NOTICE
SUR LES
INTERCONTINENTALES
RÉFORME DES TARIFS
PAR
P. BARDONNAUT
Ancien Elève de l’Ecole Polytechnique Ancien Directeur-Ingénieur des Télégraphes
Officier de la Légion d’honneur
BAR-SUR-AUBE
—
IMPRIMERIE A. LEBOISM
DCCC LXXXXIVAvant-propos.
Titre I.
—
Considérations générales sur lescommunications
télégraphiques intercontinenlales.Réforme
des Tarifs.Titre. II.
—
Indication d’un double réseau à construire dans l’océan Atlantique et dans l’océan Pacifique.Titre III.
—
Avant-projetdu
réseau de l’Atlantique. Tarifs à appliquer.z%
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NOTICE
'*
SUR LES COMMUNICATIONS TELEGRAPHIQUES
INTERCONTINENTALES
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RÉFOR ME DES TARIFS*
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V.,3
AVANT-PROPOS
Lesdiscussions parlementaires
du 20
etdu
21 juillet 1890 (voirleJournal officiel)ontdémontré
qu’il est universellement regardécomme
nécessaire de créerun
réseau télégraphiquesous-marin
françaisdans
l’océanAtlantique.Les câbles destinés à la constitution de ce réseau peuvent
évidemment,
en cas d’insuffisance de l’industrie française, êtredemandés
à des constructeurs étrangers.On
ne saurait, eneffet, prétendre
qu’un
réseau est Anglais parceque
lesconduc- teurs qui leforment
ont été en toutou
en partie fournis par des industriels d’outre-Manche, tandis qu’on peut, jusqu’àun
certain point, leregarder
comme
tel sisespoints d’atterrissage sont situésdans
des pays anglaisou
inféodés à l’Angleterre ettombant
dès lors, en cas de guerre, sous sadomination
defait, sinon de droit,
comme
cela a lieupour
lesAçores.Le
ré- seaudont
l’établissement n’a pas étéadmis
par laCommission
de laChambre
des Députés d’accord avec leGouvernement,
était donc, à
proprement
parler,un
réseau anglais ne possé- dant qu’une seule station française, celle de BrestQuel que
soit d’ailleurs le tracé d’un réseau sous-marin,on
nepeutpas le protéger d’unemanière
efficaceen cas deguerre,p %
\ b‘ 2. 8>il serait
pour
cela nécessairequ’un
traitéinternational fût con- senti par lesgouvernements
intéressés. Toutefois il est utile deremarquer que
la France subiraitdu
fait dela rupture de quekpTiFn de ses câblesun dommage incomparablement
rptjïûçLré aîie* celui qu’a à redouter l’Angleterre d’un acte el’hbstijité- semblable, car tous les conducteurs sous-marins
qyiTo
reliant soitavec lesIndes, soitavec l’Amérique, peuventfaci-fê
m
etH
étremis
hors d’usage enquelques coups de grappin.NouVa>6ns donc
pensé qu’en l’étatactuel des choses, il étaitopportun
d’examinersommairement comment on
peut établi]' iùî réseau français destiné à remplaceravantageusement
celuique
leParlement
a rejetépour
la secondefois en1893, et dont l’exécution est d’ailleursdevenue
impossibleparsuitede lacon- cession faite àÏEastem du
droit exclusif d’atterrissageaux
Açores (15 juin 1893).Nous
avons consignédans
la présente notice le résultat de nos réflexions, etnous
lelivrons au public en appelant sur les conclusions quiy
sont présentées l’atten- tion des personnes en situation de les faire passer dans ledomaine
de la pratique. L’Algérie estaujourd’hui reliée direc-tement
à Marseille parseptcâbles,etsonservice télégraphique est désormaisassuré delamanière
la plus complète; il seraitdonc
à souhaiterque
les vuesdu gouvernement
français se portassent sur ses colonies de l’Atlantique. Cela est d’autant plus à l’ordredu
jour,qu’un
réseau degrands
câbles sous-marins
les rattachant à la France trouveraitimmédiatement
des produitsdans
le transitgénéral destélégrammes
circulant entre l’Europe et lesdeux Amériques.
'Bar-sur-(Aule, le ieV Mai 1894.
TITRE
IerConsidérations Générales sur
lesCommunications
Télégraphiques Intercontinentales
Réforme des
TarifsI
Le développement
de la télégraphie sous-marine à grande distance et enmer
profonde a été retardé en premier lieu par l'insuffisance des machines de pose et de relevage, restéeslong- temps à Tétât rudimentaire, et en second lieu par les difficultés qu'offrait la résolution pratiquedu problème
descommunica-
tions rapides à très grandedistance à travers lescâbles. Aujour- d’hui ces inconvénients n’existent plus, et
non
seulement on regarde l’immersion des câbles enmer
profondecomme un
travail ordinaire, mais on saitréparer les conducteursbrisés ou
endommagés,
en remplacer les parties défectueuses, enun mot
en perpétuer la durée.On
sait aussi vaincre les difficultés de transmission entredeux
points très éloignés par l’emploi d’une plus forte proportion de cuivre et de matière isolante dans lacomposition de l’âme
du
câble, et par l’usage d’appareils spé- ciaux.Ceci posé, et remarquant
en
outre àcombien
de lenteurs, d’interruptions etd’erreurs sont, par suite des réexpéditionsou du
mauvais état des lignes, sujettes les transmissions sur les fils internationaux de terre,on
conclut sans peinequ’il est, enréalité, regrettable qu’on ne puisse pas partout substituer des câbles sous-marins aux lignes terrestres pour les grandes
com-
munications, etque, par conséquent, aulieu de réduire les par-—
G-
ties sous-marines au strict nécessaire, il faut en faire le plus large usage, en tenant
compte
cependant, en toutecirconstance, des conditions économiquesdu problème
à résoudre.II
Peut-on affirmer qu’un réseau disposé au fond des
mers
pourrelier entre eux îles et continents éloignés donnera
un
produit rémunérateur ;Nous
le croyons, si ce réseauest bien délimité, etsi, surtout,on
fait coïncider sa création avec l’adoption d’untarif aussi réduit quepossible pour l’échange des télégrammes intercontinentaux.
Mais
on
ne peut donner, àpriori, de ce résultat des preuves suffisantesau publicpour qu’il n’y ait pas à craindre dele voir hésiter à apporter son concourspécuniaire indispensable; aussi, puisquel’intérêt de tousestici engagé, absolumentcomme
dans tout autre travail d’utilité générale, ily
a lieu dedemander aux
Etats intéressésune
garantie de revenu qui, si elle occa- sionne pour euxune
dépense, restera justifiée àun
degré aumoins
égal que les subventions accordées en France sur les fondsdu
budget, sous une forme ou sousune
autre, pour l’éta- blissement des routes et des chemins defer. et pour toutes lesœuvres
qui, demême
que les télégraphes, concourent à par-faire ce qu’on peut appeler
l’aménagement économique
denotre planète.TITRE
IIIndication d'un double réseau à construire dans
l’océanAtlantique
etdans l’océan Pacifique
I
Les grandes communications sous-marines intercontinentales
du monde
doiventnécessairement s’étendre sur l’océan Atlan- tique et surl’océan Pacifique.II
Réseaude l’Atlantique
Le
premier réseau à construire estévidemment
celui de l’A- tlantique, aussi en ferons-nous plus loinune
étude spéciale.Nous nous
contenterons de dire dès à présent que, sauf les légères modificationsqu’uneentente aveclegouvernement
fran- çaisy
pourra apporter, il semble devoir être délimitécomme
ilest indiqué au croquis placé à la fin de ce travail (1), et se
composer
des câbles ci-après :1° Oran-Saint-Louis (Sénégal).
2° Saint-Louis-Cayenne.
3° Cayenne-
La
Martinique.4°
La Mar
Unique-New-
York (avec arrêt àCuba
, si les négo- ciations à ouvrir avec l’Espagne n’entravent pas lamarche
des opérations).5°
New-York-Le
Havre-Direct.(1)Voir aussila cartedes grandes communications dumonde, éditée à Berne par les soinsdu Bureauinternationaldes administrations télégraphiques.
Et pour fermer ce circuit polygonal, ilyauralieu des’enten- dre avec le
gouvernement
françaisqui constituera sur ses lignesun
fil directdu Havre
à Marseille, rejoignant le câbleMar
-
seille-Oran.
Ilparaîtraprobablement
bon
d’immerger dansun
avenir plus oumoins
rapproché, sinonimmédiatement,un
câbledeCayenne
àFernambouc,
afin d’amener sur le réseau projeté les télé-grammes
deou pour
l’Amériquedu
Sud.III
Réseau
du
PacifiqueIndiquons maintenant
comment
devra être constitué le ré- seaudel’océanPacifiquequ’onn’entreprendra,du
reste,qu’après l’achèvement de celui de l’Atlantique.Partant de
La
Martinique pourrejoindre Colon, puisPanama
(ligne terrestre), les câblesde ce réseau s’étendront surle Paci- fiqueen atterrissant à Nouka-Hiva, Taïti,
Nouméa
etSydney
(Australie). Ils seront doublés par
une
seconde ligne allant deSydney
aux IlesSandwich
et de là àS
an-Francisco,puisaNew-
York par les lignes d’une Société américaine avec laquelle il y aura lieu de prendre des arrangements préalables.Un
câble additionnel pourraêtre posé entre les IlesSandwich
et lesMar-
quises. (Voir le croquis sus-indiqué).
TITRE
IIIAvant-projet
détaillédu réseau de
l’Atlantique.Estimation des prixdes lignes télégraphiquessous-marines
La
valeur commerciale des câbles (fourniture et pose, toutes garanties données) n’est pas exactementconnue
de tout lemonde;
elledépend du
prix des matières premièreset desfrais généraux, provenant de l’entretien desgrandes usines de fabri- cation etdesvapeurs d’immersion, etaussi de l’importance des travauxà faire.Lors
donc
qu’on veut créerun
réseau plus oumoins
étendu delignes télégraphiques sous-marines, lemieux
est de s’adres- ser à plusieurs industriels afin d’étalir entre euxune
concur- rence, et de traiter soit par adjudication publique, soit degré à gré avec laprudence qui convient.On
acomme
base limite des prix à payer lesmarchés
faitsou
les offres présentées à diverses époques pour des opérations semblables.D’après ces précédents
on
peut estimer:Qu’au-dessous de 1000 millesmarins, le prix
du
mille de câble doitvarier entre 2000 fr. et 3000 fr. (1) ;Que, pourles câblesd’une longueur supérieure à 1000milles,
(1) Ainsi uncâble Marseille-Alger vautapproximativement 1.300.000 fr.
Tarifs à
appliquer
I
Marseille-Bône
Marseille-Tui.is Marseille-Oran
1.400.000fr.
1.500.000fr.
1.600000fr.
—
10-
il varie entre 3.000 fr. et 5.000 fr. le mille, pour des conduc teurs atteignant3.000 millesau moins.
Il
Délimitation
du
réseau, prix des câbles et autres dépensesNous
avonsdonné
plus haut les limites choisies, elles per- mettront augouvernement
françaisde correspondre, sans sortir de sespossessions, avec sescolonies de l’Atlantique aussi facile-ment
qu’avec la Franceet l’Algérie.L’Administration française restera naturellement propriétaire dela ligne
du Havre
à Marseille etOran
, surlaquelleles tarifs resteront cequ’ils sont aujourd’hui, 0fr. 10 par mot.New-York 1 Le Havre
Nous
ne nous occuperons ici quedu
réseau figuré ci-dessus en lignes pleines.Nous
laissons de côté l’atterrissage possible à Cuba, quid’ailleurs ne serait pasune
caused’augmentation de dépense, et la ligne additionnelle deCayenne
àFernambouc,
dont la création pourra être ultérieurement décidée.-
11-
Prix
«lesCâbles
Sans entrer ici dans
aucun
détail technique, et en se basant sur ce que les divers conducteursdu
réseau devront être payés (pose et fourniture, garanties données) de 3.000 fr. à 5.000 fr. le mille d’après leur longueur, l'estimationdu
prix des câbles peut être faitcomme
il suit, avecune
très grande ap- proximation :Cable n° 1.Le Havre - New-York. Direct 17.000.000fr.
Câble n°2. New-York -
La
Martinique 7.000.000 Câble n° 3.La
Martinique-Cayenne 3.000.000 Câble n°4 Cayenne- St-Louis 10.000.000 Câble n°5. St-Louis- Oran 6.000.000Totalduprix des câbles 43.000.000fr.
Autres Dépenses
Au
prix des câbles il faut ajoutercertaines dépensesque nous évaluons très largementainsiqu’il est dit ci-après :1. Opérations àterre (lignes souterraines,ins-
tallation dosbureaux, etc.) 600.000 fr.
2. Fraisd’étudeset desurveillancedestravaux
d’établissement 400.000
3. Frais denégociations etdepublicité 2.000.000
4. Arrérages à payeraux actionnairespourles versementsfaits avant l’ouverture du ser-
vice 500.000
5. Réserve à constituer pour grosses répara- tionséventuelles,etperpétuité des câbles,
ou dépenses de grand entretien 2.500.000
Total 6.000.000 fr.
Reportduprix des câbles 43.000.000
A
valoir pourparer à toute éventualité 1.000.000Total général 50 000.000fr.
—
12-
Capital social
Un
capital social de cinquante millions estdonc
celui qu’ondoit, à priori, fixer pour parer à toutes les dépenses que peut occasionner la création et la mise en exploitation d’un vaste réseau Atlantique tel
que nous
l’avons défini.Si,comme
cela est probable, ce capital n’est pas dépensé entièrement, le reli-quat sera versé au
compte
dela réserve qui, chaque année, seraaugmentée
d’une quote-partdu
revenu brut.IY
Tarifs à appliquer.
—
Produits probablesAinsi que nous l’avons dit, la création d’un Réseau Atlan- tique absolument français doit être l’occasion d’une réforme dans les Taxes, et de l’adoption de Tarifs aussi faibles que possible.
La Taxe du Havre
àOran
sera celle appliquée aujourd’hui, 0 fr. 10 par mot. Elle appartient et continuera à appartenir auGouvernement
français.Pour
les câbles delaCompagnie
à former,on
pourraadopter les Tarifs suivants :Lignes de 1,000milles marins auplus ... 0f20 par mot Lignes de1,000 à2,000milles 0 40
—
Lignes de2,000à 3,000milles 0 60
—
Lignes deplus de3,000milles 0 80
On
admettra en outre, qu’entredeux
stations quelconquesdu
réseau, quelles que soient les voies suivies, laTaxe
totale ne dépassera jamais 1 franc parmot
(y compris la part fran- çaise, en cas de transit entre Oran etLe
Havre).En
jetant les yeux sur la carte des grandes communications-
13—
% télégraphiques
du monde, on
voitsans peine que l’exploitationdu
réseau dans ces conditions ne peut qu’être productive.Chacun
descables peutdonner par
heure etpar
an, en travail*
courant, à 10mots
par minute, lenombre
demots
suivant :10mots
X
00minutesX
365jours~
219,000 mots.En
admettant donc, ce qui est loin d’être exagéré,un
travailmoyen,
sur chaque câble, de 10heures par jour, enmotstaxés,
leur produit éventuel sera :
1° CâbleLe Havre -New-York.0fr.80par mot.
2.190.000
X
0 fr.80 1.752.000fr.2° New-York -
La
Martinique. 0fr. 40par mot.2.190.000
X
0fr. 40.. 876.0003*
La
Martinique- Cayenne. 0 fr. 20 par mot.2.190.000
x
0fr.20 438.0004° Cayenne - Saint-Louis. 0 fr. 60 par mot.
2.190.000
XOfr.
60.^
1.314.0005° Saint-Louis - Oran. 0 franc 40 par mot.
2.190.000
X
0 fr.40.. 876.000Total 5.256.000fr.
Snr ceproduit (recettes brutes) il faudra prélever :
1® Pourla réserve degrand entretien 1.500.000fr.
2° Pourfrais d’administration,d’exploitation et
d’entretien ordinaire 500.000
Total . 2.000.000fr.
Il restera
donc un
produit net de3,256,000 francs
de sorte que si l’on
demande
augouvernement
françaisune
garantie de 4 0/0, on est en droit d’espérer que cette garantie-
14—
sera
purement
morale, puisque le capital engagé n’est que de cinquante millions.Puissance économique
du
réseauPour
se faireune
idéede la puissanceéconomique du
réseau proposé, il suffit deremarquer
que si, par suite del’abaissement des taxes, les télégrammes affluentcomme
cela a eu lieu à la poste pour les lettres, les câbles installés en duplex, travaille- ront utilement (mots taxés) 20 heures par jour (1) dans chacun desdeux
sens; leur produitmaximum
brut seradonc
quadruple de celui calculé ci-dessus, soit, ennombre
rond :4
X
5.250.000 fr.=
21.000.000 defrancs.c’est-à-dire plus de 40
% du
Capital social, et que, par consé-quent, il pourra devenir à
un moment donné
utile à tous les intérêts de réduireencore les Tarifs fixés plus haut.Fin.
(1) Nousadmettons4 heures par jour de chômageforcé on de transmissions gratuites, deserviceou autres.
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