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Nature des interactions hôte-parasite lors de l’infection
par Cercosporella herpotrichoides Fron de diverses
lignées de Triticinées sensibles et résistantes. I. - Etude
ultrastructurale des tissus au cours de la pathogenèse
T. Guillot-Salomon, Gérard Doussinault
To cite this version:
T. Guillot-Salomon, Gérard Doussinault. Nature des interactions hôte-parasite lors de l’infection
par Cercosporella herpotrichoides Fron de diverses lignées de Triticinées sensibles et résistantes. I.
-Etude ultrastructurale des tissus au cours de la pathogenèse. Agronomie, EDP Sciences, 1981, 1 (4),
pp.277-288. �hal-02725417�
Nature
des
interactions
hôte-parasite
lors de
l’infec-tion
par
Cercosporella herpotrichoides
Fron
de
diverses
lignées
de
Triticinées
sensibles
et
résistan-tes.
I. -
Etude ultrastructurale
des
tissus
au
cours
de
la
pathogenèse
Thérèse GUILLOT-SALOMON Gérard DOUSSINAULT
Myriam de BESOMBES H. JOUAULT
( *
) Université Pierre-et-Marie Curie, Laboratoire de Biologie végétale IV, 12, ra!e Cunier, F 75005 Paris.
( **
) LN.R.A., Station d’Amélioration des Plantes, Centre de Recherches de Rennes, B.P. 29, F35650 Le Rheu. RÉSUMÉ Piétin-verse Résistance Parasitisme Ultrastructure Triticinées
Une étude au microscope électronique des altérations apparues dans les cellules des gaines foliaires de diverses Triticinées lors de l’infection par Cercosporella herpotrichoides Fron, agent du piétin-verse, a été
effectuée après culture en chambre de vernalisation ainsi qu’au champ. Cette étude a été réalisée au stade
plantule sur 4 lignées de Triticinées choisies selon leur niveau de résistance à la maladie : 2 variétés de blé tendre (Triticum aestivum L.), l’une « Moisson », très sensible, et l’autre « Cappelle », qui présente une moindre sensibilité à la maladie, une lignée résistante « V.P.M. » obtenue à partir du croisement (Aegilops
ventricosa x Triticum persicum) x Marne’ et une lignée d’Aegilops l’entricosa Tausch. n° «Vent 11 »,
particulièrement résistante.
Pour l’ensemble des lignées étudiées, le développement du parasite est essentiellement intracellulaire. La
pénétration des hyphes à travers les parois pectocellulosiques se fait par digestion enzymatique de celles-ci.
L’attaque du champignon provoque, chez l’hôte, une forte réactivité pariétale et la dégénérescence du
contenu des cellules qui apparaissent hypertrophiées.
Chez les lignées résistantes, une réaction cytoplasmique très intense est observée lors de la lyse cellulaire.
Elle s’accompagne de l’accumulation d’une grande quantité de précipités osmioréducteurs dans les cellules
infectées.
Des différences importantes sont mises en évidence entre génotypes sensibles et résistants dans
l’ultrastruc-ture des hyphes développés tant au contact de l’épiderme des gaines qu’au sein des tissus.
Chez les lignées sensibles, la maladie atteint rapidement l’ensemble des tissus des 3 premières gaines foliaires
et le contenu des hyphes est dense et riche en organites différenciés. Le mycélium se présente à la fois sous la forme de filaments et d’éléments uni- ou pluricellulaires qui paraissent provenir du cloisonnement de la partie
terminale des hyphes. Ces éléments, à paroi très épaisse, sont riches en matériel de réserve et ont un système vacuolaire très réduit. Assimilables à des chlamydospores, ils secrètent un exsudat d’apparence mucilagi-neuse qui semble favoriser leur adhérence sur les parois de l’hôte. Le rôle de ces éléments dans l’extension de la maladie est discuté.
Chez les lignées résistantes, les hyphes, qui demeurent localisés généralement dans les couches cellulaires les
plus externes de la 1" gaine, apparaissent le plus souvent dilatés et dégénérescents. D’importantes altérations
de la paroi fongique sont observées. Elles pourraient modifier les propriétés de perméabilité de cette paroi et,
permettant l’entrée massive d’eau dans les hyphes, entraîner leur dilatation et leur vésiculisation dans les cellules-hôtes.
Lors de l’attaque par le champignon, les tissus résistants semblent donc le siège d’une forte réaction
fongitoxique. Cette réaction, de type hypersensible, pourrait être déclenchée au niveau de la membrane
plasmique. La synthèse d’enzymes capables de lyser la paroi fongique paraît en particulier être exaltée dans
ces tissus.
L,’hypothèse d’une spécificité variétale dans les systèmes hôte-pathogène dans le cas de l’infection par le
piétin-verse est avancée.
SUMMARY Eyespot disease Resistance Parasitism Ultrastructure Triticineae
Host-pathogen relationships
in various resistant orsusceptible
linesof
Triticinaeinfected
by Cercosporella herpotrichoides Fron disease. I. Ultrastructural study in tissuesduring
pathoge-nesis.
The cell alterations induced in leaf-sheaths of various resistant or susceptible Triticinae by the pathogen Cercosporella herpotrichoides Fron, the eyespot disease agent, were studied with an electron microscope.
« V.P.M. » issue from crossing between (Aegilops ventricosa x Triticum persicum) x Marne’ and one line of
Aegilops ventricosa Tausch, « Vent 11 », were investigated.
The plants were grown in a greenhouse or in the field. The study was carried out 8 weeks after inoculation for the plants grown in the greenhouse, and 4 months after the infection for the plants grown in the field. In all these lines an intracellular development of the mycelium was mainly observed. The primary penetration
of the hyphae occurred by enzymatic degradation of host cell wall constituents. Under attack by the fungus,
the staining density of cell walls increased, all the intracellular organelles quickly disrupted and the parasitized
cells swelled.
In susceptible lines, a strong cytoplasmic reaction paralleled the lysis and the accumulation of very
osmiophilic material in infected cells.
Differences occurred in the ultrastructure of mycelium whether in contact with the epiderm cells or located on the leaf-sheath cells.
In susceptible plants, in which the eyespot disease reached successively the three leaf-sheaths, the hyphae
content was dense and rich in differentiated organelles. A stroma was constituted of filaments and of uni- and
pluricellular elements. The elements proceeded from the partition of the hyphae apex. As in the chlamydospores, they were surrounded by a thick wall, contained a rich storage material and were poorly vacuolized. They could be a dissemination agent of the eyespot disease.
In resistant plants, the hyphae remained in the outer layer cells of the first leaf-sheath and appeared empty, dilated and degenerescent. In addition, important alterations occurred in the fungus walls which could very well change the wall permeability and consequently cause the dilatation and vesiculisation of the hyphae by
osmotic water stress.
In resistant tissues, a violent toxic reaction of hypersensibility type seemed to take place in the host cell
plasmalemma in response to the fungus infection. Then it is suggested that enzymes could be synthetized inducing the lysis of the fungus walls.
The hypothesis of a varietal specificity in host-pathogen systems for the eyespot disease was advanced.
INTRODUCTION
Le
piétin-verse,
maladie dublé,
provoquée
par lechampi-gnon
Cercosporella herpotrichoides
Fron,
est responsa-ble dedégâts importants
causés aux cultures(PO
N
CHET,
1959).
La lutte contre cette maladie a suscité un effortparticulier
de sélection delignées
de blé à haut niveau derésistance
(MAIA, 1967 ; DOUSSINAULT, 1973 ;
DOUSSI-NAULT et
al., 1974 ;
DOSBA&DOUSSIN
A
ULT,
1978 ;
JAHIERet
al., 1978).
Parallèlement,
des études ont été menées surles processus d’infection par ce
parasite
(LANGE
DE LACAMP, 1966 ; JAHIER, 1978).
L’examen ultrastructural des tissus infectés apermis
depréciser
les mécanismes depénétration
duchampignon
(D
EFOSSE
& DEKEGEL,1974),
l’aspect
duparasite
dans les tissus(R
A
SSEL, 1974)
ainsi que les modifications cellulaires de l’hôte au cours de lapathogenèse
(FE
HRMANN
&ME
NDGEN
,
1975).
Desanalyses
histochimiques
ontégalement
montré que les altérations descomposants
de laparoi
au niveau des lésions des cellules del’hôte
s’accompagnent
del’apparition
de substancesréduc-trices
(DEFOSSE,
1966,1971).
L’ensemble de ces travaux ontporté
uniquement
sur des variétés de blé sensibles. Lessymptômes
de la maladieapparaissent
toutefois différentsdans le cas de
lignées
portant
lesgènes
de résistanced’Aegilops
ventricosa(J
A
HIER
etal., 1978 ; KAMEL,
comm.pers.). L’objet
de ce travail a donc été de comparer lesaltérations
apparues dans la structure fine des tissus degénotypes
sensibles et résistants au cours de lapathoge-nèse.
L’aspect
ultrastructural dumycélium
dans ces tissus aété étudié simultanément.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
1. Matériel
végétal
Quatre
lignées
de Triticinées ont été sélectionnéesd’après
leur niveau de résistance au
piétin-verse:
2 variétés de blétendre Triticum
aestivum L.,
ssp.vulgare, l’une
« Moisson »très
sensible,
et l’autre« Cappelle » qui
présente
unemoindre sensibilité à la
maladie ;
unelignée
« V.P.M. »,
obtenue à
partir
du croisement(Aegilops
ventricosa xTriti-cum
persicum) X
Marne
3
(MAIA,
1967),
dont le niveau derésistance
estsupérieur
à celuijusqu’alors
connu chez lesblés,
unelignée d’Aegilops
ventricosaTausch,
n°« Vent 11 »,
particulièrement
résistante.2. Mode de culture
En chambre de vernalisation
Les caryopses sont mis à germer au laboratoire en boîtes de
Pétri, puis placés
en terrines dèsl’apparition
ducoléoptile
etdes 3 racines séminales et recouverts de sable. L’inocula-tion est
pratiquée
à la levéequi
est rendue trèshomogène
dans ces conditions. Les terrines sont
placées
en conditionsvernalisantes pour un blé
d’hiver,
en salle de culturemaintenue à 8 °C + 1 °C et éclairée 8
h par jour
(tubes
Philipps
TLM 65 W/SS RS,
fournissant uneénergie
de10 W.m-1au niveau des zones
étudiées).
L’observation dessymptômes
a lieu 9 semainesaprès
infection.Au
champ
Le semis est effectué en
lignes
à une densité de 250grains
au mZau cours de la 1re semaine
d’octobre,
cequi
est trèsprécoce
pour larégion
de Rennes où sontimplantés
lesessais,
ceci afin de favoriser les attaques depiétin-verse.
Les observations sont réalisées dans la 1‘equinzaine
defévrier avant que
l’apex
des variétés lesplus
précoces
nesoit
passé
au stadereproducteur.
3.Techniques
d’inoculation En chambre de vernalisationLes inoculations sont réalisées sur
plantules
âgées
de6 j
aumanchons de
paille
d’un demi-centimètre delongueur
sontstérilisés
puis
inoculés avec une souche de C.herpotri-choides de virulence de type « Blé » définie par SCOTTet al.
(1976).
Les manchons sont colonisésaprès
2 mois en fioled’Erlenmeyer
à unetempérature
voisine de 18 °C. Ils sontalors enfilés sur les
coléoptiles
puis
entourés de sable pour maintenir une humidité élevée à la base desplantes.
Dans ce cas l’infection se fait par contact des filamentsmycéliens
sur le
coléoptile
puis
sur lesgaines.
Lesprélèvements
sonteffectués 9 semaines
après
le début de l’inoculation.Au
champ
Lorsque
lesplantes
ont atteint le stade1 feuille,
des caryopses d’avoinestérilisés, puis
inoculés par une souchede C.
herpotrichoides
de type « Blé » selon latechnique
décrite par BRUEHL & NELSON(1964)
sontdéposés
sur le solà la dose de
10
g au ml. Des conidies sont alorsproduites
durant tout l’hiver et constituent le matériel infectieux.Les
prélèvements
sont effectués 4 moisaprès
le début del’inoculation.
4.
Techniques cytologiques
Des échantillons de 1 mm de côté sont
prélevés
au niveau des taches brunes apparues à la base desgaines
foliaires desplantes inoculées,
ainsi que dans des zonesidentiques
deplantes
saines.Après
fixation dans une solution deglutaral-déhyde
à2,5 p. 100
dans dutampon
cacodylate
de Na(pH 7,4)
pendant
2 h etrinçage
dans ce mêmetampon
pendant
1h,
unepost-osmification
a lieupendant
16h,
à0 °C
(O
S
0
4
à2 p.
100 dans dutampon
cacodylate, pH
7,4).
L’excès de fixateur est éliminé par
rinçage pendant
3 h dans letampon.
Les tissus sontdéshydratés
dans les bainsd’alcool de
degré
croissant.Après
passage dans des bainsd’oxyde
depropylène,
les échantillons sont inclus dans lemélange
Durcupan
ACM(Fluka).
Les blocs sont orientés etcoupés
à l’aide d’un ultramicrotome LKB. Les coupes sontcontrastées à l’acétate
d’uranyle-citrate
deplomb
(REY-N
OLDS,
1963).
RÉSULTATS
Macroscopiquement,
l’aspect
dumycélium
diffère très sensiblement selonqu’il
s’agit
delignées
sensibles ourésistantes
(J
AHI
E
R
etal.,
1978 ; K
AMEL
,
comm.pers.).
Degrandes plages
de couleur noire sont formées sur lesgaines
foliaires des
lignées
sensibles,
alors que seules desponctua-tions brun-foncé
apparaissent
dans le cas deslignées
résistantes. Une étude en
microscopie
photonique
de KAMEL
(comm. pers.)
sur des coupes sériées effectuées auniveau de ces
taches,
sembleindiquer
que leshyphes
suivent un parcours indifféremment inter- et intracellulaire. L’examen ultrastructural de ces mêmesrégions
apermis
depréciser
ces dernières observations et de montrer, enparticulier,
que la croissance deshyphes
est essentiellementintracellulaire et
n’apparaît
intercellulairequ’au
niveau del’épiderme.
La distinction entre éléments propres à l’hôte et au
parasite
s’avère extrêmement difficile dans lesrégions
lesplus
nécrosées
desgaines.
Aussi notre étude a-t-elle été effectuée au front de croissance duparasite.
Des résultats
identiques
ont été obtenus sur le matérielvégétal
cultivé tant en chambre de vernalisationqu’au
champ.
1. Modifications ultrastructurales des cellules des
gaines
delignées
sensibles et résistantes au cours de lapathogenèse
La
comparaison
del’aspect
des cellules dans une mêmerégion
degaine
foliaire deplantes
saines etparasitées
delignées
de blé sensibles(«
Moisson », «Cappelle
»)
révèledes différences très
importantes
entre tissus sains etinfectés.
Les tissus sains ont un contenu cellulaire très dense
(pl.
I,
fig.
1).
Leurcytoplasme
est très riche en mitochondries eten
chloroplastes
biendifférenciés,
enparticulier
dans lescellules du
parenchyme.
Les cellules des tissus infectés
apparaissent
au contrairevidées de leur contenu
(pl.I, fig. 2).
Leur volume estsensiblement doublé. Comme l’ont
indiqué
DEFOSSE & DEKEGEL(1974),
RASSEL(1974),
FEHRMANN & MENDGEN(1975),
on observeégalement
desépaississements
trèsimportants
desparois pectocellulosiques.
L’épaisseur
decelle-ci,
notamment au niveau del’épiderme,
peut
décupler
et atteindre
jusqu’à
10 fJom par endroits(pl.
11,
fig.
1).
Des cellulesmycéliennes
y semblent alors souventemprison-nées. Dans les
premiers
temps
del’attaque
par leparasite, le
cytoplasme
de l’hôte se rétracte. La membraneplasmique
se détache de la
paroi
cellulaire et depetites granulations
osmiophiles
se forment lelong
de la membraneplasmique
(pl.
II,
fig.
2).
Leplasmalemme
devient ensuiterapidement
indistinct du fait de l’accumulation d’unegrande
quantité
deprécipités
osmioréducteurs dans lecytoplasme
et au niveaude la
paroi pectocellulosique
(pl.
II,
fig.
3).
Lesmitochon-dries,
leschloroplastes
et l’ensemble des élémentsfigurés
du
cytoplasme
dégénèrent
simultanément. Leschloroplas-tes, notamment,
perdent
leurdouble
membrane limitante etleur stroma et
gonflent (pl.
II,
fig.
4).
Ces
altérations,
trèsimportantes
dansl’épiderme
et leparenchyme,
atteignent également
les cellules des faisceaux cribrovasculairesqui
sont envahis par leparasite
(pl.
I,
fig.
2 ;
pl.
III,
fig.
1).
Les 3premières
gaines
foliaires sontainsi atteintes successivement dans le cas des
lignées
sensibles,
et, au stadeplantule étudié, les
2premières gaines
sont
partiellement
nécrosées.Chez la
lignée
«Cappelle
»,qui
présente
une sensibilité àla maladie moindre que « Moisson », on observe
occasion-nellement une réaction
plus
particulière
ducytoplasme
dans les zones lesplus
attaquées
desgaines.
Lecytoplasme
devient extrêmement osmioréducteur etprend
unaspect
granuleux
ou «coagulé
» (pl.
III,
figs.
2 et3).
Cette même
réaction,
observée d’une manièreplus
géné-rale dans les tissus des
gaines parasitées
de lalignée
« V.P.M. », à bon niveau de
résistance,
sembleparticulière-ment exacerbée chez la
lignée
résistante « Vent 11 ».Paral-lèlement à la
lyse
des élémentsintracellulaires,
unegrande
quantité
d’amas osmioréducteurs s’accumulent auvoisinage
de la
paroi
pectocellulosique
et deshyphes (pl.
IV,
fig.
2 ;
pl.
VI,
figs.
1 et2).
De très grosglobules
osmiophiles
seforment
également
au sein deschloroplastes
altérés(pl.
V,
figs.
1 et2).
On note, deplus,
desépaississements
trèsimportants
desparois
cellulaires dont les éléments constitu-tifsapparaissent
souventhydrolysés
(pl.
IV,
fig.
1,
flèches).
Dans ces
tissus,
où leshyphes
sontregroupés
dans les couches cellulaires lesplus
externes desgaines (pI.IV,
fig.l),
l’infection reste limitée aux 2premières
gaines
foliaires dans le cas de la
lignée
« V.P.M. », et seulementaux 2 à 3
premières
couches cellulaires de la 1!gaine
dans le2. Modifications ultrastructurales du
mycélium
dans lesgaines
delignées
sensibles et résistantes au cours de lapathogenèse
L’examen ultrastructural du
mycélium développé
aucontact de
l’épiderme
desgaines,
ainsiqu’au
sein des tissussous-jacents,
révèle des différences ultrastructuralesimpor-tantes chez le
champignon
selon ledegré
de résistance del’hôte à la maladie.
Toutefois,
les modalités depénétration
duparasite
sontanalogues
chez leslignées
sensibles etrésistantes.
Ultrastructure du
mycélium
au contact del’épiderme
del’hôte
Le
mycélium
observé entre lesgaines
deslignées
sensi-bles constitue un stroma formé de l’enchevêtrementd’hyphes
ramifiés et cloisonnés et à contenu interne très dense(pl.
VII,
fig.
1).
Leshyphes,
entourés d’uneparoi
épaisse,
adhèrent entre euxgrâce
à unmucilage
épais.
Leurcontenu est
analogue
à celui observé au sein des tissus desgaines
de ces mêmesplantes (pl.
IX,
fig.
2).
Dans le cas des
lignées
résistantes,
au contact del’épi-derme,
leparasite
développe également
un stroma mais laplupart
deshyphes
semblent vides ou ne renfermentqu’un
contenu altéré
(pl.
VII,
fig.
2).
Modalité de
pénétration
duchampignon
La croissance intracellulaire de C.
herpotrichoides,
déjà
étudiée dans le cas de
lignées
de blé sensibles(DE
F
OSS
E
&DEKEGEL, 1974 ; RASSEL, 1974 ;
FEHRMANN &MENDGEN,
1975),
apparaît
semblable pour leslignées
résistantes. Leshyphes
s’accolent à laparoi pectocellulosique
et forment unprolongement
mincequi
s’insère au travers des élémentspariétaux
(pl.
VIII,
figs.
1 et2).
Lapercée
duparasite paraît
ainsi s’effectuer essentiellementgrâce
à l’effet corrosifd’enzymes
spécifiques qui
altèrent la cellulose et lesmatiè-res
pectiques
desparois
cellulaires(D
EFOS
S
E
,
1966 ;
WHEE -LER,
1975).
L’épaississement
parfois
considérable de laparoi
cellu-laire de l’hôte(pl.
11,
fig.
1 ;
pl.
VIII,
fig.
2)
n’empêche
donc pas lapénétration
deshyphes
dans les cellules.Ultrastructure des
hyphes
dans les cellules desgaines
delignées
sensibles et résistantesD’une manière
générale,
dans le cas deslignées
sensibles,
1’ultrastructure des
hyphes
n’est pas modifiée lors de la croissance intracellulaire. Lemycélium
seprésente
sous la formed’hyphes
ramifiés à structurecaractéristique
(pl.
IX,
fig. 1).
Ces
hyphes,
entourés d’uneparoi
épaisse
(environ
0,1
wm),
contiennent degrandes
vacuoles,
un noyau depetite
taille,
des mitochondries nombreuses et souventallongées.
Lecytoplasme,
plus
dense parendroits,
est riche engranulations
deglycogène,
qui
sedistinguent
peu desribosomes avec notre
technique
de fixation(pl.
IX,
fig.
2).
Des éléments de
l’appareil
deGolgi
y sontégalement
observés.
Il faut toutefois noter que dans les zones les
plus
altéréesdes
gaines
de blé sensiblesétudiés,
on observe des élémentsuni- et
pluri-cellulaires (pl.
IX,
figs.
3 et4)
qui paraissent
provenir
du cloisonnement de lapartie
terminale deshyphes
(pl.
IX,
fig.
3,
flèche).
Ceséléments,
très riches en matérielde réserve et notamment en
grains
deglycogène,
ont unsystème
vacuolaire réduit et renfermentgénéralement
unglobule
dense. Assimilables auxchlamydospores,
ils sedistinguent
deshyphes
enpleine
croissance par laprésence
à leur
périphérie
d’unimportant
exsudat. Cetexsudat,
d’apparence mucilagineuse,
s’accumulefréquemment
aupoint
de contact de laparoi
de l’hôte etparaît
favoriserl’adhérence des spores sur cette
paroi (pl.
IX,fig.
4).
Desstructures
mycéliennes
analogues
ontdéjà
été observées aumicroscope
optique
(KA
M
EL,
comm. pers. ;ZACHA,
1979).
Des altérationsmorphologiques
trèsimportantes
inter-viennent chez leparasite
dans les tissus résistants. Leshyphes,
souvent trèsdilatés,
contiennent des vacuoleshypertrophiées
(pl.
X,
fig.
1,
flèches).
L’examen de laparoi
fongique
révèle deprofondes
modifications de celle-ci : sonépaisseur
est considérablement réduite(environ 0,02
pm)
etaucun exsudat
périphérique
ne subsiste(pl.
X,
fig.
2).
Dansl’espace compris
entre cette mince couchepariétale
et la membraneplasmique adjacente,
les vésiculesqui
consti-tuent les lomasomes
apparaissent également
dilatées. De nombreuxhyphes,
totalementaltérés,
ne contiennentplus
qu’un cytoplasme
dilué etquelques
vésicules indifféren-ciées(pl. X,
fig. 3).
Unegrande
quantité
deprécipités
osmioréducteurs est, de
plus,
fréquemment
observée auvoisinage
deshyphes.
DISCUSSION
L’examen ultrastructural des
gaines
degénotypes
sensi-bles et résistants aupiétin-verse
révèle des différencesnotables entre ces 2 types de tissus lors de leur attaque par
Cercosporella
herpotrichoides.
D’une manière
générale,
on note uneaugmentation
importante
du volume des cellules infectéesqui
indique
unfort
degré
d’hydratation
des tissus malades.Les modalités de
pénétration
duchampignon
sont sembla-bles pour tous les tissus examinés. Lapercée
duparasite
paraît impliquer
essentiellement des enzymes pecto- etcellulolytiques,
comme l’ontindiqué
DEFOSSE(1966)
etW
HEELER
(1975),
et non l’existence de sitesprivilégiés
depénétration
ou l’effet d’unequelconque pression
mécani-que, comme l’ont
suggéré
DEFOSSE & DEKEGEL(1974)
etR A
SSEL
(1974).
La résistance de l’hôte audéveloppement
dupathogène
ne se situe donc pas à ce niveau.L’attaque
duchampignon
provoque chez l’hôte uneintense réactivité de la
paroi
cellulaire etl’épaississement
decelle-ci,
comme cela a été démontré par d’autres auteurs(DEFOSSE
&DEKEGEL, 1974 ; RASSEL, 1974 ;
FEHRMANN &ME
N
DGE
N
,
1975).
Cetteréaction,
sans constituer lephéno-mène essentiel de
résistance,
paraît
susceptible
de retarder lapénétration
duparasite
dans les cellules. Eneffet,
certains
hyphes,
au cours de ce processus, demeurentemprisonnés,
notamment au niveau del’épiderme.
Ledéveloppement
duparasite
sepoursuit
à l’intérieur descellules de l’hôte entraînant une
rapide
dégradation
de leurcontenu
cytoplasmique.
Nous avons alors pu révéler certai-nesparticularités
dans les modalités delyse
cellulaire entretissus sensibles et résistants. En
effet,
chez les bléssensibles «
Moisson »,
«Cappelle
», où laprolifération
deshyphes
est trèsrapide,
la croissancemycélienne
s’accom-pagne essentiellement de ladigestion
du contenu de lacellule-hôte. On observe simultanément la formation d’une
grande quantité
d’amasosmioréducteurs,
dispersés
dans lecytoplasme,
et ladégradation
des éléments intracellulaires(chloroplastes,
mitochondries enparticulier).
La propaga-tion dumycélium
se fait alors indifféremment dans l’ensem-ble des tissus desgaines.
Chez les
lignées
résistantes(«
V.P.M. », « Vent 11»),
lades
hyphes
et àproximité
de laparoi
pectocellulosique.
Cetteréaction,
observée très occasionnellement dans les cellules lesplus
nécrosées desgaines
de blé de lalignée
«
Cappelle
», est retrouvée avec d’autantplus
defréquence
et d’intensité que les
plantes
présentent
unplus
haut niveaude résistance à la maladie. Déclenchée au niveau de la
membrane
plasmique,
comme lesuggère
la formationd’amas
osmiophiles
entre cette membrane et laparoi
cellulaire(pl.
VI,
fig.
2),
ellepourrait indiquer
l’exaltation de processus de défense de l’hôte contre lepathogène
dans le cas des tissus résistants.Les
composés
osmiophiles
formés sontprobablement
des tannins ou desproduits
d’oxydases
nonspécifiques,
commel’ont
suggéré
FEHRMANN & MENDGEN(1975).
Leuraccumu-lation, plus importante
dans les cellules infectées deslignées
résistantes,
pourrait
inhiber ledéveloppement
deshyphes
etles
placer
dans un milieu totalement défavorable. Chez ceslignées,
eneffet,
leshyphes
restentregroupés
dans les couches cellulaires lesplus
externes despremières
gaines
foliaires.
Des différences
importantes apparaissent
également,
selon le
degré
de résistance des tissus à lamaladie,
dans 1’ultrastructure deshyphes
dumycélium
développé,
tant aucontact de
l’épiderme
desgaines qu’au
sein des tissus del’hôte. Le contenu des
hyphes
est dense et riche enorganites
différenciés dans le cas deslignées
sensibles,
alorsqu’il
apparaît
vide etdégénérescent
dans le cas deslignées
résistantes. Si l’on considère la nécrose des
hyphes
dévelop-pés
au contact del’épiderme
del’hôte,
l’hypothèse
del’émission de
produits toxiques
spécifiques
par les tissusrésistants
peut
alors être avancée. L’existence dephytoale-xines n’a toutefois pas encore été démontrée chez les
Graminaceae * .
Chez les
lignées
résistantes,
deplus, les
hyphes
subissent deprofondes
altérations. Enparticulier,
la structure de laparoi fongique
est modifiée etplus
aucun exsudatpériphéri-*
Symposium International de Phytopathologie, « Phytoalexines
et Phénomènes d’Elicitation »,17-18 avril 1980, Toulouse (France).
que ne subsiste. Des
changements
dans lespropriétés
deperméabilité
de cetteparoi pourraient
entraîner une entréemassive d’eau dans les
hyphes
et provoquer leurdilatation,
suivie de leuréclatement,
au sein des cellules-hôtes. Desenzymes
susceptibles
delyser
laparoi fongique paraissent
doncsynthétisées
par les tissus résistants.Chez les
lignées
sensiblesuniquement,
deschlamydospo-res sont formées dans les tissus les
plus
nécrosés. Ces sporesparaissent
assurer la survie duchampignon
dans unenvironnement cellulaire devenu défavorable. Elles pour-raient
jouer
un rôle dans larapide
extension de la maladieainsi que dans la conservation du
parasite
d’une année surl’autre,
lors de la culture auchamp
notamment.CONCLUSION
La
réponse hôte-pathogène
dans le cas dupiétin-verse
paraît
assezcomplexe.
D’une part, on constate lapossibilité
depénétration
et d’une certaine croissance duparasite,
ausein des tissus
résistants,
d’autrepart,
on note, dans ces mêmestissus,
le déclenchement d’une réaction detype
hypersensible qui
s’avère fortementfongitoxique.
L’exis-tence de mécanismes de reconnaissance au niveau de la
cellule-hôte,
et duplasmalemme
enparticulier,
peut
êtreenvisagée.
Ces mécanismespermettraient
l’activation de lasynthèse
de toxinesspécifiques
oud’enzymes susceptibles
de
dégrader
laparoi
duparasite.
Bien que les Triticinées neprésentent
pas de résistance absolue aupiétin-verse,
nosrésultats
rejoignent
ceux de nombreux auteurs en faveurd’une
spécificité
variétale dans le cas de cettemaladie,
comme cela a été démontré pour de nombreux autres
systèmes hôte-pathogène (cf.
revue ALBERSHEIM& ANDER-SO
N
-P
R
OUTY,
1975).
La nature des substances mises enjeu
au niveau de lacellule-hôte,
dans le cas dupiétin-verse,
reste toutefois à
préciser.
Reçu le 29 mai 1980. Accepté le 13 janvier 1981.
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