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Cent ans de recherches dans les palafittes

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Academic year: 2022

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Proceedings Chapter

Reference

Cent ans de recherches dans les palafittes

SAUTER, Marc-Rodolphe

SAUTER, Marc-Rodolphe. Cent ans de recherches dans les palafittes. In: Congrès

préhistorique de France : compte rendu de la XVe session . Paris : Société préhistorique française, 1957.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:96181

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Extrait du CONGRÈS PRÉHISTORIQUE DE FRANCE

Compte rendu de la XV• Session - Poitiers-Angoulême 15-22 juillet 1956

CENT ANS DE RECHERCHES DANS LES PALAFITTES

PAR

lep,· M.-R. SAUTER

Le film intitulé « Cent ans de recherches dans les palafittes " a été réalisé pour la Société suisse de Préhistoire à l'occasion du centenaire de la décou- verte de la première station lacustre en Suisse. Le professeur H.-G. BANDI, de l'Université de Berne, en a assuré la préparation scientifique, tandis que M. W. LANDOLT, ingénieur à Zofingue, et cinéaste amateur, s'est occupé de la réalisation technique. L'original est en couleurs, mais seule une copie

FIG. 1 - Reconstitution idéale a·une « station lacustre « conformz à l'ims.ge proposée en 1854 par F. KELLER, sur le mojèle des villa_;% néo-guin.Jcn.5 (d~après J. HsIERLI, 1901). Cliché Soc. suisse de Préhist.

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en noir et blanc put être présentée à Poitiers. La projection dure environ 45 minutes.

Dans sa première partie c'est l'histoire des découvertes et des recherches dans les stations du bord des lacs suisses qui est évoquée. Il est légitime que soit rendu tout d'abord hommage à l'instituteur Johann AEPPLI, dont la curiosité et l'esprit d'observation sont à l'origine de la première découverte;

c'est lui en effet qui remarqua, au cours de travaux effectués pendant l'hiver 1853-1854, sur le quai du village d'Obermeilen sur le lac de Zurich, qu'on mettait au jour, entre des pilotis émergeant de la vase lacustre, des objets en pierre, en poterie, en os et en bois. Il eut la sagesse de signaler la chose à Ferdinand KELLER, l'archéologue de Zurich, qui sut comprendre tout l'intérêt de ce qui était ainsi révélé. Le Musée National Suisse à Zurich conserve encore les premières trouvailles d'Obermeilen. F. KELLER eut très vite l'idée de reconstituer l'image d'une station du genre de celle d'Ober- meilen en s'inspirant de l'aspect des villages sur pilotis de la Nouvelle- Guinée: cette interprétation connut immédiatement le succès, et suscita des vocations de chercheurs (fig. 1).

Parmi ceux-ci, le film fait mention du colonel Frédéric SCHWAB, de Bienne.

Grand chasseur et naturaliste, il se mit à explorer les lacs de Neuchâtel, de Morat et de Bienne et se constitua rapidement une très importante col- lection ; elle forme le fond du musée biennois qui porte son nom. Locras (Lüscherz), Morigen, Sutz, ces trois sites du lac de Bienne sont parmi les plus importantes stations lacustres. Il n'est pas question de fouilles à cette époque; on «pêche" à l'aide de pinces, on s'essaie même à la plongée, pré- figuration vite abandonnée de la chasse subaquatique moderne.

Les années après 1870 marquent un tournant dans la recherche. C'est à ce moment que la correction des eaux du Jura, en rapport avec la régula- risation de l'Aar, oblige à abaisser d'environ 3 m le niveau des 3 lacs cités ci-dessus. D'un seul coup surgissent les stations hérissées de pilotis, où l'on n'avait qu'à se baisser pour ramasser par milliers haches polies, silex, vases et autres vestiges. Devant le pillage qui en résulta, on tenta de protéger ces mines archéologiques si précieuses. Le canton de Berne édicta un décret assez strict, tandis qu'un géologue, Edmond DE FELLENBERG, entrepre- nait des fouilles plus systématiques.

L'imagination des chercheurs et du public se passionna pour ces « La- custres ", que maquettes de musées et tableaux faisaient revivre avec plus ou moins de bonheur. Peu à peu les recherches devinrent plus scientifiques, les publications se succédèrent, du premier rapport de F. KELLER (Die kel- tischen Pfahlbauten in den Schweizerseen) à la thèse de M11e VON GoNZEN- BACH (Die Cortaillodkultur in der Schweiz, 1949) 1

1. Et plus récemment, le beau volume jubilaire publié par la Soc. suisse de préhistoire : Das Pfahlbauproblem, Monographie für Ur- u. Frühgesch. d. Schweiz, 1955, contenant d'importants travaux de plusieurs auteurs préhistoriens et naturalistes, relatifs à la question des palafittes (v. Bibliographie).

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Deux cartes indiquent, en conclusion de ce sommaire historique, la dis- tribution dense des stations du Néolithique et de l'âge du Bronze le long des rives des lacs et sur les tourbières du Plateau suisse.

Les techniques de fouilles ont fait de puissants progrès depuis un siècle ; elles permettent de pénétrer avec beaucoup plus d'efficacité dans la connais- sance des vestiges enfouis sous la craie lacustre ou dans la tourbe. La deuxième partie du film présente 3 chantiers de fouilles en activité.

La station néolithique d'Egolzwil 3, sur l'ancien petit lac asséché de Wau- wil (canton de Lucerne) a fait l'objet d'une exploration de grande enver- gure en même temps que très minutieuse, sous la direction du professeur E. VOGT. La caméra a fixé des images de la campagne de 1952: enlèvement mécanique de la forte couche tourbeuse superficielle et de la craie lacustre, toutes deux stériles, qui recouvrent la seule couche archéologique, dégage- ment des pilotis, dessins, relevés, etc. La tranchée de fouille a 45 m de long sur 8 de large, et traverse le village de part en part perpendiculairement au rivage. La constatation la plus importante, pour l'interprétation de la sta- tion, est celle de l'emploi de grandes bandes d'écorce placées la partie con- cave contre le sol : ces cc tapis ", largement étalés un peu partout, seraient incompréhensibles dans une station telle que la reconstituait F. KELLER, sur pilotis au-dessus de l'eau. Il en est de même des lentilles d'argile feuille- tées, que le professeur VoGT interprète comme des foyers, et dont la dissec- tion attentive a permis d'utiles observations. Des paléobotanistes danois ( dont le professeur TROELS-SMITH) sont venus faire les prélèvements d' échan- tillons indispensables à la compréhension du milieu végétal et des conditions de dépôt des sédiments en rapport avec l'habitat néolithique. Egolzwil 3 appartient à la phase ancienne de la civilisation de Cortaillod (fig. 2).

Puis le film nous fait participer aux fouilles que le Musée historique ber- nois, en la personne du professeur H.-G. BAND!, a effectuées en 1952 clans les stations sud-ouest et sud du petit lac de Burgaschi (Berne). Ces stations relèvent de la phase récente de la civilisation de Cortaillod. Moins vastes que ceux cl'Egolzwil, les chantiers qu'on voit là au travail offrent les mêmes caractères de précision et de soin dans le travail de dégagement (des objets de bois, par exemple), de relevés et de prélèvements (ici l'étude botanique est le fait du professeur M. WELTEN de l'Université de Berne, celle des sédiments est du ressort de Mlle El. ScHMID, prof., de Fribourg-en-Brisgau et Bâle). On peut voir l'application de la méthode de relevé stratigraphique à la laque, aboutissant à une feuille souple sur laquelle reste collée une faible épaisseur des éléments qui composent les diverses couches de la coupe.

On passe ensuite à la visite d'un chantier de fouilles d'une station de la fin de l'âge du Bronze (Sumpf, commune et canton de Zoug, en Suisse cen- trale). M. J. SPECK, conservateur du Musée cantonal de Préhistoire, a repris là, en 1952, les fouilles commencées une trentaine cl' années auparavant par son père. Deux couches archéologiques s'intercalent dans la craie lacustre.

L'exploration se fait grâce à une tranchée de 35 m de long. Elle a mis en évi- 3

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FIG. 2. - Egolzwil 3 (canton de Lucerne, Suisse). Fouilles du prof. E. VOGT, 1952. Vue d'une partie du village néolilhique (Cortaillod ancien), avec les grandes écorces de chêne étalées sur le sol. Les (< pilotis )) ont été sciés après dégagen1ent. Cliché Soc. s. de Préhist.

FIG. 3. - Burgiischi-Sud (canton de Berne, Suisse). Fouilles du prof. H. G. BANDI, 1952.

Détail de la stratigraphie de la station néolithique (Cortaillod récent) montrant l'enfoncement des couches archéologiques dans le fond de craie lacustre, sous le poids des lentilles d'ar-

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dence de nombreux restes plus ou moins en place de constructions, qui dif- fèrent d'un niveau à l'autre; alors que les maisons les plus anciennes s'iso- laient du sol très humide grâce au fait que leurs poutres enfoncées dans le sol étaient retenues par de curieux socles, les cabanes supérieures, en ron- dins, étaient posées à même le terrain. La station de Sumpf se révèle très riche en matériel archéologique : céramique, outillage de bronze, etc.

FIG. 4. - Zoug-Sumpf (canton de Zoug, Suisse). Fouilles du Musée cantonal de Préhistoire (D' J. SPECK, 1952). Niveau supérieur (I-(allstatt B final). Dégagement d'un fond de cabane en rondins. La couche d'argile du sol d'habitation a été enlevée. Cliché Soc. s. de Préhist.

Les fouilles de ces dernières années ont obligé à procéder à la révision cri- tique de nos conceptions sur la disposition des cc stations lacustres n. L'image, classique depuis que F. KELLER la proposa voici un siècle, ou village sur plate- forme maintenue au-dessus del' eau par une forêt de pilotis, se voit fortement combattue par des préhistoriens, et non des moindres, d'Allemagne et de Suisse. Beaucoup d'arguments techniques montrent en tout cas que certains villages (tel celui d'Egolzwil 3) étaient en réalité établis sur le rivage du lac, à même le sol mou, ce qui nécessitait l'enfoncement profond des poutres

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verticales (les cc pilotis " qui ont frappé les premiers chercheurs). Il faudra encore plus d'une campagne de fouilles, de plus d'une station, pour que les hypothèses diverses qui s'affrontent s'accordent en une synthèse dont on peut déjà penser qu'elle sera nuancée.

La troisième partie du film veut montrer le travail qui suit la fouille. On est introduit dans les laboratoires où sont préparés et restaurés les objets recueillis (c'est ainsi qu'on voit lès étapes du procédé de dessiccation et de conservation du bois nouvellement mis au point au Musée national suisse), cataloguées et inscrites toutes les trouvailles, déterminés au microscope les grains de pollens mis en évidence dans les échantillons prélevés sur les coupes ou dans les carottes de sondages, identifiés les ossements d'animaux.

Enfin, les musées sont là, qui vont montrer au public l'essentiel des trou- vailles cc lacustres " : musées de toutes grandeurs, du Musée national suisse à Zurich au petit musée local de Schotz où est conservé ce qui provient des stations de l'ancien lac de Wauwil, en passant par le beau Musée Schwab à Bienne et la galerie d'anthropologie du Muséum d'Histoire naturelle de Berne, où l'on voit les crânes des hommes des palafittes.

Ce film, destiné avant tout au public cultivé, peut pourtant présenter de l'intérêt pour les spécialistes, en leur montrant ce qui se fait dans un pays où l'abondance des vestiges palafittiques a permis de mettre au point de nouvelles méthodes de recherches et d'ouvrir d'utiles discussions sur un cha- pitre passionnant de la préhistoire européenne 1 .

1. Sans vouloir donner ici une bibliographie exhaustive des points soulevés par ce résumé du " scénario , du fùm Cent ans de recherches dans les palafittes, on peut au moins indiquer quelques travaux récents :

Sur l'historique des recherches :

Bandi H. G. Hundert Jahre Pfahlbauforschung in der Schweiz. Revue Universitaire Suisse, XXVII, 1954, p. 185-194.

Sur Egolzwil 3 :

VoGT, E. Das steinzeitliche Uferdorf Egolzwil 3 (Kt. Luzern). Bericht über die Ausgrabung, 1950. Revue Suisse d'Art et d'Archéologie, Bàle, XII, 1951, p. 193-215.

Sur Burgâschi :

BANDI. H. G. Burgi:i.schi-Si.id, die vierte jungsteinzeitliche Ufersiedlun:; am Burgd.schisea. Ur- Schweiz. - La Suisse primitive, XVI, p. 66-75.

Sur Zoug-Sumpf :

SPECK, J. Die spâtbronzezeitliche Siedlung Zug- <( Sumpf )>, Ergebnisse der Sommergrabung.

1952. Ur-Schweiz. - La Suisse primitive, XVII, 1953, p. 51-67.

Sur le problème des palafittes :

Das Pfahlbauproblem, par W.-U. GuYAN, H. LEVI, W. LÜnr, J. SPECK, H. TAUBER, J. TRoELS-SMITH, E. VoGT et M. WELTEN.Édité pour le centenaire de la création de la recherche palafittique en Suisse, Monographien zur Ur- u. Frühgeschichte der Schweiz (Schweiz. Ge- sellschaft für Urgeschichte), Band XI, Bâle, Birkhauser, 1955.

Lünr, W. Problèmes relatifs aux palafittes. Archives suisses d' Anthrop. générale, XVI, 1951, p. 129-159.

- Die vorgeschichtlichen Pfahlbauten ais naturwissenschaftliches Problem. Bericht über das Geobotanische Forschungsinstitut Rübel in Ziirich für da, Jahr 1955. Z•.irich, 1955,p. 108-

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