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Quelques mots sur la vie scientifique de Genève

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Reference

Quelques mots sur la vie scientifique de Genève

PITTARD, Eugène

PITTARD, Eugène. Quelques mots sur la vie scientifique de Genève. Suisse contemporaine , 1942, no. 5-6, p. 1-16

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:111661

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1 / 1

(2)

E. PITTARD

l

I

i

1

I

i

l

QTIELQUES MOTS

SUR LA VIE SCIEI\TIFIQTJE

DE GnxÈvn

Tirage à

part

de Sadsse Contemporaine

No 5-6.

-

Mai'Juin t9&2

LAUSANNE

IMPRIMERIE LA

CONCORDE

,.9&2

(3)

QUELQUES MOTS SUR LA VIE SCIENTIFIQUE DE GENÈVE

Les coqrtes notes qui

vont

suivre côncernent presque exclu-, sivement le

XVIIIe

et,le

XIXe

siècles. Elles s'arrêteront au seuit du XXe siècle.

II

est indispensable de laisser à la critique objective

et

à l'histoire le temps de

mûrir

leurs opinions au sujet de nos

travaux.

Peut-être même, puisqu'il

n'était

question, pour moir que

d'un

coup

d'æil sur

les progrès de

la

science générale, à Genève, aurai-je

arrêter plus

tôt

cet.inventaire

et

aurais-je

pu

me borncr à' marqucr quelques

traits

seulement, ceux qui, imprimés sur un visage,

lui

donnent sa physionomie propre ?

Vers

le milieu du XIXe

siècle, des événements politiqùes créèrent de graves perturbations

au

sein de I'Académie,

et

de

regrettables dêmissions furent enregistrées.

Il

est certain que la science

doit

ignorer les passions politiques

I

mais

la

politique,

hélas

!

ne montre pas toujours

la

même objectivité. On se rap, pelle le mot

qui

condamna Lavoisier.

Il

faut reconnaltre cepen-

dant

que, chez nous, les choses n'atteignirent jamais une telle âpreté ; aujourd'hui les animosités

-

souvent légitimes

-

créées

par ces aventures, se sont calmées et les opinions partisanes se sont beaucoup clairsemées.

Au surplus, en allant jusqu'au seuil du temps présent,

il

eût

fallu

allonger consid6rablement cet article, car I'qotivit6 scienti- fique de Genève, à

la fin du XIXe

siècle

et

au commencement du XXe, se maintint sans faiblesses.

En écrivant ces li$nes restrictives, je suis obligé de faire vio- lence à mes sentiments personnels.^J'aurdis vivement aimé pou-

voir

parler d'hommes éminents

qui furent

nos'maîtres ou nos amis, à qui nous devofis maintes et maintes découvertes, maints précieux enseignements.

Et

je souhaite qu'une autre occasion, me

(4)

2

quEr,euEs Mors suR LÀ vrn scrENTrFreuE pp onNÈvs soit donnêe pour exprimer à leur mémoire

-

ou leur dire à eux' mêmes

-

mon admiration personnelle

et

aussi

ma

reconnais- sance de citoyen.

Gcnève, dont, au

XVIIIe

et au début

du XIXe

sièole, l'essor scientifique

fut

si brillant, ne présente pas une image semblable

pour

les périodes

plus

andiennes. Son histoire explique cette di{Iérence.

La

Réforme avait créé chez nous un état d'âme par- ticulier où I'absolu théologique

fut,

pendant longtemps,

la

domi- nante morale

- et

intellectuelle. Jusqu'au

début du XVIIe

siècle, I'ancienne Académie ne connut guère que des théologiens, des juristes, des philosophes, Mais ces derniers étaient d'observance métaphysique :

il

y en eut d'ailleurs

-

des uns et des autres

-

de

renommés. Parmi les théologiens de la première époque, un nom s'élève très haut, Théodore de Bèze, le premier Recteur de l'Aca- démie.

Mais, à Genève, comme ailleurs, le temps marche. Les esprits s?évadent peu à peu de la tutelle des Anciens. Aristote est discuté.

Le bloc intellectuel primitif, jusqu'alors si bien cimenté, se fissure.

Les dogmes traditionnels relatifs à notre conception du monde ne sont plus acceptês sans essais de contrôle. Petit à petit I'observa-

tion

directe s'impose, puis I'expérience. Les phénomènes de la nature et de la vie, par l'abandon graduel des o priori, par I'inven-

tion

de méthodes d'investigations qui donnent le désir

-

et les

possibilités

-

d'aller au delà des idées reçues et des premiers faits constatés, prennent une place prépondérante dans les préoccupa- tions des esprits.

Pendant le cours du XVIe siècle, I'Académie, le lieu où, selon toute vraisemblance,

la

science devait naître, est donc, surtout, une Ecole de théologie. Enco"u une fois

il

ne pouvait en .être autrement. Le fondateur de la Maison, et ses premiers collabora- teurs n'étaient-ils pas des théologiens ? Mais

il

faut souligner que très vite, cependant, I'Acadêmie errt des chaires de lettres et de,q

chaires de

droit.

L'une de ces dernières

fut, au XVIIIe

siècle,

*

+

(5)

QUELQUES MOÎS SI'R LÀ VIE SCIENTIFTQUE OE CENÈVE 3 célèbre : son détenteur était J.-J. Burlamaqui, l'auteur des n Prin- cipes

du droit

naturel r.

On

dit

que I'esprit souffle où

il

veut. La position géographique de Genève assure à la < Ville élue r des relations de tous les côtés ;

et ces relations peuvent être de qualités intellectuelles très diver- ses. Puis, n'oublions pas que Genève est devenue

la

<< Cité du Refuge )) et que, parmi les réfugiés pour cause de religion, beau- coup étaient des hommes cultivés, des savants même.

On

ne

peut laisser de côté leurs capacités et leurs talents. Aussi voit-on

bientôt

figurer, dans les programmes de I'Académie, des cours de mathématiques, de géométrie euclidienne, de géographie, d'as"

tronomie.

Et

Borgeaud a pu écrire ces lignes : < On peut dire que I'enseignement des sciences proprement dites

-

ou du moins ce

qui en tenait lieu au XVIe siècle

-

a été inauguré à Genève dès

la

forrdation de l'Acatlémie

par le

prernier Litulaire

(il

s'agit de Tagaut) de la chaire des Arts r.

L'atmosphère de Genève

avait,

depuis toujours, été respirée par des hommes habitués à la liberté de pensée, et dont les cou- dées voulaient être franches. Calvin lui-même en

fit

la dure expé- rience. Les sciences telles que nous les entendons aujourd'hui, les sciences objectives, trouveront dans la cité leur compte à un

tel

état d'âme. Déjà en 1564, le Conseil n'avait-il pas autorisé, dans un

but

de démonstration, les a anatomies >, c'est-à-dire les dissec-

tions du corps humain, celui des suppliciés,

et

même, dans cer- tains cas, celui des décédés de I'Hôpital de la ville ! Or, n'oublions pas que c'est trois ans auparavant

-

en 1561

-

que le plus grand

anatomiste de son époque, André Vésale, a été condamné à mort

par

I'Inquisition pour une dissection qualifiée de

trop

osée

I

et

qu'il

ne dut la vie qu'à I'intervention de Philippe

II

dont

il

était

le

médecin.

En

1567,

à

Genève, Simoni

-

Simon Simonius est appelé à une chaire de médecine. On le trouvera plus

tard -

à Heidelberg et à Leipzig. En 1568, nous voyons installé à Genève,

un Bâlois illustre, celui qu'on

a

appelé le père de

la

botanique, Jean Bauhin (L541-L6L2),

trle

Pline allemand>.

Il

est médecin o{ficiel de

la

République.

Il fut

chargé, à l'Académie, d'un cours de botanique médicale. On sait

qu'il

a écrit une histoire générale des plantes. Elle ne

fut

publiée,

à

Yverdon, que quarante ans

(6)

4

qunr,eues Mors suR LÀ vrc scrENTrFIQuE

op

cBnùvp après sa mort. Faut-il imputer à Bauhin

le

goût ardent que les Genevois,

au

cours des siècles

- ils

ne

I'ont

jamais' perdu eurent pour

la

botanique ?

-

:

C'est exactement un siècle plus tard que le moment Bquhin est monté dans sa chaire que la science, telle que nous l'entendons

aujourd'hui

ses libertés d'observations et tout son domaine expérimental

-.

s'installera, pour

la

première fois, modestement d'ailleurs.

Et I'on peut

ajouter

;

s'installera définitivement à I'Académie.

Et

c'est

à

Jean-Robert Chouet (L642'L73L) que nous devons cet éclat.

C'est une grande figure de Genève que celle de Jean-Robert Chouet. Cellérier a pu dire que si l'époque de

la

Réforme < avait donné la

vie à

Genève, l'époque de Chouet

lui

donna plus tard sa direction scientilique et son mouvement propre >.

Et

Charles Borgeaud, dans sa monumentale Histoire de I'Académie ajoute :

< Cela est si

vrai

que, si l'on peut parcourir

tout

le premier siècle

de I'Ecole genevoise en

y

étudiant l'ceuvre de Calvin et de Théo- dore de Bèze, on pourrait mettre le second presque entier sous le nom comparativement inconnu de Robert Chouet n.

Le

t5

mai 1669, Chouet est appelé à

la

chaire de philosophie.

Il

a

fait

ses études à Genève, puis à Nîmes.

Il

se rend à Saumur où se trouve une Académie protestante et

il y

devient professeur de philosophie. Après

un

séjour

de cinq

ans

à

Saumur

on

le retrouve dans sa ville natale. Chouet était cartésien. Le < Discours de la méthode > est de 1637. Choqet naîtra cinq ans plus

tard. Il

est, à Genève, le premier cartésien. Pour l'époque et pour le lieu où

il vivait,

une telle appartenance intellectuelle

n'était

pas un

fait

banal. On sait les obstacles que les idées de Descartes ren- contrèrent

tout

d'abord. Faut-il rappeler, pour ce

qui

concerne notre pays, que'la Seigneurie de Berne avait frappé d'interdit le

< Discours > un mois avant que Chouet s'installât dans son ensei'

gnement ?

, Le

lrouveau professeur

de

philosophie

était

porté vers les scicnces expérimentales; Pierre Bayle, qui fut, son élèwe, a noté, dans une de ses lettres, la valeur pédagogique exceptionnelle de

(7)

QUELQUES MOTS SUR LA VIE SCIÉNTIFIQUE DE GENÈVÉ 5

Chouet.

Il a

aussi indiqué quelques-unes des expériences faites sous ses yeux.

Malheureusement l'Académie ne

put jouir

longtemps de l'en- seignement de cet homme éminent. Genève, à cause des di{Iicultés sans nombre

au milieu

desquelles

cette

malheureuse

ville

se

débattait réclamait, pour sa politique, I'e{fort des meilleurs de ses

citoyens, Chouet, nommé plusieurs

fois

syndic,

fut

chargé de missions diplomatiques à Berne

et à

Zurich.

Et

moins de vingt ans après sa désignation académique, en 1686,

il

est appelé au

Petit Conseil.

Il y

3iégea comme conseiller, secrétaire

d'Etat

et,syndic.

Et la

science, comme bien on pense, sou{ïrit de tous ces hon- neurs.

.

Toutefois l'élan était donné. La recherche scientifique ne sera plus guère enchaînée

-

chez quelques-uns

-

que par les soucis

personnels de maintenir des traditions

-

très respectables sans

doute

-

par exemple, plus tard, chez un Charles Bonnet. Mais en

se plaçant au

point

de vue exclusivement scientilique, on peut regretter que ces puissances traditionalistes aient encore,

à

ce

moment, dominé certains esprits. Plusieurs savants genevois de cette époque ont passê à côté de grandes découvertes ; les ayant peut-être pressenties, aperçues,

ils n'ont

pas osé les proclamer.

Heureusement pour

le

développement

futur

de

la

science à Genève, que Jean-Robert Chouet vécut longtemps. Son influence s'imposa non seulement à I'Académie, mais aussi en dehors d'elle

-

et à presque deux générations

-

chez les hommes cultivés du moment.

Il

semble que c'est, en partie, au rôle intellectuel de Chouet, au dynamisme de son esprit, prolongé bien au delà de lui-même, que

l'on

doit le déclenchement de cette extraordinaire période scientifique qui caractérisa le

XVIIIe

siècle genevois.

Et

auspi une grande partie du

XIXe

siècle : celui-ci n'étant, comme disent les juristes, qu'une sorte de tacite reconduction. Dans son

<

Histoire

des sciences

et

des savants depuis

deux

siècles >,

Alphonse de Candolle a montré que Genève est la ville du monde

qui,

proportionnellement au nombre de ses habitants (en 1812

(8)

6

ouEleuEs Mors suR LÀ vIE scrENTrFreuÉ

on

cnNÈvs elle n'en compte pas encore 25 000), a produit, à ce moment-là, le plus grand nombre de savants réputés.

Il

ne faudrait pas être injuste envers les siècles précédents. Si la pensée calviniste, bien ou mal interprétée, avait presque imposé aux hommes

la

vue d'un seul horizon, elle avait aussi créê des énergies spirituelles peut-être inégalégs. Ces qualités allaient

trou' ver

leur emploi.

Un

souci

du travail

bicn

fait,

do

la

r6flcxion acérée,

le

contrôle incessant de son esprit,

le

scrupule de

tout

examen, ces vertus s'apprêtaient à révolutionner ce qu'on appe'

lait

alors

la

philosophie, en instituant, pour I'endroit dont nous parlons, les sciences d'observations

-

d'observations particu- lièrement minutieuses

(on a

parlé de minuties d'horlogers) comme celles qui conduisirent Abraham Trembley, Charles Bonnet,

-

Jean Sénebier, François Huber, Théodore

de

Saussure, Pierre Huber et tant d'autres à leurs découvertes, parfois retentissantes.

Car le

XVIIIe

siècle

voit

naître à Genève quelques investiga- tions de haut vol. Elles sont comme le point de départ de plusieurs des chapitres principaux de

la

science contemporaine' C'est, en 7744, qu'Abraham Trembley constate

le

phénomène de

la

régé- nération des tissus chez les hydres vertes

-

les polypes d'eau douce. Ces expériences, dès lors, seront reprises à toutes les épo- ques, amplifiées, perfectionnées, interprétées en profondeur; les magnifiques résultats fournis aujourd'hui

par la

grefie animale n'en sont-ils pas comme

un

aboutissement ? C'est en 1745 que Charles Bonnet

-

par ailleurs considérê comme

le

fondateur de

la

psychologie animale

-

découvre

la

parthénogenèse des puce- rons

-

I'un des points de départ de toutes les études sur la repro- duction. Quelque

dix

ans plus tard, le même Charles Bonnet

fait

une autre découverte, celle-là aussi de premier ordre : la respira-

tion

véritable des plantes.

La

lignée des grands naturalistes genevois est commencée, Après Bonnet et Trembley, c'est Fran' çois Huber (L750-1831), < I'homme des abeilles rr, et c'est son fils Pierre Huber (L777-L840) <tl'homme des fourmis tr, dont les noms resteront 6ternelloment associés

à la

biologie animale

I

c'est

Jean Sénebiet (L742-L809) qui comprend pour la première fois la

fonction

chlorophyllienne

; c'est

Jean-Pierre-Etienne Vaucher

(9)

QUELQUES MOTS SUR LA VIE SCTENÎITTIQUE DE SENÈVE 7 (L763-LUL)

qui,

aussi

le

premier, observe

la

conjugaison

et

la sexuqlité des algues

I

c'est Horace-Bénédict de Saussure, le créa'

teur

de

la

géologie alpine,

un

des plus grands esprits de cette époque.

Et l'on voit

aussi apparaître les premiers physiciens :

Pierre Prévost

qui

< énonce

le

principe

si

fécond de l'équilibre mobile de températures D. D'autres savants

dont la

réputation

fut

moins éclatante devraient, en bonne justice, augmenter cette liste de leurs noms et de leurs découvertes

:

ainsi Jean-André de

Luc

(L727-L817)

;

son frère

et

collaborateur Guillaume-Antoine (L729-L8L2)

;

Louis Jurine (1751-t8tg)

Avant la Iïn de ce

XVIIIo

siècle qui met cette grande lumière

sur

Genève, deux importantes sociétês scientifiques sont insti- tuées

:

en 1766,

la

< Société des Arts >, dont Horace-Bénêdict de Saussure

et

l'horloger Faizan sont les

initiateurs; en

1790, la

<Société de Physique

et

d'Histoire naturelleu. Toutes deux sont encore bien vivantes aujourd'hui. Et c'est aussi à la fin du

XVIIIe

siècle que paraissent, pour la première fois ({-795), les Archit'es iles Sciences plrysiques et naturelles dont la publication n'a jamais été intenompue. Dans

trois

ans, cette revue poqrra fêter son 150e anniversaire.

Ces quelques indications montrent à quel degré I'esprit scien- tifrque avait conquis Genève.

Et il l'avait

conquise presque d'un seul coup.

Pour plusieurs,

un tel

développement scientifique, dans une

ville

encore

si

petite, apparaît comme une sorte de génération spontanée

;

presque comme

un

miracle. Mais

il

ne faudrait pas être

ingrat; il

ne faut pas oublier la préparation des esprits dans les deux siècles précédents. C'ôtait, en réalité, l'éclosion, lente- ment élaborée, d'une fleur dont I'espèce était encore insoupçonnée.

On remarquera, dans ce

XVIII€

siècle, que

si les

savants genevois donnèrent à la science universelle quelques-unes de ses plus importantes acquisitions, ce furent surtout les sciences natu- relles et la biologie qui en eurent le bénéfice. Non pas que la phy- sique

et la

chimie n'aient

rien

à

voir

figurer dans ce palmarès

(10)

8

qrJELeuEs Mors sun LÀ viE scrENTrFIeûE

op

csxùvp général

;

nous venons de citer Pierre Prévost

-

et Ia physico:

chimie semble

lui

devoir belaucoup

-

mais

il

est incontestable qu'à Genève, à presque toutes les époques, jusqu'au moins vers le milieu du

XIXe

siècle, les sciences naturelles l'emportent, par la richesse des inventions, sur les autres disciplines.

Comment interpréter cet élqn qui portera si loin la renommée des naturalistes genevois ? On a essayé de I'expliquer par lo padro

de nature, sa variété et son charme, dans lequel est situêe Genève.

Cela, en partie au moins, est si

vrai

que plusieurs de nos grands natqralistes, comme Charles Bonnet et Horace-Bénédict de Saus- sure,

l'ont

indiqué comme

l'un

des dêterminants de leur carrière.

Ecoutons sur ce point le pasteur J.-P.-E. Vaucher parlant de'ses propres préoccupations de botqniste : < Ce penchant inné, et pres- que irrésistible, était encore excité par les contrées que j'habite, les montagnes qui entourent mon heureuse patrie >.

Mais

il

faut aussi expliquer cet élan par le besoin intellectuel

1-

par l'impérieuse nécessité morale

-

que sentait presque tout

Genevois, lui dictant un devoir à accomplir, lui imposant I'obliga-

tion

de < faire quelque chose

r.

On peut ajouter qu'un

tel

senti- ment est

à

I'honneur de ceux dont nous parlons, car,

à

cette époque, particulièrement, ces hommes appartenaient aux familles aisées de la République et ils auraient pu être,

tout

simplement, des oisifs.

Mais,

aux

deux raisons

de

caractère général

qui

viennent d'être invoquées,

il

manque

tout

de même le déclic qui

fait

réa-

liser l'instant unique

qui

nous

jette

dans

un

avenir inévitable.

Au début d'une canière

il

y a, comme cela, un jour, une heure

où un

événement

intervient qui va

décider de

toute

une vie.

N'est-ce pas à la lecture d'un ouvrage de Bu{fon que G. Cuvier, d'un seul coup, eut la vision de ce

qu'il

devait étudier.

. La

même aventure est survenue

à I'un

de ceux

qui

figure

parmi les

chefs

de file

dgs grands naturalistes genevois, à Charles Bonnet. Elle est intêressante à rappeler.

Dans son histoire de I'ancienne Académie, Ch. Borgeaud a

cité

la

lettre, jusqu'alors inêdite, dans laquelle Charles Bonnet, s'adressant à de Haller, lui raconte ce qu'on pourrait appeler son coup de foudre scientifique. a

Je

m'étais

un jour

rendu chez

(11)

QUELQUES MOTS SUA LÀ VIE SCTENTIFIQUE DE GENÈVE 9

M. de

la

Rive pour assister, à mon ordinaire, à son cours public.

Il

le donnait dans son logis.'.. J'aperçus sur la table un grand livre

in

quarto...

j'allai

au

titre et je

lus

:

a Mémoires pour servir à l?histoire des insectes par M. de Réaumur'.. tr, je le feuilletai rapi- dement ou

plutôt

je le dévorai des yeux !>

Et

plus loin

:

< Je l'ai

lu

et relu... et

je

le sais presque par cæur... ce

livre

si désiré et qui: devait faire de moi un

petit

naturaliste... Je n'imaginais pas alors que je serais un jour possesseur de ce grand ouvrage et que je le tiendrais de la main même de I'illustre auteur )).

A peu près à la même heure où Abraham Trembley et Charles Bonnet apportaient à

la

biologie générale le résultat magnifique dè leurs observations, naissait

I'un

des plus grands savants du

XVIIIe

siècle européen, Horace-Bénédict de Saussure,

le

décou'

vrcur

dcs Alpcs.

Ilvit

le jour à Genève,le t7 février L740.

L

18 ans

-

alors on

êtait précoce

- il

est déjà en commerce épistolaire avec I'illustre Albert de Haller. A 22 ans,

il

est nommé professeur de philosophie

à

l'Académie.

Esprit

encyclopédique, comme on pouvait l'être encore à cette époque, Horace-Bénédict de Saussure qui, bientôt, sera en relation avec tous les hommes réputés de son époque, n'est pas seulement le créateur de

la

géologie des Alpes.

Il

a été

physicien et météorologiste et presque botaniste ;

il

a inventé des

instruments pour ses propres observations ou ses expériences et plusieurs servent encore aujourd'hui. Son esprit

fut

grand dans tous les domaines de la vie intellectuelle et sociale. Les < Voyages dans les Alpes > ont fait surgir des écoles de géologues. Et la Suisse

fut,

grâce à

lui,

dans

le

domaine tle

la

géologie alpine,

tout

au moins, une féconde initiatrice.

La fenêtre largement ouverte, au

XVIIIe

siècle, à Genève, sur les phénomènes de la.natqre, sur les sciences d'observation

-

et

I'on peut dire, déjà, sur la science expérimentale

-,

ne se refer'

mera plus. Plusieurs générations d'hommes, ayant

un

esprit de

même qualité, viennent

s'y

accouder pour qiguiser leurs regards et parfaire leurs méditations. Et la liste des découvertes

-

petites

pt

grandes,

-

dès lors devient, pour

un

si minuscule territoire, impressionnante.

(12)

10

eunleuts Mors sun LA vrE scrENTrFreuE DE cENÈvE

Et

si

le

développement général de notre

ville fut,

dès cette époque, relativement heureux, nous

le

devons en grande partie aux hommes éminents qui attirèrent sur elle les yeux de l'étran- ger.

Et

I'Europe entière passa nos murs. Beaucoup de ces voya- geurs, séduits sans doute par

la

beauté

du

paysage

et

I'intérêt intellectuel qu'ils rencontraient partout, demeurèrent.avec nous.

Ou, au moins, restèrent en relation avec nous. Ils aidèrent ainsi à mieqx acheminer l'économie générale du pays.

Comme son prédécesseur,

le XIXe

siècle est, pour

la

science genevoise, une époque

de

gloire.

Il

agrandit,

sur la cité

déjà célèbre, une quréole dont l'éclat, malgré les années qui viendront, ne s'atténuera pas.

Le

goût des recherches désintéressées s'est emparé aussi de la nouvelle génération, et c'est la botanique qui

va

principalement bénéficier

de

cette magnilique

vertu.

Alors commence

la

dynastie des de Candolle, avec Augustin Pyramus (L778-L84L). Immédiatement

les

recherches

de

systématique vont, par

lui,

prendre une ampleur qui, au dire des spécialistes, dépasse celle de Linné.

Le

grand ceuvre

de

sa

vie fut le

a Prodromus Systematis naturalis Regni vegetabilis >, considéré comme le plus important ouvrage

du

siècle.

Horace-Bénédict de Saussure n'avait pas oublié,

tout

au cours de sa vie, qu'étant < citoyen de Genève >, ce

titre lui

donnait de hautes responsabilités morales.

Et il

ne s'y déroba pas. Augustin Pyramus de Candolle,

lui

non plus, n'oublia jamais le devoir que

lui

imposait cette noblesse.

Cuvier, dans

un

de ses Eloges historiques, a noté

-

s'ss1

|

propos d'Horace-Bénédict

de

Saussirre

- que

l'hérédité des

talents est chose rare.

En

écrivant le nom d'Alphonse de Can-

dolle,

fils

d'Augustin Pyramus, nous repensons

à la

phrase de Cuvier. La grande ombre du père

-

elle se projeta sur d'immen- ses espaces

-

ne voila jamais le

vif

éclat des travaux entrepris par le fils. Alphonse de Candolle (1806-1893), encore très jeune, collabora au Prodromus de son père. Puis

il

aborda une série de

(13)

QUSLQUES MOTS SUR LA VIE SCTENTIFIQUE DE GENÈVE

'.'1,

publications qui placèrent aussitôt son nom très haut parmi les

botanistes du monde entier. C'est

lui qui

entreprit les ( Lois de

la

nomenclature botanique

r dont le projet fut

accepté

par

le Congrès international de Paris en 1867.

A

ce propos

il

n'est pas sans intérêt de souligner que

la

suite de cette réforme

-

et son

aboutissement

au XXe

siècle

-

est due

à un

autre botaniste

genevois, John Briquet.

Deux ouvrages d'Alphonse de Candolle marquent principale- ment la fabuleuse étendue de ses connaissances

: la

t< Géographie botanique raisonnée r et l'< Origine des plantes cultivées r.

Grâce à ces maltres éminents, la botanique

allait

connaître, à Genève, des sqccès retentissants.

Ils

eurentr

à

côté

d'eux,

et après eux, des disciples nombreux: Edmond Boissier (1810-1885) publia une <Flora orientalis>-en cinq volumes qui

lui

assura une place en

vue, et il

constitua

un

Herbier considérable, aujour-

d'hui

propriété de I'Université.

Et si

d'aqtres auteurs apparte-

nant à

cette époque, n'atteignirent pas

la

réputation de leurs prédécesseurs,

ils

apportèrent néanmoins

de

nombreux maté- riaux à ce somptueux édifice. On sait que les Herbiers divers et les Bibliothèques spécialisées que possède Genève constituent des documents d'une

telle

richesse

qu'ils

ne

trouvent

leurs pareils que dans flsux

-

peut-être trois

-

des plus grandes capitales.

Nicolas-Théodore

de

Saussure (L767-L845),

Iils

d'Horace' Bénédict, peut demander aux botanistes de

lui

accorder une place dans leur cénacle

;

une place pour l'éternité, puisqu'il

doit

être placé au

tout

premier rang des savants qui étudièrent, dans son intimitê, la circulation et le comportement de la matière dans les tissus végétaux. On a

dit

que la physiologie végétale était née à Genève grâce

à

quatre savânts de cette

ville:

Charles Bonnet, Jean Sénebier, J.-P.-E. Vaucher, Théodore de Saussure. Ce der' nier

fut,

à la fois, un chimiste et un physiologiste, et ses ( Recher' ches chimiques sur la végétation )) sont encore aujourd'hui admi'

rées.

Pendant le même temps

la

zoologie et

la

paléontologie gene' voises trouvaient, dans la personne de François-Jules Pictet de la Rive (1809-L872),le premier de leurs grands maîtres' F.-J. Pictet commença une carrière de zoologiste en publiant un traité sur les

(14)

LZ

euELeuEs Mors sun LÀ vre scrENTrFreuE DE cENùvE

Névroptères. Mais, $ientôt,

tout

son intêrêt se porta sur l'étude des animaux fossiles. Après une vie de travail assidu,

il

a laissé à ses contemporains

-

et à nous-mêmes

-

des n Matériaux pour la Paléontologie suisse > et un tt Traité de Paléontologie > en quatre volumes. De telles ceuvres as$urent à leur auteur

-

alors, nous

sommes à I'entrée d'une avenue nouvelle

-

une place d'honneur

dans Ie palais de

la

science universelle.

Les élèves de F.-J. Pictet ne suivirent pas tous

-

nous parlons

de ceux

qui

laissèrent

un

souvenir particulièrement

vivant

de leurs travaux,

- la

voie de

la

paléontologie.

La

zoologie, par contre,

allait

bénéficier de plusieurs des meilleurs disciples de

F.-J. Pictet. C'est d'abord, dans l'ordre chronologique des nais- sqnces, Henri de Saussure (1829-1905) dont le nom sera à jamais inséparable

de I'Histoire

naturelle des insectes

I c'est

encore

Edouard Claparède (1832-1871), mort à la fleur de l'âge,

et

qui, dans sa courte vie, publia des documents essentiels sur plusieurs groupes d' Invertébrés.

Il

faut encore, avant que ne se termine le

XIXê

siècle, inscrire dans le palmarès de

la

science genevoise, le nom fameux,

à

des

titres

divers,

de

Carl

Vogt

(1817-1895)

dont

les

travaux

sont nombreux, importants et variés, et dont I'influence à I'Université

fut

considérable, notqmment à I'heure où I'on créa la Faculté de Médecine ; et celui d'Hermann Fol (1845-1892) dont les biologistes d'aujourd'hui et de demain rappelleront toujours les travaux.

Au

cours

du

siècle précédent, Horace-Bénédict de Saussure

avait porté très haut les recherches relatives

à l'Histoire

de la Terre.

Il

n'eut pas,

à

Genève même, de continuateur immédiat.

Mais au milieu

du

siècle suivant nous trouvons de nouveau, à Genève,

un

géologue de grande classe, Alphonse Favre (1815- 1890). Les environs de Genève furent, de sa part, l'objet d'inves- tigations suivies et précises, et par cela même

il

peut être placé, dans ce répertoire sommaire,

à la

suite d'Horace-Bénédict de Saussure. Alphonse Favre

établit la carte

géologique

de

ces

parties de la Savoie, du Piémont et de la Suisse, voisines du Mont- Blanc, et

il y

ajouta trois volumes d'interprêtations qrri ne sont pas périmées.

(15)

QUELQUES( MOTS SUR VTE SCIENTTFIQUE DE GENÈVE 13

,

On pourrait croire, à

la

lecture des pages qui précèdent, que Genève n'inscrivit, dans ses annales scientifiques, que des

natu'

ralistes. Les mathêmatiques,

la

physique et

la

chimie ont égale' ment le

droit

de revendiquer quelques savants éminents.

Parmi ceux à qui les mathématiques sont redevables de pro' grès certains,

il faut citer

Gabriel Cramer (L704-L757), Simon

L'Huillier

(1750-1840), Charles Sturm (1803-1855), membre de l'Académie des sciences

à

33 ans, Charles Cellérier (1818-1889).

L'astronomie et la météorologie revendiquent, à leur tour, Emile Plantamour (1815-1882).

Parmi les physiciens nous n'aurions garde d'oublier

:

Marc- Auguste Pictet (L752-L825), le successeur d'H.-B. de Saussure à

I'Académie

(travaux sur le

calorique)

; Piene

Prévost (L751"-

1839), considéré comme

I'un

des précurseurs

de la

physique

moderne et dont

il a

déjà-été question; Gaspard

et

Auguste de

la

Rive. Le premier (L770'1834) est connu par ses recherches sur

l'électricité.

Ses relations scientifiques étaient

si

étendues que

tous les physiciens de I'Europe passèrent dans son laboratoire.

Le

second (1801-1873), après avoir, au début, étudié

la

chaleur spécilique des gaz, voua son temps

à

l'électricité.

Il

irrventa la dorure galvanique, résolut le problème de I'aurore boréale, écrivit un

traité

d'électricité théorique et pratique en trois volumes qui

fit

époque.

Enfin

il

paraît légitime d'associer

à

ces noms de physiciens

celui de

Jean-Daniel Colladon (1802-1893).

On lui doit,

entre autres, la mémorable expérience, en collaboration avec Sturm, de

la vitesse du son dans l'eau, exécutée sur notre lqc.

La

chimie, elle, vénérera

la

mémoire de Charles de Marignac (1817-1894), car la grande ceuvre de sa vie, la détermination des poids atomiques d'une trentaine d'éléments, est considérée comme touchant à la perfection. Elle a suscité I'admiration des chimistes

du

monde entier;

Au

début

du XIXe

siècle, Genève

vit

naître une association scientifique

dont

I'importance

fut et

reste grande dans I'his'

(16)

14

euEr,euEs Mors suR LÀ vrE scrENTrFreuE DE cENÈvE

toire intellectuelle de la Suisse : la Société helvétique des Sciences naturelles. Elle est la plus ancienne société scientifique itinérante

du

monde.

Elle a

aujourd'hui L27 ans d'âge.

Or,

nous devons

cette

création

au

Genevois

Henri-Albert

Gosse (1754-1816).

Genève venait à peine d'entrer dans la Confédération.

Il

est

vrqi

que ses relations avec les principales villes de

la

Suisse dataient de

loilr. Au XVIIIo

siècle les savarrls geuevuis s'eulr'elelraielrt avec leurs collègues des autres cantons des problèmes scientifi- ques

qui

préoccupaient

leur esprit. Il suflit de citer,

comme exemple, la volumineuse conespondance échangée entre Charles Bonnet

et

Albert

de

Haller.

En

1814 les cæurs étaient remplis d'allégresse. C'est alors que Gosse eut I'idée de réunir les sqvqnts d'une même patrie dans une assemblée annuelle

où ils

expose-

raient les résultats de leurs recherches, où ils échangeraient leurs points de vue. Le

6

octobre 1815,

H.-4.

Gosse, alors président de la Société de physique de Genève, assemblait, dans sa propriété du Petit Salève, une trentaine de savants venus de divers cantons.

.Et c'est là, devant un admirable panorama, dans un pavillon que son propriétaire avait appelé le Temple de

la

Nature, où

il

avait placé les bustes de Linné, de Charles Bonnet, de de Haller, de de Saussure, de Jean-Jacques Rousseau, que la Société helvétique des Sciences naturelles

fut

fondée. Elle est notre Académie des Sciences

;

une académie ouverte

à

tous les travailleurs.

Elle

a joué un rôle considérable dans la

vie

intellectuelle de

la

Suisse.

Si I'on devait faire le compte de ce que

lui

doit la science univer- selle, on sqrait grandement étonné dq résultat d'un tel inventaire.

L'ceuvre scientifique de Genève est intéressante à rappeler à un autre

titre

encore que celui de l'invention même. On peut dire

qu'il

n'est pas un

fait

nouveau, apparaissant quelque

part

dans

le

monde,

qui n'ait

été aussitôt,

à

Genève même, repris, com- menté, contrôlé

;

non pas dans

la

médiocre intention d'en cher- cher les défauts ou les erreurs, mais avec le seul désir d'augmenter son propre savoir et aussi d'en faire proliter les autres.

A tous les moments, depuis le

XVIIIe

siècle, et dans tous les domaines, et quelles qu'aient été leurs origines, les grandes décou-

+

(17)

QUELQUEs MOÎS SUN LÀ VIE SCIENTIFTQUE DE CENÈVE L5

vertes ont instantanément trouvé

à

Genève

un

écho (le premier exemplaire de l'< Origine des espèces n arrivé sur le continent

fut

celui envoyê

par

Darwin à Alph. de Candolle).

Et

souvent cet écho s'est prolongé bien au delà du lieu où

il

retentissait.

Il

serait facile d'en faire

la

démonstration. Un seul exemple

:

I'invention de Jenner

fut

connue

-

en dehors de I'Angleterre

-

en premier

lieu à Genève.

Et

c'est dans cette

ville

que le terme de vaccin

fut

inventé.

Et le

zèle

qu'à

Genève les savants mettaient

à

recevoir les

acquisitions nouvelles se manifestait encore d'une autre manière.

Beaucoup de trouvailles scientifiques faites en pays de langues étrangères étaient aussitôt traduites

et

commentées par les spé-

cialistes genevois, très souvent polyglottes, et publiées dans nos revues. La liste serait longue qui devrait contenir

tout

ce que les savants appartenant aux pays de langue française

ont

dû à ces

intermédiaires bénévoles.

Le caractère international de Genève

-

dans un cadre cepen-

dant si fermement national

-

est ainsi, à toutes les époques, pré- sent à chaque pas de la vie intellectuelle.

Parfois

il

I'est encore sous une autre forme : ce sont les Revues scientifiques paraissant à Genève qui, les premières,

-

eela peut

montrer en quelle estime on les tenait

-

publièrent les inventions de savants étrangers,

Àinsi, sous des formes variées, Genève a contribué à enrichrr les connaissances humaines. Elle

l'a fait

soil sous l'aspect de faits scientifiques jusqu'àlors insoupçonnés

(et la

liste,

ici,

est hono- rable),

soit en

aidant

à porter

plus

loin

les résqltats cibtenus ailleurs.

Aujourd'hui encore, Genève

a

gardé sa fidélité

à Ia

science.

Pour en être convaineu,

il n'y

a qu'à constater la

vitalité

de ses

associations scientifiques.

La plus

importante d'entre elles, la Société de physique et d'histoire naturelle, fêtait naguère le 150e

anniversaire de sa nqissance.

A

cette occasion

il

a été

dit

quelle

avait

été loactivité créatrice de cette Compagnie savante. On a

rappelé qu'au cours des cinquante dernières années plus de 2800 t

l

î

(18)

t6

euEleuEs .Mors suR LÀ vIE scrENTrFrQUE DE cENÈvE

communications scientifiques avaient été présentées en séances.

Sans doute elles ne modifiaient pas toutes notre savoir sur

tel

ou tel problème considéré comme essentiel, néanriroins beaucoup sont des adjonctions importantes à nos connaissanbes.

Et

peut-être

iin

jour modifieront-elles celles-ci. Ainsi le flambeau qllumé principa- lement par Chouet, tenu si fermement en mains par ses succes:

seurs dès

le XVIIIo

siècle

et

dorrl l'éclaL parluis fuL

si vif,

rr'u pas perdrr son rayonnement.

Un tel aperçu

- il

ne peut être davantage

-

est certainement entaché d'injustices. Et

il

ne peut en être autrement. Semblable à un voyageur aérien à qui

il

serait permis de poser le pied seulement sur les cimes les plus élevées,

j'ai

dû laisser dans I'ombre bien des sommets

-

ici des hommes

-

qui ne méritaient pas cet abandon.

Dans une chaîne de montagnes, les plus hautes altitudes comme.

les plus basses, sont fonction du hasard qui a créé le massif.

Et

chacirn sait que les montagnes moins élevées renferment aussi des beautés diverses, des sources où I'on peut largement s'abreuver, des fleurs aux couleurs et aux parfums variés. Sans elles l'ensemble serait singulièrement incomplet.

Tous les hommes de valeur irrtellectuelle égale

- s'il

est pos-

sible d'établir une

telle

égalité

-

n'atteignent pas

à la

même

gloire. Des causes qui

n'ont

rien à

voir

avec

la

science peuvent apporter, ou ne pas apporter, des Iauriers

En associant toutes les ceuvres scientifiques, réalisées à Genève,

-

les plus hautes

et

les autre$

-, on

reste confondu devant I'e{Tort déployé par un si petit pays. Quand on sait le désintéres- sement qqe réclame

la

recherche scientifique, on ne peut qu'ad- mirer cet élan

qui

porta

si loin, au

cours de deux siècles, les

savants genevois. Sans doute ils furent aidés dans leur tâche comme ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui

-

-

par le désir, si vivant

dans le cæur des < citoyens de Genève r, de hausser, aux yeux du monde, leur petite patrie.

Car, République minuscule, Genève

ne pouvait

grandir que

par l'Esprit.

Leu8m€.

- Imp. La Oomrde. 6 42

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