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Submitted on 1 Jun 2020
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To cite this version:
Nathalie Quiniou, Jean-Yves Dourmad, Jean Noblet. Facteurs de variation de l’appétit des truies
en lactation. Productions animales, Institut National de la Recherche Agronomique, 1998, 11 (3),
pp.247-250. �hal-02685710�
RŽfŽrences
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N. QUINIOU, J.-Y. DOURMAD*, J. NOBLET*
Institut Technique du Porc,
La Motte-au-Vicomte, 35650 Le Rheu
* INRA, Station de Recherches Porcines,
35590 Saint-Gilles
Facteurs de variation de lÕappŽtit des truies en lactation
Au cours de ces derni•res annŽes, le nombre de porcelets produits et sevrŽs par truie sÕest accru. Dans le m•me temps, lÕappŽtit des truies en lactation nÕa pas augmentŽ, voire a diminuŽ, accentuant ainsi le dŽficit nutrition- nel auquel la femelle est soumise pendant cette pŽriode dÕexportation intense de nutri- ments. Ce phŽnom•ne pose le probl•me de lÕŽlaboration dÕune stratŽgie dÕalimentation puisquÕil faut faire co•ncider les besoins nutri- tionnels et la capacitŽ des truies ˆ ingŽrer suf- fisamment dÕaliment. En fait, il appara”t que la consommation moyenne journali•re (CMJ) des truies est influencŽe ˆ la fois par des fac- teurs intrins•ques de lÕanimal mais Žgale- ment par des facteurs extrins•ques, liŽs aux conditions dÕŽlevage. LÕŽtude de ces facteurs a dŽjˆ fait lÕobjet dÕune revue par Dourmad (1988), ce texte lÕactualise avec les rŽsultats publiŽs depuis.
1 / CaractŽristiques de la truie
NumŽro de portŽe
LÕaugmentation de la CMJ avec la paritŽ est principalement observŽe au cours des premi•res portŽes. En effet, les travaux de OÕGrady et al (1985) mettent en Žvidence une augmentation curvilinŽaire de la CMJ (figure 1) jusquÕˆ la 6eportŽe, alors quÕau-delˆ elle plafonne (Lynch 1989). Cependant, il sÕagit de prendre en compte Žgalement lÕaug- mentation parall•le de la taille de la portŽe et du poids de la truie, qui sÕaccompagnent dÕun accroissement des besoins dÕentretien et de production et donc potentiellement de la CMJ.
Taille de la portŽe
LÕaugmentation du nombre de porcelets sÕaccompagne dÕun accroissement de la pro- duction quotidienne de lait (Elsley 1971) et, souvent, dÕune mobilisation accrue des rŽserves corporelles. En effet, dÕapr•s Lynch (1989), la CMJ augmente en moyenne de 200 g/j par porcelet alors que le besoin en ali- ment correspondant serait de 500 ˆ 600 g (Verstegen et al 1985). LÕeffet du nombre de porcelets sur la CMJ est cependant de moins en moins important quand la taille de la por- tŽe sÕaccro”t (OÕGrady et al1985).
Stade de lactation
La CMJ augmente avec le stade de lacta- tion pour atteindre un plateau, mais, en pra- tique, les principales variations de CMJ pen- dant la lactation sont dues ˆ la conduite alimentaire imposŽe au cours de la premi•re semaine suivant la mise bas. A partir dÕun grand nombre de donnŽes collectŽes sur le ter- rain, Koketsu et al (1996) ont pu Žtablir six 7
6 5 4 3 2 1 0 200 400 600 800 1000 1200
CMJ (g)
Parité
Figure 1. Effet marginal de la parité sur la consommation moyenne journalière d’aliment (CMJ) pendant la lactation (d’après O’Grady et al 1985).
catŽgories de truies suivant la cinŽtique de prise alimentaire au cours de la lactation (tableau 1). En fait, dÕapr•s Moser et al(1987) et Neil (1996), les truies alimentŽes ˆ volontŽ d•s la mise bas consomment en moyenne plus dÕaliment par jour pendant la lactation que celles rationnŽes apr•s la mise bas et ce rŽsul- tat est liŽ au fait que la quantitŽ dÕaliment allouŽe pendant la premi•re semaine apr•s la mise bas nÕinfluence pas les niveaux de consommation au cours des trois semaines suivantes. La crainte dÕagalactie ou de chute dÕappŽtit prŽcoce contribue toutefois, dans les Žlevages, au maintien dÕun rationnement rela- tif apr•s la mise bas.
SŽlection gŽnŽtique
De m•me que pour les porcs en croissance, lÕappŽtit des truies en lactation est influencŽ par les crit•res retenus pour la sŽlection gŽnŽ- tique. Ainsi, la sŽlection gŽnŽtique pour lÕob- tention dÕanimaux de plus en plus maigres nÕa pas le m•me effet sur lÕappŽtit des truies quand elle est rŽalisŽe sur la base dÕun appŽ- tit faible ou sur la base dÕun dŽp™t quotidien de maigre ŽlevŽ. En effet, apr•s une sŽlection sur sept gŽnŽrations en condition dÕalimenta- tion ad libitum, Kerr et Cameron (1996) constatent que la CMJ pendant la lactation est infŽrieure de 12 % chez les truies issues dÕune lignŽe sŽlectionnŽe pour un faible appŽ- tit par rapport aux tŽmoins, alors que les truies en lactation issues dÕune lignŽe sŽlec- tionnŽe pour une vitesse ŽlevŽe de dŽp™t de maigre consomment 13 % dÕaliment en plus que les truies tŽmoins.
2 / Conditions dÕŽlevage
La tempŽrature est la composante clima- tique dont lÕeffet est le plus ŽtudiŽ ˆ lÕheure actuelle. En effet, les travaux disponibles (Black et al 1993) montrent que la zone de confort thermique de la truie correspond ˆ une plage de tempŽrature allant de 12 ˆ 20
oC, celle du porcelet ˆ la naissance allant de 30 ˆ 35 oC. En pratique, la tempŽrature ambiante dans les maternitŽs dŽpasse donc frŽquemment la tempŽrature critique supŽ- rieure de la truie. La frŽquence des probl•mes posŽs par les tempŽratures ŽlevŽes est sou- vent liŽe aux caractŽristiques du climat, de la saison, de la pŽriode de la journŽe. Ces pro-
bl•mes sont encore accentuŽs par la concep- tion des b‰timents et la mauvaise ma”trise de lÕambiance.
TempŽrature
Les rŽsultats disponibles sÕaccordent sur lÕeffet nŽgatif des tempŽratures ŽlevŽes sur lÕappŽtit des truies. Le facteur limitant la CMJ semble •tre alors la capacitŽ de la truie ˆ dissiper sa chaleur interne. Celle-ci peut
•tre rŽduite viaune diminution de la consom- mation dÕaliment et donc de lÕextra-chaleur associŽe (Noblet et al1985), et par une dimi- nution de la mobilisation des rŽserves corpo- relles pour la production laiti•re (Messias de Bragan•a et al 1995). La compilation de la bibliographie a permis ˆ Black et al(1993) dÕŽtablir quÕune augmentation de 1 oC de la tempŽrature ambiante entre 16 et 32 oC sÕac- compagne en moyenne dÕune diminution de 2,4 MJ dÕŽnergie digestible ingŽrŽe par jour.
Cependant, la plupart des travaux disponibles comparent deux niveaux constants de tempŽ- rature au cours de la lactation. Or, il est pro- bable que lÕeffet de la tempŽrature sur la prise alimentaire ne soit pas linŽaire. Par ailleurs, aucun rŽsultat ne permet actuellement, ˆ notre connaissance, dÕŽtablir si la truie est sensible ou non ˆ des variations nycthŽmŽ- rales de la tempŽrature selon lÕamplitude et la valeur moyenne considŽrŽe.
Les syst•mes de refroidissement par venti- lation spŽcifique du groin de la truie ou par aspersion dÕeau au goutte ˆ goutte sur la t•te semblent efficaces pour lutter contre les effets nŽgatifs de la chaleur (McGlone et al1988).
Lumi•re
En comparant des pŽriodes dÕŽclairage de 8- 12 h et 12-16 h, Prunier et al (1994) consta- tent que la production laiti•re des truies est identique pour les deux traitements, mais que lÕaugmentation de la photopŽriode est associŽe ˆ une moindre perte de poids, notamment en pŽriode chaude (juin vs janvier). Ce rŽsultat pourrait indiquer un effet favorable de la durŽe journali•re dÕŽclairement sur la CMJ des truies, y compris lorsque les tempŽratures sont ŽlevŽes, ce qui serait en accord avec un comportement alimentaire essentiellement diurne (Dourmad 1993).
Concentration ŽnergŽtique et protŽique de lÕaliment
Des essais ont ŽtŽ conduits afin de compen- ser la diminution de CMJ des truies quand la tempŽrature augmente par un accroissement des teneurs des rŽgimes en nutriments, notamment leur teneur en Žnergie (Dourmad 1988). Les expŽriences de Cox et al (1983), SchÏnherr et al (1989) et Coffey et al (1994) ont consistŽ ˆ supplŽmenter des aliments avec des mati•res grasses (+ 10 % de lipides en moyenne). LÕaugmentation de la concentration ŽnergŽtique sÕaccompagne dÕune ingestion dÕŽnergie plus ŽlevŽe, malgrŽ une CMJ moindre, mais cet apport supplŽmentaire
Augmentation rapide apr•s la mise bas 17,8
Diminution rapide apr•s le pic de consommation 38,3 Diminution lente apr•s le pic de consommation 25,8
CMJ faible pendant toute la lactation 1,2
CMJ faible pendant la premi•re semaine de lactation 1,5 Augmentation progressive pendant toute la lactation 15,4 Tableau 1. Répartition des truies (n = 19 393) issues d’élevages du sud du Minnesota et du nord de l’Iowa (Etats-Unis) selon la cinétique de prise alimentaire au cours de la lactation (Koketsu et al 1996).
CatŽgorie % dans la population
dÕŽnergie correspond presque directement ˆ une exportation plus importante de lipides dans le lait. En dŽfinitive, cette stratŽgie sÕac- compagne de meilleures performances de croissance de la portŽe mais nÕa pas dÕeffet probant sur la truie. Une autre voie de recherche permettant de diminuer lÕextra-cha- leur associŽe ˆ lÕaliment serait de diminuer la teneur en protŽines, le besoin en acides ami- nŽs essentiels restant couvert en supplŽmen- tant lÕaliment avec des acides aminŽs de syn- th•se. Il sÕagit cependant de respecter lÕŽquilibre des apports en acides aminŽs : un apport trop faible en tryptophane par rapport aux apports de valine et dÕisoleucine, par exemple, entra”ne une chute de CMJ entre 6 et 12 jours apr•s la mise bas (Trottier et Eas- ter 1995).
FrŽquence et prŽsentation des repas
Libal et Walstrom (1983, citŽs par Dourmad 1988) ont montrŽ que lÕaugmentation du nombre de repas de 1 ˆ 3 contribuait ˆ accro”tre la CMJ des truies de lÕordre de 15 %.
Par contre, le passage de deux ˆ trois distri- butions par jour nÕa aucun effet sur la CMJ (Genest et DÕAllaire 1995). Il est donc pos- sible, compte tenu de ces rŽsultats, que les truies aient deux moments prŽfŽrentiels de consommation dans la journŽe. LÕhumidifica- tion des aliments sous forme de farine semble Žgalement avoir un effet positif sur la CMJ (+ 12 % : OÕGrady et Lynch 1978, + 3 % : Danielsen et Nielsen 1984, + 5 % : Genest et DÕAllaire 1995). Ce syst•me pose cependant des probl•mes dÕhygi•ne dus ˆ la fermenta- tion de lÕaliment distibuŽ sous forme de soupe, et il reste ˆ vŽrifier si lÕhumidification des granulŽs exerce Žgalement un effet positif ou non sur la CMJ.
Alimentation pendant la lactation
Un niveau dÕapport ŽnergŽtique ŽlevŽ pen- dant lÕensemble de la gestation entra”ne une diminution de la CMJ pendant la lactation.
Ainsi, en accord avec des travaux antŽrieurs, Dourmad (1993) a montrŽ que lÕaccroissement du niveau alimentaire de 2,25 ˆ 2,7 kg/j pen- dant la gestation entra”ne une chute de la CMJ de 280 g/j pendant la lactation, le bilan de gain de poids sur le cycle Žtant cependant en faveur des truies recevant 2,7 kg/j pendant la gestation. La diffŽrence de CMJ pendant la lactation doit •tre mise en relation avec lÕŽtat dÕengraissement de la truie ˆ la mise bas. A lÕinverse, lÕaccroissement du niveau alimen- taire pendant la gestation sans augmentation de lÕapport dÕŽnergie (par dilution de lÕaliment avec des sources de parois vŽgŽtales) semble exercer un effet favorable sur la CMJ pendant la lactation (Farmer et al1996).
Conclusion
Les facteurs influen•ant la consommation spontanŽe des truies en lactation sont nom- breux et de natures diffŽrentes. De m•me que
le mentionnait Dourmad (1988), il est impor- tant de rappeler les difficultŽs ˆ quantifier les effets respectifs de ces facteurs selon quÕils sont liŽs ˆ lÕanimal, ˆ la conduite dÕŽlevage, ˆ lÕaliment... Parmi ces derniers points, lÕŽtude des interactions entre la tempŽrature et la nature de lÕaliment distribuŽ devrait per- mettre de mieux raisonner les apports de nutriments en fonction de la tempŽrature et de mieux gŽrer les rŽpercussions nŽgatives affectant les performances ultŽrieures de reproduction et la longŽvitŽ de la truie.
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M. ƒTIENNE, M.-C. PéRE INRA Station de Recherches Porcines,
35590 Saint-Gilles
Adaptations physiologiques et mŽtaboliques au cours de la gestation chez la truie
Apports nutritionnels
et performances de reproduction
Les quantitŽs dÕŽnergie ou de protŽines allouŽes aux truies gravides nÕaffectent pas en gŽnŽral la taille de la portŽe. En revanche, lÕaugmentation des apports ŽnergŽtiques accro”t le poids du porcelet ˆ la naissance (Henry et Etienne 1978). LÕeffet est plus mar- quŽ chez les truies multipares (+ 37 g/Mcal ; R
= 0,65) que chez les primipares (+ 15 g/
Mcal ; R = 0,30). Seules des conditions extr•mes dÕapports de protŽines (aliments composŽs quasi exclusivement de cŽrŽales, rŽgimes protŽiprives) provoquent une rŽduc- tion de poids des porcelets nouveau-nŽs (DuŽe et S•ve 1978).
Adaptations maternelles et fÏtales
CapacitŽ utŽrine
La truie nÕest capable de conduire ˆ terme quÕun nombre limitŽ de fÏtus. Cette limita- tion, appelŽe capacitŽ utŽrine, est caractŽris-
tique du type gŽnŽtique et de lÕindividu. DiffŽ- rents mod•les permettant de faire varier le nombre potentiel dÕembryons ont ŽtŽ utilisŽs.
La rŽgularisation de la taille de la portŽe intervient prŽcocement, gŽnŽralement avant 35 jours de gestation. Cependant, lorsque lÕef- fectif potentiel (taux dÕovulation) est impor- tant, des diffŽrences persistent ˆ ce stade, et la mortalitŽ tardive des fÏtus est accrue. Les effets dÕune augmentation ou dÕune restriction de lÕespace utŽrin disponible par fÏtus sur le dŽveloppement de la portŽe ont ŽtŽ ŽtudiŽs en comparant des truies tŽmoins (CTR), des femelles HHO ayant subi une hŽmi-hystŽro- ovariectomie droite (lÕeffectif initial dÕem- bryons dans la corne utŽrine subsistante est deux fois plus important que dans chacune des cornes des truies du lot CTR), et des truies LIG dont lÕoviducte gauche Žtait liga- turŽ (lÕeffectif initial dÕembryons dans chacune des deux cornes utŽrines est deux fois plus faible que celui du lot CTR). La figure 1 prŽ- sente lÕŽvolution du nombre de fÏtus par corne utŽrine pendant la gestation dans les trois groupes expŽrimentaux. A 35 jours de gestation, la hiŽrarchie du nombre de fÏtus par corne utŽrine est la m•me quÕau dŽbut, mais les Žcarts entre les groupes sont forte- ment attŽnuŽs en raison dÕune mortalitŽ
