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La notion de paysage de montagne en Limousin

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La notion de paysage de montagne en Limousin

Michel Perigord

Abstract ABSTRACT

The mountainous area of Limousin is not easily defined. It can be considered a medium mountain if only its slopes and highest summits (never exceeding 1.000 m) are taken into account. What really matters is the way the landscape has been interpreted through times, and how it is perceived now. Where does the mountain actually begin, where does it end ?

Résumé RÉSUMÉ

La notion de paysage de montagne en Limousin est une notion ambiguë. De par ses pentes, ses altitudes absolues qui ne dépassent jamais 1 000 m, la « montagne limousine » s 'apparente au domaine de la moyenne montagne. Dans cet article nous abordons également l'histoire de l'interprétation des lieux, où les phénomènes de la perception prennent une grande importance. Où commence, et où finit la « montagne limousine » ?

Citer ce document / Cite this document :

Perigord Michel. La notion de paysage de montagne en Limousin. In: Norois, n°159, Juillet-Septembre 1993. pp. 481-496;

doi : https://doi.org/10.3406/noroi.1993.6503

https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1993_num_159_1_6503

Fichier pdf généré le 10/11/2019

(2)

Norois, 1993, Poitiers, /. 40, n° 159, p. 481-495

La notion de paysage de montagne en Limousin par Michel PÉRIGORD*

Université de Poitiers U.F.R. Sciences humaines 95, Avenue du Recteur Pineau 86022 POITIERS Cedex

RÉSUMÉ

La notion de paysage de montagne en Limousin est une notion ambiguë. De par ses pentes, ses altitudes absolues qui ne dépassent jamais 1 000 m, la «

montagne limousine » s 'apparente au domaine de la moyenne montagne. Dans cet article nous abordons également l'histoire de l'interprétation des lieux, où les phénomènes de la perception prennent une grande importance. Où commence,

et où finit la « montagne limousine » ?

ABSTRACT

The mountainous area of Limousin is not easily defined. It can be considered a medium mountain if only its slopes and highest summits (never exceeding 1.000 m) are taken into account. What really matters is the way the landscape has been interpreted through times, and how it is perceived now. Where does

the mountain actually begin, where does it end ?

Qu'est-ce que la montagne limousine ? Le concept de montagne a-t-il même un sens, appliqué au relief limousin ? Si l'on cherche à répondre à ces questions (1), il apparaît très vite que l'affectivité perturbe

considérablement la notion de montagne limousine. Les géographes eux-mêmes, en abusant des termes de « montagne », « montagneux », avant d'user de l'expression « moyenne montagne » ont probablement contribué à accroître l'ambiguïté que comporte l'expression.

Car la notion de montagne limousine est fluctuante, fonction des perceptions individuelles et, donc susceptible de varier selon la

personnalité de chacun : c'est avant tout, une notion subjective.

Mots clés : Paysage. Montagne. Limousin. Perception.

Key words : Landscape. Mountain. Limousin. Perception.

* (Membre de l'Equipe de Recherche Recommandée « Milieu Rural Limousin »).

(1) L'auteur tient à préciser que cette étude n'a été entreprise ni dans un cadre très spécialisé de géographie physique, ni de géographie humaine, mais doit être considérée comme un essai de géographie des paysages à situer à l'interface de ces deux disciplines mères.

(3)

Pourtant, une réalité existe et s'impose à l'observateur qui peut relever sur le terrain des caractères propres au domaine de montagne : la

montagne limousine apparaît alors comme un phénomène objectif, incontestable.

I. — LA MONTAGNE LIMOUSINE : UNE NOTION SUBJECTIVE A) LES AMBIGUÏTÉS DE LA PERCEPTION

L'identification du concept de moyenne montagne en Limousin conduit les géographes à mettre en évidence les informations perçues par les sens. C'est ainsi que les compilateurs du XIXe siècle ont donné du Limousin une image très péjorative. A l'article « Limousin », le Dictionnaire d'Histoire et de Géographie de M.N. Bouillet (2) indique : « Montagnes, air froid,... terres maigres et légères, grains en quantité insuffisante, châtaignes et grosses raves, beaucoup de pâturages ; émigrations

nombreuses, surtout de maçons ». D'où l'on peut déduire que c'est la

perception de la misère, une constante des montagnes, qui conduit l'auteur à parler de région montagneuse. Pourtant, de 1850 à 1930, les Limousins se sont appliqués à faire reculer « la montagne », ont mis en valeur les pentes, drainé, irrigué, chaulé ; le froment est alors cultivé jusqu'à 500 m, seules les hautes terres froides, au-delà des 650 m, continuent à produire seigle et sarrasin jusqu'en 1960, constituant un véritable réduit montagnard où se multiplient les tentatives de boisement en vue d'une réorientation économique de cet espace (cf. les travaux du forestier-érudit M. Vazeille).

En 1911, A. Demangeon (3) décrit des « sommets arrondis, bossues, (des) versants adoucis couverts de landes et de bois, (des) fonds de vallée largement concaves, encombrés d'arènes, souvent tourbeux, (des) rivières au cours lent et indécis... des vallées très mûres... ». Après la Première Guerre mondiale, H. Baulig (4) souligne les contrastes paysagers qui induisent la notion de montagne : « ...au-dessus des plateaux s'élèvent assez

soudainement des reliefs, ...tantôt groupés, tantôt soudés en massifs... ces hauts sommets sont plus nombreux au Nord et à l'Ouest... ». Il perçoit les monts de Blond (photo n° 1), d'Ambazac (photo n° 2), le Pic des Trois Cornes (683 m), comme de « hauts sommets » alors qu'il ne voit dans les Monédières (919 m) qu'une « masse bossuée ». La perception d'un paysage reste évidemment une démarche personnelle qui, bien que subjective, n'en est pas moins lucide : « au voisinage de la région centrale, les reliefs se rapprochent et finissent par se souder en une grande masse compacte, essentiellement granulitique, de hautes terres, que les géographes désignent (3) sous les noms de plateau de Gentioux, plateau de Millevaches, mais qui dans l'usage populaire s'appelle simplement « la montagne ».

(2) M.N. Bouillet, 1872, « Dictionnaire universel d'Histoire et Géographie, Paris, Hachette, 23e édition, 1097 p.

(3) A. Demangeon, La Montagne limousine, juillet 1911, Annales de Géographie, Paris, Colin.

(4) H. Baulig, 1928, Le plateau central de la France et sa bordure méditerranéenne, Paris, Colin, 591 p., p. 83.

(4)

Photo 1. — Les monts de Blond (515 m), vus de Berneuil (7 km, N-E) ; au premier plan, les larges mailles d'un bocage remanié ; à l'horizon : les monts boisés.

Photo 2. — Versant Nord des monts d'Ambazac vus de Bersac-sur-Rivalier. Ici, le bois des Echelles (669 m). La forêt descend à 380 m ; on remarque les masses géométriques et sombres des espaces plantés en résineux.

Photo 3. — Les monts des Cars (ou de Châlus), vus de Rilhac-Lastours. Au premier plan, plateaux bocagers et friches conquérantes ; à l'horizon, la masse montueuse boisée.

(5)

En définitive H. Baulig relègue la notion de montagne au rang de l'imagerie populaire et limite son appréciation à celle de « hautes terres ».

Bien au contraire, A. Perpillou (5) employant le mot « montagne », ne l'applique pas seulement aux hautes terres de l'Est. Il adopte la démarche du voyageur qui arrive en Limousin puis, le découvre

progressivement. « En arrivant du Nord, apparaissent de hautes silhouettes montagneuses sur l'horizon, c'est le Pic des Trois Cornes vers l'Est, les monts d'Ambazac vers le Sud ; « même aspect montagneux pour celui qui vient du Sud : le massif ancien se dresse au Nord de Brive comme une muraille continue coupée de gorges sauvages » (p. 8) ; « à l'Ouest, les gens de La Rochefoucault désignent les croupes qui s'élèvent

lourdement sur la rive droite de la Tardoire (il s'agit des monts de Châlus - photo 3), comme étant « la montagne » au-delà de laquelle commence le

Limousin »... L'auteur constate donc que dans l'esprit populaire, le Limousin est identifié à l'image de la montagne. Néanmoins pour lui la

« vraie montagne » forme dans l'Est du Limousin un massif bien

individualisé qui s'enracine vers 650 m à partir des plateaux encadrants où

« l'altitude moyenne ne s'abaisse guère en dessous de 750 m »... Il décrit le paysage des hautes terres, vues du Puy-de-Bar (543 m), près de Saint- Yrieix-la-Perche, « ...elles semblent former un plateau presque horizontal, tombant par un glacis en pente raide... immenses étendues monotones où aucun relief n'attire le regard... » En revanche, sa vision des monts de la Marche à partir des mêmes hautes terres est absolument étonnante :

« la vue qu'on a du Puy-de-Bonnefond (632 m), 10 km Nord de Bourga- neuf, vers l'Ouest est analogue à celle qu'on découvre du mont Gargan (731 m) : une zone de bas plateaux aplanis en apparence au-dessus desquels se dresse comme une haute montagne escarpée le Puy-de-Saint- Goussaud (697 m)». Les monts de Châlus « ...vus des plateaux où s'encaisse la Briance au Sud de Limoges, font l'effet de chaînons montagneux (546 m), plus escarpés que les Monédières (919 m)»... Exagération ?

En tout cas, vision des plus subjective. Poursuivant son analyse, et observant les éléments du climat limousin, A. Perpillou va au-delà de ses précurseurs en démontrant qu'il s'agit d'un climat de montagne :

« fortes précipitations, longueur des hivers, enneigement pouvant durer trois mois, brièveté de la saison végétative, étagement de la végétation, flore de montagne qui présente parfois des caractères « subarctiques » et rôle de l'exposition des versants, les versants Sud-Ouest étant les plus favorables aux cultures à 800 m et plus » (6). Sans doute s'agit-il de seigle, sarrasin, pommes de terre, puis il décrit les landes de « bruges » ou bruyères des hautes terres qui, en 1931, s'étendaient encore sur plus de 100 000 ha, mentionnant même l'insolite « arbre du coucou », l'unique gros chêne entre Gentioux et Pigerolles.

Il est amusant de relever que là où le géographe A. Perpillou voit

«une haute montagne », le journaliste contemporain G. Mauratille (7) (5) A. Perpillou, 1940, Etude de géographie physique régionale, Durand, Chartres, 3 volumes, vol. 1, p. 3 sq.

(6) op. cit. p. 180.

(7) G. Mauratille, 1987, Le Limousin, p. 38.

(6)

LA NOTION DE PAYSAGE DE MONTAGNE EN LIMOUSIN 485 admire, au contraire, la sobriété des paysages limousins : « les monts de la Marche et du Limousin ne font impression que de loin, par leur masse un peu lourde... en les escaladant, on s'aperçoit vite qu'ils n'ont aucune prétention alpine... la montagne elle-même prend le nom de plateau... » (photo 4). Il se laisse prendre par leur caractère romantique

« ces régions offrent d'innombrables paysages d'un charme

mélancolique... » évoquant une montagne «couleur d'espace et de temps » (8).

P. Jousset (9) évoque le bruit des cascades « du plateau de Millevaches qui dégringolent à grand bruit : la Diège... ».

Autant d'approches que séparent à la fois la formation et le temps.

B) LE VIEUX COMPLEXE DU MONTAGNARD

Milieu peu attractif, la montagne est synonyme de « mal vivre », de fierté blessée, c'est le pays du froid, ingrat, où sévit la pauvreté généralisée.

A. Perpillou traduit cette impression communément admise par : « le mauvais pays, auquel on est fier de se dire étranger. C'est le pays où la terre ne nourrit pas son tenancier... au nom de « montagnard » s'attache une nuance péjorative, qui laisse dans l'esprit l'idée du meurt-de-faim, de l'individu contraint de vagabonder pour vivre » (10). Son enquête sur la perception de l'idée de montagne dans les milieux populaires (ruraux et urbains) aboutit à la constatation suivante : « les frontières de la montagne reculent à mesure qu'on en approche ».

La montagne est un véritable traumatisme mental qui se propage à la manière d'ondes régressives. Un vieux dicton limousin exhumé par

A. Perpillou n'affirme-t-il pas qu'en « Limousin, on est toujours le

montagnard de son voisin » ? Jusqu'aux années « soixante » on ne se dit pas

« montagnard », la montagne c'est toujours là-bas ! C'est ainsi qu'au Nord du Limousin « l'habitant d'Auzances (500 m) fait commencer la montagne à Bellegarde (600 m) et celui de Bellegarde à la Courtine (800 m) ». Pour le Bellachon (250 m), le montagnard est l'habitant de Blond (300 m), pour celui de Blond, celui d'Ambazac (400 m). «

L'habitant de Rochechouart ou de Limoges à l'Ouest, considère que la montagne commence à Châteauneuf-la-Forêt et la Croisille (480 m) ; mais à la Croisille, on prétend que le mont Gargan (73 1 m) n'appartient pas encore à la montagne et qu'il n'y a de vraie montagne que dans le département de la Corrèze... » (photo 5), (allusion au massif des Monédières). Les Brivistes (100 m) quant à eux ne manquent pas de souligner le contraste entre la douceur du « bon pays », pays du pain de froment, et la dureté de la « montagne », pays du pain de seigle, « puisque c'est par ce terme qu'ils désignent ces hauteurs distantes de cinq kilomètres (site de Damp- niat, 330 m) qui dominent leur « bassin » de 200 m » (11). Pour ceux de Dampniat, les montagnards sont au Lonzac (460 m), pays de landes et d'élevage ovin. Pourtant au Lonzac on ne se considère pas comme mon-

(8) Ibid. p. 184.

(9) P. Jousset, 1918, Géographie illustrée, t. 1, Paris, Larousse, p. 39.

(10) Op. cit. p. 210.

(11) M. Périgord, 1990, Paysages du bassin de Brive, Limoges, thèse, 597 p.

(7)

Photo 4. — Le plateau de Gentioux. Ici, les hauteurs de Negremont (720 m, à gauche) et du Monteil (740 m, à droite). Au premier plan, prairie sur versant doux, au second plan fonds tourbeux, au dernier plan, les lourdes croupes enresinées.

Photo 5. — Vallée de la Soudaine, site de trois fermes aux noms évocateurs : Trassoudaine, Enval, Fontevialle. Dans le fond (460 m), des rigoles de drainage fraîchement creusées ; au-dessus, forêt-friche et taillis conquérants ; au dernier plan, les hauteurs (714 m) enresinées selon la formule de G. Bouet : « en timbre poste ».

(Photos M. Périgord - 1993)

(8)

LA NOTION DE PAYSAGE DE MONTAGNE EN LIMOUSIN 487 tagnard : « la vraie montagne » commence aux Monédières, au-delà d'une ligne Treignac-Egletons-Meymac. Dans le même ordre d'idées, à « Meymac (700 m) on raille volontiers les « montagnards » de Bugeat (668 m) toujours en retard pour « descendre » leur cire et leur laine au marché (12).

Ainsi donc, la notion de montagne limousine apparaît dans toute sa relativité.

Alors que les mentalités collectives semblent situer la réalité de la montagne au-delà des 650 m, la toponymie, n'est guère explicite. Les noms de lieux taisent le caractère montagneux des espaces, se limitant dans le meilleur des cas à l'évocation des reliefs les plus accusés par les

« mont », « puy », et plus rarement « peuch ».

L'expression « la-Montagne » n'apparaît qu'à deux reprises en Haute- Vienne, dans les monts d'Ambazac, avec Saint-Léger-la-Montagne (510 m) et Saint-Pierre-la-Montagne (560 m). En Creuse elle est mentionnée trois fois : Faux-la-Montagne (720 m), Saint-Yrieix-la-Montagne (660 m) et

Sainte-Feyre-la-Montagne (600 m).

Paradoxalement ou, significativement, la Corrèze ne présente aucun toponyme incluant « la-Montagne »... Treignac a certes été nommée pendant la Révolution française « Treignac-la-Montagne » et Saint-Etienne- aux-Clos, « Saint-Etienne-la-Montagne »... Mais le XIXe a gommé ces termes jugés négatifs, après que la ville d'Aubusson ait même souhaité, en 1790, être le chef-lieu d'un département de « la Montagne »...

Au-delà de l'isohypse des 400 va, 9 % seulement des noms sont en rapport avec le relief. Les hauteurs granitiques de Peyrat-le-Château portent Beaumont, Grammont, le Monteil, le mont Larron, alors qu'au Sud les monts de Châlus ont pour sommets : Puyconnieux, Puymoroux...

En Creuse on retrouve « puys » et « monts » : le Puy-des-Trois-Cornes, le Puy-de-Gaudy (massifs périphériques, isolés), Montaigu, Montboucher (au cœur de la masse montueuse)... En Corrèze les « puys » sont nombreux, Puy-Charme, Puy-des-Monédières, Puy-Pendu, mais les monts sont plus hauts : mont Audouze (955 m), mont Bessou (977 m) et le peuch Géant culmine à 856 m quand le Suc-au-May atteint 908 m. Le qualificatif de

« haut » donne aussi une idée du lieu : Haute-Fage, Bassignac-le-Haut.

La toponymie valorise chaque fois que faire se peut l'aspect forestier (... les « forêts » et les « bois ») à image positive, plutôt que l'aspect montueux synonyme de « tête chauve » (13), à image négative.

La Forêt-des-Cars, la Forêt-de-Lastours, la Forêt-de-Fayat, désignent les monts des Cars, la Forêt-de-Châteauneuf, ceux de Châteauneuf, et le Bois-des-Echelles, les versants septentrionnaux des monts d'Ambazac...

Même phénomène en Creuse avec la Forêt-de-Chabrière et le massif de Guéret, la Forêt-de-Bellevue où les noms des villages sont évocateurs : Saint-Pierre-le-Bost, Saint-Pierre-la-Feuille, Saint- Yrieix-les-Bois, Sou- brebost... Et en haute Corrèze avec les forêts de Belle-Chassagne, de Chamboux, de Meilhards et de villages comme l'Eglise-aux-Bois, Saint- Julien-aux-Bois, Saint-Sulpice-les-Bois...

(12) A. Perpillou, op. cit. p. 120.

(13) O. Balabanian, 1984, Le Limousin, Editions Bonneton, 400 p., p. 291.

(9)

A signaler pour l'anecdote, la mutation de Cognac-le-Froid (point culminant de la commune : 416 m, entre Saint- Junien et Limoges) en Cognac-la-Forêt, à l'image jugée moins péjorative...

Au-delà de 650 m nous avons relevé 5 % de toponymes forestiers, contre 15 % entre 400 et 650 m... C'est le reflet de la réalité d'il y a encore 50 ans car, aujourd'hui, l'enrésinement bouleverse les paysages.

II. — LA NOTION OBJECTIVE DES PAYSAGES DE MOYENNE MONTAGNE EN LIMOUSIN

Plusieurs moyens d'appréhender cette réalité peuvent être mis en œuvre : d'une part en partant de l'étude orographique, il est possible de déceler l'altitude à partir de laquelle un paysage de montagne peut être perçu comme tel (la base des volumes montagneux permet en effet de situer la cote d'altitude à partir de laquelle commence la montagne limousine) ; d'autre part, l'étude de l'évolution de la couverture forestière

permet de déterminer « la fin » de la montagne.

A) PAS DE MONTAGNE, MAIS DES MONTS

« Les mots de la Géographie » (14) situent la moyenne montagne « en fonction des modes de production et des époques... entre 900 et 1 800 m dans nos régions ». Appliquée au Limousin cette définition se révèle éminemment réductrice. Dans la présentation de « l'Hommage à A. Fel », J.P. Diry (15) situe la moyenne montagne en ce qui concerne le Massif

Central entre 500 et 2 000 m. O. Balabanian (16) discerne un paysage de montagne très typé dès l'isohypse des 500 m : « ici commencent les hautes terres limousines, siège d'un authentique milieu montagnard précocement affaibli par la déprise rurale ». Un directeur des Services Agricoles de l'entre-deux-guerres, P. Dessales (17) hésite : « entre 400 et 500 m, on est en présence non pas d'une montagne, mais d'une demi-montagne...

où les mamelons dénudés sont plus rares... les parties planes plus

étendues... le climat moins rude ; (en agronome) nous l'avons néanmoins rattachée à la montagne, en raison de son faciès montagneux bien net et de ses productions végétales identiques à celles du massif tout entier ».

L'arrêté du 20 février 1974, classant des communes ou parties de communes en zone de montagne (18) prend en compte la plupart des

communes (218) situées au-delà de 500 m d'altitude, et en priorité celles des hautes terres de l'Est limousin. Des arrêtés ultérieurs (1976 et 1987) complètent la première liste (74 communes supplémentaires) en y incluant (14) R. Brunet, 1992, Les mots de la géographie, dictionnaire critique, GIP-RECLUS, Documentation Française.

(15) J.P. Diry, 1992, Hommage à A. Fel. Des régions paysannes aux espaces fragiles, CERAMAC Clermont-Ferrand.

(16) Op. cit. p. 288.

(17) P. Dessales, 193S, L'agriculture du département de la Haute-Vienne. Limoges, Dupuy- Moulinier, 480 p., p. 91.

(18) DRAE du Limousin, Tableau de bord de l'environnement, Centre Impression, 1989, Limoges, 207 p., p. 89.

(10)

LA NOTION DE PAYSAGE DE MONTAGNE EN LIMOUSIN 489 des communes des monts d'Ambazac et de Saint-Goussaud, des hauteurs de Meilhards, de l'escarpement cristallin du bassin de Brive (à Dampniat l'agriculture de montagne descend à 379 m, point culminant de la

commune !), du massif gréseux de la Gleygeolle (502 m), du massif de Guéret.

Mais à ce jour les monts de Châlus (528 m, 531 et 546 m) et les monts de Blond (515 m), restent oubliés...

La lecture des paysages de montagne en Limousin est en définitive relativement aisée : des volumes imposants, lourds et compacts, bien délimités par un couvert forestier dense et continu, se détachent

vigoureusement sur la ligne d'horizon. Ces volumes restent de dimension modeste (cf. le tableau n° 1), toujours alignés selon un axe dominant. Ils se présentent en famille et la dénivelée, significative à partir de 100 m, ne dépasse jamais les 360 m. En somme, l'oeil perçoit des îlots montueux qui émergent des plateaux (sont exclues de notre étude les formes en creux).

Tableau 1. — Analyse topographique des reliefs limousins.

GRANDS ENSEMBLES

AXE DES MONTS DE LA MARCHE

AXE DES MONTS DU LIMOUSIN

MONTAGNE LIMOUSINE

3ESIGNATION -(auteurs de Cognac-la-Ft vlonts-de-

îlond rfonts d'Ambazac

vlonts de St-Goussaud

Jarres d'Auriat vlassif de Guéret

Réplique du massif de Guéret

Passif des 'ienes Faumâtres Vlassif de Poulx Ste- Croix

Vlassif du Puy- Connieux

Vlassif des Cars

Vlassif de rayât à Meilhards Vlassif de Chateauneuf

Vlassif des Vtonédières Talus occidental de la Vlontagne Talus néridional de a Montagne

Signal d'Audouze

■(GRANDE LONGUEUR

8km 12 km 20 km

14 km 11 km 42 km 36 km 30 km 20 km 11km 10 km 20 km 16 km 15 km 60 km 3Okm 10 km

-(GRANDE LARGEUR

4km 5km 10 km 10 km 7 km 7 km 6 km

8 km 4 km 4 km 6km 4km 6 km 5 km -

- 5km

POINT CULMINANT

416 m 504 m 701 m 697 m 628 m 689 m 652 m 595 m 655 m 500m 546 m 574 m 731m 919 m 777 m 977 m 953 m

NIVEAU DES PLATEAUX ENCADRANTS

290 m 320 m 390 m 390 m 360 m 360 m 500 m 430 m 390 m 350 m 320 m 450 m 460 m 600m 424 m 650 m 810 m

DENIVELEE 126 m 184 m 311m 307 m 268 m 329 m 152 m 165 m 265 m 150 m 226 m 124 m 271m 319 m 353 m

327 m 143 m

'ENTE LA t FORTE

16%

17%

22%

15%

20%

24%

20%

7,5%

13,5 % 10,5 % 10%

7,5%

23%

25%

14,5 % 9,5%

18,5%

DENTIFICA noN 'AYSAGERl

collines collines monts monts monts monts collines collines monts collines monts collines monts monts monts monts collines

(11)

Les dénivelées pourraient être classées selon deux types :

— celles de première grandeur, comprises entre 200 et 350 m,

— celles de deuxième grandeur, comprises entre 100 et 200 m.

Le premier type est identifié comme des « monts », caractérisés par un aspect vigoureux, gaillard, alors que le second présentant des formes plus douces, moins hardies, comme des « collines ».

Au total, rien de bien spectaculaire, seulement des barrières montueuses aux sommets arrondis. L'absence de point fort à des altitudes qui n'atteignent jamais les 1 000 m caractérise une moyenne montagne de massif ancien.

Trois ensembles se détachent : au Nord les monts de la Marche (fig. 1), au centre les monts du Limousin, à l'Est le domaine de la Montagne. A mentionner toutefois les plateaux du Sud-Est compris entre l'escarpement du bassin de Brive et l'ensemble des hautes terres, d'où émerge le massif des Monédières et où s'encaissent les vallées af- fluentes de la Dordogne.

L'axe des monts de la Marche commence avec les monts de Blond, qui ne sont que des collines, se poursuit avec les monts d'Ambazac et de Saint-Goussaud qui, dans leur partie centrale, présentent des dénivelées importantes permettant de les qualifier de monts. Enfin cet axe se prolonge par le massif de Guéret qui se présente sous forme de barre colli- néenne côté Gartempe et barre montueuse du côté des plateaux de la Creuse.

L'axe des monts du Limousin débute à l'Ouest par les monts de Châlus qui sont plus des collines que des monts, alors que les hauteurs de Meilhards et du mont Gargan présentent une densité collinéenne plus forte.

Curieusement, c'est dans le domaine dit de « la montagne » que les dénivelées sont les moins importantes (50 à 80 m), à l'exception du massif des Monédières qui présente une des plus fortes dénivelées

régionales avec l'escarpement Treignac-Egletons-Meymac qui domine de 200 à 353 m les plateaux du Sud-Est limousin.

L'opiniâtreté des agronomes et des sylviculteurs permet aujourd'hui des récoltes de maïs jusqu'à 500 m d'altitude, mais également et surtout le boisement des vastes landes qui font de la Montagne, le centre d'une extraordinaire mutation paysagère qui se propage le long des axes mon- tueux et s'étale parfois sur les plateaux encadrants.

B) UNE FORMIDABLE INVERSION PAYSAGÈRE

Des plateaux bocagers se dégageait au siècle dernier, une impression de boisement alors que les hauteurs granitiques et granulitiques, couvertes de landes, se présentaient comme des espaces ouverts. A l'inverse,

aujourd'hui, le paysage semi-bocager prend un aspect de « parc » et « s'ouvre », alors que les paysages de montagne se « ferment » et s'assombrissent passant de la couleur fauve, au vert sombre des résineux.

C'est l'âpreté du milieu qui est à l'origine de cette évolution. Les fortes précipitations, comprises entre 1 000 et 1 700 mm (fig. 2), la faiblesse de

(12)

LA NOTION DE PAYSAGE DE MONTAGNE EN LIMOUSIN 491

Fig. 1. — La perception des reliefs limousins.

Légende :

1) Niveaux altimétriques significatifs. 2) Ampleur des reliefs.

^ ' isohypse des 400 m.

(£-**" isohypse des 650 m.

(<£_j) isohypse des 800 m.

3) Grands ensembles paysagers.

I 1 paysage de plateaux ji' ■ ' i>'*îl paysage de collines IlllniUll paysage de monts.

dénivelées de première grandeur : 200 à 350 m w^ 2> dénivelées de deuxième grandeur : 100 à 200 m yA^ayA, p.m. encaissement des vallées supérieur à 100 m

• _,A aire des hautes terres.

(13)

la moyenne annuelle des températures (8 à 9°C), la longueur de l'hiver, l'enneigement, la brièveté de la saison végétative (à Meymac il peut geler dès le mois d'août et encore au mois de juin), caractérisent un climat de montagne.

Avec la tranche des 1 000 mm précipités commence le domaine de la forêt et il est alors intéressant de constater que l'isohyète des 1 000 mm se superpose à l'isohypse des 400 m avec cependant un décrochement d'une quinzaine de kilomètres en direction du Sud, excluant du climat de montagne les monts qui encadrent la Petite Creuse (et qui récoltent 900 à 1 000 mm, le bassin de Gouzon récoltant moins de 800 mm) (19).

Les axes montueux septentrionaux et occidentaux (versants cristallins du bassin de Brive compris) reçoivent 1 000 mm et plus, les nuages se libérant d'une partie de leur humidité sur les premières hauteurs

rencontrées (fig. 2). En outre, les plus fortes précipitations (1 300 à 1 700 mm) se localisent sur le « toit limousin », là, où les hauteurs comprises entre 650 et 800 m font face à l'Ouest.

Le chêne pédoncule, prépondérant jusqu'à 400 m, perd de l'importance entre 400 et 600 m, laisant la place au hêtre qui devient dominant à partir de 600 m.

Curieusement c'est entre 400 et 500 m que les murets de pierre sèche (aujourd'hui ruinés) se substituaient aux haies vives. Ces murets se rencontrent encore, établis sur les sols noirs et acides qui recouvrent d'une vingtaine de centimètres les roches mères granitiques et granulitiques.

O. Balabanian montre comment l'exode rural, lié à des conditions climatiques rigoureuses, conduit à l'abandon de milliers d'hectares et au reboisement spontané (friche, forêt-friche, taillis) ou volontaire (enrési- nement) : « on assiste à des altérations plus ou moins graves des paysages traditionnels dont l'entretien nécessitait une main-d'œuvre abondante et gratuite » (20). G. Bouet (21) montre la complémentarité et l'étagement des terroirs de montagne avec les exemples de Lissac et des Maisons : pacages dans les fonds, champs permanents de seigle, sarrasin, pomme de terre et prairies irriguées sur les versants à proximité des villages ; landes sur les convexités sommitales qui servent de terrains de parcours, où les mises en cultures temporaires par écobuage ne sont pas rares. Ces landes, qui étaient des biens sectionaux, sont partagées entre les deux guerres entre les « propriétaires », qui entreprennent de les boiser.

L'extension de la forêt est à mettre en relation avec un double phénomène : le recul de l'élevage ovin sur les landes et l'exode rural.

Le recul de l'élevage ovin s'explique par le fait que la brebis limousine était une « bête à laine ». Or, à partir du début du XXe siècle, la laine limousine est moins recherchée (importation de laine d'Australie) et l'élevage s'oriente vers les races à viande (Charmoise et races an- (19) R. Lacotte, Planche climatologie-hydrologie. Altas du Limousin, Editions Magnard, à paraître fin 1993.

(20) Op. cit. p. 279.

(21) G. Bouet, 1979, L'évolution récente de la vie rurale en Limousin, thèse, Lille, 669 p., p. 144.

(14)

LA NOTION DE PAYSAGE DE MONTAGNE EN LIMOUSIN 493 glaises, (22). La réduction rapide du troupeau (100 000 têtes) conduit à l'abandon des landes et à leur boisement.

En outre les deux tiers des cantons de montagne, ont connu leur maximum démographique avant 1891, et de 1891 à 1975, le déclin des cantons de montagne est vertigineux : Gentioux, -76 % ; Royères-de- Vassivière, -70 % ; Saint-Sulpice-les-Champs, -68 % ; la Courtine, Ussel, Neuvic-d'Ussel, Eymoutiers... -65 à -60 % ! « L'exode rural s'accompagne d'une réduction de la superficie agricole, de la spéculation foncière de non agriculteurs qui font boiser par l'intermédiaire de sociétés de gestion » (23).

C'est à partir de l'Entre-deux-guerres que la forêt prend sa revanche.

S'élançant des hautes terres, elle descend inexorablement jusqu'à l'isohypse des 400 m, (et parfois moins), marquant l'ultime avancée d'une montagne qui paraît désormais s'enraciner à ce niveau d'altitude.

En 1918 P. Jousset décrivait en ces termes la montagne limousine :

« les roches arrosées semblent avoir perdu toute sève et porter avec elles la stérilité : partout affleure la lèpre de leurs dos arrondis, la lande étend autour ses herbes folles... rien de plus triste et de plus uniforme que ces plateaux... on dirait sur l'horizon un remous de vagues pétrifiées au- dessus desquelles surgissent le mont Audouze, le mont Bessou, les

Monédières... » (24).

La cartographie du potentiel forestier limousin établie en collaboration avec O. Balabanian et G. Bouet (25) permet aujourd'hui de mettre en évidence deux éléments :

— les communes où le taux de boisement est supérieur à la moyenne régionale (31 %) sont pratiquement toutes situées sur les hautes terres, les axes montueux, les collines supérieures à 350-400 m, Causse excepté !

— le boisement à base de résineux (30 à 75 % des surfaces boisées) affecte essentiellement la zone dite de « la Montagne » (supérieure à 650 m), ainsi que les monts d'Ambazac, Saint-Goussaud et Guéret, où se rencontrent les plus forts taux de boisement : 50 à 75 % de la surface cadastrale. C'est un paysage vert, toujours vert, évoquant les paysages vosgiens ou jurassiens, qui se construit. Les sous-bois ne manquent pas de charme, en revanche les paysages se ferment de plus en plus et les perspectives paysagères se raréfient ; c'est la fin des paysages ouverts des

« bruges », quelques milliers d'hectares étant cependant protégés (1 338 ha avec l'ensemble des landes de Barsanges, Orluc, puy de Razel).

1820 : la frange Sud-Est des plateaux limousins est la plus boisée avec 30 % de la surface cadastrale. Les hautes terres ne comptent que 5 % de surfaces boisées ; la frange septentrionale, la Marche : 5 à 10 %.

1910 : les landes reculent sensiblement devant le boisement, de 20 à 25 % sur le « toit limousin ».

(22) G. Bouet, op. cit., pp. 374-375.

(23) Ibid. p. 9.

(24) Op. cit.

(25) O. Balabanian, G. Bouet et M. Périgord, Le potentiel forestier et sa valorisation.

Atlas du Limousin, Editions Magnard, à paraître fin 1993.

(15)

Fig. 2. — La perception des paysages de moyenne montagne en Limousin : une triple relation.

Légende :

isohypse des 400 m

I*~'**-_*1 tranche précipitée des 1 000 à 1 300 mm vL^^ tranche précipitée des 1 300 à 1 700 mm

*'"■''■'";',[} extension de la dominante paysagère forestière.

(16)

LA NOTION DE PAYSAGE DE MONTAGNE EN LIMOUSIN 495 1990 : les espaces boisés marchois n'ont pas évolué : 10 à 15 %. La frange Sud-Est a vu la proportion boisée reculer, passant à 22 %. Les hautes terres offrent à présent une surface cadastrale boisée à 40, voire 60% !

De 1820 à 1990, une véritable inversion paysagère a donc affecté les paysages limousins. Le taux de boisement de 31 % des surfaces cadastrales atteint fréquemment les 400 m et se propage en forme de tache d'huile en-deçà des 400 m, où des taux de 25 à 30 % ne sont pas rares. Avec la forêt, la montagne descendrait-elle vers les plateaux ?

La perception des paysages de moyenne montagne en Limousin associe deux éléments : d'une part les reliefs qui constituent les volumes

montagneux, d'autre part la couverture végétale à dominante forestière qui les habille en les assombrissant.

Autrefois synonyme de landes et de vastes perspectives, la Montagne l'est aujourd'hui de forêt et d'espaces fermés qui semblent progressivement s'emparer des plateaux encadrants.

Si la forêt limousine est un atout économique incontestable, son utilité touristique doit être nuancée dans la mesure où elle altère la richesse paysagère des espaces de moyenne montagne en supprimant des

perspectives que les diverses mesures d'aménagement ne prennent pas (toujours) en compte.

BIBLIOGRAPHIE

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Dewailly (Jean-Michel) et Flament (Emile), 1993. — CDU-SEDES/ Dossiers des Images Economiques du Monde. 287 p., 45 documents.

Le développement touristique a éveillé de longue date l'attention des géographes.

Les monographies ont fleuri depuis une bonne vingtaine d'années, touchant tous les milieux et tous les espaces régionaux ; des synthèses ont paru récemment, certaines fort controversées... En ce début d'années 1993, deux ouvrages retiennent l'attention, dont les ambitions sont d'ailleurs différentes. Ils viennent toutefois à leur heure, même si l'opportunité (question de concours) a quelque place dans leur publication. Ils présentent en effet l'avantage de voir comment en deux à trois décennies, la pensée des auteurs, reflet en cela de l'action sur le terrain a pu évoluer : le poids des facteurs liés à l'environnement y occupe une place croissante et l'on saura gré aux auteurs de l'avoir abordé de façon aussi peu manichéenne que possible.

L'ouvrage de Georges Cazes se place entièrement sous le signe de la

méthodologie ; il s'adresse donc plus particulièrement aux chercheurs. Louable ambition dans un domaine où justement le caractère trop empirique des études a souvent été souligné : on regrettera cependant que la lecture en soit altérée par l'usage d'un vocabulaire quelque peu « hermétique » à qui n'est pas du sérail. On peut craindre en particulier qu'il n'influence de façon trop marquée les candidats aux concours de recrutement de qui l'on attend seulement qu'ils expriment les choses de façon claire et ordonnée. A cette réserve près, on doit dire que, dans les limites strictes fixées par l'éditeur, Cazes précise clairement les cadres d'une analyse géographique des phénomènes touristiques et cette réflexion est inédite.

Elle montre le caractère éminemment géographique d'un phénomène dont les effets spatiaux sont d'autant plus considérables qu'ils reposent sur la mobilité permanente des acteurs, l'adaptation des flux de clientèle à des modes ou à des événements extérieurs . . .

C'est d'ailleurs à ce caractère fluide que le développement touristique doit une réputation souvent imméritée d'agent perturbateur des environnements. A cette critique peu objective, Jean-Michel Dewailly et Emile Flament font un sort mérité et le livre 3 de leur ouvrage, intitulé « conséquences et retombées » est à ce titre d'excellente venue. Leur ouvrage, appuyé sur une bibliographie abondante et très actuelle, est la mise au point la plus récente et la plus complète. Sa lecture, toujours passionnante, illustre l'ampleur du thème : après un état des lieux qui forme une copieuse première partie classiquement consacrée à une pesée du phénomène d'une part et à un examen des facteurs qui déterminent ces flux (bon chapitre en particulier sur les ressources naturelles) d'autre part, le livre 2 s'attache à la touristification à travers les espaces constitués, à travers le jeu des acteurs également à toutes échelles (du local au national et à la

« multinationalisation »)...

Deux ouvrages à recommander chaudement tant ils exposent de faits (Dewailly/ Flament) dont la connaissance est essentielle à tous les géographes.

Tant ils posent, l'un comme l'autre, de questions d'ordre méthodologique. Le fait qu'ils se réclament de la Commission de Géographie du Tourisme est, par là-même, l'illustration de l'important travail mené au sein de cette commission depuis deux décennies. Un bilan flatteur...

Alain Miossec

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