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Syndrome des ovaires polykystiques : quoi de neuf en 2017 ?

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| La Lettre du Gynécologue • N° 407 - mars-avril 2017

DOSSIER

Gynécologie médicale : questions pratiques

Syndrome des ovaires polykystiques :

quoi de neuf en 2017 ?

Polycystic ovary syndrome: what’s new in 2017?

S. Catteau-Jonard*

* Service de gynécologie endo­

crinienne, CHRU de Lille.

Quoi de neuf concernant le diagnostic ?

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la cause la plus fréquente de troubles de l’ovulation chez la femme et touche 10 à 15 % de la population féminine mondiale. Il est défini depuis 2003 à travers les critères de Rotterdam comme l’association de 2 des 3 caractéristiques suivantes :

un trouble du cycle menstruel (lié à une dys- ovulation) ;

une hyperandrogénie clinique et/ou biologique ;

un excès folliculaire avec plus de 12 follicules de 2 à 9 mm par ovaire et/ou un volume ovarien supérieur à 10 ml (tableau) [1].

Les critères échographiques des ovaires poly- kystiques (OPK) semblent obsolètes au vu des progrès techniques des appareils d’échographie et de l’avènement du dosage automatisé de l’hormone anti-müllerienne (AMH).

Concernant l’excès folliculaire, avec l’amélioration des performances des échographes, il est désormais pos- sible de mieux distinguer les petits follicules, notam-

ment ceux de moins de 2 mm de diamètre, ce qui rend le seuil de 12 follicules par ovaire obsolète actuelle- ment. Dans une revue de la littérature, le nombre de follicules antraux retenus pour parler d’OPK est désor- mais compris entre 19 et 25 par ovaire lorsque l’appareil d’échographie est récent et que la fréquence maximale de la sonde endovaginale est supérieure à 8 MHz (2).

S’il est impossible de réaliser une échographie fiable, le dosage de l’AMH peut remplacer la mesure de la richesse en follicules. L’AMH, sécrétée par les petits follicules antraux, est, en effet, très bien corrélée au nombre de follicules de moins de 9 mm visibles en échographie, et nous proposons un seuil à 4,2 ng/ml ou 30 pmol/l pour évoquer des OPK avec le dosage auto- matisé de l’AMH (3). Ce dosage automatisé est soumis à moins de contraintes et de fluctuations puisqu’il n’est plus opérateur-dépendant et semble beaucoup plus reproductible d’un laboratoire à l’autre (3).

Quoi de neuf concernant la physiopathologie ?

Par rapport à celui des témoins, le taux sérique d’AMH est très élevé chez les femmes atteintes de SOPK. Cette élévation est non seulement due à un nombre accru de follicules, mais également à une augmentation d’expression et de sécrétion de l’AMH par les cellules de la granulosa de ces follicules (4).

En dehors de l’ovaire, le gène de l’AMH est également exprimé au niveau cérébral, en particulier hypo- thalamique, chez la souris comme chez l’homme (5).

Notre équipe a mis en évidence récemment que les neurones à GnRH, porteurs du récepteur AMHR2, étaient régulés par l’AMH (5). En effet, l’adminis- tration d’AMH dans le ventricule cérébral latéral de souris femelles induisait la sécrétion de LH (hormone lutéinisante) par l’hypophyse en stimulant l’activité

Tableau. Critères retenus par la conférence de consensus de Rotterdam pour le diagnostic

de syndrome des ovaires polykystiques (d’après [1]).

Critères Détails

Oligo-anovulation Troubles du cycle : cycles longs (35-45 jours), spanioménorrhée, aménorrhée...

Hyperandrogénie clinique ou biologique • Hirsutisme, acné sévère...

• testostérone et/ou Δ4-androstènedione

Ovaires polymicrokystiques échographiques

Au moins 1 des 2 ovaires ayant :

• volume ≥ 10 ml (Eq 5,5 cm2) et/ou

• plus de 12 microfollicules

Deux critères sur 3 sont suffisants pour retenir le diagnostic de SOPK après exclusion des autres étiologies d’hyperandrogénie et/ou de dysovulation.

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DOSSIER

des neurones hypothalamiques au niveau des corps cellulaires, mais également en modulant la sécré- tion de GnRH par les terminaisons neuroendocrines.

La sécrétion de LH par l’hypophyse était observée rapidement après l’injection d’AMH et l’adjonction d’un inhibiteur d’AMHR1 atténuait significativement cette sécrétion, indiquant qu’elle dépend d’un signal passant par le récepteur de l’AMH.

Ce travail démontre qu’une grande partie des neu- rones à GnRH expriment le récepteur de l’AMH chez la souris et chez l’homme, et que l’AMH stimule fortement l’activité électrique et de neurosécrétion de ces neurones chez la souris. Cette étude met en évidence l’augmentation de la sécrétion pulsatile de LH par une action centrale de l’AMH sur les neurones à GnRH. Cette augmentation de la pulsatilité de la LH est une caractéristique pathologique retrouvée dans de nombreux cas de SOPK. Jusque-là, l’aug- mentation de la fréquence des pics de LH dans le SOPK était attribuée à un défaut de rétroaction négative exercé par la progestérone, du fait d’une

“androgénisation hypothalamique” dès la vie fœtale.

Ces résultats montrent de manière inédite que la sécrétion de GnRH hypothalamique est régulée par l’AMH et que cette régulation pourrait être impli-

quée dans la physiopathologie de la fertilité et ouvrir ainsi des pistes pour le traitement du SOPK.

Quoi de neuf concernant le traitement ?

Les symptômes d’hyperandrogénie sont parfois très invalidants chez les femmes atteintes de SOPK.

Dans le cas d’un hirsutisme important, l’acétate de cyprotérone est volontiers proposé, associé à un estrogène naturel. Des méningiomes parfois multiples rapportés chez les femmes traitées par acétate de cyprotérone au long cours avec des doses supérieures ou égales à 25 mg/j ont entraîné une modification des habitudes de prescription (6)…

Dans l’état actuel des connaissances, il semble donc prudent de ne pas poursuivre pendant de nom- breuses années un traitement par acétate de cypro- térone à fortes doses (25 mg/j ou plus) en raison de son rôle potentiel dans la genèse de méningiomes.

Le nombre d’années limites de traitement “sans

risque” reste à déterminer.

S. Catteau-Jonard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

1. Rotterdam ESHRE/ASRM-Sponsored PCOS Consensus Workshop Group. Revised 2003 consensus on diagnostic criteria and long- term health risks related to polycystic ovary syndrome. Fertil Steril 2004;81(1):19-25.

2. Dewailly D, Lujan ME, Carmina E et al.

Definition and significance of polycystic ovarian morphology: a task force report from the Androgen Excess and Polycystic Ovary Syndrome Society. Hum Reprod Update 2014;20(3):334-52.

3. Pigny P, Gorisse E, Ghulam A et al. Com- parative assessment of five serum antimül- lerian hormone assays for the diagnosis of polycystic ovary syndrome. Fertil Steril 2016;105(4):1063-9 e3.

4. Catteau-Jonard S, Jamin SP, Leclerc A et al. Anti-mullerian hormone, its receptor, FSH receptor, and androgen receptor genes are overexpressed by granulosa cells from stimulated follicles in women with polycystic ovary syndrome. J Clin Endocrinol Metab 2008;93(11):4456-61.

5. Cimino I, Casoni F, Liu X et al. Novel role for anti-müllerian hormone in the regulation of GnRH neuron excitability and hormone secre- tion. Nature Commun 2016;7:10055.

6. Gil M, Oliva B, Timoner J et al. Risk of meningioma among users of high doses of cyproterone acetate as compared with the general population: evidence from a popula- tion-based cohort study. Br J Clin Pharmacol 2011;72(6):965-8.

Références bibliographiques

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