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Les forêts sacrées de Guinée : intégration de l’écologie pour la conservation d’un patrimoine national

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Academic year: 2021

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Les forêts sacrées de Guinée : intégration de l’écologie pour la conservation d’un patrimoine national

Fodé Salifou Soumah

To cite this version:

Fodé Salifou Soumah. Les forêts sacrées de Guinée : intégration de l’écologie pour la conservation d’un patrimoine national. Biodiversité et Ecologie. Université Toulouse 3 - Paul Sabatier, 2018. Français.

�tel-02009966�

(2)

THÈSE

En vue de l’obtention du

DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE

Délivré par l'Université Toulouse 3 - Paul Sabatier

Présentée et soutenue par

Fodé salifou SOUMAH

Le 24 octobre 2018

"Les forêts sacrées de Guinée: intégration de l'Écologie pour la conservation d'un patrimoine national"

Ecole doctorale : SDU2E - Sciences de l'Univers, de l'Environnement et de l'Espace

Spécialité : Ecologie fonctionnelle Unité de recherche :

ECOLAB - Laboratoire d'Ecologie Fonctionnelle et Environnement Thèse dirigée par

David KANIEWSKI et Kouami KOKOU

Jury

Mme Monique BURRUS, Rapporteur M. Nick MARRINER, Rapporteur

M. Adam ALI, Rapporteur Mme Michele TACKX, Examinateur M. Christophe MORHANGE, Examinateur M. David KANIEWSKI, Directeur de thèse

(3)
(4)

UNIVERSITE TOULOUSE III– PAUL SABATIER

SOUTENANCE DE THESE

DE DOCTORAT DE L ’UN IVERS ITE de TOULOUSE dé l ivré par l ’UN IVERS ITE TOULOUSE I I I – PAUL SABAT IER

Eco le doc tora le :

« Sc iences de l ’Un ivers , de l ’Env ironnement et de l ’Espace » Spéc ia l ité : Eco log ie fonc t ionne l le

Nom : SOUMAH Prénom :Fodé Salifou

Titre de lathèse : lesforêtssacrées de Guinée :intégrationde l’écologiepour la conservation d’un patrimoine national

Soutenance le:24 octobre 2018 Lieu :Toulouse (France)

Directeur de thèse :KANIEWSKI David (MCF-HDR, Ecolab-Université Paul Sabatier)

Co-directeur de thèse :KOKOU Kouami (Professeur, Université de Lomé, Togo)

JURY (préc iser la fonc t ion) :

Rapporteurs

M. Adam ALI (Professeur, Université de Montpellier 2)

M. Nick MARRINER (CR CNRS, Université de Franche-Comté) Mme Monique BURRUS (MCF, Université Paul Sabatier, Toulouse 3)

Examinateurs

Mme Michèle TACKX (Professeur, Ecolab-Université Paul Sabatier, Toulouse 3), Présidente M. Christophe MORHANGE (Professeur, CEREGE, Aix-Marseille Université)

Invitées

Mme Anne Marie TABACCHI (MCF, Ecolab-Université Paul Sabatier, Toulouse 3) Mme Patricia JARGEAT (MCF, EDB-Université Paul Sabatier, Toulouse 3)

(5)
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REMERC IEMENTS

Ce t te thèse a é té réa l isée dans le cadre d ’une bourse oc troyée par le gouvernemen t frança is à travers le Serv ice de la Coopéra t ion e t d ’Ac t ion Cu l ture l le de l ’A mbassade de France en Gu inée , e t don t la ges t ion a é té con f iée à Campus France . A tous je voudra is marquer ic i ma pro fonde gra t i tude .

Je t iens par t icu l ièremen t à remerc ier mess ieurs Dav id KAN IEWSK I e t Kouam i KOKOU d ’avo ir accep té de d ir iger ce t te thèse . Sans leur d ispon ib i l i té, leur r igueur , leurs cr i t iques e t conse i ls cons truc t i fs tou t au long de ce t te thèse , le présen t trava i l ne sera i t pas au jourd ’hu i d ispon ib le. Aux dern iers momen ts , j ’a i eu des inqu ié tudes e t des dou tes pour l ’achèvemen t de ce trava i l . I ls on t su garder leur pa t ience , me conse i l ler e t tou jours ten ir le bou t du f i l conduc teur de ce trava i l pour m ’a ider à franch ir les dern iers obs tac les qu i me para issa ient insurmon tab les .

Je t iens à remerc ier éga lemen t Pr . Adam AL I (Un ivers i té de Mon tpe l l ier 2) , Dr . N ick MARR INER (CR CNRS , Un ivers i té de Franche-Com té) e t Dr . Mon ique BURRUS (Un ivers i té Pau l Saba t ier Tou louse 3) d ’avo ir accep té le rôle de rappor teurs de ce t t e thèse . Merc i éga lemen t aux au tres membres du jury : Pr . Chr is tophe MORHANGE (CEREGE , A ix-Marse i l le Un ivers i té) , Dr . Anne-Mar ie TABACCH I (MCF , Un ivers i té Pau l Saba t ier-Tou louse 3) , Pr . M ichè le TACKX (Un ivers i té Pau l Saba t ier-Tou louse 3) , Dr . Pa tr ic ia JARGEAT (MCF , Un ivers i té Pau l Saba t ier-Tou louse 3) d ’avo ir accep té d ’exam iner ce trava i l ma lgré leurs nombreuses charges.

Je voudra is par t icu l ièremen t expr imer ma reconna issance à Mr A la in DAUTA pour son a t ten t ion depu is mes travaux de mas ter. Je le remerc ie a vec sa ma isonnée pour leur généros i té .

Mes s incères remerc iemen ts à Jean Luc PROBST e t à Franck G ILBERT , success ivemen t D irec teurs de labora to ire pour la qua l i té de l ’accue i l au se in de l ’ECOLAB .

Je t iens à remerc ier Er ic TABACCH I , E l ise VAN CAMPO e t Pa tr ic ia JARGEAT.

Leurs sugges t ions lors des réun ions du com i té de thèse m ’on t é té spéc ia lemen t u t i les.

Je do is beaucoup à Th ierry OTTO . Les échanges d ’ idées avec lu i , sa

d ispon ib i l i té e t ses encouragemen ts sur tou t à des momen ts de dou te on t é té pour mo i

une grande source de récon for t . Rég ine SAUR a tou jours ouver t grand la por te de son

bureau à tous les trava i l leurs , doc toran ts e t s tag ia ires d ’ECOLAB . J ’a i appréc ié son

humeur e t sa d ispon ib i l i té. Merc i à Frédér ic JUL IEN pour l ’ana lyse ch im ique de mes

échan t i l lons de so ls e t d ’avo ir consacré son temps à nous fa ire découvr ir cer ta ins l ieux

(7)

symbo l iques de la v i l le ‘ ’rose ’ ’ en compagn ie de sa fam i l le . Je gardera i long temps les souven irs de Serg ine PONSARD e t Maga l i GER INO pour l’ inv i ta t ion des doc toran ts gu inéens d ’ECOLAB dans leurs fam i l le s respec t ives.

Je remerc ie tous le personne l, les techn ic iens e t les co l lègues doc toran ts d’ECOLAB en généra l e t de DYNAB IO en par t icu l ier pour leur a ide e t leur d ispon ib i l i té à tou t momen t . Je me souv iendra i tou jours de Mme Va lér ie TR ICHON, ‘ ’pa ix à son âme’ ’ qu i ava i t une rée l le mo t iva t ion de con tr ibuer à ce trava i l .

J ’a i auss i béné f ic ié des idées de Dr ADJONOU K . , SEGLA K . e t KOMLA A .E , tous co l labora teurs de Pr K . KOKOU de l ’Un ivers i té de Lomé . A eux tous merc i .

Ce t te thèse es t une su i te log ique du mas ter de B iod ivers i té & Eco log ie de l ’ ’un ivers i té de Kankan don t l ’appu i techn ique a é té assuré par l ’Un ivers i té Pau l Saba t ier de Tou louse à travers ECOLAB. Je t iens à remerc ier le Pr Kaba S ID IBE de l ’Un ivers i té de Kankan , in i t ia teur dud i t mas ter , e t les au tor i tés de l ’un ivers i té de Kankan pour m ’avo ir perm is de sa is ir ce t te oppor tun i té de forma t ion e t pour leur sou t ien .

Merc i à Dr Youssou f CAMARA , bo tan is te sys téma t ic ien , à Dr S id ik i KOUROUMA , soc io logue e t à Mr Saa Rober t KAMANO , pédo logue, tous de l ’Un ivers i té de Kankan qu i m ’on t souven t accompagné lors des m iss ions de terra in .

Ma fam i l le a largemen t con tr ibué à l ’abou t issemen t de ce trava i l . Comb ien de fo is , je ressen ta is les marques d ’a f fec t ion , d ’encouragemen ts e t de sou t iens de m on épouse , ma f i l le , mes frères e t sœurs . J ’ imag ine que merc i ne su f f i t pas pour expr imer ce que je do is à ce t te fam i l le pour avo ir endossé tan t de pe ines lors de mes sé jours lo in d ’e l le . Grand merc i à mes paren ts qu i m ’on t sco lar isé e t encadré . Au jourd ’hui , aucun d ’eux n ’es t en v ie . Perme t tez-mo i de leur rendre hommage e t de pr ier pour le repos de leurs âmes .

Je su is tou t par t icu l ièremen t reconna issan t aux communau tés v i l lageo ises qu i on t accep té l ’é tude de leurs forê ts sacrées e t sans la b ienve i l lance desque l les les in forma t ions co l lec tées ne sera ien t pas d ispon ib les.

Ce trava i l , je le do is auss i à l ’ inspec t ion rég iona le de l ’env ironnemen t , des eaux e t forê ts de Kankan e t à la d irec t ion na t ion des eaux e t forê ts . Mess ieurs Sou leymane KOUROUMA e t A lka ly BANGOURA son t deux personna l i tés de ces serv ices respec t i fs qu i on t favor isé la coopéra t ion e t les échanges d ’ idées .

En fin , je souha i te v ivemen t que ce trava i l so i t u t i le e t a ide à m ieux appréhender

(8)

Tab le des ma t ières

REMERC IEMENTS………. 1

L ISTE DES F IGURES………. 6

L ISTE DES TABLEAUX………. 8

L ISTE DES ANNEXES………

9

RESUME………. . . 11

ABSTRACT………. . . . 13

INTRODUCT ION GENERAL E………. . . . 15

CHAP ITRE I : CADRES CONCEPTUEL ET GEOGRAPH IQUE DE L’ETUDE ……. 21

I.1DEFINITIONSDEQUELQUESNOTIONS………

21

1.1 Forêt sacrée (historique, définitions et rôles) ...

21

1.2 Sacralisation d’unlieu ...

22

1.3 Statut des forêts sacrées danslalégislation guinéenne ...

23

1.4 Gestion durable des forêts ...

24

1.5 Diversité biologique ou biodiversité ...

24

1.6 Anthropisation ...

25

1.7 Conservation dela biodiversité ...

25

I.2PRESENTATIONDELAZONED’ETUDE ...

27

2.1 Présentation dela Guinée ...

27

2.2 Présentation dela Haute Guinée ...

29

CHAP ITRE I I . ETUDE DU CONTEXTE SOC IOCULTUREL DES FORETS SACREES FAVORABLE A LA CONSERVAT ION………. . 41

II.1INTRODUCTION...

41

II.2METHODES DECOLLECTEETD’ANALYSEDESDONNEES ...

42

II.3RESULTATS ...

44

3.1 Historique dela mise en place des forêts sacrées étudiées ...

44

3.2 Typologie des forêts sacrées étudiées ...

46

3.3 Perceptions des populations surl’importance des forêts sacrées ...

47

3.4 Modes de gestion en cours : savoirs, pratiques et règlementationlocaux ...

53

II.4DISCUSSION ...

56

(9)

4.1 Origine socioculturelle etimportances des forêts sacrées ...

56

4.2 Gestionlocale des forêts sacrées ...

57

II.5CONCLUSION ...

58

CHAP ITRE I I I . ANALYSE DES MENACES ET PRESS IONS ANTHROP IQUES SUR LES FORETS SACREES………. 61

III.1INTRODUCTION...

61

III.2METHODES DECOLLECTEETD’ANALYSEDESDONNEES ...

62

III.3RESULTATS ...

63

3.1 Perceptions dela populationlocale surles contraintes de gestion ...

63

3.2 Activités socio-économiques etleurincidence surles forêts sacrées ...

65

3.3 Perceptions des populations surles mesures de gestion future ...

72

III.4DISCUSSION ...

72

III.5CONCLUSION ...

74

CHAP ITRE IV . ETUDE DES FACTEURS DE D ISTRI BUT ION SPAT IALE DES GROUPEMENTS VEGETAUX DANS LE PAYSAGE DES FORETS SACREES…. . 75

IV.1INTRODUCTION...

75

IV.2METHODESDECOLLECTEETD’ANALYSE DESDONNEES ...

76

2.1 Relevés écologiques ...

77

2.2 Relevés floristiques ...

78

2.3 Méthodes d’analyse des données ...

78

IV.3RESULTATS ...

80

3.1 Groupements végétaux ...

80

3.2 Facteurs écologiques majeurs de distribution des groupements ...

84

3.3 Analyse du spectre biologique des groupements végétaux ...

86

3.4 Analyse du spectre phytogéographique des groupements végétaux ...

88

IV.4DISCUSSION ...

89

4.1 Groupements végétaux des forêts galeries ...

89

4.2 Groupements végétaux des forêts sur terre ferme ...

90

4.3 Groupements des végétations environnantes des forêts sacrées ...

91

4.4 Spectres biologique et phytogéographique des groupements ...

91

IV.5CONCLUSION ...

93

(10)

CHAP ITRE V . CARACTERIST IQUES STRUCTURALE S ET D IVERS ITE

FLOR IST IQUE DES S ITES ETUD IES………95

V.1INTRODUCTION...

95

V.2METHODEDECOLLECTE ETD’ANALYSEDESDONNEES ...

96

V.3RESULTATS ...

100

3.1 Caractéristiques structurales des peuplements ...

100

3.2 Caractéristiques floristiques des sites étudiés ...

122

3.3 Contribution des forêts sacrées àla conservation dela biodiversité ...

129

V.4DISCUSSION ...

130

4.1 Caractéristiques structurales ...

130

4.2 Caractéristiques floristiques ...

132

4.3 Rôle conservateur des forêts sacrées ...

133

V.5CONCLUSION ...

133

CHAP ITRE V I . SYNTHESE ET D ISCUSS ION GENERALE………135

VI.1PERCEPTIONS LOCALES SUR LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES...

135

VI.2CONTRAINTES DE LA GESTION TRADITIONNELLE DES RESSOURCES FORESTIÈRES...

137

VI.3CARACTÉRISTIQUES ÉCOLOGIQUES DES SITES SACRÉS...

139

VI.4CARACTÉRISTIQUES STRUCTURALES DES PEUPLEMENTS ÉTUDIÉS...

143

VI.5QUAND LES FORÊTS SACRÉES CONTRIBUENT À LA CONSERVATION...

146

CONCLUS ION GENERALE ET PERSPECT IVE………. . . 148

REFERENCES B IBL IOGRAPH IQUES………

155

ANNEXES………

. .

..

. 175

(11)
(12)

L iste des f igures

………..……….

F igure 1. Présen ta t ion généra le de la Gu inée

F igure 2 . D is tr ibu t ion terr i tor i a le des pr inc ipaux groupes e thn iques de la Gu inée F igure 3. Car te du re l ie f de la Hau te Gu inée

F igure 4. Car te des préc ip i ta t ions de la Hau te Gu inée F igure 5. Types de so ls de la Hau te Gu inée

F igure 6. Réseau hydrograph ique de la Hau te Gu inée F igure 7 . Végé ta t ion de la Hau te Gu inée

F igure 8 . S i tes des forê ts sacrées é tud iées

F igure 9. Approche « d 'accès » à l 'é tude d ’une forê t sacrée chez les Ma l inkés

F igure10. Impor tance des forê ts sacrées se lon les percep t ions des popu la t ions loca les F igure 11. Ca tégor ies d ’usages des p lan tes recensées

F igure 12. Ca tégor ies d ’usages d es an imaux recensés F igure 13. Menaces pesan t sur les forê ts sacrées

F igure 14. Ana lyse d iachron ique (1990 e t 2017) de la dynam ique spa t ia le de la forê t sacrée ‘ ’Wrouwroutou ’ ’ de D iankana

F igure 15 . Ana lyse d iachron ique (1990 e t 2017) de la dynam ique spa t ia le de la forê t sacrée ‘ ’Ko lonba tou ’ ’ de T in t iou lenkoro

F igure 16 . Ana lyse d iachron ique (1990 e t 2017) de la dynam ique spa t ia le de la forê t sacrée ‘ ’Komagbèntou ’ ’ de T in t iou lenkoro

F igure 17 . Ana lyse d iachron ique (1990 e t 2017) de la dynam ique spa t ia le de la forê t sacrée ‘ ’Toukouna’ ’ de Dossor i

F igure 18. Pr inc ipa le s sources d ’approv is ionnemen t en ressources fores t ières

F igure 19 . Propos i t ions des mesures de la ges t ion fu ture des forê ts sacrées se lon les popu la t ions loca les

F igure 20. Modè le d 'échan t i l lonnage app l iqué dans chaque s i te d ’observa t ion F igure 21. Dendrogramme mon tran t la c lass i f ica t ion des 128 re levés f lor is t iques e f fec tués dans la zone d ’é tude

F igure 22. ACP représen tan t la re la t io n en tre les groupemen ts végé taux e t les pr inc ipa les var iab les env ironnemen ta les

F igure 23. D is tr ibu t ion des groupemen ts végé taux su ivan t le grad ien t édaph ique

F igure 24. Spec tre b io log ique des groupemen ts végé taux : Type morpho log ique (A) e t

Type b io log ique (B)

(13)

F igure 25. Spec tre phy togéograph ique des groupemen ts végé taux

F igure 26. D is tr ibu t ion des arb res en fonc t ion des c lasses de d iamè tre (a) e t de hau teur (b)

F igure 27. Dens i tés e t sur faces terr ières re la t ives des espèces dans les forê ts ga ler ies

F igure 28. Dens i tés e t sur faces terr ières re la t ives des espèces dans les forê ts sur terre ferme

F igure 29. Boxp lo t rep résen tan t le d iamè tre moyen des arbres en fonc t ion des zones de re levés dans les d i f féren ts s i tes d ’observa t ion

F igure 30. Boxp lo t représen tan t la hau teur moyenne des arbres en fonc t ion des zones de re levés dans les d i f féren ts s i tes d ’observa t ion

F igure 31. Boxp lo t représen tan t le d iamè tre (A) et la hau teur (B) des arbres un iquemen t des forê ts

F igure 32. D is tr ibu t ion spa t ia le des espèces à grand Ind ice de Va leur d ’ Impor tance ( IV I) dans le s i te de D iankana

F igure 33. D is tr ibu t ion spa t ia le des espèces à grand Ind ice de Va leur d ’ Impor tance ( IV I) dans le s i te « Ko lonba tou »

F igure 34. D is tr ibu t ion spa t ia le des espèces à grand Ind ice de Va leur d ’ Impor tance ( IV I) dans le s i te « Komagbèn tou »

F igure 35. D is tr ibu t ion spa t ia le des espèces à grand Ind ice de Va leur d ’ Impor tance ( IV I) dans le s i te de Dossor i

F igure 36. Boxp lo t représen tan t l ’âge moyen des peup lemen ts fores t iers é tud iés F igure 37. Mor t na ture l le ou provoquée des arbres dans les forê ts sacrées é tud iées F igure 38. R ichesse f lor is t ique en fonc t ion des zones de re levés dans les d i f féren ts s i tes d ’observa t ion

F igure 39. R ichesse f lor is t ique des d i f féren tes forê ts sacrées

F igure 40. B i lan f lor is t i que des pr inc ipa les zones de re levés de tous si tes con fondus

F igure 41. Courbes d ’accumu la t ion e t de raré fac t ion des espèces en fonc t ion des

s i tes d ’observa t ion

(14)

L iste des tab leaux

………. ………. . . . Tab leau 1. E f fec t i f des personne s in terrogées par v i l lages e t à propos des d i fféren tes forê ts sacrées

Tab leau 2 . Règ lemen ta t ion cou tum ière en v igueur pour la ges t ion des forê ts sacrées Tab leau 3 . Menaces pesan t sur les forê ts sacrées révé lées par les popu la t ions

Tab leau 4. Taux d 'accro issemen t annue l moyen en d iamè tre (TA .A .M .D) des espèces u t i l isées pour es t imer l ’âge moyen des peup lemen ts fores t iers é tud iés

Tab leau 5. Dens i té s e t sur faces t err ières moyennes en fonc t ion des zones de re levés au n iveau des d i f féren ts s i tes d ’observa t ion

Tab leau 6. Syn thèse de la dens i té e t de la sur face terr ière moyennes des forê ts , des l is ières fores t ières e t des végé ta t ions env ironnan tes des forê ts dans d i f féren ts s i tes d ’observa t ion

Tab leau 7. Présen ta t ion de la r ichesse spéc i f ique des l igneux en fonc t io n des zones de re levés e t des s i tes d ’observa t ion

Tab leau 8. Présen ta t ion de la r ichesse spéc i f ique des l igneux un iquemen t des forê ts

Tab leau 9. L is te des essences à bo is d ’œuvre recensées dans les forê ts sacrées

Tab leau 10. L is te des espèces menacées en Gu inée re trouvées dans les forê ts

sacrées é tud iées

(15)

L iste des annexes

………. . ANNEXE 1. Gu ide d ’enquê tes soc io log iques e t e thnob io log iques

ANNEXE 2 . Gu ide d ’en tre t ien des agen ts de l ’adm in is tra t ion fores t ière sur la ges t ion des forê ts sacrées

ANNEXE 3. F iche de descr ip t ion du m i l ieu

ANNEXE 4. L is te des p lan tes en fonc t ion des pr inc ipa les ca tégor ies d ’usages par les popu la t ions loca les

ANNEXE 5. L is te des an imaux en fonc t ion des pr inc ipa les ca tégor ies d ’usages par les popu lat ions loca les

ANNEXE 6. Syn thèse des carac tér is t iques éco log iques e t f lor is t iques des groupemen ts végé taux

ANNEXE 7A. D is tr ibu t ion des espèces se lon leurs ind ice s de va leur d ’ impor tance ( IV I) dans le s i te de D iankana

ANNEXE 7B. D is tr ibu t ion des espèces le urs ind ice s de va leur d ’ impor tance ( IV I) dans le s i te ‘ ’Ko lonba tou ’ ’ de T in t iou lenkoro

ANNEXE 7C. D is tr ibu t ion des espèces leurs ind ice s de va leur d ’ impor tance ( IV I) dans le s i te ‘ ’Komagbèn tou ’ ’ de T in t iou lenkoro

ANNEXE 7D. D is tr ibu t ion des espèces leurs i nd ices de va leur d ’ impor tance ( IV I) dans le s i te de Dossor i

ANNEXE 8 . Que lques ind ices de d ivers i té ca lcu lés en fonc t ion des p lace t tes e t des zones de re levés au se in des s i tes d ’observa t ion

ANNEXE 9 . L is te généra le des espèces de p lan tes inven tor iées

ANNEXE 10. Ind ice de raré fac t ion (R I) des espèces recensées dans les forê ts

sacrées é tud iées

(16)

RESUME

Il est clairement établi queles forêts à caractère sacré ne sont pas que des créations socioculturelles émanant de sociétés traditionnelles comme cadre privilégié d’accomplissement de diverses cérémonies rituelles, mais représentent aussi desformes locales de conservation dela biodiversité. C’est ce dernier rôle qui attire toutel’attention des institutionsinternationales, des états et des scientifiques. Bien que detellesforêts aient été largement étudiées en Asie et dans d'autres parties del'Afrique, notre compréhension des forêts sacrées dela Guinée reste pauvre. En effet, ces forêts sont placées, en raison deleur statut sacré, sousl’entière responsabilité des communautéslocales et nonl’état.

Dans cetravail dethèse, quatre cas représentatifs ont été retenus en Haute Guinée, dansles localités proches de Kankan. C’estl’une desrégions dontles écosystèmes sontles plus anthropisés parl’agriculture etles activités minières. Les villages de Diankana, Tintioulenkoro et Dossorifont partie des rares où desforêts à caractère sacré sont encore maintenues. L’objectif de cettethèse est de diagnostiquerles valeurs socioculturelles et écologiques de cesforêts, dans un contextelocalfort d’anthropisation, en vue deleur documentation et de l’élaboration des stratégies d’une gestion durable. Plusieurs approches méthodologiques ont été utilisées : enquêtes sociologiques et ethnobiologiques, inventaires écologiques et botaniques.

L’étuderévèle un mode de gestion desforêts sacrées qui connaît une évolution chezles Malinkés, reposant à la fois sur des ‘’codes mythiques’’ et des lois définies par la législation traditionnelle. Larigueur dansla gestion etlerôle desforêts pourles populations sont des atouts. Toutefois,les mutations socialesrelativementrécentes,l’agriculture etl’urbanisation fragilisentle système et pénalisentla conservation. L’analyse diachronique démontre qu’au cours de cestrois dernières décennies,le couvertforestier del’ensemble des sites sacrés étudiés a connu unrecul moyen d’environ 40 % deleur superficieinitiale parl’agriculture et l’urbanisation.

Les résultats ont aussi permis d’identifier douze groupements végétaux dont cinq forestiers et sept caractérisantles végétations environnantes(agrosystèmes et endroits habités). L’étude révèlela dominance des espèces afro-tropicales, guinéo-congolaises etsoudaniennes. Laforte proportion de ces dernières témoigne de l’influence majeure de l’ensemble de la zone soudano-guinéenne. La géomorphologie, la texture, l’humidité du sol, le microclimat et l’anthropisation sontles plus significatifs dansla distributionlocale des végétaux.

L’analyse des peuplementsligneuxrévèle une structure hétérogène décroissanteindiquant une bonne régénération naturelle. La plus forte densité des arbres est observée dansla forêt de terre ferme de Dossori (325 ± 153,3 tiges/ha) etla plus forte surface terrière, dansla forêt

(17)

galerie de Tintioulenkoro(53,9 ± 32,5 m2/ha). Le diamètre moyen varie d’uneforêt àl’autre entre 21,48 ± 10,12 et 48,58 ± 30,21 cm. Parmiles espèces à grande valeur écologique, figurent: Carapa procera, Cola cordifolia, Erythrophleum suaveolens, Isoberlinia doka, Anthonotha crassifolia et Garcinia ovalifolia. L’âge des peuplementsrévèle quelesîlots de Tintioulenkoro sont plus matures (67 et 57 ans) que ceux de Diankana et de Dossori (39 et 33 ans).

La richesse floristique totale des forêts sacrées étudiées est de 242 espèces, 187 genres et 64familles. Le rôle conservateur de cesforêts est aussi vérifié parla présence de 16 espèces menacées, 30 espècesinconnues auparavant dans cette partie dela Guinée et 4 espèces non signalées dansle pays d’aprèsla Flore de la Guinée. Ces forêts sacrées sont parmiles plus riches d’Afrique.

Mots c lés : Forê t sacrée - Conserva t ion - Fac teurs éco log iques – B iod ivers i té – Hau te

Gu inée

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ABSTRACT

It has been widely reported that sacred forests are notjust socio-cultural creations emanating from traditional societies as a privileged setting for ritual ceremonies, but that they also representimportantlocal forms of biodiversity conservation. In recent decades,itis thislatter role that has attracted the attention ofinternationalinstitutions, states and scientists. Although such forests have been widely studiedin Asia and other parts of Africa, our understanding of Guinea’s sacredforestsremains poor becauselocal communities, notthe state, manage them. In effect, because of the sacred status of these forests, the state favours local management strategies byindividual communities.

In this thesis, four representative case studies of the sacred forests of Upper Guinea,located near Kankan, are studied. The region’s ecosystems have been profoundly affected by human impacts, notably agriculture and mining. The villages of Diankana, Tintioulenkoro and Dossori, wheretheseforests are amongstthefew areasto conserve sacredforests.

The aim of this thesisis to probe the socio-cultural and ecological values of the forests,in a local context of strong human pressures, with a view to their documentation and the elaboration of sustainable management strategies. Several methodological approaches have been used: sociological and ethno biological surveys, ecological and botanicalinventories. The study elucidates a mode of management of these sacred forests by an ethnic group, the Malinkés, whichis based on both "mythical codes" andlaws defined by traditionallegislation. Therigor of this management system, andthe socio-culturalimportance oftheseforestsfor local populations,favourstheir conservationinthe wider context of profound human pressures on the environment. However, social changes in recent years appear, agriculture and urbanisationto have weakenedthis management system and exposedthe area’s sacred foreststofactorsthat precludetheir effective conservation.The diachronic analysis showsthat over thelast three decades, the forest cover of all sacred sites studied has decreased byjust over 40% oftheirinitial area by agriculture and urbanization.

The results alsoidentifiedtwelve plant groups,five of which wereforested and seven of which are characteristic of degraded vegetation aroundthese sacredforests. The groupings ofthe peripheral zones of the forests correspond to agrosystems and ruderal vegetation. The study oftheflora ofthe different plant groups highlightsthe dominance of Afro-tropical species, Guinean-Congolese and Sudanese. Thisfinding underlinesthe majorinfluence ofthe entire Sudano-Guinean zone. Geomorphology, texture, soil moisture, light, and human impacts are more significantin explainingthe distribution of plant communities atthelocal scale.

Overall, the analysis shows that the stands studied are characterized by a decreasing heterogeneous structureindicating good natural regeneration. The highest density of treesis

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foundinthe drylandforest of Dossori (325 ± 153.3 trees/ha) andthe highest basal areainthe Kolonbatouforest (53.9 ± 32.5 m2/ha). The average diameter oftheforests varies between 21.48 ± 10.12 and 48.58 ± 30.21 cm. Amongthe species of high ecological value are: Carapa procera, Cola cordifolia, Erythrophleum suaveolens, Isoberlinia doka, Anthonotha crassifolia and Garcinia ovalifolia. This study also showsthatthe stands of Tintioulenkoro are more mature (67 and 57 years) than those of Diankana and Dossori, respectively 39 and 33 years old.

242 species, 187 genera and 64familiesrepresentthetotalfloristic diversity ofthe sacred forests studied. Theimportant conservation role of these forestsis confirmed by the presence of 16 speciesthreatened, 30 species previously unknown,inthis part of Guinea, and 4 species not reportedin the country according to the Flora of Guinea. These sacred forests are among the richestin Africa.

Keywords: Sacred Fores t - Conserva t ion - Eco log ica l Fac tors - B iod ivers i ty - Upper

Gu inea

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INTRODUCT ION GENERALE

La conserva t ion de la b iod ivers i té es t l ’un des en jeux ma jeurs du 21

ème

s ièc le . Les écosys tèmes fores t iers son t par t icu l ièremen t concernés . I ls couvren t env iron 30 % des terres émergées du g lobe e t ren fermen t env iron 75 % de tou te la b iod ivers i té terres tre , no tammen t les forê ts trop ica les (FAO , 2014) . Depu is que lques décenn ies , les organ ismes in terna t ionaux e t les en trepr ises é ta t iques, s ’ ouvran t sur les ques t ions de déve loppemen t e t de conserva t ion, son t souven t con fron tés aux prob lèmes de ges t ion des ressources na ture l les dans les pays en vo ie de déve loppemen t lors de la m ise en œuvre de s tra tég ies que lque fo is inadap tées aux réa l i tés loca les (Condé , 1997) .

Dès les années 1980 , les forê ts d i tes « sacrées » on t a t t iré l ’a t ten t ion d ’ins tances in terna t iona les , te l le que l ’Unesco , no tammen t sur le po t en t ie l l ié à la conserva t ion de la b iod ivers i té (Ramakr ishnan e t a l ., 1998) . D’au tres ins tances , don t l ’Organ isa t ion des Na t ions-Un ies e t ses agences , le Fonds pour l ’Env ironnemen t Mond ia l (FEM) , le Fores t S tewardsh ip Counc i l (FSC) , l 'Un ion In terna t iona le pour la Conserva t ion de la Na ture (U ICN), l ’ Organ isa t ion In terna t iona le des Bo is Trop icaux (O IBT) ag issen t de concer t avec des Eta ts e t de nombreuses ONG loca les par des ac tes de reconna issance e t de sou t ien de pro je ts des forê ts sacrées (Jenn ings e t a l ., 2003 ; UNESCO-MAB , 2003 ; Ibo , 2005 ; M .E .M , 2010 ; Hunye t , 2013) . L ’un des ac tes les p lus for ts es t la conven t ion sur la d ivers i té b io log ique adop tée lors du Somme t de la Terre à R io en 1992 (Na t ions Un ies , 1992). Ce t te conven t ion fa i t ré férence à la conserva t ion in s i tu dans son ar t ic le 8 , en préc isan t dans l ’une des mesures énoncées

« le respec t , la préserva t ion e t le ma in t ien des conna issances , innova t ions e t pra t iques des communau tés au toch tones e t loca les qu i incarnen t des modes de v ie trad i t ionne ls p résen tan t un in térê t pour la conserva t ion e t l 'u t i l isa t ion durab le de la d ivers i té b io log ique… ». Depu is ce somme t, des pra t iques e t savo irs locaux u t i les pour la conserva t ion son t de p lus en p lus reconnus (Baz i le , 2014). Les forê ts à carac tère sacré on t ex is té en Europe (Chandrashekara e t Sankar , 1998) e t son t tou jours présen tes en As ie du Sud e t du Sud-Es t , en A fr ique e t en Amér ique la t ine (Garc ia e t a l. , 2006) .

En As ie du Sud e t du Sud-Es t , l ’ in térê t pour ces forê ts s ’es t tradu i t par la mu l t ip l ica t ion

des recherches sur leur rô le éco log ique (Gadg i l e t Var tak , 1974 ; Chandran e t

Hughes , 1997 ; Chandrashekara e t Sankar , 1998 , Swamy e t

al

. , 2003) . En A fr ique , de

nombreux pays te ls que le Ben in , le Togo , la Cô te d ’ Ivo ire , le Burk ina Faso, le Ghana ,

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le Cameroun e t le Kenya s ’y son t auss i in téressés (Gu inko , 1985 ; Camara , 1994 ; Kokou , 1998 ; Kokou e t a l ., 2005 ; Hamberger , 2006 ; Opoku , 2007 ; Juhé -Beau la ton , 2008 ; Sa lpe teur , 2010 ; Ad jakpa e t a l. , 2013 ; Adongo , 2016) . Ce t te l i t téra ture témo igne d ’une pr ise d e consc ience sc ien t i f ique l iée à la conserva t ion de ces écosys tèmes p lur isécu la ires .

Cependan t , dans cer ta ins pays , no tammen t la Gu inée , les é tudes son t sur tou t concen trées sur les écosys tèmes de façon généra le ou sur les a ires pro tégées d ’E ta t (Adam , 1948 ; Fa irhead and Leach , 1994 ; Leach and Fa irhead , 1994 ; Bonne t , 1997 ; S id ibé , 1997 ; U ICN /PACO , 2008 ; D ia l lo , 2011 ; S id ibé e t Gu inko , 2015). Les forê ts sacrées qu i n ’on t pas le s ta tu t é ta t ique son t très peu cons idérées dans les s tra tég ies na t iona les de conserva t ion . Les rares travaux d ispon ib les sur ces forê ts ne s ’ in téressen t qu ’aux aspec ts soc iocu l ture ls e t économ iques (Ga isseau , 1954 ; Fa irhead and Leach , 1996 ; Condé , 1997 ; Bere té , 1998 ; Sow , 1999 , Fo fana e t a l . , 1999 ; D iouba té , 2002 ; Sow , 2003 , Lec iak , 2006) . Les aspec ts éco log iques demeuren t très peu connus vo ire inconnus . Pour tan t , perçues à la fo is comme des

« ob je ts éco log iques » e t des « cons truc t ions soc ia les » , leur conna issance nécess i te l ’ in terac t ion des sc iences éco log iques ma is éga leme n t soc ia les (Garc ia e t a l. , 2006) . Les pr inc ipaux dé f is de la ges t ion des forê ts sacrées en Gu inée son t résumés d ’après la monograph ie na t iona le sur la d ivers i té b io log ique (Bah e t a l. , 1997) comme su i t : 1) l ’augmen ta t ion des press ions ou menaces pesan t sur ces sys tèmes ;

2) la fa ib lesse des conna issances éco log iques ou b io log iques de ces écosys tèmes ; 3) l ’absence ou la fa ib le imp l ica t ion de l ’E ta t dans leur ges t ion .

Les recherches éco log iques sur les forê ts sacrées de Gu inée , p lus par t icu l ièremen t de

l a Hau te Gu inée, cadre de ce trava i l , pourra ien t donc avo ir un doub le en jeu : en

prem ier , e l les con tr ibuera ien t à comb ler le « v ide l i t téra ire » . En second, e l les

a idera ien t , en termes d ’app l ica t ion , à l ’é labora t ion de s tra tég ies de ges t ion m ieux

adap tées . Ce t te rég ion, en ra ison de son fa ib le po ten t ie l fores t ier e t de sa répu ta t ion

is lam ique en Gu inée es t très peu connue . L ’exp lo i ta t ion des jachères e t des î lo ts

fores t iers pour la m ise en p lace des p lan ta t ions d ’anacard ier , v ient s ’a jou ter aux

anc iennes prat iques agr ico les ex tens ives sur brû l is , aux feux de brousse , à

l ’exp lo i ta t ion m in ière peu con trô lée e t à l ’ impor tan te consomma t ion de bo is de chau f fe

dans les grandes agg loméra t ions posen t d ’énormes prob lèmes aux ges t ionna ires des

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espaces e t des ressources na ture l les de ce t te rég ion (Es teve e t a l. , 1989 ; Barry e t a l. , 1999). Le cho ix de ce t te rég ion appara î t donc comme une « urgence » .

Dans le temps , nombreux pro je ts appuyés par les serv ices pub l ics ava ien t or ien tés leurs ac t ions vers la Hau te Gu inée . C ’es t le cas du programme « Bass in versan t » à t i tre d ’exemp le qu i ava i t in i t ié e t sou tenu la m ise en p lace de nombreuses forê ts communau ta ires ou v i l lageo ises qu i n ’on t pas forcémen t de carac tère sacré . Se lon nos enquê tes auprès de la D irec t ion Rég iona le de l’Env ironnemen t , des Eaux e t Forê ts de Kankan , cer ta ines parm i ces forê ts v i l lageo ises son t encore pro tégées par les popu la t ions loca les . Cependan t , nombreux v i l lages n ’on t pas pu pérenn iser les in i t ia t ives de « Bass in versan t ». Su i te à la demande des popu la t ions loca les , l ’adm in is tra t ion pub l ique en charge des forê ts , poursu i t ces ac t ions dans la rég ion en ér igean t cer ta ines forê ts sacrées en forê ts communau ta ires pour leur reconna issance par l ’E ta t . Ma is ce processus avance à pe ine parce que nombreux son t encore les v i l lages qu i hés i ten t à s ’engager avec l ’adm in is tra t ion au tour de la ges t ion commune des forê ts sacrées, au r isque de perdre l ’au tor i té trad i t ionne l le de la ges t ion . Ce qu i cons t i tue un blocus pour les agen ts de l ’é ta t qu i observen t une cer ta ine réserve dans la ges t ion des forê ts sacrées don t la responsab i l i té en t ière rev ien t aux communau tés loca les . Le Parc Na t iona l du Hau t N iger en Gu inée e t des forê ts c lassées de l ’E ta t ex is ten t dans ce t te rég ion , ma is en sou f france par incompa t ib i l i té des stra tég ies de ges t ion avec les réa l i tés soc ioéconom iques loca les (D ia l lo , 2011) .

La conserva t ion de la b iod ivers i té préoccupe tan t les sc ien t i f iques que les

ges t ionna ires de ce t te rég ion . Cependan t , aucun programme sc ien t i f ique d ’é tude de

ces forê ts n ’es t en p lace en vue d ’une produc t ion impor tan te de conna issances dans

l ’ob jec t i f d ’é laborer des s tra tég ies d ’une ge s t ion p lus e f f icace de ce pa tr imo ine. La

pos i t ion de ce t te zone en éco tone des doma ines soudan ien e t gu inéen , de même

l ’ impor tance de la d ivers ité f lor is t ique des re l iques fores t ières en zones de savanes ,

cons t i tuen t un terra in d ’é tude idéa l pour ten ter de comprendre les fac teurs locaux de

d ivers i té b io log ique. Ce trava i l se propose donc d ’ in trodu ire sur tou t les recherches

éco log iques appro fond ies sur les écosys tèmes re la t ivemen t long temps gérés par les

sys tèmes trad i t ionne ls qu i commencen t à ê tre a f fa ib l is par une an throp isa t ion

re la t ivemen t récen te e t for te. Ce l le-c i appara î t comme une s i tua t ion dé favorab le pour

la conserva t ion , ma is idéa le pour appréc ier la capac i té des communau tés loca les à

gérer les ressources na ture l les dans un contex te de for te an throp isa t ion .

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Les forê ts sacrées des v i l lages de D iankana , de T in t iou lenkoro e t de Dossor i, ob je t de ce t te é tude , son t des rares forma t ions fores t ières na ture l les, ma in tenues dans les env ironnemen ts for temen t an throp isés , les loca l i tés proches de Kankan. I l es t donc nécessa ire de conna î tre dans ce con tex te loca l for t d ’an throp isa t ion, que ls fac teurs exp l iquen t m ieux la répar t i t ion spa t ia le de la d ivers i té b io log ique e t le ma in t ien des î lo ts fores t iers . Pour m ieux cerner ce t te ques t ion cen tra le , des ques t ions subs id ia ires on t é té posées , à savo ir : 1) Que ls son t les modes de ges t ion trad i t ionne ls ayan t favor isé le ma in t ien de c es forêts ? 2) Que l les son t les press ions e t les menaces pesan t sur ces forê ts ? 3) Que ls fac teurs éco log iques exp l iquen t m ieux la d is tr ibu t ion spa t ia le loca le de la b iod ivers i té végé ta le ? 4) Commen t ces forê ts sacrées con tr ibuen t-e l les à la conserva t ion de la b iod ivers i té ? Au tan t de ques t ions don t les réponses a idera ien t à m ieux conna î tre e t conserver ce pa tr imo ine na ture l .

L ’hypo thèse pr inc ipa le de trava i l préd i t que les fac teurs éco log iques dé term inen t le con tenu f lor is t ique de ces î lo ts fores t iers e t que les fac teurs soc iocu l ture ls ou an thropo log iques exp l iquent leur conserva t ion dans les paysages for temen t an throp isés . L ’é tude cons is te à vér i f ier que : 1) l ’ impor tance des forê ts sacrées pour les popu la t ions loca les e t les mécan ismes de ges t ion loca le son t favorab les à la conserva t ion ; 2) les press ions e t les menaces pesan t sur les forê ts sacrées de la Hau te Gu inée son t cons idérab les au cours de ces dern ières décenn ies e t d ’or ig ine an throp ique ; 3) les fac teurs éco log iques na ture ls con trô len t la dynam ique d es î lo ts fores t iers (m i l ieux pro tégés) , a lors que le res te du paysage es t con trô lé par l ’ in terven t ion huma ine ; 4) la s truc ture e t la compos i t ion f lor is t ique de ces forê ts con tr ibuen t à la conserva t ion de la b iod ivers i té végé ta le dans l ’env ironnemen t loca l . L ’ob jec t i f de ce t te thèse es t de d iagnos t iquer les carac tér is t iques soc iocu l ture l les e t éco log iques des forê ts sacrées en vue de leur documen ta t ion e t l ’é labora t ion de s tra tég ies per t inen tes pour une ges t ion p lus durab le . Il s ’ag i t :

! d ’ana lyser le con tex te soc iocu l ture l favo rab le à la ges t ion des forê ts sacrées ;

! d’éva luer les press ions e t les menaces pesan t sur ces forê ts ;

! de dé term iner les fac teurs éco log iques responsab les de la d is tr ibu t ion spa t ia le des groupemen ts végé taux dans les env ironnemen ts é tud iés ;

! d ’éva luer les carac tér is t iques s truc tura les e t f lor is t iques de ces forê ts par rappor t

aux végé ta t ions env ironnan tes .

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I ntroduct ion généra le : le con tex te , la prob l éma t ique généra le e t loca l e jus t i f ian t la réa l isa t ion de ce trava i l son t énoncés dans ce t te par t ie . Les ques t ions , les hypo thèses e t les ob jec t i fs de recherches son t auss i exp l ic i tés dans ce t te par t ie .

Chap itre I : le chap i tre 1 présen te le cadre concep tue l e t géograph ique de l ’é tude . Chap itre I I : ce chap i tre concerne l ’étude du con tex te h is tor ique e t soc iocu l ture l favorab le à la ges t ion des forê ts sacrées . La typo log ie des forê ts sacrées chez les ma l inkés , la percep t ion des popu la t ions loca les sur la ges t ion des ressources na ture l les par la sacra l isa t ion e t l ’impor tance des forê ts à carac tère sacré son t ana lysées .

Chap itre I I I : le chap i tre 3 es t consacré à l ’ana lyse des press ions e t des menaces pesan t sur les forê ts sacrées . Les percep t ions loca les sur les con tra in tes de la ges t ion trad i t ionne l le , les fac teurs soc io -économ iques de dégrada t ion des forê ts sacrées e t les percep t ions des popu la t ions loca les sur les mesures de ges t ion fu ture son t connues.

Chap itre I V : ce chap i tre décr i t les carac tér is t iques s ta t ionne l les en iden t i f ian t les pr inc ipaux fac teurs de d is tr ibu t ion des groupemen ts végé taux sur les s i tes sacrés en l ien avec les écosys tèmes env ironnan ts .

Chap itre V : le chap i tre 5 é tud ie les carac tér is t iques s truc tura les e t f lor is t iques des forê ts sacrées en l ien avec les végé ta t ions env ironnan tes

Chap itre V I : le cha p i tre 6 es t une d iscuss ion généra le perme t tan t d ’appor ter une

v is ion syn thé t ique des résu l ta ts des d i f féren ts chap i tres , su iv ie d ’une conc lus ion

généra le e t des perspec t ives à par t ir des d i f féren ts résu l ta ts de ce t te é tude .

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CHAP ITRE I : CADRES CONCEPTUEL ET GEOGRAPH IQUE DE L ’ETUDE I . 1 DEF IN IT IONS DE QUELQUES NOT IONS

1 .1 Forêt sacrée (h istor ique , déf in it ions et rô les)

Cons idérer une parce l le de forê t comme demeure des D ieux ou des Déesses n'es t pas un concep t nouveau . Ce la correspond à une cou tume ances tra le (Swamy e t a l. , 2003) . La my tho log ie de l ’Europe an t ique démon tre que les grecs, les roma ins , les ce l tes , e tc . conserva ien t des sec t ions na ture l les qu ’ i ls appe la ien t lucus , nemus , sy lva , a lsos , termes qu i dés igna ien t ‘ ’bo is sacré ’ ’ (Brunaux, 1993 ; Car t ry , 1993 ; Le jeune , 1993 ; Sche id, 1993) . De te ls espaces sacrés son t encore présen ts en As ie du Sud e t du Sud-Es t , en A fr ique e t en Amér ique la t ine (Garc ia e t a l. , 2006) .

Pour Juhé-Beau la ton (2013) , « Forê t sacrée » , « bo is sacré » , « bo is fé t iche » ,

« sanc tua ire bo isé » , « s i te sacré na ture l » ou « forê t re l ique communau ta ire » , son t au tan t d ’express ions u t i l isées pour dés igner des l ieux sa i l lan ts du paysage , au tour d ’une source , au somme t d ’une co l l ine , à prox im i té des v i l lages . Leurs super f ic ies son t var iab les ma is res ten t souven t modes tes , c ’es t pourquo i l ’express ion « forê t sacrée » n ’es t pas la p lus appropr iée, ma is res te la p lus us i tée en « frança is a fr ica in » , sou l igne l ’au teur . Ce son t des l ieux de commun ica t ion pr iv i lég iés avec les en t i tés surna ture l les ou les ancê tres e t héros d iv in isés . Les règ les de ges t ion de ces l ieux son t m ises en p lace lors de la sacra l isa t ion pour deven ir des l ieux de con trô le des « désordres na ture ls ou huma ins ». Cond i t ionnan t par fo is la créa t ion des v i l lages, ces bo is sa crés abr i ten t souven t les d iv in i tés pro tec tr ices des v i l lages ou des royaumes . I ls peuven t auss i ê tre des l ieux d ’ in i t ia t ion comme des l ieux d ’ inhuma t ion .

Ces l ieux sacrés remp l issen t d ' impor tan tes fonc t ions éco log iques e t soc io-cu l ture l les.

I ls perme t ten t de préserver les forê ts v ierges , ce l les-c i é tan t des re fuges impor tan t s pour la b iod ivers i té loca le e t des sources de p lan tes u t i l isées à des f ins méd ic ina les , soc ia les e t re lig ieuses (Kokou e t a l. , 2005 ; Nganso e t a l. , 2012) .

Pour Doun ias (2015) , les espaces sacra l isés on t de tou t temps ex is tés sous les

trop iques e t ne son t pas l ’apanage des rég ions fores t ières . Se lon lu i , i ls son t p lus

concrè temen t ma tér ia l isés dans les m i l ieux ouver ts de savane où i ls prennen t l ’a l lure

d ’un condensé de végé ta t ion qua l if iés d ’ î lo t , d e bo is , de bosque ts , de fourrés ,

déno tan t for temen t dans le paysage . Se lon le même au teur , en rég ion fores t ière

dense hum ide , ces espaces son t mo ins imméd ia temen t percep t ib les. I l a jou te que ces

endro i ts incarnen t tour à tour les ancê tres e t les cou tumes , la mor t , la na issan ce e t la

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ma tern i té e t jouen t un rô le pro tec teur , nourr ic ier ou jus t ic ier , e t à ce t i tre son t l ’ob je t de vénéra t ion. Se lon tou jours le Doun ias (2015) , ces î lo ts son t par fo is des re fuges re l ic tue ls prop ices à la préserva t ion d ’espèces menacées (cas des ch impanzés con f inés dans les forê ts sacrées de Bossou e t N imba en Gu inée).

Pour leur va leur soc iocu l ture l le e t éco log ique , les forê t s sacrées béné f ic ien t du s ta tu t de pa tr imo ine mond ia l de l ’Unesco . La forê t sacrée d ’Osun au N igér ia ( inscr i t en 2005) ou les forê ts sacrées « Kayas » du Kenya ( inscr i t en 2008) son t m ieux connues.

Par ce b ia is , ces s i tes béné f ic ien t d ’e f for ts de va lor isa t ion (éco tour isme par exemp le) . 1 .2 Sacra l isat ion d ’un l ieu

Se lon Doun ias (2015) , la sacra l isa t ion d ’un espace es t ma tér ia l isée de ma in tes façons : la communau té peu t avo ir recours à une s igna l isa t ion for te e t exp l ic i te , tradu isan t sa m ise en dé fens abso lue . Nu l con trevenan t ne peu t fe indre d ’ ignorer ces marques os tens ib les , n i les représa i l les auxquel les i l s ’expose en pro fanan t les l ieux . À l ’ inverse , l ’au teur préc ise que le s ta tu t sacré de cer ta ins s i tes es t par fo is comp lè temen t cryp té ou connu des seu ls in i t iés ; le pro fane peu t même y c ircu ler en tou te insouc iance , ignoran t l es en jeux e t l es forces en présence .

Des c ircons tances par t icu l ières , no tammen t au cours des m igra t ions des popu la t ions , exp l iquen t par fo is l ’or ig ine des l ieux sacrées . Le cas des anc iens peup les A ja au sud du Togo e t du Ben in , rappor té par Juhé-Beau la ton (1999), es t très i l lustra t i f . Ces peup les , fuyan t des guerres se dép laça ien t avec leurs d iv in i tés (vodun) qu ’ i ls on t tou jours cherché à pro téger dans les bo is . A ins i , p lus ieurs endro i ts le long de leur i t inéra ire on t é té sacra l isés . L ’or ig ine de cer ta ins l ieux de cu l tes es t auss i l iée à l 'appar i t ion spon tanée d 'une essence l i turg ique ou sa m ise en p lace vo lon ta ire (Juhé- Beau la ton e t Rousse l , 2002) .

Tou t espace sanc tuar isé es t régen té par une au tor i té , cou tum ière ou re l ig ieuse , ind iv idue l le ou co l lec t ive , phys ique ou mora le , qu i ve i l le au respec t des règ les d ’accès ou d ’év i temen t des l ieux sacrés (Doun ias, 2015) . Ce t te au tor i té es t par fo is c la iremen t ma tér ia l isée dans cer ta ines soc ié tés à s truc tures po l i t iques for temen t h iérarch isées.

Ce t te au tor i té peut ê tre auss i p lus d i f f ic i le à appréhender dans cer ta ines soc ié tés ,

vo ire in tégra lemen t con f iée à des forces imma tér ie l les sans la mo indre in terven t ion

huma ine (Doun ias , 2015) . L ’obsess ion de pure té ass ignée à cer ta ins espaces

sacra l isés t ien t par fo is à la présence d ’une source d ’eau po tab le ou d ’un a f f leuremen t

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les Kouranko de K iss idougou au sud de la Gu inée, l es gros arbres des î lo ts fores t iers au tour des v i l lages cons idérés comme arbres ‘ ’ fonda teurs ’ ’ dev iennen t des marqueurs de l ’é tab l issemen t d ' ’ ’a l l iance ’ ’ ou de ‘ ’con tra t ’ ’ avec les espr i ts de la terre ; con tra t qu i garan t i t une p lace pour le ma in t ien des é tab l issemen ts huma ins , la procréa t ion , l ’agr icu l ture , la chasse e t la pêche p lus produc t ives (Fa irhead e t Leach , 2002).

Les bo tan is tes e t les fores t iers se son t depu is long temps in téressés à ces espaces fores t iers sanc tuar isés (Cheva l ier , 1933 , Aubrév i l le , 1939 , Adam , 1948 ; Schne l l , 1976) . Pour ces au teurs , ces forma t ions fores t ières sera ien t des ves t iges d ’un couver t fores t ier anc ien . Se lon d’au tres spéc ia l is tes (an thropo logues , h is tor iens , e tc .) , ces bosque ts son t l ’œuvre d ’une cons truc t ion huma ine pour des ra isons cu l tue l les ou re l ig ieuses (Garc ia e t a l. , 2006 ; Juhé -Beau la ton , 2013) . Doun ias (2015) sou l igne que ces sanc tua ires ne son t pas tou jours des ves t iges , ma is peuven t au con tra ire ê tre des é labora t ions récen tes e t créa tr ices de b iod ivers i té .

1 .3 Statut des forêts sacrées dans la lég is lat ion gu inéenne

Le concep t « forê t » de man ière généra le en tan t qu ’ob je t d ’é tude , de ges t ion ou de rég lemen ta t ion n ’a pas une dé f in i t ion spéc i f ique en Gu inée ma is e l le peu t correspondre au doma ine fores t ier qu i es t dé f in i dans le code fores t ier gu inéen (Lo i N°L /99 /013 /AN). Dans son ar t ic le 16 , ce code dé f in i t le doma ine fores t ier comme

« des terra ins fores t iers por tan t une végé ta t ion au tre que p lan tée à des f ins exc lus ivemen t agr ico les , ou nécess i tan t des aménagemen ts des t inés à assurer la conserva t ion des so ls , la régu lar isa t ion des sys tèmes hydro log iques , l ’accro issemen t de la produc t ion fores t ière ou le ma in t ien des équ i l ibres éco log iques ».

De l ’ar t ic le 17 à l ’ar t ic le 22 , la lég is la t ion gu inéenne c lasse e t dé f in i t les ca tégor ies de doma ines fores t iers :

Le doma ine forest ier de l ’Etat es t cons t i tué par les terra ins fores t iers appar tenan t à l ’E ta t e t ayan t fa i t l ’ob je t d ’un décre t de c lassemen t à son pro f i t . I l s ’ag i t des a ires pro tégées de l ’E ta t (forê ts c lassées , parcs e t réserves) .

Le doma ine forest ier des co l lect iv ités décentra l isées es t cons t i tué par les terra ins

fores t iers appar tenan t à ces co l lec t iv i tés e t ayan t fa i t l ’ob je t d ’un arrê té de c lassemen t

à leur pro f i t . Ces co l lec t iv i tés peuven t ê tre une commune urba ine , une communau té

rura le , un d is tr ic t , un v i l lage ou un groupemen t fores t ier reconnu par l ’Eta t .

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Le doma ine forest ier pr ivé es t cons t i tué par les terra ins fores t iers appar tenan t à des personnes phys iques ou mora les pr ivées (assoc ia t ions , soc ié tés , e tc .) c lassés e t reconnus comme te ls par les tex tes en v igueur en Répub l ique de Gu inée .

Le doma ine forest ier non c lassé es t cons t i tué par les terra ins fores t iers n ’ayan t pas encore fa i t l ’ob je t d ’un décre t ou d ’un arrê té de c lassemen t .

Au regard de ce code , les « forêts sacrées » en tan t que te l les ne son t pas reconnues. Pour des ra isons pra t iques , les agen ts de l ’E ta t les ass im i len t au doma ine des co l lect iv ités ou à des m ises en défens ou forêts v i l lageo ises ou communauta ires. I l ex is te un pro toco le de m ise en dé fens , dé f in i par l ’adm in is tra t ion fores t ière qu i perme t la reconna issance o f f ic ie l le , loca le e t na t iona le des forê ts d i tes

« v i l lageo ises ou communauta ires » (source : nos enquê tes à l ’Inspec t ion Rég iona le de l ’Env ironnemen t, des Eaux e t Forê ts de Kankan e t à la D irec t ion Na t iona le des Eaux e t Forê ts don t le gu ide d ’en tre t ien es t d ispon ib le en Annexe 1) . La créat ion des forêts sacrées est de lo in antér ieure à ce système et les chefs trad it ionne ls, ent ièrement responsab les de la gest ion de ces a ires de cu lte , ne semb lent pas avo ir une mot ivat ion rée l le pour une reconna issance état ique au r isque de perdre leur responsab i l ité.

Ce t te s i tua t ion lég is la t ive un peu con fuse , avec tous les my thes déve loppés au tour des forê ts sacrées , déno te une cer ta ine réserve chez les agen ts de l ’E ta t v is-à-v is des forê ts sacrées (Sow , 2003) . Ce t te préoccupa t ion ne peu t ê t re abordée dans le présen t trava i l , ma is e l le sera l ’un e des perspec t ives re la t ives à la formu la t ion de la po l i t ique loca le e t na t iona le de ges t ion des forê ts sacrées .

1 .4 Gest ion durab le des forêts

Dupuy e t a l . (1999) exp l iquen t ce t te no t ion par l 'u t i l isat ion des forê ts e t des terra ins bo isés , d ’une man ière à ma in ten ir leur d ivers i té b io log ique , leur produc t iv i té , leur capac i té à se régénérer , leur v i ta l i té e t leur capac i té à sa t is fa ire, ac tue l lemen t e t dans le fu tur , l es fonc t ions éco log iques , économ iques e t soc ia les per t inen tes

.

1 .5 D ivers ité b io log ique ou b iod ivers ité

Depu is 1988 , l a no t ion de « biod ivers i té » conna î t un form idab le essor, au tan t dans les sphères sc ien t i f iques que po l i t iques (B land in , 2004 ; Lec iak, 200 8 ; Le Guyader , 2008) .

O f f ic ie l lement , la b iod ivers i té es t dé f in ie dans l ’ar t ic le 2 de la Conven t ion sur la

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tou te or ig ine inc luan t en tre au tres , les écosys tèmes terres tres e t aqua t iques e t les comp lexes éco log iques don t i ls fon t par t ie : ce la comprend la d ivers i té au se in des espèces , a ins i que ce l le des écosys tèmes » . Hab i tue l lemen t , tro is n iveaux de d ivers i té son t cons idérés : d ivers i té géné t ique, d ivers i té spéc i f ique e t d ivers i té des écosys tèmes . Le terme « B iod ivers i té » es t éga lemen t dé f in i par : serv ices écosys tém iques (ac tue ls ou po ten t ie ls , ma tér ie ls ou imma tér ie ls), serv ices d ’approv is ionnemen t (p lan tes méd ic ina les , a l imen ta t ion , source d ’énerg ie , tex t i les) , de régu la t ion ( fonc t ionnemen t des écosys tèmes , préda t ion…) ma is auss i par rappor t à ses va leurs es thé t iques , sp ir i tue l les, cu l ture l les ou pa tr imon ia les à transme t tre aux généra t ions fu tures (Gosse l in e t Gosse l in , 2010) .

1.6 Anthrop isat ion

Se lon le d ic t ionna ire de l ’env ironnemen t (Ac tu-Env ironnemen t .com) , en Géograph ie e t en Eco log ie , l 'an throp isa t ion es t la trans forma t ion d 'espaces , de paysages ou de m i l ieux na ture ls par l 'ac t ion de l 'homme . B ien que des mod i f ica t ions an throp iques sur les m i l ieux so ien t par fo is béné f iques aux espèces an ima les e t végé ta les e t à l ’homme lu i -même , le terme d 'an throp isa t ion es t souven t réservé aux e f fe ts néga t i fs . Par déve loppemen t de l ’agr icu l ture e t de l ’é levage , d i f féren ts impac ts son t cons ta tés : dé fores ta t ion , surexp lo i ta t ion des ressources, urban isa t ion , sy lv icu l ture , exp lo i ta t ion m in ières e t in troduc t ion d ’espèces é trangères. Tous ces phénomènes on t des e f fe ts néga t i fs d irects e t ind irec ts , imméd ia ts e t à terme sur la d ivers i té b io log ique.

1 .7 Conservat ion de la b iod ivers ité

La des truc t ion des paysages po ten t ie l lemen t « na ture ls » serai t l ’un des mo teurs pr inc ipaux derr ière la « révo lu t ion » des couran ts de pro tec t ion de la Na ture. La conserva t ion de la b iod ivers i té es t donc devenue , depu is la con férence de R io , l ’une des préoccupa t ions ma jeures en ma t ière d ’env ironnemen t au même t i tre que la dé fores ta t ion ou le changemen t c l ima t ique , avec lesque ls e l le es t in t imemen t l iée (S imon , 2006) .

La conserva t ion es t ic i dé f in ie comme é tan t l ’ensemb le de pra t iques comprenan t la

pro tec t ion , la res taura t ion e t l ’u t i l isa t ion durab le, l ’ensemb le v isan t à la préserva t ion de

la b iod ivers i té , au ré tab l issemen t d ’espèces e t au ma in t ien des serv ices éco log iques

(L imoges e t a l. , 2013) . I l es t donc impor tan t dans les rég ions à fa ib le po ten t ie l fores t ier

de ren forcer les mesures de pro tec tion des î lo ts subs is tan ts don t les forê ts sacrées qu i

peuven t jouer un rô le face à l ’ impac t an throp ique e t à la per te de b iod ivers i té . Dans de

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nombreuses rég ions du monde , les c i toyens on t b ien compr is cet te urgence e t son t de p lus en p lus nombreux à demander à leurs responsab les po l i t iques de prendre en comp te ces en jeux e t d ’ in tégrer la conserva t ion dans les po l i t iques pub l iques (Pr imack e t a l. , 2012) . La b io log ie de la conserva t ion, un champ d ’é tude qu i a émergé comme é tan t une d isc ip l ine ma jeure pour répondre à la per te a larman te de d ivers i té b io log ique , es t donc devenue pr imord ia le . Les pr inc ipa les démarches ass ignées à ce t te d isc ip l ine pour réponse aux en jeux de préserva t ion des espèces e t des écosys tèmes son t :

" de documen ter la gamme comp lè te de la d ivers i té b io log ique ;

" d ’é tud ier les impac ts des ac t iv i tés huma ines sur les espèces , les communau tés e t les écosys tèmes ;

" de déve lopper des approches pra t iques pour préven ir l ’ex t inc t ion des espèces , ma in ten ir la d ivers i té géné t ique , pro téger e t res taurer les communau tés e t les fonc t ions écosys tém iques assoc iées .

Ce t te thèse s ’ inscr i t dans ce t te dynam ique e t s ’app l ique sur les forma t ions fores t ières

conservées de man ière trad i t ionne l le .

(32)

I . 2 PRESENTAT ION DE LA ZONE D ’ETUDE

La présen te é tude a é té réa l isée dans qua tre forê ts sacrées s i tuées dans la pré fec ture de Kankan en Hau te Gu inée . Ce chap i tre présen te un bre f aperçu sur la Gu inée avan t de présen ter la rég ion na ture l le de la Hau te Gu inée dans ses aspec ts b iophys iques e t huma ins .

2 .1 Présentat ion de la Gu inée

La Répub l ique de Gu inée es t s i tuée au Sud-Oues t de l ’A fr ique Occ iden ta le, en tre 7°05’ e t 12°51’ de la t i tude Nord e t 7°30’ e t 15°10’ de long i tude Oues t . Le pays d ispose de 300 km de cô te a t lan t ique . Sa super f ic ie es t de 245 857 km

2

e t comp ten t 10 523 261 hab i tan ts (recensemen t de 2014) . La d ivers i té des con tex tes phy togéograph iques , économ iques e t soc iaux des popu la t ions perme t de présen ter la Gu inée en fonc t ion des rég ions na ture l les du pays (Bah e t Bernard , 1996) : la Gu inée Mar i t ime ou la Basse Gu inée , la Moyenne Gu inée , la Hau te Gu inée e t la Gu inée fores t ière (F igure 1) .

Figure 1.Régions naturelles dela Guinée

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