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Association de la consommation d’alcool avec le risque de décès dû à un cancer colorectal

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Academic year: 2022

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mène un tel conflit. On peut aussi élargir la focale et donner une dimension politique à cette problématique. Le cas du dépistage du cancer du sein y incite, tout particulière- ment en France, et tout particulièrement après l’annonce de la ministre française de la Santé. Cette dernière entend ouvrir «une grande concertation citoyenne et scientifi que sur le dépistage du cancer du sein, en lien avec l’Institut national du cancer (Inca)» ; initiative associée à l’annonce «de la prise en charge à 100% des examens de dépistage pour les femmes particulièrement exposées».

Cette initiative se concrétise pour l’essentiel par l’ouverture du site (www.concertation- depistage.fr) «destiné à recueillir un maxi- mum de contributions, d’avis et de points de vue sur le dépistage». L’objectif est d’«améliorer la politique de dépistage du cancer du sein en donnant la parole aux citoyennes et aux citoyens, mais aussi aux différents acteurs du dépistage». Il n’en fal- lait pas plus pour relancer la polémique scientifique et les réquisitoires contre les in- citations officielles à la pratique de la mam- mographie.1

On ne peut ici comprendre les enjeux sans rappeler le passé politique du dossier français : dix ans après l’annonce de sa géné- ralisation, le dépistage organisé du cancer

du sein atteint, dit-on en haut lieu, certaines limites.

C’est là un euphémisme : il faut parler de la stagna- tion du taux de participa- tion et des profondes «dif- ficultés d’accès des fem- mes éloignées du système de santé». C’est aussi le reflet des graves inégalités qui perdurent en France ; un pays où l’on a mis en place, depuis 2004, un am bitieux program me de dépistage dit «organisé»

(DO). Son objectif était de permettre à toutes les femmes de 50 à 74 ans de bénéficier au plus tôt, si nécessaire, de la meilleure prise en charge thérapeutique.

Environ 4,3 millions de femmes sont ainsi, chaque année, incitées à en bénéficier.

Concrètement, elles sont invitées, par cour- rier, à passer une mammographie bilatérale des seins – examen spécialisé et pratiqué dans un cabinet de radiologie choisi par la femme.

Ce programme de DO est décentralisé aux échelons départementaux et fonctionne en collaboration étroite avec les radiologues libéraux qui le souhaitent. A charge, pour

eux, d’appliquer les normes d’un cahier des charges défini à l’échelon national. Or, dix ans après sa création, ce dépistage organisé est encore bien loin de concerner l’ensemble des femmes qui sont régulièrement incitées à en bénéficier. Il faut ici savoir que, depuis son lancement, le DO coexiste avec un dé- pistage dit «individuel» (DI). A la différence du précédent, il est pratiqué à la demande du médecin traitant (le plus souvent le mé- decin généraliste) ou du gynécologue, voire à l’initiative même de la femme. Les exa- mens se pratiquent alors en dehors de tout cadre contractuel.

On ne pouvait jusqu’à présent rien trou- ver à redire à la coexistence de ces deux systèmes de dépistage. Tel n’est plus le cas depuis la publication, en 2012, des résul- tats très détaillés d’une enquête de la Haute autorité de santé (HAS).2 On y apprenait que le taux de participation au DO en 2009- 10 n’avait été que de 52,1%. Et que 10% des mammographies réalisées chez les femmes âgées de 50 à 74 ans le sont dans le cadre d’un DI. Le rapport de la HAS relevait aussi que le DI s’accompagne fréquemment d’écho- graphies «en excès» susceptibles de générer des «surdiagnostics», voire des «excès de traitements».

La situation française a quelque chose d’ubuesque : avec les deux systèmes réunis, le dépistage du cancer du sein reste toujours inférieur en France au niveau recommandé.

L’OMS l’a fixé à 70%, l’Union européenne à 75% et la loi française de santé publique de 2004 à 80%. Il existe en outre de grandes variations géographiques hexagonales qui recoupent d’évidentes disparités socio-éco- nomiques.

On peut bien sûr rêver à un monde plus rationnel et plaider pour une meilleure infor- mation des femmes.3 Le pouvoir organise une concertation numérique et citoyenne pour évoquer une controverse médicale. Il y confortera sa bonne conscience. Quant aux femmes les plus défavorisées, jamais dépis- tées, elles ne participeront évidemment pas aux débats.

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 28 octobre 2015 2041

1 Voir notamment le site cancer-rose.fr où des médecins questionnent l’intérêt du dépistage.

2 Voir «La participation au dépistage du cancer du sein des femmes de 50 à 74 ans en France».

3 Voir «Dépistage des cancers du sein : un petit pas vers une information équilibrée des femmes» Rev Prescrire 2013;33:703-4.

Les données des études prospectives de cohorte, qui investiguent l’association entre la consommation d’alcool et la survenue de cancer colorectal (CRC), sont divergentes.

Quelques-unes suggèrent une augmenta- tion du risque pendant que d’autres ne mon- trent pas d’effet. Des chercheurs ont analysé neuf études de cohorte (avec plus de deux millions de cas au total) pour évaluer à quel niveau la consommation d’alcool influence la mortalité due à un CRC. 4000 cas de décès ont été enregistrés au total.

• La consommation d’une moyenne M 50 g d’alcool (environ M 5 boissons standards par jour) a été associée avec une légère aug- mentation du risque létale du CRC (risque relative 1,21).

• Des consommations moyennes de type

«légère» (m 12,5 g par jour) et «modérée»

(12,6-49,9 g par jour) n’ont pas augmenté le risque létal de décès par CRC. L’odds ratio était de 0,97 et 1,04, respectivement.

Commentaires : malgré une très grande taille d’échantillon, les auteurs n’ont pas pu

évaluer l’influence du type de boisson con- sommé, les habitudes de consommation ou des taux de folates des sujets d’étude, qui pourraient tous modifier la relation entre la consommation d’alcool et le CRC. Globale- ment, cette méta-analyse soutient l’hypo- thèse d’un risque élevé de décès par CRC si associé avec une forte consommation d’al- cool. Cependant, elle montre de manière convaincante qu’une consommation d’alcool

«légère» ou «modéré» de manière régulière n’augmente pas le risque de décès par cette maladie.

Dr Sonja T. Ebert (traduction française) R. Curtis Ellison, MD (version originale anglaise)

Cai S, Li Y, Ding Y, et al. Alcohol drinking and the risk of colorectal cancer death : A meta-analysis. Eur J Cancer Prev 2014;23:532-9.

Lien vers la version intégrale de la lettre d’information : www.alcoologie.ch/alc_home/alc_documents/alc- lettreinformation-2.htm

dépendances en bref

Association de la consommation d’alcool avec le risque de décès dû à un cancer colorectal

Service d’alcoologie, CHUV, Lausanne

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