Analyse asymptotique.
Rédaction incomplète. Version 0.1 du 28 février 2020 Plan
I. Relations de comparaison . . . . 1
1. Contexte et dénitions . . . . 1
1. Que compare-t-on ? . . . . 1
2. Dénitions . . . . 1
3. Notations. . . . 1
4. Suites de référence et relations usuelles . . . . 2
2. Propriétés . . . . 3
1. Propositions . . . . 3
2. Bonnes pratiques - Liste blanche . . . . 4
3. Erreurs usuelles - Liste noire . . . . 4
4. Contre-exemples . . . . 4
3. Utilisation. . . . 5
II. Développements limités . . . . 5
1. Introduction . . . . 5
1. Vocabulaire . . . . 5
2. Unicité . . . . 6
3. Exemples fondamendaux . . . . 6
2. Opérations . . . . 6
1. Troncature . . . . 6
2. Intégration . . . . 7
3. Addition . . . . 7
4. Multiplication . . . . 7
5. Composition . . . . 8
3. Formulaire de développements limités usuels . . . . 9
4. Autour de Taylor-Young . . . . 10
1. Théorème de Taylor avec reste de Young . . . . 10
2. Quelles sont les fonctions admettant un développement limité ? . . . . 10
3. Glaner . . . . 10
4. Extrémum local . . . . 11
5. Développement limité d'une dérivée . . . . 11
III. Exemples de développements asymptotiques . . . . 11
1. Droites asymptotes à un graphe . . . . 11
2. Formule de Stirling . . . . 12
Index
dérivabilité, 2
développement limité, 5
extrémum local et développement limité, 11 extremum : condition nécessaire, 11
extremum : condition susante, 11 fonction dominée, 1
fonction négligéable, 1 fonctions équivalentes, 1
forme normalisée d'un développement limité, 5 formule de Stirling, 12
formule de Taylor avec reste de Young, 10
glaner, 10
inégalité de convexité, 2
intégration d'un développement limité, 7 notations de Landau, 1, 2
ordre d'un développement limité, 5 ordre lexicographique, 3
partie principale d'un développement limité, 5 reste d'un développement limité, 5
suite dominée, 1
suite négligéable, 1
suites équivalentes, 1
I. Relations de comparaison
1. Contexte et dénitions
1. Que compare-t-on ?
On compare localement (en a = +∞ pour les suites, en a ∈ R pour les fonctions) des suites ou des fonctions qui ne prennent pas la valeur 0 dans un voisinage de a . Cela signie que
pour une suite (u
n)
n∈N
, il existe un entier N tel que u
n6= 0 pour n ≥ N ,
Pour une fonction f dénie dans un intervalle I , il existe un voisinage J de a tel que f (x) 6= 0 pour x ∈ J . Rappelons qu'un voisinage de a est de la forme [a − α, a + α] si a ∈ R, [A, +∞[ si a = +∞ et ]−∞, a] si a = −∞ .
Les propositions et dénitions ne seront pas détaillées dans les deux situations (suites ou fonctions) car elles se déduisent facilement d'un cas à l'autre. On pourrait étendre les dénitions à des suites et des fonctions qui peuvent s'annuler au voisinage de a introduisant des ε dans les dénitions. Conformément au programme, cela ne sera pas fait ici.
Attention on se place directement dans les voisinages de a dans lesquels les suites et les fonctions ne s'annulent pas. Toutes les suites considérée dans cette section DOIVENT ÊTRE à valeurs non nulles. C'est à dire qu'elles ne prennent jamais la valeur 0 , on pourra donc toujours former des quotients.
2. Dénitions
On dénit dans des tableaux les relations de comparaison : est dominée par , est négligeable devant , est équivalente à .
Dénition. Soient (u
n)
n∈Net (v
n)
n∈Ndeux suites de nombres réels ne prenant pas la valeur 0
(u
n)
n∈N
dominée par (v
n)
n∈N
(u
n)
n∈N
négligeable devant (v
n)
n∈N
(u
n)
n∈N
équivalente à (v
n)
n∈N
un
vn
n∈N
bornée
un
vn
n∈N
→ 0
un
vn
n∈N
→ 1
Dénition. Soient f et g deux fonctions dénies au voisinage de a et ne prenant pas la valeur 0 f dominée par g f négligeable devant g f équivalente à g
f
g
bornée
fg− →
a0
fg− →
a1 Remarque.
f
g est bornée ⇔ |f |
|g| est majorée.
3. Notations
Les notations usuelles sont présentées dans le tableau suivant : pour les suites. Les notations sont analogues pour les fonctions en précisant éventuellement le a en lequel se font les comparaisons locales.
Propriétés Notations correctes Notations tolérées
(a
n)
n∈Nest dominée par (b
n)
n∈N(a
n)
n∈N∈ O ((b
n)
n∈N) a
n∈ O(b
n) (a
n)
n∈Nest dominée par (b
n)
n∈N(a
n)
n∈N= O ((b
n)
n∈N) a
n= O(b
n) (a
n)
n∈Nest négligeable devant (b
n)
n∈N(a
n)
n∈N∈ o ((b
n)
n∈N) a
n∈ o(b
n) (a
n)
n∈Nest négligeable devant (b
n)
n∈N(a
n)
n∈N= o ((b
n)
n∈N) a
n= o(b
n) (a
n)
n∈Nest négligeable devant (b
n)
n∈N(a
n)
n∈N<< (b
n)
n∈Na
n<< b
n(a
n)
n∈Net (b
n)
n∈Nsont équivalentes (a
n)
n∈N∼ (b
n)
n∈Na
n∼ b
nLes notations o ((b
n)
n∈N) (prononcer petit o )et O ((b
n)
n∈N) (prononcer grand o ) dites de Landau
1sont très commodes mais dicles à maitriser.
1Edmund Landau mathématicien allemand 1877-1938
En fait O ((b
n)
n∈N) peut désigner l'ensemble des suites dominées par (b
n)
n∈Nce qui justie la notation (a
n)
n∈N∈ O ((b
n)
n∈N) mais il peut désigner aussi une quelconque suite dominée par (b
n)
n∈Ncomme dans (a
n)
n∈N= O ((b
n)
n∈N) .
La notation << pour la négligeabilité est assez commode mais peu employée
2.
La dérivabilité et la dérivée fournissent des exemples d'utilisation. Une fonction f est dérivable en a si et seulement si f (x) = f (a) + f
0(a)(x − a) + o(x − a) . De plus, si f
0(a) 6= 0 , on peut écrire une équivalence : f(x) − f (a) ∼ f
0(a)(x − a) .
4. Suites de référence et relations usuelles
Les suites de référence sont : (a
n)
n∈N, (n
α)
n∈N∗, ((ln n)
β)
n∈N∗, (n!)
n∈Navec a > 0 et α et β réels quelconques.
Les résulats relatifs à la convergence de ces suites et de leurs quotients résultent des propositions suivantes.
Proposition. La suite (ln n)
n∈N∗diverge vers +∞ .
Preuve. La suite est strictement croissante (voir la dénition du logarithme Fonctions usuelles, trigonométrie) et la suite extraite
(ln 2
p)
p∈N∗= (p ln 2)
p∈N∗diverge vers +∞ . La suite complète n'est donc pas majorée. Elle diverge vers +∞ . Proposition.
∀x > −1 : ln(1 + x) ≤ x ∀x > 1 : ln x x ≤ 2
√ x
Preuve. 1. La première inégalité se démontre simplement en formant le tableau des variations de la dierence.
En fait, il s'agit d'une inégalité de convexité. Le graphe de la fonction ln (fonction concave) est au dessous de sa tangente en 1 .
2. La deuxième inégalité se démontre en remarquant que √
t ≤ t pour t ≥ 1 et en majorant ln x exprimé comme une intégrale.
ln x = Z
x1
dt t ≤
Z
x 1√ dt t = h
2 √ t i
x1
= 2 √
x − 2 ≤ 2 √ x
On en déduit que
lnxx−−→
+∞0 qui est très souvent utilisée.
Proposition. Les convergences usuelles entre ces suites sont rassemblées dans les tableaux suivants.
a (a
n)
n∈N]0, 1[ 0
1 1
> 1 +∞
α (n
α)
n∈N< 0 0
0 1
> 0 +∞
β ((ln n)
β)
n≥2< 0 0
0 1
> 0 +∞
Les comparaisons usuelles à connaitre sont
∀a ∈ ]0, 1[ , ∀α < 0, ∀β < 0 a
n<< n
α<< (ln n)
β∀a > 1, ∀α > 0, ∀β > 0 (ln n)
β<< n
α<< a
n<< n!
Preuve. Les démonstrations sont toutes du même type. Il faut exprimer la suite à exprimer comme une exponen- tielle et mettre en facteur le terme prépondérant dans l'argument.
Proposition. En +∞ : pour tous α et β strictement positifs, x 7→ (ln x)
αest négligeable devant x 7→ x
β. Preuve.
(ln x)
αx
β= e
αln(lnx)−βx= e
→−∞
z }| {
−βx
0 B B B B
@
1−αβ
ln ln x ln x
| {z }
→0
1 C C C C A
→ 0.
2notation de G.H. Hardy, mathématicien britannique 1877-1947
Proposition. En +∞ : pour tous α , β , α
0, β
0strictement positifs, x 7→ x
α(ln x)
βest négligeable devant x 7→
x
α0(ln x)
β0si et seulement si (α, β) est strictement plus petit que (α
0, β
0) pour l'ordre lexicographique.
Preuve. Rappelons que (α, β) est plus petit que (α
0, β
0) si et seulement si α < α
0ou (α = α
0et β ≤ β
0) . Cette relation dénit un ordre total sur ]0, +∞[
2.
Montrons que si (α, β) est plus petit que (α
0, β
0) pour l'ordre lexicographie (et diérent) alors x
αln
βx est négli- geable devant o
x
α0ln
β0x
. Considérons pour cela le quotient
ϕ(x) = x
αln
βx
x
α0ln
β0x = e
(α−α0) lnx+(β−β0) ln(lnx)= e
(α − α
0) ln x
| {z }
→−∞
0 B B B B
@ 1+β−βα−α00
ln(ln x) ln x
| {z }
→0
1 C C C C A
→ 0
par opérations et compositions de fonctions admettant des limites.
Démontrons la contraposée de la réciproque.
Si (α, β) n'est pas strictement plus petit que (α
0, β
0) alors (α, β) = (α
0, β
0) ou (α
0, β
0) est strictement plus petit que (α, β) .
Dans le cas où (α, β) = (α
0, β
0) , la fonction ϕ est constante de valeur 1 donc ne converge pas vers 0 . Dans l'autre cas, la première partie du raisonnement montre que
ϕ1→ 0 donc que ϕ → +∞ . On a bien montré l'équivalence.
2. Propriétés
1. Propositions
Proposition. Lorsque deux suites (ou deux fonctions) sont équivalentes, elles sont localement de même signe.
Preuve. Pour les fonctions :
fg→ 1 entraine
fglocalement strictement positive donc f et g localement de même signe.
Proposition. Lorsque deux suites (ou deux fonctions) sont équivalentes, la convergence de l'une est équivalente à la convergence de l'autre et les deux limites sont égales.
Preuve. Pour les suites. On suppose
uvnn→ 1 . Alors
uvnn→ 1 . u
n= u
nv
nv
nv
n→ v
⇒ u
n→ v,
v
n= v
nu
nu
nu
n→ u
⇒ v
n→ u.
Proposition. La somme de deux fonctions négligeables devant une fonction f est négligeable devant f . La somme de deux fonctions dominées par une fonction f est dominée par f .
Preuve. Pour les fonctions. Soit a et b dans o(f ) . Alors
fa→ 0 et
fb→ 0 donc
a+bf→ 0 c'est à dire a + b ∈ o(f ) . De même
afet
bfbornées entraine donc
a+bfbornée c'est à dire a + b ∈ O(f ) .
Remarque. La proposition précédente s'écrit aussi o(f ) + o(f ) = o(f ) , O(f) + O(f ) = O(f ) . Lne proposition analogue est valable pour les suites.
Proposition. Si deux fonctions f et g se dominent mutuellement alors o(f ) = o(g) et O(f ) = O(g) . L'ensemble des fonctions négligeables devant (dominées par) f est égal à l'ensemble des fonctions négligeables devant (dominées par) g .
Preuve. Par hypothèse, les deux fonctions
fget
fgsont bornées.
ϕ ∈ o(f ) ⇒ ϕ g = ϕ
f
|{z}
→0f g
bornée
|{z}
→ 0 ⇒ ϕ ∈ o(g)
On en déduit o(f ) ⊂ o(g) . L'autre inclusion est analogue. La démonstration est analogue pour les fonctions
dominées.
Remarque. S'il existe λ 6= 0 tel que
fg→ λ , alors les deux fonctions se dominent mutuellement et o(f ) = o(g) . Proposition. L'équivalence se comporte bien avec les multiplications
f
1∼ g
1f
2∼ g
2)
⇒ f
1f
2∼ g
1g
2, f
1∼ g
1f
2∼ g
2)
⇒ f
1f
2∼ g
1g
2,
f, g > 0 α ∈ R f ∼ g
⇒ f
α∼ g
α.
Preuve. Résulte de la dénition avec la limite tendant vers 1 . Exercice à traiter en classe.
Montrer que
o(O(f )) = o(f ) = O(o(f )), o(g)O(h) = o(gh).
2. Bonnes pratiques - Liste blanche
1. En négligeant ce qui est négligeable, une égalité se dégrade en équivalence.
2. Soit l réel non nul, u
n→ l ⇔ u
n∼ l .
3. Les relations de comparaison appartiennent au monde des multiplications.
4. Un seul terme à droite d'une équivalence. Quand on commence à négliger, il faut négliger tout ce qui est négligeable.
3. Erreurs usuelles - Liste noire
1. Le symbole ' est toxique dans ce contexte. Ne jamais l'utiliser (en maths).
2. Écrire · · · ∼ 0 . Mortel ! Toute cette machinerie ne s'applique qu'aux suites qui ne prennent pas la valeur 0 . 3. Écrire a
n→ b
n: Mortel ! À droite d'une èche de limite ne peut se trouver qu'un élément de R.
4. Penser que a
n∼ b
n⇒ a
n− b
n→ 0 (contre-exemple 1) ou que a
n− b
n→ 0 ⇒ a
n∼ b
n(contre-exemple 2).
5. Penser que a
n− b
n∼ c
n⇒ a
n∼ b
n+c
n(contre-exemple 3) ou, plus généralement, que l'on peut additionner des équivalences.
6. Penser que ϕ ∼ ψ entraîne f ◦ ϕ ∼ f ◦ ψ . 7. Écrire cos x ∼ 1 −
x22.
4. Contre-exemples
1. En +∞ , x 7→ x
2+ x et x 7→ x
2+ 1 sont équivalentes mais leur diérence ne tend pas vers 0 . 2. En +∞ , la diérence entre x 7→
1xet x 7→
x12tend pas vers 0 mais elles ne sont pas équivalentes.
3. En +∞ , a(x) = 1 , b(x) = −x
2, c(x) = x
2+ x . Alors : a(x) − b(x) = x
2+ 1 ∼ x
2∼ c(x) . En revanche : b(x) + c(x) = x n'est pas équivalent à a(x) = 1 .
4. En 0 , ϕ(x) =
x12+
1xet ψ(x) =
x12. On a ϕ ∼ ψ mais cette équivalence ne se conserve pas par composition par la fonction exponentielle.
3. Utilisation
Il s'agit essentiellement d'un nouveau langage traduisant des limites usuelles En +∞ ,
lnxx→ 0 s'écrira ln(x) ∈ o(x) .
La dérivabilité de f en a s'écrira f (x) = f (a) + f
0(a)(x − a) + o((x − a)) . Si plus f
0(a) 6= 0 , on pourra aussi écrire
f (x) − f (a) ∼ f
0(a)(x − a) MAIS PAS f (x) ∼ f (a) + f
0(a)(x − a) Cette relation permet d'obtenir les premières relations (localement en 0 )
e
x= 1 + x + o(x), e
x− 1 ∼ x; sin x = x + o(x), sin x ∼ x; cos x = 1 + o(x), cos x ∼ 1;
tan x = x + o(x), tan x ∼ x; sh x = x + o(x), sh x ∼ x; ln(1 + x) = x + o(x), ln(1 + x) ∼ x; ...
Pour illustrer ces notions, examinons des suites (u
nn)
n∈Navec (u
nn)
n∈Nconverge vers 1 . Soit x réel non nul.
(1 + x
n )
n= e
nln(1+xn)= e
n(
nx+o(n1)) = e
x+o(1)→ e
x. (1 + 1
n
2)
n= e
nln(1+n12)= e
n(
n12+o(1n2)
) = e
n1+o(n1)→ 1.
(1 + 1
√ n )
n= e
nln(1+√1n)= e
n“√1
n+o(√1n)”
= e
√n+o(√1 n)
→ +∞.
II. Développements limités
1. Introduction
1. Vocabulaire
Cette section traite des développements limités qui sont un cas particulier des développements (locaux) intro- duits lors de la dénition des relations de comparaison des fonctions.
Un développement limité est un concept local autour d'un réel a . On rappelle que l'on note I l'intervalle obtenu à partir d'un intervalle I en le complétant par ses extrémités. Dans tout ce chapitre I désigne un intervalle non vide de R et a est un réel dans I .
Un développement limité est une somme de fonctions, chacune étant négligeable devant celle à sa gauche. Elles sont toutes de la forme
λ
k(x − a)
kavec λ
k∈ R
sauf la dernière appelée reste dont on ne sait rien sinon une propriété de négligeabilité. La somme des premières fonctions (à part le reste) est appelée la partie principale de développement limité.
Pour travailler avec des développements limités, on dispose des développements usuels qui sont sont placés dans un formulaire à part et d'opérations.
On dispose aussi d'un outil théorique : la formule de Taylor-Young. Dans la pratique, il ne faut pas en général utiliser cette formule mais former les développements usuels des fonctions intervenant (à un ordre très petit) et les combiner en utilisant les opérations. C'est pourquoi le théorème de Taylor avec reste de Young est délibérément placé à la n.
Bien retenir que faire un développement à un ordre trop petit n'est ni une erreur ni une perte de temps. Les coecients calculés n'auront pas à être recalculés. Ce qui est une perte de temps et une source d'erreur c'est de faire un développement trop long.
L'ordre d'un développement limité est l'exposant qui gure dans le reste. Ainsi cos x = 1 − x
22 + o(x
3) est un développement (en 0 ) à l'ordre 3 de cos .
Dénition (Forme normalisée). Soit f une fonction admettant en a un développement limité à l'ordre n . La forme normalisée de ce développement est :
f (x) = (x − a)
pa
p+ a
p+1(x − a) + · · · + a
n(x − a)
n−p+ o((x − a)
n−pavec a
p6= 0 .
L'évaluation de ce premier indice pour lequel le coecient est non nul est utile dans les compositions. Il donne aussi un équivalent pour la fonction
f (x) ∼ a
p(x − a)
p2. Unicité
Si une fonction admet un développement limité, celui ci est unique au sens suivant.
Proposition. Soit f une fonction dénie dans un intervalle I , soit a ∈ I . On suppose que f admet deux dévelop- pements limités
f (x) = λ
0+ λ
1(x − a) + λ
2(x − a)
2+ · · · + λ
p(x − a)
p+ o((x − a)
p)
f (x) = µ
0+ µ
1(x − a) + µ
2(x − a)
2+ · · · + µ
q(x − a)
q+ o((x − a)
q)
Alors, λ
k= µ
kpour tous les k entre 0 et min(p, q) .
Preuve. Le raisonnement est algorithmique (ou par récurrence forte). On exprime chaque coecient comme la limite en a d'une certaine fonction fabriquée avec les coecients d'indices plus petits et dont l'unicité a déjà été prouvée.
λ
0= µ
0= lim
a
f, λ
1= µ
1= lim
a
x 7→ f(x) − λ
0x − a , λ
2= µ
2= lim
a
x 7→ f (x) − λ
0− λ
1(x − a) (x − a)
2, λ
3= µ
3= lim
a
x 7→ f (x) − λ
0− λ
1(x − a) − λ
2(x − a)
2(x − a)
3, · · ·
3. Exemples fondamendaux
Il y a deux exemples fondamentaux de développement limité. Le premier exemple est théorique : une fonction est dérivable en a si et seulement si elle admet un développement limité à l'ordre 1 en a .
f (x) = f (a) + f
0(a)(x − a) + o(x − a).
Il permet d'écrire les développements limités usuelse en 0 à l'ordre 1 .
e
x= 1 + x + o(x) ln(1 + x) = x + o(x) (1 + x)
α= 1 + αx + o(x) sin x = x + o(x) cos x = 1 + o(x) tan x = x + o(x)
sh x = x + o(x) ch x = 1 + o(x) th x = x + o(x) Le deuxième est pratique. En 0 , une somme de termes en progression géométrique
1
1 − x = 1 + x + x
2+ · · · + x
n+ x
n+11 − x est un développement limité à l'ordre n de x 7→
1−x1car
x1−xn+1∈ o (x
n) .
2. Opérations
Pour toute opération, le point le plus important est de bien évaluer l'ordre du développement que cette opération donnera et supprimer tous les termes avec un exposant supérieur à cet ordre. Les précisions illusoires constituent la principale source d'erreurs dans les manipulations de développements limités.
1. Troncature
On peut toujours diminuer l'ordre d'un développement limité. Pour m < n : f (x) = λ
0+ λ
1(x − a) + λ
2(x − a)
2+ · · · + λ
n(x − a)
n+ o((x − a)
n)
⇒ f (x) = λ
0+ λ
1(x − a) + λ
2(x − a)
2+ · · · + λ
m(x − a)
n+ o((x − a)
m) Cette opération est certainement la plus usuelle. Quand plusieurs développements se combinent il faut très souvent (pour une addition par exemple) tronquer les développements au plus petit des ordres intervenant. Ne pas faire ces troncatures est l'erreur la plus fréquente. Il faut sans hésitation abandonner les précisions illusoires.
2. Intégration
On devrait plutôt dire primitivation.
Proposition. Si f est une fonction continue qui admet en a un développement à l'ordre n , alors ses primitives admettent en a un développement à l'ordre n + 1 . En particulier pour sa primitive F nulle en a :
f (x) = λ
0+ λ
1(x − a) + λ
2(x − a)
2+ · · · + λ
n(x − a)
n+ o((x − a)
n)
⇒ F (x) = Z
x0
f (t)dt = λ
0(x − a) + λ
12 (x − a)
2+ · · · + λ
nn + 1 (x − a)
n+1+ o((x − a)
n+1)
Preuve. C'est une conséquence immédiate du lemme d'intégration de négligeabilité appliqué au reste.
Exemple (développement limité de ln en 0 .). On utilise (− ln(1 − x))
0=
1−x1. On connait le développement de
1
1−x
, on le primitive terme à terme 1
1 − x = 1 + x + · · · + x
n+ o(x
n) ⇒ − ln(1 − x) = x + 1 2 x
2+ 1
3 x
3+ · · · + 1
n + 1 x
n+1+ o(x
n+1)
⇒ ln(1 − x) = −x − 1 2 x
2− 1
3 x
3− · · · − 1
n + 1 x
n+1+ o(x
n+1)
⇒ ln(1 + x) = x − 1 2 x
2+ 1
3 x
3+ · · · + (−1)
n+11
n + 1 x
n+ o(x
n).
Exemple (Développement limité de arctan en 0). On forme un développement de arctan
0que l'on intègre arctan
0x = 1
1 + x
2= 1 − x
2+ x
4+ o(x
4) ⇒ arctan x = x − 1 3 x
3+ 1
5 x
5+ o(x
5).
Exemple (Développement limité de arcsin en 0). On forme un développement de arcsin
0que l'on intègre arcsin
0x = 1
√ 1 − x
2= (1 − x
2)
−12= 1 + 1
2 x
2+ o(x
2) ⇒ arcsin x = x + 1
6 x
3+ o(x
3).
Exemple (Le développement de l'exponentielle en 0 est autoaméliorant). Cela résulte de ce que l'exponetielle est sa proprre dérivée
e
x= 1 + x + o(x) ⇒ e
x− 1 = x + 1
2! x
2+ o(x
2) ⇒ e
x= 1 + x + 1
2! x
2+ o(x
2)
⇒ e
x− 1 = x + 1 2! x
2+ 1
3! x
3+ o(x
3) ⇒ e
x= 1 + x + 1 2! x
2+ 1
3! x
3+ o(x
3)
⇒ e
x− 1 = · · · ⇒ e
x= 1 + x + 1 2! x
2+ 1
3! x
3+ · · · + 1
n! x
n+ o(x
n).
3. Addition
Pour additionner deux développements limités, on tronque le plus précis à l'ordre du moins précis et on ajoute les coecients terme à terme. Donnons un exemple avec un développement limité en 1 :
d1 = (x − 1) + 2(x − 1)
2− 1
2 (x − 1)
4+ o((x − 1)
6) d2 = 1 + 2(x − 1) − 2(x − 1)
2+ o((x − 1)
3) d1 + d2 = 1 + 3(x − 1) + (x − 1)
2+ o((x − 1)
3)
4. Multiplication
Pour multiplier deux développements limités, on commence par évaluer l'ordre du développement
3obtenu en considérant les deux produits extrèmes puis on eectue la multiplication en regroupant directement les termes de même degré.
Par exemple pour deux développements abstraits en a :
d1 = c
p(x − a)
p+ c
p+1(x − a)
p+1+ · · · + c
q(x − a)
q+ o ((x − a)
q) d2 = d
r(x − a)
r+ d
r+1(x − a)
r+1+ · · · + d
s(x − a)
s+ o ((x − a)
s)
Les produits extrèmes sont (x − a)
po ((x − a)
s) et (x − a)
ro ((x − a)
q) . L'ordre du développement limité produit sera donc min(p + s, r + q) (notons le m ) et le produit de la forme
d1d2 = c
pd
r(x − a)
p+r+ · · · + o ((x − a)
m) Exemple (Développement limité en 0 de
cos1−xx.).
cos x = 1 − 1
2 x
2+ o(x
3) 1
1 − x = 1 + x + x
2+ o(x
2)
3je le désigne par la butée.
L'ordre du développement se trouve en considérant 1 × o(x
2) et o(x
3) × 1 c'est donc o(x
2) . On doit tronquer le produit à cet ordre.
cos x
1 − x = 1 + x + 1 2
|{z}
=1−12
x
2+ o(x
2).
Exemple (développement limité de tan en 0 ). On utilise tan
0= 1 + tan
2. En élevant au carré, on obtient un développement au même ordre que l'on intègre ce qui augmente l'ordre et ainsi de suite.
tan x = x + o(x) tan
0x = 1 + tan
2x = 1 + x
2+ o(x
2) tan x = x + 1
3 x
3+ o(x
3) tan
0x = 1 + tan
2x = 1 + x
2+ 2
3 x
4+ o(x
4) tan x = x + 1 3 x
3+ 2
15 x
5+ o(x
5) · · · 5. Composition
Un point technique important est que si deux fonctions f et g se dominent mutuellement alors elles ont le même ensemble de fonctions négligeables : o(f ) = o(g) . En particulier :
f(x) ∼ λ(x − a)
pavec λ 6= 0 ⇒ o(f ) = o((x − a)
p) Cette remarque est importante pour préciser l'ordre d'un développement composé.
Exemple (développement limité de ln(cos) en 0 ). Cet exemple de cours est très détaillé, il est conseillé de moins écrire dans la pratique.
On part des développements usuels en 0 . Il est conseillé d'utiliser des lettres diérentes pour chaque développement ln(1 + u) = u − 1
2 u
2+ 1
2 u
3+ o(u
3) cos x = 1 − 1 2 x
2+ 1
24 x
4+ o(x
5) Notons
f (u) = ln(1 + u) = u − 1 2 u
2+ 1
2 u
3+ o(u
3) g(x) = cos x − 1 = − 1 2 x
2+ 1
24 x
4+ o(x
5) Alors
ln(cos x) = f (g(x)) = g(x) − 1
2 g
2(x) + 1
3 g
3(x) + o(g
3(x)) Il est important est de remarquer que
g(x) ∼ − 1
2 x
2⇒ g(x)
3∼ − 1
8 x
6⇒ o(g(x)
3) = o(x
6) (les deux fonctions se dominent mutuellement) Comme les développements de g et de ses puissances ne sont qu'à l'ordre 5 , le terme
13g
3(x) (qui est d'ordre 6 ) est une précision illusoire. Il faut absolument le faire disparaître, absorbé par o(x
5) .
De plus, il faut conduire tous les développements en rassemblant immédiatement les termes de même degré sans jamais écrire les précisions illusoires (ici les termes d'ordre 6 ou plus). Il est commode d'exécuter les calculs en colonne.
g(x) = − 1
2 x
2+ 1
24 x
4+o(x
5)
g(x) = − 1
2 x
2+ 1
24 x
4+o(x
5) ×1
g
2(x) = 1
4 x
4+o(x
5) × − 1
2 ln(cos x) = − 1
2 x
2+ − 1
12
| {z }
=241−18
x
4+o(x
5)
3. Formulaire de développements limités usuels
Les développements sont tous en 0 . Toutes les fonctions présentées admettent des développements limités à tous les ordres. On peut donc remplacer le reste d'ordre n par une fonction dominée par la puissance suivante.
1
1 − x = 1 + x + x
2+ x
3+ · · · + x
n+ O x
n+11
1 + x = 1 − x + x
2− x
3+ · · · + (−1)
nx
n+ O x
n+1ln(1 + x) = x − 1
2 x
2+ 1
3 x
3+ · · · + (−1)
n+1n x
n+ O x
n+1ln(1 − x) = −x − 1
2 x
2− 1
3 x
3− · · · − 1
n x
n+ O x
n+1e
x= 1 + x + 1
2 x
2+ 1
6 x
3+ · · · + 1
n! x
n+ O x
n+1(1 + x)
α= 1 + αx + 1
2 α (α − 1) x
2+ · · · + α(α − 1) · · · (α − n + 1)
n! x
n+ O x
n+1ch x = 1 + 1
2 x
2+ · · · + 1
(2n)! x
2n+ O x
2n+2sh x = x + 1
6 x
3+ · · · + 1
(2n − 1)! x
2n−1+ O x
2n+1cos x = 1 − 1
2 x
2+ · · · + (−1)
n(2n)! x
2n+ O x
2n+2sin x = x − 1
6 x
3+ · · · + (−1)
n+1(2n − 1)! x
2n−1+ O x
2n+1√ 1 + x = 1 + 1 2 x − 1
8 x
2+ 1
16 x
3+ O x
4√ 1
1 + x = 1 − 1 2 x + 3
8 x
2− 5
16 x
3+ O x
4tan x = x + 1
3 x
3+ 2
15 x
5+ O x
6arctan x = x − 1
3 x
3+ O x
5arcsin x = x + 1
6 x
3+ O x
5arccos x = π
2 − arcsin x
4. Autour de Taylor-Young
1. Théorème de Taylor avec reste de Young Voir la section Intégrales et primitives
Proposition. Soit f une fonction de classe C
ndans un voisinage de a . Elle admet le développement limité à l'ordre n :
f (x) = f (a) + f
0(a)(x − a) + f
00(a)
2! (x − a)
2+ · · · + f
(n)(a)
n! (x − a)
n+ o((x − a)
n) Application au développement en 0 de (1 + x)
α.
(1 + x)
α= 1 + αx + α(α − 1)
2! + · · · + α(α − 1) · · · (α − n + 1)
n! x
n+ o(x
n) 2. Quelles sont les fonctions admettant un développement limité ?
L'existence d'un développement limité à l'ordre 1 en a est équivalente à la dérivabilité en a . Cette équivalence ne subsiste plus pour des ordres plus grands. Par exemple, considérons
f (x) = 1 + x + x
2+ x
3sin( 1 x
2)
Cette fonction admet en 0 le développement limité à l'ordre 2 : f (x) = 1 + x + x
2+ o(x
2) . En eet, la fonction sin étant bornée par 1 , le reste x
3sin(
x12) est négligeable devant x
2. Ceci entraine en particulier que la fonction f est dérivable en 0 . Pourtant cette fonction n'est pas de classe C
1car sa dérivée
f
0(x) = 1 + 2x + 3x
2sin( 1
x
2) − cos( 1 x
2)
n'a pas de limite nie en 0 . La fonction f
0n'étant pas continue, elle n'est certainement pas dérivable donc f n'est pas deux fois dérivable en 0 .
3. Glaner
Le calcul d'un coecient d'un développement limité peut être cher en temps de calcul. Glaner c'est ramasser des précisions supplémentaires gratuites . Il faut pour cela utiliser des résultats théoriques et non calculatoires.
Passer d'un o au O suivant Lorsque f est C
∞, elle admet, d'après Taylor-Young, des développements limités à tous les ordres. Par exemple, aux ordres p et p + 1 en a :
f (x) = λ
0+ λ
1(x − a) + · · · + λ
p(x − a)
p+ o(x
p)
| {z }
=r(x)