13/10/2015. Après quelques pas et rires nerveux, ils arrivèrent enfin à arrêter un taxi. Entrés dedans, l’adresse lancée froidement au chauffeur, ils se blottirent sur la banquette arrière. La seule rumeur audible était celle de la radio. Un bilan. Des voix paniquées. Des listes de morts et d’évènements interminables. Elle se mordait les doigts, et le regardait trembler. Son tic le reprenait. Il murmurait, très vite, des phrases sans connexions directes les unes avec les autres. Leurs deux téléphones ne faisaient que s’emballer depuis quelques minutes, par des messages sans cesse nourris par les nouvelles informations vomies par l’autoradio. Elle détourna son regard, et contempla par la fenêtre le spectacle qui s’offrait à elle. Paris, d’un coup, s’était vidé. Les rues lumineuses et fournies d’une heure plus tôt s’étaient transformées en artères obscures et tentaculaires, sporadiquement traversées par des personnes stupéfiées, seules ou groupées. Elle prit une longue inspiration, et finit par balbutier un timide : “Putain, c’est angoissant.” Le chauffeur baissa presque aussitôt le volume de l’atroce fréquence, et lui jeta un regard par le rétroviseur. Elle tourna la tête à nouveau et s’approcha de celui qui partageait sa banquette. Elle posa sa tête sur ses genoux et se mit à le fixer. Elle sourit faiblement au son des insultes qu’il proférait à voix basse au chauffeur. Ce dernier faisait de son mieux pour aller le plus vite possible. Mais le contredire étant un combat perdu d’avance, elle préféra garder le silence. Sans la regarder, il passait ses mains affolées dans ses cheveux, les mêlait pour les démêler. Il continuait à murmurer. “...Je ne veux pas mourir maintenant. Il est trop tôt. Il faut que je commence le travail sur moimême dont on a parlé. Pourquoi estce qu’à chaque fois qu’on se voit, quelque chose finit par arriver ? Mourir dans tes bras ce serait pas si grave, mine de rien. Il m’a envoyé un message tu sais, ça fait des années qu’on ne s’est pas parlé...” Elle leva la main et se mit à caresser sa joue en réponse. C’est là qu’il baissa la tête pour la regarder, et sourire. Elle sourit en retour et se rasseya sur la banquette, tournée vers lui. Une étincelle s’était allumée. Elle attrapa son cou et se mit à l’embrasser. Avec empressement. Et passion. Troublé, il se mit à rire légèrement. “Arrête, ça m’excite.”, s’écriatil.
Elle rit à ces paroles et recommença avec plus d’ardeur encore. Elle fit voyager sa bouche humide sur tout son cou, ses oreilles, son visage. “Non mais arrête, ça m’excite vraiment en fait.” Elle se détacha légèrement, pour pouvoir le regarder dans les yeux. “Justement. C’est le moment de se sentir vivants.” Il rit, secoua la tête. Ils s’embrassèrent. .