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Les COTES ROCHEUSES atlantiques: un milieu riche en insectes

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Protection de ['environnement

Les COTES ROCHEUSES atlantiques:

un milieu riche en insectes

par Remi COUTIN

De la zone de balancement des marées à la moindre anfractuosité des falaises, des laisses de mer riches en algues pourrissantes aux pelouses balayées par les vents charges d'embruns au sommet des falaises... tous ces milieux sont colonises par une faune entomologique caractéristique liée à la végétation très particulière que l'on trouve dans cet environnement marin.

Autant de côtes rocheuses le long de l'Atlantique, autant de types de végétation et dans une certaine mesure, autant de types de populations d'arthropodes. En effet, la nature géologique et la composition miné- rale de la roche constituant la falaise : schiste, granit, grès, calcaire, marne..., influent considérablement sur la texture des éléments de la plage, mais aussi sur le profil de la falaise et sur la formation de fentes, de cavités et de replats ou la végéta- tion côtière s'installe et se maintient.

En général, une côte rocheuse présente, en étages successifs, du niveau moyen de la mer au sommet de la 'falaise, les biotopes suivants :

-la zone de balancement des marées dite zone intercotidale,

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-la zone des laisses de mer, riches en va- rechs pourrissants et en cadavres d'ani- maux,

-le bas de la falaise hors de l'atteinte directe de la mer mais largement soumis aux embruns et présentant une étroite bande de végétation halophile (qui fréquente les sols salés),

-les fentes rocheuses, dépressions, petits replats de la falaise, permettent à des chas- mophytes (végétaux se développant dans les fentes rocheuses) de s'installer, -enfm,le dessus de la falaise plus ou moins pentu, est recouvert d'une sorte de pelouse rase, parsemée de sous-arbrisseaux et d' ar- bustes, déformés par l'action des vents dominants chargés de sel.

A chacun de ces étages topographiques

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correspond une faune entomologique bien spécifique.

La zone de balancement des marées: une punaise

et deux carabes

Au pied de la falaise, principalement en faciès schisteux ou micaschisteux, la zone de balancement des marées héberge dans les blocs éboulés de curieux insectes préda- teurs, en particulier une petite punaise de 3 mm de long, fauve brun, Aepophilus bon- nairei et 2 minuscules carabes de 2 mm de long: Aepus marin us et Aepopsis robini.

Dans cette zone intercotidale ce sont les seuls insectes vraiment. marins que nous connaissions. Chassant à marée basse, ils se Insectes n°70 (1988-3)

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réfugient profondément dans les fentes les plus étroites, sous les pierres creusées de cavités ou demeure, à marée haute, une certaine quantité d'air. C'est cet habitat particulier qui leur vaut ce nom curieux (aepos signifiant escarpé, difficile d'accès en grec). Le Carabe Aepopsis, aptère, se réfugie aussi dans les massifs édifiés par les vers tubicoles, Sabella pavonina et Sabel- laria spinulosa.. Ces insectes se nourris- sent de proies de petite taille, diptères et animaux marins abandonnés par la mer ou qui circulent sur les rochers à marée basse.

La punaise Aepophilus rôde sur les algues et les étoiles de mer, en compagnie des Carabes et de petits Staphylins, se nourris- sant comme eux d'algues inférieures ou de petits vers marins.

Une curieuse Araignée Erigonide, stricte- ment pélagique, Halorares reprobus, fré- quente les touffes de Fucus et se trouve recouverte deux fois par jour par le flot. De toute petite taille: 2 mm, elle trouve ses proies dans les laisses de mer et parmi les touffes d'algues temporairement décou- vertes. Elle ne fabrique aucun abri, ni ré- serve d'air, résistant à l'asphyxie par la seule réserve d'air de son système de tra- chées.

Les laisses de mer: un milieu privilégié pour de nombreux insectes

En haut de la plage, les laisses de mer, enrichies périodiquement de varechs, cons- tituent un milieu biologique très spécial dans lequel plusieurs espèces d'insectes trouvent leur nourriture. La mouche Oryg- ma luctuosum, est abondante et bien visi- ble. Elle circule sur et sous les tas d'algues, effectuant, si elle est dérangée, des vols ou plutôt des bonds à faible distance. Il n'est pas rare de la retrouver dans les champs littoraux sur les tas de varechs que les agriculteurs ont apportés pour les enfouir en guise de fumier. Les vieux varechs à demi enfouis, en partie décomposés, sont colonisés par un petit Ténébrion sapro- phage de 7 à 8 mm, Phaleria cadaverina.

De moeurs nocturnes, il se nourrit de cada- vre de Talitres ou Puces de mer, Crustacés sauteurs de 18 à 25 mm, qui eux-mêmes se nourrissent de matières végétales décom- posées et d'animaux morts. Dans ces mi- lieux, pullule un petit Staphylin noir de 9 mm de long, Cafius xantholoma. aux moeurs saprophages.

de 19à 23 mm de long,Broscus cephalotes, qui s'alimente aux dépens des asticots et des pupes de Mouches détritiphages. Au sud de la Loire on trouve plutôt un autre grand Carabe, jaune sable tacheté de noir, Eurynebria complanata et un grand Forficule, Labidura riparia, tous deux prédateurs polyphages.

La zone sableuse humide dégagée entre les laisses de mer est un site privilégié pour la Cicindèle, Cicindela trisignata, prédatrice extrêmement active qui s'éloigne rapide- ment à la course ou s'envole à quelques mètres lorsqu'elle est dérangée par le pro- meneur. L'adulte s'alimente de jeunes Talitres; quant à la larve elle creuse un terrier en forme de puits vertical dans le haut de la plage, hors de l'atteinte de la mer.

Immobile à l'intérieur, la tête au ras du terrier, elle attend patiemmentqu 'une proie passe à proximité pour s'en saisir et la dévorer. Une Mouche Asile, Philonicus albiceps. occupe le même biotope que la Cicindèle et se nourrit de divers arthropo- des, n'hésitant pas à s'attaquer à cette der- nière.

Au pied de la falaise:

les insectes des végétaux halophiles

En haut de la plage, au pied même de la falaise, la végétation halophile constitue des touffes compactes composées essen- tiellement de trois végétaux: la Roquette de mer, Cakile marilima, la Soude, Salsola kali, et l'Arroche, Atriplex arenarius. Cette zone très étroite, absente même parfois au pied des falaises trop fortement battues par les vagues, est beaucoup plus développée sur les côtes sableuses.

La Roquette de mer héberge quelques in- sectes que l'on ne trouve que sur cette plante. Citons une petite Altise jaunâtre, Psylliodes marcida, longue de 3 à 4 mm, dontles larves minent les feuilles tandis que les adultes les perforent de multiples trous.

Une belle Punaise très vivement colorée de taches rouges sur fond noir, Eurydema her- baceum, se rencontre en plein été, parfois en très grand nombre. Abeilles et Bourdons divers apprécient le pollen et le nectar du Cakile et contribuent par leur présence à l'animation de ce biotope.

Enfin, les pieds de Soude et d'Arroche, dont les fleurs vertes se remarquent à peine, sont recherchés, pour leur feuillage, par quelques insectes, et, en particulier, une

longueur d'un large ruban de teinte argen- tée et dont la tête est largement couverte par le prothorax comme par un casque qui lui vaut son nom de Casside, Cassida viltata, cassis signifiant casque en latin.

Les falaises rocheuses: une faune typique mais variée

Chaque fois qu'il est possible de grimper le long de la falaise et de la parcourir sans danger, on constate que la moindre fente ou cavité qui peut retenir un peu de terre cons- titue rapidement un jardin suspendu, diver- ses plantes s'étant adaptées parfaitement à ces milieux particuliers. Plusieurs d'entre elles abritent quelques insectes typiques, assez difficiles à voir en raison de leur petite taille, et qui se développent dans ce milieu, liés à leur plante-hôte. Pour les recueillir, on secoue ces plantes au dessus d'une toile blanche tendue par un croisillon de deux baguettes.

Ces replats permettent à la Betterave sau- vage de s'y développer et on ne devra donc pas s'étonner d'y rencontrer la Casside de la Betterave, Cassida nebulosa aux élytres verts parsemés d'une moucheture de taches noirâtres. Sa larve d'un beau vert tendre, de forme ovale, présente des expansions laté- rales pointues. Sa couleur lui permet de se confondre avec le feuillage et seuls les trous d'alimentation attirent notre attention.

Sur les fleurs de l'Euphorbe petit cyprès et de l'Euphorbe maritime, on observe le curieux Coléoptère, Mordellistena brevi- cauda, de 5 mm de long, au corps noirâtre aminci en pointe vers l'arrière. Enfin, l'Ombellifère typique des fentes rocheuses maritimes, le Perce-pierre, Crithmum ma- ritimum, est l'une des plantes-hôtes du Charançon Hypera adspersa, long de 4 à 7 mm, dont les larves consomment le feuillage de la plante, l'adulte le perforant de nombreux petits trous.

Le replat des falaises:

des pelouses et arbustes riches en insectes

Le replat sommital de la falaise est occupé par une sorte de pelouse rase composée de diverses graminées et plantes basses sur lesquelles s'alimentent de nombreuses espèces d'insectes. Les Plantains: Plantain come de cerf (Plantago coronopus), et Plantain lancéolé (Plantago lanceolata) hébergent une Chrysomèle et la chenille d'un Upidoptère Nymphalide. Les adultes

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Replat sommital

Falaise

(chasmophytes)

Haut de plage

(halophytes)

Varechs et laisses de mer

Zone intercotidale

(haute et basse mer

de vives eaux)

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Cassida nebulosa

Apion ulicis

Melanargia galathea

Labidura riparia

. (prédateur)

Broscus cephaJotes (prédateur)

Ewydema herbaceum

Philonicus albipes (prédateur)

Creophilus maxillosus (prédateur)

Orygma luctuosum (saprophage)

Cicindela trisignata (prédateur)

Aepophilus bonnairei (femelle)

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élytres bleu-noir brillant et dont les ailes inférieures sont d'un très beau rouge sang d'ou son nom spécifique. La chenille du Damier du Plantain, Melitaea cinxia, noire et couverte d'épines molles hiverne en groupe sous un tissage parmi la litière et reprend son activité au printemps; l'adulte brun jaune avec de multiples taches noires vole en Juin.

Sur la Centaurée jacée, Centaurea jacea, on rencontre une autre Chrysomèle, Chry- sochloa tristis, dont l'adulte ne passe pas inaperçu en raison de sa couleur noir-violet ou bleu foncé à reflets cuivrés. De ce groupe de Chrysomèles, essentiellement montagnardes, c'est la seule espèce que l'on rencontre en plaine et sur nos côtes.

La chenille du Demi-deuil, Melanargia ga- lathea, papillon très largement répandu jusqu'à près de 2000 m d'altitude, se nour- rit aux dépens des touffes de Phléole, de Paturin ou autres graminées. Sur les Ar- moises on peut remarquer un Charançon noir de 5 mm de long, Baris artemisiae, dont la larve creuse des galeries dans les racines et les tiges de la plante.

Enfin, la végétation arbustive, très limitée dans son développement par les vents vio- lents chargés d'embruns, héberge égale- ment une faune particulière. Citons, Apion ulicis, petit charançon noir au corps recou- vert de squamules courtes à reflets argentés dont la larve se développe aux dépens des graines d'ajoncs; la chenille très pileuse du

Bombyx de la ronce, Macrothylacia rubi, se nourrit du feuillage de cette plante. Les colonies de chenilles du Bombyx cul-brun, Euproctis chrysorrhoea dévorent le feuillage des aubépines, des prunelliers ou de l'épine du Christ (Hippophae rhamnof- des).

Le long de nos côtes les rivages rocheux et les falaises ne manquent pas. Les uns et les autres confèrent au paysage du littoral marin une grandeur certaine que beaucoup d'entre nous apprécient Il est vrai que la description de la faune et de la flore qui vient d'en être donnée concerne surtout ce que l'on appelle une falaise morte, désigna- tion peu engageante au premier abord, qui signifie seulement que le pied de la falaise n'est pas directement battu par la mer con- trairement à ce qui se produit au pied des falaises vives. En général l'escalade de ce type de falaise est relativement facile; c'est pourquoi si l'on est amené à gravir ou à descendre une telle falaise, prenons le temps de nous émerveiller en découvrant la remarquable stratification des êtres vivants qui l'anime.

Remarquons que chaque plante, chaque animal occupe une place précise. Cette stratification bien visible en montagne, quoique plus complexe du fait des différen- ces d'exposition (ubac et adret), est moins bien discernable dans les régions de plaines

et de collines ou la nature du sol joue un plus grand rôle. Par contre au bord de la mer, cette stratification est l'une des caractéris- tiques majeures de nos côtes rocheuses en particulier.

Raison de plus pour ne pas dégrader ou détruire ces richesses naturelles en particu- lier là ou elles ne peuvent pour diverses raisons, faire partie soit de sites classés (70 environ), soit de terrains acquis par le Conservatoire du littoral (au nombre de plus de 2(0), ou de réserves naturelles vo- lontaires (une vingtaine).

Il nous reste à vous souhaiter de bonnes découvertes et de belles photographies.

Pour en savoir plus

Delachaux et Niestlé édite actuellement une collection de 9 guides naturalistes con- sacrés aux côtes de France. A consulter absolument.

L'auteur

Chercheur, enseignant, photographe, ré- dacteur en chef d'Insectes, Remi Coutin est un des grands vulgarisateurs qui travaillent sans relâche pour une meilleure connais- sance des insectes et pour leur protection.

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