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L'Homo Alpinus

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L'Homo Alpinus

PITTARD, Eugène

PITTARD, Eugène. L'Homo Alpinus. In: Allorge, Pierre. Contribution à l'étude du peuplement des hautes montagnes . Paris : Paul Lechevalier, 1928. p. 12-25

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:110323

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SOC! T DE

I l

CONTRIBUTION A L':f:TUDE

du

PEUPLEMENT

des

HAUTES

MONTAGNES

par

P. ALLORGE, R. B·EN'OIST, A.. CHEVALIER, L. CHOPARD, L. GERMAIN, H. HEIM DE BALSAC, R. HE1M,H.HUMBERT, R. JEANNEL, L. JOL.EAUb, L. LAVAUDEN, R. MAIRE, E. DE MARTONNE, C. MOTAS, P. DE PEYERIMHOFF, E. PITTARD. J. SAINTE-CLAIRE DEV!LLE, R. F. SCHARF,

.B.

P. UVAROV:, A. VANDEL.

L'Homo Alpinus

par Eugène PITTARD

Professeur d' Anthropologie à la Faculté des Sciences de Genève

PAUL LECHEVALIER

ÉDITEUR

12,

rue de Tournon,

12

PARIS-VI•

1928

(3)

par

EUGÈNE PITTARD

Professeur d' Anthropologie à la Faculté des Sciences de Genève.

Parmi les diverses races humaines qui peuplent l'Europe, la délimitation géographique de celle que le type Alpinus représente r,ommence à se pré- ciser. Non pas que nos connaissances à son sujet soient complètes pour tous les lieux qu'elle habite. Des enquêtes régionales de plus en plus nombreuses et de plus en plus étendues ont montré, dans les dix dernières années, des représen ants de cette race dans des territoires où nous ne supposions pas lem· pr' sence. De telles acquisitions s'augmentent tous les jours, surtout dan les pays de l'R11rope orientale ot centrale.

On connait la diagnose sommaire de ce type humain : une stature moyenne ( 1 m. 63 à 1 m. 65 environ) peut-être légèrement inférieure à la moyenne. européenne, un crâne brachycéphale, dont l'indice céphalique - sur le vivant - est d'environ 85 à 87. Des cheveux foncés, généralement bruns, quelquefois noirs, des yeux bruns.

C'est la race dite - anciennement - «celtique» de BROCA (le mot cel- tique étant pris comme un terme conventionnel), la race Cévenole de DENl- KEl\1 la race Celto-Rbétique, Rh·to-Ligure, etc. Peut-être vaut-il mi ux, devant ·tant de synonymies, ILti appliquer plus simplement l'appellation zoologique d Homo Alpinns quoique colle-ci soit également, pour cliver es raisons, cUscutable ? En efTet, si nous éliminons le qualificatif de celtique (qui vt'aiment devrait •tre écar é) pom•quoi choisir le titre géographique de Cév:enole ? Chacun des pays pen.plés par des représentants de cette race pounait revendiquer le dr·oit c1 appliquer à son tour, comme nom spécifique cle cette ruoe, nu lieu gé(lgraphiqu particulier, arbitrairement choisi.

* * *

La premiere apparition dol' Homo Alpini.i.s S'1l' le sol del Europe centrale et occide11'ta.le est une appnr.ition tardive. endant des dizaines de milliers d'années pendant là longue dttrée du Paléolithique, notre continent n'a connu dans ces J'égions, que de individu dolioli céphale ou de tendances neltiemé.nt dolichoc&phaliqnes. Ils n'étaient pas tous du mème type. Les uns M.aient de très hauLe tature (Cro-Magnon) les autres de faible. tailles

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2 L'HOMO ALPINUS

comme les rep1·ésentants de la race dite de Laugerie-Chancelade. Leur caractère de dolichocéphalie s'exprimait par des crânes dont la morpho- logie complémentaire n'était pas non plus la même. Jusqu à présent aucun trouvaille n'est venue appo1·Ler au stock des Hommes pal olithiques de oette partie de l' l~ru·ope un squelette à crâne réellement bra hycéphale.

C'est au Mésolithique c1ue nous 1·encontrons

ce

type poul' la première fois et, fait à souligner pour le moment - car il s'agira d'étabfü d fllia-

tions - simultanément en deux points très éloignés l'un de l'autre, ù fnet dan la 8avière, Mugen dans le Purtugu.'1 m t·idional.

La station d'Ol'net Aflt près de Nordlingeu daus Ja BavièJc occidenLale, proche dé la frontil>re wurt.emborgeoise. C'esL là qu'on découvrit, creusés dans des déplHs d'âge azilien deux fosses, lune cont nant vingt-sept ci-ânes, l'autre six. Le 40 % environ de ces crânes sou-t caractérisés par 1 bra. hy- céphalie.

Il est difficile d'affirmer que ces Brachycéphales d'Ofnet appartiennent en toute certitude à la race de l'llomo Alpinns puisqu'il s'agi·t, en l'esp c ,

<l'une sépultu1·e de têtes coupées et que le reste du squelette, nécessaire pour une diagnose morphologique complète d'un bype, manque. 1ais il ost hien probable que ce sont les prédécesseur· de ce\L"" dont le contin- gents peupleront 'bientôt tous les massifs a,lpins.

Très vite ces Brachycéphales s'avancent vers l'Occiè:lenL. La Franco n us montre à quel point leur cheminement a été rapide. T/enqu 'te de Salmon - dont il sera question plus ta.rel - sur les caractères raciaux des crânes néolithiques français {à la période de la pier1·e polie la France avait ga1•dé en bien des lieux de son territoire une physionomie nettement doli- chueéplrnle) le démontre surabondamment.

* ... *

GoournAu at se discipJcs - eu France, VAcntm 'DE LAPOUGE en particu- liet• - se sont imaginés que l'Histoi.re avait été men e pa1· les Dolichocé- phales, par les Dolichocéphales blonds, de haute stature, aux y ux bleus, - les Braçhycéphales n' tant guère plus à leurs yeux, dans le monde politique et social, que des ilotes.

Ces Dolichocéphales représentent le type de l'if omo Europaeus. Nous les connaissons sur le sol français avec certitude, depuis le Néolithique.

Cette période date de la pl'emi re migration en France de ces <t grands Dolichocbéphales cl101·igine septentrionale» comme les appelait HAMY, qui sont, en somme, les tenants du type germanique. On a cru qu'aux siècles suivan:ts ils constituaient p1'esque exclusivement la classe dominante de l'époque féodale. » Quand on é'tudie les collections de porl;raits depuis la Rt:111uissancc jusqu'au xvm" sitir.le, on est frappfl de la prédominance absolue des crâQ.es longs dominant des faces hautes et étroites à nez minces et busqués». Tandis qu'aujo111·d'hui c'est une autre affaire : «Contemplez d'en haut une assemblée politique actuelle ou une réunion d'hommes qui

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LE PEUPLEMENT DES HAUTES MONTAGNES 3

exercenL une influence, les brachycéphales l'emportent manifestement. i> (1) La c1•itique de ces quelques passage , pris entre beaucoup d'autres, n'est pas difncile. Passon.s sur les collections de portraits qui sont une assez piètre d curoenLaLion. Quant à «l'assemblée politique actuelle i> il faudrait savoir en quel li u elle a été observée. li est évident qu il y a des villes de France où t utes les assemblées réunis enL fatalement des majorités de type bra- chyc6phale tandis que d'autres réuni ent non moins fatalement des majo- ritP.11 dA t.ype dolicbocé:phii.la (2). 'ost là le fait très simplij ù'w1e réparti·

tian géographique d un type ethnique -particulier, laquelle est liée, en gi·ande partie, à l'b.istoil'e des premières invasions et des premiers établis- sements stables. Par exemple la population de haute stature, dolichocé- phale et blonde du r ord de la France peut faire remonter ses origines, sur le tenitoil'e qu'elle habite, à la période de le. pierre polie et les gens de ce pays lorsqu'ils s'assemblent ne pourraient donner une autre image eth- nique que celle de leur propre image.

Quelle a été, dans la direction même de tel ou tel chapitre d'Histoire, lo. po.rt de tels ou tels représentante de tels ou tels groupes ethniques ? Qui pourrait le dire ? 11 .n'y a pas bien longtemps que l'on s'occupe de ces questions et il est impossible de savoir quelles étaient les qualités morpho- logiques de ces pr6d6cesseUl's, car il est bien entendu que, scientifiquement, on ne peut pae tenir grand compt,e des busLeu, <les médailles ou des por- traits de quelques-uns d'entre e.ux. Nous savons trop combien, dans la plupal't <les cas, de telles œuvres renferment des qualités artistiques inhé- rentes à certaines conceptions esthétiques scolaires ou pereonneUee, les- quelles peuvent être déficientes par rapport aux caractéristiques morpho- logiques précises que nous réclamons (3).

Il eer~it évidemment d'un immense intérêt de saisir un déterminisqi.e historique entre la 1·ace et les événements, celle-ci conditionnant ceux-là, mais peut-on, dire qu'une telle observation a jamais été faite ? Et à ce pro- pos ne prenons-nous pas des apparences pour des réalités ?

Au sur1>lus, si lès Dolichocéphales - ceux appartenant au type Nor- dique - semblent avoir accompli un certain nombre d'actions militaires q_ui leur soient plus ou moins en propre, la part des Brachycéphales, dans l'œuvre commune de la civilisation, ne parait pas négligeable. N'appa- raissent-ils pas aujourd'hui comme les créateurs de la plus grande révolu- tion sociale qui ait jamais ex!sté ? Celle qui a transformé la vie nomade et précaire des chasseurs et des pêcheurs du Paléolithique en la vie sédentaire ou semi sédentaire - assurée de plus de stabilité - des agriculteurs et des

t. VA:our,:u ou L.u>ouoE, Les. sélections sociales. Paris, 1890.

2. Il s'agirait de savoir lesquelles dè ces assemblées tout les meilleures besognes.

3. Nous savons bleu cependant qu'il existe des œuvres - sculpturales par exemple - représentant avec exactitude les caractères morphologiques des personnages re·

présentés au me"lns pour ce qui _concerne les caractères de la face, par exemple. Le buste de Paul Jo ES exécuté par HouooN a servi utilement à l'identlficallon de$ restes de l'amiral américain.

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L'HOMO ALPINtJS

pasteurs ? Que serait devenue l'Humanité si ces Brachycéphales ( ?) n'a- vaient pas inventé la domestication des animaux et la culture des céré- ales ?. . . e sont-ce pas là, de tous les temps, les plus gi'ands faits de l'his- toire ?

* * *

Ces révolutionnaires, ces créateurs du monde moderne sont-ils, en toute certitude, les ancêtres, pour l'Europe centrale et occidentale, des repré- sentants actuels de l'Homo Alpinus? Il n'est pas encore en notre pouvoir de l'affirmer. Mais la chose po.ro.ît bien probable. La sépulture collentivr.

d'Ofnet, qui marque la première arrivée des Brachycéphales en Europe centrale et occidentale,ne renferme avons-nous dit, que des crânes : c'est une sépulture de têtes coupées et 40 % environ d'entre ces crânes appar- tiennent au type brachycéphale. Or, deux races ayant un crâne arrondi se I"encontrent aujourd'hui sur le sol de l'Europe centrale : les repl'ésen- tants de l'llomo Alpinus et les r pré entants de l'J:lomo Dinaricus. Ils ne semblent guère ê·tr issus d'une même souche. Il ·faudrait pour fixer exac- tement notre choix relativement aux restes d'Ofnet connaître les carac- tères anatomiques autres que ceux du crâne. Je sais bien que le dévelop- pement de celui-ci est en fonction du développement général du corps et qu'individuellemen·t, par la capacité même de la l>oîte cérébrale, nous pou- vons êtr renseignés approximativ ment sur la stature des individus à qui ces crânes ont appartenu. Mais, tout de même, pour la résolution d'un problème aussi important d'autres précisions s'imposent.

* * *

,Dans l'Europe centrale et occidentale l'arrivée en massr. rlP.s Alpins date du Néolithique et leur chemirrnment paraît avoir été rapide. Il

a

l'air

d'avoir été effectué par des troupes importantes et vraisemblablement très prolifiques. Dans son enquête sur les caractères morphologiques des crânes du Néolithique français, SALMON signale une proportion de 21 % de types brachycéphales ; en même temps qu'il signale une proportion de 21 % de types mésocéphales, preuve dira-t-on, que les métissages sont depuis longtemps r,onsommés.

Dans quels endroits se sont effectués ces croisements ethniques ? Pro- bablement en cours de route, dans cette marche de l'est à l'ouest, au tra- vers de populations qui, si nous en jugeons par les découvertes actuelles, étaient composées par les Dolichocéphales descendants des Paléolithiques.

Il est probable que ces représentants de l' Homo Alpinus ont été les cons- Lructeurs, dans les rnassifa <le l'AuLricho, do la Davière, de la Suisse, de la Haute Italie, de la France, des stations lacustres. En Suisse, où une certaine quantité de crânes - à défaut de squelettes complets - ont été recueillis (hélas! ils ne sont pas encore bien nomb e 1x), lr.s Rtfltistiques des formes crâniennes montrent une forte prédominance des types brachycé

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LE PEUPLEMENT DES HAUTES MONTAGNEb 5

phales dans les premiers temps du Néolithique palafittique. Cette prédo- minance diminue graduellement au fur et à mesure que l'on s'avance vers les temps qui voient fleurir l'âge du bronze. Ces variations quantitatives montrent que les mouvements de population ne cessent de s'accomplir : migrations vers l'ouest des Brachycéphales de première arrivée,introduction de contingents nouveaux appartenant principalement aux Dolichocéphales.

Des enquêtes statistiques selon les états chronologiques, de même na- ture que celles faites en Suisse, seraient désirables pour les stations la- custres des autres pays. Si elles confirmaient les conclusions qui découlent naturellement des enquêtes entreprises dans les palafittes helvétiques, Qne lumière serait projetée sur cet important problème d'histoire. Si nous ad·

mettons comme un fait acquis que les Brachycéphales néolithiques sont arrivés de l'Europe orientale (de proche en proche on peut alors les sup- poser jusqu'en Asie), quels ont été les chemins suivis pour pénétrer dans les lieux où nous rencontrons leurs descendants ? Ayant abordé la muraille transylvaine et carpathique les Brachycéphales alpins l'ont-ils longée au nord et au sud, ou ont-ils carrément franchi les cols qui s'offraient à eux ? Ceux; dans leur cabinet de travail, qui consultent les cartes, pensent toujours aux chemins naturels des vallées fluviales : la route du Danube, suivie dans le sens inverse au mouvement du fleuve, et, bientôt, la ren- contre de la Tisza et la pénétration des hommes dans les Carpathes ga- liciennes ! Et si le gros de leur troupe a remonté la vallée du Danube jus- qn' ;rn x rP.gionR rJp,, fmn r,m1rR RnpP.rim1r il n'll pn P.r,happer tout de même, en bien des endroits, à l'obligation de franchir les cols. Des contingents les ont passés, en toute certitude. Les découvertes archéologiques et la trouvaille de sépultures nous renseignent.

Autrefois, lorsqu'on tentait, en Suisse, de nous expliquer le peuplement de la vallée du Rhône, une seule supposition était envisagée : celle qui faisait remonter le fleuve par les migrateurs. C'est si simple, en effet, lorsqu'on suit avec le doigt sur un atlas. Arrivés dans les parages de Genève, à la sortie des défilés de Bellegarde, l'horizon aussitôt s'est largement ouvert vers les routes des Alpes. Les chemins s'offraient.

C'est le contraire qui parait être vrai. La haute vallée du Rhône semble avoir été abordée par les cols, comme a été abordée par les cols la haute vallée de l'Isère. Ce n'est pas par le sud, mais par l'Est, par l'Est alpin, et par l'Est lorrain· et belge que la France a vu venir chez elle les représentants de l'Homo Alpinus.

Nous avons déjà dit que plusieurs groupes de Brachycéphales existent en Europe. En les considérant dans leurs grandes subdivisions, et de l'est à l'ouest, nous trouvons d'abord de très nombreux représentants d'une race encore mal délimitée - elle le sera prochainement grâce principale- ment aux travaux actuels de nos confrères de Pologne, de Russie, de Tehéeu8luvaquie - qui étend son domaine dans certaines parties de la

Russie, de la Pologne.

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6 L'HOMO ALPINUS

Sans connaître tous les détails que nous possédons aujourd'hui, - les travaux contemporains ont paru après la première édition de son livre et après sa mort même, - DENIKER, dans sa classification des races euro- péennes, avait marqué la place d'une « race blonde, sous- brachycéphale, de petite taille, ou race Orientale ». Il la nommait ainsi parce que ses re- présentants sont presque exclusivement groupés dans l'Est de l'Europe.

Il leur donnait les caractères principaux suivants : taille peu élevée (1 m. 63 ou 1 m .. 64 en moyenne), tête modérément arrondie (indice céphalique 82 à 83 sur le vivant), cheveux droits, d'un blond cendré ou de filasse, face c·arrée, nez retroussé, yeux bleus ou gris (Blancs-Russiens, habitant

des marais de Pinsk, certains Lithuaniens en font partie, etc.). Il ajoutait qu'il faudrait rattacher à cette race une race secondaire, blonde, méso- céphale, de très petite taille, qu'il dénommait race Vistulienne. Il signalait l'existence de ce groupe surtout parmi les Polonais, les Kachoubes, ainsi que probablement chez les Saxons et les Silésiens.

Les anthropologistes polonais ont montré ré~emment la présence, sur le territoire de leur patrie, de représentants de l' Homo Alpinus. Stanislas LENCEwrcz en particulier, dans la région des montagnes de Kielce, a trouvé des contingents de ces Braqhycéphales de petite stature et bruns, dans la proportion de 10 % . Les cheveux blonds que les descripteurs des Polonais avaient l'habitude de signaler chez les représentants de cette population ne sont pas la caractéristique capillaire véritable de la, totalité de ce groupe. Il s'y ajoute des quantités très appréciables de bruns. Ce qu'a observé LENCEwrcz, d'autres auteurs l'ont observé en <l'autres endroits de la Pologne. Il est de plus en plus certain que des représentants de l'llomo Alpinus sont disséminés dans les territoires orientaux de l'Europe où leur présence était masquée par les indications moyennes des statistiques anthropologiques générales. Les enquêtes régionales les font apparaître aujourd'hui.

Les autres races brachycéphales mieux définies sont : d'un côté la race Adriatique ou Dinarique, brune et de haute stature, et l'ancienne race Celtique de BRocA, l'Homo Alpinus, celle dont nous devons parler ici.

La race adriatique est caractérisée par une taille moyenne dépassant de beaucoup celle de la race celtique. Son crâne est plus brachycéphale (indice céphalique 85-86 environ). Ses cheveux sont foncés ou très foncés, bruns ou noirs ; sa face est longue, son nez est droit ou aquilin. Les repré- sentants les plus purs de cette race sont cantonnés sur les bords et dans l'hinterland de l'Adriatique orientale et septentrionale : Albanie, Monté-

• négro, Bosnie-Herzégovine, Dalmatie. Elle semble assez abondamment représentée dans la Vénétie. Elle a fait vers le centre et le nord de l'Europe des migrations - dès les temps préhistoriques - dont nous eonnnew;um à percevoir les traces et dont nous commençons à mesurer l'importance. 11 est probable qu'elle a atteint la Scandinavie et même le nord des Iles Bri-

tanniques.

La race celtique dite de I'Homo Alpinus, possède, nous l'avons vu, une

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LE PEUPLEME~T DES HAUTES MONTAGNES 7 stature moins élevée qu(l la race Adriatique, une brachycéphalie tout aussi prononcée, des cheveux et des yeux bruns, comme elle, une face arrondie, un nez moins souvent droit ou. aquilin.

Il n'est pas facile de discriminer, dans les zones brachycéphales de l'Europe - principalement dans les zones limites où se rencontrent en- semble les représentants du type alpin et du type adriatique - la part qui revient aux uns et aux autres. Par exemple l'Italie du Nord renferme un grand nombre d'individus appartenant. H11 typr. rle !'Homo Alpinus.

Dans la Vénétie ils se trouvent côte à côte avec les grands Brachycéphales du type de l'Homo Adriaticiis. Quel est, avec précision,le pourcentage des uns et des autres ? Leur brachycéphalie commune a voilé la vérité statis- tique aux anciens anthropologistes.

Il en est de même en Suisse. Le canton des Grisons renferme sûrement des hommes du type adriatique. Les crânes brachycéphales volumineux et·Iourds que j'ai étudiés jadis dans la Vallée du Rhin et ailleurs, ne peuvent avoir appartenu qu'à des hommes de haute stature dont la taille dépassait certainement celle de !'Homo Alpinus. Mais une notable partie du massif alpin, voisin des territoires rhétiques dont je viens de parler estle domaine•

de la race celtique. Et là non plus, la proportion relative de chacun des groupes n'est pas facile à discerner. On comprend pourquoi une réparti- tion géographique précise du type de !'Homo Alpinus est malaisée. Avec nos connaissances actuelles nous ne pouvons donc émettre que des géné- ralités. C'esL fl.UX enquêteurs futurs à fixer, par des analyses locales, les domaines exacts de cette race.

Quoiqu'il en soit, le qualificatif d' Alpin us qui a été donné aux représen- tants de ce groupe humain est justifié par la concentration, dans les prin- cipaux massifs alpins de l'Europe centràle et occidentale, des hommes lui appartenant. En effet son domaine est assez bien délimité entre les Car- pathes à l'orient et le Plateau central français à l'occident, avec des in- terruptions territoriales, notamment en Hongrie.

La carte dèssinée par MADISON GRANT, pour représenter la répartition géographique actuelle des trois typeR r.thniques principaux en Europe, élargit indùment la place occupée par l'Homo Alpinus, notamment dans l'est du continent et dans la Péninsule des Balkans, et je crois connaître assez bien cette dernière région. Il ne faut donc accorder à cette représen- tation schématique - d'ailleurs fort agréable à l'œil- de !'anthropologiste américain qu'une valeur très relative, surtout lorsqu'il s'agit des zones périphériques de ces distributions ethniques. Nous ignorons presque tota- lement - il faut carrément l'avouer - les qualités morphologiques et des- criptives des populations d'une grande partie des territoires sur lesquels on a placé le signe de I'Homo Alpinus et je puis affirmer - puisque c'est le résultat de longues études personnelles - que la Péninsule des Balkans ne peut pas être englobée, telle qu'elle l'est en cette carte, dans le domaine de cette race.

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8 L'HOMO ALPINUS

En France, le Plateau Central - chacun connaît ]a brachycéphulie caractéristique des Auvergnats - les Cévennes, les Alpes renferment, avec des majorités plus ou moins puissantes selon les lieux, des représentants de cette race. A l'est des Alpes françaises, ils sont répandus dans toute la Haute Italie. et semblent s'être avancés en masses puissantes, par les plaines lombardes et la région du Pô, dans les vallées de !'Apennin. D'une manière générale l'Italie septentrionale, à partir d'une ligne idéale qui réunirait Ancône à Rome, paraît peuplée par des individus appartenant,

· dans leur majorité, à la race celtiq1rn.

Il en est de même de la, Suisse alpine. Tous les massifs montagneux de ce pays renferment indéniablement de puissantes majorités brachycéphales.

Les enquêteurs anthropologistes n'ont pas encore porté leurs investiga- tions dans tous les cantons de la confédération, mais i1 apparaît pr que certain que la majorité des Suisses ont un crâne arl'ondi. Le Plateau, où les communications sont faciles, où se sont installés les grandes cités pré- sente vraisemblablement les pourcentages brachycéphales les moins éle- vés - certaines régions sont mêmes riches de Dolichocéphales :.._ mais tous les districts alpins, le puissant massif qui s'étend de la frontière du Tyrol au lac de Genève, semble bien peuplé, presque exclusivement, par des hommes de ce groupe ethnique. J'ai signalé à plusieuro points de ce territoire des proportions de Brachycéphales dépassant 80 %

L'image ethnique de la Haute Italie se confond avec celle des pays immé- diatement voisins : la France alpine, la Suisse, le Tyrol. Les belles enquêtes de Ridolfo Lrv1 ont marqué la présence, dans tout le nord de la Péninsule, d'une population en majorité brachycéphale: Par exemple l'indice cépha- lique des Piémontais est 85,9, celui de la Vénétie 85,2. Quelle opposition

morphologiqur. avec les populations du midi de la Péninsule : Calabrais 78,4, Sardes 77,5, Hommes de l'Apulie 77 ! Mais il me paraît difficile d'ad- mettre, je l'ai dit tout à l'heure, que la brachycéphalie de l'Italie septen- trionale soit la caractéristique des seuls représentants de l'Homo Alpinus.

L'Italie du nord-est - au moins - a été - à une époque encore impossible à préciser - la terre d'élection d'une poussée dinarique. Il paraît difficile d'accepter que les différences de statures - entre autres caractères - relevées entre les Vénitiens et les Piémontais soient le résultat d'une in- fluence du milieu. D'ailleurs a-t-on jamais démontré - ce qui s'appelle démontré - «l'influence des milieux», façonnant à sa guise les humains, les seules espèces, de toute la zoologie, qui savent échapper, par leur in- telligence, à de telles influences ?

Ainsi donc, la brachycéphalie de l'ltaiie du Nord peut se réclamer d'une double origine et il est impossible de préciser avec cortituùo lu IHU'L qui revient à l'une et à l'autre ded races constitutives. Mais, encore une fois, il est hors de doute que le type de l'Homo Alpinus est très abondamment représenté vers le haut. de la bott.e italienne notamment dims los massifs montagneux do cotte région.

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LE PEUPLEMENT DES HAUTES MONTAGNES 9 A l'orient de la Haute Italie, le T~rol, puis les reliefs du Salzbow•g, clela.

Carinthie, de la tyrie, ren[ermen·t d'abondantes populations brachycé- phales. Si l'on ne con ·ultail que les indices moyens, l'image de cet.te brachy- céphalie apparaitrait parfois comme assez médiocre. C'est ainsi que ZucKER- KANDL a montré qu'en Styrie et en Carinthie les indices céphaliques sont 82,1 et 81,3. Devant de tels chiffres, on pourrait hésiter à accorder aux hom- mes de cette région un crâne véritablement arrondi. Mais lorsqu'on examine non plus les valeurs de indices moyen mais ]a répa1•tition des formes crâ- niennes individuelles notre opinion se modirie. Les types brachycéphales repr6sentcnt nc·btoment les élérne1üs ma.jot•itaires : 7Q,4 % eu SL 1·ie, GG % en CarinLhi .

Le massif montagneux autrichien montre encore une autre caractéris- tique fort intéressante. En allant du nord vers .le sud l'indice céphalique s'élève ét en même temps la taille augmente. Ne s'approêhe-t-on pas, en marchant lans ·etLe dfrection, cl l'habitat prin ipal des Dinariques ? Car une observation faité par les anthropologistes autl'iohiens ne doit pas être négligée. La statu1·e des montagnard de l' utriche alpine est plus élevée, semble-t-il, que celle des montagnards brachycéphales de la Haute Italie et de la Suisse. La raison en est, j'imagine, que nous sommes à des points de contacts ethniques. En de tels lieux la race dinarique et la race de l'Homo Alpinus s'entremêlent. A cet égard le massif autrichien s'appa, renLe à la V 0nétie.

Il est impossible d'imaginer riue nos suppositions peuvent aller au-delà pour le moment. Seules des enquêtes faites district par district appor- teraient la lumière.

C'est vraisemblablement un problème de même qualité que pose la Bavière, considérée autrefois comme une citadelle de la brachycéphalie avec, en adjonction, cette croyance, que ce caractère seul pouvait servir à affirmer la présence de I'Homo Alpinus. Certes, de très nombreux repré- sentants de ce type - avec leur -diagnose complète ; stature moyenne, coulelll' foncée des yeux e·t des cheveux - hal iLent ce ·t l'l'itoire et y con,s-

·Lituent une physionomie ethnique tout à fa:it opposée à ce!Je que fourniL PAllemagne du Nord, peuplée pdncipalem nt par de D Jichocéphal s de haute stature, aux cheveux blonds, aux yeux clairs. Mais la Bavière elle-même n'est pas pure de tout mélange. Sa masse ethnique est pénétrée de Dinariques. La vallée de l'Inn semble avoir été le lieu de bifurcation des contingents issus de ce groupe qui poussaient des pointes vers le nord- ouest. Les passages du Tyrol paraissent avoir été traversés par ces Brachy- céphales de haute stature comme les passages de la Suisse orientale.

Le problème ethnique de la Haute Bavière, considéré du point de vue historique est, on le voit, un des plus intéressants qui soient.

Au nord de l'Autriche proprement dite la Forêt de Bohême avance ses promontoires jusqu'à la rive gauche du Danube; plus à l'Est ce sont les

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10 L'HOMO ALPINUS

Monts de Moravie. Ces deux chaînes ferment, de deux côtés, le carré bohé- mien. Celui-ci - et la Moravie même - semblent renfermer de nombreux représentants de l'Homo Alpinus. Les enquêtes anciennes de GREGR, de ZucrCERKANDL, de WEISSBACH en Bohême, d'ÜBOLENSKY en Moravie avaient montré la présence, dans ces régions, de nombreux crânes brachycéphales.

Puis sont venues les études plus étendues de NIEDERLE et de MATIEGKA sur la population vivante et sur plusieurs centaines de têtes osseuses provenant en majeure partie rlr.s ORswiires de la Bohême orientale. Elles ont confirmé la brachycéphalie indiquée par les auteurs préeédeul:;. C'e:;l dans la Bohême orir.nt.ale qirn l::i popul::ition parait la plus nettement braehyeéphale. Celle forme crânienne gP.nP.ralA dr.s Bohémiens, nous la retrouvons chez les Moraves, où la brachycéphalie est aussi bien représentée à l'orient qu'à l'occident.

Il est très certain que parmi ces Bohémiens et ces Moraves il exiBte de nombreux descendants des anciennes migrations de l'Homo Alpinus, fixés sur ces territoires déjà dès le début du Néolithique. La stature moyenne des Tchèques et des Moraves paraît un peu plus élevée que celle des autres représentants de l'Homo Alpinus. Pouvons-nous imaginer, pour ces deux pays, ce que nous avons pensé au sujet de la Bavière, à savoir que le ca- ractère de brachycéphalie s'applique à deux groupes ethniques : celui de

!'Homo Dinaricus et celui de !'Homo Alpinus ? Tout nous permet de le croire. A voir les chiffres de la taille on peut supposer que l'influence des Dinariques n'a pas été aussi profonde ici qu'ailleurs. Au surplus ces Bra- chycéphales bohémiens et moraves ne paraissent pas avoir été pénétrés puissamment par les Dolichocéphales du type germanique. La statistique des yeux bleus associés aux cheveux blonds ne révèle que d'assez faibles pourcentages de ceux-ci : 18,3 % en Bohême, 15,9 % en Moravie. Mais toutes ces acquisitions anthropologiques ne nous renseignent encore que superficiellement. Seules des enquP.tes locales marqueraient, avec netteté, la place réelle occupée par les Alpins dans cette portion de l'ancienne Au- triche.

Par les Petites Carpathes et les Beskides, les terres moraves commu- niquent avec le massif galicien dont le Tatra domine la portion occiden- tale. Nous avons sur les Polonais de la Galicie quelques recherches an- ciennes, celles de RETZIUS déjà, puis de WEISSBACH. Mais les plus nom- breuses observations ont été faites par MAJER et KoPERNICKI. Dans les montagnes du Tatra l'indice céphalique est élevé (85,4). On a remarqué que les montagnards polonais de la Galicie sont plus brachycéphales que leurs compatriotes des avants monts et que, surtout, ceux des plaines.

C'est là, pour ce qui touche à notre étude même une constataliun d'un l1·è:::

grand intérÂt : la concentration deR Hrnchycéphales dans les hautes vallP.eR est un phénomène généralisé dans l'Europe centrale et occidentale.

Nous n'avons pas ncor les moyens d'affirmer si tous ee Draoltycépltales galiciens appartiennent au type de ]'Homo Alpinus. Seules des investiga-

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LE PEUPLEMENT DES HAUTES MONTAGNES 11 tians par cantons de faible étendue nous permettraient cette affirmation.

Mais il y a bien des chances pour que de nombreux carpathiens se recon- naissent comme faisant partie de ce groupe ethnique.

L'arc carpathique est étendu entre les Beskides et les Alpes de Transyl- - vanie. Ce dernier territoire, bosselé sur presque toute son étendue, repré-

sente l'habitat montagneux le plus oriental de la race alpine en Europe.

La Bukovine et la Transylvanie apparaissent ~n effet comme des terres veuvlées en majorité par des BraohycéiJhales. Il en est de même de la Moldavie septentrionale et de fa Val:rnhie carpat.hique. Je l'ai nettement montré dans un travail récent (1)". Dans leur ensemble les Bukoviniens sont des Mésocéphales. Mais le graphique des indices céphaliques qui leur est attribué, montre dans cette province, une prédominance des types brachy- céphales. La mésocéphalie n'est donc, pour ce qui les concerne, qu'une ap- parence arithmétique.

La Transylvanie présente une image beaucoup moins flottante. Dans cette province les types dolichocéphales ne figurent, dans les statistiques, que sous la forme d'une petite minorité. Nos études, dans ces territoires, ne sont pas encore assez poussées pour que nous puissions l'affirmer, mais il apparaît bien que la Transylvanie constitue, dans l'Orient européen, une véritable citadelle ethnique pour les Brachycéphales. C'est le bastion .oriental de cette agglomération humaine dont le bastion occidental s'élève

aux Cévennes.

Certes je ne voudrais pas affirmer, aujourd'hui encore, que les Transyl- vains font partie indubitablement du groupe alpin car, je l'ai dit ailleurs, l'indice céphalique seul n'est pas un aJ·gnmAnt. décisif. Mais j'ai mat'qué autrefois la stature moyenne des habitants de ce pays, la couleur brune de leurs yeux et de leurs cheveux, les autres caractères descriptifs et mor- phologiques qu'ils possèdent et dont l'ensemble constitue, en gros, la dia- gnose de l'Homo Alpinus.

Du point de vue qui nous occupe ici,l'étude anthropologique de la Rou- manie est du plus haut intérêt. Si véritablement les Alpins sont arrivés d'Asie, s'ils ont suivi le littoral de la mer Noire, les vallées du Bug, du Dniestr et du Pruth, s'offrant à leur migration, les ont conduit, facilement, par leurs cours supérieurs, dans les Carpathes et dans les Alpes de Transyl- vanie. Peut-être même ces massifs ont-il été les premières zones monta- gneuses peuplées par les Alpins ? De là ils auraient graduellement essaimé vers l'occ~dent. Pour savoir ces choses de la Transylvanie, il faudrait retrouver dans les sépultures aziliennes et néolithiques les restes sque- lettiques de ces premiers occupants. Il est probable que ce bastion oriental du massif alpin nous réserve, pour la résolution du problème des premières migrations post-paléolithiques, des découvertes de premier ordre.

1. Euo. PI'l"l'ARO et A. DONlOI : Etude sur l 'indicc céphalique en Roumanie, avec un essai de l'épartilion géographique de ce caractère (Bull. Soc Roy. Roum. de géogr., t. XL V, Bucnre~t, 1026).

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12 L'HOMO ALPINUS

* * *

Après avoir considéré la répartition géographique de I'Homo Alpinus con- centrée principalement dans les grands massifs montagneux de l'Europe centrale et occidentale, avec arrêt, semble-t-il, dans l'enclos montagneux des Cévennes, on peut se demander la raison d'un tel habitat. Pourquoi ces massifs accidentés, ces hautes vallées et ces pentes alpines ont-elles retenu cette population ? Pouvons nous penser que les représentants de l'llomo lpinu.s, retrouvanL dans c s r li ts les o.spects mêmes des milieux géograpl.licn1es dont ils éLaient i sus - eux ou leurs anc •tres - s'y sont aussitôt cramponnés poul' touj ur ? 11 aut-il Jlen e1· qu'indiO'érents ù de teUes sugg stions ils onL oo.cupé - ux qui sont peut-être venus do régions non montagneuses (ce qui paraît d'ailleurs fort probable) - les massifs où nou 1 s trouv :ns parce qu'ils ne 1 ouvai nL pas faire auLr ment, les terres d'alell'tour étant déjà en possession d s occupants plus anciens, des oli- chooéphales,que ceux-ci aient été les PaléoliLlriques ou des Né lit.biques mêmes ? Commeu·t répondre ù de telles questions ?

Ge qu il Iaudl'ait tout d'abord savoir, c'est l'état précis de la r partition ethnique do 11 Europe à la fin dos t mps pal6olithiques. Quell était la valeur numé1·ique dos oontiugeuts humains lor que va se terminal' le Mag- dalénien et quels étaient leurs lieux principaux de concentration ? Mais il est difficile d'évaluer quantitativement les Paléolithiques de n'im- porte quelle P.poq1rn ! Q1rnlles réactions opposèrent-ils-ces derniers Paléo- lithiques - lorsqu'à !'Azilien arrivèrent, pour la première fuis, les popu- lations hrachycf1phah1s ? Nous savons qu'en certains endroits - dans l'ouest de la France par exemple~ les éléments matériels de la civilisation nouvelle furent acceptés par les descendants des Dolichocéphales paléoli- thiques sans qu'ils se soient laissés pénétrer eux-mêmes par le sang des nouveaux arrivants. Il semble bien qu'une raison particulière - qui ne soit pas une contrainte guerrière - ait déterminé l'arrêt des Brachycé- phales dans les massifs montagneux. Car la place dE)vait être large à cette époque pour tous les occupants, pour les anciens comme pour les nouveaux. La vie nomade qui réclame, pour se réaliser, de grands espaces, était quasiment périmée. Les sédentaires n'ont guère à occuper - à moins qu'ils ne soient des impérialistes vulgail'es - que les terres nécessaires à leur culture et à la pâture de leurs troupeaux.

Faut-il envisager des raisons de défense ? La montagne étant le réduit naturel inexpugnable ? Mais alors il faut imaginer du même coup la mésentente immédiate entre les anciens et les nouveaux occupants ? Ou peut-être un peu plus tard entre le;; conLingents qui se succédaient ? Il me semble qu'il y a là quelques beaux chapitres rlr. géographie humaine à exa- mmer.

Ce ne sont pas non .plus le;; uéces;;iLés des cultures d'un côté, l'obligation du logement de tels ou tels animaux domestiques de l'autre, qui ont parqué

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LE PEUPLEMENT DES HAUTES MONTAGNES 13

les représentants de l'Homo Alpinus dans les régions les plus accidentées.

Les céréales sont principalement des cultures de plaines et parmi les ani- maux domestiqués par les Néolithiques : le bœuf, le cochon, la chèvre, le mouton sont dés animaux dont l'ubiquisme - aujourd'hui du moins -- permettait l'élevage un peu partout, sans préférences particulières pour la montagne.

D'ailleurs il est bien possible que les répartitions géographiques que nous connaissons ne soient qu'une image contemporaine. S'il est hors de doute que plusieurs régions peuplées d'Alpins paraissent l'avoir toujours été depuis la _période de la pierre polie, nous ne pouvons pas affirmer qu'il en a été ainsi dans toutes les régions. Peut-être faudra-t-il envisager des mi- grations successives vers les régions montagneuses ? Nous possédons quel- ques inventaires de squelettes humains à la fois dans le temps et dans l'espace qui nous assurent que tels ou tels groupes brachycéphales sont demeurés fidèlement en place, depuis leur arrivée. Mais ces inventaires sont des documents trop fragmentaires géographiquement - et aussi dans le temps - pour qu'ils autorisent n'importe quelle généralisation.

* * *

Quoiqu'en pensent certains publicistes, l'Homo alpinus constitue dans la vie sociale et économique actuelle de l'Europe un élément qui n'est pas négligeable. A première vue, il semble bien que son activité industrielle et commerciale soit inférieure à celle des Nordiques, mais aussi elle appa- raît bien supérieure à celle des représentants de l'Homo meridionalis.

Cette différence dans la puissance des initiatives peut-elle être attribuée à une différence de race ? Si nous voulions aborder un tel point nous tou·

cherions à l'une des plus graves questions de l'heure présente (1). Nous n'en avons actuellement ni la place, ni les moyens. N'oublions pas, pour concevoir avec équité certaines différences, que nulle part· les Alpins ne touchent aux Océans. Les pays accidentés qu'ils habitent ne sont favo- rables ni aux grandes cultures, ni aux transactions commerciales. Dans leur sol il n'y a pas autant de matières premières aisémeuL exploitables que dans les territoires départis aux Nordiques. Les contraintes géogra- phiques apparaissent ici toutes puissantes. Les Alpins sont cantonnés dans des régions relativement pauvres où les voies de communications sont malaisées. Ce n'est qu'à l'époque moderne qu'on s'est affranchi de certains de ces obstacles par des vastes travaux d'art, par la construction de tun- nels en particulier. Et cependant, malgré ,les difficultés naturelles immenses qui les ont retenus, malgré les obligations diverses qui les ont ligottés, ils ont joué les uns et les autres, de la Bohême à la France, dans !'Histoire générale de l'Europe, un rôle qui n'est pas à dédaigner. Sans doute con-

1. Pour sentir la gravité de telles questions, il suffit de se rappeler les efforts poli- tiques des Etats-Unis en faveur de ce que les Américains appellent la• grande race •.

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traints par la valeur même d'un milieu physique particulier, d'être presquè, jusque très près de notre époque, des pâtres, de petits agriculteurs, de petits industriels, ils n'ont pu, comme les gens des bas pays. plus favorisés, prendre les initiatives de grandes entreprises. .

Il ne faut pourtant pas lèur reprocher à eux qui n'ont pas la mer - beau- coup en ignorent même l'existence - de n'avoir pas été des grands dé- couvreurs maritimes, de .n'avoir pas effectué les conquêtes qui suivent ces découvertes, conquêtes militaires ou commerciales. Mais on leur doit vraisemblablement des faits sociaux et économiques - que leur dictaient d'ailleurs les· conditions géographiques _de leurs milieux - d'une impor- tance considérable pour la Morale universelle : la division du sol utiliso.blc, la création de la petite propriété, la culture intensive, et ce qui dérive tout naturellement de la possession d'un bien personnel : le sens de la liberté -- pour soi d'abord - ensuite pour la collectivité. A cet égard les petites communautés montagnardes de la ·Suisse, dans un passé très proche de nous ·- mais elles sont là· comme un exemple - sont des souvenirs histo-

riques à ne pas perdre de vue. -

Il. est difficile d'évaluer la puissance numérique des représentants de l'Ho,;,,o Alpinus. On pourrait avoir une idée de cette valeur en calculant le·

pourcentage des Alpins, par rapport à la ponulation totale des pays étudiés, révélé par les statistiques anthropologiques. Mais un tel calcul n'aurait pas grand intérêt à cause du petit nombre des enquêtes actuellement effec- tuées.

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