit, les acteurs de la planification ont-ils identifié l’intérêt de les développer ? BIBLIOGRAPHIE

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(24)

DU PROJET URBAIN À LA PROSPECTIVE PAYSAGÈRE : LE PAYSAGE COMME

PROJET POLITIQUE

LE CAS DE L’AGGLOMÉRATION DE BLOIS

!

Lolita!Voisin,!Grégory!Morisseau,!Sylvie!Servain1Courant!!

ENSP!Blois,!UMR!CITERES,!Université!Sorbonne!Paris!IV!

!Le paysage est devenu progressivement un objetde politique publique saisi depuis peu par les collectivités locales (Berlan-Darqué et al. 2007). Nous souhaitons interroger ici la prise en compte locale du paysage dans sa dimension de projet (Bédard 2008) : comment les acteurs politiques

s’emparent du paysage et le traduisent en actes, comment l’utilisent-ils

éventuellement au service d’autres intentions ? Les résultats présentés sont issus de plusieurs recherches réalisées sur le territoire de

l’agglomération de Blois (pour partie dans la cadre de la zone atelier Loire, dispositif CNRS-INEE) qui traitent des échelles de projets d’aménagement et des documents d’urbanisme (Voisin, 2011) et plus particulièrement de la zone inondable (Gralepois et al., 2011 ; Morisseau, 2011). Après l’analyse de la trajectoire du paysage dans les pratiques politiques de

l’agglomération, nous détaillerons une expérience atypique, le projet de déconstruction du quartier inondable de la Bouillie et la réflexion paysagère prospective portée par la communauté d’agglomération sur l’ensemble de la zone inondable.

LE PAYSAGE DANS LES POLITIQUES TERRITORIALES DE BLOIS

Le Val de Loire, depuis l’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des «paysages culturels évolutifs et vivants», fait l’objet d’une attention particulière de la part des acteurs locaux. Le site inscrit est complexe du fait de sa taille (160 communes dans quatre départements de deux régions différentes) et du nombre d’acteurs impliqués dont les acteurs politiques et institutionnels.

L’agglomération de Blois, de taille moyenne, identifiée par un patrimoine historique riche et bénéficiant de la proximité de sites et de circuits

touristiques (Loire à vélo, châteaux de Chambord, Cheverny et Chaumont) connaît un développement tant en terme d’emplois que de population.

Les paysages blésois sont diversifiés car au-delà de la vallée de la Loire,

reconnue et valorisée se trouvent d’autres entités regroupant des paysages de plateaux, de vallées affluentes et de franges urbaines que l’on peut qualifier d’«ordinaires». Si à Blois, le tissu urbain s’est

historiquement implanté dans le fond de la vallée de la Loire et sur le coteau nord, son développement, depuis la seconde partie du 20e siècle, s’est

concentré sur le plateau nord (quartiers administratif, industriel et ancienne

(25)

! 20 ! ZUP), le val inondable en rive sud

étant peu investi. Les communes proches de Blois ont accueilli ce développement ce qui a entrainé des mutations dans les usages, les activités et les paysages.

La communauté d’agglomération, Agglopolys, qui regroupe 48

communes depuis 2012, est centrée sur la Loire et s’étend sur des territoires différenciés en trois entités principales (figure 1). Le plateau de Beauce, au nord, est caractérisé par des paysages d’openfields, d’industrie et les grands réseaux de transport. Au sud, les marges de la Sologne sont constituées d’une mosaïque de boisements et de cultures, dont la viticulture (AOC Cheverny et Cour-Cheverny). Les bourgs proches de Blois, au foncier accessible et disponible, ont connu un développement important, sous forme d’extensions pavillonnaires. Au centre, la vallée de la Loire, se partage entre une agriculture céréalière et

oléagineuse et des secteurs urbanisés, dont le quartier de Vienne, protégé intégralement par un système de digues. La mise en place du Plan de prévention des risques d’inondation en 1999, en imposant des contraintes règlementaires fortes, a limité le développement de l’urbanisation.

L’agglomération de Blois forme ainsi un espace complexe, entre façade fluviale patrimonialisée et extensions périurbaines, tradition agricole et projet de développement.

Fig. 1 Les trois grandes entités paysagères de l’agglomération blésoise

© Voisin, 2011

L’analyse d’un corpus de projets d’aménagement, d’études, des

documents d’urbanisme et d’entretiens avec les acteurs-clés de l’agglomération (Voisin, 2011) nous permet de retracer la trajectoire de l’utilisation du paysage dans les politiques territoriales

blésoises (figure 2). Si le paysage est peu cité en tant que tel durant la municipalité Jack Lang (1989-2000) il a néanmoins été associé aux grands projets urbains de la ville réalisés par l’Atelier public d’architecture et d’urbanisme (association dirigée par l’architecte P. Bouchain), qui a été mis en place pour développer en interne à la fois la maîtrise d’ouvrage et la

maîtrise d’œuvre. Le projet urbain était alors au cœur de la philosophie

d’aménagement, se plaçant résolument dans l’abandon du zoning en œuvre auparavant (Paris, 1998) : de grands projets sont initiés, comme la

reconversion d’un quartier industriel en quartier résidentiel et universitaire (ZAC de la Chocolaterie), la

construction d’un troisième pont sur la Loire, l’implantation d’un parc

économique planté en préverdissement, et d’un parc urbain en gestion

différenciée. Ce qui caractérisait l’activité de conception de cet Atelier, selon l’une de ses techniciennes, c’est à la fois la prise en compte du long terme à travers les grands projets de transformation, et le soin apporté au détail, à la moindre «petite chose»,

«jusqu’à la bordure de trottoir». De plus, la volonté politique était alors de

«donner le droit à la ville en socialisant l’aménagement urbain et en

démocratisant ses procédures»

(Hermelin, 1995). Intégré

définitivement aux services de la ville

(26)

en 1993, l’expérience de cet Atelier public a marqué une génération de techniciens et inscrit les politiques urbaines dans une sorte d’«attention»

et de projets innovants et engagés.

Après l’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2000 au titre des «paysages culturels évolutifs et vivants», le paysage est devenu plus récurrent dans les discours, prenant peu à peu une dimension patrimoniale (Mission Val de Loire 2008). Tournés vers la Loire, les décideurs locaux se sont saisis de la question du

patrimoine ligérien (quais, ports), des perspectives et des cônes de vue, des circulations piétonnes et cyclistes en relation avec la Loire.

Mais ce n’est qu’à la fin des années 2000 que le paysage a pris localement une dimension stratégique dans l’aménagement du territoire, notamment autour de la question

devenue centrale de l’espace périurbain.

Deux types de sujets y sont associés, d’une part la question de l’agriculture périurbaine, traditionnellement

opposée aux extensions périurbaines, et d’autre part celle de la valorisation de la vallée inondable. Cette évolution est liée entre autres à une reconfiguration des acteurs de l’aménagement : de compétence communale à l’origine, le paysage a transité progressivement vers la communauté d’agglomération, qui s’est saisie de la dimension stratégique de la planification (SCOT, PLH, PDU, Observatoire de l’agriculture périurbaine) et le portage de projets conséquents (la désurbanisation du secteur de la Bouillie, aménagement de l’entrée de ville Maunoury,

aménagement du quartier de la Gare), en association avec les services de la ville de Blois ou les autres

municipalités concernées.

Fig. 2 Frise représentant l’évolution des projets et de la collectivité

© Voisin

LE PROJET PAYSAGER PROSPECTIF DU DÉVERSOIR BOUILLIE

C’est autour du projet du déversoir de la Bouillie que nous avons centré

l’analyse car au-delà de son exemplarité à l’échelle nationale, le paysage y

occupe une place privilégiée (Morisseau 2011). À partir d’une contrainte hydraulique, réactivée par un durcissement réglementaire (PPRI 1999), un quartier situé en zone

inondable a été désigné pour être

«désurbanisé» car constituant un

obstacle à l’écoulement des eaux en cas de fonctionnement du déversoir (Rode, 2008). Cet aménagement, qui n’a pas fonctionné depuis plus d’un siècle, permet de dévier une partie du débit de la Loire en crue, lorsqu’elle atteint un certain niveau, ceci afin de

diminuer la pression sur les digues et protéger le centre-ville se trouvant en aval. L’urbanisation présente dans le déversoir constitue donc un danger pour les habitants de ce quartier (en aléa très fort) et des secteurs proches ce qui a justifié la mise en place d’une zone d’aménagement différée en 2004.

D’une durée de 14 ans, elle permet à la communauté d’agglomération de préempter l’achat des terrains au fur et à mesure du départ des propriétaires et de détruire le bâti. Ce dispositif est encadré par la loi Barnier (Art. 11 de la Loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l’environnement).

(27)

! 22 ! Au fil des acquisitions foncières, le

quartier s’efface peu à peu, s’isolant du reste de la ville (figure 3). Les parcelles se déconstruisent au «coup par coup»

en fonction des ventes, les dents

creuses se multiplient (figure 4), le vide envahit progressivement le quartier où seuls subsistent quelques grands arbres conservés comme témoins du passé habité.

Fig. 3 Évolution du quartier en déconstruction.

Les parcelles libérées sont mises en herbe, certains arbres remarquables sont conservés

© GN-France, 2002

© GN-France, 2008

Fig. 4 Les résistances ont été vives dans le quartier. Aujourd’hui les espaces libérés sont en attente d’une nouvelle affection

© Servain, 2008

© Voisin, 2011

Suite à une première analyse datant de 2006 (réalisée en atelier de projet par l’École nationale supérieure de la nature et du paysage), montrant que cet espace non constructible en zone périurbaine était une opportunité inattendue pour développer un projet de paysage à vocation urbaine,

Agglopolys confie en 2009 à un cabinet de paysagistes une étude prospective sur le devenir du site de la Bouillie. Il s’agit d’explorer les

différentes trajectoires de

recomposition paysagère et spatiale puis d’imaginer des vocations

compatibles avec le risque d’inondation, c’est-à-dire avec les contraintes du

(28)

PPRI et ayant un niveau de résilience élevé. Il est également nécessaire de rendre compréhensible l’opération de déconstruction et de démontrer l’absence d’instrumentalisation du risque d’inondation au service d’un autre projet d’urbanisation ou de spéculation foncière. Devenant propriétaire de 60 ha d’espaces périurbains à gérer, la communauté d’agglomération souhaite disposer d’un projet dont le coût de gestion serait faible voire nul, introduisant la nécessité de rendre productif ce nouveau foncier public.

Cette démarche implique au préalable de partager avec les acteurs locaux un diagnostic global de l’état du territoire intégrant des «tendances lourdes» et des «signaux faibles». Le cabinet de paysagistes a donc mené des entretiens avec les acteurs locaux (acteurs

politiques, techniciens, associations) où chacun s’est exprimé sur sa vision, ses attentes et le sens du paysage ligérien blésois. Au regard des

contraintes et de l’historique du site, les élus ont ainsi confié leur ambition de développer une activité de

maraîchage biologique dont la tendance nationale s’illustre par le

«mode de consommation bio»

renforcée par les objectifs du Grenelle de l’environnement. D’autres discours se partagent entre les loisirs d’eau, les agriloisirs et le tourisme de nature, mais aussi les énergies renouvelables et notamment la bioénergie, renforcés par divers projets comme la

construction d’une chaufferie biomasse, la «couveuse d’entreprises» en

maraîchage biologique, l’installation de jardins familiaux et la création d’un écopôle touristique sur l’ancien site du lac de Loire.

La synthèse de ce travail préliminaire partagé a démontré l’opportunité de concevoir un espace périurbain «au service» de la ville, une antichambre productive, source de biodiversité, un espace de ressources pour «nourrir»,

«chauffer», «valoriser» et «divertir» la ville, suivant quatre scénarios qui ont donc été proposés (figure 5).

Fig. 5 Caractéristiques des scénarios développés (Atelier de l’Ile 2010)

Nourrir

la ville Ce scénario est fondé sur le thème de l’agriculture formes de production périurbaine dont les peuvent être diversifiées : jardins familiaux, entreprises agricoles, activités intermédiaires. Il identifie et organise un territoire nourricier aux portes de la ville en s’appuyant sur l’activité maraîchère historiquement reconnue dans le val.

Valoriser

la ville Il s’agit d’un scénario «naturaliste»

fondé sur le thème de la renaturation et de la valorisation environnementale et patrimoniale du territoire.

Chauffer

la ville Ce scénario fondé sur la bioénergie, consiste à développer la plantation de végétaux dont la biomasse est énergétiquement valorisable (taillis à très courte révolution, bois raméal fragmenté, etc.)

Fédérer

par l’eau Ce scénario est construit sur le thème de l’eau, fondatrice de l’identité paysagère du site. Il vise à maintenir la problématique du risque d’inondation dans la réflexion et à construire un paysage périurbain qui en témoigne.

Fig. 6 Plan guide du parc agricole urbain à Blois

© Atelier de l’Île, Morisseau, 2010

(29)

! 24 ! JEU D’ACTEURS ENTRE PAYSAGISTES ET DECIDEURS

Suite aux présentations des scénarios, réalisées dans le cadre de différents comités, les acteurs, notamment les élus, les techniciens et les porteurs de projets (Chambre d’agriculture, Lycée horticole, Jardins de Cocagne) se sont appropriés les scénarios.

Cette étude a également confirmé l’importance qu’élus et acteurs locaux possèdent une connaissance fine de leur territoire et des acteurs-relais, et qu’ils puissent s’être forgé au préalable une ou des visions possibles ; lesquelles le paysagiste vérifie le sens, la portée et les potentialités. La synthèse des avis recueillis lors des différents comités a conduit à approfondir et à croiser les scenarios «Nourrir la ville» et «Fédérer par l’eau». L’activité agricole, le

maintien du paysage ligérien, de son caractère inondable et de la

biodiversité associée sont les éléments fondamentaux qui ont amené à

développer un ultime scenario de parc agricole urbain, dernière étape de l’étude prospective (figure 6).

Ainsi, à travers ce projet, la question du paysage a été investie par tous, décideurs politiques et services

techniques mutualisés, dans plusieurs dimensions. Tout d’abord, le paysage a été le support d’un diagnostic des forces en présence, et a permis aux acteurs de se saisir pleinement du potentiel de ce site en zone inondable, jusque-là peu «regardé» par la ville. Le périmètre de réflexion a été élargi à l’ensemble du lit majeur, après qu’ait été démontrée la cohérence de cet ensemble géographique et son impact en tant que «porte de la ville». Enfin, la prospective paysagère a été le support à l’invention et à la délibération d’orientations à long

terme, traduites ensuite par des actions à portée immédiate comme l’appel d’offre lancé en 2011 pour l’installation des jardins ouvriers sur le périmètre déconstruit.

Plus largement, le paysage est devenu un sujet politique revendiqué dans l’agglomération de Blois et cela pour deux raisons : tout d’abord, elle est le support d’une stratégie d’identification d’une ville moyenne située sur un axe fluvial en cours de patrimonialisation.

Le Plan local d’urbanisme de Blois, en cours d’élaboration, fait ainsi

apparaître le paysage dans l’axe 3,

«Blois, une ville paysage» (figure 7), du PADD (Projet d’aménagement de développement durable).

Fig. 7 Extrait de l’exposition du PADD de la ville de Blois (2012). L’un des trois axes est bien «Blois, une ville paysage»

Source : http://www.blois.fr/677-plan-local-d- urbanisme.htm

De plus, dans un contexte de

fractionnement du territoire rural par l’extension de l’habitat et des

infrastructures, le paysage, compris à l’échelle du grand territoire (SCOT), est perçu comme un outil de

conception de ces nouveaux espaces périurbains. Il est alors saisi par les représentants politiques comme «récit»

pour l’agglomération : «Dans les communautés d’agglomération, l’articulation ville/campagne est

(30)

fondamentale. Une communauté d’agglomération a besoin de la lecture paysagère pour se concevoir» (extrait d’un entretien réalisé le 17/12/2010 avec le président d’Agglopolys). Ainsi, Agglopolys développe le concept d’agglomération-archipel, qui assumerait le mitage tant décrié du territoire et une alternance entre habitat et agriculture. C’est ce modèle planificateur de dialogue entre habitat, paysages agricoles et services urbains, qui semble dominant dans les

représentations des décideurs politiques.

Le paysage est devenu localement un véritable sujet politique, autour du débat sur l’espace périurbain.

Agglopolys est devenue un acteur prépondérant dans ce modèle

métropolitain. Le projet de la Bouillie montre également le pouvoir évocateur de la prospective paysagère, qui permet aux décideurs politiques d’apprécier plusieurs évolutions possibles de leur territoire en fonction de l’impulsion choisie. Dans ce cadre, l’approche par le paysage est avant tout le support d’un projet, ce qui constitue à notre sens tout son potentiel. Il faut signaler que les habitants n’apparaissent pas dans ce jeu d’acteurs, si ce n’est à travers les associations d’usagers du déversoir et la volonté politique de communiquer leurs intentions dans la composition du paysage en devenir de ce vaste site.

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(31)

A"

(32)

LE PAYSAGE COMME UN ÉLÉMENT D’IDENTITÉ

LE CAS DU PROJET D’AGGLOMÉRATION FRANCO-VALDO-GENEVOIS

!

!

Sébastien Alcaix!

Université Lumière de Lyon

!Sise entre la France et la Suisse, la métropole genevoise, transfrontalière, élabore un projet de coordination des politiques d’aménagement à travers les différents territoires qui la compose au sein du bassin genevois. Elle valide le projet d’agglomération franco-valdo- genevois, support de ses projets, dans sa deuxième version (2012-2016).

L’objectif est de parvenir à définir une politique globale d’aménagement du territoire, qui a pour but de se décliner sur les différentes intercommunalités membres. Le canton de Genève dispose d’une longue tradition de planification. De leur côté, les collectivités françaises ont bâti leurs documents d’urbanisme plus

récemment, en parallèle d’une

réflexion intercommunale. L’important développement de l’agglomération genevoise dépasse aujourd’hui les frontières. Le premier projet

d’agglomération est validé en 2007 et s’inscrit dans un contexte géopolitique particulièrement complexe.

Le projet d’agglomération s’est élargi à des réflexions territorialisées, dans le cadre d’un urbanisme de projet. C’est dans ce sens que, parmi d’autres

thématiques, a été dressé un diagnostic paysager et élaboré un projet agricole.

Le paysage est un élément fort de la constitution du projet et tient une place importante en Suisse où un lien

étroit le relie à l’agriculture. Le

développement de Genève a nécessité de bâtir une agglomération commune avec une volonté de coordination et de rapprochement. Cette dynamique est très récente et se heurte à une méfiance réciproque entre les acteurs genevois et leurs voisins.

Cette contribution se propose d’évaluer comment la question paysagère peut constituer un élément fédérateur entre les différents territoires qui composent la métropole genevoise. Nous

formulons l’hypothèse que le paysage constitue un outil permettant d’établir des liens et de créer un sentiment d’appartenance. Dès lors, nous

pouvons parler de territoire commun et partagé pour pallier les difficultés propres à la frontière. Mais, plus encore, nous nous proposons d’identifier comment, à travers le paysage, les différents territoires, s’inscrivent dans cette dynamique où, au contraire, réagissent en réaction.

Enfin, le rôle de l’agriculture pose question.

Fédérer les territoires par le paysage est une dynamique forte, motrice, qui interpelle aujourd’hui, à l’heure de l’émergence des intercommunalités et des métropoles. La construction d’une identité territoriale à l’échelle du projet d’agglomération passe par

l’appropriation des populations de ce

(33)

! 28 ! territoire. Nous nous proposons de

voir comment cette identité, à travers l’étude des Schémas de cohérence territoriaux (SCoT), du Plan directeur cantonal (PDC) et du Projet

d’Agglomération, participe à leur réunion ou à leur construction.

Institués en 2000, les SCoT ont permis aux communes françaises, de réfléchir ensemble à un projet commun.

Cet urbanisme de projet a contribué à faire émerger la question paysagère au sein de la construction

intercommunale. Elle a permis de considérer les espaces agricoles sous un nouvel angle. L’analyse a porté sur les SCoT de Faucigny Glières et du Pays de Gex, complétée avec celle du PDC et du projet d’agglomération franco- valdo-genevois.

Nous proposons, dans un premier temps, de détailler notre approche en modélisant les liens entre l’agriculture et le paysage. Dans un second temps, nous donnerons des pistes de

définition d’une identité commune au territoire et du rôle que jouent les espaces agricoles en ce sens. Puis, nous montrerons de quelles façons le

paysage est mentionné dans les divers documents intercommunaux de planification et dans quels buts il est vecteur de territorialisation.

LA MODÉLISATION DE L’AGRICULTURE À TRAVERS LE PAYSAGE : NOTIONS DE DISTANCES ET DE REPRÉSENTATIONS L’attractivité économique genevoise induit un développement important, à la fois d’accueil d’entreprise et de population. Or, le canton de Genève demeure très attractif pour les

entreprises et le côté français pour les logements. Sa dynamique de

production de logements ne corrèle pas avec celle de l’accueil des entreprises.

En 2012, plus de 75 000 travailleurs dans le canton habitent de l’autre côté de la frontière (statistiques cantonales), où le rythme des constructions s’y accroît beaucoup plus rapidement.

Les populations venues de la ville urbanisent davantage les territoires périurbains, malgré la frontière. Elle se produit, à travers les constructions, mais aussi en fonction des

représentations des urbains et de leur rapport à la campagne. Les espaces agricoles y sont fortement impactés.

La question de leur nouveau rôle dans l’aménagement de l’espace est posée.

Ils constituent des éléments incontournables et participent pleinement à la construction d’une identité partagée, à travers le paysage.

Il existe, des deux côtés de la frontière, des liens très étroits entre les

perceptions paysagères et les espaces agricoles. Ils sont, pour les urbains, des supports contre des problèmes de

natures différentes. Lors d’un entretien, Sébastien Beuchat, chef de projet, établit clairement un lien entre paysage et agriculture : «c’est en voulant

garantir cette trame des espaces

ouverts que l’on a commencé à se dire que nous avions les espaces ouverts, le lac, les forêts, les cours d’eau, etc., mais aussi les espaces agricoles». Selon lui, les agriculteurs genevois «sont devenus plus rapidement urbains que ne le sont devenus les agriculteurs français que je vois encore actuellement. Maintenant ils sont tous [les agriculteurs genevois]

convaincus que chaque mètre carré de terre agricole n’a pas qu’une fonction, il y a toujours plein de fonctions, la fonction biodiversité, la fonction paysagère, etc. Alors que quand je vais dans la vallée de l’Arve, mais même pas très loin, […] la notion chez les agriculteurs est que l’espace, c’est chez

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