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Systèmes typographiques intelligents et souples

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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souples

Daniel Rodríguez Valero

*

* Département de l’image et de la conception graphique Faculté des Arts, Université de Barcelone

Pau Gargallo, 4 ES–08028 Barcelone daniel.rodriguez@ub.edu

Traduction française de Patrick Andries

RÉSUMÉ.L’incertitude concernant la guerre des polices est révolue. Nous avons aujourd’hui de puissants ordinateurs, des systèmes de visualisation et d’impression à différentes définitions et une kyrielle de programmes pour saisir et formater les textes. Nous avons aussi désormais accès à des fonctionnalités typographiques subtiles, programmables et sensibles au contexte. Ces do- cuments peuvent être diffusés sur la Toile dans de nombreuses langues et dans des fichiers mul- tiplateformes. Mais nous avons peut-être perdu quelque chose en chemin. Il est temps d’évaluer le travail effectué par les grands pionniers de la typographie numérique et d’appliquer leurs belles idées à notre domaine de recherche. Les formats de police standard (PostScript, True- Type et OpenType) sont parfois trop rigides pour certains concepteurs de police, c’est pourquoi nous nous penchons dans cette communication sur les systèmes typographiques intelligents et souples commeMETAFONTet les expériences de la fin des années 80 (Jacques André, Let- terror, Hermann Zapf, parmi d’autres) et les développements intéressants du milieu des années 90 (Ares Chameleon, Incubator, Intellifont) qui ont, malheureusement, disparu sous la pression du marché. Selon nous, ces idées ne devraient pas être oubliées, c’est pourquoi nous présen- tons ci-dessous quelques progrès récents réalisés dans la mise au point d’un nouveau système nommé Constructor particulièrement destiné à la création directement en langage PostScript de polices paramétrées à l’aide de connaissances calligraphiques similaires à celles utilisées dansMETAFONT.

ABSTRACT.The uncertain days of font wars are over. Now we have powerful computers, systems for visualization and printing at different resolutions, and all kind of applications for enter- ing and formatting any text. Also we have access to subtle typographic features, which can be programmable and context sensible. All these can be sent throughout internet in numerous idioms and multi-platform files. But maybe we lost something on the road; it’s time to review

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the work done by the great pioneers of digital typography and to apply their great ideas to our material. The standard font formats (PostScript, TrueType and OpenType) can be too rigid for some type designers, so in this paper we’ll check the flexible and intelligent typographic systems likeMETAFONT, the experiments of the late 80’s (Jacques André, Letterror, Hermann Zapf, among others) and the interesting developments of mid 90’s (Ares Chameleon, Incubator, Intel- lifont) which unfortunately disappeared under the pressure of the market. In our opinion, these ideas shouldn’t be forgotten, so we’ll present some advances in the creation of a new system called Constructor, suited for the construction of parametric alphabets directly on PostScript language, based on calligraphic knowledge similar to that used inMETAFONT.

MOTS-CLÉS :création de polices, calligraphie, polices paramétrées, polices intelligentes

KEYWORDS:font creation, calligraphy, parametric fonts, intelligent fonts

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur dn.revuesonline.com

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1. Introduction

Vingt-six ans après PostScript, créer une police consiste à dessiner des contours à l’aide de programmes comme FontLab ou Fontographer. Principalement parce que les formats de police standard s’expriment sous la forme de contours. Le Type 1 de PostScript, TrueType et OpenType utilisent des courbes de Bézier quadratiques ou cubiques reliées entre elles pour définir les limites de l’œil de chaque caractère de la police. Deux raisons à cela : chaque lettre a toujours la même apparence et la meilleure façon d’obtenir des contours est de les dessiner directement.

La première raison s’explique par un a priori culturel qui prend ses racines dans les techniques industrielles du passé qui partaient d’un moule pour produire en grand nombre des copies identiques de l’image implicitement contenue dans ce moule. Avec l’adoption de l’ordinateur comme principal outil de création de polices, cette façon de faire a survécu et chaque caractère affiché ou imprimé est une copie fidèle de l’origi- nal. C’est là ne pas profiter de l’originalité de l’outil informatique qui permet nette- ment plus de souplesse. Comme Jay Bolter l’a écrit : « Le changement est la règle en informatique, la stabilité l’exception » (Bolter, 1991, p. 5).

La deuxième raison émane d’une autre tradition technique : en 1885, Linn Boyd Benton élabora le premier pantographe qui permettait de graver la matrice d’une po- lice à différentes forces de corps à partir d’un même modèle. Déjà, avant Benton, certains artistes de la Renaissance (par exemple Feliciano, Pacioli, Palatino, Dürer et Tory) tentèrent de définir les lettres capitales romaines sous la forme de constructions géométriques. La même méthode était utilisée par les graveurs pour ciseler des bijoux et créer des pièces de monnaie, c’est également ainsi que Sébastien Truchet conçut Le Romain du Roi (1695).

L’utilisation du pantographe dans la création de polices comportait un défaut : le même dessin sert à toutes les forces de corps. C’est une rupture par rapport à la tradi- tion des graveurs de poinçons qui modifiaient légèrement la forme et les proportions des œils selon la force afin d’éviter les changements perceptibles produits par le chan- gement d’échelle des lettres. Les photocomposeuses utilisèrent le même principe que Benton.

Passons en revue les réponses proposées à ces problèmes dans quelques recherches intéressantes.

2. Polices dynamiques

La plupart des créateurs de police travaillent à l’aide de (contours définis par des vecteurs) qui sont transformés en un plan de bits à l’écran ou sur papier. Les vecteurs sont des fonctions, la forme demeure donc invariable, contrairement au plan de bits, quelles que soient la force de corps et la définition choisies. On a élaboré des tech- niques complexes de nuancement(hinting)pour éviter ce problème. Un seul dessin s’adapte à toutes les forces de corps. Mais, si chaque trame de pixels est différente,

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garder le même dessin n’est qu’une option et ne devrait pas être la règle (rappelons- nous que l’adaptation est la règle pour l’ordinateur). Il est possible de faire en sorte qu’une police adopte un comportement dynamique selon une variable aléatoire ou tout autre précepte.

La première police dynamique fut créée par Donald Knuth en 1980, il la rendit publique en 1988 (Knuth, 1988). Elle s’inspirait des graffitis punks des années 70 et elle déformait chaque trait d’une manière aléatoire comme s’ils étaient tracés sur un mur rugueux. Jacques André à transposé celle-ci en PostScript en 1989 (André et al., 1989) afin de la rendre vraiment dynamique en y rendant le positionnement aléatoire de chaque point du trait à chaque utilisation. Letterror (Middendorp, 2004), la même année, publia Beowolf (FontFont), une autre police aléatoire munie d’une fonction spéciale appeléefreaktos’inspirant delinetoetcurvetoqui permet de préciser la position de chaque point du contour d’une lettre à l’intérieur d’un espace donné. En 1993, Letterror tenta de nouvelles possibilités sous la forme de la police Kosmik, qui propose trois glyphes différents pour chaque caractère qui seront utilisés dans le bon ordre (les auteurs ne trouveront qu’un seul mot avec trois lettres identiques successives :Sauerstoffflasche.

Comme ils le faisaient remarquer dans un article du magazineÉmigré1:

« Les méthodes de typographie traditionnelle nous ont appris à consi- dérer que chaque lettre d’une police particulière devrait toujours avoir le même aspect. Cette façon de penser résulte d’un processus technique et non l’inverse. Toutefois, il n’existe pas de raison technique qui oblige à produire à chaque fois une lettre numérique sous la même forme. Il est possible de calculer chaque point et chaque courbe différemment chaque fois qu’on produit un glyphe en modifiant légèrement les points qui défi- nissent un caractère dans plusieurs directionsaléatoires[. . . ] »

Ces expériences intéressantes démontrent le potentiel des machines que nous utili- sons. Pourquoi devrions-nous perpétuer une mentalité industrielle à l’époque de l’in- formatique ? Il nous est possible de produire des documents originaux dans leur com- position à l’aide de nos ordinateurs à la manière d’artisans qui personnalisent leur production. Le marché aura sans doute le dernier mot, car il doit suivre une autre direction : actuellement les fonderies vendent des polices dépourvues de tout compor- tement dynamique.

3. Dessiner les contours

Les programmes de création de polices les plus communs définissent directement les contours qui seront stockés sous forme vectorielle (PostScript, TrueType ou Open- Type). Ikarus (depuis 1974), Fontographer (1985), FontLab (1992), DTL FontMaster (vers 1995) et FontForge (2000) sont les programmes les plus utilisés pour dessiner des polices, tous fonctionnent de cette manière. Mais la définition à l’aide de contours 1. Voirhttp://www.letterror.com/content/best/index.html.

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ne signifie pas qu’il faille les utiliser directement pour dessiner les caractères. En fait, comme on l’a vu, les écrans et les imprimantes manipulent en fin de compte des plans de bits alors que nous n’utilisons plus de polices à plans de bits. Les contours sont convertis en points et remplis : les polices vectorielles ne sont donc qu’un intermé- diaire pour obtenir le résultat.

Nous pourrions étendre ce principe et réaliser un système assez intelligent pour dessiner par lui-même les contours des caractères de n’importe quelle police, comme Donald Knuth le fit quand il élaboraMETAFONTdans les années 1970. Il s’inspira du mode de pensée de la calligraphie pour définir comment la machine devait dessiner les lettres tramées. Deux de ses meilleurs étudiants produisirent des extensions afin de permettre la création de contours : John Hobby et son METAPOST et Richard Kinch qui créaMETAFOG.METAFONTn’est pas vraiment accessible à l’utilisateur moyen : il définit pas moins de 62 paramètres différents et nécessite des compétences en programmation. On comprend donc que peu de polices aient été créées de la sorte, mais le chercheur peut en dégager des leçons importantes : il s’agit en effet d’une solution à un problème complexe qui reste ouverte.

4. Mise à l’échelle optique

Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, les polices vectorielles utilisent un même dessin pour le même glyphe dans toutes les forces de corps. On peut, bien sûr, définir des polices pour chaque classe de force de corps (habituellement quatre : notes de bas de page, texte courant, sous-titre et titre), mais chaque nouvelle police mul- tiplie le travail à effectuer. Dessiner des contours est rapide, mais ce travail devient laborieux quand il y en a beaucoup trop. On comprend qu’il faille donc une sorte de mise à l’échelle intelligente. METAFONT, est le premier système dote d’une mise à l’échelle dite optique. Chaque force de corps est rendue de façon indépendante, on peut donc faire subir de légères variations aux paramètres qui déterminent l’apparence finale. Jacques André a élaboré un système de mise à échelle non linéaire au sein de PostScript avant d’écrire plusieurs communications intéressantes sur le sujet (André et al., 1994).

Peter Karow, créateur d’Ikarus, a mis au point le module-KQ en 1991 au sein du programme HZ (Karow, 1997), en collaboration avec Hermann Zapf, en utilisant l’in- terpolation comme principal outil. En 1992, six ans après la version finale deMETA- FONT, Adobe publia le format Multiple Master qui repose sur l’interpolation entre plusieurs archétypes selon un ou plusieurs axes ; une fois paramétré par l’utilisateur le système produit une police PostScript Type 1. Ces polices étaient chères et seul Adobe Illustrator permettait d’en créer interactivement des instances. Adobe a annoncé en 2000 l’abandon des Multiple Masters dans le cadre de l’accord avec Microsoft qui a conduit au format OpenType.

Vers le milieu des années 1990, on vit apparaître quelques beaux programmes comme Ares Chameleon et Incubator – tous les deux ont disparu depuis – qui offraient

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cette fonctionnalité. Il nous faut aussi évoquer ici TrueType GX, la solution concur- rente d’Adobe au Multiple Master qui, malheureusement, n’était pas correctement pris en charge par les fabricants d’outils de conception graphique. Nous disposons actuel- lement d’OpenType qui possède une fonctionnalitéfontsizequi – espérons-le – sera présente dans des familles de polices afin d’indiquer au moteur de rendu quelle police convient à une force de corps donnée.

5. Quelques conclusions

Comme nous avons tenté de le montrer, il existe une alternative aux programmes de dessins vectoriels, quelques options ont disparu, d’autres sont difficiles d’accès et nécessitent la connaissance de la programmation de telle sorte que peu de gens les utilisent.

Il est une chose que les dessinateurs de fontes doivent accepter : il faut désormais savoir programmer. Les principales applications de conception graphique combinent le dessin direct et la composition à l’aide de langage informatique afin d’éviter les tâches répétitives ou de créer de nouveaux effets. C’est le cas d’outils, comme Flash avec ActionScript, InDesign avec JavaScript ou FontLab avec Python. N’utilisons pas les filtres de Photoshop, créons-en de nouveaux. Quand l’outil ne permet pas de faire ce que le projet requiert, il faut alors élaborer de nouveaux programmes ou de nou- veaux scripts pour créer des alphabets, faciles à utiliser, avec peu de paramètres et s’inspirant des principes calligraphiques.

6. Pourquoi la calligraphie ?

Nous avons conclu que les méthodes de dessin vectoriel plongent leurs racines dans des techniques industrielles de production à la chaîne et que l’ordinateur est un outil plus proche de la démarche artisanale qui nous permet de créer des produits uniques, ou en petites séries, à la maison, seul sans assistance, sans moule coûteux et sans machine. La typographie est une invention industrielle, la calligraphie un vieil art qui s’adapte à la faculté d’adaptation de l’ordinateur.

La calligraphie s’articule sur plusieurs préceptes, elle est donc facile à appréhen- der et des préceptes ou des règles peuvent être transposés en paramètres. Si l’on sait apprendre à bien écrire à des étudiants, il est possible de faire de même avec une ma- chine. C’était aussi la principale source d’inspiration des pionniers de la typographie, ces deux techniques partagent donc beaucoup d’aspects.

Dans l’esprit d’un concepteur de polices vectorielles, les deux lettres de la figure 1 sont possibles. Ces deux contours ont le même nombre de points de contrôles, la di- rection des contours est correcte, il n’y a donc rien à redire à leur sujet. Toutefois, seul l’« A » à gauche nous est familier, pourquoi ? On peut songer à des raisons historiques, au poids de la tradition, le fruit de l’habitude. En fait, c’est l’instrument primitif uti- lisé pour écrire nos lettres, le roseau, qui explique que le trait à gauche est plus fin

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A A

Figure 1.Seul le A de gauche est « correct »

que celui de droite (Catich, 1968). Le calame, ce roseau taillé, est le principal outil traditionnel pour les écritures occidentales et proche-orientales alors que le pinceau fut l’instrument préféré dans le monde extrême-oriental.

Le calame et la grosse plume (qui partagent les mêmes caractéristiques) créent des traits différents selon le sens et l’angle du bec. Pour les lettres romaines, l’angle était de 20˚ à 30˚ : le trait tracé en se déplaçant vers le bas à gauche devient fin et redevient épais en se déplaçant vers la droite. Le diagramme de la figure 2 illustre cette relation.

Figure 2.Influence de l’angle de la plume sur l’épaisseur du trait

Une profonde connaissance de la calligraphie (Mediavilla, 1993) peut donc être très utile lors de la création de police, particulièrement les polices de labeur. Bien qu’elles soient deux formes différentes de l’écriture, les lettres de notre alphabet par- tagent de nombreux éléments structurels et formels : qu’elles soient manuscrites, peintes, gravées ou préfabriquées (typographies) ; elles possèdent une structure ou une charpente commune que nous appellerons lecursusou chemin parcouru par l’ou- til sur le support d’écriture. L’outil possède une certaine forme et se comporte d’une certaine manière pendant ce déplacement, ces deux facteurs déterminent la forme fi- nale du caractère et son contraste. Nous nommerons cela lemodusou la modulation.

Un changement radical dans le sens du cursus des lettres produit un nouvel alphabet, un changement dans leur modus crée de nouveaux éléments dans la famille graphique (gras ou maigre par exemple). L’outil détermine l’ordre des traits (le ductus). Si les

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changements au cursus sont arbitraires, ceux au modus sont systématiques, ils peuvent donc être paramétrés.

Figure 3.Comportement du ductus et sens de la plume

Examinons de plus près le comportement du cursus. Il existe deux genres de traits selon le sens de la plume (figure 3) : les pleins qui glissent vers le bas et sont faciles à dessiner et les déliés qui remontent en poussant la plume sont plus difficiles à tracer.

Les lettres faites de pleins se nomment romaines, leur tracé est interrompu, brisé. Les lettres cursives sont, au contraire, composées de pleins et de déliés reliés entre eux, leur tracé est continu, lié

Figure 4.Exemple d’expansion fait avec une plume pointue

Le modus, pour sa part, est déterminé par la forme de l’outil et par les mouvements pendant son déplacement. La calligraphie occidentale utilise principalement deux ou- tils : la plume large (une évolution du calame) et la plume pointue (qui vit le jour autour du XIesiècle avec les cursives gothiques et devint très courante à la Renais- sance). La plume large est rigide, produit des traits réguliers, centrés sur le cursus, ce que notre équipe appelle latranslation. La plume pointe est souple et fine, elle produit

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des traits d’épaisseur variable, selon la pression appliquée par la main. Nous appelons ceci l’expansion2(figure 4).

Un bon calligraphe parvient également à varier l’angle de la plume pendant le mou- vement de translation ou d’expansion. On nomme cette opération larotationdu bec.

La combinaison de ces éléments donne au scripteur un large éventail de possibilités.

Brossons rapidement ci-dessous un portrait succinct de l’histoire de l’écriture :

1. Antiquité et Moyen Âge : après l’invention de l’alphabet, le roseau et la plume large sont les principaux outils pour la production de texte non gravé.

Paramètres entrant en jeu : transla- tion, pas de rotation.

2. Renaissance :

plume pointue souple, expansion, pas de rotation

2. Ce terme est celui employé par (Noordzij, 2000) auquel nous ajoutons certains aspects qui, selon nous, peuvent compléter son intéressante théorie de l’écriture.

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3. Maniérisme :

plume large ou pointue, translation ou expansion, rotation

4. Romantisme et néoclassicisme : plume pointue souple et angle fixe

5. Contemporain :

outil souple (pinceau), expansion, rotation

On peut définir la typographie comme « l’écriture à l’aide de lettres préfabri- quées » (Noordzij, 2000). Il importe donc peu si ces lettres sont influencées par la calligraphie ou le lettrage. Aujourd’hui, la calligraphie n’a, peu ou prou, pas d’in- fluence sur la typographie, car les techniques modernes (le dessin vectoriel) sont sem- blables au lettrage, à savoir à l’aide d’une suite de traits. Nous voulons parler de ce sujet, et nous ne sommes pas les seuls.

Cette façon de pensée nous a mené à relever un nouveau défi : créer un nouveau système qui respecte ce principe spécial : travailler directement avec des vecteurs et

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% O P C I O N S D E M E N U %%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%

% PARAMETRES GENERALS

true /Umatrix exch def % treballem en unitats matriu 1000:1 (true) 100 /escalaH exch def % percentatge d’escala horitzontal del Cursus 100 /escalaG exch def % percentatge gruix del Ductus

0.05 /gruixEscombra exch def % gruix del vector escombrador

true /capDEscombra exch def % acabat del vector escombrador (punt rodo ) 50 /FactM exch def % percentatge pel marge de pagina

true /AleaDuctus exch def % fem l’aleatori pel Ductus?

1000 /Fresol exch def % factor de resolucio dels valors aleatoris

% PARAMETRES VARIABLES NODE A NODE

%% ... valor en punts tipografics (notacio decimal amb un punt) 5 /GDuctus exch def % gruix del Ductus en aquest node

90 /MINgDuctus exch def % valor minim del gruix del Ductus aleatori 100 /MAXgDuctus exch def % valor maxim del gruix del Ductus aleatori

%% ... Ductus dinamic (gaussianes o exponencials) false /DDinamic exch def % fem el ductus dinamic?

1 /CionsSayes exch def % tipus de funcions: gauss=1 exponencials=0 0.3 /ajagutGauss exch def % factor d’ajagut de la corba de Gauss

%% ... valor en graus, que positius van contrari a les busques

90 /ADuctus exch def % angle del vector del Ductus escombrador en aquest node 0 /MINaDuctus exch def % valor minim de l’angle del Ductus aleatori

360 /MAXaDuctus exch def % valor maxim de l’angle del Ductus aleatori true /TCoLBC exch def % angle en relacio a la tangent del Cursus

%% ... 0 = vector a sota 0.5 = vector centrat 1 = vector a sobre .5 /FMDuctus exch def % desviament del Ductus respecte al Cursus

.5 /MINfmDuctus exch def % valor minim del desviament del Ductus aleatori .55 /MAXfmDuctus exch def % valor maxim del desviament del Ductus aleatori

%% ... valor en punts tipografics (notacio decimal amb un punt) 5 /GDuctus exch def % gruix del Ductus en aquest node

90 /MINgDuctus exch def % valor minim del gruix del Ductus aleatori 100 /MAXgDuctus exch def % valor maxim del gruix del Ductus aleatori

%% ... Ductus dinamic (gaussianes o exponencials) false /DDinamic exch def % fem el ductus dinamic?

1 /CionsSayes exch def % tipus de funcions: gauss=1 exponencials=0 0.3 /ajagutGauss exch def % factor d’ajagut de la corba de Gauss

%% ... valor en graus, que positius van contrari a les busques

90 /ADuctus exch def % angle del vector del Ductus escombrador en aquest node

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non avec des contours. Le résultat est Constructor, un programme qui fonctionne tout en respectant l’esprit de la calligraphie.

7. Constructor

J’ai élaboré Constructor dans le cadre de ma thèse de doctorat en collaboration avec Marc Antoni Malagarriga i Picas qui a écrit l’algorithme en langage PostScript.

Aujourd’hui, deux applications séparées le composent : cursus.psetductus.ps.

Le premier module prend le fichierepscréé par l’utilisateur à l’aide d’un programme de dessin vectoriel comme Freehand ou Illustrator,squelette des glyphes, et analyse le nom bre de traits et de oints de contrôle et les affiche dans un fichierpdfà l’aide de couleurs différentes. On crée ensuite un fichiertxtqui énumère chaque point de contrôle auquel on pourra ajouter les valeurs de paramètres décrites dans la section 6.

Après le réglage de ces paramètres,ductus.psdessine la suite des lignes selon les instructions données par l’utilisateur et crée unpdfcomme résultat.

Après avoir vérifié les résultats de ductus.ps, nous avons produit une interface utilisateur. La première version est un module PHP pour exécution à distance.

Nous sommes actuellement à la recherche de partenaires pour collaborer à la mise au point d’une seconde interface dans un langage de programmation de haut niveau exécuté localement qui serait adapté à Linux, MacIntosh et Windows OS. Nous dési- rons en faire un projet de source libre Open Source parce que nous voulons que tout un chacun puisse utiliser notre système sans restriction.

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8. Exemples

La première étape consiste à tracer le cursus dans un formateps, l’application crée une suite de vecteurs dont le comportement est régi par quelques paramètres (épaisseur, type de contraste, rotation et calage avant enfin de produire le contour, éditable au besoin.

Il existe aussi des paramètres généraux qui régissent certains aspects importants comme les variations horizontales d’échelle.

On peut également modifier l’épaisseur générale.

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Ceci signifie qu’on peut créer une famille de polices entière en quelques minutes.

Il est également possible de changer le contraste :

Le type de construction :

Il est également possible de laisser le programme choisir des valeurs au sein d’un intervalle précisé par l’utilisateur.

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9. Conclusions

La dernière option présentée ci-dessus est très intéressante, car nous opérons ici avec un nouveau concept, plus souple, adapté à l’ordinateur, qui n’imite plus les an- ciennes formes issues de la typographie au plomb. Nous avons effectué d’autres tests pour vérifier s’il serait opportun de faire revivre les caractères en plomb, il nous semble qu’il est difficile de reproduire certaines subtilités3. La facilité d’utilisation du système permet de combiner le monde de la calligraphie et celui du lettrage. Constructor, notre programme, peut être utilisé pour déterminer la structure et la forme principale d’une lettre alors que la finition peut s’effectuer à l’aide d’outils vectoriels. Les changements se font facilement et rapidement sans avoir besoin de redessiner chaque lettre pour en faire une version grasse ou étroite.

Nous avons trouvé ce programme nettement plus facile d’emploi queMETAFONT. Les utilisateurs ne doivent régler que quelques paramètres à chaque point de la struc- ture et ils peuvent la dessiner à l’aide d’éditeurs de graphiques vectoriels comme Free- hand ou Illustrator. Le résultat peut être tracé à l’aide de Streamline d’Abobe ou de tout autre outil similaire et copié/collé tel quel dans Fontographer ou FontLab. Il est donc possible de marier calligraphie et typographie, opérer sur la structure et le contraste à l’aide de Constructor et, ensuite, affiner le contour et d’autres détails.

La production de différentes versions d’une famille de polices est très rapide, plus rapide qu’avec un logiciel de contour. Il est donc possible d’utiliser Constructor pour produire la première version d’un alphabet, pour effectuer des tests et apporter des corrections. Une fois ce travail terminé, la finition peut être accomplie à l’aide de programmes d’édition de polices vectorielles comme FontLab, Fontographer ou Font- Forge en touchant les points terminaux et les BCP des contours.

10. Bibliographie

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3. C’est probablement pourquoiMETAFONTa 62 paramètres !

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Remerciements

Constructor a été créé en collaboration avec Marc Antoni Malagarriga I Picas. Ce travail fait partie du projet Bauer – développé dans notre département – de gestion, stackage, conservation, catalogage et de numérisation de ce qui est l’une des plus importantes collections typographiques d’Europe.

Un grand merci à Vicente Boix Díez pour son aide précieuse pour l’écriture du module PHP, réalisée en collaboration avec Alquimia da Cor, une société de Porto au Portugal.

Nous tenons enfin à remercier Patrick Andries qui a assuré la traduction française de cet article.

Références

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