RAPPORT DE STAGE SÉNÉGAL ÉTÉ 2011
Présenté par Cynthia Lapointe Marie-‐Hélène Laliberté-‐Rock
Travail présenté à Mer et Monde
25/08/2011
T ABLE DES MATIÈRES
1. Objectifs poursuivis par le stage ... 4
1.1Objectifs professionnels ... 4
1.2 Objectifs interculturels ... 5
1.3 Objectifs personnels ... 6
2. Résumé des activités préparatoires au stage. ... 7
2.1 Origine du projet de stage ... 7
2.2 Préparation au stage ... 8
2.3 Contacts et démarches ... 10
2.4 Levée de fonds ... 10
3. Montage financier ... 10
3.1 Sommaire des dépenses par catégories ... 11
3.2 Sommaire des sources de financement ... 11
4. Contexte général du stage ... 11
4.1 Le pays ... 11
4.2 La ville ... 13
4.3 Les milieux de stage ... 14
5. Description des modalités de collecte des informations ... 20
6. Résultats de la collecte des informations ... 21
7. Déroulement du stage ... 22
7.1 Problématique de santé et ses composantes nutritionnelles ... 22
7.2 Description des projets d’intervention ... 23
7.3 Liens avec les connaissances théoriques utilisées et connaissances pratiques développées ... 28
7.3 Fonctionnement du travail en équipe ... 29
7.4 Difficultés rencontrées et moyens utilisés pour les surmonter ... 30
7.5 Suggestions et recommandations ... 30
8. Réflexions personnelles (Cynthia) ... 31 8.1 Retour sur les motivations à effectuer un stage dans un pays en voie de développement ou
8.2 Impressions générales sur le stage ... 32
8.3 Objectifs personnels et atteinte de ces objectifs ... 34
8.4 Connaissance de la culture (moyens utilisés) ... 35
8.5 Impact sur votre pratique future comme nutritionniste ... 37
9. Réflexions personnelles (Marie-‐Hélène) ... 37
9.1 Retour sur les motivations à effectuer un stage dans un pays en voie de développement ou culturellement différent ... 37
9.2 Impressions générales sur le stage ... 38
9.3 Objectifs personnels et atteinte de ces objectifs ... 39
9.4 Connaissance de la culture (moyens utilisés) ... 41
9.5 Impact sur votre pratique future comme nutritionniste ... 42
Bibliographie ... 43
1. O BJECTIFS POURSUIVIS PAR LE STAGE
1.1OBJECTIFS PROFESSIONNELS
1.1.1 Identifier les besoins de la communauté.
Nous avions pour objectif d’identifier les besoins de la communauté d’accueil. Il nous était important de bien cibler les priorités des membres de la communauté selon leur propre perspective. De cette façon, l’identification de ces besoins avait pour but de nous guider dans la mise en œuvre d’une intervention de santé publique.
1.1.2Mettre en œuvre une intervention de santé publique répondant aux besoins de la communauté.
La mise en œuvre de l’intervention de santé publique avait pour but de rendre les membres de la communauté capables de travailler à l’amélioration des priorités ciblées. Celle-‐ci a également dû être réalisée dans le respect du milieu d’accueil et selon les ressources disponibles. Ainsi, l’intervention est plus susceptible de servir au milieu à long terme.
1.1.3 Observer et analyser correctement une population culturellement différente à l’aide de leurs ressources et besoins en apprenant sur les visions et pratiques dans le domaine de la santé au Sénégal.
Considérant les nombreuses différences entre le Canada et le Sénégal concernant les ressources, les manières de faire et de penser dans le domaine de la santé, une adaptation de notre part était primordiale. Nous avions inévitablement à apprendre et à être sensibles aux visions et pratiques locales.
1.2 OBJECTIFS INTERCULTURELS
1.2.1 Être ouvertes à découvrir d’autres habitudes de vie et connaître la culture sénégalaise et ses valeurs.
Tous les changements d’habitudes vécus par le stage permettaient de mettre en question nos propres habitudes. Ce fût une occasion de nous interroger sur leurs impacts sur nous et sur la société. La découverte et la meilleure connaissance des valeurs sénégalaises ont pu nous amener à réfléchir sur nos propres valeurs et sur celles de nos milieux de vie d’origine. Cette réflexion avait pour but de retirer le meilleur des deux cultures.
1.2.2 S’informer et aiguiser notre curiosité sur les réalités socioculturelles du Sénégal.
Cet objectif avait pour but de nous amener à nous ouvrir davantage sur le monde et de nous donner soif de découvertes interculturelles. De cette façon nous avons pu optimiser notre expérience et la rendre la plus enrichissante possible.
1.2.3 Apprendre les bases du wolof.
L’apprentissage de la langue majoritairement parlée au Sénégal avait pour objectif de nous offrir un maximum d’opportunités d’échanges avec les membres de la communauté d’accueil. Également, il visait à favoriser notre intégration au sein de notre milieu de vie adoptif.
1.2.4 S’intégrer au sein de notre famille d’accueil en créant des moments propices aux échanges.
Pour vivre pleinement l’expérience interculturelle et ainsi mieux comprendre la culture à tous les niveaux, faire partie intégrante de notre famille d’accueil était de mise. En participant aux tâches quotidiennes et aux activités familiales, cela favorise les échanges et l’établissement d’un lien de confiance. Il va de soi que plus le lien de
confiance avec les membres de la famille est fort, plus ceux-‐ci sont intéressés et ouverts aux discussions.
1.2.5 Être capable d’agir dans le respect de nos limites et croyances culturelles.
L’immersion dans une nouvelle culture peut nous confronter à des situations qui vont à l’encontre de nos propres croyances. Ainsi, afin que cette expérience soit enrichissante et non choquante pour nous, il fût de mise d’agir en conformité avec nos limites et croyances culturelles. Cela permet à notre famille d’accueil de bénéficier des connaissances qu’ils apprennent de notre culture. De notre côté, nous nous assurons de diminuer les sources d’inconforts tout au long du stage.
1.3 OBJECTIFS PERSONNELS
1.3.1 Développer notre capacité d’adaptation.
En nous immergeant dans une culture différente de la nôtre, nous avions pour objectif d’augmenter notre capacité d’adaptation. Celle-‐ci nous a été nécessaire lors de la perte de nos repères et lors des nombreuses situations nouvelles rencontrées.
Le développement de cette capacité pourra aussi nous être utile à tous moments de notre vie future.
1.3.2 Augmenter notre autonomie et notre confiance en soi.
Par le fait de partir vers l’inconnu sans supervision comparable à celle des milieux de stage plus traditionnels, nous avons dû faire preuve d’autonomie. Nous avons eu à nous débrouiller et faire preuve d’initiative tout au long du stage. De ce fait, notre confiance en soi a été augmentée suite aux réalisations au cours du stage.
Également, vivre un stage à l’étranger dans notre domaine d’étude est une fierté en soi. Ces habiletés et aptitudes pourront être transférées dans nos pratiques futures, tant professionnelles que personnelles.
1.3.3 Faire preuve d’ouverture d’esprit et de respect.
En étant confrontées à des façons de faire et de penser différentes des nôtres, nous avons dû faire preuve d’ouverture d’esprit et de respect afin de rendre l’expérience agréable pour tous. Cet objectif concernait autant le respect des gens, de leurs habitudes de vie et de leurs valeurs que notre propre respect dans cette aventure.
1.3.4 Vivre au jour le jour à l’aide de notre journal personnel
Dans un pays comme le Sénégal où le mode de vie « prendre le temps » est bien imprégné dans la communauté, il est d’une importance capitale de vivre le stage au jour le jour. En effet, puisque le rythme des activités n’a rien à voir avec celui que nous connaissons bien, cet objectif a dû être gardé en tête tout au long du stage. Cela avait comme impact de vivre de façon sénégalaise pour ainsi éviter des frustrations par rapport à l’avancement des activités autant en milieu de stage qu’en famille.
L’écriture du journal personnel au quotidien était l’outil par excellence pour prendre le temps de réfléchir sur les réalisations de chaque journée.
2. R ÉSUMÉ DES ACTIVITÉS PRÉPARATOIRES AU STAGE .
2.1 ORIGINE DU PROJET DE STAGE
D’abord, assister aux présentations orales des stagiaires ayant réalisées un stage international et interculturel nous a mis l’eau à la bouche à vouloir nous aussi vivre une expérience pareille. Suite à cela, nous avons assisté à la présentation offerte par Mme Ann Payne afin d’obtenir toutes les informations concernant le stage et pour avoir des réponses à nos questionnements. C’est à ce moment que nous avons eu l’heure juste sur notre implication par rapport à ce stage qui n’avait rien à voir avec un stage à option se déroulant au Québec. Nous avons ensuite questionné Mme Denise Ouellet et Mme Thérèse Desrosiers pour éclairer nos choix à savoir si nous voulions partir au Sénégal ou en Inde. Toujours aussi motivées, nous avons ensuite complété notre dossier de candidature, ayant toutes deux comme choix premier de
milieu de stage, l’Inde. Puis, nous avons été convoquées en entrevue. C’est à la rencontre d’acceptation officielle avec Mme Payne et Mme Ouellet que nous avons su que nous partions ensemble pour l’Inde. Quelques semaines plus tard, nous avons accepté de réaliser un stage au Sénégal avec l’organisme Mer et Monde puisque le stage en l’Inde avait été annulé. La destination n’importait peu puisque c’est l’expérience globale du stage qui était source de motivation pour nous. Nous nous sommes ensuite présentées à une rencontre avec Mme Mineault, Mme Payne et Mme Ouellet ayant comme sujet principal l’aspect monétaire via le Bureau International. Enfin, un contrat d’engagement a été signé avec l’organisme Mer et Monde suite à une première rencontre avec la coordonnatrice, Mme Mireille Chilloux. C’est à partir de ce moment que nous étions enfin prêtes à débuter les formations pré-‐départs requises à la réalisation de ce stage.
2.2 PRÉPARATION AU STAGE
Plusieurs activités préparatoires ont dû être réalisées afin de pouvoir participer à ce stage. D’abord, le cours «Approche interculturel en santé » constituait un pré-‐requis à la participation au stage international. Ce cours visait à nous sensibiliser à différentes approches en santé selon la culture du milieu. Aussi, les présentations orales des stages internationaux des années antérieures nous ont permis d’avoir une meilleure idée du type de stage possible dans le cadre du baccalauréat en nutrition. Une fois la décision prise, nous avons suivis quatre formations pré-‐
départs avec l’organisme Mer et Monde. Elles se sont déroulées tout au long de la session d’hiver précédent le stage. Ces dernières nous ont initiées à une expérience de solidarité internationale. Cette formation présente cinq volets : (1) connaissances de soi, dynamique de groupe et vie communautaire, (2) connaissances du pays d’accueil et de la culture québécoise, (3) adaptation et communication interculturelles, (4) philosophie du développement et de la coopération internationale et (5) mondialisation, enjeux et alternatives. Cette formation nous aide, entre autre, à se préparer au choc culturel, à mieux nous connaître et à nous
conscientiser sur notre rôle de citoyen dans notre société respective. Parallèlement à ces formations, trois rencontres avec Mme Denise Ouellet ont eu lieues. Ces rencontres ont permis de faire le lien entre les formations Mer et Monde et les exigences pédagogiques de l’université. Divers sujets ont été abordés comme le choc culturel, la malnutrition infantile et la culture sénégalaise au point de vue nutritionnel. Ces derniers ont été approfondis via des lectures. Le Bureau International de l’université nous a exigé une formation portant sur l’aspect médical du stage. Des informations concernant la vaccination et le contenu de la trousse médicale nous ont été fournies. Cette formation complétait les renseignements reçus du centre du voyageur et de Mer et Monde. Les aspects administratifs du stage ont été couverts par une formation en ligne exigée par le Bureau International. Afin de favoriser au maximum notre intégration auprès de la communauté sénégalaise, nous nous sommes engagées dans des cours de Wolof, tels que recommandés. Ces cours visaient l’apprentissage d’un vocabulaire de base. Dans les semaines précédant notre départ, l’achat de matériel a été effectué de façon individuelle afin d’être bien armées pour toutes éventualités possibles. Lors de notre arrivée au Sénégal, les cinq premiers jours ont été consacrés à une formation terrain offerte par Mer et Monde. Chaque journée comportait des activités ou rencontres portant sur les pratiques et visions sénégalaises en santé selon différents domaines d’études (ergothérapie, psychologie et nutrition). Durant cette période, nous avons aussi débuté notre initiation à la vie communautaire sénégalaise. Nous avons eu l’opportunité de suivre quelques cours de Wolof avec M. Amadou Lamine Fam. De plus, des conseils pratiques nous ont été prodigués par nos formateurs (transport en commun, coordonnées importantes, argent, communication internationale, vie familiale, etc.). Finalement, des lectures personnelles portant sur le pays de destination nous ont permis d’avoir des informations supplémentaires.
2.3 CONTACTS ET DÉMARCHES
Nombre de démarches ont dû être entreprises afin de voyager légalement et de façon sécuritaire. D’abord, une demande de passeport a dû être complétée. Nous avons aussi fait les procédures nécessaires afin d’être bien couvertes par des assurances voyages et santé. De plus, afin de favoriser un bon état de santé tout au long du voyage, des précautions étaient de mise, telles que la consultation médicale, la vaccination pertinente et une pharmacie bien garnie. Certaines personnes ont dû être contactées pour les besoins de notre préparation au stage. Pour les cours de Wolof, M. Pape Camara, M. Mouhamadou Assane Bâ et M. Abdoulaye Samba Sy nous ont donnés un précieux coup de main au niveau linguistique. Également, le pavillon Agathe-‐Lacerte de l’Université Laval nous ont permis d’avoir un hébergement pour nos fins de semaine de formations pré-‐départs de Mer et Monde.
2.4 LEVÉE DE FONDS
Différentes activités de financement ont été réalisées au cours de la session d’automne afin d’amasser les fonds nécessaires. Ces activités ont été mises en œuvre en collaboration avec les quatre autres stagiaires participant au stage international et interculturel. La participation de chacun était sur une base volontaire et les sommes amassées étaient divisées entre les participants pour chaque activité.
Diverses façons ont été utilisées afin d’atteindre nos objectifs financiers c’est-‐à-‐dire, la vente, l’offre de services et la demande de commandites et de bourses. Le détail des activités de financement se trouve dans la section portant sur le montage financier du présent document.
3. M ONTAGE FINANCIER
Le présent montage financier tient compte de la différence des dépenses et des revenus des deux stagiaires et comprends seulement les dépenses directes.
3.1 SOMMAIRE DES DÉPENSES PAR CATÉGORIES
Mer et Monde Montréal 485,00$
Cours de Wolof 0$ -‐ 120$
Passeport 0$ -‐ 100$
Immunisation et médication 600,00$
Billets d’avion 1600,00$
Mer et Monde Sénégal 1810,00$
Autre (transport, nourriture…) 250 – 500,00$
Total 4745,00$-‐ 5215,00$
3.2 SOMMAIRE DES SOURCES DE FINANCEMENT
Vente de pommes 13,39$
Activité de hot yoga 21,00$
Vente de bouteilles vides 0$ -‐ 41,61$
Vente de biscuits à la citrouille 55,82$
Emballage en épicerie 114,00$ -‐ 347,03$
Moitié-‐Moitié 37,75$
Service au vin et fromage 0$ -‐ 85,00$
Vente de vin 29,21$ -‐ 198,00$
Soirée Sacrilège 41,00$
Soirée Tupperware 0$ -‐ 100$
Commandites 690,00$
Bourse du Bureau international de l’Université Laval 2000,00$
Bourse des Fonds de nutrition publique 1000,00$
Bourse de l’OQMJ 1050,00$
Total 5052,17$ – 5642, 85 $
4. C ONTEXTE GÉNÉRAL DU STAGE
4.1 LE PAYS
Le Sénégal, situé dans le sud-‐ouest du continent Africain, est d’une superficie de 196 722 km2. Les pays voisins sont la Mauritanie au nord, le Mali à l’est ainsi que la Guinée et la Guinée-‐Bissau au sud. Le Sénégal partage également ses frontières avec la Gambie. La côte ouest est mouillée par l’Océan Atlantique sur une distance de 706 km. La population sénégalaise atteint plus de 13 millions d’habitants correspondant à une densité de 71,7 habitants/km2. Les sénégalais ont un âge médian de 18,6 ans.
La langue officielle du pays est le français. Plusieurs autres langues y sont parlées dont le Wolof, le Sérère, le Pular, le Malinké, le Soninké et le Diola.
Le Sénégal a un climat diversifié comprenant les régions sahéliennes sèches et les régions tropicales humides. La saison sèche et la saison des pluies s’alternent au cours de l’année et varient selon les régions. De novembre à mars-‐mai se déroule la saison sèche. Pour sa part, l’hivernage a lieu d’avril-‐juin à octobre.
En ce qui concerne l’économie du pays, le secteur agricole emploie un peu plus des trois-‐quarts de la population active. La production agricole est directement influencée par le climat. Au sud du Sénégal, la récolte est habituellement plus abondante pour cette raison. Les principales productions sont l’arachide et le coton.
Le riz est l’élément de base de l’alimentation des Sénégalais. Malheureusement, cet aliment est importé à 80%. L’élevage occupe une place importante au Sénégal. En effet, 68% des ménages possèdent des bêtes. Un Sénégalais actif sur six vit de la pêche. Du point de vue alimentaire, c’est le seul secteur pour lequel les Sénégalais sont autosuffisants. Les côtes du pays sont parmi les plus poissonneuses de toute l’Afrique. Cependant, l’exportation de certains poissons amène l’appauvrissement des zones de pêche. Le secteur industriel représente quant à lui 25% du PIB du pays.
La situation sociale n’est pas rose pour tous les Sénégalais. En effet, le taux de chômage chez les jeunes atteint 48% (2009). Plusieurs autres difficultés affectent la population sénégalaise comme les nombreuses coupures d’électricité, les infrastructures insuffisantes, l’exode rurale et la pauvreté du réseau routier. Environ 73% de la population ont accès à l’eau potable. Ces obstacles rendent difficiles la production agricole des villageois. Ainsi, la pauvreté touche 50% de la population correspondant à un revenu quotidien de moins de deux dollars canadien.
Comparativement aux ruraux, la population urbaine serait moins affectée par cette pauvreté.
La précarité financière et le faible niveau d’éducation de la population limitent l’accessibilité aux soins de santé. Effectivement, environ 60% de la population de plus de 15 ans est analphabète. Les femmes représentent 52% de la population sénégalaise. Plus d’un cinquième de la population sont des femmes en âge de procréer. Malheureusement, la mortalité infanto-‐juvénile est d’environ 15%.
Le Sénégal est une république régie par la constitution du 17 janvier 2001. Le chef d’état et le gouvernement détiennent le pouvoir exécutif. Le chef d’état ou président de la république est élu démocratiquement pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Depuis le 19 mars 2000, le chef d’état est Abdoulaye Wade. Effectivement, il a été élu en 2000 et réélu en 2007. Celui-‐ci a pour rôle de détermine la politique nationale, le premier ministre ainsi que les ministres. Le premier ministre est le chef du gouvernement et ce-‐dernier coordonne la politique de la nation. L’Assemblée nationale exerce le pouvoir législatif. Les prochaines élections nationales auront lieu en 2012.
4.2 LA VILLE
Guédiawaye: La ville de Guediawaye se situe au cœur de la région métropolitaine de Dakar à l’extrémité ouest du Sénégal. Elle est limitée par l’Océan Atlantique au nord, la Grande Niaye et la ville de Pikine au sud et par la route départementale 101 à l’ouest. Située à 13 km de la ville de Dakar, la superficie de Guédiawaye est de 26 km2. Elle a un climat subsaharien. La population est d’environ 500 000 habitants.
L’importante densité de la population de cette région est d’environ 17 200 habitants par km2. La population est en constante augmentation en lien, en partie, avec l’exode rural et la croissance naturelle de la population. Il est à préciser que la population est particulièrement jeune, en effet, 65% de la population ont moins de 25 ans. Concernant l’économie, le secteur informel occupe une place non négligeable. Les commerçants et les artisans sont les principaux métiers associés à ce commerce. En effet, il a tendance à gagner du terrain dû à la hausse de l’immigration. De plus, les plages, les lacs, la bande verte du littoral et les dunes
constituent un important atout économique pour la ville. En effet, cette banlieue possède un environnement riche par son climat, ses plages, ses forêts, etc.
Cependant, ces richesses sont sous de constantes menaces, comme les inondations, l’utilisation illicite du sable de mer, le déboisement et la contamination de la nappe phréatique. Au niveau de l’administration, Guédiawaye compte cinq arrondissements, un centre de santé, 14 postes de santé, un centre de la mère et de l’enfant (Institut pédiatrie social -‐ IPS) et un poste de santé de la mission catholique.
4.3 LES MILIEUX DE STAGE
4.3.1Centre de récupération et d’éducation en nutrition(CREN) St-‐Martin
Paramètres de fonctionnement du milieu
À l’arrivée au dispensaire, des informations sont recueillies auprès du patient. Parmi ces informations, le poids, la température, la pression artérielle ainsi que le nom de la mère sont notées. Tous les patients consultant au dispensaire sont enregistrés dans le système informatique pour assurer le suivi. Les informations récoltées peuvent servir de statistiques afin de mieux connaître la clientèle desservie. Les données étudiées servent à déterminer vers où le patient doit se diriger par la suite.
Dans le cas des jeunes patients malnutris, ils sont référés au CREN.
Ressources humaines et matérielles
À la tête du Dispensaire St-‐Martin se trouve Sœur Marie-‐Madeleine Ndour. Elle coordonne l’ensemble des services offerts. Plusieurs employés travaillent au dispensaire dont : une pédiatre, deux médecins généralistes, des agents de santé polyvalents, des aides soignants et deux sages-‐femmes. Au CREN, Bernadette Diabaye est habituellement en charge des activités en nutrition. Par contre, lors de notre passage, elle était remplacée par Angèle Thiaw, normalement assignée à la pharmacie.
Présentement, l’aménagement physique du CREN est en processus de changement.
Plusieurs locaux sont réservés aux activités du CREN. Tout d’abord, la pièce principale est utilisée pour recevoir les mères et leur(s) enfant(s), pour faire la pesée et prendre les mesures anthropométriques, ainsi que pour la distribution et la prise des repas et des suppléments nutritionnels, les causeries et l’entreposage d’aliments réfrigérés. La pièce comprend des chaises à l’intention de mères, un comptoir de service, une section de mesures anthropométriques, deux réfrigérateurs, des placards de rangement, des éviers, ainsi que des tableaux d’information. Ensuite, il y a une petite pièce dédiée à la pesée des ingrédients. On y retrouve les ingrédients non périssables, une balance à aliments et un espace de travail restreint. À proximité, on retrouve la cuisine comprenant un brûleur au gaz pour la cuisson des repas et tout le matériel de cuisine. En outre, dans cette pièce, un espace suffisant est disponible pour que quelques femmes puissent observer et apprendre les méthodes de préparation des repas. Une grande chambre pouvant accueillir 13 patients hospitalisés est aménagée à l’intérieur même du CREN.
Finalement, une cours intérieure relie toutes ces pièces entre elles.
Programmes de santé
Le dispensaire St-‐Martin, fondé en 1955, comprend plusieurs départements dont : grossesses, gynécologie, laboratoire et analyse, échographie, pharmacie, consultations prénatales, soins ambulants et centre de nutrition. Un programme de vaccination complet est offert aux enfants selon l’âge. L’administration de vitamine A est également disponible si nécessaire. À tous les 6 mois ou au besoin, on procède à un déparasitage des enfants. Des antibiotiques et des solutions de réhydratation sont administrés aux enfants souffrants de diarrhée. Le Resomal est priorisé pour réhydrater les enfants dénutris puisque cette solution est plus riche en potassium et faible en sodium.
Programmes de nutrition
À l’intérieur du dispensaire St-‐Martin, on retrouve le centre de récupération et d’éducation en nutrition où sont référés les enfants malnutris. Le parent doit obligatoirement accompagner son enfant durant tout le processus. L’implication du parent est priorisée pour la prise en charge la malnutrition de l’enfant. Les aliments utilisés pour la préparation des repas sont disponibles localement. Les critères d’admission sont :
o Enfant entre 6 et 59 mois;
o Indice poids/taille < 70% OMS ou < -‐3 score Z (NCHS/WHO) o Périmètre brachial < 115 mm
o Présence d’œdèmes bilatéraux
Les cas le plus sévères de malnutrition sont hospitalisés au CREN (patients internes). La durée d’hospitalisation est variable selon l’état du patient c’est-‐à-‐dire, d’une semaine à plus d’un mois. Les mères et leur(s) enfant(s) sont également hébergés et nourries au CREN. Des frais d’hospitalisation de 500 Francs CFA (environ 1,25$) par jour sont exigés couvrant l’alimentation et les suppléments nutritionnels. Dans un premier temps, les enfants hospitalisés reçoivent du F-‐75 six fois par jour puis lorsque l’état s’améliore, le F-‐100 est administré deux fois par jour combiné aux bouillies. Pour les enfants souffrant de malnutrition de type kwashiorkor, l’amélioration de l’état est constatée lors de la fonte des œdèmes et du retour de l’appétit. Ceci se fait habituellement en cinq à sept jours. Pour les patients atteints de malnutrition de type marasme, le retour de l’appétit est le principal indicateur de l’amélioration de l’état, habituellement constaté en un à deux jours.
Dès leur prise en charge les enfants hospitalisés reçoivent de la vitamine A, de la foldine 5 mg et du mebendazole. Ils sont également traités en cas d’infection par le biais d’antibiotiques et d’antipaludéens. Dans le cas où l’enfant n’est pas vacciné contre la rougeole, un vaccin lui est administré.
Les cas moins sévères sont vus en externe sur une base quotidienne. Ces patients doivent venir à tous les matins pendant une semaine. Chaque jour, les mères doivent débourser 300 Francs CFA (environ 0,75$) pour les multivitamines administrées à leur enfant. Les mères assistent aux causeries quelques fois par semaine. Ces dernières portent sur les conséquences de la malnutrition et sur les moyens pour optimiser l’alimentation de leur enfant. Pour les patients en externe, trois pesées sont obligatoires dans le but d’apprécier le gain de poids tout au long de la prise en charge. Dès son arrivée, le bambin est pesé et mesuré (longueur et périmètre brachial). Cette collecte de données servira de référence pour les mesures subséquentes. À la fin de la semaine passée au CREN, une deuxième pesée a lieu.
Puis, les mères cessent de venir au CREN pendant une semaine afin de valider les apprentissages reliées à l’alimentation. Dans le but de faciliter la préparation de la bouillie enrichie à domicile, des sachets de préparation à bouillie (farine mélangée, sucre, lait en poudre) sont en vente. Elles sont convoquées à une troisième pesée après une semaine à domicile afin d’objectiver l’évolution pondérale de l’enfant.
Selon les résultats, l’enfant est admis en tant que patient externe, interne ou libéré du service.
Horaire de la journée au CREN
Heure Externe Interne
À l’arrivée Signes d’amélioration
6h00 -‐ F75 F100
9h00 Boullie farine de
céréales F75 Boullie farine de
céréales
10h30 Multivitamines Multivitamines et fer Multivitamines et fer 12h00 Bouillie riz et
poisson/viande F75 Bouillie riz et
poisson/viande
15h00 -‐ F75 Yogourt
18h00 -‐ F75 Bouillie fromage et mil
21h00 -‐ F75 F100
4.3.2 CREN de l’Institut de pédiatrie sociale (IPS)
L’Institut de pédiatrie sociale est un institut universitaire créé en 1964. Il est chapeauté à la fois par le Ministère de la Santé et de la Prévention Médicale du Sénégal et par la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université de Dakar.
L’IPS reçoit de l’aide financière et matérielle en provenance du Fonds Européen de Développement (FED), de l’UNICEF et du Centre international de l’Enfance (CIE). Les revenus du personnel sont couverts par l’État du Sénégal. Quant aux autres ressources financières, elles proviennent de la contribution communautaire ce qui lui permet d’être autosuffisant.
L’IPS poursuit diverses missions. D’abord, il vise la formation du personnel œuvrant dans le domaine de la médecine infantile préventive. Aussi, il a pour but d’assurer les soins aux enfants de 0 à 15 ans, ainsi qu’aux femmes enceintes. L’institut poursuit également la mission d’éduquer le public en matière d’hygiène de la femme enceinte et de l’enfant. On y fait également de la recherche sur divers sujets en lien avec la santé de la clientèle cible. La population accueillie à l’IPS provient surtout de Guédiawaye et de Pikine, considérant son emplacement géographique.
Les services offerts au centre sont :
§ Vaccination
§ Surveillance de la grossesse
§ Consultation du nourrisson
§ Consultation du couple mère-‐enfant
§ Consultation prénatale
§ Analyses de laboratoire
Les coûts associés à ces services varient de 100 à 1500 Francs CFA.
Aménagement physique
Un bâtiment de l’IPS est consacré à une école maternelle. Le Ministère de la Petite Enfance assure l’encadrement de cette dernière. Un deuxième bâtiment est consacré aux sciences sociales et un troisième regroupe les services médicaux.
Ressources humaines
L’Institut de pédiatrie sociale comprend plusieurs employés dont pédiatres, médecins stagiaires, sages-‐femmes, assistantes sociales, infirmières, techniciens de laboratoire, agents de santé communautaire et le personnel administratif.
Fonctionnement du milieu
Les consultations médicales sont assurées par un médecin pédiatre, un médecin stagiaire, une sage-‐femme ou une infirmière. On procède d’abord à l’inscription de l’enfant dans le registre. Au cours des consultations, des informations pertinentes sont ajoutées à la fiche individuelle et au carnet de santé conservés précieusement par la mère. Selon le besoin, des solutions de réhydratation orales sont administrées aux enfants. L’Institut de pédiatrie sociale comprend un CREN qui occupe une légère part de l’ensemble des activités. Celui-‐ci fonctionne tel un hôpital de jour. Les services sont offerts du lundi au vendredi de 9h à 14h (variable). En tête du CREN, il y a Mme Niang, infirmière. Pour sa part, Mme Gaye est en charge de la cuisine. Les enfants admis ont été référés au préalable lors de consultations à l’institut même ou encore, à l’extérieur. Le centre reçoit en moyenne 16 enfants malnutris par jour.
L’achalandage est plus important lors de la saison de l’hivernage. Tout dépendant de la sévérité de la malnutrition, les enfants sont divisés en trois catégories. D’abord, il y a les enfants atteints de malnutrition modérée, qui seront suivis un à deux jours par semaine jusqu’à l’atteinte des objectifs pondéraux. Ensuite, il y a les enfants souffrant de malnutrition sévère, qui devront être suivis à tous les jours jusqu’à l’atteinte des courbes normales. Finalement, il y a ceux dont la croissance est considérée comme étant normale, qui recevront des conseils de prévention par
l’infirmière. En moyenne, les enfants doivent se rendre au centre pendant environ un mois. L’approche est basée sur une alimentation suffisante en énergie et en protéines. Les aliments utilisés sont de provenance locale et ce, afin que les mères puissent reproduire aisément les recettes à la maison après les suivis. Que ce soit pour le kwashiorkor ou le marasme, le menu utilisé est le même.
5. D ESCRIPTION DES MODALITÉS DE COLLECTE DES INFORMATIONS
Plusieurs moyens ont été utilisés pour recueillir l’information pertinente. D’abord, lors de notre première semaine au Sénégal, nous avons eu l’opportunité d’assister à différentes conférences en lien avec l’alimentation locale. L’une d’elles portait sur les tabous et superstitions alimentaires répandus dans la population sénégalaise.
Une autre présentait les différents aliments consommés au pays. Ensuite, pendant notre stage au CREN St-‐Martin et au CREN de l’IPS, nous avons eu l’occasion d’observer les activités de récupération nutritionnelle. Nous en avons également profité pour poser nombre de questions aux différents acteurs œuvrant dans ces milieux. En effet, au CREN ST-‐Martin, Sœur Marie-‐Madeleine Ndour et Angèle Thiaw nous ont initiées aux pratiques entourant la malnutrition infantile. Puis, au CREN de l’IPS, Dr Diallo nous a accueilli chaleureusement et nous a expliqué le déroulement général du CREN. Nous avons pris l’initiative de le questionner davantage sur les besoins du milieu et sur des pistes d’intervention possibles. Aussi, nous avons questionné vigoureusement Mme Niang, infirmière et responsable du CREN et Mme Gaye, aide en santé communautaire afin de mieux saisir le fonctionnement du centre et de bien cerner les façons de faire et de penser. Il nous a ainsi été possible de mesurer leur prédisposition aux changements que l’on pourrait éventuellement leur proposer. Finalement, lors des supervisions effectuées par Marie Gaye, nous l’avons interrogé sur nos idées et validé avec elle la direction à prendre. Nous avons recueilli auprès d’elle des explications en lien avec les pratiques existantes.
6. R ÉSULTATS DE LA COLLECTE DES INFORMATIONS
Suite à la collecte d’information en lien avec l’alimentation au Sénégal et le fonctionnement d’un CREN, nous étions beaucoup mieux outillées afin de mettre en œuvre une intervention culturellement sensible. D’abord, nous avons appris que les enfants et les femmes enceintes sont les principaux visés par les croyances alimentaires. Plusieurs aliments sont incriminés comme les œufs, la viande, les poivrons, les bananes ainsi que les légumes de façon générale. Également, le fait de manger de grandes quantités d’aliments durant la grossesse n’est pas bien vu. Donc, dès les premiers jours de notre séjour, nous savions que l’alimentation des femmes enceintes et des enfants était probablement inadéquate et insuffisante considérant leurs besoins. Aussi, plusieurs « règles » entourent la prise de repas. Effectivement, les repas sont servis dans le bol commun. Chacun mange les aliments se retrouvant devant lui. Habituellement, les aliments sont disposés de façon à ce que le riz soit étalé à la grandeur du bol, alors que le poisson/viande et les légumes sont situés au centre. Tous ne sont pas autorisés à piger les aliments du centre du bol. Les personnes autorisées ont pour tâche de distribuer les aliments à tous et chacun de façon équitable. Selon les familles, les personnes sont autorisées en fonction de leur âge et de leur sexe. De ce fait, l’alimentation des enfants en bas âge peut être sous-‐
optimale. Cela peut être dû à une offre insuffisante de viande et de légumes et au manque de stimulation de l’enfant. Ensuite, nous en avons appris sur les aliments de base de l’alimentation sénégalaise. Nous avons aussi pu améliorer nos connaissances concernant les sources alimentaires de protéines, vitamines et minéraux parmi les aliments locaux. Nous avons été sensibilisés au fait qu’il est possible de s’alimenter sainement à prix modique en consommant les aliments locaux. Malheureusement, le manque de connaissances, les habitudes, les croyances et l’influence de la publicité prédominent et appauvrissent la qualité de l’alimentation.
Le fonctionnement des deux CREN est similaire à la différence qu’il n’y a pas d’hospitalisation des enfants sévèrement malnutris à l’IPS. Nous avons constaté que les courbes de croissance ne sont pas utilisées à leur plein potentiel pour faire le suivi pondéral. Effectivement, les fiches d’hospitalisation conçues par les stagiaires sont peu utilisées. Les raisons évoquées pour expliquer cela sont la surcharge de travail et la préférence pour les façons de faire ancrées depuis des années. Une résistance aux changements a été communiquée à plusieurs reprises. La participation des mères est grandement sollicitée dans la préparation des bouillies.
Les femmes assimilent rapidement les techniques culinaires proposées. Elles sont ainsi habilitées à reproduire ces mets à la maison au bienfait de la santé de leur enfant. Effectivement, les bouillies sont préparées à l’aide d’aliments locaux abordables. La bouillie matinale est à base de mil et est enrichie de jaunes d’œuf et de lait caillé. Pour sa part, la préparation du midi est souvent à base de riz, poisson, œuf, poudre d’arachides, légumineuses et de légumes. Parfois, le repas est complété par un dessert riche en protéines. Le temps passé au CREN est propice aux échanges entre les mères et facilite la création de liens apportant ainsi un soutien. Ensuite, nous avons remarqué que l’allaitement maternel est très populaire auprès des mères sénégalaises. Dans les cas de jumeaux, d’orphelin ou de difficulté à produire suffisamment de lait, le biberon de lait artificiel est utilisé.
7. D ÉROULEMENT DU STAGE
7.1 PROBLÉMATIQUE DE SANTÉ ET SES COMPOSANTES NUTRITIONNELLES
La malnutrition protéino-‐énergétique infantile est une problématique de plus en plus importante dans la population sénégalaise. Pour faire face à cette réalité, des centres de récupération et d’éducation en nutrition (CREN) sont mis en place à travers le pays. Ces derniers visent à sensibiliser la population aux bonnes pratiques en matière d’hygiène et salubrité de même que de prendre en charge les enfants souffrant de malnutrition. Dans le cadre du stage international en nutrition publique
nous avons eu l’opportunité de nous familiariser avec deux CREN dont la prise en charge des enfants malnutris s’effectue différemment. Considérant les milieux de stage fréquentés, la problématique nutritionnelle choisie est inévitablement la malnutrition chez les enfants de 6 mois à 2 ans puisqu’elle constitue la clientèle cible de ces CREN. Plusieurs facteurs socioculturels et économiques peuvent favoriser cette problématique. Effectivement, à la base du problème se retrouve le manque de connaissances liées à l’alimentation, le faible niveau d’éducation des tuteurs des enfants et les nombreuses croyances profondément ancrées au sein de la population. Deçà découle une utilisation non-‐optimale des aliments lors de la préparation des repas. Ces derniers sont majoritairement composés de féculents et contiennent peu d’aliments hautement nutritifs, tels que les sources de protéines, les fruits et les légumes. En effet, le riz représente la base de l’alimentation sénégalaise d’aujourd’hui. De plus, la culture implique la prise de repas autour du bol commun. Cela peut avoir comme répercussion de rendre l’alimentation des enfants en bas âge plus difficile considérant qu’ils reçoivent peu d’aide et de stimulation de la part de leurs tuteurs pour s’alimenter. En outre, l’alimentation des enfants sénégalais est influencée par les ressources financières de la famille par rapport au nombre de bouches à nourrir.
7.2 DESCRIPTION DES PROJETS D’INTERVENTION
Suite à nos observations au CREN St-‐Martin et au CREN de l’IPS, il fût possible de se familiariser avec le fonctionnement de ce type de centre. Questionner le personnel et les mères, participer aux activités de la cuisine et assister aux consultations et à la causerie nous ont permis de bien cibler les besoins du milieu. Il fut important de prendre en considération ce que le milieu était prêt à modifier selon leurs priorités et leur contexte actuel. Il nous semblait inutile de mettre de l’énergie sur un projet auquel on ressentait une réticence de la part des acteurs du milieu. Nous en sommes donc venues à la mise en œuvre de trois projets d’intervention : un rapport d’appréciation du fonctionnement du CREN, la création d’un support visuel et d’un
guide de présentation pour la causerie sur l’hygiène et la salubrité alimentaires que nous avons présenté et la mise à jour de la documentation éducative affichée au CREN.
7.2.1 Rapport d’appréciation du fonctionnement du CREN
D’abord, il nous semblait pertinent de partager nos impressions sur le fonctionnement du CREN aux responsables. Considérant que nous sommes d’une culture différente, nous avons une perspective autre qui peut amener de nouvelles idées. Parfois le fait d’être constamment dans un même milieu peut empêcher de percevoir les aspects positifs et à améliorer des façons de faire. Ainsi, nous avons fait des efforts pour être sensibles aux réalités sénégalaises et au contexte de travail.
Les recommandations qui en découlent sont formulées dans le rapport d’appréciation dans le but d’améliorer les services offerts par le CREN à la population cible selon notre vision et en concordance avec les recommandations de l’OMS. Pour la réalisation de ce projet, nous avons fait un premier remue-‐méninge de façon individuelle afin de faire ressortir les différents points positifs et à améliorer du fonctionnement général du milieu. Ensuite, nous avons procédé à une mise en commun et à des discussions par rapport aux idées de chacune. Nos idées se rejoignaient bien étant donné les nombreuses discussions informelles induites spontanément par notre temps alloué à l’observation.
Les objectifs poursuivis par ce projet d’intervention étaient :
· Apporter un regard externe sur les pratiques du CREN;
· Valoriser les bonnes pratiques actuelles;
· Favoriser l’amélioration des services offerts à la clientèle cible du CREN;
· Augmenter l’efficacité des services offerts par une meilleure organisation ;
· Maximiser l’utilisation des outils existants afin d’améliorer le suivi de l’évolution des patients;
· Sensibiliser le personnel à l’importance du suivi du statut pondéral;
· Sensibiliser le personnel à divulguer des informations à jour et provenant de sources fiables;
· Réduire les risques de récidives de la malnutrition infantile;
· Optimiser l’utilisation des aliments nutritifs;
· Sensibiliser le personnel à l’importance d’une bonne hygiène et salubrité afin de diminuer les risques de propagation des microbes.
7.2.2 Support visuel
Ensuite, le personnel du CREN de l’IPS nous a fait part de leur désir d’avoir un support visuel afin de faire la promotion de l’importance d’une bonne hygiène et salubrité pour la santé de l’enfant. Le thème choisi était d’une importance capitale considérant l’arrivée prochaine de l’hivernage. Effectivement, cette période de l’année est fortement propice à la propagation des microbes. Pour répondre à leur besoin, nous avons voulu cibler plus précisément les pratiques couramment négligés dans les familles sénégalaises. En discutant avec la responsable du CREN et notre superviseure de stage, nous avons pu explorer les pratiques à améliorer.
Également, ces lacunes ont été observées dans les milieux de stage ainsi que dans nos familles d’accueil. Considérant que les buts du milieu de stage concernent de façon prioritaire l’alimentation des enfants, nous nous sommes attardées à l’hygiène et la salubrité en lien avec l’alimentation. Puis, nous nous sommes documentées sur les bonnes pratiques accessibles localement et culturellement sensibles. Avec l’ensemble de ces informations, nous avons pu concevoir un support visuel qui pourra être utilisé par le milieu afin de promouvoir l’hygiène et la salubrité alimentaires.
Les objectifs poursuivis par ce projet d’intervention étaient :
· Répondre à une demande du milieu;
· Promouvoir de saines pratiques d’hygiène et salubrité alimentaires;
· Réduire les risques de propagation des microbes;