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les mécanismes dexpression du calembour dans les titres du ^^ canard enchainé^^ etude lexico -sémantique

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université Mohamed-Seddik BENYAHIA - Jijel

Faculté des lettres et des langues

Département de langue et littérature françaises

N° d’ordre:

N° de série:

Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de Master Option : Sciences du langage

Les mécanismes d’expression du calembour dans les titres du “Canard Enchaîné”

Etude lexico - sémantique

Présenté par:

CHENNIT Warida

Directeur de recherche:

Mr. SISSAOUI Abdelaziz

Membres du jury:

- Présidente: GHIMOUZE Manel - Rapporteur: SISSAOUI Abdelaziz - Examinateur: KOURAS Sihem

Année universitaire : 2016-2017

(2)

Dédicace…..

A mes tendres parents, pour leur soutien et amour inconditionnel.

A mes chers frères pour leur bienveillance.

A mes amis pour m’avoir assisté dans les

meilleurs comme dans les pires moments de

ma vie.

(3)

Remerciements

Je tiens à adresser mes sincères remerciements à mon directeur de recherche, Mr Sissaoui Abdelaziz, pour sa patience et sa disponibilité, mais aussi pour avoir cru en moi et avoir su m’encourager à me surpasser.

Je remercie également Mme Guimouze Manel et Mlle Kouras Sihem,

deux de mes professeurs que j’admire énormément, et qui me font le grand plaisir d’évaluer ce modeste travail, en tant que présidente du jury et examinatrice.

(4)

Table des matières

Introduction générale……… 07

Partie I : Cadre théorique Chapitre 1 : Tour d’horizon de la notion de jeu de mots et de calembour et leurs particularités -Introduction……… …… 14

1.1. Le jeu de mots : Un écart par rapport à l’usage normal de la langue…… 14

1.2. Historique de l’évolution de jeu de mots et du statut du calembour……. 21

1.3. Essai de définition du calembour ……….. 25

1.4. Théorie de la classification des jeux de mots ………. 27

1.5. Le calembour, une particularité de la langue française……… 34

1.6. L’humour et le jeu de mots……… 37

1.7. Le jeu de mots et son destinataire……… 39

1.8. Le phénomène de figement et défigement linguistique……….. 41

Conclusion ………. 44

Chapitre 2 : La satire dans le discours journalistique Introduction ……….. 46

2.1. Le registre satirique ……… 46

2.1.1. L’ironie………. 46

2.1.2. La parodie………. 48

2.1.3. La satire……… 48

2.2. Les procédés de la satire………. 50

2.2.1. L’exagération……….... 50

2.2.2. L’incongruité………. 51

(5)

2.2.3. Le renversement ……….. 52

2.2.4. L’humour………..53

2.3. La presse satirique française……… …………54

- Présentation du journal le Canard Enchainé……….... 56

2.4. Le discours satirique politique………57

2.5. La satire : réflexions sur le « droit à l’humour »……….59

Conclusion……….61

Partie II : Analyse du calembour dans le Canard Enchainé Chapitre 1 : Méthodologie de la recherche 1.1. Justification du corpus……… 64

1.2. Récolte des données………... 64

1.3. Présentation du corpus……… 65

1.4. La démarche à suivre……….. 66

Chapitre 2 : La structure sémantique Introduction………. 69

2.1. Le contexte de production du calembour………... 69

2.1.1 Les politiciens vus par le Canard Enchainé………... 69

2.1.2 Les politiciens vus par les citoyens ………... 70

2.2. L’homophonie ………... 71

2.3. La polysémie……….. 73

2.4. La paronymie………. 75

2.5. Les figures de style comme moyens satiriques………. 77

2.5.1. La répétition……… 77

2.5.2. La métaphore……….. 78

(6)

2.5.3. L’oxymore……… 79

Conclusion ……….. 81

Chapitre 3: La structure lexicale Introduction ………... 83

3.1. Le défigement……… 83

3.1.1. Le défigement morphologique………. 83

3.1.2. Le défigement phonétique……… 86

3.1.3. Le défigement lexical ……….. 87

3.2. La néologie……….... 88

3. 2.1. La composition ………... 88

3. 2.2. La composition et la dérivation ……….. 89

3.2.3. L’emprunt………. 90

Conclusion ……….. 91

Conclusion générale……… .. 93

Bibliographie ………. 97

Annexes………... 100

(7)

INTRODUCTION GENERALE

(8)

7

Introduction générale

A l’ère des temps modernes, là où affirmation de soi, recherche de distinction et d’originalité sont les maîtres mots ; les jeux de mots s’enchainent et foisonnent, bousculant ainsi la langue française qui s’en trouve toute ragaillardie. Ils sont présents partout : Dans la littérature, le théâtre, les publicités et bien évidemment la presse qui s’en servent comme un nectar d’informations. Selon le Prof. Dr. Esme Winter Froemel : « On peut considérer le jeu de mots comme une manifestation importante de la dynamique linguistique. Il crée ou rappelle des rapports inattendus, mais à la fois motivés, entre les éléments de la langue, et il invite l'auditeur ou le lecteur à s'attarder un moment sur la langue même. De cette façon, le jeu de mots est une expression de la créativité du locuteur et d'une conscience métalinguistique.»

1

Nous nous somme donc penchée sur l’étude de ces structures si particulières avec ce modeste travail à l’intitulé : « Les mécanismes d’expression du calembour dans les titres du Canard Enchainé : Etude lexico-sémantique ».

Notre choix s’est porté sur l’étude du calembour, terme qui fit son apparition en 1768 dans une lettre de Diderot à Sophie Volland. Il est décrit par l’auteur américain Isaac Asimov comme étant « La forme la plus noble de l’esprit » et peut être définit comme suit : « Le calembour est un jeu de mots oral fondé sur l'homophonie et la polysémie. C’est un trait de l'esprit,à connotation humoristique, qui, par le sens double d'une phrase, permet une approche ironique sur un sujet donné. »

2

1Prof. Dr. Esme Winter Froemel

.,

Les jeux de mots, Université Trier, 2014.

2https://fr.wikipedia.org/wiki/Calembour

(9)

8

Notre intérêt pour le sujet est survenu après avoir constaté la curiosité et l’effet de rire instantané que peut susciter le calembour sur ses lecteurs potentiels ainsi que le regard porté sur ces procédés par leurs émetteurs, car en effet un regain d’intérêt s’est fait remarqué depuis le siècle qui a vu leur apparition, ou les avis étaient très mitigés les concernant, puisque d’un côté cette pratique s’avérait par certains comme dérangeante pour un emblème de raisonnabilité et de clarté que représentait la langue française, mais parallèlement elle était l’apanage des humoristes. Le Marquis de Bièvre (1747-1789) s’était fait une telle réputation en la matière que Louis XV lui demanda un jour : - Vous qui faites des calembours sur toutes sortes de sujets, faites-en donc un sur moi. Et Bièvre de répondre : - Oh ! Sire ! Votre Majesté n’est pas un sujet !

Aujourd’hui les auteurs de différents domaines de créations en usent pour attirer l’attention, pendant que d’autres personnes les guettent au quotidien pour leur effet bonne humeur immédiat. Une évolution imprévue et remarquable du statut de calembour et qui n’a pas manquée de faire naître en nous des interrogations sur cette formule à usage rependu de nos jours.

Une problématique globale est posée, motivée par des questions de recherches:

Quels sont les principes et procédés de construction qui font du calembour un matériau linguistique de choix pour permettre au journaliste du Canard Enchainé de renforcer le message contenu dans l’énoncé-titre?

Les questions de recherches sont articulées de la manière suivante :

- Pourquoi la satire a-t-elle besoin de recourir au jeu de mots (calembour) ?

- Comment se manifeste la liberté d’expression dans le lexique des titres du

journal ?

(10)

9

En réponse prématurée à ces questions, des hypothèses de travail s’instaurent :

La première hypothèse : L’hypothèse que nous sommes tentée d’avancer est que le calembour en tant que jeu de mots à proportion humoristique, permettrait à une satire rude et provocante de faire passer le message de manière plus subtile, mais aussi de créer une certaine complicité avec le lecteur. Le calembour pourrait également offrir une autre dimension aux procédés de la satire.

La seconde hypothèse : Nous envisageons que la liberté d’expression donnera lieu à un panorama de créativité lexicales, qui constitueraient des signatures identitaires propres au Canard Enchainé.

Pour arriver à terme d’une étude concrète du sujet, nous nous somme munie d’une séquence de phrases dont la structure répond aux caractéristiques que réunit le calembour. Le corpus est essentiellement composé des titres du canard enchainé, réputé pour être le journal satirique français le plus lu en cent ans d’existence, qu’il fêta cette année même.

L’omniprésence des calembours dans ce journal, sa richesse stylistique, son caractère humoristique mais également son influence dans la vie politique et sa dimension d’investigation ont été les raisons nous conduisant à le choisir comme corpus de référence pour notre analyse. Notre objectif consistera à comprendre l’intérêt manifeste, que voue le journaliste du Canard Enchainé au calembour plus qu’à une autre forme du langage dans l’expression de ses idées satiriques.

Pour tenter d’élucider l’ambigüité qui entoure les jeux de mots et plus

précisément le calembour, nous avons fait en sorte de puiser dans les

(11)

10

ressources nécessaires à cette démarche dans les quelques études qui ont été élaborées à ce sujet. Parmi ces analyses les plus pertinentes nous pouvons citer :

Tout d’abord un ouvrage très distingué de Sigmund Freud a attiré notre attention, intitulé : « Le mot d’esprit et sa relation avec l’inconscient » dans lequel Freud analyse les principes qui régissent la formation des jeux de mots, ainsi que leur classement selon leurs caractéristiques essentielles et met un point d’honneur à l’examen de l’humour et ses rapport avec l’inconscient. Il a fait intégrer aussi quelques anecdotes de philosophes éminents ayant contribués à un traitement allusif sur le sujet, tel que :

« Heymans nous montre comment l'effet d'un mot d'esprit résulte de la succession : sidération et lumière »

3

.Suivi de : «Lipps ajoute qu'au premier stade « lumière », stade au cours duquel le sens du mot sidérant reste ambigu, succède un second au cours duquel on reconnaît que ce mot insensé, qui nous a tout d'abord sidérés, prend son sens exact. Ce n'est que cette lumière après coup, la conscience d'avoir été abusé par un mot insensé du langage courant, cette réduction au néant qui produit le comique. »

Un article tout aussi intéressant nous a interpellé, il d’agit de l’analyse de Strilet-Zapotitchna N.Y, maître de conférence de l’université National Ivan Franco de Lviv, cet article est intitulé « Particularité de construction et fonctions stylistiques du calembour dans la presse satirique française (Etude basée sur l’homonymie).» Dans cet article l’auteur évoque l’intérêt de relever la structure du calembour ainsi que ses effets stylistiques en se référent au contexte. Cette analyse a également fait remarquer qu’au moment de la création du calembour, il n’est pas obligatoire de respecter les normes

3Freud. S., Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, Gallimard, Paris, 1905.

(12)

11

de la langue et qu’il n’était pas nécessaire que la phrase soit grammaticalement correcte pour aboutir à sa compréhension.

Dans le cadre de notre analyse nous nous servirons donc des déductions tirées de ces études afin de comprendre ce qui conditionne la création des jeux de mots, ici il s’agit du journaliste dans son intention de mettre un lien entre ses mots, le contexte sociopolitique, le tout agrémenté d’une humeur ludique faisant apparaitre alors une structure peu commune qui s’accompagne d’un sens caché que le lecteur tentera de déchiffrer.

Notre plan de travail se subdivise en deux parties. D’abord une partie théorique constitué elle-même de d deux chapitres, contenant pour le premier, une mise en contact avec les notions et les différents travaux qui ont été réalisés sur le calembour et le jeu de mots de manière générale. Pour le deuxième chapitre, il serait question de toucher du doigt le thème de la satire, et plus exactement le discours satirique dans la presse française. Quant à la partie pratique, elle comprend trois chapitres, le premier sera attribué à annoncer la méthodologie de recherche, le second chapitre est attribué à l’analyse de la structure sémantique du calembour, avec comme introduction, un rappel du contexte sociopolitique dans lequel s’inscrit notre corpus. Nous terminerons avec une analyse qui prendra cette fois compte de la structure lexicale du calembour, et plus précisément de la manière dont il prend forme selon les techniques de créativité lexicale.

(13)

PARTIE I : Cadre théorique

(14)

Chapitre 1 :

Tour d’horizon de la notion de jeu de mots et de calembour et leurs particularités.

(15)

14

Introduction :

Avant d’envisager une analyse plus ou moins exhaustive sur le sujet du calembour, il convient dans un premier temps d’agrandir les angles théoriques, qui entourent le mystère de ce phénomène linguistique, encore méconnu par certains, à qui il arrive probablement d’en produire au quotidien, étant présent dans des situations de communication très variées.

Pour une approche plus complète sur le sujet et afin de multiplier nos chances de pouvoir cerner cette forme créative, nous avons choisi de la remettre dans la catégorie à laquelle elle appartient, à savoir le jeu de mots.

1.1. Le jeu de mots : Un écart par rapport à l’usage normal de la langue

Lorsque nous tentons de comprendre un jeu de mot, nous réalisons à l’instant que nous sommes en présence d’une forme langagière qui cherche avant tout à se démarquer de l’usage que nous faisons habituellement de la langue. Ceci s’opère en amenant les sons et les sens des mots vers une direction radicalement différente. A cet égard, Jacqueline Henry affirme que

« (…) jouer avec ou sur les mots, c’est par opposition à leur emploie essentiellement référentiel »

4

. Todorov indique pareillement que « le “ jeu“

de mots s’oppose à l’utilisation des mots, telle qu’elle est pratiquée dans toutes les circonstances de la vie quotidienne »

5

Marina Yaguello les rejoint en affirmant que « Toute l’activité ludique et poétique qui a pour objet et pour moyen d’expression le langage constitue

4 Henry. J., La traduction des jeux de mots, Presses Sorbonne Nouvelle, 2003. p.7

5Todorov, 1978, cité par Henry

,

op.cit.

(16)

15

une survivance du principe de plaisir, le maintien du gratuit contre l’utilitaire.»

6

Cela situe « d’emblée le jeu de mot », pour reprendre l’expression de Todorov, dans le domaine de l’écriture, c’est-à-dire « de textes visant non seulement à donner des informations, mais aussi, se faisant, à produire localement ou globalement, un effet donné sur leur lecteurs. »

7

En voulant expliquer la notion de jeu de mot, Henry s’est d’abord proposé de mettre au clair une distinction importante entre les expressions

« jeu de mots », « jeu sur les mots » et « jeu avec les mots », de s’interroger sur leur signification et leur implication, pour cela, une précision du terme

« jeu » qui prend de multiples acceptions s’est avérée nécessaire.

Le dictionnaire Le Nouveau petit Robert(1993) a proposé deux définitions du mot « jeu », la première comme « activité physique ou mentale purement gratuite, qui n’a dans la conscience de celui qui s’y livre d’autre but que le plaisir qu’elle procure ». Dans cette définition, le jeu apparait donc comme synonyme d’amusement, de divertissement, ou encore de passe-temps, c'est-à-dire d’activité qui fait sortir de la vie courante. Et la deuxième en le considérant comme « activité organisée par un système de règles définissant un succès et un échec, un gain et une perte » ; parmi les exemples donnés, nous trouvons les jeux de société, d’entreprise ou du langage. Ainsi, le jeu est vu comme une structure organisée.

Pour Jacqueline Henry la première définition du jeu mentionnée ci- dessus est assurément celle à laquelle la plupart des gens pensent

6Yaguello, M., Alice Au Pays Du Langage. Pour Comprendre La Linguistique, Seuil .1981.

7Todorov cité par Henry,op.cit.

(17)

16

spontanément ,autrement dit que le terme « jeu » évoque à l’esprit un moment de détente cérébrale ,et c’est aussi l’effet « d’amusement » des jeux de mots qui est probablement le plus évident selon l’auteur, car il s’apparente à une certaine légèreté qui accompagne l’effet de plaisir ressenti. Cependant, dans le cas des jeux avec les mots, autrement dit dont les signifiants constituent la matière même, Henry note une petite différence quant au sens que prend le terme « amusement » dans ce cas de figure, et qui est plus proche « d’occupation qui permet d’attendre, de faire passer le temps », c’est-à-dire de prendre le temps nécessaire en vue d’établir un ordre cohérent entre les signifiants.

A ce niveau, la légèreté laisse place au questionnement et le plaisir ne survient qu’après élucidation du problème posé par le jeu. En outre, il apparait sans conteste pour Henry que ce type de maniement de mots soit le plus prépondérant. Elle en cite quelques uns : la charade, les mots croisés, ou encore les jeux de type Le mot le plus long et le scrabble.

Après nous avoir mis sur les rails concernant les jeux avec les mots, Jacqueline Henry s’est notamment attachée à distinguer la catégorie des

« jeux sur les mots », en les illustrant avec quelques exemples, comme : le

calembour (EX : « On s’enlace, puis un jour, on s’en lasse, c’est l’amour »,

ou encore « La mère rit de sa commune »), la contrepèterie « folle à la

messe /molle à la fesse » et l’anagramme « orange /onagre /organe ». Tout

compte fait, elle nous fait parvenir que c’est en fait cette deuxième catégorie

qui recouvre ce que nous appelons le plus communément les « jeux de

mots », puis ajoute que « la difficulté de les dissocier franchement des jeux

(18)

17

avec les mots subsiste parfois, étant donné que ces deux types peuvent être entremêlés »

8

.

Quand nous observons bien le jeu de mots nous trouvons indéniablement, la notion de règles, de conventions, et celle de liberté et de dépassement par rapport à une norme. Ceci étant dit, le jeu de mots en tant qu’instrument d’écriture, semble concerner toutes les manipulations intentionnelles des mots, qu’elles portent sur leur face phonique ou sémique.

Jacqueline Henry poursuit cette idée en précisant que « le jeu suppose à la fois des règles, mais aussi une marge de manœuvre, au sens ou l’on dit qu’il y a du jeu dans un mécanisme. »

9

. Puis ajoute que « pour ce qui concerne les jeux de mots, cette marge de manœuvre se trouve être la distance que les mots peuvent prendre par rapport à leur signification et leur utilisation conventionnelle. » Il en ressort donc que le jeu de mots est paradoxal à plusieurs titres, d’abord, parce qu’il repose à la fois sur le rigide, c’est-à-dire les règles, et sur l’élastique, autrement dit la liberté créative. De plus, parce qu’il emploie le langage, non pas pour communiquer un message parfaitement clair et univoque. Mais, en faisant recourt largement aux « accidents de la langue », tels que les homophones, les paronymes et les termes polysémiques.

Ainsi, il jouerait sur le langage, dont il met en évidence et exploite les particularités et ambigüités sémantiques et phoniques. Comme en témoignent les textes humoristes, citant par exemple celui de Raymond Devos : « Ouïr, au présent ça fait « j’oie » (…) L’oie oit. Elle oit, l’oie. Ce

8Henry. J, Ibid., p 9.

9Ibid., p 41.

(19)

18

que nous oyons, l’oie l’oit-elle ? L’ouïe de l’oie de Louis a ouï. Ah oui ? »

10

.

Selon P. Guiraud, « Le jeu verbal postule une défonctionnalisation de l’activité linguistique »

11

. D’après lui, c’est une déviance, une révolte contre le stéréotype. Ainsi, nous avons à titre d’exemple, la phrase suivante qui commence normalement « dérape » à partir de l’apparition du mot ‘‘son’’ :

« Les musiciens produisent des sons et les grainetiers les vendent »

12

Dans cet exemple, nous voyons bien que le début de la phrase va vers une première interprétation qui est tout à coup remise en cause par la seconde moitié de la phrase, ce qui ne manquera pas de provoquer la surprise chez le lecteur.

Parmi d’autres travaux inclus dans le champ linguistique, visant à cerner le phénomène de jeu de mots, et cherchant à lui apporter une définition plus ou moins rigoureuse, il est possible de citer non seulement celle de Landheer,

« Une expression linguistique contenant un élément ou plusieurs éléments de forme identique dont la bi- ou plurivalence sémantique a été exploité consciemment par l’usager »

13

. Mais aussi celle de Delabastita, « Jeu de mots est un terme générique indiquant différents phénomènes textuels dans lesquels certaines caractéristique structurelles de la langue utilisée sont exploitées de manière à établir un rapport significatif et (presque) simultané d’un minimum de deux structures linguistiques dont les signifiés serais plus ou moins différents et les signifiants plus ou moins proches »

14

.

10 Devos cité par Henry., op.cit.

11 Guiraud. P., Les jeux de mots, Presse universitaire de France, 1976, p 112.

12W.Terrence Gordon, 1986, cité par Henry., Ibid

13Fabion. Regattin, Traduire les jeux de mots : une approche intégrée, Université Ștefan cel Mare, Roumanie, p. 130.

14 Ibid., p. 131

(20)

19

A partir de ces définitions il est possible de dégager certains traits communs. Premièrement, l’ambigüité ; deuxièmement, la concentration sur le côté signifiant du signe, au sens saussurien du terme, autrement dit sur la forme ; troisièmement, la petite taille ou l’économie de mots pour reprendre le terme de Freud. Par conséquent le jeu de mot tel qu’il est conçu, se distingue nettement de l’usage normal du langage.

Et enfin ,nous souhaitons ajouter que ses écarts ou transgressions de la langue ,peuvent aussi bien être inclus dans les manifestations spontanées de la communication quotidienne, que dans les différentes sphères s’adonnant aux jeux linguistiques, tels que la littérature, la chanson, le cinéma, la publicité ou encore la presse, et qui les utilisent pour amuser le public et

attirer l’attention sur leur produit.

D’abord, au cinéma, les jeux de mots sont parfois les seuls souvenirs que nous gardons d’un bon film. Ils ont envahi les dialogues des acteurs, non seulement, sur les petits et grands écrans, mais aussi, sur les affiches. Le titre du film français ‘‘L'Arnacœur’’ en est un très bon exemple.

Aussi, dans la chanson, Les chanteurs et musiciens manient la langue française de manière intelligente en recourant aux jeux de mots, afin de créer leur identité musicale et se distinguer parmi tant d’autres artistes. Les spécialiste du genre se nomment Bobby Lapointe, Renault ou encore serge Gainsbourg.

Ainsi, au cœur du domaine publicitaire, la rédaction du slogan, son

élément langagier, doit satisfaire un nombre d’exigences, à savoir la

concision, le choix des mots en fonction de leur sonorité ou de leur pouvoir

évocateur, associé à un ton humoristique. Ces exigences peuvent donc

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20

naturellement trouver écho dans les jeux de mots. La publicité avec sa dynamique linguistique se révèle donc comme une manifestation d’un désir de transgresser les règles, et de s’opposer à l’usage ordinaire du langage, ceci en privilégiant un discours ambigu, reposant sur un jeu langagier à double sens. Le but étant que le slogan, doit facilement être retenu par le public, et doit par la même occasion le surprendre, susciter de nouvelles idées ou faire ressurgir des émotions liées à son vécu.

De plus, si le jeu de mot est maitrisé de manière inconvenable, il y a fort à parier qu’il ne fasse rire que peu de gens et que la marque soit vite tournée en dérision à cause d’un slogan ne faisant pas l’unanimité. Par conséquent, l’utilisation du jeu ludolinguistique doit s’effectuer avec parcimonie. A titre d’exemple nous pouvons citer : ‘‘ L’amour avec un grand thé’’ ( Twinings) ou encore ‘‘ Un homme Azerty en vaut deux’’ ( Appli Transilien SNCF).

En bref, nous sommes en droit d’affirmer que le jeu de mots a réussi,

jusque là, à séduire tout type de personne ayant soif de créativité et de

renouveau, et demeure l’un des instruments favoris des artistes pour rompre

le quotidien monotone de leur public et le distraire.

(22)

21

1.2. Historique de l’évolution de jeu de mots et du statut du calembour.

Les jeux de mots sont utilisés dans le monde entier. Aucune culture, forme de langage ou contrée n’y a échappé. Jean-Michel Varenne et Zéno

Bianu se sont impliqués dans leurs travaux « l’esprit des jeux » (1990) à faire remarquer que les jeux d’esprit sont les plus anciens jeux spécifiquement humains, « Dans le jeu millénaire qui confronte l’homme aux secrets du cosmos, la pulsion interrogative a sans doute constitué la première modulation de l’intelligence. Aux premières lueurs de la conscience, le sujet humain cherche à relever le défi que lui pose l’univers, à s’éprouver par une réponse créatrice »15.

Si à priori, les jeux de mots ont été créés par un de nos ancêtres plus malin et spirituel que la norme, la réalité est bien différente. Les jeux de mots ont une multitude d’origines, des peuples forts éloignés dans l’histoire et dans l’espace géographique ont produit des jeux de mots.

- Des origines géographiques multiples

La première trace de jeux de mots remonte à l’Egypte ancienne, ils étaient utilisés pour décrire les mythes et les interprétations des rêves.

Comme dans L’Eloge de la Folie (1508), où Erasme raconte comment les tours spirituels et espiègleries de Mercure (nom romain donné au dieu égyptien « Thot » inventeur des chiffres, des lettres et…des jeux) alliées aux

15 Ludobel., Jeux de mots et humour langagier : Depuis quand, comment et pourquoi notre « françois » joue-t-il avec ses maux ?, Fédération Wallonie-Bruxelles,Blog.

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22

maladresses physiques de Vulcain font rire les Immortels dans la salle des Festins (Romain, 1997).

En Chine, 300 ans avant JC, le philosophe Shen Dao qualifiait l’empereur de "shi" qui signifie à la fois "pouvoir" et "position". Ce jeu de mot est certainement le premier, or, il n’a jamais été publié en mandarin.

Dans l’Irak ancienne de -2 500 avant JC, les scribes employaient des jeux de mots tout en utilisant l’écriture cunéiforme. De même, les Mayas, Amérindiens vivants dans le sud du Mexique et le Nord de l'Amérique centrale, les utilisaient sur les hiéroglyphes. Au Japon, les jeux de mots étaient également mis sur papier sous forme d’idéogrammes. Le peuple tamoul (résidant principalement en Inde) recourait aussi aux jeux de mots.

- L’ascension du calembour en France

En France plus qu’ailleurs, les jeux de mots prennent leur ascension, Denis Diderot fut le premier à employer une forme particulière de jeu de mot dans ses écrits, il s’agit du « calembour ». Ce dernier est un jeu de mot qui se base sur la ressemblance phonétique de plusieurs mots. Nous nous étalerons davantage sur la définition de ce procédé qui constitue l’objet de notre étude. Pour cela, nous nous permettons de tracer antérieurement son évolution à travers les époques qui ont marqué la tradition française.

Le statut du calembour n’a pas toujours été au beau fixe, et ce depuis

son apparition dans les anciennes contrées françaises. Son ascension rapide

et la fréquence qui a marqué son utilisation, n’a pas été perçue d’un bon œil

par certains auteurs qui refusaient de se l’approprier. Cela s’explique par le

fait que ce maniement de la langue au caractère ambigüe suscitait la

(24)

23

confusion, puisqu’il portait en son sillage des messages codés, voir des messages de révolte, qui servaient à dénoncer les maux de la société et par conséquent à se donner le droit de s’exprimer de manière plus décontractée et surtout plus libre. Or, on estimait que le bon vieux français ne devait subir aucune transgression, et que ce serait une trahison à ce dernier. L’exemple de Voltaire, de retour à Paris, fut bien surpris du jargon qu'il trouva dans la société, et fut blessé de l'abus dont les gens faisaient du calembour, illustre bien ce refus de la déviance de la norme. Quoi qu’il en soit, le calembour a réussi à fasciner de nombreux auteurs, Ainsi Balzac, Monge, Piron, Rabelais, Dante, Shakespeare, … Le marquis de Bièvre ne souhaitait rien tant que de mourir en faisant un calembour.

Dès la renaissance, attribuée au règne de François 1

er

, le jovial compère, et de ses descendants qui avaient hérité de lui le goût de la plaisanterie audacieuse et à la vie facile, le calembour eut des jours superbes et connu un renouveau qui n’a fait jusqu’à cette heure que croitre et embellir.

Rabelais, dont l’humanisme a considérablement enrichit la langue française, n’eut jamais d’autre préoccupation, que d’écrire un de ses livres exubérants, en ne manquant pas d’y insérer des calembours joyeux dont il était friand. L’écrivain s’en servait aussi dans ses dialogues, tel que : « Dis, amant faux » (diamant faux) ou encore : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ! .Dès lors, l’impulsion était donnée, et le calembour ne s’arrêta plus et marcha à pas de géants.

Nous accédons maintenant à l’âge d’or du calembour, c’est-à-dire au

marquis de Bièvre, car en effet, c’est lui qui a créé une révolution dans le

calembour. Nous mettons à la charge du marquis mille calembours plus

amusants les uns que les autres. A titre d’exemple, on raconte que M. de

Bièvre avait une cuisinière appelée Inès. Comme elle brisait chaque jour une

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24

pièce de vaisselle, le spirituel marquis l’appelait plaisamment lnès de Castro (casse trop). Aussi Le marquis de Bièvre avait un partisan parfaitement digne de lui, il s’agit de Louis XVI. « A quelle secte, monsieur le marquis, lui dit un jour le roi, appartiennent les puces ? »

16

« A la secte d’Epicure (des piqûres) répondit triomphalement de Bièvre. » A votre tour, sire : « De quelle secte sont les poux ? » « Parbleu, s’écria le roi, voilà qui n’est pas malin ; de la secte d’Epictète (des pique-têtes).

Même sous la Révolution, tandis que l’échafaud était dressé sur les places publiques et était sans cesse en mouvement, l’esprit en France ne perdait pas ses droits et le calembour déridait un instant les fronts moroses à la pensée des tueries de la veille et de celles du lendemain.

Il paraitrait même que le calembour ait sauvé la vie d’un condamné : Il monte sur l’échafaud avec le patient, après qu’il s’est assis avec lui au tribunal révolutionnaire. Le suspect Martinville comparaissait devant Fouquier-Tinville. L’accusateur public s’obstinait à l’appeler de Martinville.

« Pardon, interrompt l’accusé, je suis ici non pour être allongé, mais pour être raccourci ! » Qu’on l’élargisse ! » Dit alors Fouquier-Tinville, frappé de cette réponse audacieuse ; et l’accusé fut épargné.

Au début du XX

e

siècle, le calembour est dans la force de l’âge. Non seulement comme jadis, il hante les conversations, mais il s’est faufilé partout, dans les journaux, dans les revues à caricatures, dans les pièces de théâtre, au café-concert...etc. Tous les genres littéraires ont subi l’influence de l’esprit nouveau. Le calembour ne pouvait pas demeurer non plus enfermé dans sa vieille chrysalide. Il l’a donc brisée et s’est métamorphosé en un

16 http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article8135.

(26)

25

genre nouveau, qui tient à la fois du calembour et de la satire ; genre éminemment français.

1.3. Essai de définition du calembour.

Etymologiquement parlant, le mot « Calembour » tient son origine d'après Chasle (Études sur l'Allemagne, 1854), du nom de l'abbé de Calemberg, personnage plaisant de contes allemands. De son côté Pierre Guiraud qui s’est sérieusement intéressé au concept suppose que ce dernier viendrait conjointement d’un verbe « Caller » qui signifie « bavarder » et de celui de « bourder » qui lui signifie « dire des blagues ».Une autre version a été donné par M.Sardou qui relie le mot avec calembour (bois de cœur résineux et fragrant).Il débite l’histoire d’un abbé qui, s’esquintant à improviser une chanson à une réunion mondaine, fut obligé d’utiliser « du bois de calembour » pour trouver la rime. Son ressassement du même mot amusa tant ses auditeurs qu’il passa dans l’usage proverbial pour acquérir à la fin sa signification présente.

De par ce qui vient d’être citer, nous ne pouvons que clairement constater la divergence des points de vue rapportés à propos de l’origine de la dénomination du calembour, des versions qui, finalement, demeurent pour le moins douteuses.

Les tentatives de définition du procédé de calembour, se sont tout

autant heurtées à l’ambigüité que renferme ce dernier, une situation qui n’a

fait qu’accroitre l’intérêt de certains linguistiques et attiré la curiosité d’un

bon nombre d’autres. Parmi eux, nous avons choisi de faire appel à la

contribution de la linguiste et sémiologue Marie Treps, qui en a fait l’objet

d’étude de l’un de ses livres. L’auteur sait restituer tous les sens du mot avec

(27)

26

simplicité et pertinence, le passage suivant en constitue à notre sens un bon résumé.

« Un calembour est une devinette implicite. Sous peine de ruiner son effet, qui lance un calembour doit renoncer à en livrer le secret.

À celui qui le reçoit d'en rechercher, par exploration tâtonnante, la solution, et cela consiste à rétablir, mentalement, la formulation correcte. La mesure du décalage entre la forme convenue et la forme altérée déclenche, en principe, rire ou sourire parmi l'auditoire. (…) c’est un jeu de mots fondé sur une similitude de sons recouvrant une différence de sens. Autrement dit, l'astuce consiste à modifier un énoncé en tirant parti des sonorités proches de deux mots : au revoir et merci... arrosoir et persil. Le calembour doit son succès au fait qu'il établit une complicité instantanée entre les participants, le donneur et le receveur. Partageant en secret l'incongruité d'une plaisanterie, ces deux-là opèrent ensemble, l'un d'une manière active, l'autre passive, une transgression dont ils recueillent immédiatement le profit : après que chacun, à sa façon, a bien besogné la langue, l'on goûte ensemble la jubilation qui accompagne le jaillissement d'un sens inattendu. »17

En définitive, le calembour est une figure de style basée sur l’homophonie entre deux mots ou deux syntagmes orthographiquement différenciés et au sémantisme généralement fort éloigné. L’effet comique qu’il provoque généralement résulte de la double interprétation que nous pouvons donner à l’énoncé. Le calembour s’attend donc à ce que nous repérons les allusions, et forcerait presque l’attention toute particulière du récepteur, faisant de lui son complice de jeu. L’habileté culturelle et

17 Treps, M., Enchanté de faire votre plein d’essence ! : Et autres joyeuses calembourdes, Vuibert, Paris, 2013.

(28)

27

communicationnelle dont bénéficie le calembouriste est mise en exergue par Grousset, qui dit que lorsque nous observons « un faiseur de calembour. Son gout pour l‘association de mot le prédispose tout naturellement à la communication d’idée et lui confère, partant d’exceptionnelles vertus de sociabilité. C’est quelqu’un de plus sensible à ce qui rapproche qu’à ce qui sépare. Bref c’est un conciliateur né »

18

.

Le calembour traduit la jouissance du locuteur qui sent les potentialités infinies d’une langue qu’il domine à mesure qu’il la malmène. Autrement dit, le désordre qu’occasionne le calembour est la preuve de l’ordre du génie

de la langue.

Nous tenons aussi à faire remarquer que, comme à l'oral l'ambiguïté de la phrase est soutenue par l'intonation, il est toujours préférable d'utiliser le calembour à l'oral qu'à l'écrit.

1.4. Théorie de la classification des jeux de mots.

Bien que les jeux de mots soient fort répondus, les tentatives de leur apporter une classification systématique ne sont pas très nombreuses.

Néanmoins, une typologie tirée de l’un des travaux les plus complets, et en même temps, les plus simples nous a interpellée. Il sera question de la classification établie par le linguiste Pierre Guiraud, une théorie selon laquelle les jeux de mots se répartissent en trois grandes catégories en fonction des opérations pratiquées. Elle nous permettra, notamment, de mieux comprendre les rapports mutuels au sein du jeu de mots ou les relations réciproques entre les uns et les autres. Ce classement sera repris par jacqueline Henry dans son livre La traduction des jeux de mots en respectant la manière dont Pierre Guiraud les a triées, selon leur ordre de fréquence

18 Grousset, J-P., Si t’es gai ris donc : 3000 calembours, Julliard, Paris, 1963, p 21.

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28

d’utilisation dans les textes français, autrement dit, de la catégorie la moins employée à la plus employée. Nous ferons remarquer cependant, que notre prochaine analyse ne se consacrera qu’au principe de « substitution » apparu dans la typologie suivante :

a - L’enchainement

Du point de vue de Pierre Guiraud, les jeux de mots par enchaînement reposent sur « un agencement, une combinaison de choses formant un tout ou une suite ; une liaison ; une connexion d’objets qui sont entre eux dans un rapport mutuel. » (Guiraud cité par Jacqueline Henry, 2003). Ces types de jeux de mots s’appliquent à modifier la dynamique de certaines figures de la rhétorique telles que la répétition ou la concaténation.

Cette catégorie renferme quatre types. D’abord, nous retrouvons les

Fausses coordinations du type, « Ah, dit-il en riant et en portugais ». Il

s’agirait ici d’une métataxe par suppression complète (suppression d’un

verbe après le « et »). Puis, les enchainements par homophonie, qui jouent

sur des sonorités, comme dans « des messages, des mets sages, des

massages ». Egalement, les enchainements par écho, du type « Tu parles,

Charles », ou « Tu l’as dit, Bouffi », et enfin, les enchainements par

automatisme, du type « trois petits chats, chapeau de paille, paillasson… ».

(30)

29

b - L’inclusion

Cette deuxième catégorie quant à elle implique des jeux de mots où il y a permutation de phonèmes ou de lettres. Parmi ces jeux de mots nous trouvons :

Les anagrammes :

Dans lesquels les lettres d’un ou plusieurs mots sont déplacées pour former un ou plusieurs mots ayant une signification différente. Par exemple : orange /onagre /organe. Les anagrammes ont été souvent utilisés pour jouer, en les dissimulant, sur des noms propres connus, comme Rose de Pindare/

Pierre de Ronsard ou Avida Dollars / Salvador Dali.

Le palindrome

Un cas particulier d’anagramme, dans lequel les lettres ne sont plus permutées au hasard, mais, forme l’image exactement inverse du mot « ou de la phrase » ce qui fait qu’il peut être lu indifféremment de gauche à droite ou de droite à gauche, comme avec le nom de ville ou de personne « Laval » et le nom de personne « Soros ».

La contrepèterie

Une autre forme de permutation, le plus souvent de lettres ou

phonèmes situés en début de mot, permet de modifier la signification d’un

ou plusieurs mots en obtenant d’autres mots dont l’assemblage est le plus

souvent lui aussi signifiant, tel que « un sot pâle/ un pot sale », elle est

fréquemment grivoise comme dans « une folle à la messe/ une molle à la

fesse ».

(31)

30

Le verlan

Ce quatrième type de jeu par permutation, reprend le principe du palindrome, c’est un code argotique qui consiste à retourner les mots, généralement syllabe par syllabe, comme dans « laisse béton » pour « laisse tomber ».

Les jeux de mots par inclusion comprennent une deuxième grande catégorie, celle des jeux par incorporation (terme de Guiraud). Il s’agit de mots ou de phrases dont les constituants sont répartis dans un texte selon des règles de position données, tels que :

L’acrostiche

Une forme originellement poétique dans laquelle chaque vers d’un poème ou d’une partie d’un poème commence par une des lettre d’un mot (ou plusieurs) que nous pouvons donc lire verticalement dans la première colonne de caractère du texte. L’acrostiche a souvent servi à dissimuler le nom du poète ou de celui de sa bien- aimé, comme dans l’envoi de la ballade Pour prier Notre-Dame, Le testament de F.Villon( in Œuvres, Garnier.1957) Vous portastes Vierge digne princesse

Iesus regnant qui n’a ne fin ne cesse

Le Tout puissant prenant notre faiblesse

Laissa les cieux et nous vint secourir

Offrit à mot sa très chère jeunesse

Notre Seigneur tel est je le confesse

En cette foi je veux vivre et mourir.

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31

Les mots-valises

Dont l’origine remonte aux « portmanteau words » de LEWIS Carroll dans Les Aventures d’Alice au pays des merveilles. Il s’agit de termes qui se heurtent, s’emboitent l’un dans l’autre, comme « clavier » et « bavardage » qui forment le néologisme « clavardage ». Freud, qui parle à ce sujet de

« condensation » cite l’exemple suivant : « J’étais assis à côté de Salomon Rothschild, et il me traita tout à fait comme son égale, d’une manière tout à fait famillionnaire. » (Freud cité par Henry ; 2003).

c - La substitution

La troisième grande opération utilisée pour produire des jeux de mots est la substitution, qui consisterait à « remplacer un élément A d’une construction donnée (par exemple d’une phrase ou d’un groupe syntaxique) par un élément B sans que la phrase devienne agrammaticale »

19

et qui est sans doute la plus féconde en française, puisqu’elle constitue le principe des calembours. Entre autre, le double sens du calembour peut être produit par la substitution d'un mot par un paronyme, par exemple : Bière qui coule n'amasse pas mousse (Victor Hugo) au lieu de Pierre qui roule n'amasse pas mousse. Le calembour peut aussi résulter de la substitution d'un mot par un homophone, comme le montre cet exemple : Entre deux mots, il faut choisir le moindre (Paul Valéry) au lieu de ‘‘Entre deux maux, il faut choisir le moindre’’.

Avant de passer donc à la classification des calembours, nous conviendrons d’abords de tirer au clair la signification de termes qui entrent

19Riegel.M, Les opérations linguistiques de base : la substitution, L’information grammaticale. Année 1982 Volume 15, Numéro 1, p. 5-9.

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32

dans leur description, à savoir les termes homophone, homonyme, paronyme, synonyme et antonyme.

Les homophones sont des mots dont la prononciation est identique, mais pas la graphie (Exemple : sot /seau). On peut aussi parler, en mettant l’accent sur l’aspect graphique, de terme allographes, c’est-à-dire de variantes graphiques réalisables à partir des phonèmes qui composent un mot.

Les homonymes sont des termes de graphie et de prononciation identiques (Exemple : la ferme du village, il ferme la porte). Il est quelquefois difficile de déterminer si deux termes sont homonymiques ou s’il s’agit de deux acceptions différentes d’un même terme polysémique, l’étymologie ne permettant pas toujours de se prononcer avec certitude (Exemple : profession de foi et profession médicale, ou tour de taille, tour de main et tour à mon).

En outre, chez de nombreux auteurs, la distinction entre homonyme et homophones n’est pas très clair ; ainsi, Guiraud tend à qualifier d’homonymiques des termes qui sont en réalité homophoniques. Quand aux termes dont la graphie est identique, mais pas la prononciation (comme le fils du maire et les fils du tissu, ou les poules du couvent couvent), ce sont des homographes.

Les paronymes sont des termes dont la prononciation est voisine, comme auteur /odeur, ou Paris /Bari. Il s’agit donc de quasi-homophones.

Enfin, des synonymes sont des termes ayant des significations

équivalentes, et donc souvent substituables (Exemple : chaise /siège), tandis

que des termes ayant des significations contraires sont des antonymes

(Exemple : petit/grand).

(34)

33

Henry analyse les différents genres de calembour selon la hiérarchie établie par Guiraud ; c’est-à-dire en trois grands groupes : les calembours phoniques, les sémiques et les complexes.

- Le calembour sémique

Henry explique que le calembour sémique « exploite le sens multiple des mots » et « qu´il joue sur la plurivalence sémique. » (1980, p. 25) Il inclut trois types différents : le calembour polysémique (un mot a plusieurs sens) comme dans cet exemple : « pistolet, tire –toi ! »le terme « Pistol » étant le nom d’un personnage, mais qui signifie également « pistolet » et le verbe qui suit peut vouloir dire « décharger », mais aussi « congédier » ce qui fait que cette réplique signifie à la fois « décharge-toi, Pistolet ! » et « libère-nous de ta présence, Pistolet ! ». Le calembour synonymique (dans lequel un mot ou une syllabe est remplacé(e) par un synonyme), exemple

« analphabète /analphacon » et le calembour antonymique qui joue sur une opposition de significations, par ex. : « On lui prête du génie, mais il ne le rend jamais ».)

- Le calembour phonique

Le calembour phonique joue sur la phonétique. Henry différencie les trois types : homonymiques, homophoniques et paronymiques :

a) Homonymiques : (deux mots ont la même forme orale et/ou écrite, mais leur sens est différent), par ex. : « Doux présent du présent » (Jacques Prévert)

b) Homophoniques : Qui jouent donc sur des mots qui se prononcent de la

même façon, par ex. : « l´amer à boire » ou « entre deux mots il faut choisir

le moindre » (Valéry)

(35)

34

c) Paronymiques : Qui exploitent la prononciation presque identique de plusieurs termes, par ex. : « Le crépuscule des cieux et Le crépuscule des dieux. »

- Le calembour complexe

Il peut s´agir de calembours sémiques et phoniques complémentaires: « La mère rit de son arrondissement ». Le calembour homophonique (mère rit/

mairie ) est suivi d´un calembour polysémique, avec le jeu sémique sur la division administrative (arrondissement d´une ville) est la grossesse (arrondissement du ventre).

1.5. Le calembour, une particularité de la langue française

Bien que l’humour soit universel, chaque culture se distingue par le sien, notamment au niveau des jeux impliquant le langage. Ces spécialités ne sont pas dues au hasard, car comme le souligne Bergson « la spécificité nationale de l’outil langagier peut conditionner certaines formes d’humour, qui sont de ce fait intraduisibles »

20

. En effet, la possibilité strictement matérielle des jeux de mots dépendrait de certaines caractéristiques de la langue utilisée, le français en l’occurrence ; dont l’humour se prête de plus en plus au calembour, allant jusqu’à en faire sa spécialité (comme le montre l’actualité). Nous rappellerons que Le calembour s’agirait « de l’art de l’homophonie, jouer sur la consonance identique ou approchante de mots différents voire de la polysémie de mots identiques ou presque, nommés alors homonymes ou paronymes, afin de produire un effet comique ». (Petit Larousse, 2009).

20 Ludobel. Ibid.

(36)

35

Afin de mieux saisir l’avantage de la langue française et sa prédisposition naturelle à produire des calembours, nous pouvons par exemple la comparer à la langue anglaise, qui, comme le montre son histoire, est nourrie tant par des racines germaniques que franco-normandes, créant ainsi une langue très nuancée. Par exemple, « sheep » est le mouton sur sa prairie (germanique), il devient « mutton » (français) une fois dans l’assiette.

Elle serait de loin la plus riche en vocabulaire courant spécifique. En conséquence, elle s’avère peu polysémique et donc relativement impropre aux homonymes parfaits et autres calembours. Pour ce qui est de la langue française, nous remarquerons par contre, que « l’homonyme » qui signifiait d’ailleurs au 16

e

siècle « jeux de mots » (Petit Larousse des jeux, 2005) y est omniprésent car chaque mot est largement polysémique: un pilon est tout à la fois la partie inférieure d’une cuisse de volaille, une jambe de bois, un instrument dur pour broyer dans un mortier et une masse pour détruire du papier.

La linguiste Druetta Ruggero (2007)

21

donne cinq explications plus précises au foisonnement particulier des jeux de mots en français, qu’elle présente comme suit :

a) La palette de sons est moins grande que dans d’autres langues.

Un même son peut donc souvent s’orthographier de différentes manières ce qui explique les nombreux paronymes et homophones de la langue française. Calembours, charades phonétiques …etc

21Ludobel. Ibid.

(37)

36

b) De nombreux homophones sont souvent réunis à l’usage des élèves dans un but pédagogique (cent, sans, s’en, je sens, c’en, sang ; ver, vers, vert, vair, verre,…). La conscience de ces classes de mots ambiguë prédestine d’autant plus aux calembours.

c) Les unités accentuelles, la prononciation de la phrase n’utilise pas d’accent de mot (comme en anglais par exemple) mais regroupe des mots en unités accentuées. Par exemple « il est ouvert » ou « il est tout vert », « un vieil armagnac » ou « un vieillard maniaque ». Cette ambiguïté au moment du décodage facilite elle aussi de nouveaux calembours.

d) L’utilisation fréquente de consonnes de liaison peut permettre d’autres calembours. C’est par exemple le cas du « z » de liaison prononcé dans « Ah ! thésaurisons ! – Vers tes horizons/ Alaska, filons » (Allais)

e) Enfin, les conventions récentes d’écriture comme la neutralisation de sons vocaux centraux voire l’orthographe des SMS (textos) et blogs rendent encore plus souple les prononciations : 2m1 (demain) j1vite (j’invite) chuis 2 Paris, etc.

S’amuser à composer des phrases basées que sur des lettres (et

au besoin des chiffres) prononcées en enfilade est un jeu d’enfant

aussi prisé qu’ancestral ; par exemple : BBACC2TT. On en

trouve trace dès la fin du Moyen-âge, à l’époque des rébus

alphanumériques. Notons également que les sigles devenus

acronymes (RATP, PTT, RER, SMIC, SNCF, CM1, CRS, ENA,

CNRS, CAF, SDF…) sont une véritable institution en France

depuis belle lurette qui inspire ponctuellement les

calembourdiers… « Putain qu’il est blême, mon HLM ! Et la

môme du huitième, le hasch, elle aime ! » (Renaud, Dans mon

(38)

37

HLM, album Marche à l’ombre, 1980). Mais là encore, avec ses tétragrammes sacrés I.N.R.I. et YHWH, c’est la bible qui a commencé. Par ailleurs, certains sigles venus de langues étrangères rentrent également officiellement dans la langue : LASER, SIDA, ADN, OGM, etc.

1.6. L’humour et le jeu de mots

Nous reconnaissons un bon calembour par sa capacité à susciter le rire chez son auditeur, l’humour est donc une des manifestations psychologique qui peut beaucoup nous renseigner sur les aspects qui composent un jeu de mots. Cela nous conduit indubitablement à vouloir comprendre ce qui participe principalement à provoquer l’humour dans le jeu de mots.

Pour Pierre Guiraud, connu pour ses travaux rigoureux sur le jeu de mots, le rapport de cause à effet qu’entretient ce dernier avec le rire est plus qu’évident : « le jeu de mot est une manipulation des mots(…) qui déclenche le rire »

22

. La linguiste Marie Treps, quand à elle, a choisi de mettre l’accent sur la complicité qui résulte du partage de l’idée humoristique entre le faiseur de calembour et le récepteur : « Le calembour doit son succès au fait qu'il établit une complicité instantanée entre les participants, le donneur et le receveur. Partageant en secret l'incongruité d'une plaisanterie » ( Treps ,2013). Ce pouvoir qu’a le jeu de mots de faire de deux étrangers de véritables complices est l’une des grandes particularités de l’humour suggéré dans le jeu langagier. Cette même idée a été mise en évidence par le journaliste Jean-Paul Grousset lorsqu’il affirme que la lecture du calembour dans le Canard Enchainé « installe le lecteur dans un club fermé avec ses

22 Guiraud 1976 cité par Henry. Op.cit.

(39)

38

innombrables connivences, une sorte de société secrète à visage découvert, où il n'est même plus nécessaire de se comprendre à demi-mot pour savoir qu'on fait partie du même monde. »

23

Par ailleurs, si nous voulons porter l’attention sur le processus régissant le déclenchement de l’humour par l’intermédiaire du jeu de mots, nous nous intéresserons au facteur « sidération et lumière », évoqué par Hyemans, une succession de phases mentales et psychologiques par lesquelles va passer un lecteur de calembour avant d’arriver au rire. Lipps affine cette réflexion en expliquant qu’au premier stade « lumière », stade au cours duquel le sens du mot sidérant reste ambigu, succède un second au cours duquel nous reconnaissons que ce mot insensé, qui nous a d’abord sidéré, prend son sens exact, et ce n’est que cette lumière après coup, la conscience d’avoir été abusée par un mot insensé du langage courant, cette réduction au néant qui produit le comique.

Un autre point tout aussi pointilleux concerne celui présenté par Freud, qui considère que l’effet humoristique et la bonne humeur suscitée par le jeu de mots s’appuie essentiellement sur « le double emploie d’un même matériel » et le « le double sens », ainsi l’humour dans le jeu de mot est rendu possible non seulement par une répétition agréable de mots dans une séquence qui riment bien ensemble, mais, est aussi accentué par le double sens qu’aura proféré l’auteur à un mot habituellement employé dans un seul sens, dévie vers un sens virtuel, éclairant brusquement la parenté de deux termes si éloignés par le sens, et économisant ainsi un travail d’association qui suscite par la même occasion des rires empressés.

23 Gensane, B. Politique du calembour, blog personnel, 20 février 2011.

(40)

39

1.7. Le jeu de mots et son destinataire

L’une des propriétés les plus apparentes dans le jeu de mots est sa forme concise, se présente comme un raccourci du langage. Cette économie de mots pour reprendre le terme employé par Freud, ce segment de phrase qui se passera à proprement dit d’explication ou de développement en tout genre, jouera pour ainsi dire sur l’implicite, obligeant le récepteur à rétablir mentalement ce que l’auteur passe sous silence.

Une série d’opérations sémantiques sera donc effectuée afin de parvenir à interpréter un deuxième degré ou une seconde intention communicative insinuées dans le message que le jeu de mots veut transmettre, et qui nécessite une certaine attitude ou une prise de recul de la part du destinataire.

En effet le destinataire doit être apte à repérer l’allusion, procédé sur lequel repose en grande partie le jeu de mots .Pour cela, il faut qu’il y est entre lui et l’auteur un partage des mêmes référents culturels, car le jeu de mots est le plus souvent fondé sur une expression figée, un proverbe, une parole célèbre, un événement …etc. Des éléments donc connus et partagés qui peuvent resurgir simultanément au lecteur/ auditeur et qui établira dans un second temps le lien avec le contexte discursif, ce dernier jouera un rôle important dans la désambigüisation du jeu de mot (le message).

D’après Jacqueline Henry dans sa tentative d’expliquer la contribution

du procédé de l’allusion dans l’interprétation des jeux de mots ainsi que

l’effet que produisent ces derniers sur leur destinataire, il serait ainsi

intéressant de voir comment l’étude de Genette qu’il effectua sur l’allusion

permettrai de mieux saisir ce procédé à l’intérieur du jeu de mots. Ainsi,

Genette admet que l’allusion soit une forme d’ « intertextualité », autrement

(41)

40

dit, une manifestation d’une « relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes, c’est-à-dire (…) la présence effective d’un texte dans un autre »

24

. Par ailleurs, les notions d’ « hypertexte » qu’utilise Genette pour désigner le texte contenant l’allusion et celui d’« hypotexe » qui renvoie au texte auquel il fait allusion serait selon henry conformément applicable au jeu de mots puisque nombre d’entre eux sont des détails hypertextuels bâtis à partir de modèles hypotextuels. De ce fait, le modèle explicité dans le jeu de mots

«l’hypertexte » et son homophonie évocatrice, auront pour but ultime d’orienter l’esprit du destinataire vers une idée cachée dans un modèle original « hypotexte » et auquel un élément explicité y fera référence. Dans un exemple cité par Henry, nous trouvons que dans le nom « L’enfant d’eau » , désignant une association d’activités aquatiques pour le premier âge (« bébé nageur »), le terme « eau » est ici crucial , puisqu’il s’agit d’une association qui préconise une familiarisation des tout-petits avec le milieu aquatique , mais c’est surtout la référence implicite à la comptine « Do, do, l’enfant dormira bientôt » que tout Français reconnaitra, qui donne toute sa poésie à ce nom et doit en partie séduire les parents de jeunes enfants et les inciter à adhérer à l’association.

Toutefois, il arrive que la dimension ludique de l’énonciation soit bloquée, parce que le destinataire ne serait pas parvenu à saisir l’ambigüité du jeu de mots et à deviner la connotation qui y figure, dans ce cas là l’énonciateur sera obligé d’expliciter le mécanisme caché afin de rétablir l’euphorie communicative. Et c’est peut-être aussi ce qui explique la remarque fort juste du marquis de Bièvre, dans son article consacré au

24Genette, 1982, cité par Henry. Op.cit.

(42)

41

calembour, au sujet des personnes qui disent ne pas apprécier ce genre de jeux de mots :

« Il y a une remarque assez singulière à faire sur ceux qui écoutent un Calembour ; c’est que le premier qui le devine le trouve toujours excellent, et les autres plus ou moins mauvais, à raison du temps qu’ils ont mis à le deviner, ou du nombre des personnes qui l’ont entendu avant eux ; car dans le monde moral, c’est l’amour-propre qui abhorre le vuide »25.

1.8. Le phénomène de figement et défigement linguistique

Si nous souhaitons tenter une approche de la notion de défigement linguistique, nous serons dans l’obligation de mentionner d´abord ce qu´il faut entendre par figement. Nous pouvons compter parmi les figements lexicaux, les locutions, les expressions figées et les énoncés proverbiaux, dont nous ne pouvons pas changer les termes sans changer le sens et qui par conséquent produit des effets de sens autres. Le figement est généralement définit comme un processus par lequel « un groupe de mots dont les éléments sont libres devient une expression dont les éléments sont indissociables. Le figement se caractérise par la perte du sens propre des éléments constituant le groupe de mots, qui apparaît alors comme une nouvelle unité lexicale, autonome et à sens complet, indépendant de ses composantes »

26

.

25 Rugerro Druetta. Quand le français s’amuse avec ses… maux, Publif@rum, 2007.

26 Gross, G.,Degré de figement des noms composés,Persée, Année 1988, Volume 23, Numéro 90 , p. 57-72.

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