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Hépatite E : premiers pas vers un traitement

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1382

Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

30 juin 2010

«A vos agendas

actualité, info

avancée thérapeutique

Le virus de l’hépatite E (VHE) est la première cause d’hépatite virale dans le monde et, selon certaines estimations, le tiers de la popula­

tion mondiale aurait été infectée par ce virus. La majorité des cas survient dans les pays en voie de développement, où le virus se trans met à l’homme par la con som­

mation d’aliments contaminés in­

suffisamment cuits. Mais on assiste aussi à l’émergence de cas dans de nombreux pays industriels. Cette infection peut être associée à une mortalité élevée chez les person nes âgées, les femmes enceintes et les personnes souffrant d’une patho­

logie hépatique sous­jacente. Elle peut aussi évoluer sur un mode chronique, notamment chez les personnes immuno déprimées.

L’infection chronique peut quant à elle évo luer vers une cirrhose et, dans le cas d’une greffe hépati­

que, elle peut conduire à la perte du greffon. La prévalence de l’in­

fection chez les patients greffés est estimée entre 0,4 % (dans les zones de faible endémie) et 1,9 % dans les zones où l’endémie est plus élevée. Aujourd’hui, le diag­

nostic de l’infection par le VHE est basé sur la détection de l’ARN viral dans le sang, les selles ou les biopsies du foie ainsi que sur la présence d’IgM et d’IgG spécifi­

ques. Chez certaines personnes infectées, les données sérologi ques ne sont pas toujours pertinentes du fait notamment de faux négatifs.

C’est aussi et surtout une infection sans thérapeutique efficace démon­

trée (à l’excep tion, chez des per­

sonnes greffées, de quel ques cas associant traitement immunosup­

presseur et interféron a) ; d’où l’im­

portance que l’on peut accorder

(en dépit de son caractère prélimi­

naire) à la publication que vient de faire un groupe de cliniciens fran­

çais dans Annals of Internal Medi- cine.1 Vincent Mallet, Philippe So­

gni, Stanislas Pol et leurs équipes de l’Institut Cochin et du groupe hospitalier Cochin Saint­Vincent de Paul (Paris) rapportent l’effica­

cité d’un traitement antiviral sim ple chez deux personnes souffrant d’une infection chroni que par le VHE. Des essais clini ques devraient être réalisés rapidement afin de

valider et d’étendre ce trai tement.

Les cliniciens français ont propo­

sé à deux patients immunodépri­

més souffrant d’une infection chro nique par le VHE un traite­

ment à base de ribavirine. On sait que cet antiviral connu de longue date est un analogue de la guano­

sine doté d’une activité à large spectre contre les virus à ARN et l’ADN ; il est actuellement utilisé dans le traitement de certai nes infections virales respiratoires chez l’enfant et certaines fièvres hémorragi ques. Il est également utilisé dans le traitement de l’in­

fection par le virus de l’hépatite C. Le premier patient était un homme diabétique, âgé de 40 ans qui, après deux ans d’hémodialyse, avait bénéficié d’une greffe de rein en novembre 1998. Le second était une fem me âgée de 57 ans présentant une lymphopénie et ayant un lourd passé médical (insuffisan ce respiratoire chroni­

que, infection chronique cutanée

et génitale compliquées par un papillomavirus humain, maladie de Bowen, cancer spinocellulaire, cancer primaire du sein).

La ribavirine a été administrée quotidiennement par voie orale à raison de 12 mg/kg de poids cor­

porel et ce pendant douze semai­

nes. Après deux semaines de trai­

tement chez les deux patients, la fonction hépatique est redevenue normale. Après quatre semai nes de traitement, le virus est devenu indétectable dans l’organisme.

Enfin, respectivement six et trois mois après l’arrêt du traitement, la fonction hépatique restait nor­

male et le VHE indécelable. Les effets secondaires ont été consi­

dérés comme bénins.

Pour les auteurs de ce travail, le rétablisse­

ment spectaculaire des deux patients mon tre a priori le potentiel de la ribavirine comme traitement des formes graves d’infection par le virus de l’hépa­

tite E. Pour autant, la démonstra­

tion est encore loin d’être appor­

tée. «Il faut toutefois rester prudent, souligne le Dr Vin cent Mallet. En raison du manque de recul, on ne peut encore affirmer la guérison totale des patients, mais notre travail est une véritable avan­

cée. Des tests cliniques doivent maintenant être menés pour trou­

ver la dose, la formulation et la durée adéquates pour traiter les formes graves d’infection par le VHE.» Auprès de l’Institut natio­

nal français de la santé et de la re­

cherche médicale, on précise que ces travaux ont fait l’objet d’un dépôt d’une demande de brevet.

Jean-yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

Hépatite E : premiers pas vers un traitement

1 www.annals.org/content/early/2010/

06/11/0003-4819-153-2-201007200- 00257.full?aimhp

Des tests cliniques doivent être menés pour trouver la dose, la for- mulation et la durée adéquates

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