VUE DU PONT-NEUF,
PRISE DU TERRE-PLEIN
DE LA STATUE D’HENRI IV.
Improvisé,
leaoût 1818, par M.
leM
îsD ****, aveugle.
PARIS.
îBïg,
VUE DU PONT-NEUF
,
PRISE DU TERRE-PLEIN
DE LA STATUE D’HENRI IV, ou
TABLEAU DESCRIPTIF
DES MONUMENS ET ÉDIFICES PUBLICS QUI DÉCORENT LES DEUX RIVAGES DE LA SEINE, DEPUIS LE PONT-NEUF jusqu’au pont de l’école militaire;
SUIVISDE NOTES HISTORIQUES.
Paris àchaquepasoffreunjolitableau.
Mais
celuiduPont-Neuf
esttoujoursleplusbeau.PARIS
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in
2016
https://archive.org/details/vuedupontneufpriOOdmar
AVERTISSEMENT.
Le
j25 août
jjour de l’inauguration de
la statue de Henri IV
,j’éprouvai ce qui ne m’était point encore arrivé depuis que
j’ai eu le malheur de perdre la vue. Je
n’ai jamais autant senti mon infortune que lorsque je fus privé du plaisir de voir cette auguste et touchante céré-
monie
ymon imagination
7
toute occupée de la magnificence que devait présenter ce jour-là le Pont-Neuf
7me faisait aper-
cevoir ce superbe bassin qui domine la statue du bon Henri
7
environnée d’une foule immense empressée
7
et faisant retentir les airs des cris de la plus vive allégresse
;
elle me représentait le Mo-
narque le plus chéri et le plus digne
de l’être
7entouré de toute la population
de la Capitale
7qui s’unissait à lui pour
1
V AVERTISSE ME
IfT.
célébrer un si beau jour. Rempli de ces idées
5
je me trouvai comme inspiré
,
et
je
lisla description suivante
,d’après le souvenir que j’ai conservé de ces beaux
lieux.
J’ai joint à ce petit poëme quelques notes historiques
9relatives aux divers
monumens que je décris.
J e me suis moins appliqué
,dans ces notes
9à rapporter tout ce qui est con- signé dans les divers ouvrages anciens et modernes
?qu’à donner connaissance à mes lecteurs des changemens survenus
?
soit à ces monumens
?soit aux différens
établissemens auxquels ils sont consacrés
aujourd’hui.
t4t\wtvivv\riv\ivn\vi\v\vviklv\\i'ivvi\vivviv\\\vi,YV'i\viiv'irvwm^v^ tv*
VUE DU PONT-NEUF, w
RIVÉ GAU C HÉ*
Q^ueï. cliarme
ravissant!quel tableau séducteur Nous
offredu Pont-Neuf
lecoup-d’œil enchanteur
!Là
,surun
piédestal,est cettenoble image
Où volent
touslescœurs
,
pour
offrirleurhommage Au
plusgrand de nos
rois, ànotre bon Henri
,Le père
desFrançais
, leurmonarque
chéri.Là, nos yeux
attendriscontemplent
cetteplace.
Où de nos maux
passésl’onne
voitplusde
tracerCe
sol,
qui dans
letemps de nos plus grands malheurs.
Fut orné de verdure
et futjonché de
fleurs,Des sentimens du peuple immortel témoignage,
De l’amour pour son Roi
leplusprécieux gage-
(a.)Sublime souvenir
!dans
lecœur de Louis
Tu gravas
lepardon de
toussesennemis.
Oui, l’ame de Louis
a,plus
loinqu’on ne pense.
Chassé de
samémoire
et lecrime
etPoffense
: (3)Déjà du bon Henri
les traitschez lespassans
Ont gravé
le respect,l’amour pour
sesenfans, Et
tous,
en
levoyant
,dans
leurtransportextrême
,
Diront
:vive
leRoi!
toutelaFrance
l’aime-Cri de paix
etd’amour
,
qui
seradésormais Le voéu de
touslescœurs
et lecrides Français.Ilsserallieronttous
autour de
lastatue; Ils
viendront admirer
cettesuperbe vue
^Et
souslemême
toitLouis
arassemble
Les braves devant qui vingt
trônesont tremble
:Tout de Louis-le-Grand
iciprouve
etrappelleL’ame vraiment royale
et lagloireimmortelle
;La
religion,les arts,leshommes
à savoix Semblent
seréunirpour chanter
sesexploits;Et
tandisqu’iltriomphe au milieu des
batailles,Qu’avec magnificence
ilfaitbâtir Versailles,Son cœur reconnaissant
, ettout àsessoldats.Prépare
leurretraite,
au
retour descombats
:Il
veut,
etdans
lecalme
etdans
ladouce
aisance,Faire vivre
etmourir
leshéros de
laFrance
;Il
veut par son amour
,
par
les plustendres
soins,
Des
filsde
lapatrie assurerlesbesoins
;Il
veut que, pour
toujours,son ame
bienfaisanteA
sesvieux
serviteurs puisse resterprésente;
Il
veut
qu’à l’avenir, tout invalideadmis Puisse
dire:Je
doismon bonheur
àLouis.
Ilsle
répètent
tousaux
joursde
leur vieillesse,Et
cenom dans
leurscœurs
réveilleleur tendresse,
Depuis que regardant autour de
leurtombeau
,
Ils
ont de
leursenfans aperçu
leberceau.
Qui peut
sans iutérêt etmême
sans extase,Arrêter
sesregards
surce noble gymnase
,
Où
l’onvoyait
jadis,l’élitedesFrançais Préparer
sajeunesseaux
plus brillanssuccès ?
De
soldats,de héros
,illustrepépinière
!O
fillede nos
rois!Ecole
militaire,
Pourquoi
tonsouvenir
est-ilenseveli ?Pourquoi
tesbâtimens
restent-ilsdans
l’oubli?Pourquoi
n’yvoit-on pas, pour défendre
laFrance
Les
filsde
lapatrie élevés dèsl’enfance?
(
9
)Pourquoi
leChamp-de-Mars
,souillépar
tant d’horreurs,
Ne
sert-ilpas d’arène à de
futursvainqueurs ? Et pourquoi
cesdoyens
favorisde Bellone
,Que couvrent des
lauriers,que
lagloirecouronne,
S’ils
y portent
leursyeux
et leurspas chancelans
,
N y
retrouvent-ilspas
lesjeux de
leursenfans?
Ali!s’ils
y revoyaient une race guerrière
,La mort
seraitplusdouce
àleurheure dernière;
Ils
béniraient
le ciel,dans
leseindu repos.
De
voir croîtreprès d’eux un peuple de
héros. (16)(
*0
>au/mvu^vviivvin/i/
VUE DU PONT-NEUF,
RIVE DROITE»
J’ai
finide
décrireun opulent rivage, Mes yeux
ontterminé
surce bord
leurvoyage Et d’Jéna
lepont
ajoute àmon tableau L’autre
rivesoumise
àmon
faiblepinceau.
Trop mémorable pont
!enfant d’une
victoire !Qui de sang inonda
lespalmes de
la gloire,
Tu
seras àjamais l’immortel monument
,
Et
l’ouvrageimparfait de
l’orgueild’un
tyran. (r)Peut -on
sans s’étonner,parcourir
cetespace
Qu’un
fierusurpateur désigna pour
laplace
Du
palaissomptueux de son unique
fils, Qu’ilcréa
roide Rome
,au milieu de
Paris ?Qui peut,
sans s’indigner,contempler
cesvestiges ,Où pour
lui lesbeaux-arts préparaient
des-prodiges
?(2)
O comble de
sottise! ô projets insensés! Fruitsde
l’ambition,
par
lecielrenversés
,
Vous avez
dévoilé lecrime
etl’imposture*Et
servirezd’exemple
à larace
future.Que
vois-je! destuyaux
élevés etfumeux
M’annoncent de
Perrierl’ouvrage merveilleux.
(5) Plus loin,etsurlesbords de
larianteSeine
,
Sont
ceschamps
fortunésetcebeau
Cours.-la-ReineyDont
lesarbres unis offrentà
touslesyeux Un ensemble
parfait,un
bois délicieux.O Champs Elyséens
!dans vos bocages sombres
On trouve
àchaque pas
,les plusaimables ombres
;Dans vos charmans bosquets, dans
leursjolisdétours
On
voit,ou des amans rêvant
à leursamours
,
Ou
d’autresanimés d’une vive
tendresse,Se prodiguant
tousdeux mainte
etmainte
caresse,
Dont
leschants langoureux
et les plusdoux concerts
De
leurbonheur
parfaitfont retentirles airs.L’Elysée
est, ainsique
celuide
laFable, Le
séjourdu
plaisir,du bonheur
véritable:Pourquoi
lerencontrer près du
lieude douleur
,
Qui
futpour
toutun peuple un
théâtred’horreur
?On
frissonne,on frémit
à l’aspectde
laplace
,Qui du sang des Bourbons porte encore
latrace;Où
périt,
en martyr,
cetinfortuné Roi, Victime de son cœur
etdupe de
sa foi.Cependant aujourd’hui
,la
divine clémence Semble vouloir absoudre
etpardonner
laFrance D’un crime quelle abjure,
etdont
lesouvenir Pénètre
touslescœurs d’un profond
repentir.Loin de nous
cesforfaits!loinde notre mémoire Ce qui peut
effacerou
flétrirnotre
gloire!Combien
d’autres objetspeuvent
larappeler
,Et de nos maux
passésdoivent nous
consoler!Ici brille
à nos yeux ce
palaismagnifique
,Où naguère
éclatal’allégressepublique
,
Quand
le ciel,devenu propice
ànotre
voix,-Nous a rendu Louis
,noble
filsde nos
rois.Là
,s’offrent ànos yeux
,auprès
desTuileries
Les chefs-d’œuvre du Louvre
etde
ces galeriesC 12
)Qui
deshommes de goût
et desamis
des artsFont
l’admiration et fixentles regards. (6)Vous
,Français généreux
!vous
,dont l’ame
attendrieN’a point vu
sansgémir,
lesmaux de
lapatrie,
Qui dans
ees joursde
deuil,dans
cestemps malheureux
,
Vîtes
par
l’étrangerdévaster
eesbeaux
lieux,Venez
lesadmirer
!venez sécher vos larmes
Sivous
n’ytrouvez
plus lagloirede nos
armes,.Du génie
et desarts , etde
ladouce paix
,Vous verrez
lepouvoir
,vous verrez
lesbienfaits; (7 }Vous verrez de
Perraultlessublimes ouvrages
,Admirable modèle
,
honneur de
tous lesâges,Auquel
legoût
,la
grâce
et lasimplicitéOnt imprimé
lenom de
l’immortalité. (8)>Superbe monument que
,dans
laCapitale,Nul ne peut
surpasser,que nul même
n’égale ;Triomphe
desbeaux-arts
, palais
majestueux
,Tu
finisletableau qui
semontre
ànos yeux, Lorsque du
terre-pleinnous portons notre vue
Du
côtéde
Chaillotetde son avenue.
En
traversantlepont, change
alorsce tableau^
Sa couleur
estplustristeetson aspect moins beau
rMais
sison
coloris lerend moins agréable
,Peut-être
,en souvenirs
est-ilplusremarquable.
Que ne
rappellepoint
d’affreux,
de criminel
,
Cette place odieuse
etcetinfâme
hôtel,
Où de
vils assassins, souslenom de communes
,S’emparèrent d’abord de
toutes lesfortunes,
Puis
,àlaFrance en
deuilvoulant
dicterdeslois. S’arrogèrentle trône et lesceptredes
rois! (qr)Trop
cruelsouvenir
,qui
m’irrite etm’enflamme, Eloignez-vous de moi,
n’affligezplus mon
ame
,
(
*3
)-J’abjure toute
haine
ettoutressentiment;
J’aperçois
des Chrétiens
le signeconsolant
; J’oublie,en
levoyant
,lescoupables,
leurs crimes*;Je me borne
à prierpour eux
etleurs victimes.Q temple du Très-Haut
!majestueuse tour, Dont
le faîtes’élèveau
céleste séjour!Et vous
,
pompeuse nef, vous
,superbes portiques
,
De
la religion édificesantiques
,
Vous qui savez braver
larage des autans, Vous
sûtesenchaîner l’audace des brigands
ÿAux peuples
alliés,à
leursnations
entières.Vous avez présenté de
la foide nos pères
L’illustremonument
intactetconservé;
Et des mains des méchans par
le cielpréservé.
Ce monument
sacré,
grâce
àdesmains
divines7Est
resté seuldebout au milieu des
ruines,
Pour prouver
àjamais
àla postérité.Que
toutcède
ici-bas à laDivinité.(io) Qu’aperçois-je! quel
estcetimmense
édifice?L’Hotel-Dieu
:de
Paris c’est leplusgrand hospice. (li)
Là
toutesles vertus,latendre humanité, Des
souffrances,des maux
etde
l’adversité,
Soulagent
ladouleur
,adoucissent
lespeines
,
Arrachent à
lamort des victimes
certaines!C’estlà
que
,par
leurs soins,lesfillesdu Seigneur Font au pauvre souvent, oublier son malheur
,Et portent de ce Dieu qui règne dans
leurame
,
Jusqu’au
litdu mourant
,
l’amour qui
lesenflamme.
Que de
réflexionsetque de sentimens
,
Inspirent aux bons cœurs des
soins aussitouchans!
Quels charmes
n’offrepoint
lesouvenir aimable
De ce que nous devons
àce sexe adorable
,(
4
)Qui dans
sesbrascbarmans nous
reçoitau berceau, Et de
quilabonté nous
suitjusqu’autombeau
!Admirez
,
dans
l’enfance,une sœur près d’un
frère,Devenir chaque
jour l’émulede
samère;
'Çontemplez-îa
plus tard,auprès de son époux, Faisant de
leservirson bonheur
leplusdoux
;Et
lorsquelemalheur
vientaccabler un père
,
C’est
encore une femme, une
fillebien chère Qui volent
aussitôt,
viennent à son secours
,L’aident à supporter
l’ennuide
sesvieux
jours;Et quand
enfinpour
luisonne
l’heuredernière
,
Avec un
saintrespectluiferment
lapaupière.
O femmes
!qui
pourraitne pas vous admirer ? Quel
estl’ingratqui peut ne pas vous adorer?
Vous
êtes des vertusl’exemple
et lemodèle;
L’humanité
doit toutàvotre pieux
zèle,
Et
lebonheur
,le cielque nous appelons
tousDans
lemonde,
toujourssetrouve auprès de vous. (12) Mais aucun
autre objet,aux pieds de
la statue,Ne
vientfrapper mes yeux
nis'offrirà ma vue.
Que
dis-je?cependant du temple de Thémis Je
croisapercevoir
l’antique etnoirparvis':Ce temple, qu’habita de
touttemps
laJustice,Vit
siégerde nos
jours, lecrime avec
levice;Ce
palais,illustré
par
tantde Daguesseaux, Fut
souillépar Timville
etpar
toussesbourreaux.
Au
seinde ce
palais,
dans
ses tristesmurailles
,
Cette
reine,
qui
fut.l’ornement de
Versailles,
De
Paris,de
laCour
etde
tout l’Univers,Languit dans
lescachots
,y sécha dans
les fers. (i5
)O
forfaits! ôdouleur
! ôcrime inconcevable
! SiDesèze
,Séguier
,
dans ce temps exécrable
Avaient, comme
aujourd’hui,présidé
lebarreau,
La France
n’eûtpas vu
naîtreun crime nouveau.
Ah
! sortonsde
ces lieux!....plusde
triste pensée!....J’aifini
mon tableau
,ma tâche
estachevée
;Je ne
vois plusdes
lieuxoù
jeme
suisplacé
,
Qu
espoirpour
l’avenir,dans
l’oublidu
passé.04)
FIN.
DE L’IMPRIMERIE DE M™ VEUVE A G A S
SE
,RUE DES POITEVINS,
N9 6.NOTES
RIVE GAUCHE.
(i)
Ce
Pont, le plus grand et le pluslong de la Capitale, s’étendant sur lesdeux
bras de la Seine, qui ont formé l?îledu
Palais, a étécommencé,
sous le régne deHenri
III, le SiMai
1678.Ce
fut Jacques Andvouet de Cerceau, célébré architectedu
r izième siècle, qui fit les dessins, et eut la conduite de ce Pont.Henri
III,accompagné
de Catherinede
Médicis, sa mère, et de Louise de Lorraine, son épouse,en
posa la première pierre, au premier de Juin suivant.Cet
ouvragedemeura
suspendu par les troubles qui arrivèrenten
ce temps-là. HenriIV
y fit mettre la dernièremain
en 1604, sous la conduite deGuillaume Marchand,
architectede
laville.Ce
Pont est partagé par la pointe de l’ile du Palais, sur laquelle appuyent lesdeux
arches latérales.A
l’extrémitéde
cette pointe fut construit un bastion, au dessus duquel se trouvaitune
plate-forme, ou espèce de place: c’est sur cette place que fut élevée la première statue de Henri IV. Cette statue, d’après l’histoire, a été le premiermonument
général et public de cette espece qu’on ait élevé, dans Paris, à la gloire de nos Rois.La
figuredu
Roi, parfaitement belle, était d’unnommé Dupré
, sculpteur.Le
cheval, que les connaisseurs trouvaient trop gros, était deJean de Bologna
y élève de Michel- jingè. François-Marie de Médicis, premierdu nom, Grand-Duc
de Toscane, en fit présent àMarie
de Médicis, alors régentedu
royaume.La
première pierredu
piédestalfut posée, par Louis XIII, le 2 Juin 1614, et la statue fut élevée le 23Août
suivant.On
avait mis dans le chevalune
inscription en français, où2
C >8 )
étaient marque’sles
noms
desprincipauxofficiersquiassistèrent à l’inauguration.Le
tout ne fut achevé qu’en i635, sous le ministère du Cardinal de Richelieu, qui en ordonna les inscriptions: elles expliquaient les principales actions de ce grand Roi, représentées sur les bas-reliefs qui ornaient ce piédestal.Dans
ceux de la droite, laprise d miens, etcelle de Montrnélian, en Savoie.Ceux
de la gauche offraient les batailles d’Arques et d’Ivry; et, sur le côté qui fait faceau Pont
Royal, l’entrée triomphante de ceMonarque
dans Paris, le 22Mars
1694.Ce monument,
digne du plus grand etdu
meilleur des Rois, en l’honneur duquel il avait été élevé, avaitimprimé un
tel respectpour lamémoire
et lapersonne de ceMonarque
chéri,que nul ne se serait permis de passerdevantla statue de HenriIV, sans la saluer.
On
a vu souventdes Etrangers, ignorant cet usage, forcés par lePeuple
de s’y conformer.A
l’époquedu xoAoût
1792,cettenoblestatuefutrenversée, brisée et entièrement détruite par une poignée de brigands, qui commirent, dans cette fatale journée,les plus horribles excès, dont on a si injustement accusé lePeuple
entier.Lors de la restauration de 1874, la première pensée de Louis-le-Désiré a été de réhabiliter la statue de son illustre aïeul. Lesordres ont été donnés à ceteffet.
En
conséquence,une
souscription a été ouverte pour contribueraux
fraisde
cemonument;
et quatre ans ont suffi pour voir reconstruire avec élégance le bastion, fondre et placer la statue et le cheval que l’on y voit aujourd’hui. L’inauguration de cemonument
a eu lieu, le 25 Août 1818, en présencedu
Roi, de son auguste Famille, de tous lesGrands
duRoyaume, au
milieu d’un concours et des acclamations d’unPeuple immense.
Il y avait autrefois, au bout du
Pont-Neuf,
du côtédu
quai de l’Ecole,un
bâtimentnommé
la Samaritaine, sur lequel était une horloge, dont les rouages allaient par lemoyen
d’une machine hydraulique,qui portait enmême temps
l’eau presqu’au faîte de ce bâtiment.Un
carillon, qu’onne
faisait jouerque dansles grandesfêtes etdansles cérémonies, était adapté à cette horloge.
Ce
bâtiment a été détruit,C x 9 )
lorsqu’on a déblayé,tous lesponts delaCapitale, desmaisons dont ils étaient surchargés.
La
dénomination deNeuf, donnée
à ce Pont, ne vient;pas, dit-on, de ce qu’à l’époque de sa construction, il était neuf,eu égard à ceux qui subsistaient déjà; mais bien parce qu’il a neuf issues. Cette opinion est d’autant plusprobable, que, plusieurs ponts ayant été construits depuis, il aurait,ce semble, dû perdre cettedénomination primitive,pourla laisser
au
pont le plusrécemment
bâti.(2)
Une
chose bien remarquable,c’estque
pendantlestemps
affreuxoù l’on renversait tout ce qui avait traitàlaRoyauté,ou
pouvait la rappeler, on déblaya et nivela, avec soin, lé terre-plein du Pont-Neuf, pour en former un jardin anglais très-agréable.On
avait bâti,à coté de ce jardin,un
très-joli café,appelé Cafédu Pont-Neuf
II s’y rassemblait, presque spontanément, tout ce qu’il y avait de gens honnêtes et bien pensans dans la Capitale. Jamaisaucune
dispute,aucun événement
fâcheux n’a souillé ce café pendant tout letemps
qu’ilasubsisté. Ilsemblait que l’ombre du
bon
Henriveillait, après sa mort, au repos et à la sûreté de ses sujets, dontil avait fait le
bonheur
pendant toute sa vie.(3)
Rien ne
prouvemieux
cette vérité, que laclémence
sans bornes du petit-fils de HenriIV semble
avoir voulu prendre son aïeul pourmodèle
: mais, peut-être, pourrait-on penser que les suites de laLigue
n’avaient pas laissé des traces aussi cruelles que la Révolution française; et que, dès-lors, la clémence de Henri avaitmoins
d’inconvéniens.(4)
Rien
n’est plusbeau
que lavue
du Pont-Neuf. C’est le coup-d’œil de l’intérieur qui frappe le plus l’Etranger.Celte rivière, ces ponts, ces quais magnifiques, ces superbes
monumens
qui les décorent; le
mouvement
qui règne de toutes parts, cettecampagne
riante qu’on aperçoit dans le fond; de l’autre côté, ces tours majestueuses, cette Sainte- Chapelle, cet antique Palais deThémis,
cette affluencede
petits bâtimensquicouvrent lefleuve,etapportent l’abondance
(
20 )
dans cette
immense
cite'; tout contribue à la magnificencedu
tableau, et à la surprise de celui qui le voit et l’observe.(5) L’Hôtel des
Monnoies
a change' plusieurs fois denom.
Il a été d’abord connu sous le
nom
A'Hôtel de Nesle.Pbilippe-le-Bel l’acheta d’Amauri de Nesle, et en fit sa
demeure
en i3o8.Les
Rois, ses successeurs, le donnèrent et l’aliénèrent plusieurs fois : cependant il e'tait toujours revenu à la couronne. CharlesIX
le vendit, en 1671, àLouis deGonzague, Duc
de Nevers, qui le rebâtit en partie- Il devint ensuite l’hôtel deGuénégaud,
Secrétaire d’Etat, qui, l’ayant acheté en i65o, y fit de très-grandschangement.
Depuis il passa entre les mains du Prince de Conti.
M.
de Laverdi, Ministre des finances alors, voyant le dépérissement où étaient les bâtimens qui servaient à la fabrication des monnoies, et ayant fait sentir la nécessité de reconstruireun
liotel où cette fabrication put se fairecommodément,
assigna l’hôtel de Conti, pour y bâtir l’hôtel desmonnoies
actuel. II en confia la conduite àM.
Antoine, architectedu
Roi, dont il avait adopté les projets.La
première pierre de cemonument
fut posée, aunom du
R.oi, le 3 o Avril 1771, par
M.
l’abbe Terray, pour lors Contrôleur général des finances. Depuis cette époque, l’hôtel des monnoiesa pris,sous tous les rapports, un accroissement considérable.Des hommes
du plus grand mérite, attachés à cette administration, en ont perfectionné toutes les parties.Dans
cenombre, on doit compter, avec autant de raisonque
de justice,M.
leBaron
de Puymau.rin, Directeur aujourd’hui de la-monnaie
des médailles, etMembre
de laChambre
desDéputés, danslaquelle ilse distinguechaquejourdavantage, par sou opinion, digne d’un véritable ami du
Roi
et de la Patrie. Depuis lamême
époque aussi, lesbâtimens de l’hôtel de lamonnoie
ont été fortaugmentés
et embellis.Un
des objets qui se fait le plus remarquer dans cette enceinte, est le salon à l’italienne, où a été placée lacollection précieuse de minéralogie donnée parM.
Lesage.Ce
savant Professeur a fait longtempsson cours de chimie dans ce cabinet, oùsont réunis tout cequelegoût etl’éléganceont deplus recherché.(
31
)(d)
Cet
établissementdoitsonnom
au Cardinal de Mazarin, qui, n’ayant pu faire exécuterlui-même
le projet qu’il avait forme' d’élever un collège en faveur de soixante gentils-hommes
despaysrécemment
conquis, stipuladans sontestament que, sous lebon plaisirdu
Roi, il seraitfondéun
collège, sous le titre deMazarin
,pour soixante gentilshommes;savoir,tant de Pignerol et de sou territoire, que del’Etat ecclésiastique d'Alsace, pays d’Allemagne, de Flandre et de Roussillon; ce qui a fait donner, à ce collège, lenom
desQuaiïe-Nations
. Il a été fondé, en 1661, par François Dorbay, sur le dessin de LouisLe Vau.
L’architecture en est noble et simple;mais elle porteavec elle
une
preuve évidente decettevindicte à laquelle se livrait quelquefois le Cardinal Mazarin, et qui n’est presque jamais étrangère aux plusgrands-hommes.
On
prétend que lesdeux
pavillons de cemonument,
qui avancent et déparent le quai, ont été faits dans l’intention decacher, àl’hôtel deConti, lasuperbevue
dontil jouissait.Ce
collège a changé plusieurs fois de destination depuis sa fondation; et, depuis la dernière restauration du Louvre, qui a forcé d’enfaire sortir lesdivers artistes qui l’occupaient, ce collège estdevenu
le palaisdes sciences et des arts. C’est là que siègent maintenant l’Institut et l’Académie française;c’est là qu’exposent,tous les ans, les concurrens
aux
grands prix de peinture et de sculpture; c’est là, enfin, que leGouvernement donne
de:,logemens
àceux
dont il veutrécompenser
les talens et le mérite distingué.(7)
Le Pont
des Arts est'sans contredit le plus agréable de la capitale, à l’usage des piétons. Il a remplacéun bac
dontlepassageétait fortincommode,
etquelquefoisdangereux.Il a été bâti, en 1804, sous la direction de
M.
Dillon, ingénieur en chef.Ce
pont afait, pendantdeux
ans, lapromenade
des soirées de l’été, la plus à lamode
et la plus suivie,Quelques
jardiniers avaient eu l’idée d’y placer, tout le long et desdeux
cotés, des orangers; et, dans le milieu,deux
serres, qui, eu hiver,comme
en été, se trouvaientabondamment
fournies des fleurs les plus belles, les plus rares et les plus
( 22
)odorantes.
Des femmes
charmantes débitaient, à la foule, les bouquets de leurjardin.Tout
lepontétaitcouvertde chaises, occupées, dès le soleil couchaut, par tout ce que Paris offrait de plus aimable et de plus galant, tant enhommes
qu’enfemmes. Le fameux
glacier Garchi avait établi, àun
des bouts du pont, un café, d’où sortait ce qu’il y avait de plus exquis et de plus recherché.Des
candélabres élégans, qui portaient des lanternes plus élégantes encore, ajoutaient, pendant la nuit, au coup-d’œilmagique
de ce pont.Une
harmonie enchanteresse charmait, tous les soirs, les oreilles des promeneurs.De
semblables plaisirs auraient eutropde prix,s’ilsavaient été sans danger• mais une multitude de maladies graves et de morts inattendues, ont forcé le Public d’abandonner cettepromenade;
et l’autorité,même
s’est vue obligée de la dé- fendre. Depuis lors, ce pont n’a conservé que l’agrément et l’utilité auxquels il avait été destiné,(8) L’Hôtel de laPolice générale est devenu,aujourd’hui, celui du Ministre de l’intérieur. Cet hôtel, qui se trouve presque vis-à vis du pont des arts, était jadis celui de la
fameuse Duchesse
de Mazarin, dontou
y voit encore le boudoir.(9)
Dans
son dernier voyage à Paris, Voltairedemeura
chezM.
le Marquis de Villette; et l’onaprétendu que, depuis cette époque, jusqu’au jour oùle convoi du Prince deCondé
est passé devant cette maison,*l’appartement qu’avait occupé ce célèbre écrivain, n’avait jamais été ouvert,
(10)
Ce
Pont, connu primitivement sous lenom
dePont de
Bois,
ayantété emporté par le dégel de 1684,Louis
XIV
ordonna qu’on en bâtit
un
en pierre, en cemême
endroit, et qui fût digne de la magnificence de son règne.La
pro- fondeur et la rapidité de laSeine, en, ce lieu,ayant présenté de nombreuses difficultés pour la constructiondu nouveau
pont, le Roi fut obligé de faire venir le Frère FrançoisRomain,
religieux dominicain, qui venaitde mettrela dernière(
23
)main
h. la première archedu
pont deMas
trielît* ce qui lui avait mérite'une
granderécompense
des Etats de laHol-
lande.Ce
Religieux,arrivé à Paris, au mois de Janvier i683, après avoirexaminé
les difficultés, et en avoir conféré avec JulesHardouin
Mansard,. alors premier architecte du Roi, et avec Gabriel, architecte etentrepreneur de tout l’ouvrage, se chargea de la construction de ce pont, et le conduisit à la perfection où nous le voyons aujourd’hui, Jules Hardouin.Mansard,
en ayantdonné
le devis, il estprésumable
qu’ildonna
aussi le dessin de ce pont.La
première pierreen
fut posée le 2:5 Octobre i685.On
encastra,dans le massif de la première pile,du
côté du château des Tuileries,uue
boîte de bois de cèdre, recouverte d’une autre boîte de.plomb,
dans laquelle on avait enfermé i3 médailles, dontdouze
d’argent, et la treizième d’or,marquant
chacuneun événement mémorable
du règne de Louis-lé-Grand. L’archi-„tecture de ce pont n’est remarquable
que
par sa simplicité et sa solidité.(xi) L’Hôtel dès
Gardes-du-Corps
était, avant la révolu-.Bon, le
Bureau
des Voilures dites de la Cour. (C’est ainsi qu’on appelait les voitures qui couduisaient de Paris à Versailles, et qu’on avaitsurnommées
potsde
chambre.').Une
vaste cour, autour de laquelle étaient de grandes, remises et écuries, composait tout l’édifice de cet établisse- ment. Lorsque les privilèges ont été détruits, et les voitures de laCour
supprimées, par. l’anéantissement de laCour
elle-même, ces remises et écuries ont été transformées en casernes,à l’àidede quelques changemens. Lorsque Buonaparte organisa sa garde, il fit de grandes augmentations à ces ca- sernes, et y établit le corps des chasseurs à cheval de la garde.A
l’époque de la restauration, les gardes-du-corpsdu Roi
y furent casernes; et ce fut pour lors que cet hôtel éprouva les
changemens
qui l’ont mis dans le bel état où on le voit aujourd’hui.(12) L’Hôtel de la Légion d’honneur appartenait, avau, la révolution, au Prince de Salm, dont il portait le
nom. Cet
(
24
)hôtel , bâti avec
beaucoup
de soin, etune
espece de magnificence qui lui a mérité longtemps le titre de Palais, pécbe surtout par le défaut de n’avoir point de jardin, et par la constructionmesquine
des galeries qui environnent la cour, et qui ne sont fermées, au dehors, que par des grillesde
fer, dont l’extrémité est en pointe de hallebarde.(13)
La Chambre
des Députés a subi, depuis son éta- blissement,une
multitude de changemens.Les
gensde
goût et leshommes
de l’art ont successivement trouvé de grands défauts à toutes les variations qu’a éprouvées cemonument.
L’ordre de l’architecture qui Tègne dans son pé- ristyle, en face du pont LouisXVI,
paraît, aux connaisseurs, être le meilleur de ceux dont on a fait usage, à diverses reprises, pour cemonument.
La Chambre
des Députés faisait partie, jadis, du palaisdu
Prince deCoudé
; et la porte, quidonne
sur la placeBourbon,
était autrefois la porte principale du palais.(14)
Ce
palais, élevé,en 1722, par ordredeS. A.S.Louise Françoise de Bourbon, Princesse légitimede France,Duchesse
de Bourbon, futcommencé
sur les dessins de Girardin,con- tinué sur ceux de l’Assurance, et fini par Jacques Gabriel.Cet
édifice, bâti â la romaine, n’a qu’un rez de-chaussée.Tout
yannonce un
air de grandeur et de magnificence.(15) Louis
XIV,
voulant donnerun nouveau
degré de splendeur à son règne, en faisant élever, en faveur des militaires pauvres, âgés et blessés, unmonument
digne de sa grandeur et de sa piété,donna
ses ordres pour l’acqui- sition d’un terrein convenable, et affecta les fonds néces- saires pour les édifices et pour la dotation de cet établisse- ment, par arrêt de son Conseild’état, du 12Mars
1670.Les fondemens
eu furentjetés le 3oNovembre, de lamême
année.Ce monument,
qui suffirait seul pour rendre immortelle lamémoire
de ceMonarque,
tant par sa grandeur que par sa magnificence, estun
asile honorable et sûr pour les officiers et soldats blessés et hors d’état de servir.Les
travauxen
(
25 )
furent diriges par Libéral Bruant. Il en fittous les dessins, excepté ceux de la nouvelleEglise, dont le portail estdune architecture remarquable.
On
voit, au milieu du fronton, le cadran d’une horloge à équations qui attire les regardsde
tous les vraisconnaisseurs. L’intérieur de l’église estnoble et simple; mais l’objet le plus digne d’admirationest ledôme.
Louis
XIV
eutune
espèce de prédilection pour l’hôtelroyal des invalides.; il s’y transporta souvent; c’était son objet favori, et il voyait avec complaisance l’Europe y applaudir.Il conserva ces sentimens jusqu’audernier soupir,etil voulut
même
eu fairemention
expresse dans son testament.\
oi<icomme
s’exprime ce Prince à ce sujet : « Outre les diffé- rens établissemens que nous avons faits pendant le cours de notre règne, il n’y en a point qui soit plus utile à l’Etat que celui de l’hôtel royal des invalides. Il est bien justeque
les soldats, qui, par les blessures qu’ils ont reçues à la.guerre, ou par leurs longs services, oti leur âge, sont hors d’état de travailler et de gagner pour vivre, ayent
une
subsistance assurée pour le reste de leurs jours. Plusieurs officies, qui sont aussi dénués des bieus de la fortune,y
trouvent aussiune
retraite honorable. Toutes sortesde mo-
tifs doivent engager le
Dauphin,
et tous nos successeurs,à
soutenir cet établissement, et à lui donnerune
protection particulière.Nous
les y exhortons, autant qu’il est en notre pouvoir. »La
coupole est de la forme la plus élégante et la plus majestueuse enmême
temps.Les
peintures, qui sontdu
célébréLebrun,
sont d’un effet étonnant, et passent pour le chef-d’œuvre de ce grand maître.Cet hôtel, depuis la mort de son fondateur, a reçu
beau-
coup d’accroissemens, et différentes organisations intérieures, toujours profitablesaux
Braves qui l’habitent LouisXVI
II,animé
desmêmes
sentimensque
lesRois,ses prédécesseurs, vient d’en embellir toutes lesavenues,et de prolongerl’espla-nade
jusqu’au bord de la rivière; ce qui contribue infiniment à rendre, les approches des invalides, aussi agréables pourceux
qui vont les visiter, qu’à ceux dont cet hôtel est lademeure.
(26)
(i6)L’Ecole militaire, un des plus grands et des plus
Beaux monumens
de la capitale, fut construit, en ï75i, par ordre de LouisXV,
sur les dessins de Gabriel, son premier architecte.Fespérauce de quantité de familles nobles, que l’i for
une
mettait hors d’état de donner, à leurs enfans, une éducation convenable aunom
qu’elles portaient.L’édit de fondation, du mois de Janvier 1 7
5T
, porte qu’il est destiné pour recevoir 5co jeunes gentilshommesnés sans Bien. Cette
j
une
noblesse trouvait, dans cet établissement^les
moyens
de cultiver tous les talens.On
leur apprenait les principes de l’art militair’, la tactique, les exercices et les opérations pra iques qui en dépendent,ainsi que lessciences sur lesquelles ils sont fondés.Des
maîtres habiles en tout genre; des directeurs,recommandables
par leurs mœtirs, leur ouvraient sans cessele chemin de la vertu,,de l’honneur,des sciences et des arts.Cet établissement, qui fera à jamais- la gloire de notre siècle, et dont la posiéiité la plus reculée sentira toute l’importance, a été,
comme
tousceux
de ce genre, victimede
notre affreuse révolution.L’Ecole militaire, ainsi que ïe
Cbamp-de-Mars
, ont été les témoins et le théâtre desévénemens
les plus étonuans, et des cérémonies les plus singulières. C’est là qu’on a vu, eu 1789, toute la population de Paris se porter spontané- ment, et former, dans trois jours, les- talus qui environnent cette place. C’est làque
s’est passée, lamême
année, cettemémorable
Fédération qui préluda tous nos malheurs. C’est là que fut célébrée, plus tard, avec la plus grandepompe,
sur un autel dont on n’a point vu de semblable, la dernièremesse
qui a été chantée en public, et qui fut aussi la dernière d’un Prélat qui,, depuis sécularisé, s’est toujours distingué dans la carrière diplomatique. C’est là, qu’en 1792, futimmolé,
de la manière la plus horrible, l’illustre etmalheureux B
illy,que les erreursde cette époquedésastreuse conduisirent à l’e'chafaud. C’est là que le Directoire fitCe Monarque
, en formant cet établissen donner des défenseurs à la patrie, eut en vtfait pour e ranimer
première exposition des objets d’industrie et des arts, qui se renouvellent aujourd’hui, avec tant de succès et d’améliora- tions, sous
un Monarque uniquement
occupédu
bien de ses sujets, et d’encourager leurs succès. C’est là, enfin, que, pendant les cent jours, se tint lafameuse
assembléedu Champ
deMai,
qui devaitterminer le règnede Buonaparte.Fin des Notes de la Rive gauche
.NOTES
R
IV E DROITE,
(1)
Le Pont de
l’Ecole militaire fut bâti sous îe règne de Buonaparte; et î’e'poque klaquelle il futcommencé,
étant celle où fut remportée lafameuse
victoire d’Iéna, cenom
lui lut donné. L’architecte qui en a fourni les dessins, et conduit les travaux, est
M. Lamandé,
ingénieur en chef.Ce
pontaété bâti en 1809.Lors de la seconde entrée des Alliés, les Prussiens, ja- loux, sans doute,
du nom
que portait cemonument,
et qui leur rappelaitune
journée qu’ils voudraient pouvoir effacer des fastes de leurhistoire, tentèrent deminer
les archesde
ce pont, afin de le faire sauter. Mais la sagesse duRoi,
et l’esprit noble et conciliateur des autres Souverains, firent cesser cette tentative inutile et périlleuse; puisque la des- truction du pont d’Iéna n’eût pas fait oublier la victoire immortelle des Français; et,d’autre part, eût risquéde porter,, toute la population de la capitale, à des excès qui seraient- retombés, d’une manièrecruelle, surles coupables.
(2)
En
face du pont del’Ecole militaire, Buonaparte, à qui rienne paraissaitimpossible, etpour qui toutce qui était diffi- cileavaitunattraitparticulier,imagina defaire éleverlepalais de sonfils,qu’ilavaitsurnommé Roi
deRome. Eu
conséquence,ilfitachetertoutes les maisons et tous lesterreins qui s’éten- daient depuisle grandchemin, jusqu’à la terrasse deChaillot;
il détruisit lesplusjoliesmaisons deplaisance quidonnaient
un
charme
inconcevableà tout ce quartier;etilmarqua
cet endroit, poury faire les bâtimens etjardinsdu
palaisqu’il se proposait d’édifier.Le
voisinage delapompe
àfeuluiassuraitlesmoyens
deseprocurer fontesles eauxnécessaires àfutilité'dupalais et àPagre'mentdes jardins.
Tous
les artistes et leurs talens furent mis à contribution, pour donner leurs dessins.Aucun
n’avait été encore adopté, lorsque Buonaparîe futrenversé de sontrône'éphémère.On
parle aujourd’hui dedeux
projets difFérens; l’un aurait pourobjet,debâtir, aumême
lieuetplace,une caserne pour la garde royale; l’autre, de faireune
percée jusqu’au Boulevart neuf, et de trouver ainsi lemoyen
de réunir les Boulevarlà extérieurs desdeux
rives.(3)
MM.
Perrier,frères,sont les premiers qui ont introduit lesPompes
à feu, dont Paris recueille tous les jours tantde secours etd’avantages;ilsoutcédé leur entreprise àune Com-
pagnie à laquelle nous empruntons ladescription exacte etdé- tailléede cetutile et
mémorable
établissement.a
Chaque machine
estcomposée
d’une grandechaudière,ou
bouilloire,de seizepieds huitpouces de diamètre, qui contient toujoursune
grandequantitéd’eau enébullition.La
vapeur,que
le bouillonnement de l’eau produit sans cesse, est destinée à passerdans uncylindrede cinq piedsde diamètre, posévertica- lement, etgarni d’un fort piston.Deux
soupapes,qui s’ouvrent alternativement,parlejeudelamachine,font-,entrer,avecvio- lence,oudessus,ou dessouslepistonrenfermé dans lecylindre, autantde vapeurqu’il eufaut,pourluiimprimer unmouvement
de haut en bastrès-rapide, etdanstoutelalongueurducylindre quilecontient.Chaque
foisque
le piston est remonté au haut de sacourse,une
injectiond’eau froide,subitement lancéeau
dessous de lui par la machine, et dans la vapeur dilatée, la condense aussitôt, la détruit, et produit un vide parfait dans tout l’espace occupé parla.vapeur: aumême
instant, une va- peur nouvelle, induite clans la partie supérieure du cylindre,appuyé
sur le piston, et le fait descendre avecune
force,une
puissance égale àunpoidsde plus detrente milliers.<x
Le
.pistonmarche
ainsi dans le cylindre, alternativement,de hauten bas,etde bas enhaut, sansterme etsansarrêt,tant quelefeudela chaudièreytient lefeuenébullition, etfournit delavapeur,quiesticileseulagentd’un
mouvement
quenulle(3o)
autre force connue ne pourrait donner à la machine : tout le reste est facile àcomprendre.
«
Ce
piston,quimonte
etdescend danslecylindre àvapeur, est attaché à l’extrémiié d’unbalancier très-élevé sur son axe, et dontlejeu del’eauimprime,à son autre bout,lemouvement
à unepompe
devingt-sixpouces dediamètre, et dehuit pieds quatrepouces de levée,dontle piston aspire l’eau du fonddu
bassin qui Ja reçoit de la rivière.«
Le même
balancier, par sonmouvement
alternatif, ouvre et fermelessoupapes, quipermettent ou empêchentl’introduc- tion de la vapeur dans le cylindre;ilyfait aussi lancer l’in- jection d’eau froide qui produit le vide; ilrestitue, enfin,à la chaudière, autant d’eau qu’elle en perdparl’ébullition et l’in- troductiondelavapeur danslecylindre: ensortequela
machine
n’abesoinqued’un seulhomme,
pour en alimenterlefourneau»Elle donne huit à dix impulsions par minute, qui produisent chacuneprèsdequatremuidsd’eau.Cette eauestfouléeparla
pompe
qui l’élève dansun
vaisseau cylindrique et plein d’air comprimé,qui laforce, à son tour, de monter dans lesréser- voirs,àtroiscent soixantetoisesdedistance,età cent dix pieds d’élévationaudessus des basseseaux delaSeine, parun
tuyau deconduitedevingt-deuxpoucessixlignesde diamètre,commua aux deux
machines.«
Chaque machine
élève et fait monter, en vingt-quatre heures, environ quatre mille pieds cubes d’eau, pesant vingt- huit millions, huit cent millelivres, etcomposant quarante-huit mille,sixcentsmuidsd’eau dansles réservoirs construits sur le haut delamontagne
deChaillot; etc’estleur élévationde cent dix pieds, quipermet
à laCompagnie
dedonner del’eaudans touslèsquartiersde Paris,sans exception.«
Ces
réservoirs, aunombre
de quatre, ont chacun trente toises de longueur,dixde largeur,neufpiedsdeprofondeur, et contiennent dix-huit cents toisescubes d’eaudeSeine,ou les quarante-huit mille, six centsmuids
d’eau, dont nous avons parlé. L’ona faitquatre réservoirs exprès, pourpouvoir clari- fier l’eau, en la laissant déposer, avant de l’offrir au public.Ainsi, il y a toujours,au moins,
un
réservoir qui s’emplit,un
qui dépose,un
qui fait le service, etun
qui peut être en( 3i
)réparation. L’on a
même
prévu le cas, presqu’impossible,où
les quatre réservoirs auraient besoin d’être réparés enmême
temps; un
embranchement
de tuyaux à robinetfaitcommuni-
quer la grande conduite, quimonte
l’eau des machinesaux
réservoirs,aveccelle de distribution; demanièrequ’au besoin,il serait facile de donner de l’eau àParis, sanslafaire entrer dansles réservoirs.
Ces
quatre bassins sont enduits d’unmasticextrêmement
uni, qui laisse apercevoirlesmoindresfenîps,ou
gerçures,par où l’eau pourraits’échapper, et qui nepermet
àaucune
plantedes’attacheraux
paroisdes bassins- Ilssontéle- vés dedeux pieds,les uns au dessus des autres,pour en faci- liter lenetfoyement.Quoique
lesdeux
machinesfussentfaites poursesuppléer, en casderéparations, on anéanmoins eu l’at- tention de donnerassez de diam<tre au tuyau quimonte aux
réservoirs, pour pouvoir les faire marcher ensemble, enun
be*- soin extraordinaire,comme
seraitun
violent incendie. »(4)
Les Champs-Elysées
étaient,depuis longtemps, la pro-menade
laplus champêtre etlaplusagréable de Paris; et c’est bienàjuste titre qu’on leur avaitdonné
cenom.
À
l’époque de l’occupation, les Anglais établirentun camp
dans les charmans quinconces de l’Elysée. Les piquets des tantes, l’attache des chevaux aux arbres,abymèrent
ceux-ci àan
tel point,qu’onaété obligéd’en arracher une grandequan-
tité.
On
vient, dans cemoment,
de changer absolument tout le dessinde ces lieuxde délices. O11 y a établiunnouveau
grand chemin,du
côté des maisons.On
a percé de grandes allées, faitde nouvelles plantations;et on se propose, dit-on,d’ybâtirdouze
pavillons uniformes, qui servirontaumême
usagequeles différentes maisons,en pierresou en bois, éparses aujourd’hui dans toute l’étendue désChamps-Elysées.
Quelqu’agréabiesque
puissentêtreceschangemens,
nous doutons qu’ilsayent lesmêmes
charmesque
ceux dont jouissait,auparavant,cette pro-menade
délicieuse.{ 5)
La plume
se refuse à tracerencoreletableau de cethor- ribleévénement.,iNous nous bornerons à direque
c’estpresque( 32
)à laplace ox'i son?- aujo-flrd’huiles
deux
chevaux deMarli,que futimmolé
lemeilleurdetouslesRois.(6)
Le
Louvrese distingue en vieux etennouveau.Le
vieuxLouvre
futcommencé,
en t52S, sons lerègne de FrançoisI.er,
sur les dessinsde Pierre Lescot,ditabbé de Cia ni.
Ce
palais futcontinuéetornéde sculpturesparle célèbreJeanGougeon,
sousHenri,filsdeFrançoisl er.
La
grandegalerie,qui joint leLouvre
aupalaisdes Tuileries,futcommencée
sousCharles IX.Henri
IV
la continua jusqu’au premier guichet; LouisXIII
jusqu’au second,etLouisXIV
latermina.Un
quatrièmeguichet,nommé
guichet de Marigni, a été fait pourcommuniquer du
Carrousel auLouvre. LouisXIII fit élever, sur lesdessins deLe
Mercier,legrospavilloncouvert endôme,
ou coupolecarrée, donnantsurlaPlace duLouvre,dontlerez-de-chaussée estun
grand vestibule, orné de deux rangs de colonnes couplées, d’ordre ionique, dont la face intérieure représente lesgrandes figures cariatides,chef-d’œuvre de Sarrasin, qui soutiennentle fronton.(7)
Tout
lemonde
pensait,après la secondeetcruelleinva- sion,que ce Musée,la gloire et le triomphede nosarts, était anéantipourjamais;et quiconqueavu,danscestempsaffieux, l’horrible dévastationcommise
dans celte enceinte,ne peut pas croire, aujourd’hui, qu’il ait fallu si peu detemps
pour la réparer.Ce Musée,
jadis orné de nos trophées,et couvert des chef-d’œuvres étrangers,est aujourd’hui rempli des plusbeaux
ouvrages de toutes les écoles, et particulièrement de l’école française. C’est surtout au zèle, aux connaissances et aubon
goûtde M. leComte
de Forbin,directeuréclairé de cemagni-
fique établissement,quel’on adûsaprompteetsuperberestau- ration. Non-seulement,on ne s’aperçoit plus du videimmense
qu’avaitlaissé l’irruptiondes AlliésdansceMusée;
mais, encore, ceux qui viennent le parcourir,semblent yadmirer autant la richesse et l’ordre quiy régnent,quele savoiret le talent qui lesy aintroduits.(8
)
Le nouveau Louvre
a été construit, en ï665, sous le rè^ne de LouisXIV.
LouisLe Vau,
son.premier architecte,(
33 )
etFrançois
Dorbay,
sonélève, ont fait exécuter la façadedu
côtédeSaintGermain,
sur les dessinsdeClaude
Perrault,que
ce chef-d’œiivré a immortalisé.Toute
cettefaçade, del’aspect leplusgrandetle plusimposant, formeleplusmagnifiquemor-
ceau d’architecturequ’ilyait en Europe.Ce monument
étaitresté imparfait;etlasageéconomie denos Rois,ne
leur avaitpas permis de sacrifierdessommes
considé- rablespour sou achèvement. Buonaparte,plusheureux
dansses follesconquêtes, plus hardidans ses entreprises, en afaitcon- tinuerlescoustruclions, etregratterlapins grande partie. Il acommencé
lagalerie parallèle à celledu Musée,
et l’a poussée jusqu’àlarue S.Nicaise.Depuis
la restauration,toutes les fa- çades, toutl’intérieurdelagrandecour, ont ététerminées,leur grattementcontinué, et ladistribution intérieure des bâtimens poursuivie avecbeàucoüp
d’activilé.Un
guichet de plus a été ajouté àlagalerie parallèlecommencée;
ettoutprésageque
ceS travaux ne seront pasabandonnés
jusqu’à leur entière per- fection.(9) L’Hôtel-de-Ville, connu, eni357,sousle
nom
deMaison
de Grève,à raison, sans doute,de sa situation surîebord de la Seine, a reçu plusieurs dénominations. L’histoire rapporte qü’elle futd’abord appeléeMaison
de Grève; puisMaison aux
Piliers; et, en troisièiüe lieu,Maison aux
Dauphins, parce qu’elle avait étédonnée aux deux
derniersDauphins
viennois.N’étantpoiut assez vaste pour remplir l’objet auquel elle était destinée,oul’agranditconsidérablement, eh ïS32,souslerègne
de
FrançoisI.eï, en achetant plusieurs maisons qui se trou- vaient dans le voisinage.
La
première pierredu
nouvelhôtel- cle-villefutposée,le i5 Juilleti533, par PhilippeViole, alors PrévôtdesMarchands
: mais ^ordonnance en ayant paru go- thique,ou en reformaledessin.Le nouveau
plan, tel que nous levoyonsaujourd'hui,futprésenté àHenriII,àSaint-Gerhlain-en-Laye:
approuvé parcePrince,lestravauxcommencèrent,
etne
furentterminésquedixans après,Sousla prévôtéde Miron, eu i6o5. Souarchitecturen’annonCe pas merveilleusement son auteur.Les
travaux furent dirigés par Gortone, architecte italien.3
( 34
)Depuis cetteépoque, Phôtel-de-ville a éprouve'
beaucoup
de changemens; et,récemment,
lorsqueBuonapartevoulut y placer la Préfecturedu
Département,qui yestmaintenantétablie, on détruisit l’églisede Saint-Jeanquis’ytrouvaitadossée,et onen
fit lejardindelaPréfecture, qui existemaintenant. Cetterépa- ration a
beaucoup
contribuéà lasalubritéde ce quartier, très- étroit ettrès-obstruéauparavant. Mais cet embellissement est encoreloin d’avoir donné,àl’bôtel-de-ville, ni ladignité ni la magnificencequedoit avoirlaMaison commune
d’une capitalecomme
Paris.(ïo)
Ce Temple,
leplus vaste et leplusmagnifique desmo-
ïiumens,construits dans le goût arabe, en Europe, a été bâti, sous le règne de l’Empereur ValentinienI.er
,en l’an365, sur les débris d’un autel,érigé, enplein air,à Jupiter, àVulcain,
à
Castor et h Pollux, par lesCommerçans
de Paris, sous le règne de Tibère. Il futprimitivement dédié à Saint-Etienne.Childebert,fils de Clovis,lefitréparer l’an522,et l’augmenta d’une nouvelle Basilique, qui fut dédiée à
Notre-Dame.
C’est sur lesfondemeus
de cesdeux
églisesqu’a étécommencée
la Cathédrale d’aujourd’hui, sous le règne de Robert-le-Pieux,fils de
Hugues
Capet.Son
plan,vaste etspacieux,fitemployer prèsdedeux
sièclesà saconstruction,quinefutterminéequ’en ii85,souslerègne dePhilippe-Auguste.Ce
temple a éprouvé,dansle temps de larévolution,beau-
coup dedégradations. Plusieurstombeaux
magnifiques, qui 1s décoraient, ont été démolis; la statue équestre de Fhilippe- le-Bel,qui se trouvait à lagauche del’autel, enaétéenlevée.Le
jubé, qui fermaitlechœur,etdont l’architectureétaitremar- quable, a disparu.Les
grilles des chapelles, dont plusieurs étaientd’un travail parfait,ont été arrachées. Enfin,lesstatues religieuses,dontétait couvert et ornéle portail, ont été horri-blement
mutilées.Dans
les derniers temps, ces dégradations ont étésuccessivement réparées; tous lespourtours dela Basi- lique ont étédéblayésdesbarraquesetdeséchoppesindécentesqui la déshonoraient.
Le
.palais archiépiscopal, quicommunique
à cette e'glise,a reçud’utiles etconsidérableschangemens.En un
mot,l’ensembleC 35
)de ce
monument
est, encoreune
fois,devenu
digne du culte auguste etsaintauquelil est consacre'.(ri) L’Hôtel-Dieuae'tëfonde,hcequ’oncroit,parS.Landri,
Evêque
deParis, versl’an 660.On
l’appelal’Hôtel-Dieu-Saint- Christopbe, dans la suite,comme
il paraît parune
lettre deRenaud, Evêque
de Paris,de l’an ioo5. Depuis lors,tous les Rois, qui ontsucrédé, etparticulièrement S. Louis, ontcomblé
de biens, etconsidérablementaugmenté
cethospice.Henri IV y
fitfairebeaucoup
dechangemens,
et ledotaaveccettemagni-
ficence,vraimentroyale, quile caractérisait.Depuiscebon
Roi, Ses successeurs ont tous imité son exemple. Enfin,de nos jours, lesbâtimens de cethôpital ontété presque entièrement recons- truits.Tout
ce quiles environnait, en interceptait l’air,a été démoli; lenombre
des lits a été pareillement augmenté;un
grandnombre
a étéfaiten fer.Un
très-bel amphithéâtre,cons- truit pour la clinique de cethôpital;tout ce que laFaculté &d’hommes
célèbres,est attaché à cet hospice, etdonne
les.soins- les plustouchans,lesplus exacts,aux
infortunés,quedesmala-
dies etdes accidensfâcheuxyconduisent. Rien,n’estplusdigue d’attention,de respectet de reconnaissance,.queles soins atta- chans avec lesquels lesDames,
qui desservent cet hôpital, portent des secours journaliersaux
malades..Rien
n’est plus édifiantqueleur conduite, niplus touchantquelapatienceavec laquelle elles supportent tout ce que la douleur arrache sou- ventaux
infortunés qui les entourent. Plusieurs d’entre elles sortentdesmaisonslesplus distinguées, etpresquetoutesdela meilleure bourgeoisie de la Capitale.Rien
ne prouvemieux
toutl’empire et lecharme
de la vertu,queladouce hilaritéqui régne sur la figure de ces pieuses et respectablesDames, au
milieu delaviepéniblequ’elles ne cessentdemener.
(12)
Qui
pourrait se refuser àaccorderaux femmes
la justiceque
jeleurrendsici?Quel
estl’homme
qui, dans savie,n’a pas éprouvé,quelevéritablebonheur ne
setrouvequ’auprèsd’elles,La femme
vertueusefaitla félicitédesonépoux
:labonne mère
est la bénédiction et l’Ange gardien de sa famille: la bonnes fille est la joie,laconsolation de ses parens, etl’appuideleur