TUNIS
LA TUNISIEKT
V '
I
/ UN INGÉNIEUR
4^1 A VOVAOB BT HABITE DANS h* PAYS
PENDANT PLUS PB VINGT-CINQ ANNÊfcS
PREMIKRE PARTIR
Limites. — Description «le Tunis et des priucipales villes de I» frontière algérienne et de l'intérieur. — Urographie.— Hydrographie.— Routée, chemins de fer. — Gouvernement. — Administration. — Finances. — Armée. — Fortificationsmaritimes. — Fortificationsdes ville.*.
DKUXIKMK PARTIR
Population indigène. — Population européenne. — Composition du corps expéditionnaire.
PARIS /
PAUL
SCHMIDT,IMPRIMBUR-ÊDITBÔR
5, RUE PERJtOXBTt 5
/
1881
TUNIS
LA TUNISIE tr
PREMIERE PARTIE
LIMITES
Au nord, la Tunisie est limitée
par
la Méditerranée;à.
l'ouest, elle est séparée de l'Algérie
par
une ligne sinueusepartant
du cap Roux et se prolongeantjusqu'au
Sahara par une série de montagnes aussi difficilesa
franchir que les vallées en sont fertiles. Les priucipales sont : au nord,les Djebel-Khroumirsi Djebel*Addeda, Djebel-Rivel, Dje- bel-Dinnar, Djebel-Tagma; A peu près au centre, les Djo- bel-Ghorra, Djebel-Dvr, Djebel-Oust
et
le Djebel-Hiroug;au sud, les Djebel-el-Maallegua, Djebel-Ross-el-Guelb,
Djebel-Arigm-el-Farchem, Djèbel*Amar*el*Ouergra, Dje*
bel-Echbele, Djebel-Bdidiba
et
le Djebel-el-Mezira;à l'est, ses'limites
sont les nombreuses découpures forméespar
son littoral
sur
la Méditerranée; au sud,.;ello est séparéede
la
régence de Tripolipar
les ChotM-Djerid» .Chottel?Fedjedj, le Djebel-Tebaga
et
14 Sebkâ-eUMellaha, dernier fart* tunisien dans fia-Méditerraiiéé.?.-.r >.m^ >> <v.- !
-V
_4-
TUNIS
Tunis, capitale de la Tunisie, est située au fond du vaste
golfe compris
entre
le cap Sidi*AH-el-Mekkiet
le cap Bon.La longueur do ce golfe est d'environ 69 kilomètres.
Pour
faciliter la description de la capitale de la régence, supposons un navirevenant
de Boue. Ce navire, après avoir doublé le cap Sidi-Ali-el-Mekki, laisseraà
sa droite Porto-Farina, l'embouchure du fleuve Medjerdasur
lesrives duquel autrefois s'élevait la fameuse Utique, il dé- passera un dernier cap, le cap Hamart, et arrivera en face
du
port
de la Goulette.La Goulette (en arabe Ack-el-Oued), charmante petite ville do 8,000 âmes
est
le port etla
défense de Tunis. Elle est situéeà
l'entrée du canal dont les eaux (le lac Kl'Behira) mettent en communication la capitale avecla
mer. A droite de la Goulette, le voyageur remarque
sur
une hauteur le
grand
bourg de Sidi-Bou-Saul,au
milieuduquel se trouve le tombeau de SidUBou-Saïd, grand
saint
vénéré par les Arabes. Enfin,
la
chapelle élevéà la
mé-moire de saint Louis ; cette chapelle
est
la propriété dola
France. Quelques missionnaires français veillentà
sonentretien.
A cause du peu de profondeur des. eaux dans la rade de
la Goulette, les
navires
de fort tonnages'arrêtent à
unedistance d'environ 5 kilomètres. Dès que la douane
a ter-
miné sa visite, le voyageur descend dans l'une des nom*
breuses barques que viennent offrir des Arabes, des:Mal*
tais et
des Italiens. Bientôt, la barque s'engage dansun, étroit
canal sur- les bords duquel sont élevées les fortifica- tions, les: seules sérieuses dé la régence. Elles font letour
de
la
villeet,
dansun
désordre inexprimable, on aperçoitw
Oderrière de larges embrasures
d^
pièces de tous calibres négligemment élevéessur
leurs châssis. Pièces de côtes,pièces de sièges, pièces de campagne ;
tout est
pêle-mêle,Ce désordre témoigne de celui qui règne dans toutes les branches de l'administration tunisienne. De chaque côté de l'entrée du canal, ce qui frappe
l'arrivant, c'est
de voir un factionnaire, son fusilà
terre, assissur
la crossed'une pièce ou
sur
un madrier, entrain
do tricoter ou de dormir. Ces malheureuxont
l'aspect le plus misérable.Leur coiffure est une mauvaise chachia rouge, une veste noire
et
un pantalon rouge, dont les trous ne sont pasâ
compter, complètent le costume. Le ceinturon est le plussouvent un morceau de corde
à
laquelle est suspendu un sabre (de modèle ancien, français ou anglais), complète*ment rouillé. De chaussures, point.
Le voyageur, après avoir passé une heure en barque,
descend
sur
le quai, en face des bureaux de la marine.Cette construction est immense,
â
arcadeset
entouréed'une grille doréo du plus bel effet. A la suite de cet édi-
fice, se développe un large boulevard parallèle
à
la mer,de chaque côté duquel
existent
de belles maisons de style mauresque; dont les rez-de-chaussée sont occupéspar
desmarchands maltais et italiens, la plupart marchands de
boissons
et
hôteliers. A droite du boulevard, perpendicu-lairement
à
la mer se trouve la gare. Cettegare,
d'unaspect grandiose, est la tête de ligne de
la
voie ferrée qui suit le lacsur
une longueur de 88 kilomètreset
conduitâ
Tunis. Sa construction
est
due â une compagnie anglaise qui, dernièrement, l'a concédéeaune
compagnie italienne.Contre une piastre (60 centimes de notre monnaie), on
est
admis
à
prendre place dans letrain.
Le voyagé,eit
d&plus intéressants. A gauche de
la'
Vbié, se .développe«sj^rune
surfacede38i000mètresle
lac El-Béïrah/:.OUloûàiie— 6 —
ce lac,
dont
les eauxsont
peu profondes,sont
ensevelisles murs de
l'antique Carthage; à droite,
une intermi- nablesuite
dejardins
charme lesregards;
Lé
train s'arrête, il est
en gare deTunis;
admirons,immédiatement en face, le consulat de
France,
admirable constructionrectangulaire d'un
aspect monumental. Aucentre,
une grandeet
belle cour ;l'aile
droiteet
l'ailegauche
sont
réservéesaux bureaux;
au centre,un
ma-gnifique perron conduit
à l'escalier d'honneur,
qui donneaccès au salon officiel
et,
ensuite,aux
appartements dureprésentant
dela
France. C'estl'un
desplus
beaux mo- numents de style moderne qui existe dansla
ville,à
lafois si industrieuse
et
si corrompue, qui s'élèvesur
lesruines
de l'anciennerivale
de Rome.Entrons
dans la villepar
la grande porte Sidi-Mord-jiani,
au-dessus de laquelle semontrent
quelques vieuxcanons, dominant le chemin qui conduit an lac. Immédia-
tement
aprèsla porte,
se trouve la place principale de Tunis,du
même nom que îaporte.
Ellen'a
rien dere-
marquable. A
droite,
ungrand
corps degarde,
devantlequel sont assis les hommes de service occupés, ainsi que
leurs
officiers,à
vendre dés pastèques oudes'melons.
Entre
le corps degardé et
le consulatd'Angleterre,
setrouve
le café Alfred,tenu par
unFrançais.
A gauche dela
placéjusqu'au
fond,le terrain est
occupépar
nn grand bâtiment appelélà
Bourse, ainsi nommé parce qu'ilsert
de lieu dé réunion
à
fous les négociants européens. Du jfond dé cette place, Ott pénètre dansl'intérieur
dé latille
par
deux rues : celle de gauche,la rue
Sidi-Môrdjiàui, conduità
Dar-elBey*(palais
dube»;
celle de droitéyqitilui
ht
parallèle,aboutit après
mille détours àla
plus belleportertl&porte
Mohamédia,dont
lesmursysur
tmé étèn-dtie de 400MmèWès;
datent
dés CarthàginèisV Dan*HM'Hie— 7
-
A l'ouest de
la
place Sidi-Mordjiani, on remarque les deux principaux hôtels de Tunis,dont
les propriétairessont
français. Le
premier n'hôtel
deParis) est
tenupar
M. Ber-trand,
le secondpar
M. Philippe.En
face l'hôtelde Paris,
on
voit-une
belle construction : le consulatd'Autriche;
après, le
bureau
dela
Compagnietransatlantique, et
enfinle Service des postes
et télégraphes,
desservispar
désfonctionnaires français, mis
par notre
gouvernementà la
disposition du beyY ' •
•'-'
•Les parties
nord, est et
ouest de la. ville peuvents'ap-
peler la ville, européenne. Le
centre et
le sud sont exclu- sivement habitéspar
les musulmanset
lesjuifs.
Maintenant
que
nous connaissons ce qui constitueà
peuprès le
quartier européen,en enfilant la rue
Sidi-Mordjiani visitonsl'intérieur (tout
àfait oriental)
de cette capitale, dont leterritoire fut tour
àtour
la proie des Romains, des Vandales*'dés Grecs, des Arabeset
enfin des Turcs.- Presque
au
milieu dé larue et à
sa gauche, une grandeet
belle porte, surmontée d'une croix, laissedeviner
uneéglise. C'est l'église catholique, la seule qui existé dans la villei Ancienne mosquée
turque, l'intérieur est
admirableéti tableaux
et
en ornementssacrés.
Elleest dessertie par
des moines
italiens et
maltais,dont
le chefest
un évéqueinparliblià,
de nationalitéitalienne.
A une centaine de mètres de l'église, commence lebazar
le plus importantdelà
régence. Ony
rencontre tous les types qui compo-rtent
la
population indigènede la ville.
Aussila
description de ce bazar suffirapour
faireconnaître
intimement les principales industrieset
les usages commerciaux des mu- sulmanset
desjuifs.
i ! '>'- /
;Ici,
une
longue filedé
boutiques laisse voir dans Tinté;rieui»dé nombreux ouVrier^ arabes, assis
sur leurs jambes
croisées
et
penchés Httr une^pièçe de bois coniq\ie,sot
-
9-
laquelle
est
fixé un morceau d'étoffe do laine rouge, des-tiné à
devenir une chachia, Là, cesont
lesarmuriers qui,
avecun,outillage
des plus primitifs, fabriquent les longs fusils ornéspar
de petits, losanges enargent,
en nacre ou encorail, et qui font la joie et
l'orgueil des acheteurs ve-nus
des plaines ou des montagnes. Çàet là,
des boutiques de selliers, resplendissantes delarges
pièces:de cuirs cou*vertes
de dessins en filsd'or et d'argent.
Ony
voit desselles
valant jusqu'à 8,000
piastres (6,000 francs). Enfin, des boutiques de, parfumeurs, de tailleurs, de tisserands, demarchands
d'étoffes, de cordonniers, de passementiersjuifs.
Cette, foulebigarrée,
ces étoffesvariant
duvert
leplus
sombre au
rouge le pluséclatant,
offrentaux regards
charmésun
tableau admirable, descriptibleseulementpar la peinture.
Le café, unvrai
café, dontle goût est
exquis, vous est.offertà une
caroube(3
centimes), dans une bellepetite
.tasse,d'une
propretéet d'une
élégancetout à fait
dignesde
nos plus grands-établissements. Les Maures, race qui,compose la noblesseet
la bourgeoisie, se fontun
plaisir do recevoir
un
Européenet
delui
offrirautant
detasses de «café.
qu'il
lui plaira d'en accepter. Suivons larue
:partout
le mouvement, l'animation, les cohues quiappartiennent
exclusivementaux
villes orientales. Aufur et à
mesure que nous approchons de Dar-el-Bey, lespas- sauts sont
plusrares, car c'est
lequartier
oùhabitent
jd'abord le. bey, ensuite les hauts fonctionnairesde
l'armée.
Dar-el-Bey
c
le palais du bey »est.une
constructiondont l'extérieur est
médiocre, mais dontl'intérieur réunit tout
ce quel'architecture
mauresquea
de plus légeret
deplus beau.
L'entrée n'est
pasinterdite aux
visiteurs. AprèsYOUS
avoir
conduit d'appartementsen
appartements,votre
guide ; (un* commandant ou
un
colonel)» dans une. tenue aussi crasseuse que débraillée, vous tend la main,non
— 9 —
pour
serrer la
vôtre, mais pour recevoirlà
pièce de mon-naie que
votre
générositéy
laissera tomber.Le
reste
dela
ville (saufla
Casbah, décrite plus loin) n'offrerien
de remarquable,et
les personnes qui connais*sent
nos villes d'Algérie, notamment Constantine, chef- lieu dela
province du même nom, peuvent aisément le concevoir;' '-!
'•'-: :'" •'
;-'-t -'-îj-''•'?
La
viey est à
bon marché, mais les salairesy sont
in-signifiants.
Autant
l'animation est grande dans la journée,autant
le soirla
ville ressembleà
une nécropole. A huitheures, le clairon de service au poste de police sonne la
retraite, et
ce en imitant,par
de nombreux couacs, notreextinction des feux. Aussitôt après,
la
ville devient entiè-rement
déserte. Le soir, onest
tenu desortir
avec unelanterne car
lesrues
nesont
pas éclairées,et
le pavage,ainsi que les monceaux d'ordures, contribuent
à
les rendre impraticables dans l'obscurité.La
populationest
d'environ 300,000 âmes, 200,000Ara- bes, Kabyles, Maures et nègres, 50,000 Italiens, 20,000Français,
Anglais, Grecs, Espagnols, Belges, Danois, Hol-landais, Russes,
etc., 30,000 juifs
indigènes. En tempsordinaire, la
sécurité est complète, les crimes ne se com-mettent
que d'Arabeà
Arabe, mais plus souventd'Euro-
péen
à
Européen.Il est
presque inutiled'ajouter
que les Italiensfont
une grande consommation de coups de cou-teaux. La justice
du beyest
nulle pour les Européens, ex- cessivement rigoureusepour
les musulmans.La
plus grande dépravation règne danstoutes
les classesde
la
société,et
un vice ignoble, que nous ne citerons pas,est
aussi bien en honneur dans les palais que dans les plus misérables gourbis. Les populations de toutes lesvilles de
la
régence sont profondémentapathiques. Le cou*rage et
l'énergie semblents'être
réfugiés chez les habitants—
io-
des montagnes, pour ne laisser dans lés centres qu'une agglomération d'êtres lâches
et
corrompus. C'estun
pro-blème humanitaire que l'Europe
saura
résoudre : celui de placer ce peuple sous la tutelle d'une nation civilisée. 'PRINCIPALES VILLES DE LA RÉQENGE
Les principales villes de la Tunisie sont : an nord, fiordj*
Djèddid, Bou-Kâroûba, El-Harnam, Bizérté, Matera, El- Àlïà1, Bbtf-Châlert, ^ôtidouk, Kâs-él-Djebel,
Porto-Fârïnâ,
Sidi-el-Rorân
et
Bahr-el-Mclah;à
l'ouest, parallèlementà la'
frontière âtgériehrié, Souk-el-Arba, Aïn-Cherchâr", Beudi, Béja, Guafdimahou, Sidi-Bou-Goussa, Sidi-Abdel- fati, Meridi, Nébëùï, El*Kef, Sldi-Amétir-bén-Zegrid, Me-zàrâ,
El-Ab-el-Ali, Zouarin, Ebba, Médéïria, Aîn-tfetigua, Senam, Thala, Keriba, Hamada, El-Hameïna-Kasrlri (villeskiiu^e^dànslèsrnonldgnèsël tes plaùteà qui
fortnëtii tèjïâgsdes khroumivs);
hvt centré, El-Maraba, MMjéi-èl-Bab, Testoùr, Tebotisk, Sidi-Bônikamida1, fil-
Bagar, Sbaïtlà, Kâsr-él-Alimàr; à
l'est,
dansles terres,
El-Nakhrela, Soliman, Groûmbeliri, Zayhouan, Djougar, Nebhana, Kairouan, El-Djem
et
Azeh ;à
l'est,sur
lelit-
toral, là Goulette, El-Haouria, Kelibia, Temina, Kourbà,
Nàhéii îterklah,
Sotisa, Monastir, Teboulba, Ksôur-ér-Sef, Ksar-Temouret
Sfax;
au sud, dans les terres, k'hà/sW,Nefta, Tozetir, Seddada, Dbabcha, NegoUa, Kbili, Man-
sourah, lîechlli Tandjoud ; au sud,
sur lé littoral,
1 tâahrès,Èt-Hàouiha, Gàbès, Tebaalba,
£erat,
Âjlnîet
£àziss/ der-nier
port tunisiensur la
frontière dé Tripoli.—
Il -
ILESH
Au nord, lés* liée dé Tabarka, dé la Galite, Frâtelll
et
Djamous-el-Kébir;
à l'est,
en face le port de Monastif, l'ité Kenriatein; au sud-èstet
dans le golfe de Gabès, l'Ilô Kerkenaet,
au sud, les lies Djerbalsur
lesquelless'élèvent les villes de Hount-Souket
Meninks,ORpaRAP«IE
Les principales montagnes sont : au nord, le Djebel-el-
Hameria, Djebel*Laharje, Djebel-Aichouna, Djebel*Bou-
Djered, Djebel.6afêd-èaïd,rDjébéf*5Jôù(fme, Djebel-Dar-er- Renieul, Bjebel-Remeul
et
le Djebel-Kchcbala;à
l'ouest, dans les monts Khroumifs,lés Djebéls-Khrôumirs,Addéda, Dinar, Tagrtîa, Adissa, Ghorra, Hiroug; Ei<Maallégua,Râs4-êl-Guelb, Harigm-el-Farchem, Echbeld
et
Djebel-el*Tàrf;
h l'est, les Djebel-Amar, lîou-Quournain, Recaset
Gourgena; au centre, les Djebel-Tehent, Djebel-Moussar, Bauguerine, Korra,,Zaghouan
et
Djebel-Bou-Rebah; au sud, les Djebel-Tarfaoûi,ïebayà
éi M-kamma.HYDROGRAPHIE
.Lés prihcipaûx cours d'eâù sont : rOued-Môdjéfda, rduéd-Chfata, rCtaéd-Beni-Airiar;TOued-Mérairà, l'Oued*
Rehr, rOued-Serret et rOaed-Zaghouân, dontune conduite, d'une construction parfaite
et
longue dé 02 kilomètres, amène les eaux nécessaires à l'alimentation des fontainesdêïniuV
-12-
ROUTES
Les routes principales qui peuvent
porter
ce nom, ouà
peu près, sont au nombre de trois. Toutes
partent
de Tu- nis.La
plus au nordest
la route qui conduit à Béjaet
seprolonge
sur la
frontière algérienne; celle du centre con- duit au Kef,et
de là égalementsur
notreterritoire; la
troisième conduit
à la
ville deux fois sainte de Kérouan, la seconde capitale de la régence, dont l'entréeest inter-
diteaux
chrétienset
auxjuifs.
Lésautres
voies de com-munication ne méritent même pas le nom de chemins.
CHEMINS DE FER
1° La ligne italienne de la Goulette
à
Tunis, 98 kilomè-tres;
2° la ligne française de Tunisà
Constantine,exploitée dela
capitale àGuardimahou,première station tunisienne après notre frontière ; lereste
du réseauest
en construc-tion.-. : .,-:\.
<•.-
GOUVERNEMENT
En 1705, l'armée se révolta et appela
au trône
Hus-sein-ben-Ali, de qui descend le bey actuel. Mohamed-es- Sadok-Pacha, homme aussi corrompu qu'insignifiant, gou-
verne son pays
à
l'aide del'arbitraire et
du bon plaisir.De temps
à autre
ilfait
pendre ou chasse ses ministres,surtout
lorsqu'ils sont riches. Seul, si Mustapha-ben-Isma'il, le ministre actuel,
ancien...
coiffeur de sonmaître,
a
su prendre un tel ascendant sur.çedernier, au
point de lui faire croire:que Dieu d'abord,et
les Italiens—
13-
aidant, permettraient
à
ses sujets de continuerleurs incur- sionssur
notre territoire, les unset
les autres doiventêtre,
à l'heurequ'il
est, édifiéssur
lanature
de ces ma-caronesques promesses
et sur
la projection du fusil Gras.ADMINISTRATION
'"~<),r> :'-'.' 'A',*;
rtn.l.';
,' "•' «'O.'O'
' "•.'i'ï.v:',"
'Plus de généraux,de trésoriers-payeurs,de comptables,•
que de contribuables
et
de soldats. Tous les bureaux sontaux
mains desjuifs.
Ces derniers,par
leurargent et leur
intelligence,
ont
su s'emparer de toutes tes hautes fonc- tions financièreset
administratives;par
ces moyens, les Arabes sontà
leur discrétion. Les finances sont dans unétat
déplorable.Il
existe des prix d'honneur pour ceux qui s'emplissentle mieux les poches.ARMÉE
Il faut visiter
la
Casbah, immense citadelle placée au centre de la villeet
quila
domine, pour se rendre comptede la bonne tenue et de
la
discipline des soldats. C'est l'heure du rassemblementdes hommes qui doivent relever les postes. Le rappel est battu plusieurs fois. Personne ne se montre dansla
cour. Les officiers impatientés, montent dans les chambreset
échangent une série de coups de poing avec leurs soldats. Enfin, ils finissentpar
faire sem-blant de s'aligner. Le numérotage
a
lieu dans un désordreindescriptible.
Sur
cent soldats, deuxn'ont
pas le mêmesabre;
ajoutonsqu'à
côté d'un fantassin arméd'un
sabre de cavalerie se trouveun
cavalier arméd'un
briquet.Et
•
cependant, ces hommes quoique sales, des vêtements en lambeaux, non payés ni nourris
(à
moins qu'une galette-14-
et
un quart d'huile s'appellent nourriture); ces hommesont la meilleure opinion de la puissance du bey.
La Tunisie peut,
sur
le pied de guerre,réunir
dans les mêmes conditions une armée de 8à
10,000 malheureux obligés de piller pour vivre.FORTIFIGATIONS DES VILLES MARITIMES
A l'exception de la Goulette, les autres villes du litto-
ral
ne sont défendues que par quelques redoutés armées de vieux canons.VILLES DE L'INTÉRIEUR
Les villes de l'intérieur, sauf Béja, Kairouan
et
Kef;sont défendues par des murailles en ruines que nos plus
petites pièces de campagne suffiraient
à
démanteler com-plètement.
, , . !.. , ; ?
DEUXIÈME PARTIR
. r> POPULATION INDIGÈNE
La population indigène de la régence s'élève à environ 2,500,000 «ârûes. Elle se divise en
quatre
races essen-tiellement distinctes. La première, la race maure, habite exclusivement les villes.
La
secondé, composéepar
lesarabes nomades détient les plaines. La troisième, lés Ka- byles, habite lés montagnes. La quatrième
et
dernièrese compose des nègres descendants dés anciens esclaves.
Presque tous les nègres sont domestiques ou muletiers
chez les riches. ^ ' *
Les Khroumirs
ne
sont autres que les Kabyles qui habitent le long système montagneux quiest
parallèleà
notre frontière." Aussi est-ce
à
cause de leur voisinage lieu.: ' '
POPULATION EUROPÉENNE
.
La majorité,4e,
la
population européenneest
formée par?les
Italiens.
Elle né dépasse pas, pour toutela
régence»300,000 âmes. Les patriotes italiens
n'ont qu'à
consultertes dossiers judiciaires de bon nombre de résidents
à Tu-
DIS, pour connaître
à
quel degrér YHa lia irredmle
doitrevendiquer leurs prétendus
droits.,
. -, ^ . ,
—
16 —,. Un corps expéditionnaireformant
trois
colonnesest
placésous le commandementen chefde M. le général Forgemol.
,
L'une
de ces colonnesa
pour objectifla
ville de Kef.Cette ville
est
défenduepar
une kasbah, situéeau.
milieude
la
ville. La population, excessivement fanatique, s'élève/,à
peineà
2,000 âmes. Ses fortificationssont
relativement, sérieuses, mais no résisteraient pas, toutefois,au
feu de notre artillerie.,.,;i,„,r
,., „\ \.\
r*La
seconde colonnea
pour objectif la ville de Béja.Cette ville, située dans la vallée de
la
Medjerd,,est Je
centre
agricole le plus fertile dela
régence. Sa populationest
d*uu, PéU m$n?» $£ ,4^000 jâmes,.^t a
deux jours, de distance de la capitale. Lorsque nos colonnesauront
opéréleurs jonctions, les Khroumirs
seront
misdans
l'impos-sibilité de continuer
leur attitude
agressive.Notre jeune armée
se
montre digned'être
comparéeà
celle qui conquit l'Algérie. Que ses succès soient
tels; que tout
ce qui.est
Tunisien tremble commeautrefois,au
seul mot deFrance!
";'!-\r-\ :.;-
-'r----"!
'i"»--;-'-
=•'Parti.