Littérature enfantine

Elise FREINET el LE BOHEC

TRAVAUX

DU CONGRÈS

LIJ'TERA TURE ENFANTINE

Le 1110\ lillér11/1tre apµliqué aux éc1·it8 de l'enfant semble bien t111 peu pt'étenlieux: <'Ppendnnt, 11ous n'en a\'Olls point d'autrl!

pour expl'ituer 1:ette raço11 originale, ,;ensihle et surtout poétiqut>.

qui Pst carnctél'istiq11e de l'expressio11 enran!ine. Nos récits de la Get'he, 11os alb111lls d'enfant,; nP so11t pa::; du tout venant Ils so11t si l'on peut rlfre cc plaeé" '" exhaustifs comme le sont le:i fable,; 111illcuaires qui re\'h•e11t dans 11os chansons et nos contes populaires. C'est 1111e 111a11ière de ùil'e 11elbVe et qui déjà l'etient l'intérêt des adultes. li ne nous 1·este qu'ù ltonol'er cette manière de dil'e pnr des P<'l'its de qualité et surtout nous avons le grand devnil' de ln préser\'er drs fautes de gotit et des pauvretés qui à chaque pas risquent de l'anéa11tir.

La c·01111nissio11 ch• LittPranrrc enfantine, au Congrès, ii'esl 5UJ'to11t OC!'Uflée de dé111011t re1· :

1. - Qu'il y a chez l'entant une faço11 ol'iginale de s'exprimer et de nreillil' dl'S thè111es nf'trfs, ù rnt•rne la vie. C'est cc qu'a fait Le Boite(' dans les prC'mièrcs séances de tra,·aii.

:!. Qu'il y ^.1 am;,.,i u11t· façu11 l>a11ale d'expri111er le déjà vu, c1· d111il il faut pl'ése1 \'l'i l't>11la11t. C'est ce que j'ai ti.>nté de fairl'

<;rntir dans les der11ières disrussio11s de la "0111111issitm.

1. - L1·x tldmt·s tl'ol111w1s sunt i11110111lirnblc:>. li s'agit ùe .'<avoir les cueillir.

Chaque rr1111inn de la 1·0111111ission groupait une \'ingtaine dtl ra111nracles. ~lais, cc n'l'taieut jamais les 111è111es. En effet, les congrPssistes \011laip11t tout voir, il leur étart impossible de cunsacrcl' toutes lcul's matinées ü la seule com111ission ùes alh1111t'i. Cependant, la qut•stion de la littérature enfa11tine inté·

1·tsse de 1101111JretL-.; cu111aradcs, il a été possiLle de le constate1-.

LPs dh·ers aspects de la question n'ont pu être étudiés à fontl. Fl'einet a raison lorsq11'il dit qu'ou ne vient pas ou Congrès pour tra,·ailler effecli\'e111ent, ruais pou1 prendre des contacts, µosc1· dl's jalonc; et prrpare1· l':rnnée qui vient.

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Voiri qurlqucs idées q11i ont été émises el sui· lesquelles on pourra discuter :

- Ll's thèn1es d'alhu111s sont in11ombrables, il y P.n a autant que de choses et d'idées dans le monde.

- L'e-.srnticl est de partir.

- ?\lais il V<llll Ulieux partir d'un thème gros de possibilités ..

JI faut partir d'un r.eriai11 niveau et se garder du mélo.

L'enfilnt a plus de maturité qu'on 11c le croit, 011 peut lui lnire confiance.

li 11c• fout pas guider l'enf:1111, il fuut le suivn~.

'.'1011s de,·ons aider l'enfant ;'1 s'adapter à l'affreux monde 111l•c·1111ique c1ui risque rl'étoufft'r sa person11alilt'.'.

- 1.a poésie, le rève ne sont-ils pas les setùs 111uyens de ué- fc11clre, de préscn·er les valeurs humaü1es. lis sont une 11él·essité pour l'e11fa11t, ^11111• 11éct•ssité vitatr ..

La crêntio11 littérnire est un facteur de libé1·ation psychi- qur, 1111 iacteur de 1·éé11uilihralio11.

- Elle est aussi une occasio11 d'offrir ù l'e11funt un rccours- h;urière possihlt• r·plui du 11witre si 1:1 société, la 1111rure, lâ fo111illc nnt été reictonles.

E11 ro11rl11sion : il se111hli- que la proehainc anniie Psl bien préparée. li faut toutefois regretter que les carnararles n'aient pas assel parlé de leurs difficultés. 8ont-ils déçus? Q11'aften- rlaient-ils? Quels sont leurs besoins? Quelle est leur opinion ?

C>

Il. - l'oir le monde tel fJll'il est. nannir le mcrvcillr,11.z; pom- J•iPr ^f•I /P ^lllN(J.

a) t·c qui gêne le plus les camarades, c'est de découvrir des /ltemes 1/'u/IJ1w1s. L'instituteur reste en effet sous l'envoütewent

"d11 sujet :·1 tniiter ,, do1111é d'avance, alors qu'il ne s'agit au r"11t.ni ire qur de tléco11,·1·ir une irnpression, une sensation, u11 fail infi111e pour déma 1Tcr : le sujet, il se cJévelopJll! par la suite et l'on ne sait rl'avancc: clans quel sens il ira, donc, bride sur le con, liber! é de clle\•auchées, fuite vers le rêve.

h) L'alb11111 ùoit ètre étolfé p;11· un pC'lit clrarne qui en est la trn111e. Pas de souci i1 re sujet: L'Pnfant ^:i le sens du drame, il im)H'O\'Îse tians le d1·a111e>. Laissez-Ir aller. i\Iais ne retenez que ce tfUÎ se1nhle neuf, inédit. Repartez de cel inédit el ainsi créez une chaine plus allégée, plus poétique, sortie, cueillie, choisie dans le tout \'enanl.

c) Les rmnarndes ont peur de l'abracad::tbrnm. Quand on l'a dl:barrassé de sa gangue, ri laisse pou1·tant un matfriau de pre- miPr choix. L':1bracarlahnlln est préférable au pompier et au mf>lo.

li renseigne sur l'affcrlh·ité enfantine l'i ses outrn1H·es lllêrnes sont utilrs pour la cotnpréhension de l'enfant. Tl suffit ensuite de faire IH lrnnspositi1m >.uit dans le domaine poétique, soit dan11

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le 1YJeneilleux scientifique, soit sur le plan nrlistique pou1· que

<:elt e libération brutale s'affine el devienne Libérali01L cn:Utrice.

2 exemples sont donnés :

G i11q peli/s- e11/a11/s avaient pêché la lune. (Ecole Jules-Ferry.

Ath i s-~lons, S.-et-0.) Histoire ucconléon sans censure. OP el CE.

t•

Voyageurs de l'espace. C~l de !'Ecole Frei11et de neige. Conte fan Lastique lie la science llloderne qui a eu pour origine la Iec-

\11 re de la pire des littératures d'enfants, illustrés à scnsatiou qui foisonnent dans les kiosques de gare.

d) Le pire da11ger, c'est le mélo - difficilement déracinable L l est trop souvent considéré comme la seule forme de nourri- ture de Ja sensibilité débordante de l'enfant: Noëls d'orphelins, enfu .. 11ts ahandonnés, ùounes actious, prix Lie vertu ... to11s sujets qui serrent de pàture cl i111mohilisent ce do11 de I'àrne suscepti- hlc clc néPr tant de chefs-d'œuvre quand il est axé sur la voie

ro~·~i..le.

U 11 exemple de 111élu est liàtive111enl donné et eu comparaison deux eréatio11s origiuales d'après les indications de thème~

1i.'al1Jt111l!;:

" T.c· Pèd1eur de lune"• Ecole de Dan11c111oi11e (Yo1111c).

" Le balay1w1· de neige " CE Ecole de Tournc111ire (A,·cyron).

Tous deux tl'ès bous :\ publier.

cl) La pratique nous rnontre que pour entrainer les camarades il fri,ut au déparl, donner lï.rnpulsion à la sensibilité de l'enfant, pa 1· quelques suggestions qui invitent au voyage. Ce ne sont pas à \Tai dire des thèmes d'album, mais une pusition de la sensi- biliLé et de l'imagination pour le déploiP111P111 d1· l':1.\'Plll ^11t·P qu'il reste :'L inventer.

Nous ~om111es à ln disposition tics camarades pour proposC1 ces points d'inventions, ré;;umés en quelques lignes. Ils ne sont

que dt!i-. notatiolls faite~ à !'Ernie Freinet, notations riches de

co11 te11u é111otiou11e.l et qui restent toujours clans le registre affec- tif de l'enfant.

f) Chaque album créé devrait retracer l'allnosphère de l'école daus laqurlle il s'est construit. Les créations de Tn~gastel mél'i- lenL 1me attention particulière car ils té111oig11c11t de cc point, de rencontre très subtil de la part de l'enfant et. de la part du mai- trP. Nous proposons que, nu cours de la prochaine année scolaire o.no page soiL consacrée ~~ J'expél'ie11ce de Trégastel.

En ronC'lusinn, f'!rnq11P r·nmarnclr~ qui prend pal'{ ù la discus- 11ion est r·onvuincu qu'il reste tout à faire et. intérieurement s'en- gai;c à fail'e plus el mieux pour honorer la littérature enfantine.

Il est à déplorer surtout que les C.l\1. n'arrivent pas à se Jancc1· dans la réalisation d'alburns.

Pourtant le 111erveilleux de la science moderne les passionne.

Quelles écoles voudraient collaborer avec l'Ecole Freinet? Nous écrire dès i\ présent.

Elise FREINET - LE BOHEC.

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