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13 étoiles : reflets du Valais = Wallis im Bild = Treize étoiles : reflets du Valais = Wallis im Bild

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(1)

WALLIS IM BILD

R EFLETS DU VALAIS

April 1992 Nr. 4 42. Jahr Exemplar Fr. 6.50 Avril 1992 N° 4 4 2 e année Le num éro Fr. 6.50

(2)

En V a l a i s , o n n e r e g a r d e p a s

t r i s t e m e n t p a s s e r l e s t r a i n s

W Ê È Ê Ê ^ K Ê m

C o m b a tiv ité e t tra d itio n . Le C ré d it en Valais, a c o n tr ib u é au d é v e lo p

-S uisse, p ré s e n t d e p u is tre n te al p e m e n t du C a n to n en finançant1 c o m m e rc e , l’in d u s trie e t l’a g ric u ltu re . A u jo u rd ’hui n o tre é ta b lis s e m e n t e n te n d m o in s q u e ja m a is m a n q u e r le train d p ro g rè s e t d e l’in n o v a tio n , en r e s p e c ta n t la q u a lité d e la vie. L e s 2 0 0 c o lla b o ra te u rs d e n o s 10 s u c c u rs a le s et re p ré s e n ta n ts d e n o s 18 a g e n c e s s a u ro n t v o u s le dire.

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(8)

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Mensuel : avril 1992

Conseil de publication :

Président: Jacques Guhl, Sion. Membres: Chantai Balet, avocate, Sion; Aubin Balmer, ophtalmo­ logue, Sion; Marc-André Berclaz, industriel, Sierre; Ami Delaloye, urbaniste, Martigny; Xavier Furrer, architecte, Viège; Gottlieb Gun- tern, psychiatre, Brigue; Roger Pécorini, chimiste, Vouvry.

Organe officiel de l'Ordre de la Channe Editeur: Imprimerie Pillet SA Directeur de la publication: Alain Giovanola Rédacteur en chef: Jean-Jacques Zuber Secrétariat de rédaction: Avenue de la Gare 19 Case postale 840 CH-1920 Martigny 1 Tél. 0 2 6 /2 2 20 52 Téléfax 0 2 6 /2 2 51 01 Photographes : Oswald Ruppen Thomas Andenmatten

Service des annonces :

Publicitas SA, avenue de la Gare 1951 Sion. tél. 0 2 7 /2 9 5151

Service des abonnem ents, im pression, expédition: Imprimerie Pillet SA Avenue de la Gare 19 CH-1920 Martigny 1 Tél. 0 2 6 /2 2 2 0 5 2 A bonnem ents: 12 mois Fr. s. 6 0 - , étranger Fr. s. 70.-

Elégant classeur à tringles blanc, pour 12 numéros Fr. s.

15.-Ont collaboré à ce numéro:

Stephan Andereggen, Pierre Ber­ claz, Pierre-Alain Bezat, Charles Boissard, Jacques Darbellay, Jean-Pierre Giuliani, Agnès Guhl, Georges Laurent, Georges Marié- tan, Inès Mengis-Imhasly, Edouard Morand, Ursula Oggier Volken, Lucien Porchet, Pascal Thurre, Michel Veuthey.

La reproduction de textes ou d’il­ lustrations est soumise à autorisa­ tion de la rédaction.

Couverture :

La plaine du Chablais, la plus grande surface cultivable valaisanne.

P hoto Oswald Ruppen.

Editorial

Chacun pour soi et Dieu pour tous. Cette maxime courtaude

tient lieu de philosophie politique à une partie des pays

occidentaux depuis une quinzaine d ’années. Certains ont

feint de croire que cet idéal avait poussé sa maigre tige dans

l’esprit falot d ’un cow-boy sur le retour. Hélas! le vieux merle

se contentait de siffler un air que d ’autres avaient composé.

L’Europe civilisée ne pouvait s ’accommoder de la simplicité

américaine; on prit soin de donner au néo-libéralisme

l’apparence d ’une pensée politique; et l’on découragea les

deux ou trois tocards qui tentaient de quitter la scène du

show-business pour gagner celle des affaires publiques.

Les styles diffèrent ici et là mais expriment une même volonté

politique. Celle-ci produit des effets identiques aux Etats-Unis

ou en Angleterre. Une partie importante de la population est

jetée sur le bas-côté de la vie sociale, privée de travail, de

revenus, d ’assistance. Les Etats-Unis com ptent 4 0 millions de

miséreux, leurs villes se déglinguent, on y enregistre le taux

record de criminalité dans le monde. Quant à l’Etat, il a

accumulé la plus fabuleuse dette extérieure jamais annoncée

dans l’histoire.

Il n'était pas trop difficile de prévoir que le néo-libéralisme

produirait de tels fruits. Mais les champions du mouvement

espéraient en contrepartie un enrichissement rapide des

groupes financiers et des sociétés industrielles. Or, les

Américains découvrent avec stupeur que c’est l’inverse qui se

produit: leurs entreprises déclinent, ferment leurs portes, se

vendent au plus offrant.

Il faut souhaiter que cette terrible déconfiture constitue un

sujet de méditation pour nos hommes politiques. Le

libéralisme sauvage conduit à l’échec général dans des

sociétés aussi complexes que les nôtres. Désormais, il n ’y

aura plus d ’économie florissante nulle part sans un Etat fort

et compétent, et sans un niveau élevé de concertation

sociale. Les nostalgiques du Far-West devront se plier à cette

nouvelle réalité.

(9)

SOMMAIRE

O swald Ruppen

Editorial

6

Région Chablais

L’air de Monthey

8

Aux origines de Monthey: la terre et l’eau

12

Que cache le combat autour du Tonkin?

18

Vie culturelle

Fastnachtsmontag in Turtmann

20

L’art à l’hôpital

24

Toiles en soi

27

Calendrier culturel et récréatif du Valais

33

Nature

Quatre fables pour célébrer le printemps

29

Mystère du renouveau

30

Magazine

Les faits de tout à l'heure

37

Laufendes Geschehen

40

Panoram a touristique

43

Tourismus in Schlagzeilen

45

Potins valaisans

47

Les pensées de Pascal

47

Le courrier du lecteur

50

Mots croisés

50

Ordre de la Channe

Vignes à louer

48

Thomas Andenm atten O swald Ruppen

(10)
(11)

L’air de Monthcy

O sw a ld R u p p e n

(12)

Lettre à Jean-Jacques Zuber

C her Monsieur,

Vous m ’avez bien dit, avec un air entendu, de vous parler de «l’air de Monthey», com m e d'autres se ha­ sarderaient à évoquer celui de Mar- tigny, brassé par la bise, ou celui de Sion, à la senteur violette de sacristie.

Peut-on saisir l’impalpable, l’ép h é­ m ère, le gros sel ou la fine ironie? Pour quelle raison jaillit soudain, en un lieu banal, une fulgurance de mots, une gerbe d ’étincelles ver­ bales qui retom bent en rires collec­ tifs des moins retenus?

En principe, il faut être plusieurs pour rire, encore que certains sou­ venirs ou quelque perspective am u­ sante tirent parfois de votre gorge solitaire une salve qu’un observa­ teur m alencontreux indentifierait à une crise de folie. L’imbécile! Une journée sans rire est une journée perdue. Les spectres qui vous han­ tent sont de bonne humeur. Vous êtes un humain heureux.

Si vous êtes plusieurs vivant à l’ins­ tant un proche état d ’âm e - c’est le m ot clef - si les victimes ajutées sont connues de tous - on ne rit bien que des autres en attendant d ’y passer - si, enfin, vous avez remisé à la cave votre susceptibi­ lité, alors le terrain est prêt. L’un allume la m èche, sans besoin d ’être ém éché, l’esprit de vin étant de l’espèce mineure, l’autre sert de détonateur, et alors les explosions se suivent au gré des trouvailles et des renvois de balles.

L’esprit de Monthey, j’exagère à peine, est un remède contre la gri­ saille de l’existence. Une façon de mettre à plat les constipés du quoti­ dien, furieux du rire des autres, qui clament pour se convaincre de leur prétendue supériorité ces vers d ’un grand classique :

«J’enrage et ne saurais souffrir Ces futilités qui ne m e font point rire.»

L ’air de Monthey, cher Monsieur, est profondém ent démocratique. Il efface les classes, les castes et ne fréquente pas les salons. Il rap­ proche tout le monde. Il jaillit des esprits sous forme de mots dont les

plus savoureux devraient passer à la postérité. J ’en tiens un tout prêt. Le vieux docteur Contât, pas le dentiste mais son oncle, dont le cabinet se trouvait à l’avenue de la Gare, essayait de consoler un ver­ rier dont l’épouse, pour la troi­ sième fois, avait mis au m onde des jumeaux: «Que voulez-vous, m on vieux, ce n ’est pas de votre faute si vous avez la q... en pom m e d ’arro­ soir!» (Voilez-vous la face, vous, lecteurs d ’une revue si distinguée, imprimée sur papier couché, juste­ ment.)

En principe, l’esprit de Monthey, malgré d ’éventuelles incantations, ne se manifeste pas n ’im porte où, ni n ’im porte quand. Il lui faut au moins un groupe d ’initiés - à Sion on appelle ça une chapelle - et une table de bistrot. J ’entends un vrai bistrot avec sa salle enfumée, à la fois publique et confidentielle. Ça devient rare, chassé par les pizze­ rie, les posadas à paella, les cafés turcs, kurdes ou yougoslaves. C ’est un fait, M onthey s’internationalise. Au contingent séculaire des nègres blancs, tissu indestructible de la nation valaisanne, s’est ajoutée depuis quelques années une four­ née de nègres noirs, de peau ceux- là, qui bénéficient sans rien faire d ’une enviable prospérité. Ils récu­ p èrent avec des mines de grands seigneurs les intérêts des fortunes coloniales. Avec ça, pas racistes pour un sou. O n ne saurait mieux mettre en évidence la bonté, la gentillesse des M ontheysans plu­ més, bridés, méprisés trois siècles durant par les rapaces du Haut - en am ont de la Morge de Conthey - qui se voulaient seigneurs de droit divin. Oui, le M ontheysan est une bonne nature et son esprit le sti­ mule plus dans le rire qu’au boulot. C ’est connu. Les usines qui fument - Monthey l’industrieuse - les ate­ liers qui ronronnent, les com ­ merces prospères, les chantiers de construction, il laisse ça aux Suisses allemands, éternelles vic­ times du zèle, aux Italiens, ama- doueurs de scrupules et, avec un petit peu de patience, bientôt aux Espagnols et aux Portugais. Lui, le

Montheysan donc, excelle dans les revues et le journal de carnaval. A propos de carnaval, on a osé prétendre que ce tohu-bohu aidait à la rémission de nos péchés. Notre cher curé-doyen est capable d ’exploser. Je l’entends d ’ici s’ex­ prim er avec une véhém ence non feinte: «Mes paroissiens de Mon­ they ne sont des sacripants qu’en surface. Réguliers aux offices, pas pingres, respectueux aux obsèques depuis qu’ils ne suivent plus le cor­ billard jusqu’au cimetière. Tant pis pour les causettes. Ceux qui affir­ m aient qu’on rit plus à un enterre­ m ent à Monthey qu’à un carnaval à Sion en restent pour leurs frais.» A Monthey, vous ne pouvez pas vous donner de grands airs. Ça ne prend pas. Deux commis-voya- geurs avaient grimpé la vingtaine de m arches d ’un vieil immeuble pour refiler leur camelotte au pro­ priétaire de la maison... qui les avait vu venir. Ils sonnent. La porte s’ouvre et ils se trouvent devant un grand gaillard dont le visage parais­ sait refléter une incurable bêtise. Ils s’étaient dit: «Celui-là on l’aura.» A leurs premières phrases, le bon­ hom m e répondit par de grands gestes, m ontra sa bouche édentée, planta ses index dans les oreilles et émit finalement une suite de gro­ gnem ents pénibles à supporter. Convaincus de la surdité profonde de leur interlocuteur et d ’une bêtise assez exceptionnelle, ils referm è­ rent leur valise en s ’en furent en disant à voix assez haute pour être entendus: «jamais vu un con p a ­ reil». Quand ils se retournèrent une dernière fois vers la maison, ils aperçurent une tête hilare d ’où par­ tit le mot: «Un con, vous dis-je!» L’air de Monthey peut être trom ­ peur.

J ’ai l’air de quoi à vous conter de telles histoires. L’air de Monthey est fait de petits riens, de bonne humeur. Il est un défi à la morosité et il confirme la relativité, sur cette terre, de mille choses auxquelles les gens sérieux attachent trop d ’im­ portance.

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(14)
(15)

Aux origines de Monthey :

la terre et l’eau

Situer dans le tem p s et de m anière précise l’origine exacte de l’agglom ération m ontheysanne tient, e n l’ab sen ce d ’étude ex­ haustive suffisante, de la gageure. Il faut re m o n te r jusqu’à l’o ré e du XIIIe siècle p o u r re n co n trer dans un écrit la prem ière m en tio n de cette localité. D ans ses «Docu­ m ents relatifs à l’histoire du Vallais», l’abbé G rem aud cite à m aintes reprises plusieurs perso n n ag es p o rta n t le n om de M onthey. Signalons, en tre au­ tres, un Jac o b u s dit de M onthey qui figure d ans plusieurs actes du XIIIe siècle (1 2 1 5 , 1 2 2 6 , 1 2 3 0 , 1 2 3 7 , etc.). N ’allons p a s croire p o u r au tan t qu ’ an té rieu re m e n t à ces dates, le terroir m on th ey san était resté vide de to u t habitant. Des tém o ig n ag es archéologiques,

certes quelque p eu épars, vien­ nen t pallier d ans les grandes lignes les insuffisances de la d ocu­ m entation m anuscrite. O n a p e r­ çoit ainsi, sans e n tre r d ans le détail, que le plateau de M aren- deux qui dom ine la plaine était habité au plus tard p e n d a n t la période rom aine. Les vestiges dégagés à la fin du siècle passé et au courant de l’actuel o n t révélé la p ré sen ce d ’u n e «villa» rom aine et de n om breuses tom bes en tuiles «si serrées que leurs cou­ vercles sem blaient fo rm er un dal­ lage continu».

Tout p assan t qui em p ru n te la place du M arché d ans la direction de l’H ôtel de Ville voit brusque­ m en t surgir sur sa gauche, der­ rière la chapelle du P ont, une col­ line h au te d ’u n e tren tain e de

Oswald Ruppen 'Irjß tin tr (ÿtnankn| »jVc-ameS tfetlÿituf Ci- au.fr t S

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m ètres environ. C et îlot de ver­ dure enchâssé d ans le tissu urbain de plus e n plus d ense frap p e p a r son asp ect un p eu insolite. Qui so u p ço n n erait qu'il y a bien long­ tem ps, cette butte p ortait le p re ­ m ier ch âteau de M onthey? D ans une étude d ’ap p ro c h e , Louis Blondel a ten té de restituer le plan de l’édifice et de d éterm i­ n e r l’em p lac em en t du donjon, de l’habitation seigneuriale, du bourg, etc. Mais les ruines elles- m êm es, dans leur état actuel de destruction, nécessiteraient de grandes fouilles archéologiques qui pou rraien t seules caractéri­ ser les ép oques successives de construction.

P o u r certains auteurs, cette forti­ fication destinée à contrôler et assurer le passage de la Vièze ainsi que l’accès au val d ’Illiez aurait vu le jour au Xe ou XIe siècle, soit en un te m p s particuliè­ re m e n t troublé où le royaum e de B o urgogne laissait p eu à p eu la place à des entités plus réduites. P ourtant, à considérer les m aç o n ­ neries en c o re en place, elles ne sem blent p as antérieures au XIIe ou XIIIe, et confirm eraient donc l’opinion courante selon laquelle le ch âteau aurait été construit p a r T h o m a s Ier, com te de Savoie de 1 1 8 9 à 1 2 3 3 .

La prem ière évocation écrite re m o n te au 18 octobre 1 2 3 9 . A cette date, A m édée IV com te de Savoie d o n n e e n a p a n a g e à sa s œ u r M arguerite le ch â teau et ses d ép en d an ces. D ans l’acte de d onation conservé à ce jour, A m éd ée stipule n o tam m en t: «...j’ai d o n n é le castrum dictum M onteyz avec toutes ses atte- n ances en h o m m es nobles et plé­ béiens avec les terres et les droits que j ’ai possédés à m a s œ u r M ar­ guerite com tesse de Kybourg p o u r q u ’elle e n jouisse libre­ ment.»

Dès la fin du XIVe siècle pourtant, ce ch âteau perd beau co u p de son im portance. Mal entretenu, p assablem ent délabré, ses murs s ’écroulent e n 1 4 5 4 , et la c h a­ pelle castrale dédiée à saint M ar­ cel est transférée à l’Hôpital. P o u r accéder à cette résidence

seigneuriale il existait deux possi­ bilités. L ’une consistait à pren d re un sentier assez raide am é n ag é au-dessus de l’ancien p o n t sur la Vièze; l’autre, qui perm ettait d ’atteindre l’e n tré e principale, se détachait de la route d ’Outre- Vièze. A dire vrai, il d em eu re dif­ ficile aujourd’hui de se faire une idée correcte du paysage d ’au tre­ fois, tan t le p ro m o n to ire a été pro fo n d ém en t bouleversé dans les prem ières décennies du XVIIIe siècle. R attaché jadis au plateau d ’Outre-Vièze d o n t il représentait en quelque sorte la prolongation, il était d ’autre p art co n to u rn é par la Vièze d o n t les eaux e m p ru n ­ taient la rue des G ranges avant de rejoindre le chenal que nous lui connaissons actuellem ent. C e tracé de la rivière était périlleux car il constituait, co m m e nous allons le voir, un perpétuel d a n ­ ger p o u r la localité. Il suffisait effectivem ent d ’une forte crue, parfois à la suite de plusieurs orages violents, p o u r que les eaux grossies subitem ent s ’ab atten t sur la bourgade, p rovoquant une inondation m eurtrière. Au cours du tem ps, nous savons que l’on prit bien des fois des m esures énergiques p o u r e m p ê c h e r le dé­ ferlem ent des «folts de la Vièze», mais nous n ’e n avions jusqu'à ré cem m en t aucune preuve m a té ­ rielle.

Quelle ne fut p as alors n o tre sur­ prise de voir ap p a raître il y a peu, dans un terrassem en t situé der­ rière l’H ôtel de Ville, un m ur im posant et de belle facture. A près exam en, il s ’avéra rapide­ m en t que nous avions affaire à une ancienne digue bordant la Vièze du côté de la ville. P assées les prem ières constatations, cette découverte assez exceptionnelle p a r son am pleur posait tout autant de questions q u ’elle n ’en résolvait réellem ent. A quelle date avait-on entrepris l’édifica­ tion de cet ouvrage? Qui e n avait pris l’initiative? Qui l’avait réalisé? Les archives nous a p p re n n e n t que le 2 9 octobre 1 5 7 5 , une délégation de la Diète s ’est re n ­ due à M onthey «pour faire la visite des terres inondées et

p ren d re les dispositions utiles p o u r le redressem ent de la rivière». O n co m m an d a à cette occasion divers travaux de cor­ rection et de protection, et n o tam m en t l’érection d ’un m ur de sept pieds de largeur et q u a­ torze de hauteur destiné à la défense de la localité. Serait-ce p a r hasard le m ur récem m ent découvert? Si ceci est des plus plausible, no to n s toutefois q u'en 1 5 8 5 , les a m é n ag em en ts décidés quelque dix an s plus tôt n ’étaient semble-t-il guère avancés. En effet, le 4 février de cette an n ée, la Diète, sous la présidence du G rand Baillif A ntoine M ayenchet, décrète la construction des bar­ rières et du p o n t de la Vièze. A utre m ention d ’un ouvrage de ce type: «Septem bre 1 6 7 6 , un m ur d ’une hauteur considérable et d ’une largeur proportionnelle fut ro m p u e n deux endroit diffé­ rents... où m ain ten a n t existe un glarier p e u élevé (...)», ra p p o rte un tém oin de l’inondation de 1 7 2 6 ; et il poursuit e n précisant que «...Ce m ur avait été construit avec d 'é n o rm e s pierres tirées du m o n t sur lequel existent les ruines du ch â teau vieux.»

Q uand on les p ré sen te bout à bout, les m éfaits de la Vièze sont si n om breux q u ’o n se p rend à croire que la ville de M onthey n ’a jam ais connu de périodes d ’accal­ mie. Dieu merci, il n 'e n est rien. Les év én em en ts dram atiques occu p en t plus d ’esp a ce dans les chroniques que les m om ents heureux.

La mise au jour d ’une ancienne digue tém oigne de la lutte des habitants co n tre les caprices de la rivière; elle nous rappelle aussi les relations com plexes que nos an cêtres en tre ten aie n t avec l’eau. L 'a p p a re n te facilité avec laquelle nous nous procurons aujourd’hui de l’eau p ar le fait de to u rn e r le robinet, nous fait oublier que no tre ap provisionnem ent dépend de systèm es d ’adduction très éla­ borés. Il n ’en allait pas de m êm e chez nos aïeux, qui subissaient souvent de façon dram atique le flux et le reflux de l’eau, sa rareté ou sa surabondance. O n peut

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ra p p ro c h e r cette situation de cette p h ra se de Taine, qui avait toute sa signification dans l'A n­ cien R égim e: «Le peuple res­ sem ble à un h o m m e qui m a rc h e ­ rait dans un étang ayant de l’eau jusqu’à la bouche ; à la m oindre dépression du sol, au m oindre flot, il perd pied, enfonce et suf­ foque.» Il suffisait de pluies exces­ sives, d ’un gel tardif, d 'u n orage de juillet, d 'u n e inondation, p our que toute une bourgade voire une région plonge d ans l'angoisse et la disette. Il faudrait, p o u r suivre les sinuosités de la vie quoti­ dienne d'alors, se p longer dans un travail de longue haleine qui prendrait e n considération de nom breux facteurs com m e la cli­ m atologie, l'action de l'h o m m e sur l’environnem ent, l’o rg an isa­ tion sociale, etc. Il faut se co n te n ­ ter ici de jeter un bref coup d ’œil dans le passé m ontheysan.

En 1 4 0 8 , les habitants de n o tre bourgade expédièrent au com te A m édée VIII une supplique dont on trouvera ci-dessous de larges extraits: à la suite d 'u n e inonda­ tion sans doute, le com te envoya sur les lieux le seigneur de Chal- lant, bailli du Chablais, p our ap p récie r les dégâts. A près e n ­ quête, celui-ci estim a q u ’il fallait absolum ent rebâtir à neuf le p o n t de la Vièze, ses culées avec bar­ rage à la rivière. Mais les Mon- theysans, à qui l'on voulait faire subir le coût de l'ouvrage, ne l’entendirent p as ainsi. Ils adres­ sèren t une plainte faisant valoir que «...eux seuls de la dite ville sont im puissants sans q u ’y concourussent les nobles y p o ssé­ d ant des terres et des fiefs et les g ens des villages et paroisses de Collom bey, Muraz et Troistor- rents (...) desquels h o m m es et nobles, plusieurs se refusent à la

construction»; et d ’ajouter: «cela co n tre toutes raisons puisque cela tire à leur profit en m êm e tem ps q u ’à celui de tous les autres (...) ceux de M onthey vous supplient du m o m en t que ces constructions ne sont p as possibles sans bois (...) et que leurs voisins possèdent des plantes (...) d ’o rd o n n e r que les M ontheysans puissent les pren d re en les payant à leur juste prix».

Nous croyons tro p souvent que jadis la collaboration à l'effort com m un allait de soi; ce petit texte significatif prouve le contraire et nous dissuade des généralisations quelquefois abu­ sives. D ans les grandes lignes, il ressort que si tout le m onde ne désirait pas participer au labeur collectif, c ’est p arce que certains n'y trouvaient aucun intérêt, éc o ­ nom ique, social ou relationnel. O n p eut m êm e aller jusqu'à dire,

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sans en tre r d ans le détail, q u ’ils en auraient retiré plus d ’inconvé­ nients que d ’avantages.

Il faudra un m an d a t p ersonnel du com te de Savoie en d ate du 2 avril 1 4 0 8 , p o u r obliger les récalcitrants à re n trer d ans le rang. Et encore, som m es-nous vraim ent certains que tous ont obéi? Rien n ’est m oins sûr. Tel fut beau co u p plus fréquem ­ m en t que nous l’im aginons le lot des com m unautés de jadis. Bien que le sujet soit p assio n n an t et m érite une étude, il nous faut quand m êm e revenir à la Vièze, inséparable co m p a g n e ô co m ­ bien capricieuse de n o tre ville. Arrivons au 5 juillet 1 7 2 6 .

Encore u n e date, direz-vous? Oui, m ais celle-ci devrait rester à

jam ais inscrite dans les annales de no tre cité. Aux dires d ’un tém oin oculaire, «le ciel qui durant la jo u rn ée était resté pur et serein se couvrit tout à coup de nuages (...) au milieu d ’éclairs et du to n n erre, la pluie com m en ç a à to m b er à petites averses puis bientôt ce fut un véritable déluge (...) La Vièze s ’éleva bientôt à une hauteur m en a çan te (...) le bruit affreux que les m atériaux divers arrivant avec fracas faisait, serait difficile à décrire (...) M onthey courait d onc le plus grand d a n ­ ger, o n accourait de toutes parts, m ais la pluie continuant de to m ­ ber p a r to rren ts et la nuit étan t très épaisse p erso n n e n e pouvait rien faire (...) C e ne fut que le sur­ lendem ain que la Vièze co m m e n ­

çant à baisser, les eaux cessèrent de se ré p an d re dans le bourg.» Le 7 juillet, un affreux spectacle s ’offrait aux M ontheysans. La plupart des ch a m p s et des cul­ tures étaient ravagés, abîm és par les d ép ô ts d ’alluvions que le to r­ ren t avait charriés. Les dégâts subis p ar la localité furent d ’une telle am pleur que l’o n décida de résoudre u n e fois p o u r toute le problèm e e n p e rçan t une brèche à travers le p ro m o n to ire du Château-Vieux; ainsi la rivière pourrait se frayer un passage en droite ligne vers le R hône. L ’idée toutefois n ’était pas vraim ent nouvelle. L ’o pération, déjà ten tée en 1 4 8 6 , avait été a b a n d o n n ée ap rès 2 5 6 jours faute de crédits et p arce que l’ouvrage paraissait

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inexécutable. Il faudra cette fois pas m oins de 5 3 1 jo u rn ées pour accom plir la «manoeuvre». Le sam edi 12 avril 1 7 2 7 , à la veille de Pâques, la p e rc é e était term i­ née, et c'est au son des cloches que l’on fêta l’événem ent. La nuit suivante, la jeunesse e n signe de joie alluma des feux sur la colline du C hâteau-Vieux. Il ne restait plus dès lors q u ’à élargir la tra n ­ chée; le 1 9 juillet, une partie de l’eau de la Vièze fut introduite dans le nouveau canal, et à fin décem bre de la m ê m e an n é e, l’ensem ble de l'œ uvre était p a r­ achevé.

Tout paraissait re n trer dans le

I calme, lorsque le 14 septem bre 1 7 3 3 se produisit une nouvelle ! alerte. La Vièze renversa le bar­

rage qui clôturait son ancien lit et tout e n retrouvant ce dernier, inonda une fois de plus la ville. C ’e n était assez! La population était excédée, co m m e le relève A. C om tesse. Le gou v ern em en t délégua deux émissaires, F ran­ çois-Joseph B urgener et Eugène- H yacinthe C ourten chargés de p re n d re toutes les m esures n éc es­ saires p o u r assurer la sécurité de la localité.

A près une étude m inutieuse, les com m issaires conclurent que le point faible du systèm e résidait d ans l'insuffisance de la «barrière» limitant le vieux chenal. En conséquence, ils décidèrent l'édi­ fication d ’une grande muraille assez forte p o u r résister aux assauts de l’im pétueux torrent.

Le 16 octobre 1 7 3 4 , satisfait de toutes les dispositions prises et exécutées p our la sauvegarde du bourg, le «Magnifique seigneur colonel Bourguener» put définiti­ vem ent p re n d re congé de ses adm inistrés.

Ainsi donc, ap rès plusieurs siècles de luttes incessantes qui m irent aux prises la cité et sa rivière ou, si l’on préfère, la terre et l’eau; la Vièze fut enfin d o m p ­ tée. Mais qui sait si elle ne se réveillera p as un jour, p our p re n d re sa revanche sous une form e inattendue.

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Que cache

le com bat

autour du Tonkin?

Il y a m aintenant plus de sept ans que la polémique fait rage autour de l’éventuelle suppression de la ligne ferroviaire dite du Tonkin, reliant Evian à Saint-Maurice. Pour le grand public, cette affaire est un peu obscure. Certains peu­ vent penser qu’il vaudrait mieux se résigner à maintenir le tronçon entre Monthey et Saint-Maurice, qui est d ’un bon rendem ent finan­ cier, sans défendre le reste du par­ cours qui est de plus en plus m enacé de désuétude par une sorte d ’abandon progressif des instances dirigeantes des CFF et de la SNCF... et le découragem ent des usagers.

On en était effectivement là, au début de l’année 1985. Pourquoi se battre si nous somm es seuls? Pourquoi sauver, par un engage­ m ent de toutes les forces poli­ tiques, une infrastructure apparem ­ m ent délaissée?

Un extraord inaire cum ul d ’in térêts

Or, en sept ans, ces questions ont fait place à une succession de réponses favorables à une revitali­ sation de la ligne et m êm e à une nouvelle «pénétrante» Genève- Evian-Saint-Maurice. Cette pers­ pective paraissait bien utopique quand nous nous som mes retrou­ vés, le 2 9 avril 1985 à Neuvecelle, une poignée de neuf élus Haut- Savoyards, Genevois et Valaisans, pour créer un premier noyau de résistance. Mais cette convergence d ’opinions allait rapidement prendre une nouvelle signification avec la constitution du Conseil du Léman (regroupant deux départe­ m ents français et trois cantons suisses). Dès 1987, une nouvelle optique était admise: la m êm e ligne ferroviaire, qui est peu attractive par exemple à Vionnaz où elle passe à plus d ’un kilomètre de l’agglomération, présente en revanche un atout considérable pour garantir une communication

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fluide au sud du lac Léman, entre Genève et la ligne du Simplon. Désormais, tout le m onde était à l’unisson pour reconnaître le nou­ vel enjeu. En novembre 1987, le Grand Conseil valaisan votait une résolution lourde de sens. Le mois suivant, le Grand Conseil genevois faisait de même. Puis venait le tour du Conseil général de la Haute- Savoie, puis de la Commission des transports du Conseil du Léman, puis de l’Assemblée générale de ce m êm e Conseil du Léman. De solides et probantes études étaient effectuées notam m ent par le bureau Bonnard et Gardel, puis par l'ITEP (Institut de transports de

l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne).

Après avoir sensibilisé la popula­ tion, com me ce fut le cas en Valais grâce aux efforts d'un groupe de travail em m ené par le préfet du dis­ trict de Monthey Georges Berrà, et après avoir largement informé les parlementaires fédéraux, que peut- on faire encore pour convaincre la SNCF et les CFF que le Tonkin mérite une seconde vie?

Des dem andes concrètes ont été faites pour réduire les coûts de location de la ligne du train touris­ tique «Rive Bleue Express» entre Bouveret et Evian, mais aussi pour améliorer le matériel roulant CFF

entre Saint-Gingolph et Saint-Mau- rice. La réserve semble cependant encore de mise...

Pourtant, les esprits les plus vision­ naires ont compris que l’ouverture des frontières allait bousculer beau­ coup d ’habitudes dans cette région franco-suisse. Cette ouverture offre surtout aux habitants concernés la possibilité de prendre conscience qu’ils ne sont pas forcément de simples montagnards à vocation périphérique. Une identité léma- nique et européenne com m ence à germ er chez ceux qui ont bien l'intention de m onter dans le bon w ag o n !

Georges M ariétan

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Fastnachtsmontag in

Turtmann - Trichjärclub

in Aktion

Thomas Andenm atten

Der Fastnachtsm ontag gehört tra­ ditionell den Turtm ännern, ändern auch. Wer es sich bloss leisten kann, nimmt frei. Geschäfte sind geschlossen und St. Agathe möge vor Feuer Bewahren. Es ist Dorf­ fastnacht. Spätestens am Mittag steigen die Mitglieder des Trichjär- clubs in ihre Kostüme. Jedes Jah r werden diese neu verfertigt, ein Auftrag im Pflichtenheft der Frauen, die Männer schüren sich die Ledernen vom Dienst an die Füsse und hängen die schwere Glocke um den Leib, den m ehr oder minder gerundeten. Auf gehts, einem langen Fastnachts­ nachmittag entgegen.

Viel Volk säumt die Strassenrän- der, diese Kantonsstrasse mit ihrem schier unhaltbaren Durch­ gantsverkehr gehört heute den Masken, Glocken, Menschen-dann erst dem Vehikel, Reizvoller Widerstreit, neue Priorität auf Stunden lässt hin und wieder einem ungeduldigen Autofahrer die lange Nase ziehen, für diesen Nachmit­ tag, in Turtm ann. Treichlergrup- pen aus dem Dorf und der Nach­ barschaft ziehen strassauf -und ab, verlieren sich in den Gassen, in den Wirtshäuserne-, neu formiert kom­ m en sie um die Ecke, stellen sich zur Darbietung in den Kreis; der Obertrichjär gibt Regie, nach sei­ ner Anweisung wird gewippt, gedreht, gesprungen, geschellt, Riten, wenn auch verhaltene, die unmissverständlich sind. Darum ist, meine ich, diese Treichjersach reine Männeraff aire.

Die diesjährigen Kostüme sind der reinen Fantesie entsprungen, gol­ dene Pelerine, Mozartzopf, Maske wie Sterngesichter; gäbe es nicht die Ledernen vom Dienst an den Füssen, die dickbäuchigen Glocken

um den Leib, die unmissvertändli- chen Gesten, die Mannschaft käme vom Stern des «Kleinen Prinzen». So ist diese Verkleidung ein Rätsel, ein Spass, ein Herausforderung? Zwei Schritt hinterher, aber im Gleichschritt, laufen die Jüngsten, das traditionelle Felle umgebunden, Gangsterdomino auf dem Gesicht, Glocke um den kleinen Bauch gebunden, im Gleichschritt, wie es sich gehört, und kräftig geschellt. Plötzlich um die Hausecke eines Blocks eine G ruppe Frauen. Sie wollen mitspringen, wehren sich gegen die Zähmung der Widers­ penstigen, haben sich die Glocke umgehängt. Scherz-Provokation oder bewusster Einbruch in Män- nerdom äne-es ist fastnachtsmon- tag.

Immer m ehr Volks sammelt sich an. Turtm änner von auswärts. Zaungäste von oben und unten, zufällig angehaltene Passanten. Dieser Fastnachtstag gehört der Freundschaft, m an kommt zurück ins Dorf, trifft sich in Freundes- und Familienkreis, mischt sich unters fastnachtsvolk, ist zu einem Scherz bereit, später kann er gifitiger wer­ den, je nach würze der Labinikost.

G u g gen m u sik en sin d m it im fa stn ä ch tlich en T reiben,

v e r sc h ie d e n e

Man schlägt auf die eigene Pauke, mit Vorliebe auch auf diejenige des ändern. Blasmusikinstrumente schränzen in den Gassen dieses Dorfes, es eignet sich vorzüglich dafür. Trichjärgruppen aus ändern Ortschaften laufen mit, Tradition vermischt sich mit südamerikani­ schem Karneval. Wie weltoffen wir Walliser doch sind, kaum dass wir

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die Wilden losgeworden sind! Und zierlich wie eh und je R otkäpp­ chen, Prinzessinnen, Muselmanin­ nen, Cowboys mit Feuerwaffen. Die Stimmung steigert sich mit der Neigung der Nachmittagssonne, erhitzt sich, das Volk beginnt in der Seel zu tanzen, wippt mit zu den Klängen der Musik, klatscht, stampft, verhalten nur. Marschmu­ sik wird zu Blues, Sam ba im Ryth­ mus.

Plötzlich sind auch die Burschen vom Jeizinerberg da, mit ihrem Fellbehang, der Lederschürze, Renaissance eines alten Brauch­ tums, Fuchsmaske auf dem Kopf, die Listigkeit des Reineke, die eigene zu verdecken. Sie haben Allüre, diese Stolzen vom Berg. Auch die vom «Gnogerberg» neh­ m en ihren Platz ein. Sie tragen schwarzweisse Ziegenfellperücken, teilweise doppelgeichtige Masken, farbige Zottelkleider, Doppelschel­ len auf die Hüfte gebunden. Und laufen gravitätisch, wie damals die H erren. Doch wehe, wenn sie los­ gelassen...

T reichlen in d er h eu tig en Form

b e s te h t in T urtm ann s e it elf Jah ren

Es mag verwandt sein mit dem frü­ heren Spiel der Bergleute, dem Wilde Mannspiel, dem Lötschenta- ler Maskentreiben. Hier waren es die Bärentreiber, welche sich für diesen Tag den Freipass nahm en und ihre oft derben Spiel spielten, mit Ketten einfingen, verbrämten, verulkten, Anstelle der Felle ist jetzt das Kostüm, trotz m anchem Widerspruch ist viel Ursprüngliches zu erfahren, fehlt nur der Schnee,

den Spuren der Wilden nachzuge­ hen, bis in die Hütten, im Graulicht verschleierter Sonne.

Gegen Abend trifft m an die ersten «toten Krieger» am Gassenrand, Knaben, die ausgetobt haben. Irgendwann, wenn Nachtruhe ge­ boten, löst sich das Treiben auf, veliert sich in Häusern, in WirtGe- gen Abend trifft m an die ersten «toten Krieger» am Gassenrand, Knaben, die ausgetobt haben. Irgendwann, wenn Nachtruhe ge­ boten, löst sich das Treiben auf, veliert sich in Häusern, in Wirts­ häusern oder m an steigt in Nach­ bardörfer zum Ausklang.

S e p te m b e r 1 9 9 3 : S ch w eize r T reichjärtreffen

Treichlen in Formation wird im Oberwallis von Jah r zu Jahr populärer. Ursprünglich ist es ein Brauchtum ausder Innerschweiz und der Ostschweiz. Heute trifft m an sich in Vereinigungen, Kultur­ gut zu erhalten oder aufzubereiten. Im Septem ber 1993 wird m an in Turtm ann ein Schweizer Treichler- treffen durchführen. Organisato­ risch sind die ersten Federstriche getan, für den Rest ist nicht zu ban­ gen. Seit elf Jahren ist m an mit Passion dabei. Was vormals ein gefürchteter Bärenfänger war, ist jetzt ein tüchtiger Treichjär gewor­ den. Doch bevor m an zum organi­ sierten Treffen rüstet, wird neue Fastnacht vorbereitet, die Trei­ chlen und Glocken nicht allzuhoch gehängt, neu zu erleben, diese eigentümliche Durcheinander von Tradition, Intuition und Hektik des 20. Jahrhunderts.

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L’art

l’hôpital

«Au commencement il y avait le chaos...»

C’est le thème d’origine biblique et prophétique que le peintre Peter Bacsay a choisi pour l’oeuvre qu’il offre à l'hôpital régional de Martigny. En l’occurrence, il s ’agit d’une oeuvre infigurative, dont nous allons décou­ vrir ensemble la signification.

L’art peut en effet atteindre son plus haut niveau s’il se dégage de sa sub­ ordination à la nature; il devient alors le langage de l’âme. Cet art abstrait, cette peinture non-figurative, non- objective, ne reproduit donc aucun objet; elle se préoccupe d’aspects purement picturaux: l’étude des formes, des couleurs, des équilibres. Abstraire c’est donc dénaturaliser. Et dénaturaliser c’est approfondir. L’art abstrait est constitué par un plan ou

espace animé par des lignes, des formes, des surfaces, des couleurs qui interagissent. Les formes par elles-mêmes ont une puissance spiri­ tuelle: rien n ’est sans âme. L’abstrac­ tion est bien une réalité intérieure. Elle traduit la volonté de reconstruire un univers. L’art abstrait est donc une expression d’ordre mystique. Certes, ce qui importe dans une œuvre d’art c’est d ’abord sa qualité esthétique.

Mais l’œuvre d’art exprime aussi la personnalité du peintre ; l'artiste se donne à voir par des images qui révè­ lent sa psychologie et par suite, celle d’une époque.

Et notre temps a un grand défaut: la prédominance du fait économique sur le fait spirituel; c’est là que réside le déséquilibre fondamental de notre

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société, ce qui la condamne proba­ blement à la décadence.

Avec sa sensibilité, l’artiste a perçu d’emblée cette situation ; il suffit pour s’en rendre compte d’examiner l’œuvre réalisée par Peter Bacsay. On croit que l’art abstrait, par défini­ tion, ne signifie rien; ou encore que le spectateur ne comprend pas la représentation de l’artiste. En fait, sans en avoir conscience, l’artiste, on l’a dit, projette des images qui illus­ trent sa psychologie personnelle en réaction contre notre époque ou pour nous montrer comment il réagit dans un monde parsemé d ’embûches et d’obstacles, comment il surmonte ces obstacles. Ce n ’est pas par hasard ou fantaisie qu'il a intitulé son œuvre «Au commencement il y avait le chaos...»

L’espace de cette toile est comme barré par des linéaments qui s’entre­ croisent. L’unité de la surface est morcelée, parcellisée; elle se com­ pose de multiples éléments addition­ nels; ces territoires s’attirent et se séparent, les lignes reçoivent une direction organisatrice; les couleurs participent à cet ordonnancement, le rythme s’installe. Naît alors un langage de formes accentué par la couleur.

Ce langage plastique apparaît alors comme une syntaxe assurant l’équi­ libre entre précisément les formes, les contenus colorés et les lignes pour mieux parvenir à cette beauté infigurative qui exprime inconsciem­ ment la personnalité du peintre. Peter Bacsay est un grand réceptif qui sait contrôler la sensation et

l’intuition à travers un regard méta­ physique qui restitue l’essence per­ manente mais aussi l’accident rare mêlés à un lyrisme intellectuel qui conserve l’amour de la matière et la maîtrise. Son état d’âme est en puis­ sance de création poétique. Le tem­ pérament de Bacsay traduit des har­ monies de couleurs suaves et douces, profondes ou tamisées; elles revêtent une valeur mélodique et une sorte de tendresse; elles donnent vie à ses sur­ faces, de parures oxydées, ponctuées d’éclatantes illuminations ; ces cou­ leurs chaleureuses rayonnent et vi­ brent intensément; l’artiste joue de l’utilisation savante de transparences et d'opacités; de surgissantes harmo­ nies côtoient des traces douces et soyeuses. Le rouge carmin surexcite; l’oxyde bleu-vert apaise.

O swald Ruppen

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N’est-ce pas là l’image même du monde dans lequel nous vivons: fron­ tières multiples, séparations, im­ passes, mutisme, incommunicabilit? Les peintres mieux que quiconque savent traduire les caractères schizo- phréniques d'une époque. Mais le sujet de l’œuvre de Peter Bacsay n ’est pas le produit d ’une recherche purement intellectuelle; c’est aussi le fruit d'une inspiration instinctive. A nous de déchiffrer le symbole dont elle est porteuse.

Il peut y avoir d ’autres approches cri­ tiques de cette œuvre. Par exemple purement esthétiques ou littéraires. Pour ma part, je préfère dans le cas particulier traduire de façon séman­ tique le rapport de l’œuvre et du lieu dans lequel elle a été conçue, puis réalisée, le rapport avec son environ­

nement, cette surface incurvée à la recherche d ’une lumière naturelle, sa relation en l'occurrence avec le milieu hospitalier, sa signification, son impact sur les patients, des gens traumatisés, l’espace d ’un temps, par la maladie. La grande différence entre le monde physique et le monde intérieur, c’est qu’en physique, c’est la loi de la quantité qui régit tout, tan­ dis que dans le monde intérieur, c’est la loi de la qualité. Or, c’est la qualité qui dans nos actes crée la morale et fonde l’esthétique de nos créations. C ’est vers cette quête spirituelle que Peter Bacsay nous convie pour pré­ server l’unité de ce monde et ne pas constater avec désillusion : «A la fin, il y avait toujours le chaos»...

Jean-Pierre Giuliani

N o te s u r l ’a r tis te

Peter Bacsay est d’origine hon­ groise. Il est né en 1946 et a fait ses études d’arts plastiques à l’Ecole des beaux-arts de Varsovie. Il est venu en Suisse en 1983. Il vit et travaille à Martigny. Depuis six ans, il enseigne à l’Ecole cantonale des beaux-arts du Valais.

L’œuvre offerte par lui à l’hôpital de Martigny est une peinture murale de trois mètres sur deux. Elle a été mon­ tée sur un treillis métallique. L’auteur a utilisé plusieurs techniques : col­ lage, cartonnage, décalques, inter­ ventions à l’huile et aux oxydes. Le texte que nous publions ci-dessus est celui de l’allocution que Jean- Pierre Giuliani prononça à l’oc­ casion de la remise officielle de l’œuvre aux autorités de l’hôpital.

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Toiles en soi

Du ciel à la terre, il n ’y a que le regard de l’éphémère qui dévisage la misère. De la terre à la mer, il n’y a que l’étran- geté de la guerre, qui trahit la sagesse. De l’ombre des images, à la sienne propre, il n’y a qu’un point de ren­ contre, où les éclats s’annoncent. De la mer au feu, il n’y a qu’un pas de deux, qui rend au bois, une raison de porter sa croix. Du feu, qui se défile du temps pluvieux, il n'est pas question dans les ébats glorieux.

Et de l’état du jour, la nuit en fait fi. Et du matin soudain, l’éveil s’émer­ veille. Quand, dans le regard de l’enfant, le sourire de la mère y perd sa raison. De la mère à la fille, plus rien ne grésille.

Et des amours perdus, de ces deux êtres inconnus, que sait-on? Si ce n’est, ce qu’ils font. Un peu d’éclat, avec un simple repas, qui montre en quelques mots, les phrases qui s’embrasent. De ce destin amoureux, il ne peut surgir que de vaines paroles. Et c’est pour ça, qu’il n’y a plus le sens du Verbe, mais celui du proverbe. Et les mots tombent dans le silence de la nuit. Et lentement, le lendemain redevient, à l’aube de l’éternité, un espace coloré. Et voilà comment la couleur était née. De ces deux cœurs embrasés, qui jamais plus ne se sont séparés.

LE MOT EST DEVENU COULEUR. Et la douleur n’est plus ce mal qui revient à tout propos. La couleur devient SIGNE: odeur, saveur et dou­ ceur.

La mère a fait de la TERRE SIENNE. La fille, de l’azur, l’OUTRE-MER. Et des bleus à l’âme, il n’y a qu’un léger violacé.

Et du noir profond du cœur meurtri, l’OCRE a révélé son éclat béni. De l’OR, il n’y a qu’un léger contour. De l’ARGENT, quelques points pour décrire un regard insistant.

Et des ROSES, pour parfumer un peu l’étrange.

Sans oublier, les tons nuancés, pour révéler les secrets sacrés.

De l’ARTISTE, plus de regard, que le silence de son art. TOILES EN SOI. C’est la mère, qui se porte sur l’éphé­ mère. De la vie, elle en fait sa vie. Et de tous ses hommages, elle s’en porte bien. Il y a son chemin traversé, jusqu’au seuil de ses pensées. Et les flots ravageurs qui lui brisent le cœur. Mais, de tout elle a goût, pour en tirer les couleurs et le meilleur.

DU VOYAGE, elle en tire des pré­ sages. Sans âge, elle n’est là, que pour VOIR. Voir au-delà du sens, pour

défi-Fondation Louis-Moret

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nir l’essence. Du désert à l’Est, il n’y a qu’un regard qui définit les silences. Du sable jaune aux obscures venelles, il surgit un DÉSIR DE PEINDRE sans enfreindre.

Prague ou Sana’a restent dans les éclats de couleur, un trait de l’âme pleine de douleurs. Ors, bleus, noirs, blancs, pour ces déserts de misère. Sombres instants dorés pour ces cou­ leurs si chères.

Il n’y a que les titres, qui donnent l'éclat révélé du sens manifesté:. «L’heure de Prague», «Nova Scena», «Cimetière juif». Mais, au-delà, les toiles respirent le détachement de toute anecdote: «Soleil blanc», «Soleil noir», «Roches». Et la COULEUR devient signe de VÉRITÉ.

De L’IMAGE elle tire un présage. Dans «image», il y a «magie». Et la magie conduit à ce désir d’«agir». Agir dans un sens, où rien n’est dit, mais tout est montré. Montré dans un éclat de liberté.

De la peinture, elle présente un hom­ mage à l’homme qui fait des mariages. Et de l’homme, elle n’attend rien, que ce qui en lui est un prénom pour son enfant. Dans «homme», il y a «om». Et du signe de ce cri inscrit dans la nuit des temps, il y a l’éveil du noir des tour­ ments. Mais, dans les ténèbres, elle puise les couleurs, qui lentement se démêlent.

Et sur la palette, la détresse devient tendresse. Lentement, le ton s’affirme dans le printemps de l’éveil. Et sur la surface plane, la vie se préserve de l’ennui.

Loin de ces couleurs, les mots se dévê­ tissent, et deviennent les complices d’un autre destin. Celui de l’image qui fait naufrage.

De peu de mots, la couleur se définit. Mais, de tant d’émois, elle se nourrit, qu’il ne faudrait qu’une modeste poi­ gnée de regards pour s’éveiller un matin, muets, mais comblés de cou­ leurs.

Et c’est ainsi, qu’en devenant la cou­ leur, le mot perd sa raison. Couleurs des désirs, et au-delà des sourires, un peu, COULEURS DE LA VIE.

Rien d’autre, alors, que l’attente du visiteur, qui percevra la saveur et les odeurs de ces jours bénis, où la pein­ ture éblouit.

L’espace de la Fondation Louis-Moret a trouvé par le charme de son accueillante Tina Fellay, le moyen de rendre au monde, les couleurs de la véritable douceur.

, / (Essai p o é tiq u e d ’A g n è s Guhl)

Acryl sur bâche de Simone Guhl-Bonvin Agnès Guhl

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NATURE

Quatre fables pour célébrer le printemps

"IV Æ

- Enfin l’air pur. Revoir l’herbe, les arbres. Entendre la o rivière. Ce n ’est pas trop tôt! Le dernier névé, cette année encore, est pour nous. Voyez, mère, toutes les crêtes sont libres. Les autres m arm ottes jouissent déjà du printem ps depuis des jours. Jam ais plus je ne passerai la nuit dans ce sale trou.

- Moi non plus.

- Ingrats! Cette dem eure nous vient de mes ancêtres. J ’y ai vécu mon enfance. Les hivers étaient plus longs et plus durs qu’aujourd’hui et le terrier moins confortable. Nous en avons fait des travaux avec votre pauvre père !

- Toujours les m êm es radotages: les vieux, le tem ps passé. Vous tournez le dos à la vie. Nous sommes jeunes. Nous voyagerons et nous irons vivre dans un pays qui ne connaît jamais d ’hiver.

- Encore de vos inventions. Vous ignorez la vie, les saisons, l’aigle, l’hom m e, ses chiens et son tonnerre et vous voulez courir le monde. Je vois que vous avez besoin plus que jamais de votre mère. Je...

Mais les deux m arm otteaux las d ’écouter la rabâcheuse ont pris le large. Ils n ’ont pas encore atteint la prem ière touffe d ’herbe au bout du névé que leur m ère les rappelle d ’un cri désespéré. L’aigle rasant la crête est sur eux. L’un est tué net. L'autre n ’a que le tem ps de se glisser sous un caillou. De tout le jour il n ’ose bouger. A la nuit tom bée, il gagne le trou familial. Il n ’y retrouve plus son frère.

Depuis, lorsqu’il songe au pays qui ne connaît jamais d ’hiver, il se presse plein d ’angoisse contre sa m ère, les yeux ouverts sur la nuit peuplée d ’aigles.

Georges Laurent

A

I

Un nid caché sous les festons du sapin, une com pagne

1 1 VI 11

active, encore pim pante après trois couvaisons et autant de voyages Afrique et retour, quatre oisillons au bec toujours béant, chaque jour plus attachants parce que plus affamés: voilà toute la vie du merle à plastron.

Un bonheur simple, suranné.

Les oiseaux ne seraient-ils point dans le vent? La m ère au nid, radieuse du bonheur des siens qu’elle exprime à la tom bée du jour par une chan­ son sans apprêt mais qui la rend heureuse; le père fidèle, nourricier, condescendant, malgré son esprit évidemment supérieur, à trouver son épanouissem ent dans les plus humbles tâches.

Et si cette sagesse était une exigence profonde de la nature?

On cherche ailleurs, toujours plus loin. On se libère, on délibère, on vitupère, on siège, on trône, on plastronne. Est-ce aveu d ’exigence ou d ’indigence?

Le merle aussi plastronne. Mais il va dans le sens de sa nature. La crise le menace. Il y a toujours trop de merles à plastron. Il lui faut lutter ferme pour sauver ses droits. C ependant la famine n ’est pas pour demain. Alors malgré tout, le soir, avec sa belle, craignant pour sa progéniture le chat, l’écureuil, la corneille, le faucon, la hulotte, la fouine, tous les pillards de nids, il claironne sa joie de vivre et adresse toujours le m êm e vœ u à la prem ière étoile:

«Que demain soit com m e aujourd’hui!»

Suite page 32

(32)
(33)

Dans la plaine, des arbres ont déjà

fait leurs fleurs. Le printemps,

maintenant, grimpe dans la vallée:

une première halte pour semer du

vert et piquer quelques crocus dans

les prés, une autre, plus haut, pour

faire fondre, dans les revers, les

dernières neiges de l'hiver; pour

reprendre sa lente marche vers les

hauteurs. Un matin, l'homme

constatera que le ciel a changé de

bleu, que l'air s'est chargé de

musique. Au-dessus des derniers

arbres, dans un monde suspendu

entre deux saisons, il verra la

soldanelle lui sourire. De larges

taches noires rompront la ligne

d'horizon sur la crête de l'alpage.

La terre, le roc et les animaux ont

su, sans l'aide de calendrier, la fin

de l'hiver. Comment, à juste point,

la marmotte sort-elle de son trou,

scrute les alentours et satisfaite de

son rendez-vous avec le printemps,

s'en retourne sous terre faire son

ménage? Quand viendront animer

ces pentes la grive, le merle à

plastron, quand mueront le

lagopède, le lièvre variable, quand

fleuriront le saxifrage, l'anémone

soufrée, quand le printemps

montagnard jouera sa symphonie,

on ne pensera plus au mystère de

son éveil. A cet instant qui marque

le passage de l'hiver au printemps.

A toutes ces choses que l'homme

ne comprend pas mais qui sont

familières à chaque habitant,

animal ou végétal, de ces hauts

lieux...

Texte et photo Georges Laurent

Dans le val Ferret: aux flocons de neige a succédé la giboulée des crocus.

(34)

G eorges Laurent

Mai

Un cerf avait perdu ses bois, Honteux com m e un roi sans

[couronne. - Q u’est-ce là-bas que j’aperçois? Mais c’est le terreux en personne.

Comment! il ose par le monde Sans cornes porter haut son front? Pour moi seul serait-ce un affront De m ontrer m a tête inféconde?

Je puis donc courir à m a guise Hors du bois dans tout le canton. La chose est à l’hom m e permise, Tant pis pour le qu’en-dira-t-on.

11 fut bientôt dans la prairie A proximité du vilain Qui troublé dans sa rêverie Vite à son front porta sa main.

- Encore un qui m e fait les cornes, Dit-il en voyant le moignon,

Il faudra donc que tu te bornes A ronger sans fin ton guignon.

Ce coup est trop dur à porter Qui me rappelle l’autre outrage. Bêtes et gens m e faut quitter Pour vivre au bois com m e un

[sauvage.

Si tous les cornards à la ronde Pour si peu étaient aux abois, On rencontrerait du beau m onde En cueillant le muguet au bois.

T • - C ’est beau par ici et quel parfum! c J U l l l - Reviens.

- Ces fleurs, est-ce bon à m anger? - Reviens, reviens vite, malheureux!

- Ne t ’inquiète pas, je suis prudent. Laisse-moi jouer au soleil pendant que tu te reposes à l’ombre.

- Il s ’agit bien de cela. Ne sais-tu pas ouvrir tes narines et tes yeux? - Je vois des abeilles, des fleurs, des papillons. Je reconnais l’odeur de chaque plante. Tout ce que tu m ’as appris, je le sais m aintenant. La peur, fuir toujours dans le sous-bois frileux! Je veux vivre au grand soleil, moi. - Si tu veux vivre, suis-moi. J e t ’en supplie une dernière fois, reviens. Notre pire ennem i est là tout près, derrière cet arbuste, à quelque pas. Son odeur m ’est intolérable. J e ne la supporterai pas un instant de plus. - Va-t-en au milieu de tes vernes faire le guet pendant des heures en retenant ton souffle. Moi, ça ne m ’am use plus. On est si bien ici. Je sais les herbes qui m e conviennent. Je m e débrouillerai tout seul.

- Notre ennemi! Toujours des ennem is partout. Cent fois déjà qu’elle m ’en parle et je n'ai jamais rien vu. Ah vivre enfin sans cette boule dans la gorge qui vous étrangle. Laisser dire cette radoteuse qui n ’a jamais su s ’accorder un peu de bon temps.

Toute une vie d ’esclavage ne vaut pas une heure de liberté.

(35)

Calendrier culturel

et récréatif du Valais

Monatskalender

Walliser

P ublié p a r 1 3 Etoiles avec la co llab o ratio n du C o nseil valaisan d e la culture M itgeteilt v o n 1 3 Etoiles in Z u s a m m e n a rb e it m it d e m W alliser K ulturrat

M usique - D anse

Musik - Tanz

FIESCH

Auf dem Kirchplatz Konzert der M usikgesellschaft Eggishorn 19. April. 11.15 Uhr GRENGIOLS Turnhalle Jahreskonzert der M usikgesellschaft Alpengriiss 2. Mai, 20.30 Uhr BETTMERALP Zentrum St. Michael Jahreskonzert

Musikgesellschaft Bettmeralp, Chor

10. April, 20.15 Uhr Gitarrenkonzert Michael Aerni 15. April, 20.15 Uhr NATERS Pfarrkirche Johannes Passion von J. S. Bach Oberwalliser Vokalensemble Camerata Bern 4. April, 20.15 Uhr BRIG Oberwalliser Kellertheater Jazz-Konzert

Intergalactic Maiden Ballet

4. April, 20.30 Uhr Simplonhalle Jahreskonzert der

Stadtm usik «Saltina»

Leitung: Eduard Zurwerra 11. April, 20.15 Uhr SAAS FEE Gemeindesaal Osterkonzert M usikgesellschaft Alpenrösli 9. April. 20.30 Uhr Pfarrkirche Hochschulorchester des kantonalen Konservatoriums Sitten

Leitung: Tibor Varga 15. April, 20.30 Uhr

ZERMATT

Alexander Seiler Saal Hotel Mont Cervin

Alexandre Dubach, Violine

Daniela Dubach, Klavier 2. April, 21 Uhr

Michel Beroff, Klavier 16. April, 21 Uhr Bei Kirche Osterständchen M usikgesellschaft Matterhorn 19. April. 11 Uhr SALGESCH Salle de gymnastique Concert de l'Harmonie de S algesch et de la Musique des Jeu n es de Zurich

4 avril, 20 h 15

CRANS

Chapelle de Crans-sur-Sierre

Orchestre de chambre de Hongrie Ferenc S zecsöd i, violon

Direction: Richard Weninger 15 avril, 20 h 45 SIERRE Hôtel de Ville Concert de Pâques Harmonie La Gérondine 19 avril, 11 h Duo

Marc Jaermann, violoncelle

Jean-Luc Hottinger, piano 24 avril, 20 h 30

Cinéma Bourg Concert annuel

Harmonie La Gérondine

Direction: Jean-Michel Germanier 26 avril, 17 h et 27 avril, 20 h

CHIPPIS

Eglise paroissiale

Passion selon saint Jean

de Jean-Sébastien Bach Ensemble vocal du Haut-Valais Camerata de Berne

5 avril, 17 h

MURAZ

Eglise

Chœur mixte L’Edelweiss

4 avril, 20 h 1 5 NOËS Salle de gymnastique Concert de la Fanfare Fraternité 19 avril, 20 h SION Théâtre de Valére Kynéchma

Par la Compagnie Kynéchma Chorégraphie et costumes: Catherine Kamerzin et Janine Travelletti Musique: Raphaël Pitteloud 3 avril, 20 h 30

Cacophonie

Spectacle pour enfants + tout public Philippe Cohen 8 avril, 17 h CHATEAUNEUF / CONTHEY Halle polyvalente Concert de la Chorale Saint-Théobald 11 avril, 20 h 30 Concert de la Fanfare La Persévérante 19 avril, 11 h Amicale de la Fanfare La C ontheysanne 24, 25 et 26 avril APROZ Eglise Concert du

Chœur mixte Le Muguet

4 avril, 20 h 30

NENDAZ

Eglise de Haute-Nendaz Concert du

Chœur mixte Saint-Michel

Avec la participation du Chœur des Jeunes et du Chœur d'enfants 11 avril, 20 h 30

VÉTROZ

Eglise paroissiale Musique-Espérance

Chœur mixte Polyphonia de Vernayaz

Marie-Thérèse Gay-Imhof, orgue Direction: Michel Veuthey 12 avril, 17 h

SAINT-P1ERRE-DE-CLAGES

Eglise médiévale Concert du

Chœur mixte Saint-Pierre

Direction: O. Fumeaux 5 avril, 17 h

MARTIGNY

Fondation Louis-Moret

Atelier musical de Martigny

Direction: Dominique Tacchini 4 avril, 17 h 30 Fondation Pierre-Gianadda Concert annuel du Chœur de D am es La Romaine et du C hœur d'Hommes de Martigny 4 avril, 20 h 30

Augustin Dumay, violon

Maria Joao Pires, piano 22 avril, 20 h 15

VERNAYAZ

Eglise paroissiale

Chœur mixte Polyphonia

Marie-Thérèse Gay-Imhof, orgue Direction: Michel Veuthey 11 avril, 20 h 30

Références

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