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«On peut réduire les pesticides sans nuire à la productivité»

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Academic year: 2021

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“On peut réduire les pesticides sans nuire à la productivité”

Philippe Brochen, Nicolas Munier-Jolain

To cite this version:

Philippe Brochen, Nicolas Munier-Jolain. “On peut réduire les pesticides sans nuire à la productivité”.

Libération, SARL Libération, 2017. �hal-01606203�

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http://www.liberation.fr/futurs/2017/03/01/on-peut-reduire-les-pesticides-sans-nuire-a-la- productivite_1552286

Récoltes

«On peut réduire les pesticides sans nuire à la productivité»

Par Philippe Brochen — 1 mars 2017 à 16:54

Epandage de pesticide dans champs près de Villefranche-de-Lauragais, dans le sud de la France, en mai 2016. Photo Rémy Gabalda. AFP

Selon une étude coordonnée par Nicolas Munier-Jolain, ingénieur de recherche à l’Inra, auprès de

946 exploitations agricoles, il est possible de réduire les traitements en maintenant une productivité équivalente ou meilleure dans 94% des cas.

«On peut réduire les pesticides sans nuire à la productivité»

Réduire significativement l’usage de pesticides est possible sans nuire à la productivité et à la rentabilité d’une exploitation agricole. C’est la conclusion d’une étude menée en France et publiée lundi dernier dans Nature Plants. Ces travaux, menés sous l’égide de l’Institut français de recherche agronomique (Inra), ont étudié 946 fermes de grandes cultures

conventionnelles (non bio) utilisant différents niveaux de produits chimiques anti-nuisibles, pour des productions variées. Conclusion de l’étude: on pourrait réduire les traitements en maintenant une productivité équivalente ou meilleure dans 94% des cas, et une rentabilité équivalente ou meilleure dans 77% des cas.

Cependant, 89% des exploitations n’enregistreraient pas de gain de performance économique, juste une stabilité. Pour 59% d’entre elles, on pourrait même réduire jusqu’à 42% l’emploi de pesticides à rentabilité équivalente (soit -37% d’herbicides, -47% de fongicides, -60%

d’insecticides). A contrario, 23% des exploitations verraient leur rentabilité affectée. Mais la seule réduction par 77% des fermes permettrait déjà d’atteindre les 30% de pesticides en moins au niveau national en France.

À lire aussiPerturbateurs endocriniens : urgence sanitaire dans nos placards Nicolas Munier-Jolain est ingénieur de recherche à l’Inra à Dijon dans une unité

«agroécologie». Avec trois collègues, il a encadré l’étude réalisée dans le cadre d’une thèse menée depuis 2014 par le doctorant Martin Lechenet sur l’usage des pesticides dans

l’agriculture.

Comment cette étude a-t-elle été menée?

Nous avons travaillé avec un réseau important d’exploitants du réseau Dephy mis en place dans le cadre du plan EcoPhyto. Ces agriculteurs engagés dans la réduction de l’usage de pesticides ont la caractéristique d’être très divers dans leurs activités et pratiques. Ils sont répartis sur l’ensemble du territoire national. Du coup, cette diversité nous permet d’étudier la corrélation qu’il y a entre le niveau d’usage de pesticides, la productivité et la rentabilité. Je dis productivité et pas rendement parce que l’on ne travaille pas à l’échelle de la culture de blé par exemple, mais à l’échelle de l’ensemble des cultures de la ferme: blé, maïs, tournesol…

L’une des caractéristiques de l’étude est que l’on s’est dit: cette corrélation entre le niveau

d’usage de pesticides et la productivité ou la rentabilité doit certainement dépendre des

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conditions de production, comme les caractéristiques de sol, du climat, de la région, de contexte socio-économique…

Vos travaux estiment que l’on pourrait réduire les traitements en maintenant une productivité équivalente ou meilleure dans 94% des cas et une rentabilité équivalente ou meilleure dans 77% des cas? Comment est- ce possible?

Les agriculteurs qui utilisent davantage de pesticides ont des systèmes de production très simplifiés à base d’un faible nombre de cultures, voire de monoculture. Alors que ceux qui utilisent peu de pesticides ont des systèmes plus diversifiés. Dans une région comme la Bourgogne, par exemple, où l’on cultive beaucoup de blé, d’orge et de colza, un exploitant qui diversifierait avec des prairies temporaires, de la luzerne ou un peu de maïs, qui sont des cultures productives, arriverait à montrer qu’il peut produire autant que son voisin qui ne fait que du blé, du colza ou de l’orge.

Quelle différence faites-vous entre la productivité et la rentabilité?

La différence concerne les charges. La rentabilité en agriculture c’est la valeur des

productions, qui est très corrélée à la productivité, mais qui est réduite des charges, comme les intrants. Plus vous utilisez d’engrais ou de pesticides, plus cela coûte cher.

L’étude avance également que 23% d’exploitations, a contrario, verraient leur rentabilité affectée…

Ces exploitations sont majoritairement situées dans le nord de la France en raison de cultures comme la betterave, la pomme de terre. Ces cultures industrielles ont comme double

caractéristique d’être très rentables et très consommatrices de pesticides. C’est cela qui explique que ce soit dans cette région que l’on trouve le plus souvent une forme

d’antagonisme entre la réduction de l’usage de pesticides et le maintien de la rentabilité des systèmes. Malgré tout, il y a de la place pour cultiver de la betterave avec moins de pesticides sans dégrader la productivité ou la marge.

Ces résultats sont-ils une surprise pour vous?

Quand nous avons démarré l’étude, nous ne savions pas trop ce que nous allions trouver. Sur cette question très importante dans le débat public de l’agriculture et des pesticides, il y a des positions très tranchées. D’un côté ceux qui disent: «Les agriculteurs utilisent beaucoup trop de pesticides et ils pourraient en utiliser beaucoup moins, ils produiraient autant et ce serait beaucoup mieux pour tout le monde.» Et puis il y a une autre position, plutôt du côté des responsables des professions agricoles, qui dit: «Vous êtes fous, les agriculteurs n’utilisent pas les pesticides pour le plaisir. Si on utilise moins de pesticides, cela va dégrader le rendement. Il y a des mauvaises herbes, des maladies qu’il faut maîtriser, sinon on va à la catastrophe.»

Et donc, que faut-il penser?

Notre étude permet de faire la part des choses sur des bases scientifiques entre les deux positions. Notre résultat est intermédiaire entre les deux sons de cloche parce que l’on montre bien qu’il est techniquement possible de réduire l’usage des pesticides. Pour autant cela ne veut pas dire que les agriculteurs utilisent trop de pesticides. Mais réduire leur usage, c’est forcément associé à des modifications profondes des systèmes agricoles. Cela passe par la diversification des cultures, par des changements des variétés cultivées moins sensibles aux maladies, par des changements de dates de semis des cultures, par du désherbage

mécanique…

Le plan Ecophyto 2 lancé par le gouvernement pour réduire de 20% le recours à ces substances d’ici à 2021 prend donc tout son sens avec votre étude?

On contribue en effet à montrer que ce plan n’est pas délirant et qu’il y a les moyens

techniques pour atteindre ses objectifs à relativement court terme. Et que l’on peut réduire

l’usage de pesticides sans nuire à la productivité. Mais cela passe par l’information des

agriculteurs pour leur dire qu’il est possible de faire autrement. Cela passe par du conseil et

aussi l’accompagnement des filières sur la diversification des cultures.

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Philippe Brochen

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