J EAN -P AUL G RÉMY
Sur l’utilisation d’indices numériques pour mesurer les inégalités sociales
Mathématiques et sciences humaines, tome 93 (1986), p. 7-40
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1986__93__7_0>
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SUR L’UTILISATION D’INDICES
NUMÉRIQUES
POUR MESURER LES INÉGALITÉS SOCIALES
Jean-Paul GRÉMY
Les
sociologues
ont souvent recoursà
un indicenumérique
pourmesurer les
inégalités
sociales en vue de les comparer. Comme l’a mon-tré Jean-Claude
COMBESSIE,
les indices utilisés sont assezdisparates,
et
peuvent
conduire à des conclusionsopposées.
Cet articlepart
del’analyse
de la notion mêmed’inégalité
pour proposerquelques règles pratiques permettant,
sinon de construire de "bons" indicesd’inéga- lité,
du moins d’écarter les indicesprésentant
des contradictionsavec
l’objet qu’ils prétendent
mesurer.* Institut de
Sociologie,
Université des Sciences etTechniques
de Lille(Lille I).
Cet article est le
développement
d’une brève intervention faite à la table ronde sur lamesure et la
comparaison
desinégalités
sociales(Marseille,
28juin 1985).
Il a bénéfi-cié des
critiques
etsuggestions
de Marc BARBUT etHenry
ROUANET, àqui
l’auteur adresseici ses vifs remerciements.
daire
long
enGrande-Bretagne,
il a montré que lesprincipaux
indicessimples utilisés
par lessociologues
conduisaientà
desappréciations
contradictoires de cesinégalités. L’objet
de cet article est dedéfinir
les conditions de baseauxquelles
devrait satisfaire toute mesure del’inégalité. L’examen, à
la
lumière
del’axiomatique
ainsidéfinie,
conduità rejeter dix-sept
indi-ces sur les dix-huit
recensés
par COMBESSIE.I. POSITION DU
PROBLÈME
Soit le tableau suivant
( [ 3 ] ,
page233) :
Tableau
n°
1.Pourcentages d’accès à l’enseignement
secondairelong
des enfants
anglais
selon leur date de naissance et leurorigine
socialeLes
propositions qu’il
estpossible
d’inférer de cesdonnées
sontévidemment
limitées dans leur
portée
par lapauvreté
des informationsprésentées
ici :il serait par
exemple
utile dedisposer
del’ensemble
des données brutesà partir desquelles
cespourcentages
ontété calculés (cf. [5],
pages 396-403),
afin deconnaître
la taillerespective
despopulations concernées
et,s’il
y alieu,
lescaractéristiques
des autrespopulations
exclues du ta- bleau. Afin de rester autant quepossible
dans le cadre del’énoncé
du pro-blème,
on conviendraprovisoirement
que les deuxpopulations étudiées
ontdes effectifs du même ordre de
grandeur,
etqu’elles
rassemblent la totali- té des individusconcernés
parl’étude (les
raisons de ces conventions se- rontprécisées plus loin).
Au vu de tellesdonnées,
quepeut-on
dire del’évolution
del’inégalité
entre ces deuxcatégories
sociales ? En une tren- tained’années, l’inégalité d’accès à l’enseignement
secondaire a-t-elleaugmenté,
est-ellerestée stable,
ou a-t-elle diminué ? End’autres
termes,la seconde
inégalité (62
% > 10%)
est-ellesupérieure, égale,
ouinférieu-
re
à
lapremière (37
% > 1a/o) ?
Pour
élucider
le sens de laquestion
ainsiformulée,
undétour
parl’analyse
duconcept d’inégalité
estnécessaire, puisque
leproblème posé
porte sur
l’existence
d’uneinégalité hypothétique
entre deuxinégalités
defait. Sous une forme
plus générale,
soient :- un ensemble de deux
populations :
P ={a,b}
- un ensemble de deux moments d’observation : T =
{i3j}
- un ensemble de
quatre
observations sur P xT,
relatives par consé-quent à chaque population
pour chacun des momentsconsidérés,
etprenant
leurs valeurs dans uneéchelle
ordinale(sinon numérique) :
Sans
être nécessairement
des mesuresstricto
sensu, les observationsme
t E M sontcomparables
entreelles,
en ce sens que, sur toutcouple
p
(m,
tmp, )
t EM2 ,
’ @ onpeut définir
une relation Rprenant
’ ses valeurs dans{,=,>}.
Cette relationdétermine
unpréordre
total sur M.Dans
l’exemple proposé
par COMBESSIE(tableau n° 1),
aupréordre
totalillustré
par lafigure n°
1correspondent
les relations surM2 figurant
dans le tableau
n°
2. Parmicelles-ci,
lesquatre
relationssituées
dans ladiagonale (de
la forme :mp -
tmp )
tn’apportent
aucune informationutile,
et peuvent parconséquent
êtrenégligées.
Les douze relations restantesprésen-
tent une certaine
redondance, puisque
les valeurs de R sont"complémentai-
res" pour deux
couples
orientés distinctscomportant
les mêmeséléments (dont
les
positions
sontdonc symétriques
parrapport à
ladiagonale
dans le ta-bleau
suffit donc de considérer dans
M2
six relations binaires nes’impliquant
pas mutuellement
(comme
parexemple
les six relations situées d’un mêmecôté
de ladiagonale
dans le tableaun° 2)
pourdisposer
de toute l’information"utile" apportée
par R. En outre, la relation Rétant
par définition tran- sitive(préordre),
on peutéventuellement
ne considérer que les trois rela- tions entreéléments adjacents
dans lepréordre (fermeture
transitive deR).
Dans
l’exemple ci-dessous,
on obtient un ordre strict total :m
>m > mb >
b
J i Jmi* b
Figure n°
1.Exemple
dereprésentation
deséléments
de M(données
du tableaun° 1)
Tableau
n°2. Exemple
de relations formellesdéfinies
surM2 (données
du tableau
n° 1).
Pour suivre
l’usage
dessociologues,
on conviendrad’appeler inégalité
au moment
t,
sans autreprécision,
P la relationR(m t t m t),
que, par souci deq s Pbrièveté,
ondésignera
parRt.
Dans cetteacception,
sur les six relations"utiles" définies
surM2
deux seulement sont desinégalités : m,
a
b
’ g
&
1."
et : que
l’on désignera respectivement
par :R.,
et : R.. CetteJ J q g P P
i J
convention conduisant
à
l’extension abusive de la notiond’inégalité
au cas- 1-
ma - mb on conviendra
d dire alors uel, -, alité
est 1particulier : t
=t’
on conviendra de dire alors quel’inégalité
est nul-le.
Chercher
à répondre à
laquestion
surl’évolution
desinégalités impo-
se de
définir
* * * sur lecouple (R., i J R.)
une relation R*prenant
ses valeursdans {,=,>}.
Si lemoment i précède
lemoment j ,
la relation R*s’interprète
comme suit :l’inégalité
aaugmenté ;
l’inégalité
estrestée stable ;
l’inégalité
adiminué.
En outre, la
comparaison
desinégalités entraîne
pour lesociologue
une
question supplémentaire,
totalementindépendante
de laprécédente :
lesdeux
inégalités
sont-elles de même sens, ou de sens contraire ?Un
préalable nécessaire
consisteà établir
dansquelle
mesure il estpossible
derépondre à
ces deuxquestions à pa-rtir des seules propriétés for-
melles de R, c’est-à-dire quelles
que soient la nature des observationsMP,
et lamanière
dont estcalculé
unéventuel
indice mesurant la"force"
deRt.
tDans une telle
perspective,
laréponse
à la secondequestion
estimmé- diate ; R.
ietR.
J sont :-
de
même sens, ssi l’on a soit :-
de
senscontraire,
ssi l’on a soit :.., "
..
d’ .d bl
.l,
ab a b
y ’d ..La
question
q estindécidable
ssil’on
a :m. = m.
vm - M.
1c’est-à-dire
si2 2 J J
l’on sort du
problème posé
initialement par COMBESSIE.Pour
répondre à
lapremière question,
il est par contre nécessaire de passer en revue l’ensemble des cas defigures possibles (1~.
On verra toutefoisque la
définition
d’une structure sur cet ensemblepermet
de limiter cet exa- mensystématique à
un sous-ensemble de casprésentant
certainespropriétés,
sans pour autant restreindre la
portée
des observations ainsi faites.II.
DÉFINITION
D’UNPRÉORDRE
SUR LESINÉGALITÉS
Il est facile de dénombrer l’ensemble des
préordres
totauxpossibles
sur M :pour chacune des
P 4,k k - partitions possibles d’un
ensemble dequatre élé-
4 ,Kments
( [1],
tome2,
pages100-101),
ily a k! permutations possibles ;
on4 a donc: E k!
P4 k =
75préordres
totauxpossibles
sur M. Pour construirek=l ~~
cet
ensemble,
il est commode d’énumérer seséléments
enprocédant
en troisétapes :
pourchaque
valeurde k (1 ~~ ~4),
faire la liste destypes
departition,
oupartages, possibles (cf.
tome2,
pages104-108) ;
pourchaque partage,
faire la liste despartitions correspondantes ;
pourchaque partition,
énumérer lespermutations possibles
des classes de cetteparti-
tion. Cette
procédure
conduit audénombrement détaillé
dans le tableaun°
3 page suivante.(1)
Comme lesouligne
COMBESSIE,eewpélv
a pour senspremier :
"examiner, passer en re- vue" ; l’examensystématique
des caspossibles
est uneétape préalable
nécessaire àl’explicitation théorique ([31,
page254).
Tableau
n’
3.Dénombrement
despréordres
totaux sur M(*les
lettres grecquesdésignant
lespartages
renvoientà
la suite dutexte)
Cet ensemble
peut
êtrestructuré
de diversesmanières.
Il estpossible
parexemple
de définir une relation decontiguité (faible)
entrepréordres
totaux : deuxpréordres
totaux seront dits(faiblement) contigus
si l’un est obtenu
à partir
del’autre
par substitution d’une relation d’or- dre strict entre deuxéléments adjacents à
une relationd’équivalence (ou
inversement). Ainsi,
l’ordre strictpris
commeexemple
par COMBESSIE : estcontigu
aux troispréordres (tri-partitions 6 ) :
La structure ainsi obtenue
peut être représentée
par ungraphe analogue
aupermutoèdre
dedegré
4([2],
tome2,
page78).
Ce dernierpeut
d’ailleursêtre pris
comme base de construction dugraphe (cf. [2j,
tome2,
page130,
exercice
9.16).
Eneffet,
sur chacune des trente-sixarêtes joignant
deuxordres stricts
(E)
sur lepermutoèdre,
onpeut placer
unpréordre à
troisclasses
(6),
neprésentant qu’une
relationd’équivalence
entre deuxadjacents
et donc
contigu à
deux ordres stricts seulement. Au centre de chacune des six facescarrées
dupermutoèdre,
unpréordre à
deux classes de même dimension(y)
estcontigu
auxquatre préordres à
trois classes(6)
situés sur les arê-tes
délimitant
lescarrés, puisque présentant
deux relationsd’équivalence
entre
éléments adjacents.
Demême,
au centre de chacune des huit faces hexa-gonales
dupermutoèdre,
unpréordre à
deux classesinégales (~)
estcontigu
aux six
préordres (6) situés
sur lesarêtes
délimitant leshexagones. Seule,
l’unipartition (a)
nepeut être
située sur la surface dupolyèdre,
et doitêtre
placée
au centre decelui-ci,
en relation decontiguité
avec lesquator-
ze
bi-partitions (j3
ety)
situées au centre de chacune des faces.On
peut adopter
une définitionplus
restrictive de lacontiguité,
en
décidant
que deuxpréordres
totaux seront ditsfortement contigus
si l’unest obtenu
à partir
de l’autre parsubstitution, parmi
les six relations"utiles"
choisiesprécédemment,
d’une relation d’ordre strictà
une relationd’équivalence (ou inversement).
Apartir
de leur formule"développée",
ilest
aisé
de constater que l’ordre strictexaminé
ci-dessus est fortementcontigu
aux troispréordres cités.
Par contre, aucun de cespréordres
neconserve l’ensemble des relations de
contiguité définies précédemment.
Parexemple,
P lepréordre :
Pm > m - m’ > mb
n’est fortementcontigu qu’à
deuxj 1, J 1, g q
ordres
stricts,
et n’estplus
que faiblementcontigu à
deuxpréordres à
deuxclasses
inégales (~),
comme on le voit sur le tableaun°
4. Sur l’ensembleTableau
n°
4.Exemple
de relations decontiguité entre préordres
totauxdes relations de
contiguité (faible) définies précédemment,
seules subsis- tent lescontiguités
entre ordres stricts ettri-partitions (E- 6),
et en-tre
tri-partitions
etbi-partitions équitables (6-y).
Il faut en effetdeux substitutions pour passer d’une
tri-partition à
unebi-partition
non.
OQ
C«(Du
0
fo
0
rom
X n-
CD «3 c o 1--’ n- CD ~.
& s
0 0 CLP. c
Vl P. -0
0 CD 2013’
M rt CD,
MI mi
ro r«L(0>0 (D, CL Mi CD CD, en u
m «
« CD,
c 1
uSL
«
en
en en rt en, rt
~ 0
P. n-
S x
et>
o:+ pj,
?
« rt
~.
1"1
CL
e m
« Si c rt 0 (DI 0.
~ CD CL ro CL ro OQ
« en, 4-1
équitable (0- 8),
trois pour passer d’unebi-partition
nonéquitable
à l’uni-partition (8- a),
etquatre
pour passer d’unepartition équitable
à l’uni-partition (y-a).
Lafigure n°
2 montre la formegénérale
des relations decontiguité
sur l’une des faces de la surface dupolyèdre
obtenu àpartir
dupermutoèdre
des ordres stricts totaux dedegré
4(le point
a,placé
du cen-tre, n’est pas
visible,
nonplus
que les relations decontiguité
faible lereliant aux
points 8
et y).
On
peut négliger
lepoint
a,correspondant
àl’uni-partition : puisque
ce casparticulier
neprésente
aucun intérêtrelativement au
problème posé.
La notion decontiguïté
sur la surface dupolyèdre permet
dedéfinir
une distance entrepréordres :
la distance entre deuxpréordres
donnés estégale
au nombre minimum de substitutions(parmi
les six relations
"utiles") nécessaires
pour passer de l’unà
l’autre. Deuxpréordres
tels que la distance entre eux soit maximum sont despréordres duaux ;
ils secaractérisent
par P une inversion dupréordre
p(ex. : mil
1, >mb >
.1Sur le
polyèdre,
deuxpréordres
duauxsont aux deux
extrémités
d’unmême diamètre.
Parconséquent,
unplan
de sy-métrie quelconque (passant
para) définit
deux sous-ensembles duaux sur lespréordres.
Comme lespropriétés
d’unpréordre
donné sonttransposables, mutatis mutandis, à
sondual,
il devrait doncsuffire,
pour traiter le pro-blème posé,
de passer en revue lestrente-sept configurations
d’un sous-ensemble dual
quelconque.
En outre, la structure
postulée
sur M(produit cartésien
de deux en-sembles) permet
dedéfinir
sur lespréordres
totaux une relationd’équiva-
lence
à
unepermutation près
deséléments
deP,
ou à unepermutation près
des
éléments
de T. Parexemple (figure n’ 3),
lepréordre :
., .,
est
équivalent, à
unepermutation
sur Pprès,
3à :
est
équivalent, à
unepermutation
sur Tprès, à
applications correspondant
aux relations de dualité(D )
etd’équivalence
à
unepermutation près
sur lespopulations (P )
ou les moments d’observa-tion
CT) peuvent
êtrecomposées
pourdéfinir
une classe depréordres
dontles
éléments présentent
despropriétés équivalentes
à certainespermutations près.
Lafigure n°
3représente
la classe de huitpréordres
detype 6
ob-tenue en
partant
dupréordre
choisi commeexemple
ci-dessus. Il est aisé de constater que seules les classes obtenuesà partir
d’unebi-partition
non
équitable (~ ),
ou d’unetripartition ( 6 )
située en bordure d’uneface
carrée
dupolyèdre,
sont des classes de huitéléments.
Les classes-a.
o
(D
t1 (t) u
o
VJ
t4 x
(D
a
@
(t)
0..
(t)
0
0
0 0 Mr.
rt P.
0
CL
r-L (D CD P3 10 t2013*
r.
Q
&:
« r.
0
n
0) Go c i t2013’
CD M
d CD, 0
t1
Qà t1 CD co rt 0 rt E C x
- O?
w
...,
obtenues
à partir
d’unetripartition (ô) située
entre deux faceshexago- nales,
ouà partir
d’un ordre strict(E ),
n’ont quequatre éléments :
onvérifierait aisément
que, pour cespréordres,
lescompositions
P * T etT * P
équivalent à l’application
D. Les classes obtenuesà partir
d’une bi-partition équitable (y )
n’ont que deuxéléments ;
eneffet,
selon les cas,on a ou bien T = transformation
identique
et P = D(cas y 1 ci-après),
oubien P = transformation
identique
et T = D(cas y 2),
ou bien P*T = T * P = transformationidentique
et P = T = D(cas y 3).
Il suffit donc de passer en revue seizepréordres
choisisjudicieusement (cf.
p. ex.figure n° 4)
pourdéterminer
lespropriétés
dessoixante-quatorze préordres
de lasurface du
polyèdre.
Figure n°
4. Localisation sur lepolyèdre
des seizepréordres sélectionnés
M. On
peut
doncreprésenter chaque configuration
par un schémaanalogue à
celui de la
figure n’
1. Leproblème posé peut
alors s’énoncer ainsi :quel-
le relation de
préordre peut-on définir
sur lecouple
d’intervallessans connaître la
métrique utilisée ?
On retrouve ainsi leproblème posé
parClyde
H. COOMBSà
propos des"échelles métriques
ordonnées" (ordered metric scales ;
cf. p.ex.[4],
pages82-92).
Leprin- cipe
derésolution
se fonde sur deuxrègles simples ; quels
quesoient i
et
1)
si lesextrémités
des deux intervallescoincident,
ceux-ci sont, , *
égaux ;
on endéduira
queR2 -
i R..J2)
sil’intervalle 1
est inclu strictement dansl’intervalle j ,
. . , *
alors j
estplus grand que i ;
on endéduira
queR.
il R..JDans tous les autres cas, le
problème
estindécidable
en l’absence d’axio-mes
supplémentaires.
L’examen systématique
des seizepréordres-types
et les conclusionsauxquelles
il conduit sontrésumés
dans le tableaun°
5. Pourétendre
cesconclusions aux autres
éléments
d’unemême classe,
il suffitd’appliquer
les
règles
suivantes :-
lorsque
le cas estindécidable
(R. ? R.),
J oulorsque l’égalité
est
restée
stable(R. = R.),
la conclusion est valable pour tous lesélé-
jments de la
classe ;
* *
-
lorsque l’inégalité
aévolué (on
a :R.
R. ou :R.
>R. ),
siil J il J
deux
préordres
sontéquivalents à
unepermutation près
surP ,
ils con-duisent
à
lamême conclusion ;
s’ils sontéquivalents à
unepermutation près
surT ,
ils conduisentà
des conclusionscontraires ; enfin, s’ils
sont
duaux,
ils conduisentà
des conclusions contraires si D = P * T =T * P ,
età
lamême
conclusion sinon.Le bilan de cet examen montre que, sur les
soixante-quinze préor-
dres totaux sur
M , vingt-quatre
seulement sontindécidables(cf.
leTableau
n°
5. Examen despréordres sélectionnés
de lafigure no
4Tableau
n°
6.Dénombrement
des conclusionsun examen
systématique,
si l’onappelle
max la valeur duplus grand
élémentde
M,
etmin
la valeur de sonplus petit élément,
on dira que :-
l’inégalité
aaugmenté
-
l’inégalité
a diminué-
l’inégalité
estrestée
stable- le
problème
estindécidable (2)
dans tous les autres cas.(2)
Indécidable dans le cadre de cetteaxiomatique minimale ;
ilpeut
devenir décidable si l’onajoute
des axiomessupplémentaires (Ce point
sera examinéplus loin).
à
c v fi) -1""’1 u b o u tll r-I
*r tll N r-) 1 N
x u C1j tll
G o .r4
tll
u il G o u tll v
’d -J
N
ce
v-t fl2 C1j nj .r4 u
’v nj
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» o
’a
» CL.
tll v
’TJ v
» ro ,v r-) o v r-t
» u tll
G o .r4 +J a tll r4 r-’
C1j u o L UÙ O
G v
» u ôo r4 F
l’une des observations est le
plus grand
élément de M et l’autre- -P
le
plus petit
La
figure n°
5 situe sur lepolyèdre
les casdécidables,
et la solutionqu’ils apportent
auproblème posé.
On constatequ’à partir
des deuxpôles y2, quatre
méridienspassant
par les autresconfigurations
ydécoupent
la sur-face du
polyèdre
enquatre
zones de décidabilitéalternées.
Lesconfigura-
tions
indécidables
forment huit triadessituées
sur cesméridiens,
depart
et d’autre du
point y3 (configurations
avecchangement
de sens del’iné- galité),
ou dupoint y1 (pas
dechangement
desens).
Il faut remarquer que touteconfiguration indécidable
estcontiguë
à uneconfiguration décida-
* x *
ble conduisant à
Ri Rj,
et à une autre conduisant àRi
>Rj.
Comme lescas de stabilité y
(pour lesquels
on aR.= R.),
lesconfigurations
indé-2 j
cidables
apparaissent
donc comme des cas intermédiaires entre deux solu- tions contraires.Bien que le
problème posé
initialement serévèle décidable
dansplus
des deux tiers des cas
possibles,
le bilan de cette démarche formellepeut
sembler assezdécevant
pour lesociologue.
Eneffet,
les cas décidablescorrespondent à
des situations de fait que l’on ne rencontrequ’assez
rare-ment en
pratique ;
certains d’entre eux neprésentent
d’ailleurs que peud’intérêt
pour les recherches sur lesinégalités (cf.
lesconfigurations
a,
~,
ety).
En outre, les situationsindécidables
sont d’autantplus
pro- bables enréalité
que lesobservations nip
tpeuvent prendre
unplus grand
nombre de valeurs. A titre
d’exemple,
laproportion
de situationsindéci-
dables sur l’ensemble des situationspossibles a priori.
passe de 0 % pour 2 valeurspossibles à approximativement
10%,
20%,
et 25 % pourrespecti-
vement
3, 4,
et 5 valeurspossibles. D’ailleurs, à
la situationprise
com-me
exemple
par COMBESSIEcorrespond justement
uneconfiguration indécida-
ble.
D’autre part, et ceci découle de la nature même des
règles
dedéfini-
tion d’un
préordre
sur lesintervalles,
les situationsdécidables
sont telles que lesimple
bon sens suffit audiagnostic.
Parexemple (figure
n° 6),
pour que l’onpuisse
affirmer quel’inégalité
aaugmenté,
il faut’(1)
+J
C v E u a a ,v +J
*r-)
r-I
a,v C
,2013l
r=:
o
.i m u ,2013 U
§ o
U
m - ,m
+J
C CO en
’i u ro r=:
o U CO
n o .r-t t CO
» u .i 4a r=:
o U en u ro (1) .,.., 0 0 H
o
C u
» u M .r-) F
d’interprétation.
Il est donc
nécessaire,
pour résoudre les casqui
font effectivementproblème,
etqui
sont d’ailleurs lesplus fréquents
dans lapratique,
dedépasser
le niveau ordinal. La solutiongénéralement adoptée
consisteà
con-cevoir un indice
d’inégalité,
lacomparaison
desinégalités
se trouvant ainsiramenée à
unesimple comparaison numérique.
,
, ,
III. LES MESURES DE L’INÉGALITÉ
Tel
qu’il
estposé initialement,
leproblème
de lacomparaison
desinégalités
permet
le recoursà
des indicesnumériques, puisque
M est lerésultat
d’uneapplication
des valeurs brutesobservées
sur le segment[0,100]
des nombresdécimaux.
L’ensemble des indicespossibles
estpratiquement illimité ; il
estdonc hors de
question
de les passer tous en revue. Il est par contreinté-
ressant d’examiner les indices
recensés
parCOMBESSIE,
dans la mesureoù
ceux-ci
correspondent
à lapratique
dessociologues.
Pouréprouver
leur co-hérence avec
l’objectif
en vueduquel
ils ontété
conçus, on devra s’assurer que, pour une famille donnée de casdécidables (par exemple
l’ensemble descas tels que
R. R.),
l’indice examiné conduità
une même conclusion(ici:
i J
"l’inégalité
aaugmenté") quelle
que soit laconfiguration
etquelles
que soient les valeursparticulières prises
par leséléments
de M.Jean-Claude COMBESSIE décrit deux
procédures
distinctes visantà diag- nostiquer
l’évolution desinégalités :
mesurerl’inégalité à
chacun des mo-ments d’observation
1 et j ,
, ou mesurerl’évolution
de chacune des popu- lations a etb .
La
première procédure
consisteà calculer,
pour un momentdonné t
ET,
un indice
I
tdépendant
p ducouple
p de mesures(m t m b t).
t Parmi les neuf in-dices de ce
type recensés,
il est commode dedistinguer
troiscatégories,
selon les
opérations arithmétiques utilisées :
valeur absolue de ladiffé-
rence, et
rapport (tableau n° 7).
Tableau
n°
7.Exemples
d’indices dupremier type (It ) d’après ~3],
pages 237
à
240(la numérotation
renvoieà
l’articlecité).
La valeur absolue de la
différence
entrem
etm~
satisfait auxconditions
énoncées précédemment : quelles
que soient les valeursnumériques
associées à
uneconfiguration décidable,
la relationobservée
entre- 1-
est la même que celle
qui
lie(c’est-à-dire que : Ri rel Ii
rel1~ ).
Cet indice est donccohérent,
et sa
signification
claire(3).
On
peut "relativiser"
cet indice en lerapportant à
une valeur liéeau moment
d’observation t,
servant deréférence.
Dans lesquatre exemples
d’indice choisis par COMBESSIE pour illustrer cette
possibilité (cf.
Tableaun° 7,
indicesn°S
17à 20),
le diviseur est soit l’un despourcentages
obser-vés
aumoment t,
soit soncomplément à
100.Formellement,
les indices de cettecatégorie
ne satisfont aux conditions decohérence énoncés précédem-
ment que pour les cas
décidables
sanschangement
de sens del’inégalité
ini-tiale.
Lorsqu’il
y a, aumoment j,
renversement del’inégalité observée
aumoment 2 ,
les conclusionsauxquelles
conduit lacomparaison
des indices peu- vent être en contradiction avec cellesqui découlent
despropriétés
formel-les des
inégalités.
Unexemple particulièrement
clair est celuioù
l’on a :(3)
Jean PREVOT arrive à la même conclusion par une démarche différente(cf. [6J).
L’idée de "relativiser" la valeur absolue de la
différence mériterait cependant d’être
retenue, dans la mesureoù
ellecorrespond à
un besoinex-
primé
par certainssociologues.
Une solutioncommode,
mais peu satisfaisan- te sur leplan conceptuel,
serait de restreindrel’usage
des indices de lacatégorie précédente
aux seules situations(d’ailleurs
lesplus fréquentes)
dans
lesquelles
iln’y
a pas dechangement
de sens del’inégalité.
Unedé-
marche
plus rigoureuse consisterait, considérant
que la valeur absolue de ladifférence
est en soi un indicesatisfaisant, à
rechercherquels
diviseursn’altèrent
pas lesqualités
de cetindice,
tout enayant
unesignification sociologique.
Ons’apercevrait
alors que la somme et la moyenne des deux ob- servations(ma
smb )
parexemple, répondent à
ces conditions(5).
t i t
Ple PLa
troisième catégorie
d’indices de cetype
susciteplus
deréserves
encore que la
catégorie précédente.
On voitimmédiatement
que lesquatre
in- dicesproposés
sontinterdépendants
par construction :lorsque
les indicesn°
5 et 8 du tableaun°
7croissent,
les indicesn°
6 et 7décroissent,
etréciproquement.
Il est vrai que cettedifficulté pourrait
êtrelevée
par unsimple changement
designe,
à condition toutefois que lesrègles
en soientcomplètement explicitées.
Car il est pour le moinsparadoxal
que, dans descas aussi clairs que ceux
représentés figure
6 a-c’(l’inégalité,
nulle eni ,
non nulleen J ,
aaugmenté),
on aboutisseà : I. l . ou: I Z
>I .
se-i J i j
lon le choix que l’on
fait,
comme valeur deréférence,
entre deuxpourcenta-
gesayant a priori
lemême
statut. D’autrepart,
les indices de cettecaté- gorie
ne satisfont pas aux conditions decohérence lorsque l’inégalité
achangé
de sens.L’autre
procédure, qui
consisteà
mesurerl’évolution
de chacune des deuxpopulations,
conduità calculer,
pour unepopulation donnée p
EP,
un(4)
Il est toutefois intéressant de pousserplus
avant l’examen de ces indices, en considé- rant leurs variations pour chacun des cas décidables. Parexemple,
pour l’indice n° 17, dans le cas décidable f dela fi ure n° 6,
si l’on a :m§
>m’ ,
on voitT- J i i J
que l’on obtient des conclusions
erronnées
ssi :11 ma
q 2 J J J
(5)
Mais non une valeur nedépendant
pas de ces seules observations, telle que la moyennegénérale
deplus
de deux valeursobservées, proposée
dans[3J,
pages 244-246.indice E
p
dépendant
ducouple
de valeursobservées (mp , mp ).
Onpeut
com-p il J
me
précédemment
classer en troiscatégories
les indices de cetype recensés
par COMBESSIE
(Tableau n° 8).
Tableau
n°
8.Exemples
d’indices dudeuxième type (E ),
d’après ~3],
pages 237à 239 (la numérotation
renvoieà l’article cité).
Ce
type d’indice, qui
vise à évaluer l’accroissement de la variable mesurée sur p, nerépond
pas directementà
laquestion posée :
sachantque la
population
a a eu uneévolution plus importante
que lapopulation b ,
il estimpossible
de déterminer sil’inégalité
initiale aaugmenté,
estrestée stable,
ou adiminué.
Pour cefaire,
il serait en outrenécessaire
de connaître au moins les
positions respectives
despopulations
a etb
soit au
moment i ,
soit aumoment j.
. Apartir
del’analyse
formelle despréordres
sur lesinégalités,
il estpossible
de construire une table de décision visant àdiagnostiquer
l’évolution del’inégalité.
On constate alors(Tableau n° 9)
que,quel
que soit le moment de référence choisi(i
ouj),
deszones d’incertitude subsistent. En
effet,
si l’onprend
lemoment i
commeréférence,
on nepeut
en aucun cas affirmer quel’inégalité
adiminué, puis-
que les indices
E p
ne tiennent pascompte
par construction des casparti-
culiers où
l’inégalité
aumoment j
est nulle ou de senscontraire ;
pour des raisonsanalogues,
si l’onprend
commeréférence
lemoment j ,
, on nepeut
en aucun cas affirmer quel’inégalité
aaugmenté.
Si l’onconsidère
simultanément
lesmoments i
etj,
onpeut
construire deux tables de dé- cisioncomplémentaires (Tableaux n°
10a etlOb), qui réduisent
ces zones d’incertitude sans toutefois lessupprimer complètement.
La lourdeur deB0
1-3 93 cr F- CD CI) 0.
CD o.- CD, o P.
CI) P.
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