121 Juin 2016
Bien se nourrir et préserver la planète
Christian Rémésy
*E
nundemi-siècle, nos modes de vie et nos modes alimentaires ontété totalement bouleversés, au point d’éloigner fortement l’homme de son environnement naturel. L’industrialisation a distendu les liens entre les consommateurs et les paysans, alors que longtemps les habi-tudes nutritionnelles furent calquées sur l’offre régionale. Beaucoup s’interrogent sur la dégradation du goût des aliments, sur la qualité des fruits et légumes ou s’inquiètent de la présence d’organismes génétiquement modifiés (Ogm) ou de poisons dans leur assiette. Ces
appréhensions sont trop vagues pour susciter une remise en cause du système alimentaire. Le monde aseptisé et si bien approvisionné des grandes et moyennes surfaces alimentaires offre un univers somme toute rassurant, qui permet difficilement au citoyen de se mobiliser pour la question alimentaire. Où va notre alimentation ?
Dénoncer notre système d’alimentation
À la différence de la question écologique, le public est donc peu sensibilisé à l’urgence de s’engager résolument vers un système d’ali-mentation plus durable. Inondé d’informations partielles, influencé par un marketing alimentaire puissant et confronté à l’abondance des produits industriels dans les supermarchés qu’il fréquente, le citoyen a une perception très vague des modes alimentaires les plus sûrs qu’il conviendrait d’adopter pour la santé de l’homme et de la planète.
* Directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), il est notamment l’auteur de l’Alimentation durable. Pour la santé de l’homme et de la planète, Paris, Odile Jacob, 2010.