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Les milieux naturels Intérêt, dégradations, gestion. du littoral de la Baie de Bourgneuf

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Cahier Nantais n' 27, pp 43-55

Les milieux naturels Intérêt, dégradations, gestion

François BIORET et Pierre DUPONT

du littoral de la Baie de Bourgneuf conservation et de problèmes de

Laboratoire d'Ecologie et de Phytogéographie

U.E.R. des Sciences de la Nature, Université de Nantes

RESUME - Le littoral de la Baie de Bourgneuf possède des milieux naturels de grande valeur biologique. Urbanisation, endiguements, mise en culture des zones humides, aménagements divers en restreignent peu à peu l'étendue. Mais beaucoup de zones préservées se banalisent ; les principales causes de dégradation sont examinées. La richesse des milieux dunaires est particulièrement menacée. Dans les zones humides, la qualité fourragère de diverses plantes est méconnue et une meilleure exploitation des prairies paraît compatible avec le maintien de la valeur biologique.

AB ST RA C T -The coast of the Bay of Bourgneuf possesses a natural environment of great biological value. Urbanisation, the creation of dykes, the cultivation of humid areas, various developments are, litt le by litt le, restncting its extent. H owever, several protected are as are becoming commonplace . The main causes of erosion are examined . The richness of those areas which contain dunes is especially endangered. ln humid areas, the potential of various plants as fodder is unrecognized, and a better exploitation of the prairies seems compatible with the preservation of the biological value.

REMARQUES SUR LA NOTION DE MILIEU NATUREL

Des milieux naturels de grande valeur biologique persistent sur les côtes de la Baie de Bourgneuf. L'existence de véritables milieux naturels dans nos régions étant souvent mise en doute, il nous parait utile d'en justifier la notion.

Sans doute, et plus qu'en beaucoup d'endroits, l'homme a-t-il eu une influe _nce déterminante sur la quasi-totalité des paysages. Il n'empêche que les ceintures de végétation qui se succèdent sur la dune en l'absence de plantations de pins, les groupements de la slikke, du schorre ou des falaises maritimes sont constitués d'espèces spontanées, installées et se perpétuant naturellement. Même les prairies inondables, bien que l'homme intervienne sur la durée de submersion et sur la pénétration de l'eau saumâtre, bien que fauche ou pâturage retentissent sur leur composition floristique, possèdent pour l'essentiel des caractéristiques

naturelles, étant certainement proches d'écosystèmes primitifs que parcouraient de grands mammifères herbivores.

Mots-clés Key-words

Milieux naturels, Dunes, Surfréquentation, Zones humides, Qualité fourragère Natural environment, Dunes, Over-frequentation, Humid areas, Potential fodder

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Mais de nombreux aménagements, même en l'absence d'urbanisation, perturbent et banalisent de plus en plus l'espace, si bien que les zones que l'on peut encore qualifier de naturelles, au sens biologique, s'amenuisent de plus en plus . C'est ainsi qu'un bois de pins, une prairie temporaire, un remblai engazonné et peuplé d'espèces ornementales, même s'ils ont pour le public une apparence de nature, ne sont plus des milieux naturels. C'est dans la mesure où l'on admet souvent comme tels les espaces non urbanisés (la terminologie des Plans d'occupation des Sols est encore plus fâcheuse, puisque les zones NA et NB, par exemple, sont construites ou appelées à être construites) que l'on est conduit à nier l'existence de vrais milieux naturels.

I. LA DEGRADATION SAINT-GILDAS ET

DES ESPACES LE COLLET

NATURELS ENTRE LA POINTE

Il s'agit de la partie de la Baie située en Loire-Atlantique. Le littoral de ce département est actuellement l'un des plus urbanisés de France. Après les nombreuses implantations qui se sont réalisées il y a 10 à 15 ans, l'urbanisation de la zone étudiée s'est heureusement ralentie ; elle a tout de même atteint plusieurs points préservés jusqu'à une date récente, avec -par exemple un lotis- sement empiétant sur la dune à l'anse du Sud près de la pointe Saint-Gildas, ou des constructions isolées en bordure de mer, conduisant parfois à une interruption abusive du "sentier des douaniers" comme entre Roche-Marie et la Patorie au nord-ouest de la Bernerie, où un sentier plus dangereux se trouve reconstitué en bordure de falaise.

il n'est pas urbanisé, le milieu naturel est trop souvent altéré, voire détruit. Un cas désolant est celui de la côte sud de la pointe Saint-Gildas. En 1973, nous soulignions, dans un rapport destiné à l'A.L.C.O.A., que l'un des plus beaux sites du département se dégradait à une allure extrême. Actuellement, le chemin piétonnier a atteint la largeur d'une route, des remblais ont été effectués sur des landes et pelouses de grand intérêt, de gros engins ont labouré le sol en d'autres points et il ne reste que des lambeaux de l'ancienne végétation. De même, la dune à l'ouest de la zone urbanisée de Préfailles est à peu près détruite, la riche bande de pelouse qui s'étendait au-delà disparait peu à peu sous des déblais divers, malgré le bon état qui était le sien et l'érosion très réduite à son niveau. Des exemples du même ordre se notent un peu partout ; des désherbants sont parfois utilisés, comme en bordure du

"sentier des douaniers" près de Monval .

Un aspect positif des travaux de l'A.L .C.O .A. est que les trois

zones les plus vastes libres de constructions dont nous avions

souligné l'intérêt dans notre rapport de 1973 (cordon dunaire du Collet, partie entre la plage de la Fontaine-Breton et Monval, côte orientale de Préfailles et secteur voisin jusqu'à Portmain) sont restées à l'abri de l 'urbanisation ; aucune maison ne s'est ajoutée à celles qui venaient d'être édifiées à l'est de Port aux Goths et un projet de lotissement au Collet a été abandonné. Est-ce à dire que le milieu naturel ait ainsi été préservé ? On en est loin, hélas

Au Collet, du fait de l'existence de deux terrains de camping et surtout de la route qui longe toute la dune sans passages canalisés vers la plage, la surrré-

quentation atteint la presque totalité de la zone, très aggravée

par la pénétration des automobiles, la pratique du moto-cross sur les pelouses dunaires, des prélèvements sauvages de sable, des plantations mal conçues. Si le chêne vert se maintient dans le petit bois à l'arrière, plusieurs espèces caractéristiques de la dune ont déjà disparu ou fortement régressé. Des mesures urgentes s'imposent, pour éviter une destruction irrémédiable d'un ensemble encore assez riche, avec en particulier la linaire des sables Linaria arenaria et l'oeillet des dunes Dianthus gallicus. Notons que des dégâts parfaitement

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inutiles se sont ajoutés, lors de la constitution d'une ZAC aquacole dans le marais voisin interruption du cordon dunaire sur une largeur exagérée, bouleversement de la dune mobile située à l'avant, destruction de ceintures végétales du plus haut intérêt dans la zone de transition entre dune et marais. Il aurait suffi de déplacer le premier fossé de quelques mètres pour préserver ces ceintures, mais qui connaissait leur valeur, en dehors de biologistes compétents que l'on oublie presque toujours de consulter lors de l'aménagement de milieux naturels?

L'exemple de Préfailles est significatif de la lente dégradation des

milieux préservés de l'urbanisation, mais laissés pratiquement à

l'abandon et ouverts à une occupation "sauvage" . Sur environ 1 km 500 de long et 300 m de profondeur entre Port aux Goths et la plage de l'Etang située à l'avant d'une petite dune, une bonne moitié de la surface était constituée de landes et de pelouses rases en équilibre, jusqu'à il y a une vingtaine d'années, car le bétail les parcourait et la lande était périodiquement exploitée pour de la litière. La présence de quatre vallons à relief assez accusé, débouchant sur une côte élevée, rocheuse et découpée à végétation typique (présence, en particulier, de la rare fougère (Asplenium marinum) permettait une bonne diversification de la végétation.

A l'abandon progressif des surfaces naturelles s'ajouta, vers 1970, celui de quelques terrains jusque-là cultivés, la construction de quatre villas et le mitage de diverses parcelles par l'installation de caravanes ou de constructions sommaires. Evolution de certaines pelouses vers la lande, installation progressive d'ajoncs, de genêts ou de ronces sur la lande rase à bruyère cendrée et, beaucoup plus rapidement, sur les cultures abandonnées firent alors évoluer d'importantes surfaces vers d'impénétrables fourrés, le plus souvent dominés par des ajoncs d'Europe de plus de deux mètres qu'accompagnent ormes, prunelliers et quelques autres espèces ligneuses.

En même temps, la fréquentation accrue sur un espace utile fortement rétréci écorchait en de nombreux points les pelouses littorales. Arriva alors la sécheresse de 1976 ; en pleine saison touristique, un incendie prit naissance aux environs de Pierre Blanche, à l'est du vallon de Choiseau, s'étendant rapidement jusqu'à Port-Me leu sur une profondeur de près de 400 mètres, n'épargnant que quelques enclaves cultivées et des pelouses littorales .

A la suite de l'incendie, des réunions furent organisées afin d'en éviter le renouvellement et de gérer au mieux l'ensemble de la zone, classée ND dans le plan d'occupation des sols. Malheureusement, les propositions formulées n'ont pas été suivies d'effet, en dehors des couloirs pare-feu dont nous parlons plus loin.

A cette époque, environ 16 hectares (un peu plus du tiers de la surface) étaient encore cultivés ou exploités en prairie. Il en restai t à peu près 12 en 1984, ce qui représente une diminution du quart. Il est intéressant de constater que les abandons les plus nombreux concernent les parcelles de viqne dont les deux tiers ont disparu (mais une a été plantée) et les prairies naturelles. Un cas particu- lièrement fâcheux est celui du vallon de Pasquin. Outre l'intérêt de sa végétation, il possédait une grande valeur esthétique, avec les pelouses bien vertes du fond, riches en Orchidées, qui remontaient largement sur les flancs vers l'arrière, passant à la lande rase au sommet. Le fond du vallon est maintenant occupé par une formation dense de saules cendrés, cependant que les pentes où restent quelques fragments de lande à bruyères s'envahissent peu à peu d'ajoncs, genêts et arbustes divers, banalisant un paysage qui était particulièrement harmonieux.

Corrélativement à l'abandon des prairies naturelles, on peut noter la conversion de certaines cultures en prairies temporaires. Selon les cas, les parcelles abandonnées sont envahies par la broussaille ou occupées par caravanes, tentes ou

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cabanes ; des installations du même ordre se font sur des parcelles antérieurement embroussaillées, mai s aussi en été sur des étendues explo ité es une partie de l'année. Les surfaces de broussaille sont finalement ana lo gues à celle s de 1976 . A leur niveau, le tapis végétal perd l 'es sentiel de son intérêt . La valeur faunistique est plus élevée, car elles servent d'abri à de nombreuses espèces, mais il suffirait d'une surface nettement plus faible pour que ce rôle soit joué .

En même temps, les landes basses et les pelouses voient une fréquentation de plus en plus intense et la pratique du moto-cross accentue la dégradation. En particulier, l'accès facile par le vallon de Choiseau, à l'extrémité duquel un parc de stationnement a été aménagé, condu it à des dégâts importants en direction de la dune de l'E t ang. Plus ieurs autres chemins perme tt ent l'accès sau vage des automobiles jusqu'aux pelouses litt orales. On peut observer en plusieurs endroits d'importantes zones décapées d'où toute végétat ion a disparu et des coul oirs d'érosion qui se forment à partir d'elles dans le hau t des pentes rocheuses.

Quant aux terrains occupés par maisons, cabanes, tentes ou caravanes, la plupart ont maintenant une végétation très artificialisée ; comme exception, il convient de citer la propriété construite située vers l'extrémité du chemin de la Palette, où de la lande rase à bruyère cendrée a été conservée, dans un état voisin de celui d'origine.

Pour éviter l'extension d'un éventuel incendie, on s'est contenté, au moyen d'instruments lourds, de réaliser un quadrillage de couloirs pare-feu séparant d'impénétrables quadrilatères d'ajoncs. Ils sont régulièrement, mais abusivement entretenus, car le sol se trouve entièrement dénudé, voir e creusé au bulldozer, ce qui empêche l'établissement d'une pelouse stable. Il aurait été plus sim ple, avant la reconstitution des broussailles, de passer à peu prè s partout avec des instruments plus légers, pour arriver peu à peu à un résultat voisin de celui de l'ancienne exploitation. L'entretien de certaines surfaces par des moutons, tel qu'il se pratique couramment dans des pays voisins, serait par ailleurs souhaitable. Mais on pourrait également la isser quelques parcelles évoluer vers le boisement . En effet, quelques petits arbres , chênes pédonculés surtout, se sont

implantés spontanément dans certaines broussailles et l'on pourrait favoriser leur développement.

La carte jointe représente de manière simplifiée l'affectation des

diverses parcelles en 1984, quelques modifications intervenues au cours des dernières années et donne quelques indications sur la végéta tion, surtout dans la bande littorale. Elle concerne la zone ND qui fa it l'obje t de cette étude, mais s'étend un peu au-delà, car le phénomène d'abandon des cultures et de mitage commence à se manifester en zone NC.

On peut remarquer que le Plan d'Occupation des Sols, révisé en 1981, subdivise en deux la zone ND, en principe à vocation vraiment naturelle : zone NDa, où sont interdits les remblais dans les zones humides (ils sont donc autorisés ailleurs) et les constructions, installations et activités de .toute nature (sauf extension

mesurée sans changement de destination) zone NDc, pouvant recevoir des

constructions liées aux activités touristiques, sportives ou de loisir, notamment des terrains de camping (et les logements de fonction liés à ces activités). Cela revient à terme à la quasi destruction de la végétation spontanée, dans un secteur tout de même assez grand (voir les limites sur la carte joi nt e)

La zone NCa est à vocation agricole. Les in stallat ions non lié es directement à l'activité agricole y sont interdites, de même que les dépôts de déche ts, le camping, le caravaning, les abris de jardin supérieurs à 6 m2, etc. On voit que le respect des prescriptions est tout relatif.

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Le département de Loi re-A t lantique a acq ui s cer t aines par cel les, grâ ce au produit de la taxe dépa rt ement ale d' espaces verts et le Conserva toir e du Lit t oral a un programme d'acq uisitio n qui conce rn e auss i des se ct eurs voi sins sur Sainte-Marie, jusqu'à Por tmain, dont la pl us grande partie est encore cultivée . Il raut espérer qu'une gestion correcte, avec parcs de st ationnement et éventuellement équipements de loisir suffisamment à l'intérieur, chemi ns

piétonniers évitant les endroits les plus riches, permettra la

conservation d'un patrimoine naturel encore rort valable à

certains niveaux, mais le temps presse, car les espèces les plus

originales comme la petite Iridacée Romulea col umnae ou les Gentianacées Centaur i um maritimum et Cic end i a filiformis se raréfient de pl us en plu s.

II . LES DUNES DE L' ILE DE NOIRMOUTIER

De vastes surfaces dunaires se trouvent à Noirmoutier. Elles

possédaient et possèdent encore en divers points un intérêt biologique majeur. En partie cultivées autrefois, puis retournées à l'état naturel, elles

ont ensuite été altérées en beaucoup d'endroits par la plantation systématique de pins maritimes.

Parmi bien d'autres richesses floristiques, il faut signaler l'existence du rarissime Omphalodes littoralis, petite Boraginacée qui n'existe au monde qu'en quelques localités de l 'Ouest de la France, toutes fort menacées à l 'heure actuelle, de l'Ile d'Ol éron aux Iles Glénans. Or on doi t cons t ate r que, du fa it des aménagements récents, el le a dispar u d'en viron les deux tier s des surf aces qu'elle peuplait à Noirmout ier voici seulement quinze ans !

A cette date, l'ensemble dunaire dont la végétation était la mieux conservée s'étendait sur plus de trois kilomètres entre Barbâtre et la Guérinière. Urbanisat i on , implantation d'un stade, extens i on des terrains de camping, ex t racti on de sable, transformations diverses ont réduit la partie valable à un peu plus d'un kil omètre, sur une pro fondeur de l'ordre de 500 mètres, entre le lotissement de la Tresson et celui en face de la Maison Rouge. De grandes étendues y sont for t bien fixées par la végétation spontanée. La composition floristique est typique, avec beaucoup d'espèces rares, dont l' Omphalodes et deux autres protégées sur le plan national. En outre, d'anciennes zones d'exploitation de sable ont conduit à des dépressions peuplées par des groupements végé t aux de sables humides , avec en particulie r la rare Orchidée Epipactis palus tris . Remarquo ns que l 'action de l 'homme a perm is de conserver ici des groupements qu'il a éliminés de la zone de contac t dune - marais.

Mais une évolution insidieuse conduit à l 'amenuisement de

ces richesses. La surfréquentation de la bande proche de la plage entraine une érosion considérable et un net recul. Vers l'intérieur, le sable est remis en mouvement en certains points, submergeant des zones bien fixées, surtout en raison de prélèvements sauvages et du fait de la pratique du moto-cross. Les abords des dépressions sont particulièrement dégradés par le passage des cyclomoteurs et des motos ; mais certaines de celles-ci se banalisent aussi, en raison du dépôt de matériaux divers (déchets de jardins, gravats, etc ... ) ou par embroussaillement.

Il convient donc de prendre des mesures pour conserver

errectivement cet espace remarquable qu i devrait rester à

l 'abri de tout aménagement, y compris de boiseme nt en pins mar iti mes . D'autres zones dunaires ont aussi beaucoup d'intérêt, en particulier la bande méridionale entre la Fosse et le pont de Noirmoutier (à noter que la partie proche de la pointe de la Fosse s'engraisse régulièrement, alors que l'érosion se manifeste plus au nord) et les dunes de Luzéronde, mais leur flore s'est fortement

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appauvrie sur de vastes secteurs, du fait des plantations de pins maritimes . Ceux -ci ont évidemment une importance économique on peut discuter leur généralisation sur le plan paysager et l'argument de la fixation des dunes n'est valable que localement. Les conséquences néfastes de leur plantation sur la végétation spontanée peuvent se constater en de nombreux points de 1 'ile, par exemple au niveau des Onchères où des dunes très bien fixées par l'Ephedra ont été considérablement dégradées par le creusement récent de sillons parallèles.

Quand les pins sont âgés de quelques années, pratiquement tout le tapis végétal disparait sous leurs peuplements serrés, comme en certains endroits proches de la poin t e de la Fosse. Au ni veau de celle-ci, près de la sortie du pont de Noirmoutier, Omphalodes littoralis, autrefo i s abondant, ne persiste que sur des surfaces réduites libres de pins et de cyprès plantés à titre ornemental au voisinage d'un petit parc à voitures.

Au nord de 1' ile, le bois de la Blanche aurait mérité, avec la petite zone marécageuse située en arriere et avec les dunes de la Linière qui étaient part i culièrement riches, de constituer une réserve naturelle . Mais les dunes ont été loties voici une douzaine d'années. Le bois présente une valeur exceptionnelle, étant constitué en grande partie de chênes verts qu'accompagnent d'au t res espèces méditerranéennes à leur limite, en particulier le ciste à feuil les de sauge Cistus salviaefolius et le garou Daphne gnidium . Mais ici aussi la fréquentation devient excessive en bordure de dune où les passages répétés et non canalisés remobilisent le sable . Celui-ci submerge non seulement certaines pelouses, mais des buissons de chêne vert et d'autres arbustes, cependant que la dune recule, limitée par de véritables "falaises" de sable atteignant une dizaine de mètres, entrainant ·des chênes verts du haut de la pente . Un patrimoine inestimable se trouve atteint et il est urgent, là aussi, d'intervenir . Notons en passant que le bois de la Chaise, quoique beaucoup plus connu, est nettement plus pauvre. S'il possède de magnifiques chênes verts centenaires qu'accompagnent de nombreux arbousiers, il a été en grande partie privatisé, avec de nombreuses constructions, et le reste, surfréquenté, n'a plus qu'un intérêt floristique limité .

La protection des dunes, à Noirmoutier comme en tant

d'endroits, revét une extrême urgence. Leur dégradation dépend certes, en partie, de facteurs naturels, mais elle résulte pour l'essentiel de l'addition de multiples petites atteintes contre lesquelles on n'a pas le courage de lutter et dont on ne saisit du reste pas l'impact réel. Un bon exemple est celui des prélèvements sauvages de sable. Les très nombreuses personnes qui viennent, ici ou

là, prélever un ou deux seaux (parfois beaucoup plus), suppriment en même temps le tapis végétal et entrainent une érosion éolienne qui multiplie l'effet.

Des travaux de protection très satisfaisants ont été effectués en bordure de dune dans le secteur de Luzéronde, avec des fascines, des barrières de ganivelles, des couloirs canalisant la circulation des piétons, la clôture de certains espaces de dune fixée, cependant que la circulation automobile est interdite sur le chemin voisin. D'autres sont beaucoup plus discutables, avec en particulier des enrochements vers la Bosse et la Clère . Mais beaucoup reste à faire pour la conservation, non seulement de milieux exceptionnels sur le plan biologique, mais tout simplement de sites dunaires. L'acquisition de certaines parties par le Conservatoire du littoral ne suffira pas pour préserver leur richesse ; elle doit être accompagnée de diverses autres mesures.

III. LES MARAIS LITTORAUX

De vastes surfaces de zones humides s'étendent dans le Marais Breton et l'Ile de Noirmoutier. Si l'intérêt des milieux dunaires est essentiellement d'ordre scientifique, celui des zones humides littorales est également économique, du fait de leur exceptionnelle productivité liée à l'inondation périodique et à

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des échanges extrêmement complexes entre mil ie ux terr es t res et marins .

L'homme, par des endiguements successirs , a plus ou moins

complètement supprimé à diverses époques les rormations

végétales de la slikke et du schorre, soumise s au balancement régulier

des marées . Aujourd'hui, leur étend~e est rort réduite à l 'avant

des digues et en bordure de certains étiers. Or ces zones, des ilots de spartines aux peuplements denses d'obione ou de glycérie maritime , jouent un rôle essentiel dans l'équilibre biologique de la baie . Les principales se situent au sud de l'embouchure de l'é t ier du Collet (dans un fond de baie où s 'accumulent malheureusement des déche t s de toutes sort es) , à la point e du Paracaud près de la Coupelasse, au sud du port du Bec, en quelques points de part et d' aut re du Gois

(du nord de Bell evue au sud de Fély ), à la point e aux Herbes de la Crosni èr e au nord de l'estuaire du Grand Etier de Sall ert ain e .

Les principaux liserés au long des étiers se situent sur la rive gauche de l'étier du Collet, à l 'estuaire de l'ét ier de la Louippe et surtout en bordure du Grand Etier de Sallertaine et de son affluent, l'étier de la Lasse; ils sont très réduits à Noirmoutier où la principale étendue de schorre, à l'avant des bassins situés entre les estuaires de l'étier des Moulins et de celui de l' Arceau, a été récemment aménagée en claires à huitres.

D'autres endiguements ont été réalisés récemment , comme au sud du port du Bec et au niveau de l'ancien polder de la Prise près de Fromentine (en grande partie aménagé, mais dont certaines parties resten t intére ssantes) . Pourta nt, l 'intérêt général bien compris n' est pas de récupé rer à to ut pr ix de nouvell es surface s, dès que le schorre s'ins talle . On pe ut effectuer des tr avaux lége rs favoris ant la sédimentation, mais il faudrait absolument laisser ces nouvel les zones en espaces naturels. Le reste de la baie ne peut qu'en profiter, la production ostréicole en particulier, et la reconstitution de reposoirs est indispensable à de nombreux oiseaux actuellement contraints de se réfug ier à marée haute dans des zones cult ivées où ils cau sent par fois des dégâts . Il est en outre in dispensable que le

jeu des marées continu e à s'e ffe ctue r lib rement dans la part ie te rmina le des étiers, ce qui exclu t l'implantat ion de nouveau x vannages à l'avan t de ceux qui existent .

Des zones nettement halophiles se trouvent cependant au-delà des

premiers vannages, partout où sont effectués des envois périodiques d'eau salée. Bien que le rythme d'inondation soit très différent de celui des marées, certaines sont remarquables sur le pl an biologique. C' es t ai nsi que le polder de Sébastopol, à Noirmoutier, actuel lement pâtu ré, possède une végé t at io n t rès diversifiée, des endroits tou jours inondés à ceux que l'eau salée n'atteint que très rarement. Il convient de noter que ce polder est la seule zone de marais à ne pas faire partie du Grand Ensemble Naturel défini dans le schéma d'aménagement de

l'A.L.C.O.A. ; il y est figuré comme marais desséché, ce qui est tout à fait inexact pour l'essentiel de sa surface.

De son côté, la partie centrale du polder du Dain, qui n'a pas été aménagée pour l'ostréiculture depuis sa création en 1969, est occupée par une lagune au voisinage de la digue, puis par plusieurs ceintures de végétation correspondant à un dessalement progress if et à une diminution de l 'humid ité en direction de l 'i nté ri eur . Ce site , deven u de prem i er plan du point de vue ornithologique, avec en par t iculier une import ante colonie d'avoc ettes , mériterai t un statut de réserve . Mai s la pist e d' U.L.M. insta llée à ce niv eau, si elle ne perturbe guère la végé t at ion, est t rès pré judiciable à certains oiseau x.

La végétation halophile remonte en outre au long des innombrables petites voies d'eau qui quadrillent le "secteur salé". L'aménagement de celui-ci pose évidemment de gros problèmes de conservation des richesses naturelles. Les marais salants, tout à fait résiduels près de Beauvoir, en partie conservés à

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Noirmoutier, concilient au mieux une certaine production avec le maintien d'une végétation fort digne d'intérêt. Les surfaces qu'occupe celle-ci se réduisent au

niveau des bassins à poissons, encore plus à celui des claires

ostréicoles. On peut constater à Noirmoutier que la restructuration

récente des bassins vers la Guerche, Le Bonhomme, La Nouvelle Brille a conduit à un indiscutable appauvrissement de la végétation. Il conviendrait d'êt re vigilant, lors de l'implantation de nouvelles zones aquacoles, af in de conserver ou de reconstituer le maximum de surfaces naturelles.

La culture de certaines levées, qui empêche évidemment le développement de la fl .ore spontanée, n'est pas un phénomène nouveau ; elle a même été beaucoup plus développée à d'autres époques. Le problème, du point de vue de la rentabilité, est la faible largeur des terrains. Par contre, diverses étendues de polder sont entièrement cultivées de manière intensive, ce qui en élimine pratiquement tout aspect naturel.

L'utilisation la plus courante reste l'élevage. Celui-ci t end à

diminuer conduisant, surtout à Noirmoutier, à l'embroussaillement de certaines parties. Mais le colmatage progressif des anciennes salines, avec une série de stades fort bien étudiés par J. B. BOUZILLE dans le Marais Breton, conduit progressivement à l'augmentation des surfaces disponibles. Le type de prairie naturelle le plus répandu est mésophile et de qualité fourragère tout à fait valable, souvent même meilleure que dans le "secteur doux".

On sait que celui-ci s'est étendu de plus en plus, du fait que de

l'eau de Loire l'alimente et que les vannages empêchant la remontée de l'eau salée se sont peu à peu rapprochés du littoral, cependant que l'on cherche à réduire la durée d'inondation du marais et l'amplitude des variations de niveau. Nous laissons de côté les conséquences sur le milieu aquatique, rappelant · cependant l'influence néfaste sur les zones conchylicoles des lâchers trop importants ou trop brutaux d'eau douce. La mise en cu1ture, quoique limitée à l'heure actuelle à quelques parcelles de maïs et à des productions maraichères en périphérie, est une sérieuse menace . Mais l' essentie1 de 1a surface - en dehors d'anciennes zones de marais salants plus ou moins laissés à l'abandon - reste en prairie nature11e.

La végétation de ce secteur doux reste très riche, avec toute une gamme de groupements végétaux et plusieurs espèces protégées. Cependant, le résultat de la gestion actuelle de l'eau est une banalisation progressive ; le type moyen de prairie naturelle, ni trop humide ni trop salée, vers lequel on tend n'est pas de meilleure qualité que ceux que l'on supprime peu à peu. Malheureusement, la valeur fourragère réelle des diverses espèces spontanées est en grande partie méconnue.

Or il. est nécessaire d'en avoir une idée correcte lorsqu'on effectue des aménagements. Aussi, nous a-t-il paru utile d'examiner de plus près ce problème.

IV. VALEUR ET EXPLOITATION DES PRAIRIES NATURELLES

Il existe des méthodes très précises, mais longues et fastidieuses, pour apprécier la valeur fourragère d'une prairie permanente . Malheureusement, elles sont inapplicables dans des zones comme le Marais Breton, du fait que le nombre de plantes pour lesquelles on a établi l'indice spécifique (coefficient de valeur, de O à 5) est fort limité. Certaines sont réputées sans valeur sans aucune preuve.

Les choses se compliquent aussi car une espèce donnée ne possède pas partout la même qualité, ayant plusieurs écotypes adaptés à des conditions particulières, de productivité et de valeur fourragère plus ou moins différentes. Enfin, il a été démontré que certaines espèces de faible valeur énergétique ont tout de même de l'intérêt, du fait de leur richesse en vitamines ou en éléments minéraux par exemple.

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Afin de disposer de que lques éléments supp lémenta ir es, nous avons fa it procéder en 1984 à 23 ana1yses concernant 18 espè ces que nous avons prélevées dans leurs stations nature l les, par la Sta ti on Agronomique de Loire-Atlantique. A noter que les récoltes provie nnent des zones humides de l'estuaire de la Loire et non du Marais Breton, mais dans des prai ries naturelles à végétation similaire.

Les paramètres suivants ont été évalués : matières sèches (MS) exprimées en pourcentage, matières minérales (MM), matières cellu l osiques (MC), matières azotées totales (MAT) éva luées en pourcentage de mat ière brute et en pourcentage de matière sèche (nous ne donnons que le se cond chif fre) ; aut res paramè tr es concernant les mat ières azotée s, expr imés en g/kg : PDIN (prot éines réel lement digestibles dans l 'in t estin gr êle permise s par l 'a zot e ferment es cib le de l'aliment), PDIE (protéines rée llement diges ti bles dans l' int est in grêle permis es par l'énergie de l'aliment), MAD (matières azotées digestibles) ; ces paramèt res, calculés à partir des MAT, varient dans le même sens. Enfin, la proportion d'acide cyanhydrique (CNH), exprimée en ppm, a été recherchée seulement chez la grande glycérie qui est réputée en contenir beaucoup . Les unités fourragères par kilogramme de matière sèche ont été évaluées à partir de certaines des données précédentes, en distinguant UFL (tinités fourragères l ait) et UFV (unités fourragères viande). Nos commentaires se rapportent surtou t à ces valeurs d'unités fourragères.

Bien que cette série d'analyses soit très insuffisante pour tirer des conclusions définitives sur tell e ou te ll e espèce, 1es résu1tats, synthétisés dans 1e tab1eau joint, sont très intéressants . I1s montrent qu 'i1

existe des espèces spontanées de rée11e va1eur et permettent de

dégager des résu1tats dans trois domaines

- Influence du stade de végétation . Elle ressort avec évidence, bien que quatre espèces seulement aient été récoltées à deux stades. La grande glycérie avant épiaison possède 0,82 UFL, 0,76 UFV ; au stade de la flora ison , les chif fr es passent à 0,64 et 0,55 (mais il y a six fo is moins d'acide cyanhydrique) et les MAD chutent considérablement, de 117, 0 à 48, 6 ...

Trois espèces de trèfles, adaptés à des milieux plus ou moins salés, ont une excellente qualité au stade floraison, mais celle-ci chute rapidement : le trèfle de Michéli passe de 0,91 UFL et 0,86 UFV à 0,80 et 0,73 en débu t de fructification, le trèfle maritime de 0,83 et 0,77 à 0,63 et 0,53 . Pour le tr èfle résupiné, la seconde mesure es t intervenue à un stade enco re plu s tar dif (fructification avancée) et l 'on passe de 0,86 UFL et 0,80 UFV à 0,6 1 et 0,52. Les matières cellulosiques augmentent de moitié, d'où une nette diminution de digestibilité, cependant que les matières azotées digestibles sont presque divisées par deux. Bien souvent pourtant, ces plantes sont fauchées encore plus tard et ont donc perdu à ce moment presque toute leur valeur.

Nous n'avons fait procéder qu'à une analyse de chacune des trois espèces de vulpin, récoltées à peu près à la même date, mais à un stade de développement différent. Le vulpin des prés, très précoce et réputé d'excellente qual ité, possédait 0,71 UFL et 0,62 UFV en début de fructification, le vulpin bulbeux, au stade floraison, 0,80 et 0,74, le vulpin genouillé, au stade épiaison - début de floraison 0,91 et 0,86 ; à stade équivalent, leur valeur doi t être assez analo gue.

- Qualité de certaines espèces de milieu plus ou moins salé . La

comparaison entre les pla ntes de terrain salé et celles de terrain non salé montre que des deux côtés, il y a de très bonnes fourragères. Aux trois trèfles cités plus haut, dont nous avons vu la qualité, il faut ajouter deux Graminées : le polypogon de Montpellier (0, 77 UFL, 0, 70 UFV au stade floraison), présent seulement dans les parties les plus salées, le vulpin bulbeux (0,80 UFL, 0,74 UFV

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ANALYSES FOURRAGERES EFFECTUEES EN 1984

MS MM MC MAT PDIN PDIE MAD UFL UFV CNH

Trifolium resupinatum 15, 1 10,3 22,4 15,3 106,2 108,5 107,3 0,86 0,80 (trèfle résupiné) - Floraison

Trifolium resupinatum 23,4 12,2 33,5 10,8 74,9 79,6 63,8 0,61 0,52 (trèfle résupiné) - Fructification avancée

Trifolium michelianum 12,3 9,7 21,8 18,8 130,4 123,6 141,3 0,91 0,86 (trèfle de Michéli) - Floraison

Trifolium michelianum 22,4 1

o .

1 26,5 15,8 109,7 107,8 112, 1 0,80 0,73 (trèfle de Michéli) - Début fructification

Trifolium maritimum 19,5 7,7 25,7 14,9 103,4 106,3 102, 1 0,83 0,77 (trèfle maritime) - Floraison

Trifolium maritimum 30,1 7,5 36,0 11,5 79,5 83,5 68,1 0,63 0,53 (trèfle maritime) - Début fructification

Trifolium fragiferum 17,0 11, 1 24,8 16,5 113,9 110,9 118,5 0,82 0,76 (trèfle porte-fraises) - Début floraison

Lotus uliginosus 14,8 7,9 29,7 21,2 146,7 128,7 164,2 0,81 0,73 (lotier des marais) -Boutons-début floraison

Agrost is stolonifera 32,4 6, 1 31,9 8,9 57,4 76,2 49,1 0,74 0,66 (agrostis blanc) - Début épiaison

Alopecurus geniculatus 23,8 6,9 27,1 14, 1 94,8 102,0 103,3 0,91 0,86 (vulpin genouillé) - Epiaison - début fi.

Glyceria f/uitans 22,9 7,0 26,9 16,4 106,0 108,8 119,5 0,93 0,88 (glycérieflottante) -Début floraison

Glyceria maxima 14,3 10,8 30,1 16,0 103,3 103,0 117,0 0,82 0,76 1287 (grande glycérie) -Avant épiaison

Glyceria maxima 24,4 9,5 34,5 8,5 56,2 71,6 48,6 0,64 0,55 209 (grande glycérie) -Floraison

Polypogon monspeliensis 22,9 1

o.

1 32,7 15, 1 97,6 98,4 108,5 0,77 0,70 (polypogon de Montpellier) -Floraison

Phragmites communis 26,2 11,5 34,7 15,3 98,8 96,8 110,7 0,72 0,64 (roseau) taille 1 m, avant épiaison

Lolium perenne 27,2 9,6 28,0 8,2 53,1 75,9 42,8 0,85 0,79 (ray-grass d'Angleterre) -Début floraison

Phalaris arundinacea 22,0 7,0 33,6 13,6 87,7 93,4 93,0 0,77 0,70 (faux roseau) - Début épiaison, tiges épaisses

Phalaris arundinacea 26,5 5,6 33,5 12,5 80,7 90,6 82,6 0,78 0,70 (faux roseau) -Avant épiaison, tiges fines

Agropyrum repens 37,7 5,2 32,1 10,9 70,2 85,0 67,3 0,78 0,71 (chiendent rampant) - Epiaison

Alopecurus pratensis 26,4 8,8 34,6 11,8 76,4 85,0 77,5 0,71 0,62 (vulpin des prés) - Fin floraison-début fruct.

Alopecurus bulbosus 28,3 7,0 27,8 9,3 60,2 79,8 53,5 0,80 0,74 (vulpin bulbeux) - Floraison

Scirpus maritimus 18,5 11,3 29,5 14,0 90,3 95,2 88,4 0,80 0,74

(scirpe maritime) - Début épiaison

Juncus gerardi 28,9 7,7 33,2 12,6 81,6 89,8 84,5 0,76 0,69 (jonc de Gérard) - Début fructification

S3

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au stade floraison), encore répandu en un certain nombre d'endroits du secteur doux.

Même le scirpe maritime (0,80 UFL, 0,74 UFV en début d'épiaison) et le jonc de Gérard (0,76 UFL, 0,69 UFV en début de fructification) qui appartiennent à des genres réputés sans intérêt fourrager ont une valeur correcte, mais si le second parait couramment pâturé, le bétail consomme rarement le premier et seulement

lorsqu'il est jeune.

On voit donc que la réduction du secteur salé entraine la raréfaction de diverses espèces de bonne valeur .

- Qualité de certaines espèces de milieu longuement inondé.

On voit de même avec évidence que de t rès bonnes espèces son t présentes en des points très humides. Deux Graminées montrent une excellente valeur à la floraison : la glycérie flottante, avec 0,93 UFL, 0,88 UFV et le vulpin genouillé, avec 0,91 UFL, 0,86 UFV. On peut remarquer que le ray-grass d'Angleterre présent à l'état spontané a donné des chiffres inférieurs au même stade, avec O, 85 UFL, 0,79 UFV.

Une Légumineuse répandue en divers points marécageux, le lotier des marais (habituellement donnée comme d'indice spécifique 3) est également de fort bonne qualité, avec 0,81 UFL et 0,73 UFV en début de floraison. On peut remarquer que, parmi les espèces étudiées, c'est celle qui possède le plus fort pourcentage de matières azotées.

Notons que le trèfle de Michéli, cité à propos des milieux salés, vit lui aussi en des lieux longuement inondés. Les autres espèces de milieu très humide, grande glycérie, roseau et scirpe maritime ont également une valeur énergétique correcte .

A la lumière de ces analyses, on peut penser que les

prairies naturelles du Marais Breton pourraient avoir une

production nettement supérieure si les conditions

d'exploitation étaient améliorées . C'est au niveau des prairies de

fauche que l'on pourrait réaliser les progrès les plus importants . En effet, la date de fenaison apparait trop tardive, voire beaucoup trop dans la majorité des cas. Il en résulte, en fonction de ce que nous avons vu pour quelques espèces, une perte importante de la valeur énergétique et des matières azotées et une diminution de la digestibi lité du fourrage . Après la fauche, le redémarrage de la végétation est plus difficile sur un sol déjà desséché et le bétail est donc mis à pâturer plus tardivement .

Comme en bien d'autres endroits, on préfère évidemment attendre pour faucher que le temps ait des chances de se maintenir favorable. La date tardive s'explique en outre dans les zones les plus humides par la portance insuffisante du sol que les tracteurs risquent d'abimer. Mais cette raison ne parait finalement pas tenir dans de nombreux cas. On s'aperçoit en effet que les dates ne changent guère entre une année sèche et une année humide, cependant que l'on constate parfois des écarts d'un mois entre des parcelles analogues.

Du fait du développement explosif de la végétation au cours du mois de mai, la date de fauche optimale se situerait en général début juin ; compte tenu de la grande humidité du sol en certains points, la mi-juin serait une date raisonnable ; mais un nombre très réduit de parcelles (quo ique plus important qu'au niveau de l'estuaire de la Loire) est effectivement fauché à cette date.

Il convient d'insister sur le cas des prairies à grands trèfles annuels (trèfle maritime, trèfle résupiné, trèfle de Michéli), encore assez répandues dans certains secteurs, qui perdent l'essentiel de leur valeur du fait de leur exploitation trop tardive.

(13)

Il .faudrait donc chercher à remédier à cet état de chose en

avançant le plus possible la date de .fauche, partout le sol

n'est pas trop humide, et rechercher s'il existe des

instruments de récolte mieux adaptés au terrain.

Certaines améliorations peuvent également étre apportées au

niveau des parcelles p~turées meilleure élimination des refus,

rotation du bétail entre des parcelles de taille plus réduite en particulier;

cette mesure peut conduire à d'importants gains de production, évitant les pertes énergétiques du bétail se déplaçant sur de longues distances, permettant une meilleure utilisation de l'herbe qui repousse plus facilement et réduisant les dégâts occasionnés par le piétinement des parcelles humides. Elle a par contre un impact paysager négatif et le changement de parcelles oblige à un travail supplémentaire (qui reste cependant inférieur à celui qui résulterait de la conversion en prairie temporaire). Une fertilisation conduite avec prudence et destinée surtout à compenser les pertes dues à l'exportation des matières minérales peut également être entreprise sans perturbation sensible de la végétation naturelle.

Les études que nous avons menées restent t rè s insuffisantes et toute amélioration réelle de l'exploitation des prairies naturelles passe par l'analyse systématique, à différents stades de leur développement, des principales espèces constitutives, par l'étude précise de leur amplitude écologique vis-à-vis de l'eau et du sel, etc ... , afin d'aboutir à des plans de gestion corrects.

Il est cependant évident que, quelles que soient les améliorations, le rapport ne peut atteindre celui des cultures fourragères intensives. Mais si l'on tient compte des investissements nécessaires pour implanter celles-ci, de la qualité biologique du milieu, de son influence bénéfique sur les zones voisines, des répercussions d'un drainage trop poussé et de la mise en culture sur la conchyliculture, c'est indiscutablement le maintien d'un état aussi naturel que possible qui peut satisfaire au mieux l'intérêt général.

Et, à partir du moment où l'on prend conscience que l'intérêt général est en jeu, il est normal que les agriculteurs concernés puissent bénéficier, sous une forme ou sous une autre, de certaines compensations.

De toute manière et c'est ce qui manque malheureusement presque

toujours dans les études préal ables à l'aménagement une prospection

très fine du territoire, hiérarchisant l'intérêt biologique des

différ entes zones, est indispensable.

BIBLIOGRAPHIE

1. BOUZILLE (J.B.), Recherches sur la végétation du Marais Breton

(Vendée et Loire-Atlantique), Thèse Université de Nantes, 1979, 205 p.

2. DUPONT (P.) et coll., Les sites naturels et les problèmes écologiques sur le littoral entre Vilaine et Gironde, S.E.P.N.B. et A.L.C.O.A., 1972-73, 3 fasc., 145 + 146 + 39 p.

3. DUPONT (P.) et coll., Etude écologique des marais de 1 'Ouest (de la Vilaine au marais de Talmont), Rapport E.P .R. Poitou - Charentes 1983, 201 p., 21 cartes.

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