HAL Id: halsde-00340570
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De la Métapopulation au voisinage : la génétique des
populations en déséquilibre From metapopulation to
neighbourhood : genetics of unbalanced populations
Denis Couvet, Pierre-Henri Gouyon, F. Kjellberg, Isabelle Olivieri, D.
Pomente, G. Valdeyron
To cite this version:
Denis Couvet, Pierre-Henri Gouyon, F. Kjellberg, Isabelle Olivieri, D. Pomente, et al.. De la
Mé-tapopulation au voisinage : la génétique des populations en déséquilibre From meMé-tapopulation to
neighbourhood : genetics of unbalanced populations. Genetics Selection Evolution, BioMed Central,
1985, 17 (3), pp.407-414. �halsde-00340570�
Tribune libre
De la
métapopulation
auvoisinage :
la
génétique
des
populations
endéséquilibre
D. COUVET, P. GOUYON F. KJELLBERG Isabelle OLIVIERID. POMENTE G. VALDEYRON
B2P-C.N.R.S., route de Mende, B.P.
5051,
34033 Montpellier Cedexet (*) I.N.A.P.G., 16, rue Cl.-Bernard, 75231 Paris Cedex 05
Résumé
La
population
est un conceptpratique qui
peut devenir unpiège.
Eneffet,
diversesquestions
degénétique
despopulations
ne peuvent pas être résolues si on se contente de les étudier à ce niveau.Il est montré que l’intensité de la
dispersion,
dans la mesure où elle estgénétiquement
déterminée,
n’est pas sélectionnée au niveau de lapopulation
au sensclassique.
Un modèlesimple, étayé par des observations
in-situ (surCarduus),
semble montrer qu’un ensembleplus
vaste, la
métapopulation, peut seul rendre
compte des processus enjeu.
De cepoint
de vue,l’espèce
est considérée nonplus
commecomposée
depopulations indépendantes
mais demétapopulations
oùchaque population
estrégulièrement
fondée par les autres et évolue ensuite sous l’action dephénomènes internes.
Ces processus internes se
produisent-ils
au moins tous au niveau de lapopulation ?
Il semble que non pour certainesespèces
aumoins,
peut-être
unemajorité,
où chaqueindividu n’est
potentiellement
fécondé que par un échantillon nonreprésentatif
de l’ensemble.Ce
problème
avaitdéjà
conduit WRIGHT à formuler le concept devoisinage.
Chez leThym,
l’intégration
des 3 niveaux(Métapopulation,
Population etVoisinage) permet d’expliquer
desphénomènes
(taux très élevés defemelles) qui
restaientincompréhensibles
tantqu’on
cherchaità les décrire par des modèles fondés sur la seule idée de
population.
Mots clés : Structure des
populations-dispersion-stérilité mâle-métapopulation-paysage.
Summary
From
metapopulation
toneighbourhood : genetics of
unbalancedpopulations
The concept of
population
is very useful but can sometimes lead to dead ends.Indeed,
variousquestions
inpopulation genetics
cannot be solved if studied at this level.It is shown that the
intensity
ofdispersion,
as far as it isgenetically
determined, does notrespond
to selection at the level of thepopulation
in its usual sens. Asimple
theoricalmodel in relation with in-situ observations (on
Carduus),
seems to show that a wider set, themetapopulation
(GILL), is necessary to account for the processes concerned. From thisviewpoint,
instead ofconsidering species
as sets ofindependent populations,
it isproposed
toconsider them as sets of
metapopulations
where individualpopulations
areregulary
foundedby
the others and then evolve under internal pressures.Are these internal pressures acting at the very
population
level ? It does not seem so, at least for some, andperhaps
for mostspecies,
since each individual islikely
to mate witha subset which is not
representative
of the whole. Thisquestion
has led WRIGHT to formulatethe
neighbourhood
concept. InThyme,
the simultaneousintegration
of theemerging
properties
of the 3 levels(Metapopulation,
Population
andNeighbourhood)
allows one toexplain
aphenomenon (very high proportions
offemales)
which remainedincomprehensible
aslong
as one tried to describe itusing only
thepopulation
level.Key
words :Population structure-dispersal-male sterility-metapopulation-landscape.
1. Introduction
Les modèles
classiques
degénétique
despopulations
sont fondés surl’hypothèse
selonlaquelle
lapopulation
est l’unité de microévolution. Il est ainsipossible
d’étudierle maintien d’un
polymorphisme
à l’échelle de lapopulation :
aumieux,
un facteur demigration
àpartir
d’autrespopulations
est introduit dans ces modèles. On estalors amené à étudier des situations à
l’équilibre,
danslesquelles
on détermine siun caractère donné
peut
ou non être maintenu(éventuellement
à l’étatpolymorphe)
lorsqu’il
est soumis à despressions
desélection,
constantes ouvariables,
maistoujours
définies à l’échelle de lapopulation.
Si un
caractère
donné ne peut être maintenu à l’étatpolymorphe quelle
que soit lapopulation,
on en déduitqu’il
doit se fixer àplus
ou moinslong
terme dansl’espèce ;
si l’on continue d’observer unpolymorphisme,
c’est que lespopulations
n’ont pas encore atteint leur état
d’équilibre.
La recherchesystématique
d’un étatd’équilibre
au sein de lapopulation
estcriticable,
comme le fait remarquer MAYNARD -SM
m
(1978,
p.6) :
« my owninsight
into the field may have been obscuredby
anobsession,
which 1 share with mostpopulation biologists,
withequilibrium
situations ».Dans cet
article,
nous voudrions montrerqu’il
existe uneéchelle,
différente de celle de lapopulation,
àlaquelle
un caractère donnépeut
être maintenu defaçon
stable à l’étatpolymorphe,
alors que la direction de la sélection est la mêmequelle
que soit lapopulation.
IL La
dispersion
chez lesplantes :
la notion demétapopulation
Chez certaines
espèces
végétales,
surtout desespèces
colonisatrices,
chaque
indi-vidu
peut
produire
simultanément 2types
degraines
(O
LIVIERI
&BERGER,
1985).
Cedimorphisme
est souvent lié à une distance dedispersion
différente selon lamorphe
considérée.Ainsi,
chez Carduustenuiflorus
et Carduuspycnocephalus (Astéracées),
chaque plante
produit
des akènesdispersables
par le ventgrâce
au faitqu’ils
portent
uneaigrette,
et des akènes sansaigrette
nondispersés.
Cedimorphisme
des semences,aisément
reconnaissable,
permet de fournir une estimation de lacapacité
àdisperser
d’un individu - ou d’un ensemble d’individus - en mesurant la
fréquence
desakènes à
aigrette.
L’héritabilité de cettefréquence
n’a pas été mesurée.Cependant,
l’existence d’une
composante
génétique
est trèsprobable,
dans la mesure où l’onobserve
(O
LIWERI
,
données nonpubliées)
des différencessystématiques,
allanttoujours
dans le même sens, entreespèces
différentesprésentes
dans un même site. Parexemple,
il n’est pas rare d’observer 5 ou 6 akènes sansaigrettes
danschaque capitule
de Carduustenuiflorus,
alors que ce nombredépasse
rarement trois ouquatre
chezC.
pycnocephalus.
Les 2espèces produisant
chacune une trentaine d’akènes parcapitule,
le taux dedispersion
se trouve ainsisystématiquement
plus
élevé chez C.pyc-nocephalus,
si l’on considère une mêmepopulation.
On n’ajamais
trouvé,
que cesoit en études de descendances ou en
populations
naturelles,
deplante
neprésentant
qu’un
types
de semences.La
fréquence
degraines
àaigrette
a été mesurée enCalifornie,
en1983,
dans 3populations
de C.tenuiflorus
et 4populations
de C.pycnocephalus (OuviERJ
&GouYOtv, 1985).
Cettefréquence
varie en moyenne de 77 à 88 p. 100(50
à 92 p. 100 si l’onprend
encompte
les individusextrêmes).
On observe que le pourcentage d’akènes à
aigrette
produits
par individu estsigni-ficativement
plus grand
dans lespopulations perturbées
(bords
deroutes)
que dansles
populations
plus
stables(champs
etforêts).
Si l’onprend
encompte
l’âge
-esti-mé — de ces
populations,
on remarque que lacapacité
dedispersion
des individus diminuequand
l’âge
de lapopulation
où ils sontprésents
augmente.Ce résultat semble a
priori
surprenant. Chez uneespèce
colonisatrice,
unepopu-lation est
l’objet
d’uncycle plus
ou moinsrapide
de colonisationcomprenant
3phases :
colonisation,
équilibre
(c’est-à-dire
densitémaximale)
puis
extinction. Parconséquent
une
population
occupe un milieu récemment colonisé d’autantplus
vitequ’elle
y laisseplus
dedescendants,
c’est-à-direqu’elle disperse
moins degraines.
Inversement,
lesindividus d’une
population
en voie d’extinction devraientproduire plus
degraines
dispersées, puisque
les descendances laissées surplace
ont peu de chances des’y
établir. Nous attendrions donc une
augmentation
de l’intensité dedispersion
avecl’âge
de lapopulation
si celle-ci étaitadoptée
à son milieu. Le résultat - contraire-semble donc un cas de sélection «
disadaptative
!.La
génétique
despopulations
permet,
enfait,
d’expliquer,
au moinspartiellement,
cette contradiction
(OwviERi
&GouvoN, 1985).
Eneffet,
si l’on considère la popu-lation comme unitéd’évolution,
les individusqui
la constituent laissent d’autantmoins de descendants sur
place
qu’ils
en envoientplus
au dehors. Dans unepopu-lation donnée, tout se passe comme si le fait de
migrer
était létal pour unegraine.
Par cet effet de K sélection naturelle », il y a donc, dans un site
donné,
diminution de l’intensité dedispersion
au cours desgénérations. L’équilibre
au niveau du site semble n’être atteint quelorsque
lacapacité
àdisperser
est devenue nulle.Or,
aucunepopulation
n’estéternelle ;
parsuite,
si toutes lespopulations
d’uneespèce
telle queC.
pycnocephalus
ou C.tenuiflorus
évoluaient durant suffisamment de temps pourperdre
totalement leuraptitude
à ladispersion,
aucune de cespopulations
nelais-serait de descendance lors de son extinction. Les
espèces
que nous observons doivent donc se trouver dans des conditions telles que lespopulations
ne se maintiennent pas assezlongtemps
pour quel’espèce
puisse perdre
saoapaoité
àdisperser.
Eneffet,
O LIVIERI
& GouyON
(1985)
ont montré que le bénéfice de la fondation d’une nou-vellepopulation
necompensait
pas le coût associé aux aléas de ladispersion.
Enrevanche,
la contre-sélection exercée sur lesnon-migrants
au moment de l’extinctionde la
population
s’avère être le facteur essentiel du maintien del’aptitude
àdisperser.
Cette sélection s’exerce non pas à l’échelle de la
population
(celle-ci
s’éteint que lesindividus
dispersent
ounon),
mais à l’échelle de lamétapopulation (G
ILL
,
1978,
« constellation depopulations discrètes,
conspécifiques, représentant
des unités dereproduction »),
définie comme un ensemble depopulations
se fondant les unes àpartir
des autres, et évoluantindépendamment après
lapériode
de colonisation.Chaque
nouvellepopulation
est fondée àpartir
du« pool
» degraines
dispersées produites
par la
métapopulation.
Les individus ayant unecapacité
dedispersion
élevée ont uneplus grande probabilité
de coloniser un nouveau milieu via leurs descendants. Lorsde la fondation d’une nouvelle
population,
il y a de ce fait sélection en faveur dela
capacité
dedispersion. Ainsi,
à l’échelle de lamétapopulation,
unestratégie
mixte peut êtremaintenue,
alors quechaque
population
évolue vers unestratégie
pure par une diminution de l’intensité demigration.
Unepopulation
doit ici être définie commeun ensemble d’individus évoluant sous l’action de forces essentiellement internes
(adap-tations à des contraintes
locales, dérive, etc.).
Notamment le nombre demigrants
arrivant à
chaque génération
estnégligeable
parrapport
au nombre de descendants laissés par lapopulation
enplace.
Même si des individus àcapacité
dedispersion
élevéeimmigrent
àchaque
génération
dans unepopulation
donnée,
ils ne compen..seront pas la contre-sélection de la
capacité
dedispersion
qui
aopéré
sur l’ensembledes descendants des individus de la
population.
L’influence desmigrants
n’a lieu quesi le nombre d’individus issus d’individus autochtones est
quasiment
nul,
c’est-à-dire au moment de la fondation.C’est l’ensemble de ces
populations qui
échangent
desgènes
entre elles(par
l’intermédiaire desmigrants) qui
a été défini comme unemétapopu4ation
(G
ILL
,
1978).
Cetéchange
n’estquantitativement important
que lors de la fondation d’une nouvellepopulation. Remarquons
que cettemétapopulation
a pour « habitat » une unitééco-logique correspondant
au « paysage» (FORMAN
&GODRON, 1981 ;
GODRON & FOR-MAN
,
1983 ;
M
ERRIAM
,
1984),
c’est-à-dire un ensemble de sitesprésentant
divers stades de successionécologique
et dont lagéographie
autorise deséchanges géniques
limités mais existant d’un site à l’autre.A l’échelle de la
métapopulation,
il existe ainsi 2pressions
de sélectionanta-gonistes.
On peut déterminer une intensité dedispersion
évolutivement stable(celle
qui
serafavorisée)
en fonction de la durée moyenne de vie d’unepopulation.
Si onsuppose que cette durée moyenne de vie varie dans le
temps
(changements
dans lamétapopulation)
ou dansl’espace (hétérogénéité
dupaysage),
on obtient à l’étatstable,
un
polymorphisme
(O
LIVIERI
&G
OUYON
,
1985),
c’est-à-dire le maintien de deuxstratégies,
mixtes toutes deux, pour ladispersion
chez cesespèces
colonisatrices.Chez les
espèces
présentant
undimorphisme
de semences pour ladispersion,
onobserve
généralement
que lesgraines
nondispersées
sontplus
dormantes que lesgraines dispersées (O
LIVIERI
&BERGER,
1985).
La dormancepourrait
constituer unmoyen de
dispersion
dans le temps, et elle l’est assurément pour certainesespèces.
La colonisation de milieux nouvellement ouverts à
partir
degraines
dormantes n’estcertainement pas chose
fréquente
pour lesespèces
étudiées car on nepourrait
alorspas
expliquer
le fort taux de semences àaigrettes
dans lesjeunes populations.
Notonsl’analogie
et la différence entre notreapproche
et le concept de sélectionde groupe, même nuancé. Chez Panicum maximum,
espèoe apomictique
facultartive,
Pfaire
disparaître
la sexualité. Lesprobabilités
d’extinction despopulations,
dans lesmilieux variables
temporellement,
augmentent
d’autantplus
que le taux de sexualité faible réduit lespotentiels
de variabilité. Un niveauoptimum
de sexualité résulte dufait que la décroissance interne de la sexualité a pour
conséquence
l’élimination(externe)
despopulations
trop
peusexuées, lesquelles
sont renouvelées par lesmigrants
issus depopulations
dont la sexualité n’est pas encore descendue en dessous des seuilsdangereux.
Ladisparition
du groupe(de
lapopulation)
est le résultat de lasélection individuelle au sein du groupe. Dans notre
approche,
ladisparition
du groupe n’est aucunement reliée à sa structuregénétique.
Le groupedisparaît
parceque les diverses
espèces
seremplacent
au cours d’une succession.III. La
gynodioecie :
duvoisinage
à lamétapopulation
Thymus vulgaris
est uneespèce gynodioique,
c’est-à-direqu’il
y existe unpoly-morphisme génétique
du sexe : danschaque population
on trouve des femelles et,ies
hermaphrodites.
Le déterminismegénétique
de ces deux formes sexuelles estprobablement
nucléocytoplasmique ;
certaines informationscytoplasmiques
déterminentla stérilité-mâle et à chacune de ces informations
correspondent
un ouplusieurs
gènes
nucléaires de restauration de la fertilité mâle
(HENRY, 1976).
Comme pour
Carduus,
l’absenced’équilibre
dans une mêmepopulation
apparaît
lorsqu’on
étudie lafréquence
de la stérilité mâle dans lespopulations
deThym.
Le taux de femelles est très élevé dans lespopulations jeunes ;
ilpeut
atteindre95 p. 100. Ce taux diminue dans les
populations
âgées,
etpeut
descendrejusqu’à
5 p. 100(DootmIÉE
etal., 1978 ;
GouYON etal., 1983 ;
DotoIMÉE etal., 1983).
Les calculs
théoriques
(L
EWIS
,
1941 ;
DELANNAY et al.,1981 ;
C
HARLESWORTH
,
1981)
prévoient
quelorsque
laprésence
de mâle-stériles nedépend
que de ladis-jonction
degènes
nucléaires,
leurproportion
àl’équilibre
ne peutdépasser
50 p. 100.Le fait que cette
proportion
varie avecl’âge
de lapopulation
entraîne que lespopu-lations
jeunes
ne sont pas enéquilibre.
En outre, il a été observé que, dans de tellespopulations,
il y a une très forte hérédité maternelle de la forme femelle(ou
mâle-stérile) :
les femelles ne donnentpratiquement
que des femelles(C
OUVET
etal.,
1985) :
la stérilité mâle y obéit donc à un déterminismegénétique
cytoplasmique
plutôt
que nucléaire. Parailleurs,
les femellesproduisent
engénéral
2 à 4 foisplus
degraines
que leshermaphrodites.
Ces 2facteurs,
transmission élevée du caractère « femelle etsupériorité
desfemelles, permettent
d’expliquer
les taux très élevésde femelles dans ces
populations. L’avantage
femelle est, au moinspartiellement,
expliqué
par une redistribution des ressources attribuées chez leshermaphrodites
à la fonction mâle. En outre, les résultatsthéoriques
etexpérimentaux
permettent
d’ex-pliquer
l’existence d’une forte hérédité maternelle dans lesjeunes
populations
(C
OUVET
etal.,
1985,
HENRY,
1976).
Pour cefaire,
lapopulation
ne doitplus
être considérée comme un touthomogène
mais comme occupant une surface nettementsupérieure
à cequi
estexploré
par lesgamètes
dechaque
individu àchaque
génération.
Dans cetteoptique,
lesparents
(et
descendants)
d’un individu donné se trouventpotentiellement
dans une aire située autour de lui et de taille d’autant
plus
réduite que la distancede
dispersion
estplus
faible. Cette surface a étéappelée
voisinage
de l’individu1984).
Si levoisinage
dechaque
individupeut
être considéré commehomogène,
cette notion ne se substitue
cependant
pas à la notion depopulation
parce que(1)
il existe unvoisinage
parindividu, (2)
deuxvoisinages
différentspeuvent
avoirbeaucoup
d’individus en commun et(3)
deux individus A et Bpeuvent
avoir dans leurvoisinage
un même individu C sans que A soit dans le
voisinage
de B(la
relation « être dans levoisinage
de » est réflexive etsymétrique
mais non transitive contrairement à « être dans la mêmepopulation
que »).
Les
graines
chez leThym
sedispersant
peu, on peut s’attendre àobserver,
dansune
population
en cours defondation,
2types
de situation :(1)
desagglomérations
de femellesquand
l’hermaphrodite
voisinpollinisant
la fondatrice nepossède
pas lesgènes
de restauration de soncytoplasme, (2)
desagglomérations
plutôt
hermaphro-dites, quand
le fondateur était unhermaphrodite
ou une femellequi
a été fécondée par unhermaphrodite
possédant
lesgènes
de restauration de soncytoplasme.
Unepopulation
colonisatrice deThym
est donc un ensemble devoisinages
(chacun
étantrelativement
homogène
quant
à soncytoplasme), qui
croissent d’autantplus
vite que leur fertilitémâle
n’est pas restaurée. Parconséquent,
la stérilité-mâle serépand
durant les stades colonisateurs parce que les individus fondateurs d’une
population
sont différents quant à leur
cytogénotype,
vraisemblablement du faitqu’ils
sontissus de
populations
différentes et que de forts effetsspatiaux
existent dans le milieuqu’elles
colonisent. Leséchanges
génétiques
restreints chez leThym
(G
OUYON
,
1982 ;
M
AZZONI &
G
OUYON
,
1985)
nepermettent
auxgènes
de restauration deparvenir
aux
cytoplasmes
non restaurésqu’après
un certainlaps
detemps.
IV. Conclusion : le
déséquilibre
despopulations
Le maintien des 2 traits
étudiés,
ladispersion
desgraines
et lastérilité-mâle,
ne
peut
êtreenvisagé
à l’échelle de lapopulation,
où ils sont défavorisés. Ils sont, enrevanche,
favorisés lors de la fondation d’une nouvellepopulation,
soit parcequ’ils
accroissent laprobabilité
de trouver un nouveau milieu(la
dispersion),
soit parcequ’ils
augmentent la vitesse de colonisation de ce nouveau milieu(la
stérilité-mâlequi
augmente laproduction
engraines).
Leur maintien nepeut
êtreexpliqué
qu’à
l’échelle de lamétapopulation.
Lacompréhension
de l’évolution de tels traits passe par l’abandon de l’idée depopulation
stable dans letemps
et dansl’espace.
L’espèce
n’estplus,
de cepoint
de vue, un ensemble depopulations
évoluantplus
ou moinsparallèlement,
et dont la cohésion neprovient
que d’une occasionnellemigration.
L’espèce
est constituée d’un ensemble depopulations
enperpétuel
déséqui-libre. La condition de stabilité de l’ensemble du
système
résideparadoxalement
dans ladisparition
inéluctable de chacune de cespopulations
cornélativement àl’appa-rition de nouvelles. La
métapopulation,
conceptpermettant
l’établissement d’unéqui-libre
global
à une échellesupérieure
à celle de lapopulation,
nous semble doncun
objet
d’étudeprimordial
aussi bien pourl’écologue
(voir
l’engouement
actuel pour les travaux relatifs à la notion depaysage)
que pour l’évolutionniste.Reçu
le 4 décembre 1984.Accepté
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