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Submitted on 27 May 2020
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Y a-t-il une vie cachée des sols ? Le sol d’un hectare de prairie abrite l’équivalent de 1 000 moutons
Daniel Wipf
To cite this version:
Daniel Wipf. Y a-t-il une vie cachée des sols ? Le sol d’un hectare de prairie abrite l’équivalent de 1 000 moutons. Ville de Feignies 59 - Magazine d’informations, 2015, 2 p. �hal-02629637�
Y a t il une vie cachée des sols? Pourquoi est-il important de la protéger?
Prof. Daniel Wipf, Université de Bourgogne, Dijon
En cette semaine où la préservation des sols est à la une quelques petites notions juste pour expliquer pourquoi il est si important de respecter la vie cachée des sols
Le sol est vivant. Les sols sont des environnements vivants dans lesquels évoluent des microorganismes et une faune particulièrement abondante Ainsi, les organismes vivant dans le sol (mammifères, insectes, arachnides, vers, mollusques, protozoaires, nématodes, racines des plantes, champignons, bactéries) représentent une masse bien supérieure à celle de ceux vivant au-dessus du sol ! Une poignée de terre (environ 200 g) contient 0,5 g de matière vivante, correspondant à 5 tonnes à l’hectare qui équivaudrait à 100 moutons ! La masse d’organismes vivant dans le sol est même plus élevée dans une prairie, avec une forte diversité végétale, puisqu’elle atteint alors 100 tonnes à l’hectare, ce qui équivaudrait à 2000 moutons !
Les champignons. Parmi les organismes vivant dans le sol on peut citer les champignons. Les champignons composent l’un des plus grands groupes d’organismes et sont des acteurs importants du monde vivant. Ils sont impliqués dans de nombreux processus. Il n’est pas d’aspect de la vie d’une plante où ils ne jouent un rôle important.
Incapables de photosynthèse, les champignons ne peuvent incorporer le carbone minéral (les sucres) et utilisent donc des matières organiques produites par d’autres d’organismes.
En fonction du mode de mobilisation du carbone organique on classe les champignons en trois groupes :
1° Les Saprophytes, se développent sur des organismes morts plus ou moins décomposés, 2° Les Pathogènes, se développent aux dépens d’autres organismes,
3° Les Symbiotiques, qui s’associent durablement à des organismes vivants et il en résulte des bénéfices mutuels. Parmi ces derniers on citera notamment les champignons qui forment les mycorhizes.
La mycorhize. Le mot mycorhize vient du grec mykes (= champignon) et rhiza (=racine). La notion de mycorhize a été développée en 1885 par Franck, un botaniste allemand, qui décrit un concept structural représentant une racine associée à un champignon symbiotique.
Au cours de la mycorhization, les hyphes d’un champignon colonisent les racines d’une plante.
Qu’apportent les mycorhizes au champignon et à la plante? La plante est capable de photosynthèse et donc de « fabriquer » des sucres, une partie de ceux-ci sont apportés au champignon. En échange celui-ci apporte un meilleur accès aux nutriments et à l’eau du sol. Les hyphes du champignon sont en effet capables d'explorer un volume de sol jusqu’à 1000 fois supérieur à celui exploré par les racines et de plus les champignons mobilisent les sources d’éléments nutritifs du sol auxquels la plante seule n’a pas accès. Des effets non-nutritionnels sont également observés tels que la protection de la plante contre les bactéries et champignons phytopathogènes (maladies telles que oïdium, mildiou,…), une tolérance des plantes aux éléments traces métalliques (plomb, cadmium,…), parfois une tolérance au calcaire. Enfin, le réseau mycélien favorise une meilleure rétention des agrégats et une stabilisation de la structure du sol, permettant de prolonger la qualité et la durabilité des sols.
Le champignon peut-il être utile à l’agriculture ? Au vu du rôle bénéfique des mycorhizes
(notamment à arbuscules) dans le développement et la santé des plantes, l’utilisation optimisée de
cette symbiose ancestrale entre plantes et champignons, représente un des enjeux majeurs pour une
production végétale limitant les intrants chimiques et une optimisation de la productivité
(qualitative et quantitative). En effet une « bonne gestion/utilisation» des services écosystémiques rendus par les microorganismes du sol et notamment les mycorhizes à arbuscules permettra à la fois de préserver et de mieux exploiter cette ressource naturelle, tout en augmentant le « gain » net pour la société humaine en terme de production végétale (quantitative et qualitative).
Il est donc important de protéger cette vie du sol au vu des services rendus par les mycorhizes, mais aussi par les bactéries utiles à la croissance des plantes, et donc à l’homme,
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