Conduite alimentaire du bovin laitier chez les agro-pasteurs sédentaires en zone steppique algérienne. Cas de la wilaya de Djelfa
Feeding management of dairy cattle in steppe area of Djelfa, Algeria
BENIDIR M. (1, 2), GHOZLANE F. (2), BELKHEIR B. (1,2), BOUSBIA A. (2,3), YAKHLEF H. (2), KALI S. (2)
(1) Institut National de la Recherche Agronomique d’Algérie, 16200 El Harrach, Alger, Algérie.
(2) Département de zootechnie. Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie, 16200 El Harrach, Alger, Algérie. (3) Département des sciences de la nature et de la vie, université de 08 mai 1945, B.P 401 Guelma 24000, Algérie.
INTRODUCTION
La steppe algérienne est une zone à vocation pastorale où l’élevage ovin est l’activité dominante pratiquée par la population. Cependant, la dégradation des parcours et les sécheresses récurrentes ayant frappé le milieu steppique ont poussé la population pastorale à se sédentariser. Cette mutation des systèmes d’élevage a pour conséquence la mise en culture des terres de parcours et l’introduction d’autres espèces animales telles que le bovin dans le but de pallier au déficit alimentaire et de diversifier les sources de revenu. Cette étude a pour objectif de mettre la lumière sur conduite alimentaire des vaches laitières en milieu steppique.
1. MATERIEL ET METHODES
Cette étude a été réalisée dans la wilaya de Djelfa localisée au cœur de la steppe et au Sud de l’algérois. La méthodologie adoptée dans cette étude est basée sur une enquête sur terrain. L’étude a concerné 34 agro-pasteurs sédentaires dans les communes d’El Guedid et Ain el Bel. Le questionnaire a concerné les rubriques relatives au type d'alimentation, la saison, la quantité d'aliment concentré distribuée en kg/tête et le nombre de tête bovine qui existe dans le cheptel. Les données collectées ont été traitées et soumises à une analyse statistique descriptive.
2. RESULTATS ET DISCUSSION
2.1. CARACTERISATION DES EXPLOITATIONS ENQUETEES
Les exploitations enquêtées sont de taille variable, la SAU varie entre 9 et 400ha avec une superficie moyenne de 54ha dont la surface irriguée est de 16,57% de la SAU. La plupart des exploitations sont sous-équipées tant en infrastructure qu’en matériels, quant à la main-d’œuvre, elle est en général de type familial. Les spéculations végétales sont dominées par la céréaliculture (60% de la SAU). Le cheptel est essentiellement représenté par l’espèce ovine (85% de l’effectif total de l’échantillon enquêté), le nombre de vaches laitières va de 2 à 14 VL. L’agriculture en sec est dominante avec des rendements aléatoires pour les céréales (3Qx/ha) où la récolte est destinée à l’alimentation domestique. La complémentation est systématique dont la durée est de 210 jours/an avec une quantité distribuée de 10 kg/tète/jour (Benidir, 2009).
2.2. LA CONDUITE ALIMENTAIRE
La conduite alimentaire varie selon l’année, la saison, la catégorie d’éleveur. Le calendrier alimentaire présenté au tableau ci-dessous récapitule l'estimation des différents segments composant l'alimentation des troupeaux. En année sèche, les disponibilités fourragères diminuent et la complémentation est devenue systématique. Les ressources alimentaires du cheptel sont de trois origines principales : Les aliments produits sur l’exploitation (orge en grain, orge en vert, paille de céréales), Les aliments fournis par les parcours et la jachère, Les aliments achetés (son, aliments concentrés).
Utilisation des parcours
L’exploitation des parcours est presque quotidienne durant toute l’année à l’exception d’une courte période de l’été où le cheptel pâture sur les chaumes, ce qui fait que la période de repos des parcours est plus courte, car les agro-pasteurs ne font pas des déplacements, ils se limitent à exploiter les parcours avoisinants à leurs exploitations.
L’alimentation sur chaumes
Après la récolte des céréales, les résidus de cultures (chaumes) constituent une source supplémentaire pour l’alimentation du cheptel. La totalité des agro-pasteurs enquêtés déclarent qu’ils exploitent les résidus de cultures.
La durée d’exploitation moyenne est de 50 jours (tableau 1) L’alimentation en paille/foin
Le cheptel reçoit aussi une alimentation à base de foin et/ou de paille surtout en automne et en hiver. Par contre, durant les années bonnes et particulièrement au printemps où les ressources végétales sur parcours se régénèrent, la paille et le foin sont remplacés par l’alimentation sur parcours, et pendant l’été par les chaumes.
Alimentation en orge en vert (G’sil)
La plupart des agro-pasteurs enquêtés utilisent l’orge en vert comme pâturage durant une partie de la période hivernale.
La durée d’exploitation des champs d’orge varie selon la superficie réservée à cette culture et selon la taille des troupeaux, mais elle est en moyenne d’un mois, et durant cette période, on constate l’absence de complémentation (tableau 1).
La complémentation
La complémentation alimentaire du cheptel est à base de son donné généralement pour les vaches lactantes, cette complémentation est plus intense chez tous les agro- pasteurs enquêtés où la durée de complémentation est d’environ 210 jours. La quantité distribuée est différente d’un éleveur à un autre avec une moyenne d’environ 10kg/ tête.
Tableau 1: Calendrier alimentaire des agro-pasteurs enquêtés.
CONCLUSION
Dans les zones steppiques, le mode de conduite de l'élevage bovin reste toujours de type extensif. L’alimentation est basée essentiellement sur la paille de céréales et le son. Pour les agro-pasteurs, les parcours représentent encore une source d'unités fourragères gratuites. Les animaux sont conduits en plein air et en semi- plein air parfois confondus avec les ovins. En somme, le bovin est concurrent de l’ovin sur parcours qui n'arrivent pas à subvenir aux besoins des animaux mais d’autre part, constitue une source de revenus supplémentaire pour les agro-pasteurs.
Benidir M., 2009. Thèse magister. ENSA. Alger, 130p
Renc. Rech. Ruminants, 2011, 18 129