Compte rendu de l’ouverture de la CAPN des CPE du mercredi 23 Mars 2005
Monsieur Duwoye, Directeur des Personnels Enseignants, a ouvert comme il l'avait promis la CAPN des CPE hier 23 mars. Ses propos ont été clairs : le décalage entre le nombre de
recrutements et les besoins remontés par les académies l'inquiète beaucoup, et cela depuis 2004 (en 2004, 916 reçus 450 demandes ; en 2005, 573 reçus 150 demandes).
La DPE a interrogé les rectorats : les explications sont multiples :
- le positionnement des CPE est un problème. Les chefs d'établissement ont une moins grande appétence pour les CPE. Ici ou là, ils leur préfèrent un adjoint ou des ASSEDU.
- il y a eu rupture de confiance au moment de la mise en place de l'ARTT - les mouvements de grève de 2003 ont créé une situation de tension.
Tout cela entraîne une situation malsaine.
C'est donc dommage car les CPE sont une originalité française et le ministère y tient. Le contexte budgétaire tendu (LOLF, Pg "Vie de l'Elève") crée une pression forte et cette situation devrait conduire technocratiquement à baisser de manière drastique le nombre de recrutements pour les adapter aux besoins des académies. Les départs à la retraite interviendront plus massivement en 2015
Pour éviter d'en arriver là, le MEN préfère revoir les missions des CPE, elles pourraient être différentes de l’existant. Pour Mr Duwoye, il y manque une dimension de participation plus explicite à l'équipe de direction. Ce serait une manière de retrouver la confiance de l'institution. Les recteurs ont le pouvoir de conduire la catégorie à sa disparition, le MEN préfère ouvrir des discussions pouvant conduire à une évolution qui atténuerait la crise.
A cette déclaration de M. Duwoye, Evelyne Salé pour le Snes a répondu en plusieurs points :
à propos de l'ARTT, une circulaire d'application nationale aurait permis d'atténuer les conflits. Or, malgré les demandes répétées des organisations syndicales, elle n'est jamais sortie. L'ARTT s'est mise en place sans création de postes : c'est donc moins de temps pour faire le même travail, ce qui conduit nécessairement, sur le terrain, les chefs d'établissement et les collègues à établir des priorités qui ne sont pas toujours les mêmes pour les 2 catégories, d'où des conflits inévitables.
Elle a également dénoncé le comportement abusif de certains chefs d'établissement qui, au mépris des textes et de nos missions, imposent à nos collègues des conditions de travail, des pressions qui ne peuvent conduire qu'au conflit. Elle a à ce sujet cité des exemples.
Un taux de satisfaction en baisse d'année en année lors des opérations de mouvement fragilise les collègues de plus en plus nombreux à avoir des conditions de vie familiale et personnelle ????
Les CPE sont aussi mal à l'aise vis-à-vis de leur métier : les élèves ne vont pas bien,
l'absentéisme augmente et les CPE, pas assez nombreux, ne peuvent plus écouter ni dialoguer.
Tous les problèmes de société rejaillissent sur les vies scolaires.
Quant au remplacement des CPE par des ASSEDU, le choix des chefs d'établissement est facilement explicable : recrutement local pour un temps déterminé d'un personnel au statut précaire qui courbe facilement l'échine, c'est tentant…
Quant à la décentralisation qui avec les barèmes Hors Classe soumette encore plus les CPE à l’arbitraire des chefs d’établissement.
Sur tous les points, Evelyne a pu argumenter en s'appuyant sur les chiffres de la DPE elle-même : postes, mouvement, concours, départs en retraite….. Et elle a insisté sur le refus massif des
collègues d'intégrer les équipes de direction : une très faible proportion de collègues est attirée par cette fonction et passe le concours de chef d'établissement. Ils ont choisi ce métier pour sa
spécificité et souhaitent pouvoir continuer à l'exercer dans les meilleures conditions possibles et contribuer ainsi à la réussite du plus grand nombre d'élèves.
Elle a insisté sur les extraits de l’AEF qui était une provocation pour la catégorie. Le Snes espère que dans le cadre de la réforme de la Fonction Publique, les CPE qui n’ont pas de place
actuellement, ne sont pas déjà prévus dans le cadre d’emploi des chefs d’établissement. Le SNES a insisté sur le travail en complémentarité avec les enseignants et a réaffirmé sa volonté d’être dans le cadre des enseignants .
Le représentant du SGEN s'est dit quant à lui très surpris par les propos de Mr Duwoye qui balaient un peu vite les évolutions du métier de CPE. Il voit une contradiction entre ces propos et la volonté politique de donner un rôle pédagogique au CPE en l'incluant dans le conseil
pédagogique (amendement à la loi d'orientation voté par les parlementaires). Il ne s'étonne pas qu'une réduction du temps de travail non compensée par des créations de postes ait conduit à des conflits sur le terrain. Quant aux mouvements de grève qui rompraient la confiance, c'est pour lui le signe de la nécessité de donner aux chefs d'établissement une formation en matière de gestion du dialogue social. Le remplacement des CPE par des ASSEDU montre le manque d'ambition des chefs d'établissement pour le service public d'éducation. Le représentant du SGEN demande également un état des lieux précis des "surconsommations" annoncées par les recteurs.
Le représentant du SE-UNSA estime n'avoir pas grand chose à ajouter aux arguments développés par le SNES et le SGEN. Il précise tout de même que l'intégration des CPE dans les équipes de direction n'est pas le souhait du SNPDEN. Il ne s'étonne pas que les académies ne demandent plus de CPE puisque déjà l'an dernier, le MEN avait pointé en rouge celles qui avaient trop de TZR.
M. Jutant s'exprime ensuite au nom de l'Inspection Générale : le recrutement aux différents
concours de CPE reste d'une grande qualité. Il constate que dans les jurys, chefs d'établissement, CPE et Inspecteurs travaillent ensemble sans aucune agressivité. L'Inspection générale et les IPR ont réfléchi à la place du CPE par rapport aux équipes de direction et ont conclu à l'obligation pour ces personnels de travailler ensemble. Une vie scolaire apaisée est, pour M. Jutant, source de réussite pour les élèves. Concernant le dialogue social, il tient à souligner, devant les
organisations syndicales, que pour qu'il existe, il faut qu'il y ait, des deux côtés, volonté de dialogue.
Evelyne Salé rappelle à M. Jutant le souhait du SNES de voir la catégorie des CPE devenir une catégorie autonome, ce qui impose la création d'une inspection spécifique issue du corps des CPE et des jurys de concours composés uniquement de CPE. Elle demande combien, parmi les IPR et les IG en fonction actuellement, sont issus du corps des CPE.
M. Duwoye souhaite conclure cet échange. Le positionnement du CPE ne lui semble pas
identifiable en tous points à celui des enseignants, ne serait-ce que parce que le CPE encadre une équipe d'adultes au sein de l'établissement. Il est d'accord pour une analyse précise des chiffres mais demande aux organisations syndicales de ne pas exclure la réflexion sur le métier. Il reste persuadé que des éléments de nos missions peuvent évoluer.
Il propose une réunion de travail en CAPN dans un délai très court, 3 semaines environ.
LES COMMISSAIRES PARITAIRES CPE SNES