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Submitted on 4 Jan 2017
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Katia Zakharia
To cite this version:
Katia Zakharia. La poésie solennelle. Thierry Bianquis, Pierre Guichard, Mathieu Tillier. Les débuts
du monde musulman (VIIe-Xe siècle). De Muhammad aux dynasties autonomes, PUF, pp.343-352,
2011, Nouvelle Clio, 978-2-13-055762-3. �hal-01426549�
« La poésie solennelle »
Par Katia Zakharia Université Lumière Lyon 2
Il n’est guère possible de parler de la poésie dans le monde arabo-musulman sans un retour rapide à ses débuts, dans la société tribale pré-islamique où elle jouait un rôle si essentiel que l’islam naissant dût affirmer énergiquement la différence entre prophétie et poésie, tout en s’interrogeant sur la licéité de cette dernière (Cl. Gilliot, 2001)
Ce rappel est d’autant plus nécessaire que les règles de la métrique classique, formalisées par al-Khalîl b. Ahmad (m. v. 790) ont perduré sans système concurrent jusqu’au XX° s.
Composé oralement par le poète, selon ces règles, le poème était transmis oralement par le râwî (transmetteur « professionnel » et apprenti poète attaché à un poète confirmé). Les râwiya (grands transmetteurs sans attache à un poète particulier) collecteront ensuite ce corpus oral qui sera mis par écrit. Ce corpus a inévitablement subi d’innombrables altérations, accidentelles ou délibérées, qui rendent son authentification difficile.
Les sources véhiculent les noms d’une centaine de poètes pré-islamiques des V° et VI° s., qu’elles classent parfois, en fonction de leur talent (fahl, khindîd, shâ‘ir, shu‘rûr), du type de poèmes qu’ils ont composé (mu‘allaqa, mujamhara, mudhahhaba, marthiya, mashûba, mulhama), de l’abondance de leur production (mukthir, muqill), de leur classe d’âge, de la période à laquelle ils ont vécu (jâhilî, mukhadram) ou de leur place dans la tribu, poètes brigands ou sa‘âlik, chevaliers ou fursân, chefs de clan (umarâ’ et mulûk), porte-parole de telle tribu... Les biographies de ces poètes mêlent réalité et légende. Déjà les anciens les trouvaient sujettes à caution.
Seuls seront mentionnés quelques poètes pré-islamiques célèbres, modèles ou contre- modèles des générations suivantes. Les dates de leur mort sont surtout indicatives.
La mu‘allaqa est le parangon de la poésie pré-islamique. Elle constitue le corpus archaïque le plus étudié à nos jours (P. Larcher, 1994, 2000, 2004). Les poètes auxquels on attribue une mu‘allaqa sont : Tarafa b. al-‘Abd (m. 500), Imru’ al-Qays (m. 550), ‘Abîd b. al- Abras (m. v. 550), al-Hârith b. Hilliza (m. 580), ‘Amr b. Kulthûm (m. 600), al-Nâbigha al- Dhubyânî (m. 604), ‘Antara b. Shaddâd (m. 615), Zuhayr b. Abî Sulmâ (m. 615) al-A‘shâ (m. 629), Labîd b. Rabî’a (m. 662)