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Rencontre 4. Mt 12, Jésus Prophète

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Academic year: 2022

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Rencontre 4 Mt 12,22-42

Jésus Prophète

On peut appeler prophète l’homme qui est dûment mandaté pour porter la révélation divine.

En parlant par leur bouche, Dieu a fait connaître son dessein afin que l’on puisse le situer.

« Le Prophète comme Moïse » est l’une des figures sous lesquelles devait se manifester le Christ.

Jésus est pris pour un prophète, mais n’en revendique pas le titre ; il se contente d’agir comme tel.

Mais il se situe bien au-dessus des prophètes, car il procure le salut et prononce des paroles de sa propre autorité.

(2)

Mt 12: 1 En ce temps-là,

Yeshou‘a a fait route, un (jour de) shabbath, à travers les champs-de-blé;

or ses appreneurs ont eu faim,

et ils se sont mis à arracher des épis et à les manger.

Mt 12: 2 Ce que voyant, les Pharisiens lui ont dit :

Voilà que tes appreneurs font ce qu'il n'est pas permis de faire un shabbath ! Mt 12: 3 Il leur dit :

N'avez-vous pas lu ce qu'a fait David,

lorsqu'il eut faim, lui et ses compagnons, Mt 12: 4 comment il est entré dans la Maison de Dieu,

et comment ils ont mangé les pains de proposition, qu'il ne lui était pas permis de manger,

non plus qu'à ses compagnons,

mais aux prêtres seuls ? Mt 12: 5 Ou bien,

n'avez-vous pas lu dans la Loi que, un shabbath,

les prêtres dans le Temple profanent le shabbath et ne sont pas coupables° ? Mt 12: 6 Or je vous dis qu'il y a ici plus grand que le Temple.

Mt 12: 7 Si vous aviez su ce que veut dire :

C'est de la pitié / miséricordeque je veux et non un sacrifice (Os 6:6)

vous n'auriez pas condamné ceux qui ne sont pas coupables°. Mt 12: 8 Car il est seigneur du shabbat, le Fils de l'homme.

(3)

Mt 12: 9 Et, partant de là, il est venu à leur synagogue.

Mt 12:10 Et voici un homme qui avait une main sèche ; et on a interrogé (Yeshou‘a) en disant :

Est-il permis, un shabbath, de guérir ? — c'était pour l'accuser.

Mt 12:11 Il leur dit :

Quel est parmi vous l'homme

qui, n'ayant qu'une brebis et qu'elle tombe° un shabbath dans un trou n'ira la saisir et la relever ?

Mt 12:12 Or, combien un homme vaut plus qu'une brebis !

De sorte qu'il est permis, un shabbath, de bien faire.

Mt 12:13 Alors il a dit à l'homme : Étends ta main !

et il l'a étendue, et elle a été rétablie, saine comme l'autre.

Mt 12:14 Une fois sortis, les Pharisiens ont tenu conseil contre lui, afin de le perdre.

Mt 12:15 Yeshou‘a, l'ayant su, s'est retiré de là ;

et beaucoup [[mss des foules nombreuses]] l'ont suivi et il les a tous guéris.

Mt 12:16 Et il les a rabroués pour qu'ils ne qu'ils ne le manifestent pas.

Mt 12:17 afin que s’accomplît° ce qui a été dit par Yesha‘-Yâhou, le prophète, disant {= quand il dit} :

Mt 12:18 Voici mon serviteur que j'ai choisi, / Is 42: 1-4

mon bien-aimé en qui se plaît mon âme ; Je mettrai mon Souffle sur lui,

et il annoncera (le) jugement aux nations.

Mt 12:19 Il ne disputera ni ne criera

et on n'entendra pas sa voix sur les places ;

Mt 12:20 le roseau froissé, il ne le brisera pas et la mèche qui fume encore, il ne l'éteindra pas jusqu'à ce qu'il ait jeté-dehors{= mené} le Jugement à la victoire.

Mt 12:21 Et c'est en son Nom que les nations espéreront. / Is 42: 1-4

(4)

Mt 12:22 Alors on a porté auprès de lui un démoniaque aveugle et muet ;

et il l'a guéri, de sorte que le muet parlait et regardait {= voyait}. Mt 12:23 Et toutes les foules étaient hors d'elles-mêmes et disaient :

Ne serait-ce pas le Fils de David ? Mt 12:24 Les Pharisiens, en entendant, ont dit:

Celui-là ne jette-dehors les démons que par Béelzéboul, chef / prince des démons.

Mt 12:25 Sachant leurs sentiments, il leur dit:

Tout royaume partagé contre lui même est dévasté,

et toute ville ou maison partagée contre elle-même ne se maintiendra pas.

Mt 12:26 Et si le Satan jette-dehors le Satan,

c'estqu'il s'est partagé contre lui-même.

Comment donc se maintiendra son royaume ?

Mt 12:27 Et si moi, c'est par Béelzéboul que je jette-dehors les démons, vos fils, par qui les jettent-ils-dehors ?

Voilà pourquoi eux seront vos juges.

Mt 12:23 Mais si c'est par le Souffle de Dieu que moi je jette-dehors les démons,

c'est donc qu’est arrivé jusqu'à vous le royaume de Dieu.

Mt 12:29 Ou bien, comment quelqu'un peut-il

pénétrer dans la maison du Fort et piller ses choses, s'il n'a d'abord lié le Fort ?

et alors il pillera sa maison.

Mt 12:30 Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui n'assemble pas avec moi disperse.

Mt 12:31 Voilà pourquoi, je vous le dis, tout péché ou blasphème sera remis aux hommes ; mais le blasphème contre le Souffle ne sera pas remis.

Mt 12:32 Et celui qui dit une parole contre le Fils de l'homme, il lui sera fait rémission ; mais celui qui en dit une contre le Souffle, le Saint,

il ne lui sera fait rémission ni dans ce monde-ci, ni dans le monde à venir.

Mt 12:33 Ou faites que l'arbre soit bon, et son fruit [sera] bon, ou faites que l'arbre soit pourri, et son fruit [sera] pourri ; car c'est d'après le fruit que l'arbre se connaît.

Mt 12:34 Engeance de vipères,

comment pouvez-vous dire de bonnes choses, mauvais que vous êtes ?

Car c'est du trop-plein du cœur que la bouche parle.

Mt 12:35 L'homme bon, de son bon trésor, jette-dehors {= tire} de bonnes choses, et l'homme mauvais, de son mauvais trésor, jette-dehors {= tire} de mauvaises choses.

Mt 12:36 Je vous dis que de toute parole inopérante / oiseuse que diront les hommes, ils rendront compte au jour du Jugement.

Mt 12:37 Car c'est d'après tes paroles que tu seras justifié et d'après tes paroles que tu seras condamné.

(5)

Qui est-il ce "Fort" dont un "plus Fort" va "piller la Maison" ?

On trouve un élément de réponse dans la lecture juive du texte de la Genèse.

Gn 6: 4 Les Nephilim [géants1] étaient sur la terre, en ces jours-là et même après qu' [et après cela 2 quand]

allaient les fils de Dieu vers les filles du ’Adam [des hommes] et engendraient pour eux-mêmes ÷

[

rbG

] eux - les vaillants [

µyrIüBoGIh'

], ceux des temps antiques, hommes de renom [c’étaient-là les géants3 du temps passé, les hommes de renom].

Rashi, dans son commentaire sur Gn 6: 4

"Ceux-là furent les hommes forts / vaillants [

µyrIüBoGIh'

]" ,

écrit : " c'est à dire : en rébellion contre Dieu."

Il fait le lien avec une filiation qu'on retrouve un peu plus loin :

Gn 10: 6 Et fils de 'Hâm ÷ Koush et Miçrayim et Pouth et Kenâ‘an.

Gn 10: 7 Et fils de Koush : Sebâ’ et 'Havilâh et Sabttâh et Ra‘mâh et Sabttekhâ’

et fils de Ra‘mâh : Shebâ’ et Dedân.

Gn 10: 8 Et Koush4 a engendré Nimrôd ÷ lui a commencé à être vaillant sur la terre

[Celui-là a commencé à être géant sur la terre].

Gn 10: 9 Lui a été un vaillant chasseur devant la face de YHVH

LXX [C’était un chasseur, un géant devant le Seigneur Dieu] C’est pourquoi on dit [dira] :

Comme Nimrôd, vaillant chasseur devant la face de YHVH

LXX [Comme Nemrôd, chasseur géant devant le Seigneur].

Gn 10:10 Et le commencement de son royaume a été : Bâbél et ’Erekh et ’Akkad et Khalneh ÷ dans la terre de Shine‘ar

Gn 10:11 De cette terre-là, il est sorti en ’Assour ÷

et il a construit Nîneveh et Re'hoboth-’îr et Kâlah

Job 15:20 Tous les jours de sa vie, le méchant se tourmente ÷

Job 15:25 Car contre Dieu (il étendait) sa main ÷ et contre Shaddaï, il était-fort [

rB'G:

]

LXX [Car devant le Seigneur, il levait les mains ;

et devant le Seigneur, Maître de tout, il raidissait sa nuque].

1 En employant le mot “géants”, il semble que le traducteur se soit inspiré du seul autre endroit du Pentateuque où il est question de ces mystérieux personnages : en Nb 13:33; où il est dit qu’ils sont “très grands”.

Aquila a traduit littéralement “ceux qui tombent”; Tg Jo “ceux qui sont tombés des cieux”.

Les lecteurs hellénophones rapprocheront “gigas” de “gé” : ils sont des produits de la terre…(Irénée, Dém, 18) 2 Marque la continuité temporelle : encore par la suite, lorsque…

Philon lie avec la phrase suivante : “Après que le souffle de Dieu eut été retiré…”

Jean Chrysostome : “Après de si grandes fautes…”

3 La reprise du nom “géants” pour traduire le TM “gibbôrim” fait des géants eux-mêmes les produits de l’union des fils de Dieu et des filles des hommes, et donc les hommes que le Déluge anéantira (Sg 14: 6).

4 Peut désigner l’Ethiopie, mais on préfère y reconnaître le Kashshou des Babyloniens, c’est-à-dire la terre des Kassites, en Mésopotamie.

(6)

Isaïe 49:24 Au brave, enlève-t-on sa prise ? [A un géant, enlève-t-on ses dépouilles?] et celui qui est justement captif s’échappe-t-il ?

LXX [et si on capture un homme injustement sera-t-il délivré?] Isaïe 49:25 Eh bien ! ainsi parle YHVH :

Même le captif du brave lui sera enlevé

LXX [Si quelqu'un capture un géant, il prendra ses dépouilles] et la prise du violent s’échappera

LXX [et celui qui les prend à un fort sera sauvé]

et celui qui t’incrimine, c’est moi qui l’incriminerai

LXX [mais moi, je jugerai ton jugement],

et tes fils, c’est moi qui les sauverai [délivrerai].

Isaïe 49:26 Et, à tes oppresseurs, je ferai dévorer leur chair [leurs chairs[sarx] et comme de jus-(de-raisin) ils s'enivreront de leur sang

LXX [et ils boiront comme vin nouveau leur sang et ils s’enivreront] ÷ et toute chair connaîtra que,

moi, YHVH, je suis celui qui te sauve [ton libérateur] et que celui qui te rachète, c’est le Fort° de Ya‘aqob.

LXX [et celui qui soutient la forcede Jacob].

auquel fait écho

Ps 76: 6 Ils ont été dépouillés, ceux dont le cœur est puissant°

LXX [ils ont été troublés / bouleversés tous ceux dont le cœur est sans intelligence] ils se sont endormis de leur sommeil ÷

et aucun de ces vaillants-guerriers n’a trouvé ses mains.

[et tous ces hommes (avides) de richesses n'ont plus rien trouvé dans leurs mains].

Ps 76: 7 A ta menace, Dieu de Ya'aqob ÷

le char et le cheval sont tombés-en-torpeur

LXX [ils se sont assoupis, ceux qui montent° les chevaux].

Dans sa "re-lecture" la LXX Ps 76 assimile les "puissants" "avides de richesses" aux guerriers de Pharaon.

Cela rejoint la "re-lecture" LXX du texte Is 1:24 cité plus haut.

Par ailleurs, on se souvient que "Pharaon" est un des "types" (images)

du "Fort" qui se dresse contre Dieu et retient injustement captifs ceux que Dieu va délivrer / sauver.

(7)

Mais, parce que Dieu est invincible et longanime, Il a commencé par user de longanimité, en permettant que l'homme tombe sous le coup d'une peine et fasse ainsi l'expérience de toutes les situations, ainsi que nous l'avons déjà dit ; ensuite, par le «second Homme», Il «a ligoté le fort», s'est emparé de ses «choses» et a détruit la mort, en rendant la vie à l'homme que la mort avait frappé. Car la première «chose» tombée en la possession du

«fort» avait été Adam, qu'il tenait sous son pouvoir pour l'avoir injustement précipité dans la transgression et — sous prétexte d'immortalité — lui avoir donné la mort. Aussi est-ce en toute justice qu'a été fait captif à son tour par Dieu celui qui avait fait l'homme captif et qu'a été libéré des liens de la condamnation l'homme qui avait été fait captif.

IRÉNÉE deLYON, Contre les Hérésies, III, 23, 1

La deuxième catéchèse de NARSAÏ, éclaire notre comparaison :

"Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, car les hommes sont retournés à leur Père et ont recouvré l'usage de leur(s) RICHESSE(s) dont ils avaient été dépouillés. Les démons avaient injustement pillé l’HÉRITAGE des hommes, mais un homme s'est levé pour faire leur procès et les a démasqués. Il rendit un jugement équitable contre les trompeurs et leur arracha le BUTIN DÉROBÉ à la maison de son Père... Il accepta de mourir pour qu'ils ne soient pas esclaves des démons. Tel un athlète, il descendit lutter en faveur de son peuple et, engageant le combat contre Satan, il fut LE PLUS FORT et le vainquit...

Ils virent (les témoins) gagner une grande bataille contre le fort."

(204-205, Ed. HAMMAN)

"Le fort, c'est le démon;

ses armes, ce sont les hommes où il a fait sa demeure.

A moins donc qu'on ait auparavant vaincu et enchaîné Satan,

comment lui ravir ses armes, c'est-à-dire les infortunés qu'il possède?"

THÉOPHYLACTE

"Le Seigneur a aussi enchaîné le fort, c'est-à-dire le démon, en paralysant les moyens de séduction qu'il emploie contre les élus. Et étant entré dans sa maison, c'est-à-dire dans le monde, il a pillé sa maison et ravi ses "choses", c'est-à-dire les hommes qu'il soustrait aux pièges de Satan et incorpore à son Eglise. Ou bien encore, il a pillé sa maison, parce que les diverses parties du monde où dominait cet antique ennemi du genre humain ont été données en partage à ses Apôtres et à leurs successeurs, pour ramener tous ces peuples dans la voie de la vie."

BÈDE LE VÉNÉRABLE

(8)

Mt 12:38 Alors quelques uns des scribes et des Pharisiens lui ont répondu, en disant : Maître, nous voudrions voir de toi un signe.

Mt 12:39 Et répondant, il leur a dit : Génération mauvaise et adultère, qui recherche un signe !

Et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas, le prophète.

Mt 12:40 Car

de même que Jonas a été dans les entrailles du Monstre-marin, trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera dans le cœur de la terre, trois jours et trois nuits.

Mt 12:41 Les hommes de Ninive se relèveront, lors du jugement, avec cette génération-ci et ils la condamneront,

parce qu’ils se sont repentis à la proclamation de Jonas et voici qu'il y a ici plus que Jonas !

Mt 12:42 Et la reine du Midi se (re)lèvera, lors du jugement, avec cette génération-ci et elle la condamnera,

parce qu’elle est venue des confins de la terre

pour écouter la sagesse de Salomon et il y a ici plus que Salomon !

Cette génération est une génération mauvaise et adultère.

À des responsables juifs, fiers de l'élection du peuple d'Israël, Jésus annonce un bouleversement radical : Israël sera jugé par les nations païennes. Il s'appuie sur le livre de Jonas et souligne la conversion des païens. Jésus appelle à suivre l’exemple des Ninivites : se convertir à sa Parole, tout simplement parce qu’elle est vraie, sans exiger d’autres garanties que sa véracité.

Mais comme il est difficile pour ceux qui se considèrent comme des justes de se convertir ! Paradoxalement la démarche est plus facile pour des pécheurs ou des païens.

Cette génération mauvaise et adultère n’est pas disposée à accueillir le message de conversion que Jésus lui adresse : ceux qui ne veulent pas croire, trouvent toujours le moyen de réclamer une preuve différente de celle qu’on leur donne... et le Seigneur sait qu’aucun prophète n’est bien reçu dans sa patrie. Cependant il ne se lasse pas de proclamer la bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu pour tous les cœurs qui le cherchent avec droiture.

_________

Il n’y aura pas d’autre signe que celui de Jonas, qui, fuyant ses responsabilités a failli en perdre la vie mais fut rendu à la vie pour sa mission. Comment participer ? Non pas en demandant des signes, et encore moins des miracles, au Dieu vivant, mais en accueillant nous-même l’Evangile qui est bonne nouvelle pour ce monde qu’il a tant aimé. Celui qui écoute l’Evangile reçoit le seul signe qui vaille d’être donné, celui de Jonas et, partant, celui de Jésus à travers sa mort et sa résurrection.

Des signes, au tout début, il n’y en a pas. Mais, à la réflexion et de manière très subtile, un signe apparaît quand même, après coup, non pas pour les Ninivites mais pour les lecteurs, c’est à dire pour nous. Matthieu nous appelle à percevoir que la résurrection de Jésus se trouve préfigurée dans le miracle de Jonas, vomi sur le rivage après trois jours dans la baleine. Un autre signe se fait jour ensuite, qui s’adresse aux juifs incrédules : c’est la conversion du grand nombre de païens qui deviennent chrétiens, comme les païens de Ninive s’étaient eux aussi convertis.

Nous sommes appelés à comprendre l’Ecriture, à marcher à son rythme et à percevoir ses développements. Le Nouveau Testament éclaire l’Ancien, tout comme l’Ancien permet de mieux comprendre le Nouveau. Jonas est une figure de Jésus.

Le chrétien est envoyé annoncer la Parole de Dieu dans les mêmes conditions. Il n’a pas d’autre autorité que la pertinence de ce qu’il dit. Il ne peut s’appuyer ni sur des prodiges pour impressionner, ni sur des arguments d’autorité. Sa parole peut cependant être entendue comme décisive et venant de Dieu, quand il est question de vie et de mort, et qu’elle touche au cœur car elle dit vrai.

(9)

Jonas est le héros d’un petit livre du Premier Testament, que l’on classe parmi les livres prophétiques, mais qui n’en a pas la forme. C’est un récit tardif qui nous présente la vie d’un prophète récalcitrant. Il n’apprécie pas du tout, mais pas du tout, la mission que Dieu lui confie. Alors il tente d’y échapper, en prenant le bateau. Mais la tempête se déchaîne et le sort le désigne comme responsable de ce qui arrive. Passé par-dessus bord, Jonas est avalé par un gros poisson qui le recrache sur le rivage, trois jours plus tard, et le renvoie à sa mission qui est d’annoncer le châtiment de Dieu à la grande ville païenne de Ninive. Contrairement à toute attente, la ville, du plus petit jusqu’au plus grand, accueille favorablement la parole du prophète et fait acte de repentance. Alors Dieu renonce au châtiment, ce qui suscite la colère du prophète qui s’était installé sous un petit arbre pour voir le spectacle...

Ce petit livre n’a rien d’historique. Il est écrit dans une perspective étonnamment universaliste, ouverte aux païens, sur le mode d’une grande parabole à destination des Juifs revenus d’exil, qui s’installent à Jérusalem en s’enfermant dans leur propre particularité. Avec beaucoup d’humour et d’ironie, l’auteur de ce livre fait de Jonas la figure symbolique de ce judaïsme fermé sur lui-même qui découvre que Dieu ne rejette pas les païens qui se tournent vers lui. Si Jésus parle du signe de Jonas, c’est aussi dans cette perspective. Il donne en exemple, aux scribes et aux pharisiens, les habitants de Ninive qui se convertissent après avoir entendu la parole de Jonas. C’est le seul signe que donne le prophète : une parole forte annoncée au nom de Dieu. Jésus ne fait pas autre chose. Il a refusé à toute forme de stratégie médiatique visant à séduire ceux qui le voient. Il parle, annonce le Royaume, apaise les cœurs blessés, libère les consciences qui ploient sous le poids de la culpabilité, relève l’humain condamné, accueille le rejeté... Ce qu’il dit et fait ouvertement est la seule base qu’il donne à ses adversaires pour juger de sa mission. À vous de décider, leur dit-il! Cette invitation est aussi adressée à chacun de nous!

Dans le langage biblique, le chiffre trois définit un temps ou une période réduite ou limitée. Le séjour de Jonas dans le ventre du poisson appartient au genre littéraire de ce type de récit. Il a une valeur symbolique. Dans son évangile, Matthieu en fait le symbole de l’événement de la résurrection. Au matin du troisième jour, les femmes découvrent le tombeau vide et sont, les premières, les témoins d’un événement qui échappe à toute forme de mainmise humaine. Les disciples ne savent que penser. Ils hésitent entre le doute et l’incompréhension. Puis, à leur tour, ils font l’expérience d’une rencontre qui les bouscule et les transforme intérieurement. Ils n’ont aucune preuve, si ce n’est le signe d’une Parole dont ils se souviennent et qui va bouleverser leur vie. Aujourd’hui encore cette Parole nous arrive, relayée par le témoignage de celles et ceux qui en ont fait une source d’amour et de vie. Elle peut le devenir également pour celles et ceux qui l’accueillent et acceptent de l’entendre en profondeur. À vous d’en décider! Il n’y aura pas d’autre signe!

http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2010/clb_100604.html

Il y a ici plus que Jonas.

Jésus, comme s’il voulait habilement et adroitement répondre à leur demande, s’appuyant une fois de plus sur les Écritures, se sert de cette histoire de l’Ancien Testament pour annoncer sa passion, sa sépulture et sa résurrection. Ils veulent un signe... ils n’auront que celui-là ! Le signe de Dieu adressé aux hommes est celui qu’ils ont devant les yeux, celui qui leur parle, le Fils de l’homme, Jésus lui-même. Dans Jésus de Nazareth, le Pape Benoît XVI explique bien que tu es ce signe, au sens le plus profond. Toi, le crucifié et le ressuscité... croire en toi en ce grand signe divin et te suivre, voilà ce à quoi nous sommes invités. Croire, dans l’absolu de la foi, que c’est la réalité décisive de l’histoire par excellence.

(10)

Pour aider à la réflexion

Après la lecture de Mt 12, 22 – 42 ;

- En vous appuyant sur les caractéristiques du prophète,

relevez dans ce texte ce qui appartient à la thématique du prophète.

- En comparant les versets 22 et 38, que pouvez-vous dire ? Quelle est la portée d’un signe ? - A partir des versets 39 à 41, quel est le signe de Jonas évoqué par Jésus ?

Quelles en sont les caractéristiques ?

Au fil du texte

Dans le Deutéronome, Moïse annonce « un prophète comme lui ». Dès lors, chacun peut se demander si Jésus est un prophète ? un « vrai » ou un « faux » prophète ? A quel signe peut-on le reconnaître ? Matthieu le suggère (verset 33) : aux fruits que porte l’arbre ! En guérissant, Jésus accomplit des gestes de vie. Ils manifestent que Dieu agit par son

« Serviteur » (voir fiche 2). Dès lors, attribuer cette action au démon est un aveuglement volontaire. Matthieu en dénonce le manque de logique (versets 25 à 29) et surtout la gravité (versets 30 à 32) en écho au verset 19 de Deutéronome.

Il invite à s’interroger sur la source de cet aveuglement (versets 34 à 37). Ensuite il présente une autre forme du même refus : contester les signes que Jésus vient de donner et en demander toujours d’autres. En évoquant Jonas (verset 40), il annonce discrètement qu’il faudra bien choisir en face du « signe » décisif : la mort et la résurrection. Bousculant les hésitations du peuple élu, ce « signe » ouvrira le Royaume aux autres brebis, qu’annoncent déjà Ninivites et reine de Saba. Dans la première partie de l’évangile, on pouvait donc reconnaître en Jésus « un prophète ». Lorsque certains concèdent cette réponse (Mt 16,14), surgit une nouvelle question : si Jean-le-Baptiste est « plus qu’un prophète » (Mt 11,9), qu’en est-il de Jésus ? est-il « LE prophète » annoncé par le Deutéronome ? La réponse de Pierre (Mt 16,16) suggère que c’est bien le cas, mais que Jésus est, à plus forte raison « bien plus qu’un prophète » : il est la Parole de Dieu. Il ne s’agit plus de raisonnement, mais d’une révélation (Mt 16,17).

Dieu,

Nous sommes aussi comme les scribes et les pharisiens.

Nous voudrions voir un signe venant de toi.

Nous nous demandons souvent si tu es Dieu,

Pourquoi tu nous laisses dans les galères de la vie et la misère de nos péchés.

Nous souhaiterions que tu nous répondes en nous donnant des signes.

(11)

A la lumière de l’Ancien Testament

Deutéronome chapitre 18,15 à 19

Dt. 18:13 Tu seras parfait envers [devant] YHVH, ton Dieu.

Dt. 18:14 Car ces nations, que tu vas déposséder

ce sont astrologues et devins (qu’) elles écoutent

LXX [Car ces nations, celles dont tu vas (te) distribuer en héritage (la terre), elles, ce sont présages et divinations (qu’) elles écouteront] ÷

mais, à toi, YHVH, ton Dieu, n'a pas donné d'agir ainsi.

Dt. 18:15 (C'est) un prophète [TM+du sein de toi], d’entre tes frères, (un prophète) comme moi,

(que) te sucitera YHVH, ton Dieu ÷

(c'est) lui (que) vous écouterez.

Dt. 18:16 Selon tout

ce que tu as demandé à YHVH, ton Dieu, au 'Horéb, au jour de l’assemblée, en disant ÷ Je [nous] ne continuerai pas à écouter la voix de YHVH, mon [notre] Dieu

et ce grand feu-là,

je [nous] ne (le) verrai plus et je ne mourrai [et nous ne mourrons] pas.

Dt. 18:17 Et YHVH m’a dit : [+ Tout] Ce qu’ils ont dit est bien [(est) droit°].

Dt. 18:18 Je leur susciterai un prophète du milieu de leurs frères, (un prophète) comme toi ÷ et Je placerai [donnerai] mes paroles dans sa bouche

et il leur dira tout [selon] ce que je lui commanderai.

Dt. 18:19 Et [TMil adviendra que] l’homme qui [s’il] n’écoute pas mes paroles,

qu’il [le prophète] dira en mon nom ÷

c’est MOI qui le rechercherai de lui {= lui en demanderai compte} [châtierai (cela) à son sujet].

Dt. 18:20 Quant au prophète

qui aurait l'arrrogance [commettrait l'impiété]

de dire en mon Nom une parole que je ne lui ai pas commandé de dire ou qui parlerait au nom d’autres dieux ÷ ce prophète-là mourra.

(12)

Echos du texte dans l’Evangile

- Du verset 15 au verset 18, relever ce qui appartient à la mission prophétique.

- Qu’est-ce que cela nous dit de notre liberté ? Accueillir, écouter la parole, le prophète … - Les verbes « se lever « et « écouter » désignent l’action du prophète et ce que cela provoque.

Comment retrouvons-nous cela dans l’Evangile ?

Et que vous suggère le verbe « se lever » ?

(13)

De l’Evangile à la vie

Pour intérioriser

Je formule une prière à Jésus Prophète

Pour prier avec les Pères de l’Eglise

Le Christ, par ses paroles et ses actions, montrait qu'il était vrai Dieu et Seigneur de l'univers. Il disait donc à ses disciples, avant de monter à Jérusalem : Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l'homme sera livré aux païens, aux grands prêtres et aux scribes pour être flagellé, tourné en dérision et crucifié. Il annonçait ce qui s'accordait avec les prédictions des prophètes, car ils avaient prédit sa mort qui devait avoir lieu à Jérusalem.

Donc, puisque la sainte Écriture avait, dès le début, prédit la mort du Christ, et les souffrances précédant sa mort, elle prédit aussi ce qui arriva à son corps après la mort, et elle prédit que ce Dieu, à qui cela arriverait, demeurerait impassible et immortel. Autrement, il n'aurait jamais été Dieu. Mais, considérant la réalité de l'Incarnation, nous comprenons pourquoi il est vrai et juste d'affirmer tout ensemble et la passion du Christ et son impassibilité. Nous comprenons pourquoi le Verbe de Dieu qui, autrement, serait impassible, a dû subir la passion ; car l'homme n'aurait pu être sauvé par un autre moyen. Lui seul l'a su, ainsi que ceux à qui il l'a révélé. En effet, il a su tout ce qui vient du Père ; c'est ainsi que l'Esprit voit même les profondeurs des mystères divins.

Cependant, il fallait que le Christ souffrît ; il était absolument impossible que la passion n'eût pas lieu, comme lui- même l'a affirmé lorsqu'il a appelé lents à croire et inintelligents ceux qui ne savaient pas que le Christ devait souffrir ainsi pour entrer dans sa gloire. En effet, il est venu pour sauver son peuple, en renonçant à la gloire qu'il avait auprès du Père avant le commencement du monde. Ce salut était la perfection qui devait s'accomplir par la passion, et qui serait imputée à l'auteur de notre vie, selon l'enseignement de saint Paul : Il a été l'auteur de notre vie, en atteignant la perfection par ses souffrances. Et l'on voit comment la gloire du Fils unique, dont il avait été écarté pendant peu de temps en notre faveur, lui a été rendue par la croix dans la chair qu'il avait adoptée. Saint Jean le dit en effet dans son évangile, lorsqu'il explique ce qu'était cette eau dont le Sauveur a dit qu'elle jaillirait, comme des fleuves, du cœur du croyant. Or, en disant cela, il parlait de l'Esprit Saint que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui. En effet, l'Esprit Saint n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'était pas encore entré dans sa gloire. Ce qu'il appelle sa gloire, c'est sa mort sur la croix. C'est pourquoi le Seigneur, lorsqu'il priait, avant de subir la croix, demandait au Père de lui donner cette gloire qu'il avait auprès de lui avant le commencement du monde.

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Homélie de saint Anastase d'Antioche sur la Passion -

Pour prier ensemble

Notre Père

Oraison

Tu nous as dit, Seigneur, d’écouter ton Fils bien aimé, fais-nous trouver dans Ta Parole les vivres dont notre foi a besoin : et nous aurons le regard assez pur pour discerner ta gloire. Par Jésus le Christ notre Seigneur.

(2ème dimanche de Carême)

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Sag. 1:13 Car Dieu n'a pas fait la mort

et il ne se délecte pas de la perte des vivants.

Sag. 1:14 Il a tout créé pour l'être

et les genèses du monde sont salutaires, en elles il n'est aucun poison de mort et l'Hadès n'a aucune royauté sur la terre ; Sag. 2:23 Oui, Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité

et il en a fait une image de sa propre nature [ms. éternité] ; Sag. 2:24 C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde

et ils en font-l’épreuve, ceux qui sont de sa part.

Mt 27:17 Tandis qu'ils se trouvaient (r)assemblés, Pilatus leur a dit : Qui voulez-vous que je vous relâche,

Bar-Abbas ou Yeshoua, celui qui est appelé Messie / Christ ? Mt 27:18 Car il savait que c'était par envie qu'ils l'avaient livré.

Sag. 1:11 Gardez-vous donc des murmures° sans profit, épargnez à votre langue les mauvais propos ;

car unénoncé furtif {= (mot) énoncé furtivement} ne demeure pas vain {= sans effet}, une bouche mensongère donne la mort à l'âme.

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