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L'urbanisation: introduction

PAUNIER, Daniel

Abstract

Au nord des Alpes, l'histoire urbaine commence avec les oppida celtiques des deux derniers siècles avant notre ère. Le Haut-Empire marque un essor extraordinaire de l'urbanisation, facteur essentiel de la romanisation. Au Bas-Empire, les villes rétrécissent leur périmètre, d'autres disparaissent ou retrouvent le site des forteresses gauloises; groupées autour d'une cathédrale ou d'un château, elles traduisent une manière de rejet de la civilisation urbaine importée par Rome.

PAUNIER, Daniel. L'urbanisation: introduction. In: Société suisse de préhistoire et d'archéologie.

Habitat et habitation . Genève : Société suisse de préhistoire et d'archéologie, 1982.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:95342

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L'URBANISATION. INTRODUCTION.

par Daniel PAUNIER, Genève I. INTRODUCTION

6 .1.

Au nord des Alpes, l'histoire urbaine commence avec les oppida celtiques des deux derniers siècles avant notre ère. Le Haut-Empire marque un essor extraordinaire de l'urbanisation, facteur essentiel de la romanisation. Au Bas-Empire, les vil- les rétrécissent leur périmètre, d'autres disparaissent ou retrouvent le site des forteresses gauloises; groupées autour d'une cathédrale ou d'un château, elles traduisent une manière de rejet de la civilisation urbaine importée par Rome.

1. Définition

Si, aujourd'hui la notion de ville semble claire pour chacun, une définition précise reste difficile; elle peut dépendre de nombreux critères, eux-mêmes sou- vent arbitraires, variables ou approximatifs : le nombre des habitants (entre 200 et 10.000 '.), la densité de l'espace bâti, la structure professionnelle des habitants, le mode de vie, le niveau culturel, la concentration des activités commerciales et industrielles, la présence de structures spécifiques (rues, bâti- ments administratifs, rempart ... ), voire d'un argot lpcal. Pour certains, la vil- le est simplement ce que le peuple appelle ville. Les auteurs anciens, qui s'inté- ressent surtout à la fonction des cités, ne sont guère prolixes sur ce point; la ville, notion déjà ambiguë (certains, dit Strabon, "accordent le nom de villes à de grands villages" ... ), offre le seul cadre possible d'une vie civilisée. Pour les Grecs, la lToÀl~est d'abord la marque et le siège du pouvoir. A leur suite, Rome ne peut envisager une vie proprement politique en dehors de la cité-Etat.

2. Les premières villes

Selon V.G. Childe, "la révolution urbaine" apparaît en Orient au début du 3e mil- lénaire; pour M. Wheeler, Jéricho (8e millénaire) serait la plus ancienne ville connue, tandis que J. Mellaart accorde cet avantage à Çatal Hüyük (Anatolie, 6500-5700 av. J.-C.). L'existence de ces villes préhistoriques dépend une fois encore de la définition et des critères retenus : présence d'un rempart, d'un ar- tisanat spécialisé à plein temps, d'une activité commerciale à longue distance et d'une vie culturelle; espace habité en permanence, volontairement aménagé pour la vie collective (rues, bâtiments publics), dont une partie importante de la popula- tion vit d'activités non agricoles.

Dans le bassin méditerranéen, les villes apparaissent avec l'épanouissement de la civilisation grecque vers les VIIIe - VIIe siècles avant J.-C. (les civilisations minoennes et mycéennes ne connaissent que des citadelles et des palais). Le plan en damier, "hippodamien", mis au point en Asie Mineure (Milet, Ve s. avant notre ère) est repris un peu partout dans le monde grec. En Etrurie, on retrouve un système orthogonal, mais toujours orienté (Marzabotto, VIe siècle).

3. Les oppida

En Gaule méridionale, soumise aux influences méditerranéennes (Marseille et ses comptoirs), quelques sites de hauteurs indigènes trahissent certains traits pro- pres à la ville (Entremont, Nages) : rempart, îlots d'habitations séparés par des rues, bâtiments publics, activités artisanales, commerciales et artistiques, thé- saurisation; mais ces manifestations sont relativement tardives (IIe siècle avant notre ère) et peu généralisées.

En Gaule intérieure et en Europe centrale, i l faut attendre le IIe siècle, voire le 1er siècle avant J.-C., pour saisir concrètement l'apparition de structures de type proto-urbain, conséquence d'une profonde mutation économique et sociale (rem- placement de l'aristocratie par un gouvernement oligarchique, généralisation de la monnaie). Ce changement se manifeste par la naissance de l'oppidum, signe con- cret de l'unité politique, administrative et économique d'un territoire donné, et par la restructuration de l'espace rural où l'habitat devient plus dispersé (les Helvètes, selon César, possédaient environ 12 oppida, 400 villages (vici) et des maisons isolées (privata aedificia).

L'oppidum peut se caractériser par les traits suivants :

- emplacement favorisant la défense, l'administration du territoire et le contrôle des communications;

- présence d'un pouvoir politique qui préside à l'édification et à l'entretien de remparts ainsi qu'à l'émission de monnaies (vestiges de moules);

- habitat, parfois très développé (Manching), comprenant une répartition fonction- nelle (artisanat, religion ... );

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6.2.

- édifices publics et religieux;

- présence d'un artisanat (métallurgie, poterie, émail, verre);

- témoignages d'un commerce à longue distance (vin, céramique, vaisselle métalli- que).

Si la fonction (politique, économique et religieuse) de l'oppidum peut être cel- le d'une ville, l'expression monumentale ne témoigne, en l'état actuel des re- cherches, que d'un urbanisme embryonnaire. Mieux vaut, en ce cas, parler de proto-urbanisation, même si César qualifie d'urbs les oppida d'Avaricum, de Gergovie et d'Alésia.

II. LA ROMANISATION

1. De l'oppidum à la ville

La conquête ne provoque aucune modification brutale des structures existantes.

Le développement des villes, intense à l'époque augustéenne, résulte davantage d'une économie nouvelle que d'impératifs de sécurité. Les habitants des oppida, entraînés par une classe de notables que Rome a su habilement se concilier, sont invités à descendre dans les plaines où de nouveaux centres urbains sont créés à proximité des grands axes de circulation. D'autres sites, bien situés, connais- sent une romanisation sur place. Sans modifier fondamentalement l'organisation politique existante, l'administration impériale donne le nom de cité (civitas) au territoire occupé par une tribu (Séquanes, Héduens, Parisiens ... ), dont le centre, l'oppidum, est remplacé par un chef-lieu à l'image des villes romaines.

2. Un urbanisme fonctionnet

Le plan en damier (rues orthogonales déterminant des insulae), hérité de la Grè- ce et de l'Etrurie (axialité et orientation) s'applique rarement avec une ri- gueur absolue. A Timgad (Algérie), exemple-type de l'urbanisme géométrique, les faubourgs, orientés sur les routes, rompent la belle ordonnance de la ville pri- mitive. La présence d'une agglomération pré-romaine ou les contraintes de la to- pographie expliquent bien souvent les irrégularités ou le désordre apparent des structures. Le rempart, quand i l existe, est construit le plus souvent selon les nécessités du terrain et de la défense, indépendamment du noyau urbain. Rome elle-même, née d'une confédération de villages, ne répondra jamais, malgré quel- ques tentatives, à un schéma régulateur. D'une manière générale, l'organisation de l'espace urbain est fonctionnelle, avec des quartiers différenciés correspon- dant aux diverses fonctions de la ville : centre politique et administratif (fo- rum), au croisement des deux axes principaux de la voirie (cardo et documanus_)_,_

centre économique, religieux et de loisirs (thermes, théâtre, amphithéâtre).

3. Le statut juridique des villes

Les villes constituent une hiérarchie, fixée par un cadre juridique strict, mais susceptible de modification au gré de la faveur impériale. Sans être exhaustif, citons les colonies de peuplement, de droit romain, les colonies honoraires sans déduction de colons), les cités pérégrines, peuplées de non citoyens et soumises au tribut, les cités de droit latin, qui permettent d'accéder à la ci- toyenneté romaine par l'exercice des magistratures. A côté de ces villes, au sens juridique du terme, i l existe d'autres agglomérations de type urbain, notamment les fora (Forum Iulii, Forum Neronis, Forum Claudii Vallensium ... ), créés par le pouvoir central sur des artères importantes (places de contrôle du trafic et d'échanges, relais, parfois chefs-lieux de civitates), ou les vici, de taille et de fonctions variables, dépendant d'un chef-lieu (colonie ou civitas), parfois d'un camp ou d'un poste militaire (canabae), pouvant disposer d'une certaine au- tonomie administrative, mais dont la vie et les structures restent souvent assez proches de la tradition indigène.

4. Conclusion

Les villes romaines de l'Empire, quelle que soit la densité du réseau urbain, qui varie considérablement d'une région à l'autre, quelle que soit leur origine

(développement plus ou moins spontané au gré de l'évolution des sociétés, fonda- tion délibérée, glissement des oppida vers les plaines, présence de l'armée) ou leur étendue, demeurent, par leur pouvoir d'assimilation, l'agent par excellence de la romanisation; indissociables du terroir qui les entoure et les nourrit, elles offrent un cadre strictement ordonné, à l'image du pouvoir, pour l'exerci- ce de la vie politique et sociale. Mais la rupture des invasions et le retour progressif de l'habitat sur les vieux sites indigènes marqueront, dans nos ré- gions du moins, l'échec de la politique romaine d'urbanisation.

(5)

6.3.

BIBLIOGRAPHIE

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LEGENDE DES ILLUSTRATIONS

Fig. 1. Oppidum d'Ensérune (Hérault).

Fig. 2. Oppidum d'Entrernont (Bouches-du-Rhône).

Fig. 3. Quartier nord de l'oppidum de Nages (Gard).

Fig. 4. Olbia (Var), comptoir grec de Marseille.

Fig. 5. Ville de Timgad (Algérie).

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6.4.

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