DUMONTR. ROUX M. AGABRIEL
J.
TOURAILLE C.
BONNEMAIRE J.
MALTERRE C.
ROBELIN J.
INRA- ENSSAA,
Laboratoire de la Chaire de Zootechnie 26, boulevard Docteur
Petitjean
21000
Dijon
*INRA Laboratoire Croissance et Métabolismes des Herbivores Theix 63122
Saint-Genès-Champanelle
’!’!
INRA Station de Recherches sur la Viande
Theix 63122
Saint-Genès-Champanelle
Engraissement
des vaches de réforme
de race Charolaise
Facteurs de variation des
performances zootechniques,
de la composition tissulaire
des carcasses et de la qualité organoleptique de la viande
Dans certains systèmes de production Charolais, la vente des vaches
de réforme grasses contribue pour 20 à 30 %
auproduit brut de l’élevage.
Mieux maîtriser les conditions de finition de
cesanimaux peut être
d’un grand intérêt pour
unebonne valorisation bouchère des
carcasseset pour l’amélioration des qualités organoleptiques de la viande.
Résumé
—————————————————————————Les conditions de finition de la vache de réforme de race Charolaise ont été étu- diées au cours de 2 essais
portant
sur 67 vaches : 11 abattuesmaigres
et 56engraissées
avec unrégime
à based’ensilage
de maïs. Ils ontpermis
de mettreen évidence l’influence de la durée
d’engraissement (0,70
ou 109jours),
del’âge
moyen
(5
ou 11ans)
et d’unimplant
d’acétate de trenbolone sur lareprise
depoids,
lacapacité d’ingestion,
lacomposition
tissulaire des carcasses, la propor- tion de muscle dans legain
depoids,
lescaractéristiques physico-chimiques
etles
qualités organoleptiques
de la viande.Pour l’ensemble des vaches non
implantées,
legain
depoids
vif se situe entre1100 et 1200
g/j
pour une duréed’engraissement
d’environ 2 mois et demi. Ellesingèrent
en moyenne 13,7kg
de matière sèche parjour,
leur efficacité alimen- taire est de l’ordre de 90 g de croît par UFLingérée.
Al’abattage,
ces animauxfournissent des carcasses dont le
poids
chaud moyen est de 385kg, composées
de 66 % de
muscle,
19 % de tissuadipeux
et 15 % d’os. Parrapport
aux vaches abattuesmaigres,
legain
de carcasse au cours del’engraissement
est de 63kg
dont 37 % sous forme de muscle.
La
prolongation
del’engraissement jusqu’à
110jours
peutpermettre
d’accroître lepoids
de carcasse de 20 à 30kg
mais cesurplus
de carcasse est essentielle- ment constitué de tissuadipeux.
Dans les conditions de cette
expérimentation,
il n’est paspossible
de conclure àun effet
négatif
très net del’âge
des animaux sur lesperformances d’engraisse-
ment bien que le
gain
depoids vif,
l’efficacité alimentaire et le rendement àl’abattage apparaissent plus
faibles chez les animaux lesplus âgés.
L’implant
d’acétate de trenbolone a un effetmarqué
sur lareprise
depoids
desvaches : 57
kg supplémentaires
depoids
vif pour l’ensemble des animaux avec uneprolongation
de la duréed’engraissement
de 27jours.
Il amélioreégalement
la
proportion
de tissu musculaire dans legain
de carcasse(47
% contre 41 %pour le lot témoin chez les vaches
âgées).
L’engraissement
des carcasses(comparaison
entre vachemaigre
et vacheengraissée)
avec pour corollairel’augmentation
de la teneur enlipides
intramus-culaires améliore très nettement la
tendreté,
lajutosité
et la flaveur de la viandeavec diminution de la force de cisaillement. Les animaux les
plus âgés (11 ans), produisent
une viandejugée plus
dure à ladégustation
alorsqu’on
n’observe pasd’augmentation significative
avecl’âge
de la force de cisaillement. Enfin cet essaine met pas en évidence d’effet
négatif
de l’acétate de trenbolone sur les caracté-ristiques
sensorielles etphysico-chimiques
du muscle.En France, au cours des dix dernières
années,
le nombre total de vaches conduites ensystème
allaitantspécialisé
a fortement aug- menté(+
22%). Actuellement,
la race Charo- laise est laplus représentée
dans ce type d’éle-vage avec 41 % de l’effectif total de femelles soit 1 430 000 têtes
(RGA 1988).
Dans les
troupeaux Charolais,
la vente de vaches de réforme contribue pour 20 à 30 % auproduit
brut del’élevage (Lherm
et al1988),
mais avec de fortes variations selon le
système
de
production
et le «degré
» de finition des vaches.Cependant
on constatedepuis quelques
années une diminution de la
production
d’ani-maux gras dans ces
élevages (CEREOPA
1987 ;ITEB
1989)
et la vache de réforme ne semble paséchapper
à cephénomène.
Les
pratiques d’engraissement
des vaches de réforme sont très diversifiées selon lesexploita-
tions. Certains éleveurs essaient
d’engraisser
leurs animaux à
l’herbe,
mais cela nécessite de déceler très tôt les vaches vides. Généralementl’engraissement
commenceaprès
le sevrage desveaux à l’automne et s’effectue à
l’étable,
surune courte
période,
avec des rations ayant une concentration nutritive élevée.Les
principales
difficultés rencontrées pourl’engraissement
de ces animaux sont liées àleur
hétérogénéité qui
concernel’âge,
le for-mat, l’état
corporel,
l’état sanitaire et l’étatphy- siologique.
Les effets de tels facteurs ontdéjà
été décrits en France chez des vaches de races
laitières
Normande, Française
Frisonne et croi-sées
(Béranger
et Malterre 1968,Béranger
et al 1970, Malterre 1972, Chilliard et al 1984, Col- leau et al1984)
ou de races allaitantes Salers et Limousine(Malterre
1986, Malterre et al1989)
et à
l’étranger
pour des vaches de races Here- ford etAngus (Swingle
et al 1979, Matulis et al1987)
ou de race Holstein(Jones 1983).
Unesynthèse
de ces résultats a étépubliée
par Mal- terreet Jones (1991).
La race
Charolaise, qui
se caractérise par undéveloppement
assez tardif et une faibleadipo- sité,
n’a pas faitl’objet jusqu’à présent
de tra-vaux
analogues.
C’est pour cette raisonqu’un
programme de recherche de références sur ce
sujet
a été mis enplace
à l’INRA.Les essais ont été réalisés au domaine INRA de
Dijon-Epoisses. L’objectif
des deux pre- mières études de ce programme(1986-88), pré-
sentées dans cet
article,
a été de décrire avecprécision
la finition des vaches de réforme avec unrégime
alimentaire bien connu à base d’en-silage
de maïs, en étudiant les effets de la duréed’engraissement,
del’âge
et d’une substance anabolisante sur lacapacité d’ingestion,
lareprise
depoids,
lacomposition
tissulaire descarcasses, la
part respective
des tissusadipeux
et musculaire dans le
gain
depoids
et enfin lescaractéristiques physico-chimiques
du muscleet la
qualité organoleptique
de la viande.1 / Conditions expérimentales
Les vaches ont été achetées à des domaines
expérimentaux (INRA,
CEMAGREF, ITEB,EDE),
à des établissementsd’enseignement agricole
et à desgroupements
deproducteurs.
A
l’achat,
elles devaientcorrespondre
auxcaractéristiques
suivantes : avoir réalisé aumoins une lactation
(1
à 3 pour les animauxjeunes,
6 à 10 pour les animauxâgés),
êtrevides et taries
après
avoir allaité leur veau, êtreen bon état sanitaire et suffisamment
maigres.
1.
1 / Schéma expérimental
Deux essais factoriels successifs ont
permis
de tester les effets de la duréed’engraissement
(essai 1),
del’âge
et de l’administration d’un anabolisant(essai 2)
sur lesperformances
des animaux, laqualité
des carcasses et de laviande. De
plus,
on a cherché à estimer lareprise
depoids
de carcasse et sacomposition
tissulaire. Pourcela,
il a éténécessaire,
d’unepart,
d’abattre des animaux avantengraisse-
ment et d’autre
part,
deprocéder
à des dissec- tionscomplètes
d’une demi-carcasse chez cesanimaux
maigres
et chez leurshomologues
unefois
engraissés.
Dans l’essai 1, 27 vaches ont été
réparties
en3 lots
homologues :
un lot(M)
abattu « mai-gre » avant
engraissement
et deux lots(Gl
etG2) engraissés respectivement pendant
70jours (état d’engraissement jugé optimum)
et109
jours.
L’essai 2 a
porté
sur 40 vaches : 21jeunes (J)
ayant en moyenne 5 ans et 19
âgées (A) ayant
en moyenne 11 ans.
Chaque catégorie d’âge
aété
répartie
en 3 lots : un lotmaigre (JM
etAM)
abattu avant
engraissement,
un lot témoin(JT
et
AT) engraissé pendant
56jours,
et un lotimplanté (JI
etAI)
avec 300 mg d’acétate detrenbolone, engraissé jusqu’à
atteindre le même étatd’engraissement
moyen que le lot témoin, soit 83jours.
Pour
chaque
essai, les différents lots ont été constitués avant le début de lapériode expéri-
mentale et étaient
homologues
sur la base dupoids
vif(double pesée),
del’âge,
de l’état d’en-graissement apprécié
par maniements(note
de0 à 5,
Agabriel
et al1986)
et par mesure du dia- mètre moyen desadipocytes
du tissuadipeux
sous-cutané caudal
(Robelin
etAgabriel 1986).
De
plus,
danschaque
lot destiné à êtreengraissé,
on achoisi,
à la mise enlot,
3 à 5animaux
représentatifs
de leur lot et homolo- gues du lotmaigre correspondant (tableau 1).
Ces animaux
après engraissement (à l’excep-
tion de ceux provenant du lot
Gl)
et ceux abat-tus
maigres
ont faitl’objet
d’une dissectioncomplète
de la demi-carcasse droite.1.
2 / Déroulement des essais
Les animaux sont arrivés en novembre. Une
période préliminaire
apermis
d’effectuer les traitements sanitaires etd’homogénéiser
lesétats
d’engraissement,
en limitantl’ingestion
d’une ration
foin-paille
chez les animaux lesplus
gras(figure 1).
Elle a été suivie d’unephase
d’accoutumance aurégime expérimen- tal ;
toutes les vaches ont alors reçu le mêmerégime (6 kg
de matière sèched’ensilage
de maïs, 0,2kg
de tourteau desoja,
40 g d’urée et 150 g decomplément
minéralvitaminisé).
Laconstitution des lots a eu lieu à la fin de la
période préliminaire
dans l’essai 2 et à la fin de lapériode
d’accoutumance dans l’essai 1. Les animauxmaigres
ont été abattus au début del’engraissement
pour l’essai 1 et au début de lapériode
d’accoutumance pour l’essai 2. Dans cedernier cas, nous avons fait
l’hypothèse
quependant
laphase d’accoutumance,
il y avait seulement une diminution du contenudigestif
sans modification du
poids
vif vide ou dupoids
de carcasse.
L’engraissement
a été réalisé en stabulation libre par case de 10 avec unrégime
à base d’en-silage
de maïs distribué à volonté(tableau 2),
en deux repas par
jour,
le concentré(tourteau
de
soja
etpulpes
debetteraves)
étant distribuéavant
chaque
repas. Au cours de lapériode expérimentale,
lesquantités ingérées d’ensilage
de maïs ont été contrôlées par lot 5
jours
par semaine. La valeur nutritive des aliments(tableau 2)
a été estimée àpartir
des résultats del’analyse chimique
d’échantillonsreprésen-
tatifs des aliments
distribués, complétés,
pourl’ensilage
de maïs de l’essai 2, par des mesures sur moutons dedigestibilité
de la matière orga-nique.
En outre, les vaches ont étépesées
unefois par semaine ; une double
pesée
a eu lieu audébut et à la fin de
chaque période.
Legain
depoids
moyen a été estimé individuellement parrégression
linéairesimple
ouquadratique.
1.
3 / Mesures à l’abattage
Toutes les vaches ont été abattues à l’abattoir
expérimental
de l’INRA de Theix. Les carcasseset les
principaux
éléments du 5&dquo;quartier
ont étépesés séparément (dépôts adipeux notamment).
. La conformation des carcasses a été
appréciée
par mensurations selon
Frebling
et ai(1967).
Pour 32 animaux, la
composition
tissulaire de la carcasse a été déterminée par dissection enséparant
au couteau les différents tissus(mus-
La
reprise de poids
est
rapide
endébut d’engraissement, t,
environ 1,3
kglj, puis
diminueau-delà
de
50jours.
cles,
os,dépôts adipeux)
de la demi-carcasse droite. Lepoids
des différentesrégions
muscu-laires et des différents tissus
adipeux (sous- cutané, intermusculaire,
interne,omental,
mé-sentérique
etpérirénal)
ontégalement
étémesurés. L’ensemble des tissus a été
broyé séparément
et a faitl’objet
d’uneanalyse
chimi-que
(teneur
en eau,lipides, protéines,
miné-raux et valeur
calorifique)
afin de déterminer lacomposition chimique
du corps entier. Les résultats détaillés de ces mesures ont faitl’objet
d’une
publication spécifique (Robelin
et al1990).
Pour tous les animaux, la
composition
de lacarcasse a
également
été estimée àpartir
des résultats de dissection de la 6°côte,
dupoids
des
dépôts adipeux
du 5equartier
et desquatre
os canons
(Robelin,
nonpublié).
1.
4 / Analyses physico-chimiques
et sensorielles de la viande
Tous les muscles étudiés ont été
prélevés
surles carcasses 24 heures environ post mortem.
Pour le ressuage, les carcasses ont été laissées
3 heures à 12&dquo;C environ
puis
refroidies en salle deréfrigération rapide (+
2°C avec ventilationforcée) pendant
24heures.Des
analyses
sensorielles ont été effectuées pour tous les animaux ayant faitl’objet
de dis-section
complète
de la demi-carcasse. Ces ana-lyses
ontporté
sur les muscleslong
dorsal(faux filet)
et gros anconé(macreuse
àbifteck) prélevés puis
emballés sous vide et conservés14
jours
à 0°C afin d’obtenir une maturationcomplète.
A cestade,
les muscles ont été cou-pés
en tranches de 2 cmd’épaisseur,
emballéssous vide
puis congelés rapidement
à - 20&dquo;C et conservés à cettetempérature jusqu’au jour
del’analyse.
Les steaks ont étédécongelés
pen- dant la nuitprécédant
la séanced’analyse
sen-sorielle
puis
cuits sur ungril
double face pen- dant 3 minutes environ afin d’atteindre unetempérature
à coeur de 55-60°C. Les séances dedégustation
ont eu lieu le matin entre 11 h et12 h avec la
participation
àchaque
séance de10 personnes ayant suivi au
préalable
10séances d’entraînement. Elles ne connaissaient ni la provenance des
échantillons,
ni leproto-
cole suivi. Pendant une séance d’uneheure,
quatrecomparaisons
ont été effectuées. Les échantillons à comparer(maigre -
gras,jeune - âgé,
avec ou sansanabolisant)
étaientprésentés
simultanément deux à deux. Les
dégustateurs disposaient
depain
et d’eaupendant
le test etnotaient sur une échelle à 10
points :
- la tendreté de 0
(très dur)
à 10(très tendre)
- la
jutosité
de 0(très sec)
à 10(très juteux)
- l’intensité de la flaveur de 0
(très faible)
à 10(très intense)
Des mesures
physico-chimiques
ont été faitespour tous les animaux de l’essai 2
(40
autotal)
sur les muscles
long
dorsal et rhomboïde thora-cique prélevés
au niveau des 51 et 6° côtesd’une même demi-carcasse. Les mesures sui- vantes ont été faites sur viande fraîche
ayant
subi une maturation de 5jours
à + 4&dquo;C enve-loppée
dans une feuille d’aluminium :- La force de cisaillement avec
l’appareil
àcisailler INRA
(Salé 1971)
Pour
chaque muscle,
20 à 25 mesures ont étéréalisées pour des
épaisseurs
variables del’éprouvette
de viandecomprises
entre 0,4 et 1,3 cm. La force(F)
et le travail(W)
de cisaille-ment ont été calculés par
régression
linéairepour une
épaisseur
d’échantillon standard de 1 cm. Ces mesures ont été faites sur viandecrue et sur viande cuite. Pour la cuisson, des
morceaux pesant 50 g environ ont été chauffés à l’étuve
jusqu’à
unetempérature
à coeur de55-56°C.
- le
pH
sur viandebroyée
- la teneur en matière sèche par dessiccation à l’étuve
(103°C pendant
48heures)
de 2prises
d’essai d’environ 10 g de musclebroyé
aurobot-coupe
- le
pouvoir
de rétention d’eau par mesure de la perte d’eau sous l’effet d’unepression
selon la méthode deGoutefongea (1963)
- les
pertes
depoids
à la cuisson mesurées aumoment de la cuisson mentionnée ci-dessus
- la teneur en fer
héminique
selon la méthode deHornsey (1956)
- la réflectance au moyen d’un réflectomètre Manuflex II.
Certaines
analyses chimiques
ont été effec-tuées sur viande
congelée
afin de connaître lateneur en
collagène
total(hydroxyproline
x7,5)
selon une méthode
adaptée
de Bonnet etKopp (1984),
et la teneur enlipides
totaux par extrac- tion à froid avec unmélange
chloroforme- méthanol(rapport
2/1 envolume)
selon uneméthode
adaptée
de Folch et al(1957).
1.
5 / Interprétation statistique
des résultats
Les résultats ont été
interprétés
paranalyse
de variance d’un
dispositif
factoriel non ortho-gonal,
nonéquilibré,
avec interaction danslequel
les facteurs suivants ont étépris
en compte :-
âge
et anabolisant pour lesperformances d’engraissement
de l’essai 2,- état
d’engraissement, âge
et anabolisant pour lescaractéristiques physico-chimiques
muscu-laires de l’essai 2.
Les résultats des
analyses
sensorielles ont étéanalysés
par le calcul des moyennes etl’analyse
de variance, en tenant compte des effets mus-
cle,
facteur étudié et animal(logiciel SAS).
2 / Résultats
2.
1 / Performances d’engraissement
des vaches
a /
Poids, gain de poids
et efficacitéalimentaire
Les
reprises
depoids
à étatd’engraissement optimum
sont en moyenne très voisines dans les deux essais ; legain
depoids
vif se situeentre 1150
g/j
au cours des 70premiers jours d’engraissement
pour l’ensemble des animaux de l’essai 1 et 1130g/j
sur 56jours
pour les ani-maux non
implantés
de l’essai 2. Lareprise
depoids
estcependant
très variable d’un animal àl’autre,
de 220 à 2130g/j
pour les valeurs lesplus
extrêmes(coefficient
de variation de 30 à40 % selon les
lots).
Pour réaliser ces
gains
depoids,
les vaches ont consommé en moyenne 13,7kg
de matièresèche totale par
jour (tableau 3). Comparé
auniveau de consommation de vaches Limousines
engraissées
dans les mêmes conditions et ayant desreprises
depoids
voisines(Malterre
et al’1989),
les vaches Charolaises ontingéré
envi-ron 15 % de
plus,
à mêmepoids
moyen et à même duréed’engraissement.
- Effet de la durée
d’engraissement (essai 1)
La
reprise
depoids
est trèsrapide
au débutde la
période d’engraissement (1330 g/j
enmoyenne sur 6
semaines) puis
diminue au delà du 50ejour (figure 2).
De 70 à 109jours
ellen’est
plus
que de 650g/j
environ. Ce ralentisse- ment est semblable à celui observé chez des vaches laitières de race Normande en finition(Béranger
et al1970)
ou chez des vaches allai- tantes Hereford etAngus (Matulis
et al1987).
Les
quantités ingérées
évoluent defaçon
simi-laire
(figure 2).
La consommation totale aug- menterapidement
de 12,5 à 14,5kg
de matièresèche par
jour
au cours des 35premiers jours d’engraissement puis
diminuelégèrement jus- qu’à
13kg
àpartir
de 70jours.
L’indice de consommation cumulé
augmente
au cours de
l’engraissement
de 7,8kg
dematière sèche par
kg
degain
au début à 12,7kg
en fin
d’engraissement (figure 3).
Globalement l’efficacité alimentaire est peu modifiée par l’al-longement
de la duréed’engraissement jusqu’à
98
jours,
environ 90 g de croît par UFLingérée (tableau 3).
L’état
d’engraissement
estimé in vivo par maniements et par mesure du diamètre des adi- pocytes augmente au cours des 65premiers
jours d’engraissement
et sepoursuit
audelà,
jusqu’à
109jours (tableau 3).
L’efficacité alimentaire est
plus
faible chez les vaches
âgées:
l’ingestion
diminueavec
l’âge,
maismoins que la
reprise
de
poids.
- Effet de
l’âge (essai 2)
Sur l’ensemble de la
population (témoins
etimplantés confondus),
les animauxjeunes
ontun
gain
depoids
vifsupérieur
de 250 g parjour
à celui des animaux
âgés (tableau 3).
Cet écartn’est pas
significatif
mais il faut noterqu’il
estbeaucoup plus
accentué entre les lots témoins(410 g) qu’entre
les lotsimplantés (180 g).
L’ef-fectif du lot
âgé
témoin(n = 6)
esttrop
faiblepour conclure à un effet net de
l’âge
sur lareprise
depoids
vif dans le cadre de cet essai, d’autantplus
que les évolutions dupoids
ducontenu
digestif
diffèrent entre les lotsjeunes
et
âgés
au cours del’engraissement.
Ainsi chezles animaux témoins
disséqués,
l’écart de 26kg
de contenu
digestif
observé entreâgés
etjeunes
chez les animauxmaigres
abattus en débutd’engraissement
ne se retrouve pasaprès
unengraissement
de 56jours (tableau 6).
Pour l’ensemble des animaux, les
quantités ingérées
sont élevées dès le début del’engrais-
sement
(en
moyenne 13,8kg
de matière sèchepar
jour)
etatteignent
14,8kg
de matière sèchevers le 45&dquo;
jour (figure 4).
Pesant 65
kg
de moins au début del’essai,
lesjeunes
vaches du lot témoin(JT) ingèrent
aussi 0,6kg
de matière sèche de moins parjour.
Ainsi leur indice de consommation
global
est inférieur de 5,3points
à celui de leurs homolo- guesâgées (tableau 3).
Ces résultats confirment les observations de Malterre et al(1989)
sur desvaches Limousines : au-delà de 11 ans, le niveau
d’ingestion diminue,
maisproportion-
nellementtoujours
moins que lesperformances
de croissance. Ainsi l’efficacité alimentaire diminue
toujours
avecl’âge. Cependant
cettediminution des
performances
liée àl’âge
s’ob-serve surtout chez des animaux très
âgés ; Jones
et Macleod(1981) comparant
des vaches Holsteinjeunes
à des adultes pas trèsâgées
netrouvent aucune différence
significative
dereprise
depoids
vif et d’indice de consomma-tion au bout de 68
jours d’engraissement.
A l’issue d’une durée
d’engraissement
de 56jours,
etmalgré
une vitesse dereprise
depoids beaucoup plus rapide
chez lesjeunes vaches,
l’étatd’engraissement
estimé in vivo estprati- quement identique
pour les animaux témoins(lots JT
et AT, tableau3).
- Effet d’un anabolisant
(essai 2)
Les vaches ayant reçu un
implant
d’acétatede
trenbolone, quel
que soit leurâge,
repren- nent en moyenne 22kg
depoids
vif deplus
que les témoins
(1
530g/j
contre 1 135g/j,
P <0,05)
au cours des 56premiers jours d’engrais-
sement. La
poursuite
del’engraissement jus- qu’au
83ejour
n’entraînepratiquement
pas de ralentissement de la vitesse de croissance(figure 4).
Ainsi chez les animaux
implantés,
legain
depoids journalier
calculé sur toute lapériode d’engraissement (83 jours)
restesupérieur (P
<0,05)
à celui des animaux témoins réalisé en 56jours (tableau 3).
L’effetpositif
de l’anabolisantsur le
gain
depoids paraît
donc bien seprolon-
ger et se conserver au delà du délai
préconisé
de 60
jours après
administration.L’implantation
n’a pas d’effetmarqué
sur leniveau
d’ingestion
des vaches(tableau 3)
sibien que l’indice de consommation moyen des lots traités est amélioré de 22 % par
rapport
à celui des témoins(9,7 kg
matière sèche parkg
de
gain
contre12,4).
Cette amélioration de l’ef- ficacité alimentaire est du même ordre que celle citée parGea y (1986) :
+ 15 % enmoyenne chez les
femelles.
b / Résultats
d’abattage
- Poids de carcasse et rendement à
l’abattage
Sans
anabolisant,
lepoids
moyen des car- casses chaudes se situe entre 380 et 400kg (tableau 4). Après
70jours d’engraissement
l’état des carcasses est satisfaisant pour la
plu- part
des marchésfrançais :
lesdépôts adipeux
de la carcasse se situent aux alentours de 18 % du
poids
de la carcasse chaude(essai 1).
Lerendement commercial
(poids
de carcassefroide/poids
vif àl’abattage)
estcompris
entre53 et 55
%,
inférieur de 3points
en moyenne à celui obtenu sur vaches Limousines(Malterre
et al
1989).
Cette différences’explique
enpartie
par un
poids
de contenudigestif plus
élevépour les Charolaises
(15
% dupoids
vif contre12 % pour les
Limousines).
En terme de rende-ment vrai
(poids
de carcassechaude/poids
vifvide),
l’écart est moins élevé(1,7 point).
L’allongement
de la duréed’engraissement
de 39
jours
dans l’essai 1 se traduit par uneaugmentation
dupoids
vif vide de 25kg qui
serépartissent
en 19kg
de carcasse et 6kg
de 5&dquo;quartier.
Cetteaugmentation correspond
essen-tiellement à des
dépôts adipeux (tableau 4).
Entre les vaches
jeunes (JT)
etâgées (AT)
l’écart de
poids
de carcasse chaude n’est que de14
kg
pour un écart depoids
vif initial de 65kg :
lesjeunes
témoinscompensent
donc leurpoids plus
réduit par une meilleure croissance et par un rendement àl’abattage légèrement plus
élevé(+
1,4point).
Cette différence peut être reliée aupoids plus
élevé(P
<0,05)
dutube
digestif
vide etplus particulièrement
de lacaillette et des intestins pour les animaux
âgés (tableau 4).
Cetteaugmentation
dupoids
dutractus
digestif
avecl’âge
adéjà
été observée chez des vaches Holstein(Smith
et Baldwin1974 ;
Jones 1981).
Il estcependant
difficiled’expliquer l’augmentation
dupoids
de la cail- lette avecl’âge. Jones (1981)
a constaté un déve-loppement
de cet organe chez des vachesengraissées
avec del’ensilage
de maïs, par rap-port à des vaches
maigres,
mais n’a pas observé de variation liée àl’âge
des animaux.Le facteur de croissance permet d’obtenir des
poids
de carcasse chaudeplus
élevés(421 kg
contre 385
kg
chez lestémoins,
P <0,05).
Lespoids
du contenudigestif
et de l’ensemble du tractusdigestif
sontplus
élevés chez les vachesimplantées (respectivement
P < 0,05 et P <0,01)
sans incidencesignificative
sur les rende-ments à
l’abattage (tableau 4).
Ces augmenta-tions peuvent
s’expliquer
enpartie
par un niveau de consommation élevéjusqu’à
83jours d’engraissement (figure 4).
Uneaugmentation
dupoids
total du tubedigestif
adéjà
étéconstatée par Doreau et al
(1985)
sur des vacheslaitières taries
engraissées,
mais ces auteursconstataient
également
que cette différencesignificative
par rapport à des vachesmaigres disparaît lorsqu’on
compare lespoids
du tubedigestif délipidé.
Or, il est clair que les animaux anabolisés sontplus
gras àl’abattage,
commel’indique
ledéveloppement important
desdépôts adipeux
du 5&dquo;quartier (+
40 % par rap-port aux témoins, P <
0,01) (tableau 4).
-
Composition
tissulaire des carcassesL’allongement
de 39jours
de la durée d’en-graissement
se traduit par uneplus
forte pro-portion
dedépôts adipeux
dans la carcasse(+
4points).
Lepoids
moyen de muscle de la car- casse est sensiblement le même pour les deux duréesd’engraissement (70
et 109jours) ;
ladifférence de
poids
de carcasse chaude corres-pond
essentiellement à l’écart depoids
desdépôts adipeux (tableau
4 etfigure 5).
Pour une
durée
d’engraissement
de70
jours,
lareprise musculaire
est satisfaisantepuisqu’elle représente
37%
dugain de
carcasse.Pour l’ensemble des animaux de l’essai 2
(témoins
etimplantés), l’âge
n’a pas d’effetsignificatif
sur lacomposition
tissulaire descarcasses
(tableau 4).
Chez les animauxtémoins
(n
=15),
les carcasses sont enmoyenne constituées de
18,7 %
de tissu adi- peux, 65,5 % de tissu musculaire et 15,7 % desquelette :
valeurs trèsproches
de celles obte-nues dans l’essai 1 pour le lot
engraissé
70jours (G1).
Du fait de
l’allongement
excessif de la duréed’engraissement,
l’étatd’adiposité
final des car-casses est
supérieur
dans les lotsimplantés
contrairement à
l’objectif
visé : lesdépôts
adi-peux
rapportés
aupoids
de carcasse chaudesont
respectivement
de 21,8 % et de 18,7 %pour les lots
implantés
et témoins(P
<0,05) (tableau 4).
Cet écart est surtoutmarqué
chez lesvaches jeunes.
- Conformation des carcasses
L’utilisation d’un anabolisant
permet
d’amé- liorer la conformation des carcassesappréciée
par mensurations
(tableau 5),
notammentl’épaisseur
de faux filet et lacompacité (poids
de carcasse
chaude/longueur totale).
c /
Composition
dugain de
carcasse etbilan énergétique
-
Composition
dugain
de carcasseLe
gain
de carcasse et sacomposition
ont été déterminés encomparant
les résultats de dis- section d’animauxmaigres
en débutd’expé-
rience et d’animaux
engraissés (tableau 6).
Ainsi pour une durée
d’engraissement
de 109jours,
lareprise
depoids
vif vide est de 131kg
pour les lots d’animaux
homologues disséqués,
soit un
gain
depoids
de carcasse de 92kg qui
se
décompose
en 26kg
de muscle et 66kg
detissu
adipeux, respectivement
29 % et 71 % dugain
de carcasse(figure 5).
Ce résultat est com-parable
à lacomposition
dugain
de carcasse observé sur des vaches Limousinesengraissées
123
jours (Malterre
et al1989)
et dans d’autres conditions sur des vaches Hereford(Wooten
eta7
1979).
Ilsouligne
lacapacité
dereprise
mus- culaire des vaches de réforme de race à viande parrapport
aux races laitières(Chilliard
et al1984). Toutefois,
cegain
de muscle ne corres-pond
pas à un accroissementpréférentiel
demuscles à valeur bouchère élevée
(Robelin
et al1990) ;
ces résultats confirment donc dans leur ensemble les observations de Malterre et al(1989)
sur vaches Limousines.La
reprise
depoids
musculaire se fait essen-tiellement en début
d’engraissement.
Les esti-mations de la
composition
des carcasses(dis-
section de la 6&dquo;
côte)
des animauxengraissés
durant 70jours indiquent
que lareprise
depoids
de carcasse de 64kg comprend
environ23
kg
de muscle cequi correspond
à laquasi-
totalité de lareprise
musculaire en 109jours d’engraissement.
Ainsi, l’accroissement dupoids
de carcasse au-delà de 70jours
corres-pond
essentiellement à desdépôts adipeux.
Cesrésultats sont en accord avec les estimations réalisées sur l’ensemble de la
population (tableau 4) qui
mettent en évidence que les ani-maux
produisent approximativement
le mêmepoids
de muscle(256 kg)
en 70 ou 109jours d’engraissement. D’après
nos estimations, legain
de carcasse obtenu au cours d’unengrais-
sement d’une durée de 70
jours
estcomposé approximativement
de 37 % de tissu muscu- laire et de 63 % de tissuadipeux (figure 5).
Dans l’essai 2, le
gain
de tissu musculaire aucours de
l’engraissement,
estimé àpartir
desdissections,
estimportant :
de 37 à 38kg
soitenviron 40 % du
gain
de carcasse. Cettevaleur, plus
élevée que celle obtenue dans l’essai 1, est vraisemblablement trèsdépendante
du choixde la date
d’abattage
des vachesmaigres ;
or ilexistait des différences sur ce
point
entre les 2essais
(figure 1).
Cettereprise
musculaire estindépendante
del’âge
des animaux. Ce résultatpouvait
être attendupuisque
les carcasses des 2Au-delà de
70jours d’engraissement,
legain
de carcasse estessentiellement
constituéde
tissuadipeux.
lots d’animaux
disséqués (JT
etAT)
avaient despoids identiques (395 kg)
et la même propor- tion de tissuadipeux (19 %),
et que, par ail-leurs,
les carcasses des lotsmaigres
correspon- dants étaientégalement
assezcomparables.
Dans la musculature
totale,
lapart
des muscles à valeur bouchère élevée(muscles
du dos et dela
cuisse)
estlégèrement plus
élevée chez les vachesjeunes (51,2 %)
que chez le vachesâgées (50,2 %).
Cetteproportion
se conserveaprès engraissement
chez lesjeunes (51,0 %),
maistendrait à diminuer chez les
âgées (48,4 %) (Robelin
et al1990).
L’effet de l’anabolisant sur le
gain
de musclene
peut
être évalué quelorsque
les animauxtémoins et
implantés
sont abattus à même étatd’engraissement
doncuniquement
pour les vachesâgées (tableau 6).
Ainsi pour ces der-nières,
l’acétate de trenbolone entraîne unaccroissement de la
reprise
depoids
de musclede 19
kg pour
les lotsdisséqués qui
se traduitpar une amélioration de la
composition
dugain
de carcasse : 48 % de muscle contre 41 % pour les témoins(figure 5).
- Bilan
énergétique
En
première approximation,
le besoin d’éner-gie
nette nécessaire à la constitution d’unkg
demasse
corporelle
peut être calculé àpartir
des apportsénergétiques
totaux diminués des besoins d’entretien. En prenant comme base de calcul desdépenses
d’entretien de 105 kcald’énergie
métabolisable parkg
pO 75(recomman-
dations pour une vache nourrice à activité
phy- siologique réduite,
INRA,1988)
cet apport cor-respond
environ à 5,2 UFL ; mais en partant d’unehypothèse
haute desdépenses
d’entre-tien pour des vaches
qui s’engraissent,
soit 140 kcald’énergie
métabolisable parkg
pO.75,l’ap-
port n’estplus
que de 3,8 UFL parkg
de massecorporelle reconstituée,
valeurcorrespondant
mieux à la
composition
observée dugain
decarcasse. Calculé sur les mêmes