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Les gestes quivous permettrontde survivre àl'Euro Sommaire

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Edito . . . .page 3

M É D E C I N E

Attention, l'Eurofootball va briser des cœurs. Au sens

propre du terme

. . . .

page 4

Le championnat d’Europe de football constitue une menace sérieuse pour la santé des télé- spectateurs. Durant cette compétition, le risque de mort subite va augmenter de 60 % en Suisse, préviennent les cardiologues de l’UNIL. Donc, quoi qu’il arrive à la sélection nationale suisse, restez zen!

S O C I É T É

Le droit aux vacances,

mode d’emploi

. . . .

page 12

Peut-on faire du parapente durant ses vacances au risque de se blesser? Peut-on récupérer les jours de maladie qui interviennent à ce moment, ou, plus fou, peut-on renoncer à ses congés payés? Eric Cerottini, docteur en droit de l’Uni- versité de Lausanne (UNIL), s’est penché sur la question.

G É O S C I E N C E S

Ceux qui marchent en priant s’offrent un nouvel itinéraire

. . . .

page 20

Les pèlerins, toujours plus nombreux, recher- chent des itinéraires alternatifs à Saint-Jacques- de-Compostelle, un peu victime de son succès.

L’un d’entre eux, la Via Francigena, traverse le canton de Vaud.

I N T E R V I E W

«Ce n’est plus la concurrence,

c’est la guerre»

. . . .

page 30

Alexander Bergmann a une vision très atypique de la situation économique actuelle. Ce doyen de l'Ecole des HEC de l'UNIL dénonce notam- ment les salaires abusifs des grands patrons ou la manière dont on traite les gens au travail.

Explications.

H I S T O I R E

Dans animal, il y a mal

. . . .

page 39

Le dernier épisode cinématographique de Harry Potter met en scène des «animagi». Ces sorciers qui se transforment en animaux renvoient à des traditions médiévales qui associaient volontiers certaines bêtes aux jeteurs de sort et aux fléaux, parfois jusqu’à les traduire en justice. L’histoire romande en est riche.

Les gestes qui vous permettront de survivre à l'Euro

Celui qui prépare les matches de ces prochaines semai- nes en empilant des bières, des chips et des paquets de cigarettes à côté de son téléviseur vit dangereusement.

Car il augmente ses risques de maladies cardio-vasculaires, d'infarctus et d'at- taques cérébrales.

Pour survivre à l'Euro, il vaudrait mieux imiter Zidane, Totti ou Beckham : bouger plus et manger sainement. Nos conseils en page 11

AL L E Z S A V O I R! / N ° 2 9 JU I N 2 0 0 4 2

Sommaire

www.photos.comDR © N. ChuardWarner Bros

Magazine de l’Université de Lausanne : N° 29, juin 2004 Tirage 23’000 ex.

48’400 lecteurs (Etude M.I.S Trend 1998) http://www.unil.ch/spul Rédaction :

Rédacteur en chef : Jocelyn Rochat, journaliste à L’Hebdo

Collaborateurs :Sonia Arnal, Michel Beuret, Pierre-Louis Chantre, Anne Gaudard et Elisabeth Gilles Photographe :Nicole Chuard Infographies :Pascal Coderay Photos de couverture :

Football - Agence Reuters K. Pfaffenbach Harry Potter - Warner Bros

Lavaux - www.swiss-image.ch Asile - U S Department of Defense

Correcteur :Albert Grun Concept graphique : Richard Salvi, Chessel Publicité :EMENSI publicité, Cp 132, 1000 Lausanne 7 Tél. 021 729 98 81, fax 021 729 99 08 e-mail : emensi@bluemail.ch Imprimerie Corbaz SA 1820 Montreux

Editeur responsable : Université de Lausanne Marc de Perrot, secrétaire général Jérôme Grosse, resp. Unicom Axel A. Broquet, adjoint Florence Klausfelder, assistante Unicom, service de communication et d'audiovisuel - Université de Lausanne Collège propédeutique 2 - 1015 Lausanne tél. 021 692 22 80

uniscope@unil.ch

www.clipart.com

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P S Y C H O L O G I E

Comment prévenir

les séquelles de la guerre auprès

des requérants d’asile

. . . .

page 46

Un passé souvent dramatique, un présent instable et un avenir incertain : le parcours de nombreux migrants n’incite pas à la sérénité. Comment évi- ter que des troubles s’installent et que faire pour que cette violence ne soit pas reproduite? Le point sur une expérience pilote.

L A V I E À L’ U N I L

Abonnez-vous,

c’est gratuit!

. . . .page 53 Formation continue . . . .page 54

É D I T O

N

ous vivons, et je le déplore, un siècle irréfléchi. D'un côté, nous sommes entrés massivement dans l'ère des psys qui sont désormais appelés dans toutes les crises que traversent nos sociétés modernes. Ils sont notamment là quand il faut réconforter les passagers d'un avion forcé de revenir à Coin- trin parce qu'une fumée suspecte s'est répan- due dans la carlingue. Ils sont encore pré- sents quand il faut rassurer les enfants d'un collège, parce qu'un camarade est tombé d'un mur dans le préau.

Et bien sûr pour consoler tel candidat qui a été éliminé dans une émission de téléréalité.

D'un autre côté, cette société ultra-psychologisée oublie de four- nir l'indispensable béquille aux plus désemparés que sont les requérants d'asile. Nombre d'entre eux nous viennent d'ex-You- goslavie, d'autres arrivent d'Irak, d'Afghanistan ou d'une autre de ces terres maltraitées par l'histoire et les hommes. La plu- part ont vu des meurtres, subi des tortures ou des viols.

Et que fait notre société des psys pour traiter les séquelles de ces traumatismes, pour éviter, par exemple, que certains

«enfants de la guerre» ne reproduisent ici les mauvais traite- ments subis là-bas? Rien ou presque, puisque nous en sommes au stade des expériences. La psychologue de l'UNIL Muriel Gilbert a pratiqué l'une d'entre elles (lire notre article en page 46). Elle en a tiré des enseignements utiles, mais qui restent à mettre en pratique à une plus large échelle.

Nous vivons aussi, et je m'en félicite, un siècle vulgarisateur.

Il y a dix ans tout juste, les plus fidèles lecteurs d'entre vous découvraient le premier numéro d'«Allez savoir!». Ce maga- zine initial de juin 1994 qui parlait déjà de la recherche uni- versitaire en évoquant la sieste (bon ou mauvais sommeil?), nos ancêtres les Gaulois ou le rêve américain. Un magazine inaugural qui avait reçu le numéro 0, par prudence et par super- stition, parce que nous ne savions pas s'il y en aurait un second.

Dix ans et trente numéros plus tard, «Allez savoir!» jubile et s'offre un petit lifting. Rien de grave, juste quelques pages légè- rement remaniées comme la couverture et le sommaire (désor- mais sur deux pages). Un ravalement de façade qui se pour- suivra à l'automne, avec l'introduction de nouveaux espaces consacrés aux publications des chercheurs de l'UNIL et aux conférences organisées sur le site, sans oublier la rubrique Cour-

Asile, traumatisme et jubilé

Une envie de vous dégourdir les jambes?

Ça tombe bien. Ce numéro d'«Allez savoir!» inclut une carte détachable dans ses pages centrales. Celle-ci propose un itinéraire de neuf ki- lomètres entre Lutry et Chexbres.

Trois heures de marche environ à la recherche des traces du passé mé- diéval de la région. Un parcours dans les traces des pèlerins qui effectuaient cet itinéraire, en direction de Rome, il y a quelques siècles de cela. Les

Jocelyn Rochat Rédacteur en chef

United States Department of Defense

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M É D E C I N E

Attention,

l'Eurofootball

va briser des cœurs.

Au sens propre du terme

L e championnat d’Europe de football constitue une menace sérieuse pour la santé des téléspecta- teurs. Durant cette compétition, le risque de mort subite va augmenter de 60 % en Suisse, préviennent les cardiologues de l’UNIL. Donc, quoi qu’il arrive à la sélection nationale suisse, restez zen!

60 %

d’augmentation...! Ce n’est pas la progression des salaires des joueurs de l’équipe de Suisse qualifiés pour l’Euro qui débute ces jours-ci au Portugal. Et encore moins l’évolution des droits de retrans- mission télévisée facturés à cette occa- sion par l’Union des associations euro-

et au Tessin lors de la Coupe du monde de football de 2002.

Une hausse très probablement pro- voquée par «l’effacement» de nombreux téléspectateurs qui suivaient des ren- contres télévisées et qui n’ont pas sur- vécu aux émotions procurées par le déroulement de la partie!

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groupe des médecins du service de car- diologie du CHUV sous la direction du professeur Lukas Kappenberger, en colla- boration avec le Service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) du CHUV et les hôpitaux de Romandie et du Tessin. Elle a été présentée par le Dr Eugène Katz lors du dernier congrès de la Société Européenne de Cardiologie, en sep- tembre 2003 à Vienne en Autriche.

Autant dire que l’étude a été prise très au sérieux là-bas. Comme elle devrait l’être ici, sachant que les cœurs des Hel- vètes seront particulièrement mis a l’épreuve ces prochains jours, puisque la sélection nationale de Köbi Kuhn fait partie des équipes en lice lors de l’Euro 2004 au Portugal, ce qui n’était pas le cas lors du Mondial de 2002 organisé par le Japon et la Corée. Un détail qui aura probablement pour effet d’augmenter les risques courus par les Suisses.

Or c’est justement durant ce dernier Mondial asiatique que le Dr Katz a pu observer l’attitude stressée de ses patients : «Pendant ma formation et notamment en été 2002, j’ai travaillé au SMUR où nous sommes souvent confrontés à la mort subite. Je voulais réaliser une étude dans un cadre local qui touche la Suisse et, bien sûr, le plus de monde possible. Qu’elle porte sur le foot- ball est donc le fruit du hasard. Cela dit, il est intéressant de voir quel type de population est touché par la mort subite, quels en sont les facteurs déclenchants et surtout de comprendre ce que nous pouvons faire pour sauver plus de vies.»

Téléspectateurs sous tension

Ironie de l’affaire, la «mort subite» est souvent évoquée par les supporters de football. A cette différence près que, quand ils en parlent, les fans font géné-

ralement allusion à la règle du but en or qui veut que, lors des prolongations, la victoire revienne à la première équipe qui marque un but. Un scénario insoutenable qui peut se transformer en épreuve véri- tablement dramatique pour le supporter assis dans son fauteuil. Qui subit alors un summum de pression psychologique.

Notons que ce téléspectateur moyen a été mis sous tension bien avant les pro- longations du match. En réalité, la sen- sation de stress précède le coup de sif- flet initial. La tension se poursuit généralement par des énervements quand un attaquant adverse touche le ballon. Sans oublier des colères déclen- chées par l’échec de l’un de ses attaquants favoris qui tire à côté des buts. Autant de contrariétés qui incitent nombre de téléspectateurs à allumer une énième cigarette, avant de reprendre une ou deux bières à la mi-temps...

Au bout du compte, cette succession d’attitudes et de gestes peut s’avérer fatale, car le stress et la colère sont des facteurs qui favorisent l’infarctus du myocarde, précisent les cardiologues du CHUV qui comparent ces réactions à un phénomène déjà décrit lors des tremble- ments de terre comme à Los Angeles, ou lors de conflits militaires, comme en Israël ou en ex-Yougoslavie.

Le stress augmente les risques

«Sachant que plus de 80 % des arrêts cardiaques chez les adultes sont liés à une ischémie (insuffisance d’apport d’oxy- gène au cœur) ou à un infarctus du myo- carde, nous avons testé l’hypothèse de l’influence du stress et de la colère sur le nombre de morts subites dans la popu- lation adulte dans le cadre du cham- pionnat du monde en 2002, expliquent les cardiologues lausannois. Nous avons supposé qu’il y aurait une augmentation Le Dr Eugène Katz, du service de cardiologie

du CHUV

© N. Chuard

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des morts subites, sachant que la colère et le stress sont habituels chez les spec- tateurs des matches de football.»

Mais en Suisse comme dans la majo- rité des pays européens (à l’exception de l’Irlande et de la Suède) ainsi qu’aux Etats-Unis, les registres nationaux des morts subites extrahospitaliers sont inexistants. Et lors de l’établissement des certificats de décès usuels, la cause exacte du décès n’est pas toujours mentionnée.

«Voilà pourquoi nous avons décidé d’analyser les registres du Service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR),

la même période en 2001, en dehors de toute manifestation sportive médiatique importante.»

Angleterre - Argentine : 25% d’infarctus en plus

C’est ainsi que les cardiologues ont pu constater une augmentation significative de plus de 60 % de morts subites extra- hospitalières durant les Mondiaux de 2002. Dans le détail, 62 personnes sont décédées durant la période de la Coupe du monde contre 38 durant la même période en 2001. Parmi ces «victimes» du

© N. Chuard

Le rituel «bières + chips + match à la télé» peut mettre la santé des fans de foot à très rude épreuve

En bref

La mort subite peut frapper n’importe qui, n’importe quand et n’importe où.

Elle se définit globalement par deux caractères : instantané et inattendu. La mort subite ne se résume pas à la «crise cardiaque», sous-entendu l’infarctus du myocarde, mais les maladies car- diaques représentent les trois-quarts des causes possibles identifiées de décès. Le quart restant se partage

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sexes sont touchés (les femmes repré- sentant un tiers des victimes).

«S’il est impossible de prouver que toutes les victimes de mort subite se sont intéressées au football, l’augmentation significative des morts subites extrahos- pitalières durant la période de la Coupe du Monde n’est vraisemblablement pas le fruit du hasard. Grâce aux registres du SMUR, on peut souvent affirmer que leurs décès a bien eu lieu pendant un match du Mondial», ajoutent les cardio- logues. Qui précisent encore que plu- sieurs décès qui n’étaient pas liés au foot- ball, comme les suicides, les accidentés de la route et les overdoses n’ont pas été pris en compte dans cette étude.

S’il devait rester un doute dans la tête des lecteurs, notons que ces chiffres lau- sannois alarmistes sont confirmés par d’autres études. Des médecins, néerlan- dais, français et anglais, se sont ainsi pen- chés sur les décès liés au football. Dans un article publié dans le «British Medi- cal Journal» en 2002, des chercheurs bri- tanniques faisaient ainsi état d’une aug- mentation de 25 % des infarctus du myocarde le jour même et le lendemain de la défaite de l’Angleterre face à l’Argentine lors de la Coupe du monde de football en 1998, une rencontre sui- vie à la TV par 24 millions de Britan- niques.

La fièvre du sport

Pour les amateurs de football, «l’aug- mentation des crises cardiaques est vrai- semblablement due au stress vécu par les supporters lors de la prestation de leurs équipes favorites ainsi qu’à l’absence d’activité physique et à l’augmentation de la consommation de tabac et d’alcool pendant la période de retransmission télévisée», concluent les cardiologues de l’UNIL. Avant de soupçonner également la «fièvre du sport» de faire oublier de

prendre leurs médicaments à de nom- breux fans.

Dès lors, que faire? Comme il sera impossible d’empêcher les plus fervents supporters de «vivre» les différentes ren- contres de la Suisse face à la Croatie, l’Angleterre et la France, il ne reste plus qu’à recommander à ces fans de se méfier des abus les soirs de match. Et là, les médecins du CHUV leur suggèrent d’adopter la même attitude que leurs idoles: éviter une consommation exagé- rée d’alcool, de tabac, de café, manger léger avant un match et surtout ne pas rester seul devant son petit écran.

«Nous pouvons conseiller aux méde- cins d’informer leurs patients et les membres de leurs familles des compor- tements à risque avant les événements sportifs majeurs comme l’Euro au Por- tugal», indiquent les cardiologues... Les médias peuvent également fournir plus

d’informations au public sur la conduite à tenir en cas de symptômes «cardiaques»

ou d’arrêt cardiorespiratoire.

Le renforcement des services mobiles d’urgence et de réanimation, le change- ment de stratégies de déploiement des défibrillateurs automatiques et le déve- loppement des programmes de défibril- lation par le public peuvent également être proposés pour diminuer le nombre de victimes de la mort subite.

Les ennemis du foot sont aussi en danger

Au Portugal, les passionnés du foot- ball sont légion et Manuel Carrageta, président de la fondation portugaise de cardiologie, a pris connaissance de l’é- tude lausannoise. Après avoir réclamé une grande vigilance hospitalière, ce chercheur a encore demandé à ce que tous les stades soient équipés d’au moins

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Les fans devraient se méfier des abus lors des soirs de match...

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Pour survivre à l'Euro, les fans devraient faire des exercices physiques. Et pas seulement quand leur équipe marque!

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quatre défibrillateurs, ces appareils élec- triques servant à rétablir un rythme car- diaque normal. «Mais le succès de ce dis- positif dépend avant tout d’une bonne information du public et ensuite de la rapidité d’intervention, et c’est souvent une question de minutes», insistent les cardiologues du CHUV.

Signalons enfin à ceux qui détestent le football qu’ils ne sont pas hors de dan- ger pour autant. Même en dehors de grands événements sportifs, l’infarctus du myocarde (28 500 cas par an en Suis- se), l’attaque cérébrale (8000 cas / ans) et l’arrêt cardiaque (estimé à 8000 cas / an) sont les accidents qui menacent le plus la population vivant en Suisse. Une per- sonne âgée de moins de 65 ans décède subitement chaque heure dans le pays.

Toujours en Suisse, il meurt chaque année davantage de personnes à la suite de troubles cardio-vasculaires que de n’importe quelle autre maladie. Des chiffres saisissants.

Suffisamment saisissants pour nous inciter à nous décontracter, même si la Suisse devait s’en sortir mieux (ou beau- coup moins bien) que prévu. Et même si l’arbitre devait siffler un penalty injus- tifié, le guide de survie demeure : respi- rez un bon coup, et restez zen. La vie continue, parce que le football reste un jeu, simplement un jeu. Du moins, il le devrait.

Alberto Montesissa

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Les gestes qui tuent

Tabagisme :en cessant de fumer, on peut diviser jusqu’à cinq fois le risque de maladie cardio-vasculaire.

Hypertension : une tension artérielle normale divise par deux – voire par dix – le risque d’infarctus du myocarde et d’attaque cérébrale.

Hyperlipidémie (cholestérol) :pour contrer l’excès de graisses, mangez varié et équilibré. Donc pas d’excès de chips!

Sédentarité :bougez, bougez, bougez!

Obésité et adiposité: les deux favorisent l’hypertension, le diabète et l’hyperli- pidémie.

Diabète :il multiplie par cinq le risque d’infarctus du myocarde et par trois celui d’attaque cérébrale.

Stress :il nuit à la santé et favorise les affections cardio-vasculaires et d’autres maladies.

Les gestes qui sauvent

Trop fumer, trop boire ou trop manger avant, pendant et après le match, n’étant pas conseillés, la modération s’impose.

Aller chercher une bière à la cave ne suf- fit pas en matière d’exercice physique.

N’hésitez pas à montrer à vos enfants que vous êtes le Zidane du quartier...

Ce qu’il faut savoir

Vous devriez connaître les symp- tômes d’infarctus du myocarde. Ce sont : une douleur oppressante dans la région thoracique ou du cœur, une douleur irradiant dans tout le thorax, dans les épaules, les bras, le cou ou la partie supérieure de l’abdomen, une pâleur, des nau- sées, un manque d’air et un pouls irrégulier. Autant de symptômes qui durent au moins quinze minutes.

L’arrêt cardiaque se traduit par une perte de conscience, une absence de réaction à l’interpellation et un léger secouement.

Quant aux symptômes de l’attaque cérébrale, ce sont :

Apparition subite d’un affaiblissement, d’une paralysie ou d’une sensation d’engourdissement ne concernant géné- ralement qu’un côté du corps (visage, bras ou jambe).

Cécité soudaine ou image double.

Perte subite de la capacité d’élocution.

Vertiges rotatoires durant plus de quinze minutes, avec incapacité de marcher.

Maux de têtes soudains, intenses et inhabituels.

(Source : www.swisssheart.ch) A lire

E. Katz, J. Metzger, J. Schlapfer, M. Fromer, D. Fishman, R. Kehtari, R. Mauri, L. Kappenberger.

«Does out-of-hospital cardiac arrests in Switzerland increase during FIFA World Cup?», European Heart Journal, 2003; 24: 37

Utile

Téléphone en cas d’urgence :144

Renseignements: Fondation Suisse de Cardiologie.

+41 31 388 80 80

Internet: www.swissheart.ch Pour toute question sur le cœur et le système vasculaire, appelez le cardiophone 0848 443 278 chaque mardi de 17h à 19h.

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Le droit aux vacances, mode d’emploi

P eut-on faire du parapente durant ses vacances au risque de se blesser? Peut-on récupérer les jours de maladie qui interviennent à ce moment, ou, plus fou, peut-on renoncer à ses congés payés?

Eric Cerottini, docteur en droit de l’Université de Lausanne, s’est penché sur la question.

Selon la loi suisse, les vacances doivent permettre au travailleur de se remettre de la fatigue accumulée durant l'année

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C

haque année, avec l’été, elles reviennent. Les «grandes vacan- ces», comme disent les écoliers, on connaît depuis toujours. Pourtant, ces quelques semaines de repos annuelles auxquelles nous avons tous droit cachent de multiples subtilités juridiques. Parfois au détriment de l’employé (eh oui, il ne sert à rien de protester, c’est le patron qui décide, en dernier recours, des dates de départ), parfois à son avantage (saviez-vous qu’en cas de maladie, les jours perdus peuvent, sous certaines conditions, être restitués?).

droit du... travail, sourit-il. J’ai pensé que c’était une bonne façon d’aborder cette matière. Et je me suis rendu compte en l’étudiant que sous une apparence de cohérence et d’exhaustivité, la régle- mentation des vacances était souvent confuse et lacunaire, ce qui provoquait des interprétations contradictoires néfastes à la sécurité du droit.»

Pour «Allez savoir!», le spécialiste passe en revue les points essentiels à connaître dans ce domaine, histoire évi- ter de mauvaises surprises et profiter au mieux de ce trop rare temps de repos.

sol au bord de l’eau, les orteils dans la mer avec une boisson fraîche à portée de la main, le tout dans un cadre idyllique.

Mais en termes juridiques, les vacances sont tout de suite moins porteuses de fan- tasmes : «Il s’agit d’une période d’inter- ruption du temps de travail prolongée, continue et rémunérée, ne nécessitant pas de travail compensatoire, durant laquelle le travailleur doit effectivement se remettre de la fatigue accumulée pendant l’année», explique Eric Cerottini.

Il faut absolument que ces deux cri- tères, repos et argent, soient réunis pour

© N. Chuard

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© N. Chuard

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vaillé les six derniers mois à 100 % et obtient un congé compensatoire sous forme de semaines continues.

Historiquement, on trouve deux idéo- logies assez différentes à l’origine de ces semaines payées bien que non travaillées.

Il y a, d’une part, le syndicalisme des mouvements ouvriers français qui reven- diquaient et ont obtenu les fameux

«congés payés» pour que les employés puissent profiter de loisirs. D’autre part, on trouve le régime national-socialiste allemand qui misait sur les vacances pour augmenter la productivité de ses usines.

Frais et dispos, l’ouvrier était supposé être beaucoup plus efficace à son retour et pour le reste de l’année. Les mouve- ments ouvriers comme les Nazis propo- sèrent d’ailleurs des camps à leurs tra- vailleurs, pour s’y reposer ensemble à peu de frais et leur rappeler le bien-fondé de leur idéologie.

1. A combien de jours d’oisiveté payée

les travailleurs ont-ils droit?

A autant de jours que votre employeur est prêt à vous payer pour ne rien faire...

Plus sérieusement, la loi ne prévoit pas de durée maximale, mais elle impose des

minima: quatre semaines annuelles (cinq pour les apprentis et les moins de 20 ans), dont deux à la suite. Actuellement, la tendance est plutôt au morcellement des vacances, avec de subtiles stratégies pour prendre un jour entre deux jours fériés (exemple type : l’Ascension) et se don- ner l’illusion d’en avoir plus.

Mais l’employeur contrevient à la loi s’il ne veille pas à ce que cette exigence des deux semaines consécutives soit res- pectée, et ceci même si l’employé est par- faitement d’accord pour éparpiller ses congés sur l’année. Comme l’explique Eric Cerottini, «cette contrainte a été fixée suite aux constatations de la méde- cine du travail: un minimum de dix à qua- torze jours est nécessaire pour éliminer durablement la fatigue de fond accumu- lée durant l’année».

2. Peut-on faire n’importe quoi de ses vacances:

parapente, travaux harassants de rénovation au chalet?

A priori, on peut tout faire, ou presque. Le but des vacances tel qu’il est précisé dans la loi étant le repos et la détente du travailleur, on pourrait en déduire un peu hâtivement qu’hormis le

Eric Cerottini, avocat et docteur en droit de l’Université de Lausanne

© N. Chuard

La loi suisse impose un minimum de quatre semaines de vacances, dont deux de suite. De quoi partir en croisière

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farniente, tout est banni. Il n’en est rien:

même des activités comme guide de site historique ou moniteur de colonie de vacances sont acceptées, y compris si elles sont rémunérées. On considère qu’il s’agit après tout d’une façon comme une autre de se changer les idées.

La liberté du travailleur et la possi- bilité de s’épanouir comme il l’entend durant ses vacances sont des notions éga- lement très défendues par la loi. Même chose pour le maçon qui profiterait de son mois de vacances pour se construire

une résidence secondaire au fin fond du Portugal : il risque bien de revenir érein- té, mais il sera difficile pour un patron de prouver que c’est dû aux vacances, que leur but n’a pas été respecté et que ses intérêts sont donc lésés...

Il n’y a finalement que deux situa- tions où l’on considérera que l’employé est allé trop loin : s’il travaille – gratui- tement ou non – pour la concurrence, et s’il revient épuisé physiquement ou stressé psychiquement au point de ne plus pouvoir remplir ses obligations pro-

fessionnelles. Là, le travailleur s’expose à des retenues de salaire. Reste que sauf dans le cas d’un job de vacances chez la concurrence directe, les preuves sont difficiles à établir...

3. Les stakhanovistes

ont-ils le droit de travailler toute l’année?

Non, certainement pas : l’idée de re- noncer aux vacances, de les échanger contre de l’argent pour doubler son salaire durant un mois, peut être tentante,

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mais c’est formellement interdit. «Excep- tionnellement, on peut y déroger pour les travailleurs ne bénéficiant que de con- trats de courte durée, comme les in- terimaires, ou pour ceux dont le taux d’occupation fluctue constamment», précise Eric Cerottini. Lequel a élaboré pour sa thèse diverses équations subtiles qui permettent au praticien de calculer le montant dû quel que soit le cas de figure. En résumé, la règle consiste à ajouter au salaire horaire ou mensuel de base un «supplément vacances».

L’employé est ainsi payé, premier élé- ment pour qu’on parle de «vacances», mais qu’en est-il alors de son droit au repos? «S’agissant de la première caté- gorie de travailleurs, on considère qu’en raison de leur statut particulier, ils trou- vent le temps de se reposer entre les dif- férents engagements de courte durée. Il est par exemple très peu probable que les contrats successifs d’une personne employée par une agence temporaire se suivent durant une année sans lui lais- ser de jours de repos. Pour la seconde catégorie en revanche, les vacances doi- vent malgré tout être accordées en nature, la seule différence consistant dans le fait qu’aucune rémunération n’est versée à ce moment puisqu’elle a déjà été ajoutée au salaire usuel», répond Eric Cerottini.

Si l’on ne peut renoncer à ses vacances, sauf dans ces cas très particu- liers, on peut par contre les voir fondre...

En effet, un employeur a la possibilité de les réduire en cas d’absence prolon- gée. Les circonstances les plus fréquentes sont la maladie, la grossesse ou l’accident.

Après une chute à moto, un travailleur est hospitalisé trois mois. A son retour au travail, on ne va pas lui supprimer l’entier de ses vacances sous prétexte qu’il est resté allongé de longues semaines et qu’il est donc tout à fait

reposé, mais l’employeur est en droit de réduire en partie la durée des vacances à sa disposition. Eric Cerottini a là aussi élaboré des équations et des tableaux pour estimer la réduction dans chaque cas d’espèce. Les nombreux paramètres dont il faut tenir compte sont notamment la durée de l’absence, la cause de celle- ci, et l’éventuelle faute de l’employé quant à son incapacité à travailler.

4. Qui décide de la date du grand départ?

Le patron. L’employé peut exprimer ses préférences, et la priorité est en prin- cipe accordée durant les vacances sco- laires aux travailleurs qui ont des enfants.

En théorie, l’employeur doit tenir compte des désirs exprimés, mais c’est lui qui assume le risque de l’entreprise, et il a le droit de refuser. Il a non seule- ment le pouvoir de refuser ce qu’on lui propose, mais aussi celui de fixer des vacances quand ça l’arrange, pour toute la firme ou seulement pour un secteur.

S’il voit qu’un employé tente d’accumu- ler des jours de vacances, par exemple dans le but de prendre un bloc de trois mois pour escalader l’Himalaya, il a le droit, même le devoir, de le contraindre à en prendre plus régulièrement.

Restent quelques garde-fous. Lors- qu’un employeur refuse des dates, il doit pouvoir motiver sa décision, et surtout faire part de son désaccord rapidement, et pas deux semaines avant la date du départ! Même nécessité d’anticiper s’il s’agit de contraindre un employé à accep- ter des dates qui ne l’enchantent pas : le patron doit l’en avertir trois mois à l’avance.

Malgré ce pouvoir accordé à l’employeur, certaines entreprises véhi- culent encore des rumeurs selon les- quelles des vacances non prises avant Pâques ou le 1er mai de l’année suivante

Inutile de songer à échanger vos vacances contre, par exemple, un salaire

supplémentaire.

C'est formellement interdit

© N. Chuard

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AL L E Z S A V O I R! / N ° 2 9 JU I N 2 0 0 4 1 8

seraient tout simplement annulées. Rien de plus faux! Il n’y a aucune obligation de prendre ses vacances 2004 avant une quelconque date butoir de l’année 2005, puisque le délai de prescription légal est de... cinq ans!

5. Et si je me casse

la jambe le premier jour des vacances?

On l’ignore trop souvent, mais un salarié malade ou accidenté durant ses vacances peut les reprendre. Mais pas

dans tous les cas. Il faut que cette inca- pacité à profiter des vacances soit d’une certaine durée, d’une certaine amplitude, et surtout attestée. Trois jours de rhume sur quatre semaines au bord de la plage ne vont pas compter comme une mala- die et pouvoir être repris ensuite. Une appendicite, par contre, empêche le vacancier de jouir de son repos.

Dans ces circonstances, il appartient à l’employé de faire la preuve que le but des vacances n’a pu être atteint: en cas de problème sérieux de santé, il faut

absolument consulter un médecin et lui demander un certificat médical. Les mé- decins y notent d’ailleurs généralement une incapacité à travailler de x jours, ce qui pose problème à Eric Cerottini.

«L’incapacité à travailler, pour un em- ployé de chantier qui s’est foulé la che- ville, n’équivaut pas forcément à une incapacité de bénéficier de vacances au bord de la mer. Il faut aussi distinguer le but des vacances en soi tel qu’il est défini par la loi, soit se reposer et se détendre, et le but que l’employé s’est lui-

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même fixé pour son séjour. Si son inten- tion est d’escalader l’Everest et qu’une blessure l’en empêche, on ne peut pas pour autant affirmer que la fonction des vacances ne peut plus se réaliser d’une autre manière.»

La distinction entre ces divers élé- ments – incapacité à travailler ou à pro- fiter des vacances, but absolu ou but de chacun – n’étant pas toujours évidente, le salarié sûr de son fait a intérêt à demander au médecin un certificat qui précise que la fonction des vacances n’a pu être remplie et qu’il ne s’agit pas seu- lement d’une inaptitude au travail. His- toire de profiter pleinement des sui- vantes, auxquelles, même si c’est agaçant pour les collègues, il a néan- moins droit.

6. Qu’advient-il

du solde des vacances lors de la résiliation du contrat?

Un chef d’entreprise résilie le contrat d’un travailleur en respectant le délai légal de congé. Il remarque que l’employé n’a pas épuisé son solde de vacances. En théorie, le travailleur doit alors les prendre en nature jusqu’à l’issue du délai de congé. Mais cette période est essentiellement prévue pour la recherche d’un nouvel emploi; on ima- gine mal un salarié mener cette tâche depuis son lieu de villégiature. Ce qui serait, en outre, inconciliable avec le but des vacances.

En toute logique, pour ce cas très par- ticulier, il reste l’option de verser un sup- plément en espèces. Le Tribunal fédé- ral s’est prononcé pour une solution relativement complexe, qui prend en considération plusieurs éléments: la durée du délai de congé, le nombre de jours de vacances restants, l’âge du tra- vailleur, et son éventuelle libération de

l’obligation de travailler. En principe, on considère qu’un délai de congé d’une durée inférieure à deux ou trois mois n’est pas suffisant pour assurer à la fois la recherche d’un emploi et des vacances.

Dans ce contexte particulier, les petits malins qui stockent des jours et des jours de congé pour s’offrir des mois de farniente peuvent se retrouver perdants : généralement, les employeurs libèrent immédiatement les salariés de leur obligation de travailler, et le solde des vacances passe alors par pertes et profits...

Sonia Arnal

© N. Chuard www.swiss-image.ch

Un salarié que la maladie ou un accident empêche de partir au moment

prévu est en droit de récupérer ses vacances par la suite. Moyennant un

certificat médical

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Ceux qui marchent en priant s’offrent un nouvel itinéraire

L es pèlerins, toujours plus nombreux, recher-

chent des itinéraires alternatifs à Saint-Jacques-

de-Compostelle, un peu victime de son succès. L’un

d’entre eux, la Via Francigena, traverse le canton

de Vaud.

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I

l suffit de parcourir le rayon «va- cances» des librairies pour s’en per- suader : les pèlerinages ont le vent en poupe, comme le montrent les innom- brables guides consacrés aux chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Faut-il pour autant imaginer que leurs lecteurs prennent tous la route de l’Espagne en pénitents, et qu’ils nous font ainsi entrer dans ce XXIesiècle «religieux» annoncé par Malraux?

«Le phénomène a autant d’explica- tions culturelles que religieuses», répond Micheline Cosinschi, maître d’enseigne- ment et de recherche en géographie à

l’Université de Lausanne (UNIL) et vice-doyenne de la nouvelle Faculté des géosciences et de l’environnement.

Ne plus «marcher idiot»

Selon la géographe, les motivations de ces marcheurs au long cours sont mul- tiples. «A la base, il y a évidemment l’idée de partir à pied le long d’un itinéraire.

Cela peut être sous-tendu par une démarche religieuse. Mais il y a aussi la recherche d’un espace de liberté, pour être confronté avec soi-même. Enfin et surtout, les pèlerins d’aujourd’hui ne veu- lent plus «marcher idiot». Ils témoignent

ainsi d’un intérêt pour le patrimoine cul- turel, naturel ou pour les gens qu’ils ren- contreront au hasard, sur la route.»

Bref, nous sommes à des lieues des préoccupations strictement religieuses qui ont provoqué le départ en pèlerinage durant des siècles.

Un nouveau regard sur le paysage

Trop courue et trop connue, la route de Saint-Jacques-de-Compostelle est dé- sormais concurrencée par des itinéraires alternatifs qui prolifèrent sur des che- mins de traverse. «Un véritable réseau

Partie de Londres, la Via Francigena entre en Suisse par le col de Jougne, descend à Lausanne et longe les rives du lac Léman

© N. Chuard

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d’itinéraires au long cours se développe ou se redécouvre actuellement en Europe pour répondre à ces marcheurs d’un nouveau genre», explique Miche- line Cosinschi.

«Les parcours pèlerins sont des phé- nomènes de civilisation et ils ont donné naissance à un vaste patrimoine profon- dément enraciné dans la mémoire col- lective. Ils contribuent à une mise en sens du territoire. En cela, ils nous permet- tent de jeter un nouveau regard sur nos paysages.»

Des pèlerinages religieux, historiques ou naturels

Certains de ces parcours renaissants sont religieux, au sens strict du terme.

Ils ont pour but des villes et des sanc- tuaires, des monastères et des hauts lieux sacrés. Dans d’autres cas, les adeptes de ce «tourisme d’itinéraire» progressent le

long d’anciens parcours à caractère plus historique que religieux, souvent d’an- ciennes voies romaines.

Il arrive enfin que «la recherche des valeurs spirituelles qui caractérise le pèlerinage se déplace vers des lieux natu- rels d’une grande beauté, îles ou déserts, cimes des Alpes ou profondeurs ma- rines», ajoute la géographe.

Les parcours historiques

Paradis du sentier pédestre, la Suisse n’est pas restée insensible à ce goût renouvelé pour les parcours qui ont une histoire. «Le Centre pour l’étude du tra- fic Via Storia travaille notamment à la promotion d’une dizaine de chemins cul- turels dans tout le pays», raconte San- dro Benedetti, un spécialiste lausannois des sentiers «intelligents» qui a réalisé son travail de fin d’études universitaires sur les chemins à thèmes avant d’en faire

son métier (il en a désormais créé une douzaine).

«Avec Via Storia, nous allons inven- torier les voies de communication histo- riques. Dans cet inventaire fédéral qui s’est terminé en décembre 2003, nous avons cartographié la substance histo- rique des routes : murs, pavements, allées d’arbres. Ce travail permettra bientôt de réutiliser ces voies pour le tourisme pé- destre, parce qu’il est plus agréable de se balader sur un chemin qui a du cachet historique que sur un chemin nouvelle- ment constitué.»

Les concurrents de

Saint-Jacques-de-Compostelle

Ces nouveaux itinéraires s’appellent la Via Francigena, mais encore la Via Gottardo, la Via Valtellina dans les Gri- sons, ou la Via Cook, ainsi nommée en rappel du premier voyage effectué par Thomas Cook en tant que «tour opéra- teur». «C’était en 1863, quand il est passé par Genève, Chamonix, Martigny, Sion, Loèche-les-Bains, Brienz, Grindelwald et Lucerne, avant de retourner en train sur Pontarlier, raconte Sandro Benedetti.

Ce premier voyage organisé, qui a éga- lement une connotation historique, devrait bientôt être proposé comme iti- néraire de découverte à pied, par la route ou le rail.»

A cela s’ajoutent, au niveau européen, des réalisations comme la Via Alpina, qui propose aux marcheurs de faire tout l’arc alpin, de Nice à la Slovénie. «Des itiné- raires naissent un peu partout, ajoute Sandro Benedetti. Certains ont du suc- cès, parce qu’ils ont un plus grand inté- rêt. D’autres, en revanche, font moins parler d’eux, comme la Via Alpina, peut- être parce qu’elle a moins d’attestation historique que la Via Francigena.»

La Via Francigena

La Via Francigena, l’ancienne «voie des Francs», part de la cathédrale an- glaise de Canterbury pour filer vers Rome, via les rives du lac Léman. «C’est un exemple typique de ce tourisme d’iti- néraire, capable de réinventer une route

Micheline Cosinschi, maître d’enseignement et de recherche

en géographie à l’Université de Lausanne et vice-doyenne de la nouvelle Faculté des géosciences et de l’environnement de l’UNIL

© N. Chuard

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0 150 300 km

Paris Londres

Berne

Rome Canterbury

Arras Laon

Reims

Châlons-sur-Marne Bar-sur-Aube Sombre

Besançon Pontarlier

Lausanne St.Maurice Bourg-St. Pierre

Aosta Ivrea

Vercelli

Pavia

Piacenza Berceto

Pontremoli

Luni Lucca San Gimignano Sienna

San Quirico Bolsena

Viterbo Sutri Grand St.-Bernard

vers Compostelle

Stade

Utrecht

Mayence

Strasbourg

Bâle

Naples vers Jérusalem Arles

Toulouse

Suse Lyon

Troyes

tombée dans l’oubli ou devenue obso- lète», précise Micheline Cosinschi.

Cet itinéraire, qui avait été abandonné au cours du Moyen Age, a en effet été

«réinventé» pour les marcheurs en s’ins- pirant du récit de voyage de l’évêque de Canterbury Sigéric qui effectue le trajet en 990 après J.-C., et dont les carnets

ils marchent vers Lausanne et s’engagent dans les vignes des hauts du lac Léman, avant de remonter le Rhône jusqu’à St-Maurice, où la route s’infléchit vers le Sud pour quitter notre territoire via le col du Grand St-Bernard. En direc- tion d’Aoste et enfin de Rome.

Une marche plus pure

balisée, plus difficile, elle demande en effet un effort aux pèlerins.

Ce qui attire ceux qui regrettent que Saint-Jacques-de-Compostelle soit par- fois victime de son succès. Notamment quand les habitants d’une région d’Es- pagne décident de faciliter la tâche des pèlerins en plantant des arbres dans les

Itinéraire principal de la Via Francigena

en référence au parcours de Sigéric (Xe siècle) Itinéraires secondaires

P. Coderay / Unicom

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arriver avant les autres et s’assurer ainsi un lit plus confortable. Une situation qui ne risque pas de se produire entre Can- terbury et Rome.

Faire l’Europe avec ses pieds

Bien moins connue que Saint- Jacques-de-Compostelle, la Via Franci- gena deviendra peut-être une concur- rente de la célèbre route aux coquillages.

Du moins si ce parcours connaît le déve- loppement prévu. «L’Institut européen des itinéraires culturels, une antenne du Conseil de l’Europe qui soutient ce genre de projets, aimerait faire de la Via Fran- cigena un parcours qui traverse le conti- nent selon un axe nord-sud, alors que St-Jacques est plutôt sur un axe Est- Ouest», précise Sandro Benedetti.

Si la politique se mêle de marche à pied, c’est parce que l’enjeu va bien au- delà des retombées touristiques qui en découlent. «Des routes de ce genre cher- chent à donner une cohérence à un héri- tage européen en créant des liens histo- riques, économiques et culturels entre des sites individuels, des villes, des cités touristiques importantes et des régions», ajoute Micheline Cosinschi.

A titre individuel, ces parcours offrent enfin une expérience forcément existen- tielle, assure Micheline Cosinschi. «Qui ne s’est jamais posé la question : «Pour- quoi suis-je sur cette terre?» «Pourquoi est-ce que j’avance?», «Où vais-je?» En marchant, on se rend compte que sa propre vie est un parcours à travers le temps et l’espace. Le temps qui passe et l’espace qui change. C’est peut-être là le véritable sens du pèlerinage : réfléchir sur son propre cheminement. Par la lenteur de la marche et la purification dont il est porteur, le pèlerinage peut nourrir des aspirations que la vie moderne peine à satisfaire.»

Jocelyn Rochat

Liens utiles

http://www.francigena.ch/fra/

welcome.shtml

http://www.bureaubenedetti.ch http://www.viastoria.ch/

ViaStoria_F.htm

http://www2.unil.ch/igul/

Sandro Benedetti, un spécialiste des chemins à thème issu de l'UNIL (il en a déjà créé une douzaine)

© N. Chuard

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© N. Chuard

Après avoir quitté les rives du lac Léman, la Via Francigena se poursuit jusqu'à St-Maurice et quitte la Suisse au col du Grand St-Bernard (photo), pour filer vers Rome

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Si l’on en croit le titre de l’une de vos conférences, Lausanne a joué

«un rôle oublié» en matière de pèlerinages. Qu’avons-nous donc perdu de vue?

Jean-Daniel Morerod : D’abord que Lausanne était idéalement placée sur le principal itinéraire de pèlerinage du Moyen Age, la route de Rome et ses pro- longements espagnols. Lausanne était en effet l’une des rares étapes obligées sur la route qui allait d’Italie en France ou de Rome à St-Jacques-de-Compostelle.

Par ailleurs, Lausanne était également bien placée sur des itinéraires menant à Cologne, autre grand centre de pèleri- nage, sans oublier, au niveau suisse, Ein- siedeln qui jouait déjà un grand rôle aux XIVe- XVesiècles.

Quel fut le rôle de la ville dans ce phénomène pèlerin?

Sa situation privilégiée a permis à la ville, sans avoir un rôle capital, de jouer un rôle de refuge et d’encadrement du trafic. Les sources de l’Hôpital de Lau- sanne documentent très bien le passage des pèlerins lors des années saintes.

Grâce à cela, nous savons combien d’entre eux ont été hospitalisés, combien ont été soignés et sont morts à Lausanne.

Selon vous, Lausanne n’a pas seulement été une étape sur la route de Rome. Elle a aussi été une destination de pèlerinage...

Tout à fait. L’Eglise locale a beaucoup orchestré et développé les miracles de la Vierge Marie de Lausanne, quand les vierges se sont personnalisées, si j’ose dire, et que Notre-Dame Marie de Lau-

sanne a pris une personnalité différente de Notre-Dame du Puy ou de Paris. La cathédrale de Lausanne du XIIIesiècle a été construite en partie à cause et en fonction de ces pèlerinages. Par la suite, tout à la fin du Moyen Age, ces pèleri- nages ont même été canalisés et organi- sés sous la forme d’un jubilé que l’on appelait le Grand Pardon et qui inter- venait tous les sept ans.

Quels genres de miracles attiraient les pèlerins vers Notre-Dame Marie de Lausanne?

On la priait surtout quand on était retenu prisonnier, puisqu’elle était spé- cialisée dans les libérations et connue pour cela dans une zone assez large qui englobait, outre l’actuelle Suisse ro- mande, la proche Allemagne, la Franche- Comté et le Piémont. Les croyants pro- mettaient de venir la remercier s’ils arrivaient à sortir de leur geôle.

La réputation miraculeuse de Notre-Dame Marie de Lausanne se limitait-elle aux libérations?

Non. Elle guérissait aussi beaucoup, comme le montrent de nombreux mi- racles ordinaires portant sur des para- lytiques ou des aveugles. Mais, si l’on fait la recherche quantitative, c’est bien la libération qui reste la grande spécialité de cette Marie de Lausanne.

Qu’en était-il de ce Grand Pardon organisé à Lausanne vers 1440-1450?

Il témoignait très certainement d’une volonté d’encadrer et de concentrer les pèlerinages sur certaines dates, en fait les jours qui précédaient Pâques, parce que

Quand Lausanne

C’est peu connu, mais la capitale vaudoise a joué un petit rôle dans les grandes démonstrations de piété du Moyen Age.

Les explications de Jean-Daniel Morerod, docteur ès Lettres de l'Université de Lausanne.

© N. Chuard

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ceux qui venaient prier Notre-Dame Marie de Lausanne à ce moment-là se voyaient offrir l’effacement complet de leurs péchés, dans ce monde et dans l’au- delà. Ce Grand Pardon a peut-être été mis en place à l’imitation d’une pratique qui existait alors dans de grands sanc- tuaires comme Canterbury, et peut-être aussi dans la foulée du jubilé romain, puisque celui de 1450 a connu un suc- cès particulier.

Lausanne était-elle la seule destination de pèlerinages en Suisse

tion momentanée, miraculeuse des enfants morts sans baptême, le temps qu’on les baptise. C’était notamment le cas d’Oberbüren dans le pays bernois.

Plus près de Lausanne, la statue de saint Pancrace dans l’église de Châtillens avait une très bonne réputation pour les gué- risons en tout genre.

Revenons un moment sur la route : comment faut-il imaginer ces visiteurs qui arrivent à Lausanne. S’agissait-il uniquement de croyants fervents?

Mais il arrive souvent que, sous le motif officiel de faire un pèlerinage, le mar- cheur découvre le simple plaisir du voyage.

La conception de la marche en tant que loisir est-elle moderne ou existait-elle déjà au Moyen Age?

On trouve déjà chez les pèlerins des témoignages d’intérêt pour les monu- ments et les ruines qui s’apparentent à du tourisme. Il y a notamment le cas assez célèbre d’un abbé islandais du XIIesiècle qui évoque les ruines d’Avenches quand il traverse la Suisse romande, avant de les relier à des légendes nordiques.

Quand on parle de pèlerins, faut-il vraiment imaginer des marcheurs ou s’agissait-il plutôt de cavaliers?

La plupart d’entre eux ont l’air de marcher, mais, si on regarde les comptes de l’Hôpital de Lausanne, on découvre que certains disposent d’ânes ou de che- vaux. Il y a enfin un seul cas connu de pèlerin en litière. Mais il ne faut pas ima- giner de voitures complexes, car il s’agit alors d’objets extrêmement rares, même à la fin du Moyen Age.

Propos recueillis par J.R.

A lire :

C. Santschi, «Les sanctuaires à répit dans les Alpes occidentales», dans Revue d’histoire ecclésiastique suisse, 79 (1985), p. 119-143.

J.-D. Morerod, «Jubilés et passages de pèlerins: les hôpitaux de Vevey et de Lausanne au XVe siècle», dans Ceux qui passent et

était un but de pèlerinage

Jean-Daniel Morerod, docteur ès Lettres de l’UNIL

© N. Chuard

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AL L E Z S A V O I R! / N ° 2 9 JU I N 2 0 0 4 2 8

De Londres à Rome, via la Suisse

Au Moyen Age, la Via Francigena était la grande voie de transit du Nord de l’Europe vers Rome. Cette «voie des Francs» était no- tamment parcourue par les marchands qui circulaient entre l’Italie, la France et l’Angle- terre. Le même itinéraire, également appelé la Via Romea – la voie des «romei» –, était encore emprunté par les pèlerins qui se rendaient à Rome, à Jérusalem ou au Mont St-Michel. En cela, la Via Francigena diffère de Saint-Jacques-de-Compostelle qui a toujours été un parcours exclusivement destiné au pèlerinage.

Si la Via Francigena a été progressivement abandonnée à la fin du Moyen Age, elle a été récemment relancée grâce à un ma- nuscrit qui nous raconte le périple de Sigé- ric. Elu archevêque de Canterbury en 989, le religieux part d’Angleterre à pied pour Rome, afin d’y être investi par le pape Jean XV. Il nous a laissé une description de son voyage en Italie, et surtout de son retour en Angleterre qui décrit les étapes du parcours,

La Via Francigena, un autre reg

0 10 20 30 km

Martigny

Orsières

Sembrancher

Bourg-St-Pierre St-Maurice

Evionnaz Bex Ollon Aigle

Roche Villeneuve Montreux Vevey Chexbres Etagnières St-Barthélemy Oulens Chavornay Orbe

Mathod

Yverdon-les-Bains Ste-Croix

Les Fourgs

Le Mont Lutry St-Sulpice

Lausanne

Renens Cossonay La Sarraz Romainmôtier Vallorbe Les Hôpitaux-neufs Pontarlier

L ac L ém a n parmi lesquelles se trouvent Besançon, Pon- tarlier, Orbe, Lausanne, Vevey, Versevey, Saint-Maurice, Orsières et Bourg-St-Pierre.

On sait par ailleurs que les pèlerins médié- vaux qui empruntaient la Via Francigena visi- taient encore Romainmôtier, La Sarraz, Cos- sonay, Lutry, Villeneuve, Aigle, Martigny et l’hospice du Grand St-Bernard.

15 min.

15 min.

30 min.

30 min.

15 min.

1 heure

Lutry Châtelard Aran Grandvaux Riex Epesses Chexbres

0 km 1 km 2 km 3 km 4 km 5 km 6 km 7 km 8 km

400 450 500 550

– 9 kilomètres

– 300 mètres de dénivellation – env. 3 heures de marche effective

Les infos pratiques sur le tronçon Lutry-Chexbres

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ard sur les vignes du Dézaley

2 Montagny sur Lutry Deux grosses maisons vigneronnes surplombent le Léman dans la région : Montagny sur Lutry et Montagny sur Villette. La première était précédée en ces lieux par un château dont on observe encore quelques restes.

L’origine de cette forteresse est connue. Rodolphe III, le dernier roi de Bourgogne, très pieux et sans héri-

3 La maison de l’Hôpital de Fribourg, à Riex Dans la partie centrale du Lavaux, deux bâtisses offrent un intérêt archi- tectural remarquable. Ce sont les Bioux au-dessus d’Epesses et la mai- son de l’Hôpital de Fribourg, au-des- sus de Riex. Construit pour résister aux assauts, cet édifice dispose de murs épais aux rares fenêtres. Il date probablement du XVIe siècle, une époque où les Bernois, nouveaux maîtres du pays, prennent possession des terres des moines et de l’évêque.

Par la suite, ils revendront certaines parcelles à leurs alliés fribourgeois, notamment à l’Hôpital de Fribourg qui se porte acquéreur des lieux, afin de produire un vin apprécié sur les bords de la Sarine.

1 La tour Bertholo de Lutry On a pu dire que cette tour «Ber- tholo», qui domine Lutry, devait son nom à la reine Berthe. Pourtant, le simple fait qu’elle soit ronde – au contraire des tours voisines de Mar- sens ou de Gourze – rend cette hypothèse caduque. La construction remonte plus probablement aux en- virons de 1220, une époque où l’évêque de Lausanne fait fortifier Lutry et d’autres bourgs, à cause de la menace venue de l’autre côté du lac, où les princes de Savoie convoi- taient le Pays de Vaud.

5/6 Dézaley d’Oron (Clos des Moines) et Dézaley de la ville de Lausanne (Clos des Abbayes) Lorsque l’évêque de Lausanne décide de transformer ces terres incultes en vignes, en 1141, il s’adresse d’abord à l’abbaye de Hautcrêt près d’Oron, puis, l’année suivante, à celle de Montheron sur Lausanne. Ces deux abbayes appartenaient à l’ordre cis- tercien, dont les moines étaient répu- tés pour leur ardeur au travail. Tou- tefois, après un siècle ou deux, ces derniers cessent de travailler la terre 4 La tour de Marsens Cette tour suspendue dans le vigno- ble participe à la beauté saisissante du paysage qui s’offre aux passagers des trains qui débouchent soudain sur le Léman à la sortie du tunnel de Pui- doux. L’évêque de Lausanne, Landry de Durnes, construisit probablement cet édifice pour servir de refuge aux moines. Ce grand bâtisseur fit don du domaine viticole au couvent d’Humi- limont, fondé en 1137 par les sires de Marsens en Gruyères, mais garda la partie fortifiée qui prit alors le nom de tour de Marsens, bien qu’elle n’ait jamais appartenu au couvent.

eux-mêmes et se contentent de sur- veiller la vendange. Le nom de Das- leluy (Dézaley) apparaît au milieu du XIIe siècle. En 1536, Berne s’en empare, garde l’un des domaines et remet l’autre à la ville de Lausanne (qui est actuellement propriétaire de l’ensemble). La situation géogra- phique se prête remarquablement à la production d’un vin de qualité qui est écoulé chaque année lors d’une

▲ ▲

P. Coderay / Unicom

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«Ce n’

Alexander Bergmann

doyen de l’Ecole des HEC de l’Universtié de Lausanne

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est plus la concurrence, c’est la guerre»

A lexander Bergmann a une vision très atypique de la situation écono- mique actuelle. Ce doyen de l'Ecole des HEC de l'UNIL dénonce notamment les salaires abusifs des grands patrons ou la manière dont on traite les gens au travail. Explications.

Allez savoir! Vous dites que le système capitaliste va trop loin.

En quoi?

Alexander Bergmann : La concur- rence, par exemple, n’est plus le fait de se stimuler mutuellement sur un marché.

Elle a été remplacée par la guerre. Une guerre économique dont le but est de tuer la concurrence. On veut éliminer l’adver- saire, par toutes sortes de manœuvres, fusions, OPA inamicales, etc. L’objectif, c’est d’obtenir une position dominante.

Mais on se satisfait aussi d’oligopoles.

Personne bien sûr n’osera se dire ouver- tement en faveur des cartels, mais l’on s’entendra pour contourner les règles et pour proposer d’autres solutions plus favorables à ses intérêts.

Quels autres griefs faites-vous

à espérer que ces «ressources humaines»

soient seulement traitées comme des res- sources! On les respecterait davantage et l’on ne s’en débarrasserait pas dès qu’on ressent quelques difficultés. Car les travailleurs ne sont même plus des res- sources. Ce sont des coûts. Pour le dire de manière agressive, on agit aujourd’hui avec les «ressources humaines» comme on le faisait avec les ressources naturelles voici vingt ou trente ans. Autrement dit, le monde économique pollue l’environ- nement social et psychologique.

Vous pouvez préciser...

Alors que bien des gens sont sans tra- vail, d’autres se tuent au travail! Tout le monde se scandalise du dopage dans le sport, mais personne ne parle des gens, bien plus nombreux, qui se dopent en entreprise. J’ai vu une publicité à l’aéro-

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sérieuse ne permet d’accréditer ce pour- centage, mais je suis prêt à croire qu’il n’est pas loin de la vérité. Personnellement j’inclus dans le dopage les pilules contre le jet-lag, les tablettes pour dormir et les cachets pour se réveiller. Et puis il y a l’alcool. Les vendeurs boivent des coups avec leurs clients. Seuls, ils ne le feraient pas à ce rythme. Mais c’est pour l’entre- prise, pour faire du chiffre. Je pense donc que le prix que paient les gens pour res- ter dans la course est tel que cela ne peut pas continuer éternellement.

Comme en sport, l’on se dope pour aller plus vite?

Absolument. Le phénomène d’accé- lération est un autre aspect préoccupant.

Car une accélération économique infinie est encore moins pensable qu’une crois- sance infinie. La chose la plus néfaste actuellement, c’est cette pensée à très

court terme – un trimestre – qui est aussi la base sur laquelle on prend des déci- sions stratégiques. Cela donne souvent l’impression d’un «après moi le déluge».

Prenez les investissements en Chine. Une étude affirme qu’il faudrait six planètes pour absorber la pollution créée par ce pays s’il avait une densité de voitures égale à celle de la Suisse. Cela n’empêche pas les gros constructeurs de se précipi- ter là-bas tout en se disant que lorsque la catastrophe se produira, ils seront à la retraite. Et, dans l’intervalle, ils seront devenus riches. Bien sûr, nous n’avons pas à dire aux Chinois de continuer à rou- ler à bicyclette, mais nous allons vers un avenir effrayant.

Malgré la casse, le système se dit toujours très efficace, non ?

Pas sûr. Prenez le stress. Selon les chiffres officiels en Suisse, on estime le

coût du stress à quatre milliards. Mais l’étude ne prend en compte que les heures de travail perdues à cause de ceux qui tombent malades. Ce qui n’est jamais

«facturé» et qui est plus grave, c’est le coût de la mauvaise qualité des décisions.

Une personne stressée ne prend pas en compte toutes les alternatives avant de décider, ne les analyse pas sereinement, polarise, devient impatiente et réductrice.

On critique l’enrichissement rapide, mais d’un point de vue capitaliste, qu’y a-t-il de mal?

On oublie un peu trop que des gens comme Rockefeller ont travaillé toute une vie pour accumuler leur richesse et que celle-ci était productive. Aujourd’hui, des

«golden boys» accumulent des richesses plusieurs fois supérieures à celle d’un Roc- kefeller, ceci en cinq ans et sans jamais rien produire! Quand je parle du déraillement

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