DU VENDREDI 22 AU JEUDI 28 JUIN 2012 actUAlItés l’essor 13
législatives
le débat sur un retour de la pro- portionnelle aux législatives s’était invité à la présidentielle. Et pour ces dernières ? le scrutin est-il satisfaisant ? lors du 1er tour de la présidentielle, des chercheurs ont testé parmi des électeurs de cinq bureaux, dont un à saint-Etienne, le vote par approbation et par note.
Faut-il envisager un autre mode de scrutin pré- sidentiel ? « selon les théories du prix Nobel K. Arrow dans les années 50, il est impossible de déduire une préférence collective à partir de préférences individuelles », explique Antoinette Baujard, du Gate (Groupe d’analyse de théo- rie économique lyon/saint-Etienne), maître de conférences à l’université stéphanoise J. Mon- net.
Impossible donc, théoriquement, de trouver un mode de scrutin idéal. Reste à le prouver sur le terrain. ce à quoi s’attache la recherche depuis les années 2000. Parmi plusieurs expérimenta- tions menées en Europe, celle de ce groupe de chercheurs en sciences économiques, univer- sitaires et cNRs de saint-Etienne, caen, stras-
bourg et Polytechnique qui a testé lors du 1er tour des élections présidentielles deux modes de scrutin originaux à strasbourg, louvigny (Basse-Normandie) et saint-Etienne.
Il s’agissait de demander aux électeurs d’effec- tuer deux autres votes fictifs conformes à leurs convictions : l’un par approbation et l’autre par note. Dans le premier cas, l’électeur donnait son approbation à un, plusieurs ou aucun candidat, celui réunissant le plus grand nombre étant élu.
Dans le second, l’électeur évaluait chaque can- didat par une note de 0,1 ou 2. le candidat à la meilleure moyenne est élu.
Bayrou et Joly y gagnent
A saint-Etienne, le bureau de vote de la ter- rasse a été choisi. Quartier qui a la réputation de voter à gauche. Problème de représentativité dont les chercheurs ont conscience, mais le choix est soumis au hasard des démarches et à la limite des moyens logistiques. D’ailleurs - est- ce en raison de ses inscrits en moyenne assez âgés ? - ce bureau stéphanois a enregistré la participation la plus basse de l’expérimentation : 45 % des votants. sur ces volontaires, un peu plus de la moitié ont accepté de dire leur choix réel. le vote réel de ceux-ci ne reflétant pas le résultat officiel du bureau, il a fallu pondérer les résultats des tests.
c’est ainsi que Hollande en tête au vote officiel, conserve cette position en approbation et en notation comme cheminade sa dernière place dans deux cas. En revanche, sarkozy, 2e au vote officiel est 3e en approbation, 4e en évaluation ; le Pen, 3e officielle, y perd : 5e en évaluation et approbation ; Mélenchon, 4e, est à la même place en approbation, 3e en évaluation. Bayrou, lui, y gagne : il finit en effet 2e dans les deux cas, bien mieux que sa 5e place réelle ! De même, Joly, 9e au vote remonte à la 6e place dans les deux tests. P. Poutou obtient des résultats as- sez conformes à sa 7e place officielle, ex-aequo avec N. Arthaud qui, elle, en revanche perd deux places dans chacun des tests. Enfin Dupont-Ai- gnan, 6e au vote officiel, est 7e en approbation, 8e en notation.
Enseignements : « les pourcentages officiels dépendent d’un filtre, le mode de scrutin favo- risant les candidats clivants et empêchant le vote “utile”, observe Antoinette Baujard. le fond s’incline devant le choix du moins pire. « Notre objectif n’est pas désigner le bon mode, avertit A. Baujard. l’approbation a certainement aussi ses défauts. l’idée, c’est d’alimenter le débat avec des données de terrain. »
Xavier alix
« Femmes je vous aime ! » à 26,86 %
présidentielle : si on essayait un autre sCrutin ?
« Il y a une progression certaine des femmes sur le plan national mais il reste encore une marge de progrès car l’objectif reste la parité », déclare Brigitte Périllié, présidente de l’Asso- ciation des femmes élues de l’Isère, suite aux résultats des législatives 2012.
En effet, entre 2007 et 2012, l’Assemblée natio- nale gagne 48 femmes dans ses rangs soit 26,86 % contre 18,5 % faisant ainsi passer la France de la 19e à la 9 place dans l’Union euro- péenne en matière de parité aux parlements.
Avec un peu moins de candidates cette année (environ 40 % contre 41,6 % en 2007), l’Assem- blée devient pourtant la plus féminine de l’his- toire. Malgré cela, « ces résultats sont inaccep- tables » pour l’association Osez le féminisme qui pointe du doigt les candidatures féminines dans les circonscriptions les moins gagnables.
413 d’entre elles, soit 71,6 % n’ont élu que des hommes depuis 1988 malgré les sanctions que subissent les partis ne respectant pas la parité. le premier à être visé est l’UMP qui a
présenté moins de 30 % de candidates et qui obtient moins de 14 % d’élues. « l’égalité n’est pas encore devenue un automatisme de la vie politique française », a réagi la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Au sein du groupe socialiste, 37 % des députés sont des femmes, à l’UMP elles sont 14 %. Quant aux éco- logistes, ils respectent strictement la parité ! Au niveau de la région, la situation est similaire même si l’Isère semble montrer l’exemple en ayant élu 4 femmes sur 10 dont deux nouvelles, Michèle Bonneton et Joëlle Huillier. « ces cir- conscriptions ont été réservées à des femmes, et c’est grâce à cela qu’elles ont pu gagner »,
commente Brigitte Périllié. A l’inverse, la loire est à la traîne. Aucune femme n’a été élue et seul 36,1 % de candidates étaient présentées contre le Rhône et l’Isère avec respectivement 45,6 % et 40,9 % de candidatures féminines. la prochaine étape pour parvenir à la parité, selon Brigitte Périllié, est de rendre obligatoire la mixité dans les tandems titulaire/suppléant pour les législatives. « c’est déjà le cas pour les canto- nales et ça fonctionne très bien. cela permettrait de faire monter les femmes, de les rendre plus visibles et qu’elles soient ainsi prises en consi- dération ».
adeline Gailly
