ELECTRONS FORTEMENT CORR´ ´ EL´ ES : UNE APPROCHE PERTURBATIVE
A COUPLAGE FORT `
par
St´ ephane PAIRAULT
Th` ese pr´ esent´ ee au d´ epartement de Physique en vue de l’obtention du grade de Docteur ` es sciences (Ph.D.)
FACULT ´ E DES SCIENCES UNIVERSIT ´ E DE SHERBROOKE
Sherbrooke, Qu´ ebec, Mars 1999
CHAPITRE I INTRODUCTION
Les syst` emes ´ electroniques fortement corr´ el´ es constituent actuellement une des branches les plus actives de la physique du solide. Avant leur av` enement, la
th´eorie de Landau des liquides de Fermiavait donn´ e des bases solides, ` a partir d’hypoth` eses tr` es g´ en´ erales, aux succ` es presque miraculeux de la th´ eorie des bandes des solides cristallins, fond´ ee sur l’approximation, difficilement justifiable
a priori,des ´ electrons ind´ ependants. Mais la th´ eorie de Landau est d´ esormais battue en brˆ eche par le comportement de certains compos´ es, tels que les conducteurs et supraconducteurs organiques, ou les oxydes de cuivre exhibant de la supraconductivit´ e ` a haute temp´ erature critique, qui font l’objet d’intenses recherches th´ eoriques et exp´ erimentales. Cette th` ese d´ ecoule de notre int´ erˆ et pour ces ´ etranges mat´ eriaux, et de la n´ ecessit´ e qui s’imposait de les aborder avec un point de vue compl´ ementaire ` a celui de Landau, par une approche ` a couplage fort, c’est-` a-dire consid´ erant les interactions comme la composante essentielle du Hamiltonien, et l’´ energie cin´ etique comme une perturbation. Ce chapitre introductif poursuit un double but. D’abord, se doter des bases indispensables ` a la discussion, en revenant bri` evement sur la th´ eorie de Landau des liquides de Fermi, en d´ efinissant les notions de m´ etal et d’isolant, et en introduisant le mod` ele de Hubbard, qui constituera pour nous le paradigme des syst` emes fortement corr´ el´ es. Ensuite, passer en revue les nombreuses m´ ethodes qui ont ´ et´ e d´ evelopp´ ees et utilis´ ees pour traiter de tels syst` emes en dimension d = 1, d =
∞, ou d quelconque, avant d’inscrire dans ce contexte notre approche originale.
1.1 LIQUIDES DE FERMI
1.1.1 Th´eorie de Landau
La plupart des conducteurs massifs est convenablement d´ ecrite par la th´ eorie de Landau des liquides de Fermi.
[50]Dans un syst` eme sans interactions
´ electroniques, ` a temp´ erature nulle, les ´ electrons se contentent de peupler un ` a un
les niveaux d’´ energie ` a une particule (de vecteur d’onde
ket d’´ energie
0(k)),
d´ etermin´ es par le potentiel periodique des ions du cristal ou, plus g´ en´ eralement,
par une th´ eorie efficace ` a un corps. L’´ etat fondamental se caract´ erise donc par
cette
mer de Fermi, o`u le facteur d’occupation des niveaux n(k) vaut 1 quand
INTRODUCTION
|k|
est inf´ erieur au vecteur d’onde de Fermi, et 0 sinon. A basse temp´ erature, les
´ etats excit´ es sont alors d´ efinis par la distribution δn(k), l’´ ecart des nombres d’occupation des niveaux par rapport ` a leur valeur ` a temp´ erature nulle. La th´ eorie de Landau tient compte des interactions en faisant deux hypoth` eses fondamentales :
i) Lors du branchement progressif des interactions, on peut suivre individuellement chaque ´ etat du syst` eme, et continuer de lui associer la distribution δn(k) dont il est issu.
ii) L’´ energie de l’´ etat d´ efini par δn(k) poss` ede un d´ eveloppement ` a l’ordre deux en δn(k), les coefficients de ce d´ eveloppement ´ etant les param` etres de Landau.
A partir de ces deux seules hypoth` eses, on peut expliquer pourquoi de nombreuses quantit´ es physiques, telles que la susceptibilit´ e de spin, la compressibilit´ e, la chaleur sp´ ecifique, acqui` erent la mˆ eme forme que dans les syst` emes libres, moyennant l’introduction de param` etres efficaces (ou renormalis´ es). Cette th´ eorie, qui justifie ` a la fois l’approximation des ´ electrons libres, et l’utilisation de param` etres efficaces, est satisfaisante pour de nombreux conducteurs, comme le sodium, l’aluminium, l’or, etc. Cette similitude avec le cas sans interactions repose sur le fait que les excitations ´ el´ ementaires du syst` eme sont des
quasi-particules, tr`es semblables ` a des ´ electrons (o` u ` a des trous), et en particulier poss´ edant une coh´ erence et une p´ erennit´ e temporelles permettant de d´ efinir clairement leur impulsion, leur ´ energie, ou simplement leur nombre.
1.1.2 Notion de poids spectral
L’identification des quasi-particules, qui sont la signature irr´ efutable du liquide de Fermi, se fait par le
poids spectral. Sans entrer dans les d´etails de la d´ efinition de cette quantit´ e (se reporter au chapitre 3), il faut retenir son sens physique : le poids spectral A(k, ω) est la probabilit´ e pour qu’une excitation de vecteur d’onde
kait l’´ energie ω.
(♣)Dans un liquide de Fermi, le poids spectral comme fonction de ω, caract´ eristique des quasi-particules, est principalement constitu´ e d’un pic ´ etroit situ´ e en ω = (k), la relation de dispersion des quasi-particules. La probabilit´ e totale Z associ´ ee ` a ce pic dit coh´ erent, est
(♣)
Par convention, nous posons ¯ h = 1 et k
B= 1 dans toute cette th` ese.
INTRODUCTION
ω
ω
ε (k) A(k,ω)
Acoh.(kF,ω) Acoh.(k1,ω)
Acoh.(k2,ω)
Acoh.(k3,ω)
kF < k1 < k2 < k3
Figure 1:
(haut) Allure du poids spectral d’un liquide de Fermi.
(Bas) Evolution de la largeur du pic coh´ erent en s’´ eloignant de la surface de Fermi.
appel´ ee le poids de la quasi-particule, la probabilit´ e compl´ ementaire 1
−Z ´ etant distribu´ ee de fa¸con incoh´ erente, c’est-` a-dire sans structure identifiable. Z est aussi la discontinuit´ e r´ esiduelle de la distribution n(k) au niveau de Fermi. La largeur du pic coh´ erent peut, elle, ˆ etre comprise comme un taux d’amortissement de l’excitation, ou l’inverse de la dur´ ee de vie de la quasi-particule. La figure 1 repr´ esente sch´ ematiquement l’allure du poids spectral pour un liquide de Fermi.
Pr´ ecisons que la largeur du pic coh´ erent doit ˆ etre domin´ ee, ` a basse temp´ erature
T et faible ´ energie ω, par sup (ω
2, T
2). En particulier, ` a temp´ erature nulle, la
INTRODUCTION
dur´ ee de vie de la quasi-particule tend vers l’infini lorsqu’on s’approche du niveau de Fermi, notion qui garde tout son sens dans un liquide de Fermi.
D’un point de vue exp´ erimental, un outil privil´ egi´ e pour ´ etudier le poids spectral est la
photo´emission r´esolue en angle(ARPES).
[19,44,46,45,111]Dans ce type d’exp´ eriences (nous y reviendrons au chapitre 3), un ´ electron est arrach´ e au syst` eme par un photon incident, de sorte qu’on ne mesure que la partie de trous du poids spectral. L’exp´ erience de la r´ ef´ erence [19], effectu´ ee sur du 1−T
−TiTe
2, peut ˆ etre consid´ er´ ee comme une mesure directe du poids spectral d’un liquide de Fermi.
Nonobstant la grande g´ en´ eralit´ e de la th´ eorie de Landau des liquides de Fermi, on observe de nombreuses d´ eviations a ` la ph´ enom´ enologie qu’elle d´ ecrit. En particulier, les mat´ eriaux fortement anisotropes, o` u la dimension d du r´ eseau cristallin est
de factor´ eduite, pr´ esentent d’importantes
“anomalies”. L’´ echec de la th´ eorie de Landau est av´ er´ e en ce qui concerne les compos´ es quasi-unidimensionnels,
[26]comme les conducteurs organiques TTF-TCNQ, (TMTSF)
2X, (TMTTF)
2X (avec X=PF
6, AsF
6, ClO
4), ou l’alliage SrCuO
2.
[44]La question des syt` emes quasi-bidimensionnels est encore largement ouverte, et recouvre la famille des oxydes de cuivre supraconducteurs ` a haute temp´ erature critique La
2−xM
xCuO
4−y, (avec M = Ba, Sr, ou Ca), YBa
2Cu
3O
6+x, LaBa
2Cu
3O
6+x, etc. , ainsi que le compos´ e SrCuCl
2O
2.
[55,110]En particulier, le pseudo-gap pr´ esent dans leur densit´ e d’´ etats, loin du cˆ ot´ e normal de la transition supraconductrice, est activement ´ etudi´ e,
[15,16,53,79,99,102]Une autre propri´ et´ e inhabituelle de ces mat´ eriaux est la d´ ependance en temp´ erature de leur r´ esistivit´ e, qui commence quadratique ` a basse temp´ erature, comme dans un liquide de Fermi, mais devient rapidement lin´ eaire.
[18,65]En outre, l’absence d’effet isotopique dans ces compos´ es incite ` a chercher dans les seules interactions entre
´ electrons la cause de la supraconductivit´ e. Plus g´ en´ eralement, et sans ´ egard ` a la
dimension, plusieurs m´ ecanismes peuvent faire un isolant d’un syst` eme que la
th´ eorie des bandes pr´ edirait conducteur.
[32,64]Ce dernier type de manquement ` a la
th´ eorie de Landau ´ etant au cœur de notre travail, il nous paraˆıt utile de
l’introduire de mani` ere un peu plus d´ etaill´ ee.
INTRODUCTION
1.2 TRANSITIONS M´ ETAL-ISOLANT
Nous pr´ esentons dans cette section les diff´ erents types de transitions m´ etal-isolant, en suivant la classification qui en est propos´ ee par F. Gebhard.
[32]1.2.1 Qu’est-ce qu’un isolant?
La distinction entre un m´ etal et un isolant ne peut se faire rigoureusement qu’` a temp´ erature nulle, et sur la foi du tenseur de conductivit´ e σ
αβ(q, ω).
Un isolant est un syst` eme dans lequel la conductivit´ e uniforme statique ` a temp´ erature nulle vaut z´ ero :
T
lim
→0lim
ω→0
lim
q→0
Re [σ
αβ(q, ω)] = 0. (1.1) Lorsque la limite dans l’´ equation (1.1) est non nulle, on a ` a faire ` a un m´ etal, qu’on qualifie de m´ etal id´ eal si cette limite vaut
Dαβδ(ω), o` u
Dαβest un tenseur constant.
[32]Cependant, la conductivit´ e ´ etant une quantit´ e difficile ` a calculer, on a souvent recours au crit` ere du gap, fond´ e sur la densit´ e d’´ etats ` a une particule du syst` eme. Notant E
0(N ) l’´ energie de l’´ etat fondamental ` a N particules, on d´ efinit les potentiels chimiques µ
+= E
0(N + 1)
−E
0(N) pour l’adjonction d’une particule et µ
−= E
0(N)
−E
0(N
−1) pour le retrait d’une particule. Alors le gap, d´ efini ` a temp´ erature nulle, vaut ∆ = µ
+−µ
−. En fait, la conductivit´ e n’est directement reli´ ee ` a ∆ que si, par rapport ` a l’´ etat ` a N particules, l’´ electron suppl´ ementaire (respectivement manquant) est ajout´ e (resp. ˆ ot´ e) dans un (resp.
d’un) ´ etat spatialement ´ etendu. ∆ est alors appel´ e
gap de charge, dans la mesureo` u il s´ epare des ´ etats susceptibles de v´ ehiculer un courant ´ electrique. Le crit` ere du gap stipule que dans un syst` eme isolant, il existe un gap de charge non nul.
L’extension macroscopique des ´ etats excit´ es, difficile ` a v´ erifier en pratique, est en principe indispensable ` a la validit´ e du crit` ere. En effet, un syst` eme d´ esordonn´ e peut ˆ etre isolant en d´ epit d’une densit´ e d’´ etats sans gap, si ses ´ etats sont localis´ es. D’autre part, la pr´ esence d’un gap dans la densit´ e d’´ etats n’implique pas forc´ ement un comportement isolant. Un supraconducteur de type BCS, par exemple, est un m´ etal bien que sa densit´ e d’´ etats pr´ esente un gap. Dans ce cas, la conduction n’est pas assur´ ee par les excitations ` a une particule, mais par le condensat d’´ electrons appari´ es.
Dans la th´ eorie des bandes, les seuls isolants sont les isolants de Bloch et
Wilson, c’est-` a-dire ceux dont la bande de valence est enti` erement pleine, et la
bande de conduction enti` erement vide. La structure de bandes ne d´ ependant pas
INTRODUCTION
du remplissage, leur caract` ere isolant est donc uniquement conditionn´ e par la valence des ions. Cependant, de nombreux mat´ eriaux, conducteurs au regard de leur valence, peuvent se r´ ev´ eler isolants du fait des fortes interactions des
´ electrons, soit avec les ions, on pourrait alors parler d’isolants structuraux, soit entre eux, et on parle d’isolants de Mott.
1.2.2 Isolants structuraux
La transition de Peierls
[74]est un exemple de transition m´ etal-isolant induite par les interactions des ´ electrons avec les ions, et plus pr´ ecis´ ement avec les phonons, c’est-` a-dire les d´ eformations du r´ eseau cristallin. Au-dessous de la temp´ erature de Peierls, le syst` eme adopte un ´ etat fondamental ordonn´ e, o` u les ions sont group´ es en dim` eres. L’invariance par translation du syst` eme est bris´ ee, et un gap ouvert dans la densit´ e d’´ etats. Le bronze bleu K
0.3MoO
3,
[38]excellent conducteur ` a temp´ erature ambiante, subit une transition de Peierls ` a 181 K.
La transition d’Anderson,
[5]induite par la pr´ esence de d´ esordre dans le syst` eme, est ´ egalement une transition m´ etal-isolant. Dans un isolant d’Anderson, les impuret´ es conduisent ` a la localisation des ´ etats situ´ es dans deux franges aux extr´ emit´ es de la bande de conduction, voire de tous les ´ etats. Si le niveau de Fermi tombe parmi les ´ etats localis´ es, le syst` eme est isolant. Le chapitre 4 de cette th` ese est consacr´ e aux effets simultan´ es du d´ esordre et des interactions entre ´ electrons.
1.2.3 Isolants de Mott
Par opposition aux isolants structuraux, certains isolants ne peuvent pas se comprendre ` a l’aide de th´ eories effectives ` a un corps, car les interactions essentielles sont inter-´ electroniques. La structure de bandes et les propri´ et´ es de localisation ne sont alors plus rigides, mais d´ etermin´ ees par la solution d’un probl` eme ` a N-corps. Le principal couplage entre les ´ electrons est presque toujours la r´ epulsion coulombienne. Dans la mesure o` u les ´ electrons cherchent ` a rester
´ eloign´ es les uns des autres, cette r´ epulsion a un effet de localisation, qui entre en
comp´ etition avec l’´ energie cin´ etique, dont la tendance est d’´ etaler la probabilit´ e
de pr´ esence des ´ electrons ` a travers la totalit´ e du cristal. Cette comp´ etition, si elle
est ` a l’avantage de la r´ epulsion coulombienne, peut mener ` a la formation d’un
gap de charge, et donc ` a un ´ etat isolant portant le nom d’isolant de Mott.
INTRODUCTION
F. Gebhard
[32]distingue deux types d’isolants de Mott, selon le comportement des moments magn´ etiques relatifs locaux, c’est-` a-dire la contribution des interactions ` a la fonction de corr´ elation instantan´ ee et locale des op´ erateurs de spin
S ˆ
izS ˆ
iz. Dans un isolant de Mott-Hubbard,un gap de charge est pr´ esent, mais les moments magn´ etiques, s’il y en a, sont d´ esordonn´ es. Un exemple exp´ erimental d’isolant de Mott-Hubbard est le cristal de Wigner
[49](un ´ etat spatialement ordonn´ e des ´ electrons), observ´ e dans une h´ et´ erostructure GaAs/AlGaAs sous fort champ magn´ etique. Au contraire, dans un isolant de Mott-Heisenberg, les moments magn´ etiques pr´ esentent un ordre antiferromagn´ etique ` a longue distance. Les compos´ es parents (i. e. non dop´ es) des oxydes de cuivre supraconducteurs sont des isolants de Mott-Heisenberg. La transition de Mott-Hubbard sera au cœur du chapitre 3, mais on ne rencontrera pas d’ordre antiferromagn´ etique ` a longue port´ ee dans cette th` ese.
Pour conclure cette section sur les diverses transitions m´ etal-isolant, il convient de les ranger en deux grandes classes : les transitions de nature thermodynamique, et celles de nature quantique. Les transitions thermodynamiques sont celles o` u une sym´ etrie du syst` eme est spontan´ ement bris´ ee ` a une temp´ erature finie, d´ ependant de la force des interactions. Dans un tel cas, on peut toujours caract´ eriser clairement les deux phases, mˆ eme ` a temp´ erature finie.
La transition de Peierls, et celle de Mott-Heisenberg, sont ` a ranger dans cette cat´ egorie.
A contrario, il n’y a pas de brisure de sym´etrie dans le cas d’une transition m´ etal-isolant quantique. L’´ etat fondamental du syst` eme peut encore ˆ etre rigoureusement identifi´ e comme isolant ou m´ etallique, mais ` a temp´ erature finie, l’´ evolution entre les deux se fait continˆ ument ` a travers une ligne dite de
crossover. La transition d’Anderson et la transition de Mott-Hubbard rel`event plutˆ ot de cette deuxi` eme cat´ egorie.
1.3 MOD` ELE DE HUBBARD
Le
mod`ele de Hubbard, que l’on se propose d’introduire dans cette section,est le mod` ele le plus simple – du moins dans sa formulation – d’´ electrons fortement corr´ el´ es. Introduit par Hubbard en 1963
[41]pour mod´ eliser les bandes d’´ energie ´ etroites d des m´ etaux de transition, il connaˆıt actuellement une nouvelle jeunesse depuis qu’on l’emploie dans le contexte des supraconducteurs ` a haute temp´ erature critique. Sa physique extrˆ emement riche est loin d’ˆ etre compl` etement
´ elucid´ ee ` a ce jour. Apr` es l’avoir d´ efini et bri` evement justifi´ e, nous discuterons
INTRODUCTION
de la pertinence du mod` ele de Hubbard, et pr´ esenterons quelques cas limites int´ eressants.
1.3.1 Obtention du mod`ele de Hubbard
Dans une bande d’´ energie ´ etroite, les fonctions de Wannier ont un caract` ere atomique prononc´ e, c’est-` a-dire qu’elles ressemblent fortement aux orbitales atomiques dont elles sont issues. La probabilit´ e de pr´ esence des ´ electrons est alors concentr´ ee dans le voisinage des ions du r´ eseau, et le recouvrement de deux fonctions de Wannier centr´ ees sur des sites voisins est faible. L’´ energie cin´ etique (de bande) s’´ ecrit alors
K
=
i,j,σ
t
ijc
†iσc
jσ,
o` u c
(iσ†)est l’op´ erateur de cr´ eation (annihilation) d’un ´ electron de spin σ dans l’´ etat de Wannier centr´ e au site i. La matrice (hermitienne) des coefficients t
ijdonne les amplitudes de probabilit´ e de sauter du site i au site j. La premi` ere hypoth` ese importante de Hubbard est de ne prendre en compte qu’une seule bande, alors qu’en r´ ealit´ e, plusieurs bandes peuvent ˆ etre ´ energ´ etiquement voisines du niveau de Fermi. La deuxi` eme hypoth` ese majeure est que l’interaction coulombienne entre deux ´ electrons est beaucoup plus grande lorsque les ´ electrons se trouvent sur le mˆ eme site atomique (i. e. dans le mˆ eme ´ etat de Wannier) que dans toute autre configuration. En cons´ equence, l’´ energie potentielle se r´ eduit ` a
U
= U
i
c
†i↑c
†i↓c
i↓c
i↑,
o` u l’unique ´ el´ ement de matrice non n´ eglig´ e U est l’´ energie de
r´epulsion coulombienne sur site. Cette approximation peut paraˆıtre drastique pour unpotentiel d´ ecroissant comme l’inverse de la distance, mais en r´ ealit´ e, le gaz d’´ electrons environnant ´ ecrante tr` es efficacement l’interaction coulombienne, de sorte qu’elle devient r´ eellement n´ egligeable au-del` a de quelques dizaines d’angstr¨ oms. Hubbard estime U ` a 20 eV pour les ´ electrons 3d des m´ etaux de transition et ` a 3 eV, en tenant compte de l’´ ecrantage, le premier terme n´ eglig´ e.
Finalement, le hamiltonien complet du mod` ele de Hubbard est
H=
i,j,σ
t
ijc
†iσc
jσ+ U
i
c
†i↑c
†i↓c
i↓c
i↑,
o` u l’on fait souvent l’hypoth` ese suppl´ ementaire que t
ij=
−t si i et j sont des
sites voisins, et t
ij= 0 sinon.
INTRODUCTION 1.3.2 Pertinence du mod`ele de Hubbard
La capacit´ e du mod` ele de Hubbard ` a d´ ecrire fid` element de vrais mat´ eriaux est contestable. Dans le cas des m´ etaux de transition, par exemple la proximit´ e des bandes s et d rend la premi` ere hypoth` ese abusive. L’approximation d’une bande unique est ´ egalement grossi` ere dans le cas des plans CuO
2des oxydes de cuivre supaconducteurs ` a haute temp´ erature critique. Pour ces derniers, un mod` ele
`
a trois bandes incluant un niveau du cuivre et deux niveaux de l’oxyg` ene
[98]semblerait plus r´ ealiste. La possibilit´ e d’appliquer le mod` ele de Hubbard ` a de nombreux autres syst` emes (fuller` enes, polym` eres, fermions lourds, h´ elium-3 liquide) t´ emoigne ` a la fois de ses insuffisances et de sa g´ en´ eralit´ e.
En r´ ealit´ e, ce d´ ebat est un peu vain. Il vaut envisager le mod` ele de Hubbard comme le d´ enominateur commun de tous ces syst` emes fortement corr´ el´ es, dont la compr´ ehension compl` ete est un pr´ erequis ` a tout raffinement ult´ erieur. En particulier, si la possibilit´ e de supraconductivit´ e dans le mod` ele de Hubbard est largement controvers´ ee, il ne fait gu` ere de doute que son diagramme de phases comporte une phase m´ etallique et une phase isolante,
´ eventuellement ordonn´ ee du point de vue magn´ etique. C’est bien la physique du mod` ele de Hubbard qui sera discut´ ee dans cette th` ese – cela nous paraˆıt un enjeu suffisamment exaltant –, et non celle de mat´ eriaux dont un hamiltonien pertinent reste encore ` a ´ ecrire.
1.3.3 Cas particuliers
Le mod` ele de Hubbard est sujet ` a des simplifications importantes dans
plusieurs limites int´ eressantes. La plus simple est la limite sans interactions. Si
U = 0, le mod` ele d´ ecrit un gaz de Fermi, qui est un m´ etal paramagn´ etique
parfait. Si au contraire t = 0, on se trouve dans la
limite atomiquedu mod` ele de
Hubbard. Dans la limite atomique, les ´ electrons ne peuvent pas se d´ eplacer dans
le cristal, et on a affaire ` a une collection d’atomes ind´ ependants pouvant ˆ etre
vides, simplement occup´ es, ou doublement occup´ es. Le syst` eme est isolant, et
l’´ energie d’un ´ etat est U ν
2, o` u ν
2est le nombre de sites doublement occup´ es. Si
le syst` eme est moins que demi-rempli (i. e. avec au plus le mˆ eme nombre
d’´ electrons que de sites) et que U
t > 0, on peut approcher le mod` ele de
Hubbard par le
mod`ele-T ˆ , dans lequel toute double-occupation est proscrite. En
g´ en´ eral, on raffine le mod` ele- ˆ T en autorisant une double-occupation dans un ´ etat
interm´ ediaire (processus virtuel). On obtient alors le
mod`elet-J, dans lequel
intervient un couplage antiferromagn´ etique J = 4t
2/U entre les op´ erateurs de spin
INTRODUCTION
en deux sites voisins. A demi-remplissage, le mod` ele t-J est ´ equivalent au mod` ele de Heisenberg, d´ ecrivant des spins localis´ es (au lieu d’´ electrons itin´ erants) coupl´ es de mani` ere antiferromagn´ etique.
L’existence des limites m´ etallique (U = 0) et isolante (t = 0), et la pr´ esence sous-jacente d’un couplage antiferromagn´ etique des spins, incitent ` a penser que le mod` ele de Hubbard est capable de rendre compte de toutes les facettes de la transition de Mott.
1.4 LIQUIDES DE LUTTINGER
Pour commencer notre tour d’horizon des m´ ethodes employ´ ees dans le contexte des ´ electrons fortement corr´ el´ es, nous consacrons cette section aux syst` emes unidimensionnels. En dimension d = 1 en effet, les lois de conservation sont suffisantes pour rendre de nombreux mod` eles exactement solubles. C’est pourquoi il existe plusieurs approches, valables uniquement en dimension d = 1, que l’on peut qualifier de non perturbatives en ce qu’elles donnent la solution exacte du mod` ele sur r´ eseau propos´ e, ou d’un mod` ele continu essentiellement
´ equivalent. Le plus remarquable est que les conclusions de ces diverses m´ ethodes concordent sur bien des points, ind´ ependamment des mod` eles particuliers. Il en
´ emerge une ph´ enom´ enologie unifi´ ee, typique des syst` emes unidimensionnels, et regroupant ce qu’on appelle les
liquides de Luttinger. Les conducteurs organiquescomme (TMTTF)
2X, (TMTSF)
2X, et le compos´ e SrCuO
2, extrˆ emement anisotropes, sont directement vis´ es par la physique des liquides de Luttinger.
1.4.1 Bosonisation et Groupe de Renormalistation pour les fermions
En dimension d = 1, lorsque le niveau de Fermi tombe dans une bande, il d´ efinit une surface de Fermi r´ eduite ` a deux points. Cette sp´ ecificit´ e permet,
`
a basse temp´ erature, de classer les excitations (particules ou trous) en deux
branches : celles se mouvant vers la droite (k k
F) et celles se mouvant vers la
gauche (k
−k
F). Toutes les interactions se d´ ecomposent alors en quatre types de
diffusions diff´ erents : diffusion vers l’avant de particules d’une mˆ eme branche
(avec une constante de couplage g
4), diffusion vers l’avant de particules de
branches diff´ erentes (constante g
2), r´ etrodiffusion de deux particules de branches
diff´ erentes (constante g
1), et r´ etrodiffusion de deux particules de la mˆ eme branche
– ou processus
Umklapp– (constante g
3). D’autre part, il est naturel de lin´ eariser
INTRODUCTION
le spectre au voisinage des deux points de Fermi, en attribuant aux particules de type r (r =
±d´ esignant la droite et la gauche) l’´ energie (k) = v
F(rk
−k
F).
Luttinger
[58]eut l’id´ ee d’utiliser ce spectre lin´ earis´ e pour des ´ energies et des vecteurs d’onde arbitrairement grands, quitte ` a peupler artificiellement jusqu’au niveau d´ esir´ e une mer de Fermi devenue infiniment profonde. Grˆ ace
`
a cet artifice, qui ne devrait pas modifier la physique de basse ´ energie, on peut construire des op´ erateurs d´ ecrivant les fluctuations de la densit´ e de charge et de la densit´ e de spin, ob´ eissant ` a une alg` ebre bosonique.
[24,93]Le hamiltonien de Tomonaga-Luttinger,
[95]incluant les processus de diffusion vers l’avant, est diagonalis´ e par cette
bosonisationpour toutes valeurs de g
2et g
4.
[87]De plus, il se pr´ esente comme la somme d’une partie de spin, n’impliquant que les op´ erateurs de spin, gouvern´ ee par deux param` etres v
spet K
sp, et d’une partie de charge, n’impliquant que les op´ erateurs de charge, et gouvern´ ee par deux param` etres v
chet K
ch. En revanche, le couplage en g
1n’est que partiellement diagonalis´ e par cette transformation, et donne naissance ` a un terme suppl´ ementaire. Le
Groupe de Renormalisation pour les fermions[12,88]nous apprend que, pour des interactions r´ epulsives (g
1> 0), ce terme suppl´ ementaire est marginalement inessentiel, de sorte que la physique demeure celle du mod` ele de Tomonaga-Lunttinger, d´ etermin´ ee par trois constantes v
sp, v
chet K
ch(K
spest renormalis´ e ` a 1 dans les syst` emes invariants sous rotation) d´ eduites de g
1, g
2, g
4.
En premier lieu, ces r´ esultats conduisent ` a une image assez compl` ete du diagramme de phase des compos´ es quasi-unidimensionnels.
[13,87]En effet, en examinant la rapidit´ e avec laquelle divergent les diverses susceptibilit´ es ` a basse temp´ erature, on peut identifier quel type d’ordre (onde de densit´ e de charge, onde de densit´ e de spin, supraconductivit´ e singulet ou triplet) se d´ eveloppe en premier dans les directions transverses et engendre une v´ eritable transition de phase.
D’autre part, on d´ ecouvre toute une nouvelle ph´ enom´ enologie, fort diff´ erente de
celle des liquides de Fermi. En effet, la chaleur sp´ ecifique, la susceptibilit´ e
magn´ etique, et la compressibilit´ e ne sont plus simplement lin´ eaires en
temp´ erature,
[67]et les propri´ et´ es ` a une particule sont radicalement modifi´ ees par
les interactions. Le saut d’amplitude Z dans le facteur d’occupation disparaˆıt, et
la densit´ e d’´ etats se comporte en loi de puissance ` a basse ´ energie : N (ω)
|ω
|δ.
Mais le changement le plus spectaculaire intervient dans le poids spectral : au
lieu d’un pic ´ etroit en ω = (k), ´ emergeant d’un fond incoh´ erent, A(k, ω) est
maintenant non nul principalement entre deux singularit´ es suivant deux relations
de dispersion distinctes : ω = v
sp(k
−k
F) et ω = v
ch(k
−k
F).
[84,104,105,106]C’est la
INTRODUCTION
ω vsp(k-kF) -vch(k-kF)
A(k,ω)
vch(k-kF)
ω εsp(k-kF) -εch(k-kF)
A(k,ω)
εch(k-kF) k-kF
εsp εch
∆ch
Figure 2:
Allure du poids spectral d’un liquide de Luttinger sans gap de charge ni de spin
[106](haut), et en pr´ esence d’un gap de charge
[109](bas), pour une valeur du vecteur d’onde telle qu’il y ait effectivement deux divergences ` a ω > 0. Encadr´ e : relations de dispersion des deux pˆ oles en pr´ esence d’un gap de charge.
raison pour laquelle on dit qu’il y a
s´eparation spin-chargedans un liquide de
Luttinger : non seulement la susceptibilit´ e magn´ etique n’est affect´ ee que par la
vitesse de spin v
sp, et la compressibilit´ e que par les param` etres de charge v
ch(vitesse de charge) et K
ch, mais surtout, on voit directement sur le poids spectral
que les modes collectifs ` a une particule ne ressemblent en rien aux ´ electrons, et
que les degr´ es de libert´ e de spin et de charge se dispersent s´ epar´ ement.
INTRODUCTION
Finalement, mentionnons qu’il peut apparaˆıtre un gap dans la densit´ e d’´ etats du syst` eme lorsque g
1< 0 (gap de spin) ou g
3= 0 (gap de charge).
J. Voit
[107,108,109]s’est int´ eress´ e aux propri´ et´ es spectrales de ces syt` emes poss´ edant un gap, et ses vues sont corrobor´ ees par des calculs num´ eriques.
[25,44]La figure 2 donne l’allure du poids spectral d’un liquide de Luttinger, en l’absence et en pr´ esence d’un gap de charge. Le cas du gap de charge, dont rel` eve le mod` ele de Hubbard ` a demi-remplissage, est d’un int´ erˆ et particulier car il concerne le compos´ e SrCuO
2, dans lequel la s´ eparation spin-charge, selon les auteurs de la r´ ef´ erence [44], a ´ et´ e observ´ ee directement et pour la premi` ere fois, par photo´ emission r´ esolue en angle.
La principale question laiss´ ee ouverte par la bosonisation est celle de ses limites de validit´ e. En particulier, s’il est clair que l’image du liquide de Luttinger est correcte quand T
→0, on ne sait pas ` a quelle temp´ erature la courbure de la bande, inessentielle au sens du groupe de renormalisation, commence ` a jouer un rˆ ole important. Cette question trouve un ´ el´ ement de r´ eponse ` a la section 3.1.2, o` u l’on place une borne sup´ erieure pour les temp´ eratures auxquelles la s´ eparation spin-charge peut se produire.
1.4.2 Ansatz de Bethe pour le mod`ele de Hubbard
En dimension d = 1, un certain nombre de hamiltoniens sur r´ eseau, dont fait partie le mod` ele de Hubbard, sont exactement solubles au moyen de l’Ansatz de Bethe. Dans cette approche,
[56]on conjecture que l’amplitude de probabilit´ e ψ(x
1, . . . , x
M, x
M+1, . . . , x
N) d’avoir un ´ electron de spin
↓aux abscisses x
1, . . . , x
M ∈[1, L] et un ´ electron de spin
↑aux abscisses x
M+1, . . . , x
N ∈[1, L] a la forme suivante :
ψ
Q(x
1, . . . , x
M, x
M+1, . . . , x
N) =
P
[Q, P ] exp
i
Nj=1
k
Pjx
Qj
dans le secteur d´ efini par 1
≤x
Q1< . . . < x
QN ≤L, o` u P et Q sont des
permutations de N ´ el´ ements. [Q, P ] est un ensemble de (N !)
2coefficients
d´ efinissant la solution. En exigeant que ψ i) soit antisym´ etrique dans l’´ echange de
deux ´ electrons de mˆ eme spin, ii) v´ erifie des conditions aux limites p´ eriodiques, iii)
satisfasse ` a l’´ equation de Schr¨ odinger ` a l’int´ erieur de chaque secteur, et iv)
soit continue ` a chaque fronti` ere entre deux secteurs, on obtient un syst` eme
INTRODUCTION
d’´ equations liant entre elles les amplitudes [Q, P ]. Plus pr´ ecis´ ement, si Q
(1)= Q
1, . . . , Q
i= a, Q
i+1= b, Q
i+2= c, . . . , Q
N, P
(1)= P
1, . . . , P
i= α, P
i+1= β, P
i+2= γ, . . . , P
N, Q
(2)= Q
1, . . . , Q
i−1, b, a, c, Q
i+3. . . , Q
N, et
P
(2)= P
1, . . . , P
i−1, β, α, γ, P
i+3, . . . , P
N,
la condition (iv) permet d’exprimer [Q
(1), P
(1)] en fonction de [Q
(1), P
(2)] et [Q
(2), P
(2)]. D´ efinissons encore les quatre autres ordonnancements possibles pour les abscisses x
a, x
b, x
c:
Q
(3)= Q
1, . . . , Q
i−1, b, c, a, Q
i+3. . . , Q
N, Q
(4)= Q
1, . . . , Q
i−1, c, b, a, Q
i+3. . . , Q
N, Q
(5)= Q
1, . . . , Q
i−1, a, c, b, Q
i+3. . . , Q
N, et Q
(6)= Q
1, . . . , Q
i−1, c, a, b, Q
i+3. . . , Q
N.
Les amplitudes [Q
(1), P
(l)] sont li´ ees aux amplitudes [Q
(4), P
(l)] du fait des conditions liant [Q
(1), P
(l)] ` a [Q
(2), P
(l)], [Q
(2), P
(l)] ` a [Q
(3), P
(l)] et [Q
(3), P
(l)]
`
a [Q
(4), P
(l)]. L’int´ egrabilit´ e du mod` ele, qui rend possible sa solution par l’Ansatz de Bethe, r´ eside dans le fait que les conditions r´ esultant ainsi entre [Q
(1), P
(l)] et [Q
(4), P
(l)] sont compatibles avec celles qu’on peut d´ eduire ind´ ependamment par la s´ equence [Q
(1), P
(l)]
→[Q
(5), P
(l)], [Q
(5), P
(l)]
→[Q
(6), P
(l)] et [Q
(6), P
(l)]
→[Q
(4), P
(l)]. Il existe alors des solutions non nulles au syst` eme d’´ equations r´ egissant les [Q, P ], qui sont les ´ etats propres du mod` ele.
Le r´ esultat principal de la r´ ef´ erence [56], o` u cette solution fut propos´ ee, est que la transition m´ etal-isolant de Mott se produit ` a une interaction critique nulle (U
c= 0). Autrement dit, il existe un gap de charge pour toute valeur U > 0 de la r´ epulsion coulombienne sur site, de sorte que l’´ etat fondamental est isolant. Les premiers ´ etats excit´ es ont ´ et´ es ´ etudi´ es par A. A. Ovchinnikov.
[69]Le probl` eme de la solution par
Ansatzde Bethe est qu’elle est d´ efinie implicitement par un syst` eme d’´ equations. En pratique, la r´ esolution num´ erique de ce syst` eme repr´ esente un effort calculatoire aussi consid´ erable que la simple diagonalisation du hamiltonien, c’est-` a-dire insurmontable d` es que le nombre de sites est notable.
Ceci limite beaucoup le b´ en´ efice qu’on peut tirer de cette solution, notamment en
ce qui concerne les propri´ et´ es ` a une particule du mod` ele. Cependant, en plus
de son importance conceptuelle, la solution par
Ansatzde Bethe s’av` ere tr` es
utile lorsqu’elle est utilis´ ee en conjonction avec d’autres m´ ethodes ou hypoth` eses
simplificatrices. Par exemple, le regrett´ e H. J. Schulz
[86]s’en est servi pour
INTRODUCTION
d´ eterminer les param` etres v
sp, v
ch, et K
chdu mod` ele de Hubbard dans le contexte de la bosonisation. M. Ogata et H. Shiba
[68]ont montr´ e que dans la limite U
→ ∞, la solution se factorisait en une partie de charge et une partie de spin ind´ ependantes. Cette simplification leur permit de calculer la fonction de distribution n(k), et aux auteurs des r´ ef´ erences [25,75] de calculer le poids spectral du mod` ele de Hubbard dans la limite U
→ ∞. Pour leur part, H. Frahm et V. E. Korepin
[27]ont adapt´ e les m´ ethodes de la
Th´eorie des Champs Conformeaux syst` emes non invariants de Lorentz, et ont calcul´ e le comportement asymptotique de nombreuses fonctions de corr´ elation du mod` ele de Hubbard.
Tous ces r´ esultats compl` etent, sans les contredire, les conclusions de la bosonisation, et composent une image coh´ erente et satisfaisante des liquides de Luttinger. Cependant, deux questions se posent toujours avec la mˆ eme acuit´ e : d’une part, comme nous l’avons d´ ej` a mentionn´ e, l’´ evolution (et ´ eventuellement l’effondrement) du liquide de Luttinger en augmentant la temp´ erature, et d’autre part la question des dimensions sup´ erieures. En effet, les m´ ethodes ´ evoqu´ ees (bosonisation,
Ansatzde Bethe, th´ eorie des champs conforme) reposent de fa¸con primordiale sur l’hypoth` ese de la dimension un, et ne connaissent aucune g´ en´ eralisation en dimension d
≥2.
1.5 MOD` ELE DE HUBBARD EN DIMENSION INFINIE
En plus d’ˆ etre soluble en dimension d = 1, le mod` ele de Hubbard peut
´ egalement, pour des raisons compl` etement diff´ erentes, ˆ etre r´ esolu exactement dans la limite d
→ ∞. En dimension infinie, on montre que la self-´energie est locale dans l’espace.
[61]Cette propri´ et´ e rend le mod` ele formellement similaire ` a celui d’une impuret´ e isol´ ee plong´ ee dans un bain d’´ electrons sans interactions mutuelles. Cependant, tous les sites pouvant pr´ etendre au rˆ ole de l’impuret´ e, il faut ´ egalement remplir une condition d’autocoh´ erence. Techniquement, ces consid´ erations se traduisent par l’existence d’un syst` eme de deux ´ equations int´ egrales coupl´ ees portant sur la fonction de Green. On peut alors r´ esoudre ce syst` eme num´ eriquement, ` a l’aide de simulations Monte-Carlo par exemple, ou utiliser une
Th´eorie des Perturbations It´er´ee(approximative), qui donne ` a moindres frais des r´ esultats presque aussi pr´ ecis.
[33,34,80,81]Cette m´ ethode a permis d’´ etudier en d´ etail les transitions m´ etal-isolant du
mod` ele de Hubbard en dimension infinie. En frustrant l’antiferromagn´ etisme par
INTRODUCTION
un saut important au second voisin, A. Georges
et al.[35]ont pu se concentrer en premier lieu sur la seule transition de Mott-Hubbard, d’abord en venant de la phase m´ etallique, puis en venant de la phase isolante. Du cˆ ot´ e m´ etallique, quand on utilise pour germe la fonction de Green des particules libres, le processus d’it´ eration conduit ` a une solution poss´ edant encore une quasi-particule de poids Z au niveau de Fermi. La ligne U
c2(T ) o` u Z s’annule signale alors la disparition du liquide de Fermi. Du cˆ ot´ e isolant, en revanche, on utilise un germe inspir´ e de la fonction de Green de la limite atomique, ce qui engendre une solution pr´ esentant un gap dans sa densit´ e d’´ etats. Cette fois, la valeur U
c1(T ) pour laquelle le gap se ferme signale la disparition de l’isolant. Les lignes U
c1(T ) et U
c2(T ) se coupent ` a une temp´ erature T
au-dessus de laquelle le passage de l’isolant au m´ etal se fait par un crossover continu. Au-dessous de T
, au contaire, il existe une zone U
c1(T ) < U < U
c2(T ) o` u deux solutions contradictoires (pic de quasi-particule et gap dans la densit´ e d’´ etats) coexistent.
[35,57]Les auteurs de la r´ ef´ erence [35] concluent ` a une transition de phase du premier ordre le long de la ligne o` u l’´ energie libre des deux solutions est ´ egale.
En r´ ealit´ e, en l’absence de saut au second voisin, la transition de Mott-Hubbard est masqu´ ee par l’apparition pr´ ealable d’un ordre antiferromagn´ etique ` a longue distance. Le diagramme de phases se r´ esume alors ` a deux phases, s´ epar´ ees par la transition thermodynamique de Mott-Heisenberg. Au sein de la phase paramagn´ etique, on passe du m´ etal ` a l’isolant par un large crossover. A basse temp´ erature, c’est une phase isolante antiferromagn´ etique qui pr´ evaut, quelle que soit la valeur de U .
D’autres quantit´ es physiques pertinentes (conductivit´ e, compressibilit´ e, chaleur sp´ ecifique, etc.) ont ´ et´ e calcul´ ees, et la compr´ ehension du mod` ele de Hubbard en dimension infinie est tout ` a fait compl` ete. Cependant, l’extension des r´ esultats aux dimensions finies (corrections en 1/d) reste probl´ ematique.
Par exemple, comment est modifi´ e le diagramme de phases en dimension d = 2, o` u tout ordre ` a longue distance est exclu ` a temp´ erature finie? Une transition de Mott-Hubbard du premier ordre existe-t-elle en dimension d = 3?
Est-elle toujours enti` erement masqu´ ee par la phase antiferromagn´ etique? Plusieurs
questions importantes demeurent pendantes.
INTRODUCTION
1.6 M´ ETHODES APPROXIMATIVES
En dimension finie d
≥2, on ne sait plus r´ esoudre exactement le mod` ele de Hubbard. En revanche, de nombreuses m´ ethodes approximatives ont ´ et´ e d´ evelopp´ ees, dont nous proposons ici une revue br` eve et non exhaustive.
1.6.1 Th´eorie de Hartree-Fock
L’approximation de Hartree-Fock consiste ` a d´ ecoupler le terme d’interaction, quartique en les op´ erateurs c
(iσ†), en plusieurs termes quadratiques, par exemple de la fa¸con suivante :
i
n
i↑n
i↓i
n
i↑n
i↓+
n
i↑n
i↓−n
i↑n
i↓−
S ˆ
i+S ˆ
i−+
S ˆ
i+S ˆ
i−−S ˆ
i+S ˆ
i−. On voit que dans cette approximation, les op´ erateurs de charge et de spin n’interagissent plus qu’avec des champs classiques moyens (
n
iσ,
S ˆ
i±) repr´ esentant grossi` erement la configuration ´ electronique locale. Les quantit´ es
n
iσet
S ˆ
i±sont ` a d´ eterminer de mani` ere autocoh´ erente, puisque ce sont ` a la fois des observables et des param` etres du hamiltonien.
Le syst` eme autocoh´ erent poss` ede plusieurs solutions de natures diff´ erentes. A demi-remplissage, dans la phase antiferromagn´ etique de Slater,
[91,92]l’aimantation altern´ ee m
a= (
−)
i(
n
i↑ −n
i↓) prend, quel que soit U > 0, une valeur non nulle uniforme, cr´ eant dans la densit´ e d’´ etats un gap ∆ = m
aU, qui se ferme ` a la temp´ erature de N´ eel T
Nd´ efinie par m
a= 0. La th´ eorie de Slater d´ ecrit donc une transition de Mott-Heisenberg ` a l’interaction critique U
c= 0. Son principal d´ efaut est de surestimer les degr´ es de libert´ e de spin par rapport ` a ceux de charge. Par exemple, avec U
t, T
Nest de l’ordre de U , ce qui semble beaucoup trop ´ elev´ e puisque le couplage antiferromagn´ etique est 4t
2/U
U.
[32]Dans un autre type de solution (ferromagn´ etisme de Stoner
[94]), c’est l’aimantation m =
ni↑ − ni↓qui prend une valeur non nulle uniforme. L’´ etat fondamental ferromagn´ etique n’est
´ energ´ etiquement favorable, au sens du champ moyen, que pour d
≥3, de fortes valeurs de U , et un dopage notable.
1.6.2 Approximations de Hubbard-I et Hubbard-III
Dans les articles originaux o` u il introduisit le mod` ele qui porte son
nom,
[41]Hubbard en proposa ´ egalement une solution approximative, fond´ ee sur
INTRODUCTION
l’´ equation du mouvement de la fonction de Green
Gijσ(τ) =
−T
τc
iσ(τ )c
†jσ(0)
(τ est le temps imaginaire et T
τle produit chronologique). En effet, connaissant le hamiltonien, on sait exprimer ∂
Gijσ(τ)/∂τ en termes d’autres fonctions de corr´ elation, impliquant en g´ en´ eral un plus grand nombre d’op´ erateurs. Comme ces nouvelles fonctions de corr´ elation ob´ eissent elles-mˆ emes ` a une ´ equation du mouvement, cette proc´ edure engendre, sauf cas particulier (particules libres, limite atomique), une hi´ erarchie infinie d’´ equations diff´ erentielles coupl´ ees. On peut toutefois, en faisant des hypoth` eses simplificatrices, rompre la chaˆıne d’´ equations et obtenir un syst` eme soluble.
L’approximation de Hubbard-I consiste ` a remplacer les op´ erateurs n
i,−σpar leur valeur moyenne. On obtient alors
GσHub−I
(k, iω) =
1
−n
−σiω + µ +
n
−σiω + µ
−U
−1
+ 2t
d α=1cos k
α−1
.
Physiquement,
GσHub−I(k, iω) peut s’interpr´ eter comme suit : les ´ electrons de spin σ se propagent en sautant de site en site avec une amplitude de probabilit´ e t, chaque site pouvant ˆ etre soit vide (probabilit´ e 1
−n
−σ), soit d´ eja occup´ e par un
´ electron de spin oppos´ e (probabilit´ e
n
−σ). Cette approximation donne une image satisfaisante de la phase isolante pour des interactions U grandes par rapport ` a la largeur de bande D = 2dt. La densit´ e d’´ etats se compose de deux bandes, dites
bandes de Hubbard, s´epar´ ees par un gap ∆ U
−D. Cependant, ce gap ne se ferme jamais, quelle que soit la valeur de t. Dans l’approximation de Hubbard-I, les ´ electrons de spin
−σ ne sont pris en compte que par leur densit´ e moyenne
n
−σ, et leur dynamique est gel´ ee. En particulier, on n´ eglige les processus o` u un ´ electron de spin
−σarrive sur un site, ou le quitte, pendant que s’y trouve l’´ electron de spin σ dont on ´ etudie la propagation. L’approximation de Hubbard-III rem´ edie partiellement ` a cette lacune en proposant un sch´ ema de d´ ecouplage plus raffin´ e pour la s´ erie infinie d’´ equations du mouvement. Cette nouvelle approximation a l’avantage de d´ ecrire la fermeture du gap (c’est-` a-dire la transition de l’isolant vers le m´ etal) pour une valeur finie de la largeur de bande D
c= 2U/
√3 1.15U ` a demi-remplissage.
Cependant, l’approximation de Hubbard-III pr´ esente plusieurs faiblesses.
D’abord, elle ne rend aucun compte des corr´ elations antiferromagn´ etiques
qui peuvent se d´ evelopper. D’autre part, elle ne restitue jamais le pic de
quasi-particule du liquide de Fermi lorsque D
U. Enfin, c’est une approximation
non contrˆ ol´ ee, en ce sens qu’elle est issue d’un sch´ ema de d´ ecouplage quelque peu
arbitraire, impossible ` a am´ eliorer par une proc´ edure syst´ ematique.
INTRODUCTION 1.6.3 Fonction d’onde de Gutzwiller
Une autre mani` ere d’aborder le probl` eme est l’approche variationnelle.
Toute la difficult´ e r´ eside alors dans le choix de la fonction d’essai pour laquelle on cherche ` a minimiser l’´ energie. Gutzwiller
[39,40]proposa la famille de fonction suivante :
|ψ
= g
Dˆ|ψ
0, o` u D ˆ =
i
n
i↑n
i↓est le nombre de sites doublement occup´ es, et
|ψ
0un produit de fonctions d’onde ` a un corps, comme par exemple la mer de Fermi. On montre que pour g = 0, g
Dˆest le projecteur sur l’ensemble des ´ etats sans double-occupation et, de fa¸con plus g´ en´ erale, que pour 0 < g < 1, g
Dˆ(le corr´ elateur de Gutzwiller) diminue la valeur moyenne de l’occupation double. D’autre part, on s’accorde pour consid´ erer que g = 0 et n =
n
i↑+
n
i↓= 1 (demi-remplissage) est la seule situation dans laquelle la fonction de Gutzwiller d´ ecrive un isolant.
En dimension d = 1, le probl` eme variationnel peut ˆ etre r´ esolu exactement,
[30,60]mais la solution se r´ ev` ele peu cr´ edible, car elle pr´ edit un
´ etat m´ etallique quel que soit U <
∞. On peut aussi obtenir la solution exacte pour d =
∞,[61]o` u la fonction de Gutzwiller donne effectivement une transition m´ etal-isolant, dite transition de Brinkman-Rice,
[14]pour une valeur finie U
BRde l’interaction. La transition de Brinkman-Rice est passablement brutale, puisqu’elle se traduit par la localisation compl` ete de tous les porteurs (n = 1, aucun site doublement occup´ e).
[32]De plus, ` a l’instar des solutions de Hubbard, l’approximation de Gutzwiller ne tient aucun compte des corr´ elations magn´ etiques.
On pourrait en principe pallier ce manque en introduisant de telles corr´ elations dans la fonction
|ψ
0, mais cela conduit en pratique ` a un probl` eme variationnel insoluble. Toutefois, un avantage notable de l’approximation de Gutzwiller est qu’elle se prˆ ete ` a un d´ eveloppement en 1/d ` a partir de la limite d =
∞.
[31]1.6.4 Bosons esclaves
G. Kotliar et A. Ruckenstein
[47]ont propos´ e une fa¸con originale de traiter la r´ epulsion coulombienne, en faisant appel ` a des champs bosoniques auxiliaires, appel´ es
bosons esclaves. Leur m´ethode consiste ` a agrandir l’espace de Hilbert des
´ etats en autorisant la pr´ esence de quatre types diff´ erents de bosons : d
(i†), s
(iσ†), et e
(i†). Physiquement, les seuls ´ etats acceptables sont ceux qui comptent exactement un boson par site, les bosons “d” r´ esidant sur les sites doublement occup´ es, les
“s
σ” sur les sites occup´ es par un seul ´ electron, de spin σ, et les “e” sur les sites
vides. Dans ce formalisme, le terme d’interaction est simplement proportionnel au
nombre de bosons “d” (U c
†i↑c
†i↓c
i↓c
i↑= U d
†id
i), et le saut d’un ´ electron entre deux
INTRODUCTION
sites s’accompagne toujours du remplacement d’un boson par un autre aux deux sites concern´ es.
On montre alors que l’approximation du col pour les bosons esclaves est
´ equivalente ` a l’approximation de Gutzwiller et, ` a ce titre, d´ ecrit la transition de Brinkman-Rice. Ici, toutefois, le ferromagn´ etisme et l’antiferromagn´ etisme peuvent ais´ ement ˆ etre ´ etudi´ es.
[47]Il s’av` ere que la phase ferromagn´ etique est repouss´ ee ` a des valeurs de U encore plus grandes que dans la th´ eorie de Stoner, et d’autres indications confirment que le ferromagn´ etisme de Stoner est presque certainement absent du mod` ele de Hubbard.
[17]Un d´ efaut inh´ erent ` a l’approximation du col dans ce contexte est de ne pas satisfaire exactement les contraintes garantissant que les ´ etats visit´ es sont tous physiquement acceptables. De plus, l’´ etude des fluctuations gaussiennes autour du col se r´ ev` ele probl´ ematique.
Mentionnons, pour conclure cette section, qu’il existe une autre version des bosons esclaves (dite de Barnes et Coleman
[6,20]), o` u apparaˆıt naturellement comme petit param` etre de d´ eveloppement l’inverse 1/N
fdu nombre de “saveurs”
des ´ electrons. N
f, cens´ e ˆ etre grand devant 1, est la d´ eg´ en´ erescence de la bande, c’est-` a-dire en fait seulement N
f= 2 (pour les deux valeurs du spin) dans le cas du mod` ele de Hubbard.
1.6.5 M´ethodes num´eriques
Les m´ ethodes num´ eriques se rangent essentiellement en deux cat´ egories.
Dans les m´ ethodes de
diagonalisation exacte,[44,46,54,55]on utilise un ordinateur pour calculer exactement (au sens num´ erique) les valeurs et vecteurs propres du hamiltonien pour des syst` emes finis. Toutes les quantit´ es physiques int´ eressantes en d´ ecoulent. Le probl` eme majeur de ces m´ ethodes est l’extraordinaire puissance de calcul qu’elles n´ ecessitent. En cons´ equence, les syst` emes sont limit´ es ` a de tr` es petites tailles (32 sites au maximum), et une ´ etude correcte des effets de taille finie n’est pas toujours possible. Cette restriction est d’autant plus nuisible qu’on s’int´ eresse aux fluctuations de basse ´ energie (i. e. de grande longueur d’onde).
D’autre part, le caract` ere discret de la r´ eponse est aussi un facteur limitant, notamment dans l’´ etude du poids spectral.
Les
simulations Monte-Carlo,[3,15,16,63,77,78,79,99]dans lesquelles on calcule les
diverses quantit´ es par ´ echantillonnage al´ eatoire, permettent de traiter des syst` emes
plus grands, au prix d’un erreur statistique sur les r´ esultats. En revanche,
INTRODUCTION
l’obtention du poids spectral en fonction de la fr´ equence passe par une ´ etape de prolongement analytique num´ eriquement tr` es instable.
[21,76,90]En d´ epit de leurs s´ ev` eres limitations, les calculs num´ eriques constituent une base appr´ eciable pour guider l’intuition physique, sugg´ erer des approximations, ou tester la validit´ e des approches analytiques.
1.6.6 D´eveloppements `a couplage faible et `a couplage fort