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Le jeune homme qui danse sur la mer

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Academic year: 2022

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Paul Sath

Paul Sath

Le jeune homme qui danse sur la mer

roman

Le jeune homme qui danse sur la mer

C’est un jeune marin français de retour sur la terre. Il marche sur les promenades d’une ville portuaire du sud de l’Angleterre.

Lui qui ne sait plus poser le pied que sur le plancher fuyant de son bateau, il avance à pas prudent sur un sol à l’étrange immobilité.

Il accepte l’hospitalité que lui offrent deux personnages hors du commun. C’est dans cette ambiance que le souvenir de son long séjour sur l’eau lui inspire une philosophie personnelle dont il commence à rédiger les principes. Mais il gagnera bientôt un autre port de mer, celui de Marseille. Il y exerce un métier peu orthodoxe, tout en approfondissant ses réflexions philosophiques originales. Puis lui vient un amour dont la déraison lui rappelle les dangers de l’élément marin.

Paul Sath est né en 1955 à Salon-de-Provence. Après des études littéraires Paul Sath est né en 1955 à Salon-de-Provence. Après des études littéraires Paul Sath

et musicales, il entame un long travail psychanalytique, pour enfin devenir lui-même analyste, ép

lui-même analyste, ép

lui-même analyste oque où il commence à écrire : romans, nouvelles et mémoires.

Image de couverture : Paul SATH, La grande jetée de Brighton, Grande- Bretagne.

ISBN : 978-2-336-29026-3 15,50 €

collection

Amarante Le jeune homme

qui danse sur la mer

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Le jeune homme qui danse

sur la mer

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Amarante

Cette collection est consacrée aux textes de création littéraire contemporaine francophone.

Elle accueille les œuvres de fiction (romans et recueils de nouvelles)

ainsi que des essais littéraires et quelques récits intimistes.

La liste des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée

sur le site www.harmattan.fr

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Paul SATH

LE JEUNE HOMME QUI DANSE SUR LA MER

Roman

L’Harmattan

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© L’Harmattan, 2012

5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com

diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-29026-3

EAN : 9782336290263

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À Pierre

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9 I

C’est un jeune homme de vingt ans. Un jeune marin français qui vient juste de débarquer dans un grand port militaire du sud de l’Angleterre. Il y a tellement longtemps, des mois, qu’il n’a plus foulé une surface stable, qu’il en est étourdi. Il bouge avec précaution sur cette immobilité anormale. Il se mé- fie. Il voit le support inerte, sur lequel il est posé, comme le piège d’un ennemi, d’un animal camouflé qui attend qu’on lui marche sur la tête pour vous happer dans une attaque fulgurante.

On ne connaît pas encore la raison pour laquelle il a choisi ce métier. On le saura peut-être plus tard si on lit le récit en entier. En tout cas ça n’est pas par idéal. D’ailleurs ses premiers temps sur l’eau lui ont donné des nausées de débutant.

Et puis un jour, ça lui a passé, son mal de mer, d’un seul coup. Il rompt le jeûne forcé qui lui a

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donné la finesse de corps dont il avait toujours rêvé.

Il se sent bien, dans sa nouvelle silhouette. Il est lé- ger, il a de l’aisance dans ses mouvements, et une séduction offensive encore inemployée.

Il lui a fallu plusieurs mois, mais il a fini par l’aimer, le plancher titubant de son bâtiment. Il ne sait pas pourquoi mais il le trouve plus solide que celui d’une maison. Il y a bien l’obéissance militaire, qui aurait pu le rebuter, mais elle ne le dérange pas, au contraire. Grâce à elle, c’est vrai qu’il a une vie tranquille, sans initiative, un peu comme une conti- nuation de son enfance. L’uniforme, ce n’est pas non plus une contrainte pour lui, tout simplement parce que ça lui permet d’être reconnu comme un des leurs par ses camarades matelots et ses supé- rieurs. Il navigue comme ça pendant deux ans, ce qui est pour lui une vraie, très longue croisière. Ça lui plaît tellement qu’il en est arrivé à détester les escales. Quand il y en a, il s’enferme dans sa cabine où il ne fait qu’attendre de repartir vers le danger de la mer, la mer qui le berce.

C’est à bord qu’il apprend la musique. Et c’est à un autre marin, rencontré dans un bar au bord de l’Adriatique, en Italie, qu’il a acheté sa mandoline.

C’est son instrument. Il s’y est attaché comme à une mascotte. Il ne s’en sépare jamais. C’est presque une manie, et à cause de ça on l’a surnommé d’abord

« Mandolino », et puis plus tard « Lino ». Et comme il aime chanter, il double ses mélodies de notes qu’à

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force d’acharnement il a fini par tirer des cordes métalliques.

Donc le voilà, ce jeune marin, sur un quai de Portsmouth, au bord de la Manche. Il avait quartier libre pour trois jours et il avait assez d’anglais dans sa mémoire de collégien pour ne pas se sentir perdu dans ce pays. Pour une fois, il avait décidé de ne pas rester enfermé et de profiter de la ville de Brighton (à quatre-vingt kilomètres de là) qui est une des sta- tions balnéaires préférées des londoniens. Il avait entendu parler de l’image démodée des hôtels chics, des casinos, de la grande jetée qui avance sur la mer sur plusieurs centaines de mètres. Les gens s’y pro- mènent, les jeunes filles en chapeau de paille et les garçons en costume blanc au-dessus des marées.

Les orchestres de cuivres jouent des marches et des foxtrots pour les touristes. Des airs plus tellement à la mode, c’est vrai, mais qui vont bien avec l’endroit. Il voulait se trouver un petit hôtel pas cher, qui ne donnerait pas sur la mer, pour y dormir ses deux nuits. Il était content, il allait pouvoir pro- fiter du luxe de la ville. Il était très distingué dans son habit de marin français. Il ne savait pas encore qu’à cause de cet uniforme, là-bas, il allait se faire remarquer.

Il avait fait le trajet de trois-quarts d’heure en train. Quand il était arrivé, il avait été émerveillé par la ville toute blanche. Il n’avait eu aucun mal à louer un logement simple, dans la cité plutôt cossue. Mais c’était parce qu’on était encore dans l’avant-saison.

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C’était un mois de mars que les anglais trouvaient certainement délicieux, tandis que pour le jeune français c’était encore l’hiver. Ce qui s’explique par le fait qu’il est d’un pays méridional où on inaugure la tenue d’été traditionnellement à la fin de ce mois, vers la fête de la pleine lune, à Pâques.

Il avait déposé son paquetage dans sa chambre, sans le défaire parce qu’il lui tardait de flâner sur les promenades du front de mer. Il voulait voir le ras- semblement des promeneurs, la foule lente. Il y avait des snobs et puis des gens simples, des mondes qui se frôlaient sans se mélanger. Lui, il n’appartenait ni à l’un ni à l’autre. Il venait du sien, qui était séparé des continents. Il ne se sentait pas en sécurité, sur la terre, et il s’y déplaçait prudem- ment. Il était presque aussi maladroit que les tortues marines, vulnérables sur le sol dur et pourtant si élégantes dans l’eau. Le tangage et le roulis lui man- quaient. Il ressentait un déséquilibre désagréable, lui qui était accoutumé à anticiper les balancements de son bateau, à être debout sur les planchers de ponts qui fuient sous le pied. Ces mouvements qui sont traîtres pour les populations continentales, eh bien pour lui ils étaient bien plus sûrs que des pavés scellés. Il marchait à son pas prudent, et il observait les visages et les corps près desquels il passait. Il les trouvait tous intéressants, sans doute à cause de sa jeune expérience. Sa jolie figure était un peu ronde, c’était un souvenir de son ancienne corpulence, et elle lui donnait un air sympathique. C’est ce qui

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arrive souvent quand il y a là-derrière un caractère heureux. Enfin, heureux... Il ne l’était pas autant que sa bonne mine le faisait croire. Il n’avait pas encore trouvé le bonheur, et d’ailleurs il ne le cherchait pas. Depuis toujours, il charriait une mélancolie d’orphelin et il se fatiguait à la réduire tout en sa- chant qu’elle était plus forte que lui. C’est pour ça qu’il ne se laissait jamais aller à la solitude, là où elle se serait plu. Son existence communautaire de mili- taire l’en empêchait, heureusement. Un trop grand calme, un paysage fixe, l’idée fausse de choses inal- térables, ç’aurait été pour lui comme fréquenter la mort. D’ailleurs il pensait que c’est une idée assez commune, enfin qu’il est naturel de se méfier de tout ce qu’on croit immobile ou éternel.

Il jetait des coups d’œil intenses aux gens qu’il croisait, et ça se remarquait. On voyait tout de suite qu’il était étranger, dans la foule des marcheurs.

Évidemment, des matelots en costume blanc, ici, on en trouvait souvent, mais celui-ci, il se distinguait à cause de ce regard. À la fin, quelqu’un l’avait inter- pelé, plusieurs fois, en plaisantant. On lui parlait de la France, du fait qu’il était de la marine française.

Parce que ça se voyait à son uniforme particulier que tout le monde reconnaissait, par habitude, parce que c’était celui qu’on rencontrait le plus fréquem- ment, par ici.

Il avait fini par répondre à celui qui essayait de capter son attention, un jeune homme entreprenant, sans doute de son âge, qui devait être le meneur

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d’une petite bande de filles et de garçons anglais. Il avait rendu le sourire qu’on lui envoyait. Depuis le début de sa carrière, il s’était fait aux familiarités des civils, il s’était toujours soumis gentiment au rituel du pompon porte-bonheur et aux idées roman- tiques qu’on se fait des marins. Il trouvait ça amu- sant, et il pensait que ça n’est que des histoires. De toute façon, la vérité, il s’en moquait. Il ne croyait rien, il ne savait faire que sentir. C'est-à-dire que pour lui il n’y avait que les sentiments immédiats, les sensations, les émotions, enfin tout ce qui lui arri- vait de l’extérieur. Et ce jour-là il était content de se laisser séduire par cette voix et celles qui étaient der- rière elle. Donc il avait souri, il attendait de voir ce qu’on lui demandait exactement.

- Oh ! Le marin français, tu es seul ? - Oui.

- Et tes camarades, ils sont où ? - Restés à Portsmouth.

- Ils ont tort. C’est mieux ici !

La petite troupe se rassemble autour du matelot.

- Si vous le dites...

- On va sur la plage. Tu viens ? - Eh bien...

- Alors c’est oui ? - C’est oui.

Du coup, on le félicitait par un cri d’approbation collectif. Mais enfin, on était quand même dans une atmosphère d’éducation classique où la politesse compte. L’un après l’autre – ils étaient une demi-

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douzaine – ils étaient venus serrer la main du garçon étranger en se présentant par le prénom. Lui, il avait donné son surnom qui lui venait de la musique, parce qu’il aimait bien avoir le rôle du musicien, dans un groupe de civils. Autant, sur la mer, il pré- férait ne pas se distinguer, autant à terre il avait besoin, au contraire, d’une identité bien définie pour ne pas se sentir trop vulnérable. Alors il s’arrangeait pour qu’on s’aperçoive le plus tôt possible de sa particularité. Ils restaient donc tous les six à s’amuser sur le sable, et lui qui les regardait, et puis ils avaient eu envie d’aller au pub. Ils y auraient emmené volontiers leur marin et ils le lui avaient dit.

Alors lui, il avait profité de l’invitation pour annon- cer qu’il voulait bien y apporter son instrument. Il savait qu’en Grande-Bretagne on trouve très naturel de faire de la musique et de chanter dans ces en- droits déjà très bruyants.

- Quel instrument ? - Vous verrez bien !

Et alors, par curiosité et puis aussi parce qu’ils ont peur que ce garçon charmant change d’avis et les abandonne, ils le suivent tous jusqu’à son hôtel.

- Qu’est-ce que c’est ? Un violon ? - Non. Une mandoline.

- Elle vient d’Italie ? - Oui.

Il a fallu qu’il ouvre l’étui et qu’il montre ce qu’il y a dedans. C’est un objet très beau. Il a des galbes élégants, des incrustations de nacre et des filets de

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