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La Thora : étude historique sur ses origines et son développement

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Thesis

Reference

La Thora : étude historique sur ses origines et son développement

GAMPERT, Auguste

GAMPERT, Auguste. La Thora : étude historique sur ses origines et son développement . Thèse de bachelier : Univ. Genève, 1895

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:27111

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:27111

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LA THORA

ÉTUDE HISTORIQUE

SUR

SES ORIGINES ET SON DÉVELOPPEMENT

T H È S E

PRÉSENTÉE A LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ DE GENÈVE POUR OBTENIR LE GRADE DE BACHELIER

PAR

AuGusTE GAMPERT

o*~J.~~*o--

GENÈVE

IMPRIMERIE ROMET, 26, BOULEVARD DE PLAINPALAIS

4895

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AVANT-PROPOS

Nous n'avons pas la prétention de donner du sujet que nous avons choisi une étude détaillée et complète; nous ne présentons qu'une esquisse des origines et du déve- loppement de la Thorâ, et cette esquisse est encore bien imparfaite.

Nous n'avons pas reproduit au début de ce travail l'examen de nos matériaux, soit l'analyse des sources du Pentateuque. Nous ne pouvions guère apporter quelque contribution nouvelle à cette question qui a fait, dans le cours de ces dernières années, le sujet de travaux appro- fondis en Allemagne et en France. Puis nous croyons, avec Wellhausen 1, que, malgré l'intérêt justifié que pré- sente la question du Pentateuque, il serait désirable de ne pas toujours s'y acharner et de ne pas y bQrner ses recherches.

Aussi, prenant pour base cette étude préliminaire et nécessaire, nous avons pensé plus intéressant de n'en donner ici que les résultats sous forme synthétique, dans un essai de reconstruction historique.

Nous ne nous flattons pas d'avoir atteint notre but.

1 Bleek-Wellhausen, Einleitung in das A. T., t)me éd., p. 629.

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Tout ce que nous désirerions, ce serait d'avoir attiré une fois de plùs l'attention s~r J'histoire du peuple d'Is- raël, envisagée à un point de vue vraiment historique et psychologique. Nous aurions voulu savoir montrer com- bien << cette méthode critique et historique, plus respec- tueuse des faits que la théorie traditionnelle, répond mieux aussi aux 'plus sérieux intérêts de la foi 1» Bien loin de nier la révélation, comme on le lui reproche, elle l'affirme. Elle la rend manifeste, non dans un livre, mais dans un fait ou plutôt dans une· série de faits his- toriques. La révélation, c'est l'histoire de la lutte en- gagée entre Israël, peuple grossier, sensuel, idolâtre, et Jahvé, le Dieu un, spirituel, saint; c'est l'esprit de Jahvé agissant dans un peuple de même origine, de même nature que ses voisins, réussissant à le trans- former, et à l'arracher à son milieu et à ses penchants naturels. Pour nous, l'histoire du peuple d'Israël, ainsi humainement conçue et expliquée, est, avant Jésus- Christ, la plus forte preuve de la sagesse de Dieu et de sa providence miséricordieuse 2

Notre plan suit le développement historique. La pre- mière partie expose l'époque des origines : d'un côté le principe naturel, représenté par le prêtre, de l'autre le principe révélé, incarné dans le prophète. De là deux courants qui s'opposent .l'un à l'autre. Dans la seconde partie, nous montrons comment ces courants se sont fondus en un seul, chargé de faire pénétrer

1 Kautzsch, Die Heilige Schrift : Abriss der Gesch. des alttest.

Schrifttums, p. 2!9.

2 Kuenen, De Pro{eten en de Profetie, p. 370.

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les vérités révélées dans le cœur indocile et rebelle du·

peuple.

La liste de nos sources aurait pu être plus complète;

nous avons dû laisser de côté des ouvrages très impor- tants, mais traitant des points spéciaux, ou parus trop tard pour que nous puissions en profiter.

Enfin nous tenons à exprimer notre sincère recon- naissance à MM. les professeurs Gautier à Lausanne, Montet à Genève, et Kautzsch à Halle, pour les direc- tions et les conseils qu'ils ont bie!l voulu nous donner.

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J. WELLHAUSEN : Prolegomena zur Geschichte Israëls, 3me édit.

Berlin, 1886.

W. RoBERTSON SMITH : The Old 1,estament in the Jewish Church, 2me édit. Londres et Edimbourg, 1892.

» The Prophets of Israël. Edimbourg, 1882.

A. KuENEN : De Godsdienst van Israël. 2 vol. Haarlem, 1869-1870.

» De Profeten en de Profetie. 1875.

» Volksreligion und Weltreligion. Berlin, 1883.

R. SMEND : Lehrbuch der alttest. Religionsgeschichte. Fribourg en B. 1893.

H. ScHULTZ : Alttestam. Theologie, 4me édit. Gottingen, 1889.

B. STADE : Geschichte des Volkes Israëls. 2 vol. Berlin, 1889.

R. KITTEL : Geschichte der Hebraer. Gotha, 1888-1892.

C. H. CoRNILL : Einleitung in das A. T. Fribourg en B., 1891.

J. BENZINGER : Hebrreische Archreologie. Fribourg en B., 1894.

A. WEsTPHAL : Les Sources du Pentateuque. 2 vol. Paris, 1888- 1892.

» Mosaïsme, Prophétisme, Lévitisme. Revue chrétienne, 1892, tome XI.

H. VUILLEUMIER : Les résultats des travaux les plus récents sur l'A. T. et leur influence sur l'histoire de la religion et sur la dogmatique. Revue de théologie et de philosophie, Lau- sanne, 1893.

R. REuss : L'Histoire sainte et la Loi. Paris, 1879.

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J. J. P. V ALETON : Beteekenis en gebruik van het woord 'l,horâ jn het Oude Testament. Theolog. Studien, 1.89:1.

B. DuHM : Die Theologie der Propheten. Bonn, 1875.

L. GAUTIER : La mission du prophète Ezéchiel. Lausanne, 1891.

W. W. BAumssiN : Die Geschichte des alttest. Priesterthums. Leip- zig, 1889.

C. J. BREDENKAMP : Gesetz und Propheten. Erlangen, 1.881.

J. WELLHAUSEN : Reste arabischen Heidenthumes. Skizzen und Vorarbeiten. Heft III. Berlin, :1887.

E. KAUTZSCH : Die Heilige Schrift des A. T's. Fribourg en B., 1890-1894.

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INTRODUCTION

MOISE ET LA THORA

Les études faites sur l'Ancien Testament dans les deux derniers siècles ne permettent plus d'admettre que Moïse soit l'auteur de la Thorâ, au sens donné à ce mot par ]a tradition. Pour celle-ci la Thorâ se composait des livres du Pentateuque, ou, plus exactement, de ce qui en fait le fond, la législation donnée au Sinaï; Moïse l'aurait écrite fidèlement sous la dictée de Jahvé. Les recherches critiques et historiques ont prouvé que cette loi ou Thorâ ne pouvait pas être, telle qu'elle nous est par- venue, J'œuvre de Moïse; on a reconnu que cette légis- lation, que l'on croyait absolument homogène, était composée des éléments les plus divers et souvent les plus contradictoires; on a constaté que ces lois et ces institutions ne correspondtlie:ilt pas à l'état social du peuple auquel elles étaient destinées, peuple à peine sorti de l'état nomade; un examen plus attentif a révélé que (je fut bien des siècles plus tard que la plupart d'entre elles entrèrent en vigueur. La législation du Sinaï ne forme donc pas un tout, produit de l'activité littéraire d'un seul individu. Et cependant est-ce absolu- ment à tort que la Thorâ de Jahvé est qualifiée par le.

Pentateuque lui-même de Thorâ de Moïse? No.us ne le 2

--.,

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pensons pas : le sens de thorâ n'est pas épuisé par c~l ui de législation; en enlevant cette dernière à Moïse, nous ne prétendons pas rendre la Thorâ absolument indépen- dante de lui, nous essayerons de montrer dans notre étude qu'une raison profonde justifie l'appeUation de Thorâ de Moïse; avant de définir ce qu'était la thorâ, disons en quelques mots ce que fut J'œuvre de Moïse; il sera facile d'établir ensuite le· rapport entre celui-ci et celle-là.

(( Moïse ne fut pas un législateur, mais iJ fut beau- coup plus que cela 1, >> ce fut le fondateur du peuple d'Israël et le révélateur de Jahvé, un chef et un pro- phète. Son œuvre politique et son œuvre religieuse se pénètrent si intimement qu'il est impossible de com- prendre l'une sans l'autre. Ce fut un chef, du jour où, secouant la torpeur de ses compatriotes, esclaves au pays d'Egypte, il Jes força à prendre conscience d'eux- mêmes et alluma dans leur cœur le désir d'être libres;

triomphant des résistances du Pharaon, il réussit à faire passer ]a Mer Rouge aux fugitifs; il se plaça à leur tête, et à travers Jes souffrances du désert, il parvint à les amener, presque malgré eux·, jusqu'au seuil du pays de la promesse. L'œuvre de Moïse~ c'est d'avoir fait de ces quelques familles dispersées et opprimées le peuple hébreu, non en les façonnant sans peine et uniformé- ment d'après un plan théorique savamment conçu à l'avance, mais en les rendant victorieuses des épreuves, et en leur apprenant par ces difficultés surmontées qu'elles formaient dans leur ensemble un peuple élu.

Moïse, en effet, n~agissait point en son nom personnel ou dans quelque but ambitieux; il ne voulait pas seule- ment créer un peuple, mais le peuple de Jahvé. Alors

1 R. Smend, Alttestam. Religionsgesvhivhte~ p. 16.

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que, simple berger, il faisait paître en Horeb les trou- peaux de son beau-père, ce Jahvé s'était révélé à lui comme le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob et avait fait de lui son prophète. Il l'avait envoyé dire à ses frères :

<c Je vous ai vus, et j'ai vu ce qu'on vous fait en

Egypte, et j'ai dit : Je vous ferai monter de l'Egypte, où vous souffrez, dans un pays où coulent le lait et le miel. >> En vain Moïse avait cherché à se dérober à sa mission : <c Je serai avec ta bouche, » lui avait dit Jahvé, et il alla. Ce message ébranla le peuple, l'assu- rance que son Dieu le voyait, voulait accomplir en sa faveur les promesses faites aux pères, le fit sortir de son esclavage ; l'exode miraculeux et la défaite des Egyptiens proclamèrent d'une façon glorieuse que Jahvé était puissant, plus puissant que ]es autres Elohim.

<c Jahvé est le Dieu d'Israël et Israël est le peuple de

Jahvé, » telle est la grande vérité religieuse prêchée par Moïse et sanctionnée par J'exode; c'est la formule claire et pratique du monothéisme.

Cette révélation eut pour théâtre le Mont-Sinaï, les Israélites de tous les temps ont placé sur cette mon- tagne les origines de leur religion, et il n'y a pas de raison pour mettre en doute cette croyance. C'est au Sinaï que Moïse avait reçu l'inspiration divine; c'est au Sinaï qu'il ramène ses frères pour les mettre en· pré- s·ence de Jahvé. Ce Jahvé qui parlait du haut de la mon- tagne n'était point une nouvelle divinité; nous l'avons dit déjà, c'était le Dieu des patriarches, mais révélé sous des traits nouveaux. Pour apprécier l'étendue de la révélation mosaïque, il faudrait connaître la conception religieuse des Bené-Israël primitifs, plus exactement que nous ne le pouvons. Il est permis cependant de ne pas faire remonter plus haut que Moïse la connaissance de Jahvé, non seulement comme Dieu unique et national,

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mais aussi comme Dieu spirituel et moral. Moïse ne fit pas de cette connaissance le sujet d'un exposé spéculatif sur l'essence de Jahvé, exposé qui n'aurait été compris de personne; pour faire connaître ce que Jahvé était:J Moïse publia ce que Jahvé voulait et proposa ses exigences à l'obéissance de tous. C'est là, à notre avis, le sens du Décalogue: en donnant l'expression de la volonté de Jahvé, il en dévoile les attributs. Ecrit ou non par Moïse lui- même, le Décalogue est, de toute la littérature de l'An- cien Testament, le reflet le plus pur du mosaïsme et c'est à juste titre qu'il est demeuré (( le document de la révé- lation r·eligieuse du peuple élu 1>> (( Réunissant, dit M. Westphal, dans un seul faisceau les lumières.

morales de la révélation naturelle du paganisme et leR lumières religieuses de la révélation patriarcale, il révèle le Dieu absolu en révélant le Dieu moral, et fonde la religion absolue en fondant la religion morale2>>

Moïse fut donc après Dieu le créateur du peuple

1 Surtout si on le prend sous sa forme lapidaire qui devait être sa forme primitive :

Je suis Jahvé ton Dieu qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte : 1. Tu n'auras point d'autre dieu devant ma face.

Il. Tu ne te feras point d'idole.

III. Tu ne te serviras pas du nom de Jahvé ton Dieu pour tromper.

IV. Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier.

V. Honore ton père et ta mère.

VI. Tu ne tueras point.

VII. Tu ne commettras point d'adultère.

VIII. Tu ne déroberas point.

IX. Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton pro- chain.

X. Tu ne convoiteras point.

2 A. Westphal, Mosaïsme, prophétisme et lévitisme. Revue chré-

tienne~ :1.892, tome XI, p. 4:1.7.

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hébreu et le fondateur du monothéisme spiritualiste.

Dans cette vie si humaine et si active nous trouvons peu de place pour le gouvernement raisonné par le livre;

Moïse gouvernait par la parole, et .surtout (( par l'ascen- dant spirituel, _l'autorité morale d'une puissante per- sonnalité, dominant les hommes de toute la hauteur de son génie et de sa foi 1» Cette foi fait de lui l'homme de Dieu par excellence, et nous ne pouvons pas appré- cier plus fortement son œuvre qu'en répétant avec le rédacteur du Deutéronome (34, 10) : .(( Il n'a pas paru. en Israël de prophète semblable à Moïse, que Jahvé con- naissait face à face. >> Il n'en a pas paru de plus grand jusqu'à Jésus-Christ qui, en révélant le Dieu amour, donna la révélation parfaite.

Cette religion, si hautement révélée, ne transforma pas du jour au lendemain les h·raélites en peuple de Jahvé; les vérités religieuses proclamées par Moïse de- vaient se traduire en actes et prendre corps dans des institutions. Ce travail d'assimilation fut trés lent. Les tribus d'Israël avaient hérité du passé des traditions fortement enracinées, de sorte qu'à J'époque de Moïse elles avaient déjà leurs institutions polït1ques et reli- gieuses. La religion mosaïque ne renfermait ni constitu- tion, ni culte à opposer à ce qui existait déjà, elle n'apportait qu'un esprit nouveau qui devait agir commè un levain dans les formes antérieures, les transformer, les rejeter au besoin, afin de donner à Israël son ca- ractère spécial, reflet du Dieu qui l'avait fait sortir d'Egypte. Quand on sait combien un peuple évolue au cours de son existence au point qu'une génération n'est jamais parfaitement semblable à celle qui l'a précédée ou à celle qui la suivra, il ne peut venir à l'esprit d'attri-

1 Vuilleumier, Revue de théol. et de pMl., i893, p. 3:10.

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buer à Moïse la rédaction à l'avance d'une législation applicable dans tous les temps et dans toutes les circon- stances. Ce n'est qu'au fur et à mesure de son développe- ment, ·pour déterminer de nouveaux rapports sociaux ou la formation du culte, qu'un peuple éla):>Ore sa législa- tion. L'histoire du droit traverse en Israël les mêmes phases que chez les autres nations : la source première de ]a législation est l'enseignement divin, qui porte en hébreu le nom de thorâ. En tant qu'institution la thorâ n'est pas à proprement parler d'origine mosaï- que, elle peut avoir existé avant Moïse, mais Moïse la rattacha à Jahvé ; par son intermédiaire, Jahvé dirigeait le peuple et lui donnait les lois dont il avait besoin.

Moïse en fit le .porte-voix du jahvisme, l'organe de la révélation. Comment fonctionnait cette institution? quel- ]es formes a-t-elle revêtues à travers ]es siècles ? tel est le sujet de notre étude. Nous devrons nous demander en même temps dans quelle mesure elle fut fidèle à sa mission. Constatons tout d'abord qu'au lieu de voir en Moïse l'auteur de la Thorâ, il serait plus exact de dire qu'il en fût l'·inspirateur.

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PREMIÈRE PARTIE

LA THORA ORALE

CHAPITRE 1 La Thorâ des prêtres.

L'étymologie nous apprend que le substantif

i1,,;,

dérive de la forme verbale

i1,.,;

le verbe

i1,.,

signifie au qal, et plus rarement à l'hi phil, lancer ou jeter; ainsi lancer des flèches : 1 Sam. 20, 20, 36, 37; 2 Sam. 11, 20, 24; 2 Rois 13, 17·; Ps. 11, 2, etc.; de là tuer coups de flèches) : Ex, 19, 13; Nomb. 21, 30; puis jeter par terre, précipiter : Ex. 15, 4; Job. 30, 19; poser une pierre : Job. 38, 6; Prov. 11, 25, ou poser des pierres de façon à éleve1· un monument : Gen. 31, 54 ; nous revien- drons sur le sens de jeter le sort, qui se rencontre une seule fois : Jos. 18, 6. -Le mot

i1,,;,

reçoit son sens propre de l'hiphil

i1,,i1

qui présente toutes les nuances de l'idée d'enseigner: indiquer: Ex. 15, 25. Prov. 6, 13;

décider dans un cas difficile, renseigner : Lév. 14, 57;

Deut.17, 10, 11; Ezéch. 44, 23; instruire: Ex. 24, 12;

35, 34; Jug. 13, 8; 1 Rois 8, 36; Ps. 25, 8; Prov. 4, 4, etc.; révéler : Es. 2, 3; Ps. 45, 5.

L'étymologie nous apporte en somme peu de lumière;

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constatons seulement qu'elle n'implique pas l'idée de contrainte légale, et qu'elle autorise entièrement le sens d' enseignenient; ajoutons que, sauf dans les Proverbes Dù il s'agit de l'enseignement des parents, la thorâ est toujours rattachée à Jahvé ou à ses représentants, de sorte qu'elle constitue bien un enseignement divin.

Pour suppléer à l'insuffisance de ces données, inter- rogeons maintenant les textes et essayons d'obtenir une représentation historique de cette institution. Quel était le personnel? Quelle était la forme de cet-.enseignement?

A la première question, ]es textes répondent en décla- rant que la tho râ est l'affaire des prêtres. << La tho râ est .aux prêtres, comme la parole aux prophètes et le conseil .aux sages, » dit un proverbe ancien et courant dans le peuple (Jér. 18, 18). L'antique poème, connu sous le nom de << bénédiction de Moïse, » disait déjà de Lévi :

<< Il enseigne tes jugements (mischpatim) à Jacob et ta

tho râ à Israël » (Deut. 33, t

0).

Tous les témoignages sont d'accord pour attribuer le ministère de la thorâ au prêtre (cf. Mi ch. 3, 11 ; Jér. 2, 8; Mal. 2, 6) et pour en faire même son office principaJ. En effet, qu'était-ce qu'un kôhen à ]'origine? Ce n'était point du tout un sacrificateur, comme le veut la tradition; car, en ce temps-là chacun faisait ses offrandes à Jahvé où bon lui semblait et quand l'occasion s'en présentait. Il n'y avait pas plus de clergé que de lieu et de temps fixés pour le culte. Un simple particulier, dans certains cas, le chef de la famille ou le chef du peuple, remplissait les fonc- tions de sacrificateur. Le kôhen avait sa place au sanc- tuaire, où il était préposé au service de la divinité, symbolisée dans son idole. J:>artout où il y avait une idole de Jahvé, éphod ou therâphim, il y avait un sanc- tuaire et un prêtre qui en était le gardien. Voici un exemple d'après Juges 17 et 18 : un habitant de la mon-

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tagne d'Ephraïm, Mica, s'était fabriqué un éphod et un therâphim, qu'il avait confiés à la garde de son fils en en faisant son kôhen; un jour, un Lévite (famille considé- rée probablement comme étant dans un rapport particu- lier avec Dieu), en quête d'une occupation, venant à passer par là, Mica l'engage moyennant un salaire (cf. 1 Sam. 2, 36) et l'attache au service de son sanctuaire;

il en fait son kôhen. Peu après, une troupe de Danites, en marche sur Laïs, enlève de force à Mica prêtre et idoles, et les transporte dans leur nouvelle résidence;

le prêtre se soumet volontiers à ce déplacement, << heu- reux de ne plus servir à un seul homme, mais à toute une tribu en Israël; » telle fut l'origine du sanctuaire de Dan, un des plus célèbres du royaume du Nord. Il y en avait beaucoup d'autres dans le pays : à Silo avec Eli (1 Sam. 2, 18), et plus tard avec Achija (1 Sam. 14, 3), à Nob avec Achimélec (1 Sam. 21, 1), à Rama avec Samuel (1 Sam. 7, 17), etc.

Les images qu'abritaient ces sanctuaires n'étaient point du tout la représentation sensible de divinités étrangères à Jahvé, mais des idoles de Jahvé lui-même, des sym- boles de sa présence dans le pays; elles ne devaient pas être dans la règle l'qbjet de l'adoration 1, et la considé- ration dont elles étaient entourées venait de ce qu'elles étaient les oracles de Jahvé, et qu'elles avaient le pou- voir de donner la thorâ. Telle doit avoir été la significa- tion de l'arche~ du therâphim et de l'éphod, que nous

1 Dans l'Eglise romaine, les statues de la Vierge sont censées représenter une seule et même personne, bien que portant des noms différents. Et cependant Notre-Dame de Lourdes, Notre-Dame d'Einsiedeln, etc., ont des vertus spéciales et sont l'objet d'un culte particulier. Au lieu d'aller à la personne divine radoration s'est arrètée à l'image matérielle. Israël n'a pas toujours échappé à cette confusion qui est de l'idolâtrie (Jug. 8, 27; 1 Sam. 1.5, 23).

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rencontrons souvent au temps des Juges et des premiers rois.

L'arche q,,~) ne paraît pas avoir été une image, mais le symbole de Jahvé conçu sous son attribut de Dieu de la guerre, aussi s'appelle-t-elle : l'arche de Jahvé Seigneur de toute la terre (J os. 3, 11, 13), l'arche de Jahvé Çebâot qui siège sur les Keroubim (1 Sam. 4, 4), l'arche d' Elohim sur laquelle est invoqué le nom de Jahvé Çebâot qui siège sur les Keroubim (2 Sam. 6, 2). EJle est le signe de la présence de Jahvé guerrier, ou plutôt elle est Jahvé lui-même présent comme J'indique l'expression

<< devant Jahvé >> pour dire <<devant l'arche>> (1 Sam.

6, 20, cf. Jos. 7, 6 LXX), et comme le prouve son r6Je dans les expéditions militaires : elle sert de guide au peuple, lui ordonne de partir ou de s'arrêter (Nomb.

10, 33 JE.; Jos. 3, 4); son arrivée dans un camp est saluée avec joie par les Israélites, avec terreur par les ennemis, car elle est un gage de la victoire 1 (1 Sam.

4, fS) ; est-elle absente, Israël est battu (Nomb. 14, 44;

1 Sam. 4, 2); est-elle au pouvoir des ennemis, elle est pour eux la cause de tous les malheurs (1 Sam. 5). On comprend qu'un pareil symbole ait eu le pouvoir de communiquer la volonté de Jahvé et qu'il ait fait l'objet d(ts consultations (Jos. 7~ 6); Silo, son lieu de résidence, était aussi un lieu de révélation (1 Sam. 3, 3, cf. v. 21)2 1 Elle a son analogue dans les châsses renfermant les reliques, que les armées du Moyen Age portaient avec elles sur les champs de bataille.

2 Nous ne citons ici ni Jug. 20, 27, ni 1 Sam. 1.4, 18; dans le premier passage la mention de l'arche interrompt le sens du verset;

c'est une glose du rédacteur voulant justifier la consultation de Jahvé à Béthel. Dans le second passage, les LXX ont lu ,,~~

au lieu de,,,~ T. M., ce qui est la vraie version; leT. M. porte une correction dogmatique introduite lorsque la consultation par l'éphod fut interdite. - La rareté des témoignages sur l'oracle de

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Les therâphim (0"~,:1) avaient leur place dans les sanctuaires (Jug. 17, 5). Peut-être avaient-ils été à l'ori- gine des idoles domestiques (Gen. 31, 19, 34). Nous ne savons pas du tout quelle forme leur donner. Il n'est pas possible d'inférer qu'ils aient eu une forme humaine du fait que Mical en en plaçant un dans le lit de David donne le change aux envoyés de Saül (1 Sam. 19, 1.3);

pour que Rachel puis~e en cacher au moins deux sous la selle de son chameau, leur volume ne devait pas être trés considérable (Gen. 31, 34). C'était en tout cas un oracle divin d'après Ez. 21, 26; Zacharie (10, 2), qui les·

condamne, dif qu'ils « parlaient, >> et Osée voit dans leur disparition le régne d'une grande- détresse pour le pays (3, 4).

L'éphod (,,~K) était la plus fréquente des images de

l'arche ne peut surprendre quand on sait la représentation que la tradition se fit de cet objet. A partir de Salomon il n'est plus question de l'arche dans les récits historiques; il n'en est pas fait mention clans les prophètes si ce n'est une seule fois clans Jérémie pour elire qu'elle n'existait plus (3, i6). Le sens véritable de l'arche était ignoré au temps elu Deutéronomiste qui met en avant une conception toute fictive en elisant qu'elle fut construite par Moïse sur l'ordre de Jahvé afin de contenir les deux tables de la }oi (Deut. 10, i-5). Quoi de plus invraisemblable que d'enfermer les lois elu peuple clans un meuble dont personne ne pouvait appro- cher (i Sam. 5, 6; 2 Sam. 6, 6 sq.; cf. Ex. 26, 33-34 P) '?D'après la conception sacerdotale le couvercle de l'arche était le lieu d'ap- parition de Jahvé (Ex. 25, 22 P); c'est un essai d'explication de la signification primitive de l'arche. Enfin si l'arche avait eu la des- tination que lui attribue P, Ezéchiel n'aurait pas manqué d'en parler, et elle aurait été replacée clans le second temple; Esdras et Néhémie n'en elisent rien. - Tandis que dans les récits histo- riques, l'arche est simplement appelée arche de Jahvé~ elle porte d'après son soi-elisant contenu le nom d'arche de l'alliance clans le Deutéronome (Deut. 10, 8; 31, 9, 26) et celui d'arêhe d-u témoi- gnage clans P (Ex. 25, 2i; 26, 33; Nomb. 4, 5, etc.).

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Jahvé et en même temps l'oracle le plus en honneur.

Sa forme et sa composition ne nous sont pas mieux connues que celles du therâphim. L'étymologie (Es. 30, 22) fait supposer que cette idole était en une matière quel- conque 1, recouverte ou plaquée d'un métal précieux (Jug. 8, 27; 17, 4.). Le fait que 1~ ,,~~ désigne un manteau de lin confirme cette hypothèse2 (1 Sam. 2, 18;

22, 18; 2 Sam. 6, 14). D'après Os. 3, 4 l'éphod est une source de connaissance religieuse; l'expression (( apportm·

l'éphod, » si usitée dans les livres de Samuel, est syno-

·nyme de << consulter Jahvé» (1 Sam. 14, 183; 23, 10;

30, 7). Il était particulièrement confié à la garde d'un prêtre : Eli est appelé par Jahvé pour porter l'éphod devant lui (t Sam. 2, 28) et nous le trouvons entre les mains d'Achija (1 Sam. 14, 18), d'Achimélec (t Sam.·

21, 9), d'Abiathar (1 Sam. 23, 9).

Comment faï"re parler ces objets insensibles? comment arracher à ces idoles les oracles divins et obtenir d'elles une tho râ? C'est là qu'un interprète devient nécessaire et cet interprète est tout naturellement le gardien de l'idole; ou plut6t, le kohên est appelé à la garde de l'idole parce qu'on lui sait l'art de la faire parler, << de manier la thorâ. » (Jér. 2, 8). Cet art se résume du reste dans la possession de l' ourîm et thoummîm (0"~,;,, 0"""1,~) que Jahvé a accordée à Moïse et à ses successeurs (Deut. 33, 8). L'ou:dm et thoummîm permet d'obtenir de la divinité une réponse à une question posée (Nomb. 27, 2t ; 1 Sam. 28, 6, cf. Esd. 2, 63); autant qu'on peut se le représenter, il s'agissait de deux objets

1 Peut-être en pierre d'après l'expression « la pierre qui enseigne>> (ii,,~) (Hab. 2, i9).

2 Cf. Benzinger, Heb. A1·chiiol., p. 382, et Smend, op. cit., p. 41.

3 V. plus haut, p. 18, note 2.

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servant au tirage au sort, et leur emploi devait avoir beaucoup d'analogie avec les dés à jouer ou avec le pile ou face. Ainsi Saül veut-il connaître le nom d'un cou- pable, il prie Jahvé de le lui désigq.er : (( Si c'est moi ou mon fils Jonathan les coupables, Jahvé, Dieu d'Israël, fais apparaître ourîm; si c'est ton peuple d'Israël, fais apparaître thoummîm! >> Ourîm apparut et Israël fut libéré : (( Tirez au sort entre Jonathan et moi! >> dit alors Saül, et Jonathan fut désigné (1 Sam. 14, 411).

Comme on le voit, deux parties ou deux questions seu- lement pQuvaient être mises en présence, et la divinité n'avait pas d'autre alternative que de répondre par un oui ou un non. Aussi quand il s'agissait de découvrir un homme au milieu du peuple, - comme pour l'élection de Saül (1 Sam. 10, 20, cf. la désignation d'Acan Jos. 7, 16 sq.), - il fallait d'abord éliminer toutes les tribus moins une, puis de même pour les familles et pour les membres de chaque famille; cette façon de pro- céder n'était donc pas très expéditive. Les anciens Arabes n'en avaient pas d'autre : eux aussi tiraient au sort devant l'idole, et cela au moyen de deux flèches dont l'une signifiait oui, l'autre non; ces flèches sacrées étaient également confiées à la garde des prêtres 2 Ce rapprochement entre les coutumes israélite et arabe fournit à Wellhausen le motif d'une hypothèse intéres- sante sur l'étymologie du substantif i1i,

.n;

nous avons vu que le verbe a deux sens complètement différents : jeter (qal), et enseigner (hiphil); Wellhausen tente de les relier; rapprochant le sens fréquent du qal, lancer des flèches, de la coutume arabe de lancer des flèches

1 D'après les LXX et la correction proposée par Wellhausen et Driver.

1 Wellhausen, Skizzen und Vorarbeiten, Ill, p. i26.

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22

pour obtenir un oracle, il en conclut que ;,,,;, doit avoir désigné à l'origine l'acte de jeter le sort (cf.

Jos. 18, 6), puis le résultat obtenu soit l'oracle ou ensei- gnement divin 1Quelle que soit la valeur étymologique de cette hypothèse, l'oracle par le sort est bien la plus ancienne forme de la thorâ que l'on puisse imaginer;

il donne la clef de la consultation du therâphim ou de l'éphod et exphque le r6le du prêtre dans le sanctuaire.

Le sort n'était point un moyen d'éluder la volonté de Jahvé, bien .au contraire, Jahvé est le maître du sort et il le dirige à son gré (Prov. 16, 33).

Nous avons déjà dit combien ces sanctuaires étaient en honneur aux premiers temps de la royauté; ce n'est pas à ce moment seulement qu'ils apparurent. Le nom de ;,,,~, conservé dans quelques anciens noms de loca- lités (Elon morê Gen. 12, 6, cf. Deut. 11, 30; Gibeat morê Jug. 7, 1.; cf. En mischpât Gen. 14, 7), nous montre qu'avant Moïse il existait des ministres de la thorâ et par conséquent des oracles divins dont le siège, marqué par un arbre, une colline, une source, était bien connu des habitants du pays. Dans la << tente du rendez-vous >> (,.!',~ 'iiK Ex. 33, 7-1.1), Moïse lui- même fonctionnait en k6hen (cf. De ut. 33, 8; Ps. 99, 6);

il se tenait là pour répondre à ceux qui venaient « con- sulter Jahvé, >> et << Jahvé parlait avec lui face à face comme un homme parle à son ami. >> Ne peut-on pas supposer que ce sanctuaire renfermait, comme ceux du pays de Canaan, un symbole de Jahvé 2? Moïse n'a pas créé cette institution, il l'a prise telle qu'elle existait et

1 Wellhausen, op. cit., p. 167.

2 Et Josué, le jeune serviteur, aurait été préposé à sa garde, puisqu'il est dit « qu'il ne sortait pas du milieu de la tente >>

(Ex. 33, H).

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telle qu'elle se retrouve chez d'autres peuples, comme les anciens Grecs~ et avec des analogies frappantes chez les Arabes 1Quant à sa forme et à son origine, elle n'a donc rien d'israélite, mais Moïse la mit au service direct de Jahvé.

Quelles questions venait-on poser à l'oracle? Quels étaient les sujets de sa thorâ? Ils devaient être fort nombreux, car sur tous les événements Israël tenait à cqnnaître l'avis de Jahvé, son Dieu. On le consultait pour savoir l'issue d'une expédition (Jug. 18, 6), et l'on n'entreprenait pas une campagne sans interroger l'éphod (f Sam. 14, 18; 23, 2; 30, 7, cf. 2 Sam. 5, f9), qui indiquait comment l'attaque devait être menée (Jug. 20, f8, 27; 2 Sam. 5, 23), et dévoilait les ruses de l'ennemi (f Sam. 23, fi). L'oracle désignait le coupable (f Sam.

14, 39), révélait la destinée de l'individu (Gen. 25, 23), et donnait aux hommes le secret des calamités célestes (2 Sam. 21, f). Mais ce n'est encore là pour ainsi dire que le côté accessoire du rôle de l'oracle; sa fonction officielle en faisait un organe constitutif de la nation. Il ne suffisait pas qu'Israël se développât comme les autres peuples, il fallait que les formes et les institutions qu'il revêtait fussent l'expression de la volonté de Jahvé.

Israël ne devait pas faire un pas dans la voie de l'orga-

1 Nous avons déjà dit que l'oracle par le sort était également l'affaire du prêtre arabe; il était le gardien de la maison de Dieu, et sa charge était héréditaire.

Le nom de kâhin (kôhen) ne désigne cependant pas le prêtre, mais le voyant dont les fonctions sont très semblables à celle du prêtre : le kâhin parle aussi au nom de la divinité; il conseille ou déconseille les entreprises de 'la tribu; c'est également un juge devant lequel se vident les procès; sa renommée dépasse· sa rési- dence et l'on vient souvent de fort loin pour le consulter. Cf. Well- hausen, Skizzen und Vorarbeiten, Heft Ill, p. :1.27 sqq.

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nisation civile ou religieuse sans être guidé par son Dieu.

Jahvé, par la bouche de l'oracle, intervenait dans les moindres détails de la vie publique ou privée de son peuple. Quand l'Israélite ne savait quel parti prendre, quand sa ligne de conduite n'était pas tracée par la cou- tume, il allait consulter Jahvé; la thorà, avant de deve- nir loi, n'était ainsi qu'une simple décision, qu'un arrêt judiciaire1 (~~iV~, cf. Hab. 1, 4; Deut. 33, 10), rendu dans un cas particulier. C'est comme dépositaire de cette thorà que les k6hanim exercent les fonctions de juges (Ez. 44, 24); dans tous les cas difficiles on allait (( devant Elohim, » c'est-à-dire au sanctuaire (Ex. 21, 6;

22, 7); on soumettait sa cause (1~,, Ex. 18, '16) au jugement divin, le k6hen prononçait la sentence; il tranchait (~~~ Ez. 28, 7, cf. 1 Sam. 2, 25), il jugeait

(~~iV, Ex. 18, 16) les procès relatifs aux questions de propriété (Ex. 22. 8), d'esclavage (Ex. 21, 8), de meur- tres, de blessures, ete. (De ut. 17, 9; 21, 5). Son action s'étendait naturellement sur la vie religieuse, sur tout ce qui concernait la sainteté et la pureté (1 Sam. 21, 4;

cf. Ag, 2, 11; Ez. 44 . . 23), et bien que le culte ait été fort simple à l'origine, c'était au prêtre à en déterminer le rite et les cérémonies (Ex. 20, 24; 23, 14, 18) et à indiquer la véritable manière de servir Jahvé (2 Rois 17, 27, 28).

On comprend maintenant quel intime rapport unit la Lhorà et le k6hen : la thorà n'existerait pas sans le k6hen, et d'un autre c6té (( ce qui fait le prêtre, ce n'est pas de connaître la technique du culte, qui était

1 « La thorâ est l'acte de donner conseil, de démêler les causes emba:rassantes et embrouillées ... Tout est encore fluide et vivant;

comme Jahvé lui-même, ainsi travaille l'homme de Dieu dans la.

matière vivante, pratiquement et non théoriquement, historique- ment et noR littérairement. » Wellhausen, Prolegomena, p. 362.

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à peine développée, mais d'être un homme de Dieu, de se tenir dans l'intimité avec Dieu, d'être celui qui entretient pour ses frères les rapports avec le ciel1• )) Ce sacerdoce joue donc un r6le considérable dans les destinées du peuple; il lui montre le chemin où il doit marcher sans s'en écarter ni à droite ni à gauche (Es, 30, 20). Par son intermédiaire Jahvé lui- même façonne son peuple en lui donnant son droit, son culte. Être sans thorâ est le plus grand malheur qui puisse survenir (Lam. 2, 9; cf. Ez. 7, 26; 2 Chron.

15, 3) et la cause de tous les désordres (Hab. 1, 4).

Comme ministre de la thorâ, le prêtre est le dépositaire responsable de la (( connaissance de Jahvé)) (Os. 4, 6;

Jér. 2, 8); il doit la répandre dans le peuple, et il faut toujours pouvoir la retrouver chez lui. Un semblable ministère requiert une fidélité exceptionnelle et une consécration absolue: le prêtre ne doit pas faire accep- tion de personne, ni même connaître dans ses jugements son père ou sa mère (Deut 33, tO), et surtout pas se laisser corrompre par l'argent (Mi ch. 3, tt; Jér. 8, tO).

S'il n'était pas fidéle, Jahvé le rejetterait et le dépouil- lerait de son sacerdoce (Os. 4, 6; Jér. 2, 8).

L'oracle par le sort ne devait cependant pas demeurer la seule source de connaissance religieuse. La thorâ ne gardait pas son caractère occasionnel de décision, elle devenait une règle, une loi pour la postérité~ Les cas jugés par l'oracle formaient des précédents pour tous les cas analogues; il n'y avait pas nécessairement besoin de recourir au jugement divin, on le croyait toujours le même pour une même cause. Il se créait ainsi un droit coutumier qui rendait l'oracle toujours plus superflu 2

1 Wellhausen, P·roleg., p. 4U.

2 La consultation de l'éphod, du theràphim, etc., rendue inutile 3

(27)

26

La juridiction se trouvait divisée : la solution des causes faciles était remise à des_ (<hommes capables, craignant Dieu, dignes de confiance, désintéressés, » mais sans caractère divin, anciens, chefs de famille, juges ou ro_is;

au courant des thordt du passé, ils devaient juger le peuple en tout temps (Ex. 18, 17 -21); au k6hen était.

réservée la décision des causes importantes, celles qui devaient être portées devant Jahvé (Ex. 18, 22)1L'oracle demeura longtemps entre les mains du prêtre le juge- ment suprême (cf. Esd. 2, 63).

Le caractère sédentaire du prêtre favorisait le déve- loppement de la tradition. Attaché à un sanctuaire fixe, exerçant une fonction officielle et apprise, ·le prêtre représente l'élément conservateur au sein du peuple d'Israël. Si l'on considère de plus que la prêtrise était héréditaire (Jug. 18, 30; 1 Sam. 2, 12; 14, 3; 22, 11), on comprendra aisément qu'il se soit formé à Nob, à Silo, à Rama, à Dan, etc., des traditions transmises, oralement d'abord, de père en fils, et toujours plus amplifiées à chaque génération; t;'était le dépdt de l'en- seignement du passé, confié à la garde du prêtre; ces par la force même des choses passe pour coupable en face de la parole si claire et si directe des prophètes, et ils condamnent ce moyen de révélation (Es. 30, 22; Hab. 2, i9; Os. 4, 1.2; Zach.

1.0, 2).

1 La même procédure se retrouve chez les Bédouins d'aujour- d'hui : << Dans un procès, le scheik cherche à accorder les parties ; s'il ne réussit pas, il ne peut rendre son arrêt exécutoire. En outre, beaucoup de tribus ont un ,kâdi ou juge; on choisit pour ces fonctions celui qui se distingue par la rectitude de son jugement, son amour de la justice, son expérience des affaires de la tribu ... ; on porte devant lui les cas difficiles, mais son jugement n'a pas non plus force de loi. Enfin, s'il se présente un cas, que le kâdi le plus habile ne peut éclaircir, il reste comme dernière ressource le jugement de Dieu. >> Benzinger, op. cit., p. 327.

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sanctuaires constituaient ainsi de véritables foyers de législation. C'est de là que sortirent les plus anciens recueils législatifs de l'Ancien Testament : Ex. 20, 23-23, 19, soit ce qu'on appelle le Livre de l'alliance ou du pacte (d'après Ex. 24, 7, l1"',~i1 ,!JO) et le ((Déca- logue» d'Ex. 34, 10-261Il est difficile de déterminer la date exacte de la rédaction de ces recueils, mais il est permis de se faire une idée du peuple auquel ces lois étaient destinées; ce ne peut être qu'un peuple sorti déjà de la vie nomade, adonné aux travaux de ]'agTicul- ture sur un sol qu'il possède (Ex. 22, 4, 5, 20, 28; 23, 9, -14); d'un autre côté la comparaison avec les législations postérieures montre que ]'organisation civile et religieuse n'était pas encore trés compliquée 2Le contenu de cette collection est trés varié, son principal objet est la vie civile. : ordonnances relatives à l'esclavage (21, 2-11 3),

aux meurtres (21, 12 sq.), au vol d'hommes (21, 16) ou de bétail (21, 37), aux blessures (21, 18), aux acci- dents, aux dégâts causés par les animaux (21, 28 sqq.;

22, 4.), ou par le feu (22, 5), au viol (22, 15), aux prêts sur gages (22, 25), aux dépôts (22, 6 sq., 9 sq.), à l'exercice de la justice (23, 6, 7 sq.), etc. Les lois inorales y ont aussi leur place : respect dû aux parents (21, 15, 17), bienveillance envers l'esclave, le pauvre, l'étranger, la veuve, l'orphelin (21, 3; 22, 20, 21 sq.;

1 Ce Décalogue n'est qu'un abrégé d'Ex. 20, 23-23, 19.

2 D'après une hypothèse récente, le «Livre de l'alliance>> serait le livre de lois donné par Josaphat lors de sa réforme judiciaire (2 Chron. 17, 9). Mais le témoignage du Chroniste est toujours sujet à caution. Les auteurs sont généralement d'accord pour donner à ce document une origine plus ancienne (commencement du IXme siècle). Il ne nous est naturellement pas parvenu exacte- ment sous sa forme primitive.

3 Les citations sont faites d'après leT. M.

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28

24, 25; 23, 6, 9), égards dûs aux ennemis (23, 4 sq.).

On y trouve, non seulement des lois religieuses : con- damnation de l'idolâtrie (20, 23;.22, 19; 23, 13) et de la magie (22, 17), mais aussi des prescriptions relatives au culte : la forme particulière de l'autel exigée par la sainteté du lieu de culte (20, 25, 26), offrandes des pré- mices de la terre (22, 28 ; 23, 19) et des premiers-nés des fils ou du bétail (22, 29 sq.), fêtes annuelles en l'honneur de Jahvé (23, 14 sqq.), année sabbatique (23, 10), et repos du septième jour (23, 12), etc.

Cette rapide analyse suffit à montrer l'absence com- plète de lien et de plan dans ce recueil. Il ne faut donc pas y voir le produit d'une systématisation, un code de lois rédigé à l'avance; la forme brève et sentencieuse de ces lois nous invite à leur donner une origine toute pra- tique: ce sont les· jugements divins, les arrêts des prê- tres rendus une fois au sanctuaire et bientôt devenus rè- gles pour la postérité. Le << Livre de l'alliance >> nous

·présente un essai - peut-être le premier - de mettre par écrit la coutume et l'usage. A partir de ce moment thorâ ne désigne plus seulement une décision de l'ora- cle, mais une tradition, un droit coutumier; le prêtre n'a plus simplement à donner la thorâ, mais à l'enseigner (2 Rois 12, 3) et à enseigner par là la véritable manière de servir Jahvé (2 Rois 17, 27). C'est toujours par la pa- role et en vertu de son autorité divine qu'il exerce son ministère, mais sa liberté est restreinte par cette tra- dition dont il devient dépendant. Cette fixation par l'écriture marque une nouvelle étape dans l'histoire du droit: ce droit coutumier qui tend à rendre superflu le jugement divin, devra à son tonr céder la place à une systématisation plus rigoureuse, renfermée dans un code national et officiel. De là résultera une transformation correspondante dans le r6le du prêtre.

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Jusqu'ici, nous ne nous sommes occupés que du côté extérieur de la thorâ, nous n'avons guère traité que le mécanisme de cette institution. Nous devons maintenant nous demander quelle fut sa valeur, comme organe de la révélation. Chargée de faire l'éducation du peuple sur la base religieuse posée par Moïse, comment rem- plit-elle sa mission? Est-ce que les formes et les insti- tutions données par elle ne furent que l'application du principe: Jahvé est le Dieu d'Israël et Israël est le peuple de Jahvé? Pour donner une réponse complète, nous devrions examiner le développement social et poli- tique d'Israël, reprendre une à une -et dès leur ori- gine ses institutions, et en apprécier la valeur ; mais un examen de ce genre nous entraînerait trop loin, il n'est du reste pas indispensable: Israël fut toujours ce que fut sa vie religieuse, en étudiant celle-ci nous pourrons nous faire une idée suffisamment exacte du rapport du peuple avec son Dieu. Nous nous demanderons donc si le culte, tel qu'il était pratiqué à partir de l'entrée en Canaan et jusqu'aux premiers temps de la royauté, était bien l'expression adéquate de la religion révélée par Jahvé. Là encore nous devons nous borner à une es:

quisse très rapide 1

Rappelons d'abord que le Décalogue (Ex. 20), que nous tenons pour l'expression la plus fidèle du mosaïsme, demeure absolument muet quant aux formes .extérieu- res ; cette indifférence en matière de culte est conforme à la nature purement religieuse de ce document. Il se contente d'affirmer que Jahvé doit être servi et servi lui seul, puis il met en avant les exigences morales de ce Dieu; il parle au cœur de l'homme, il ne dicte pas

1 Cf. Robertson Smith, The Old Testament, p. 238 sqq., 3~6

sqq., et Kittel, Geschichte der Hebriier, II, p. 86 sqq., 259 sqq.

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des actes. (( Le Décalogue veut amener l'lsraëlite à la religion vraie, la religion de la conscience, du don de soi:. condition première et absolue du culte. agréable à Dieu 1» L'Israélite n'était pas en état de s'élever d'un seul coup à un semblable idéal religieux; s'il avait saisi ce spiritualisme, toute forme lui aurait paru superflue : le seul sanctuaire élevé à son Dieu aurait été son cœur et l'obéissance son unique sacrifice. Mais l'être humain ne peut se passer dans son adoration de certaines formes visibles, dans lesquelles sa foi, après s'être exprimée, trouve un soutien. Au point de vue absolu du spiritua- lisme, ces formes, quelles qu'elles soient, sont une dévia- tion; considérées au point de vue de la faiblesse du cœur humain, elles sont une accommodation nécessaire.

Quand ces formes ont développé leurs conséquences, il est plus facile de faire le départ entre elles et le fonde- ment religieux, mais au moment où ell-es naissent comme l'expression de la foi, cette distinction ne se perçoit pas.

Lorsque, comme le voulait la thorâ, l'Israélite avait sur la terre des lieux de rendez-vous avec son Dieu, où il . venait chercher sa bénédiction et lui présenter des of- frandes matérielles (Ex. 20, 24 sq .), il ne se doutait pas qu'il faisait un premier pas dans la voie du formalisme et du ritualisme, c'est-à-dire qu'il méconnaissait le ca- ractère spirituel de Jahvé ; il avait la certitude de servir Jahvé comme Dieu invisible et spirituel. Dominé par le sentiment de sa faiblesse, l'Israélite désirait se rappro- cher de son Dieu afin de le consulter et d'en recevoir des bénédictions; mais il ne pouvait paraître devant lui les mains vides (Ex. 23, US) et comme témoignage visible de son attachement et de sa reconnaissance il lui appor- tait une part de ses biens et du produit de son travail, sous forme de sacrifices, de dîmes ou d'offrandes. Il

1 Westphal, art. cit., p. 420.

(32)

~

n'oubliait pas l'intervention divine dans les événements de la vie champêtre : la moisson, les récoltes étaient des fêtes religieuses où l'Israélite donnait essor à sa recon- naissance envers Jahvé. (Ex. 23, f6 sq.) Ce culte n'é- tait donc que l'expression naïve et spontanée de la foi.

Et cependant on est bien obligé de reconnaître que

« cette conception de la nature du culte divin fut la base tant de la loi du Pentateuque que de la religion popu- laire, décrite dans les livres historiques et condamnée par les prophètes 1>> Ces formes, qui n'étaient point

parti~ulières aux serviteurs de Jahvé, ne se justifiaient qu'à la condition expresse de demeurer au second plan et elles ne pouvaient être une protection suffisante con- tre le paganisme ou l'immoralité qu'en ne faisant pas oublier la nature spirituelle de Jahvé et ses préceptes moraux 2 Les formes étant admises, il faut une foi éclairée et fortement mûrie pour les maintenir à leur place ; Israël ne la possédait pas, son éducation reli- gieuse était encore à faire. Laissé à lui-même, il ne fut pas capable d'enrayer le courant du formalisme. C'est ce dont il est facile de s'apercevoir en jetant un coup d'œil sur ce que fut, après quelque temps de séjour clans le pays, la pratique de ce culte des sacrifices adopté par la thorâ des prêtres.

(( Servir Jahvé, partout où il met le souvenir de son

nom >> (Ex. 20, 24), ce principe dénote la grande liberté

et même l'arbitraire qui régnait clans le choix des lieux de culte, et il signifie simplement que l'emplacement adopté était censé avoir été désigné par Jahvé lui-même.

Leur origine était tout occasionnelle (Jug. 2, 5; 6, f9;

1 Sam. 14, 31) : la place où l'on avait sacrifié une fois devenait par la dévotion des fidèles un lieu consacré en

1 Robertson Smith, op. cit., p. 239.

2 Ibid., p. 3~7.

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32

permanence à la célébration du culte. Aussi ces loca- lités étaient-elles nombreuses et disséminées dans tout le pays; nous voyons Samuel sacrifier à Miçpâ (1 Sam.

7, 8); à Rama (7, 17; 9, 12); à Guilgal (10, 8; 11, 15;

13, 8, cf. Os.12, 12; Am. 4, 4); à Béthléhem (16, 1;

20, 6); mais il y avait encore ailleurs des lieux de sacri- fices : à Silo (1 Sam. 1, 3); à Béthel ( 1 Sam. 10, 3, cf.

-1 Rois 12, 29; Am. 4, 4; 7, 10); à. Nob (1 Sam. 21, 1, sq.); à Hébron (2 Sam. 15, 7); à Jérusalem (2 Sam.

24, 18); à Gabaon ( 1 Rois 3, 4); à Dan ( 1 Rois 12, 29 ; Am. 8, 14); à Beer-Schéba (Am. 5, 4; 8, 141), etc.

Partageant la croyance généralement répandue dans l'antiquité que les lieux élevés étaient le siège favori de la divinité, les Israélites célébraient de préférence leur culte sur les montagnes ou les collines 2 (Os. 4, 13;

1 Rois 14, 23; 2 Rois 16, 4; 17, 10); de là le nom de

il~~' (haut lieu) donné à ces sanctuaires, et la dési- gnation courante de (( culte des hauts lieux. >> La tra- dition s'est fait une idée entièrement fausse de ce culte, elle y a vu un hommage rendu aux faux dieux. Sans doute ce culte s'égara parfois dans le paganisme, mais ce furent toujours des exceptions; dans la règle c'était Jahvé qui était adoré sur les hauts lieux. Ce n'est qu'à partir du Deutéronome et sous l'influence prophétique que ce culte fut condamné, nous verrons pour quels motifs ; mais avant la réforme de Josias personne ne songeait à servir autrement Jahvé. Nous voyons des hommes de Dieu, comme Samuel, Salomon, sacrifier sur les hauts lieux ( 1 Rois 3, 4, 15), non pas, comme le dit le Deuté-

1 Nous avons vu que plusieurs de ces localités étaient aussi le siège de l'oracle divin. Peut-être est-ce pour cela qu'elles furent choisies comme lieux de sacrifices. En tout cas l'oracle et le sacri- fice appartiennent au même culte; ils demandent le même matériel (idole), et le même personnel (kôhen).

2 J. Benzinger, op. cit., 373.

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ronomiste ( f Rois 3, 2), (( parce qu'il n'avait point - encore éLé bâti de maison au nom de Jahvé, » mais

parce que ces hauts lieux étaient les véritables maisons de Dieu. Jérusalem elle-même n'était qu_'un haut lieu créé par David (2 Sam. 24, f 8 sqq.); son prestige ne lui venait pas d'un culte particulier, mais de son r6le de capitale du royaume et de la présence chez elle de Parche. La construction du temple ne supprima point les hauts lieux; lors du schisme, Jéroboam fit de Béthel et Dan ( f Rois 12, 25 sq.) les sanctuaires officiels du royaume du Nord, afin que le peuple put continuer à sacrifier à Jahvé. Même dans le royaume de Juda, les hauts lieux subsistèrent jusqu'à Josias, et nous voyons que les rois qui déployèrent le plus de zèle pour l'extir- pation de l'idolâtrie, et qui firent (< ce qui est droit aux yeux de Jahvé, » maintinrent sans scrupule aucun les hauts lieux (1 Rois 15, f2; 22, 43; 2 Rois 12, 3; 14, 3;

15, 3, 34).

Le matériel de ce culte était fort primitif; un sanc- tuaire n'était généralement pas une maison (2 Sam. 7, 6), mais simplement l'emplacement de l'autel qui n'était lui-même qu'un mamelon de terre ou un tas de pierres brutes (Ex. 20, 26). L'arbre ]e plus proche, de préfé- rence celui dont le feuillage demeure toujours vert (Jug. 6, 19, cf. f Rois 14, 23; Jos. 24, 26; Os. 4, f3) ou, à son défaut, un pieu fiché en terre (il1'tV~, aschérâ) représentait le numen prœsens et marquait le lieu con- sacré ( f Rois 14, 23; 2 Rois· 17, fO; Mi ch. 5, f2). On employait dans le même but de grosses pierres (il::lZ:t~, maççébâ)~ qu'on dressait et oignait d'huile (Gen. 28, 1.§). Elles demeuraient un monument commémoratif de la sainteté du lieu et formaient un complément indis- pensable du culte des sacrifices 1 (Es. 19, f 9; Os. 3, 4 ;

1 L' aschérâ. et la maççébâ purent parfois passer au rang d'idoles;

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Ex. 24, 4; Jos. 24, 26; f Sam. 7, 12; 14, 33; 1 Rois 14, 23; 2 Rois 17, fO). Les images de Jahvé avaient aussi leur place dans ces sanctuaires, nous y avons déjà rencontré l'éphod et le therâphim; à Béthel et à Dan, Jahvé était représenté sous la forme d'un '1.1eau ou d'un taureau d'or (1 Rois 12, 28; Os. 8, 5; 10, 5), et cet emblême tenait dans Je royaume sehismatique la place de J'arche à Jérusalem.

Ce culte réclamait naturellement un personnel. Le simple particulier suffisait toujours moins à accomplir les rites de cette religion et il en laissait le soin à un tiers : le kôhen, tout en demeurant porteur de l'éphod et interprète de Ja thorà, fut chargé de faire les sacri- fices et de brûler l'encens (Dent. 33, fO; 'i Sam. 2, 28).

Avec la royauté, ces dernières fonctions acquirent plus d'importance : J'exercice de la justice passa elu prêtre au souverain; en revanche le prêtre elevait faire les sacrifices au nom du roi et au nom du peuple. Jérusa- lem en Juda, Béthel en Israël devinrent des sanctuaires royaux et les prêtres des fonctionnaires royaux (2 Rois 16, t6; Amos 7, 13).

Le zèle que l'on témoigne pour Jahvé se manifeste dans le développement rapide que prit ce culte des sa- crifices; au VInme siècle, nous le voyons clans tout son éclat. L'autel est le centre de la vie religieuse ; il y avait (< l'holocauste du matin et l'offrande elu soir, l'ho- locauste du roi et son offrande, les holocaustes du peu- ple et ses offrandes » (2 Rois 16, f5); on faisait à Jahvé le don des dîmes (Amos 4, 4) et des premiers-nés (Mich. 6, 6); l'autel ruisselait du sang des béliers et de torrents d'huile (Mich. 6, 6) ; les nouvelles lunes~ les mais, dans la règle, elles étaient des symboles de la présence divine, et c'est à tort que le Deutéronomiste assimile l'asché?·â à la divinité cananéenne Astarté (i Rois 15, i2; 2 Rois 21, 7).

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