organiseront un colloque international
du jeudi 19 au samedi 21 janvier 2012
ANR JUGURTA
Le Comité National Français de Géographie - Commission Villes et Métropolisation et le Programme JUGURTA “Justice Spatiale, gouvernance et territorialisation dans les villes des Suds” /
“Spatial Justice, urban governance and territorialization in cities of the South” (ANR-SUDS)
Lettre n° 1
Appel à communications
Espaces urbains et métropolitains contemporains entre efficacité économique et justice sociale
Confrontées à une concurrence qui s’exerce pour les plus grandes d’entre elles à l’échelle mondiale, les métropoles sont contraintes aujourd’hui de viser l’excellence.
De nombreux domaines sont concernés : économie, innovation, formation, recherche, mais aussi culture, sport, urbanisme, médias, etc. Les financements et les moyens mobilisés sont à la hauteur de l’enjeu : équipements, réseaux, ressources humaines, politique d’image, lobbying, soutiens de toute nature aux investissements.
Dans le même temps, afin de préserver leur cohésion interne, les villes sont con-
traintes à la recherche de la justice sociale, alors même que les investissements d’excellence tendent à creuser les écarts entre doués et moins doués, entre riches et pauvres, entre connectés et non connectés. Là aussi, financements et moyens sont mobilisés à la hauteur de l’enjeu : aides à la personne, politiques de prévention comme d’animation et grands projets de réhabilitation urbaine engagent fortement les budgets locaux.
La nécessité pour les gestionnaires locaux de répondre conjointement à ces deux in-
jonctions impérieuses et passablement contradictoires constitue ce qu’Yves Barel ap-
pelait un « paradoxe ».
C’est de ce paradoxe, de cette « contradiction » entre efficacité économique et justice sociale, que le colloque traitera, avec l’ambition de « tenir ensemble » les deux com-
posantes de la double contrainte et l’exigence de considérer la manière dont évolue ce couple dans le temps, notamment dans les changements actuels.
Un rôle de l’espace en changement
Dans ce paradoxe comme dans les réponses que lui apportent les acteurs locaux, l’espace joue un rôle essentiel. Il est un réceptacle privilégié des contraintes, des con-
tradictions et des régulations que connaît la ville. Mieux, dans ses dimensions tant visibles et matérielles que symboliques, il en est le produit, le creuset, ainsi qu’un agent important de leur transformation.
L’apparition et le développement des réseaux technologiques ont démultiplié les échelles avec lesquelles la ville doit jongler. Mais les zonages, les localisations, les « frontières », les infrastructures continuent à avoir une fonction de mise à proximité ou à distance que les réseaux immatériels sont loin d’avoir abolie, et qu’ils confortent souvent.
Appel à communications
Cette problématique de la mise à proximité et de la mise à distance est d’autant plus cruciale aujourd’hui que la ville, sous sa forme métropolitaine, s’est grandement dila-
tée. La rapidité de la croissance de l’espace urbain, bien au-delà de ce que les villes avaient connu jusque-là, entraîne le débordement des cadres administratifs et poli-
tiques, bouscule des repères, fragilise des catégories sociales, fait émerger de nou-
velles échelles et inévitablement de nouveaux modes de gestion et de régulation. Si l’échelle métropolitaine est de manière privilégiée celle des grands projets et de l’image, le citadin-citoyen peine à l’appréhender autrement qu’à travers ses fastidieux allers et retours quotidiens. Les autres échelles ne peuvent donc être oubliées, et ce d’autant plus que, de manière concomitante à la montée de revendications locales, les très influents acteurs internationaux lancent des appels récurrents à la « participation citadine » dans leurs discours sur la « gouvernance ».
La démultiplication des dimensions de la ville s’accompagne de nouvelles interroga-
tions. Tandis que de la métropole au quartier, voire à l’immeuble, la palette des échelles de prise en charge de la ville augmente, les modes de territorialisation ré-
sultent aussi de logiques dont la diversité augmente, que ces logiques soient adminis-
tratives (ainsi, la territorialisation des politiques publiques) ou issues de collectifs cita-
dins, à la faveur de mobilisations locales ou de poussées identitaires, quand elles ne sont pas d’essences religieuse, charismatique ou mafieuse. La question des articula-
tions entre ces multiples niveaux, ainsi que celle des régulations, se pose donc avec une acuité encore accrue par les interférences, l’urgence des enjeux, les tâtonne-
ments des pouvoirs publics, les représentations collectives et individuelles, les décal-
ages entre celles-ci. Comment, notamment, répondre aux nouvelles attentes et reven-
dications des citadins en termes de justice, une justice qui doit aussi être considérée désormais sous ses aspects spatiaux et scalaires, c’est-à-dire en mobilisant le con-
cept de justice spatiale, dans ses différentes dimensions, notamment distributive et procédurale.
Questionnements
L’objectif du colloque sera d’apporter des réponses à cette question centrale : com-
ment les villes tentent-elles de concilier efficacité économique et justice sociale, quelles articulations et désarticulations en font-elles, et quels rôles l’espace et les échelles spatiales jouent-ils dans ces processus ?
Tenir ensemble dans l’analyse les deux contraintes de l’efficacité économique et de la justice sociale n’est pas chose aisée. Les gestions métropolitaines en expriment-elles d’abord le souci ? Et quelles visions, quelles idéologies, quelles représentations, fond-
ent ce souci ? Par ailleurs, la réponse à ces deux enjeux ne relève pas nécessaire-
ment des mêmes acteurs, des mêmes services, des mêmes institutions, des mêmes niveaux territoriaux, des mêmes temporalités. Quels montages, quels modes de ges-
tion, quelles gestions de la complexité urbaine, observe t-on ?
Appel à communications
Ainsi :
- Dans l’élaboration de leurs réponses, de quels modèles les villes disposent-elles ? Comment ces modèles se transmettent-ils, et quels sont les canaux de leur diffusion?
Dans les mises en œuvre, à quelles hybridations assiste t-on, quelles innovations se font jour ;; ces innovations se transfèrent-elles entre les métropoles, et comment ?
- Comment se fait la gestion du dilemme entre compétitivité économique et justice sociale ? Quels niveaux, quelles administrations les ont en charge ? Cette gestion est-
elle pensée globalement, est-elle suivie dans sa mise en œuvre, ou fait-elle l’objet d’une multitude de régulations partielles ? Cette gestion fait-elle l’objet de compromis, de compartimentages, de politiques oscillantes dans le temps ? Comment cela est-il perceptible, notamment, en termes de financements ?
- Entre l’Etat, les aires métropolitaines, les entités administratives diverses, les com-
munautés et les quartiers, quelles échelles sont concernées par les questions de com-
pétitivité économique et de justice sociale ? Même si l’on a dépassé l’illusion de l’échelon « pertinent » pour répondre à ces questions, la structure territoriale est-elle pensée en ce sens ? En quoi ces diverses échelles consistent-elles, économiquement, politiquement, socialement, culturellement ;; qui les incarne, des conflits et des modes de régulation les fondent-elles ? Entre elles, sont-elles articulées et comment ?
- Quels conflits, quels débats suscitent au sein des métropoles le dilemme de la compétitivité économique et de la justice sociale ? Quelles en sont les composantes et les incidences humaines, sociales, culturelles et bien sûr financières ? Quels milieux ces débats touchent-ils, et comment ces débats s’expriment-ils ? Les responsables gestionnaires sont-ils sensibles à ces débats, y participent-ils, et l’action en est-elle modifiée ?
Prenant du recul, le chercheur sera également sensible au temps long qui permet les lectures rétrospectives et la prise en compte des évolutions. Il sera aussi sensible -cette question trouve une résonance toute particulière aujourd’hui- au temps de la crise qui donne à réfléchir sur la mutation des données de base, des logiques de l’action et des dynamiques, voire sur la définition même de l’efficacité économique.
Ces tentatives de conciliation de l’efficacité économique et de la justice sociale se font-
elles à l’avantage de l’un de ces deux pôles et à la défaveur de l’autre ? En quoi chacun d’eux constitue t-il une contrainte pour l’autre ? Mais au-delà des contraintes, quelles sont les possibilités de jeu dont disposent malgré tout les villes, quelles « ruses » déploient-elles dans leurs réponses ? Parviennent-elles parfois à articuler les deux contraintes, de manière plus dynamique et stratégique ? Où, quand, par qui, selon quels modèles et quelles influences, dans quelles conditions, pour quoi faire, grâce à quels vecteurs, avec quels moyens, et qu’est-ce que cela produit en termes d’espace?
Justice sociale et efficacité économique seraient-elles susceptibles de s’épauler, de se conforter, d’entrer en synergie ?
Appel à communications
Cela se fait-il déjà, de manière ponctuelle ou durable, soit par le biais d’un cycle ver-
tueux d’augmentation des moyens à la disposition des collectivités locales, soit par celui de mobilisations citoyennes et d’articulations scalaires ingénieuses, soit par celui d’une valorisation médiatique de pratiques innovantes, soit par tout autre canal dont il s’agira d’identifier le processus ? Et en définitive, la justice spatiale n'est-elle pas une condition indispensable pour que l'efficacité économique soit "durable ?
Cette réflexion ne peut faire ici l’économie des idées de gouvernance, de développe-
ment durable, non pour n’en garder que l’écume verbale et souvent opportuniste, mais pour apprécier -si elle existe- l’émergence de nouvelles valeurs, de nouvelles logiques de fonctionnement de la société, de l’économie et de l’espace, de nouvelles pratiques, de nouvelles régulations. Peut-on observer non seulement l’apparition de nouvelles dé-
finitions de la « compétitivité » des villes, intégrant la prise en compte de la société et de ses enjeux, mais aussi l’utilisation effective et opératoire de ces nouvelles défini-
tions par les collectivités ou les décideurs ? Que devient l’espace dans de telles per-
spectives ? Enfin, alors que le « paradoxe » est par définition une contradiction indé-
passable « dans un horizon indéterminé », les évolutions actuelles laissent-elles entre-
voir l’horizon qui permettra le dépassement du paradoxe de l’efficacité économique et de la justice sociale ? En somme, la conciliation de l’efficacité économique et de la jus-
tice sociale constitue t-elle une des conditions permettant aux métropoles de devenir des synapses performantes de la mondialisation ?
Le champ de la réflexion
Ces questions concernent en premier lieu les métropoles, hubs de la mondialisation, nœuds des flux planétaires, qui focalisent et symbolisent les contradictions du monde.
Elles n’excluent toutefois aucun niveau de villes, dans la mesure où toutes, quelle que soit leur taille, sont engagées à leur échelle dans une concurrence avec d’autres villes, et sont confrontées à l’enjeu de leur propre cohésion interne. De même, quoique se posant sous des formes très variées, ces questions ne privilégient aucune région de la planète. De ce point de vue, la diversité est indispensable. D’un côté, elle permet la confrontation d’expériences multiples et fonde plus solidement les réflexions théoriques. D’un autre, par la variété des cultures et des manières de penser et d’agir prises en compte, elle permet d’aborder par des facettes multiples et potentiellement originales la question des dilemmes gestionnaires et des régulations.
Ce colloque de recherche a l’ambition d’observer comment les villes « tiennent » à trav-
ers l’espace les deux facettes de l’efficacité économique et de la justice sociale - ques-
tion qui n'est pas sans trouver un écho dans les préoccupations actuelles en termes de développement durable -, et comment la recherche en sciences sociales s’empare de cette question sur les plans théorique et méthodologique.
Les communications seront sélectionnées sur cette base. Dans cette optique, les travaux de terrain comme les travaux théoriques seront les bienvenus, d’autant plus qu’ils associeront les deux angles. Mais le colloque ne fermera pas la porte aux expéri-
ences opérationnelles ayant le souci de se raccorder à un corpus théorique.
Appel à communications
Comité scientifique
Marie-Hélène Bacqué, Université Paris Ouest Nanterre La Défense Yves Boquet, Université de Bourgogne
Alain Dubresson, Université Paris Ouest Nanterre La Défense Bill Freund, University of Natal, Durban
Philippe Gervais-Lambony, Université Paris Ouest Nanterre La Défense Olivier Graefe, Université de Fribourg (Suisse)
Myriam Houssay-Holzschuch, ENS Lyon Marie-Christine Jaillet, CNRS
Antoine Le Blanc, Université du Littoral Côte d'Opale Sonia Lehmann-Frisch, Université de Cergy-Pontoise François Madoré, Université de Nantes
Didier Paris, Université de Lille I
Philippe Pelletier, Université de Lyon II
Piermay Jean-Luc, Université de Strasbourg
Marie-France Prévot-Schapira, Université de Paris VIII - CNRS Bernard Reitel, Université de Haute-Alsace
Jennifer Robinson, University College, London Saskia Sassen, Columbia University, New York Allen J. Scott, University of California, Los Angeles
Comité d'organisation
Nicolas Bautès, Université de Caen Basse-Normandie
Philippe Gervais-Lambony, Université Paris Ouest Nanterre La Défense Matthieu Giroud, Université de Clermont-Ferrand II
Antoine le Blanc, Université du Littoral Côte d'Opale Jean-Luc Piermay, Université de Strasbourg
Céline Pierdet, Université de Paris I
Aurélie Quentin, Université Paris Ouest Nanterre La Défense Samuel Rufat, Université Paris 7 Denis Diderot
Camille Tiano, Institut Français d'Urbanisme
Envoi des propositions
Calendrier
1er février 2011 Date limite de réception des propositions de communication Mai 2011 Réponse aux propositions de communication
Octobre 2011 Date limite de réception des articles complets (30 000 signes, espaces compris)
Les propositions de communication, relevant des divers champs disciplinaires des sci-
ences humaines et sociales, préciseront, en 3000 signes maximum, la problématique et la méthodologie appliquée, avec 5 mots-clefs. Le format pdf sera utilisé.
Une priorité sera donnée aux propositions collectives.
Langues du colloque : français et anglais
Fiche à renvoyer avec la proposition de communication NOM
Prénom
Établissement Discipline
Statut : Doctorant – ATER – MCF – PR Autre (précisez)
Adresse usuelle : Téléphone usuel : Courriel usuel :
Adresse professionnelle (si différente) :
Souhaite présenter une communication sur le thème :
Adresse unique d'envoi des propositions de communications
colloque.cvm.2012@gmail.com
Frais d'inscription
Des frais d'inscription seront demandés ultérieurement pour la participation au colloque Tarif normal 100 €
Etudiants, doctorants et tarifs réduits 20 €