Le goût du public
Citation Howard Hawks
Je n’ai pas envie de faire un film pour mon propre plaisir, pour une très simple raison; je veux que le public y aille et le voie. Je n’ai jamais vu de film si bon que le public ne veuille pas le voir [...]. J’aime faire des comédies parce que j’aime aller dans la salle et entendre les gens rire ; et plus ils rient, mieux je me sens. Je n’ai pas envie de faire des films pour ma seule distraction, mais j’ai découvert que ce qui me plaît, plaît aussi à la plupart des gens ; je n’ai donc qu’à me laisser aller à faire ce qui m’intéresse. (Cahiers du cinéma, n° 56, février 1956.)
Citation Lubitsch
Ce qui nous conduit à cette question cruciale : le public a-t-il mauvais goût ? Ma réponse est « Non », une fois pour toutes. Les spectateurs ne sont pas toujours prêts à accepter une certaine sophistication, et il arrive qu’ils rient de plaisanteries que les auditoires raffinés trouveraient trop naïves. Mais quand il est question de bon goût, leur instinct et leur intuition les guident toujours dans la bonne direction. La vulgarité, les plaisanteries déplacées n’ont aucune chance auprès d’un public de cinéma. Nous savons tous la gêne qu’inspire un unique rire dans une salle dont le silence est une marque de protestation. Pourquoi dès lors le public se sent-il libre de rire pendant To Be or Not to Be, et parfois aux éclats ? Ne se rend-il pas compte de ce qui est arrivé à la Pologne ? Est-ce que j’essaie de lui montrer la situation à travers des lunettes roses ? Nullement. J’ai pris grand soin de lui rappeler les destructions effectuées par la conquête nazie, le régime de terreur qu’exerce la Gestapo. Les spectateurs américains sont-ils insensibles au point que les ruines fumantes de Varsovie les laissent indifférents ? Je crois qu’aucun d’entre nous ne peut le penser. Au contraire, les nombreux auditoires que j’ai observés ont été très émus chaque fois qu’il a été question de la tragédie de Varsovie. Jamais le public n’a ri aux dépens de la Pologne ou du peuple polonais. Il rit des acteurs, il est amusé par les bouffonneries de cabotins, il rit de quelque chose qui, loin d’être typiquement polonais, est universel.