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tortues des bois du bassin versant de la rivière Shawinigan

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Plan de conservation de la population de

tortues des bois du bassin versant de la rivière Shawinigan

NOVEMBRE 2009

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ÉQUIPE DE RÉALISATION

Recherche et rédaction :

Jean-Claude Bourgeois, Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Direction de l’expertise Énergie-Faune-Forêts-Mines-Territoire de la Mauricie et du Centre-du-Québec

Denis Masse, Parc national de la Mauricie, Service de la conservation des ressources Nathalie Tessier, ConservAction ACGT inc.

François-Joseph Lapointe, ConservAction ACGT inc.

Collaborateurs :

Stéphanie Gagné, Ministère des Ressources naturelles et de la Faune,

Direction de l’expertise Énergie-Faune-Forêts-Mines-Territoire de la Mauricie et du Centre-du-Québec

Sylvain Paradis, Parcs Canada

Yves Robitaille, Ministère des Ressources naturelles et de la Faune,

Direction de l’expertise Énergie-Faune-Forêts-Mines-Territoire de la Mauricie et du Centre-du-Québec

Nadia Deshaies, Ministère des Ressources naturelles et de la Faune,

Direction de l’expertise Énergie-Faune-Forêts-Mines-Territoire de la Mauricie et du Centre-du-Québec

Révision scientifique :

David Rodrigue, Ecomuseum, Société d’histoire naturelle de la vallée du St-Laurent Yohann Dubois, Ministère des Ressources naturelles et de la Faune

Révision linguistique : Lise Boulet Marie Dufour Claudette Monfette

Cartographie : Yves Robitaille Groupe Synergis

Conception graphique:

Suzanne Drapeau

Photo: J. Pleau / Parcs Canada

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Référence à citer :

Bourgeois, J.C., Masse D., Tessier N. et Lapointe F.-J. 2009. Plan de conservation de la population de tortues des bois du bassin versant de la rivière Shawinigan. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Québec et Parcs Canada, 30 p.

Photos de la page couverture: J. Pleau/Parcs Canada et D. Masse/

Parcs Canada

Dépôt légal-Bibliothèque et archives nationales du Québec, 2009.

ISBN : 978-2-550-56192-7 (version imprimée) 978-2-550-56193-4 (version PDF)

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AVANT-PROPOS

Ce document constitue un outil de travail. Il vise à proposer des actions à entreprendre avec la collaboration de plusieurs acteurs afin d’assurer la survie à long terme de la population de tortues des bois du bassin versant de la rivière Shawinigan.

Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec ainsi que l’Agence Parcs Canada ne peuvent prendre l’engagement que l’ensemble des actions proposées sera réalisé, compte tenu des fonds disponibles, des priorités à accorder à chaque espèce et de la participation des organismes concernés.

Photo: J. Pleau / Parcs Canada

(6)

RÉSUMÉ

L

a tortue des bois (Glyptemys insculpta) est une espèce menacée au Canada. Au Québec, la majorité des populations sont menacées ou en voie de disparition. Les plus grandes menaces pour cette espèce sont liées à la perte et à la fragmentation des habitats, aux mortalités routières, à la prédation excessive, à la machinerie agricole ainsi qu’aux activités illégales de collecte et de commerce. La population du bassin versant de la rivière Shawinigan a subi une diminution estimée à 50 % de ses effectifs au cours des années 2004-2005. De plus, une proportion importante des femelles de la population se concentre sur un seul site de ponte. Il est donc impératif d’intervenir dans les plus brefs délais pour protéger et consolider les acquis, et ainsi assurer la survie de cette population.

À l’échelle du bassin versant, la protection des habitats utilisés par la tortue des bois demeure la priorité de conservation.

Le but de ce plan de conservation est d’assurer la survie et le maintien à long terme de la population de tortues des bois du bassin versant de la rivière Shawinigan. Des actions concrètes doivent être entreprises pour protéger les tortues contre certaines perturbations anthropiques, la perte d’habitats essentiels, la prédation excessive et pour améliorer la situation de cette population.

Les objectifs de ce plan de conservation sont : (1) protéger les habitats et la population par des mesures

telles que l’intendance, les ententes administratives, réglementaires ou de protection de l’habitat ; (2) accroître la population actuelle afin d’assurer sa

viabilité, notamment par un programme d’ajout d’individus et de restauration d’habitats dans le parc national de la Mauricie ;

(3) sensibiliser et éduquer le public sur les menaces et la fragilité de cette espèce par des activités d’interprétation et de diffusion d’information ; (4) poursuivre le suivi de la population de tortues des

bois ;

(5) compléter le programme d’acquisition de connais- sances.

Afin d’atteindre ces objectifs, on propose ici 27 actions regroupées en cinq stratégies. Ces actions sont présentées accompagnées d’un niveau de priorité et d’un échéancier de réalisation.

entreprises pour protéger les tortues contre certaines perturbations anthropiques, la perte d’habitats essentiels, la prédation excessive et pour améliorer la situation de cette population.

Photo: J. Pleau / Parcs Canada

(7)

TABLE DES MATIÈRES

ÉQUIPE DE RÉALISATION... III AVANT-PROPOS...V RÉSUMÉ...VI

TABLE DES MATIÈRES...1

1. INTRODUCTION...2

1.1. CADRE LÉGISLATIF...2

1.2. STATUT DE LA TORTUE DES BOIS ...2

1.3. RÉPARTITION...2

2. BIOLOGIE ET ÉCOLOGIE DE LA TORTUE DES BOIS ...4

2.1. DÉMOGRAPHIE ET TAILLE DE LA POPULATION...4

2.2. REPRODUCTION...5

2.3. DOMAINE VITAL ET HABITATS ...7

2.4. GÉNÉTIQUE ...10

3. SITUATION DE LA POPULATION DE TORTUES DES BOIS DU BASSIN VERSANT DE LA RIVIÈRE... SHAWINIGAN ... 11

3.1. LE BASSIN VERSANT DE LA RIVIÈRE SHAWINIGAN...11

3.2. UNE PRÉSENCE HISTORIQUE ...11

3.3. FRAGILITÉ DE LA POPULATION...12

3.4. ACTIONS DE CONSERVATION ENTREPRISES...12

3.5. MENACES APPRÉHENDÉES ...13

3.5.1. Fragmentation et destruction de l’habitat ...13

3.5.2. Perturbations humaines...14

3.5.3. Quantité et qualité des sites de ponte...15

3.5.4. Prédation...15

3.5.5. Collecte illégale...16

3.5.6. Qualité de l’eau ...16

4. PLAN DE CONSERVATION...17

4.1. BUT...17

4.2. OBJECTIFS...17

4.3. STRATÉGIES ET PRIORITÉS...17

4.3.1. Protection et conservation des habitats et de la population...17

4.3.2. Restauration de l’habitat et soutien de la population...20

4.3.3. Sensibilisation et éducation du public...21

4.3.4. Suivi de la population...21

4.3.5. Acquisition de connaissances...22

4.4. CALENDRIER DE RÉALISATION...23

BIBLIOGRAPHIE... 25

ANNEXE... 28

(8)

L

a conservation de la population de tortues des bois du bassin versant de la rivière Shawinigan représente un défi qui doit être partagé par Parcs Canada, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (MRNF), les gouvernements municipaux et régionaux et les orga- nismes non gouvernementaux. Plusieurs lois et règle- ments, gérés à différents paliers de gouvernement et dans différents axes d’intervention, doivent être appliqués de concert afin de protéger la population. Les actions accomplies par l’une ou l’autre de ces organisations ne peuvent suffire seules à la tâche, mais doivent plutôt se compléter.

1.1. Cadre législatif

Avec l’adoption de la Loi sur les espèces menacées et vulnérables en 1989 et du Règlement sur les habitats fauniques applicables sur les terres du domaine public en 1993, le gouvernement du Québec a signalé sa volonté d’empêcher la disparition de toute espèce faunique ou floristique sur le territoire placé sous sa juridiction. Il a également le mandat d’éviter que d’autres espèces ne deviennent menacées ou vulnérables en empêchant la diminution du nombre d’individus, en soutenant les po- pulations des espèces en situation précaire et en protégeant ou en rétablissant leur habitat. Le MRNF a la juridiction de ces lois et est donc un acteur important dans la protection et la conservation des tortues des bois et de leurs habitats.

En 2003, le gouvernement canadien a également adopté et mis en vigueur la Loi sur les espèces en péril.

Cette loi vise la protection des espèces en péril et de leurs habitats. Dans le cas de la tortue des bois, elle s’applique uniquement aux terres domaniales (terres fédérales).

Parcs Canada joue un rôle de premier plan dans la préservation du patrimoine naturel canadien. Depuis le remaniement de la Loi sur les parcs nationaux du Canada en 1988, Parcs Canada donne préséance au maintien de l’intégrité écologique sur l’utilisation des aires protégées par les visiteurs (Patrimoine canadien, 1994 ; Parcs Canada, 2000). L’intégrité écologique renvoie à la capa- cité de maintenir la structure et le fonctionnement des écosystèmes à l’abri d’altérations d’origine humaine.

Elle concerne aussi la capacité de s’assurer que les populations d’espèces indigènes peuvent survivre, en tenant compte des conditions naturelles du grand écosystème régional que représente chaque parc (Woodley, 1993). À l’échelle régionale, la collaboration de Parcs Canada aux efforts de protection de la tortue des bois est primordiale, car la survie de cette espèce à l’intérieur des limites du parc national de la Mauricie dépend également du maintien de la population à l’extérieur du parc.

1.2. Statut de la tortue des bois

La tortue des bois (Glyptemys insculpta) est une espèce en déclin ou dans un état précaire sur l’ensemble de son aire de distribution (Garber, 1989 ; Klemens, 1989 ; Harding, 1990 ; Brookset al., 1992 ; Garber et Burger, 1995 ; Litzgus et Brooks, 1996 ; Galois et Bonin, 1999 ; Équipe de rétablissement de cinq espèces de tortues au Québec, 2005). Aux États-Unis (New York, Vermont, New Hampshire et Maine), elle est considérée vulnérable. Elle est aussi inscrite à l’annexe II du traité de la Convention sur le commerce international de la faune et de la flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Au Québec, la capture, la garde en captivité et le commerce de cette espèce sont interdits. Au Canada, cette tortue possède le statut d’espèce menacée selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC, 2007). Au Québec, la tortue des bois a été désignée vulnérable en 2005 (Gazette officielle du Québec, 2005). Un plan de rétablissement a été rédigé pour cinq espèces de tortues au Québec, incluant la tortue des bois (Équipe de rétablissement de cinq espèces de tortues au Québec, 2005).

1.3. Répartition

La tortue des bois était jadis largement répandue dans le nord-est de l’Amérique. Les populations sont maintenant plus sporadiquement distribuées. Au Canada, on les trouve au Nouveau-Brunswick, dans le centre et le sud de la Nouvelle-Écosse, dans le sud du Québec et dans les centres sud et nord de l’Ontario (Galois et Bonin, 1999).

Aux États-Unis, la tortue des bois est présente le long des États de la côte est jusqu’en Virginie, vers l’ouest dans l’État de New York, le nord-est de l’Ohio, le nord du

1. INTRODUCTION

Photo: J. Pleau / Parcs Canada

(9)

Michigan et du Wisconsin, l’est du Minnesota et le nord- est de l’Iowa (Bonin et al., 1998 ; fi gure 1).

La tortue des bois représente l’espèce la plus nordique de la famille des Émydidés et atteint sa limite nord de répartition au Québec (Iverson, 1992). Les populations québécoises sont dispersées dans l’Outaouais, dans les basses-terres du Saint-Laurent, au sud-est de la province et dans les contreforts des Laurentides. Seulement 18 populations ont été identifi ées jusqu’à maintenant, dont

15 ayant des effectifs estimés variant de 20 à 50 individus et seulement trois ayant un effectif de quelques centaines d’individus (Shawinigan, du Loup et Forêt de l’Aigle ; Équipe de rétablissement de cinq espèces de tortues au Québec, 2005 ; fi gure 2). La présence d’individus isolés a toutefois été observée sporadiquement dans plusieurs régions (Bonin, 1993 ; Daigle, 1996). Au total, la présence de l’espèce a été notée sur 23 rivières de la province (Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec, 2006).

À long terme, le fait que les populations soient disper- sées et isolées sur le territoire diminue les probabilités d’échanges génétiques entre elles. La taille réduite de leurs effectifs pourrait également nuire à la survie de cette espèce au Québec. Les petites populations sont plus à risque, car le nombre d’individus qui participent activement à la reproduction (taille effi cace) est faible.

Cet état peut entraîner des problèmes de consanguinité, des changements dans la structure démographique et accroître la vulnérabilité des populations vis-à-vis des prédateurs, des maladies ou des catastrophes naturelles (Gilpin et Soulé, 1986 ; Shaffer, 1990).

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0 10 20 30 40 Km

Populations de tortue des bois du QuÈbec

SystËme de projection cartographique Conique conforme de Lambert NAD83

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µ

0 10 20 30 40Km Populations de tortues des

bois du Québec

Système de projection cartographique Conique conforme de Lambert NAD83

µ

Figure 2. Localisations des différents populations de tortues des bois sur les rivières du Québec (NO : Notawassi, FA : Forêt de l’Aigle, KA : Kazabazua, AR : aux Rats, SH : Shawinigan, DL : du Loup, MA : Mastigouche, RN : Noire, DC : du Chêne, BB : Bourbon, AP : aux Pins, RS : au Saumon, TO : Tomifobia, MN : Missisquoi Nord, YA : Yamaska, AB : aux Brochets, R : Sutton, MI : Missisquoi)

Figure 1.

Aire de répartition de la tortue des bois (Desroches et Rodrigue, 2004)

(10)

P

our assurer la conservation à long terme de la population de tortues des bois du bassin versant de la rivière Shawinigan et de son habitat, plusieurs partenaires ont élaboré un programme d’acquisition de connaissances sur divers aspects de l’écologie et de la biologie de cette population : le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Parcs Canada, le parc national de la Mauricie, la Fondation de la faune du Québec, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, la Société d’histoire naturelle de la vallée du Saint- Laurent, l’Université McGill, l’Université du Québec à Trois-Rivières et l’Université de Montréal.

2.1. Démographie et taille de la population

En 1990, un premier recensement de tortues des bois estimait l’effectif de la population à 50 individus au maximum (Bider et Matte, 1994). En 1994, d’autres inventaires ont été réalisés dans le parc (Masse, 1996) et le long de la rivière Shawinigan (Daigle, 1996). En 1996 et 1997, d’importants travaux de capture- marquage-recapture (CMR) ont été entrepris sur un segment de neuf kilomètres sur la rivière Shawinigan et ses tributaires. L’estimation de la population était alors de 238 individus pour une densité de tortues

2. BIOLOGIE ET ÉCOLOGIE DE LA TORTUE DES BOIS

Tortue des bois adulte

Photo: J. Pleau / Parcs Canada

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de 0,44/ha, ce qui en fait l’une des populations les plus importantes au Canada (Walde et Bider, 1998 ; Walde et al., 2003). Cette population serait aussi l’une des plus nordiques. Plus de 300 tortues ont été marquées depuis 1996, uniquement dans la portion de la rivière Shawinigan (Walde, 1998 ; Arvisaiset al., 2001).

Cette population présentait de 1996 à 1998 un bon taux de recrutement avec 33 % d’individus immatures (0- 13 ans) et un sexe ratio équivalant au rapport théorique de 1:1 (Waldeet al., 2003).

De façon générale, les facteurs de mortalité qui affectent direc- tement les populations de tortues sont liés à la mortalité routière et à la prédation. Sur la rivière Shawinigan, ces taux étaient faibles entre 1996 et 2002, puisque seulement une des 300 tortues marquées a été trouvée morte. Aucune mortalité n’a été observée sur les 40 femelles suivies par télémétrie entre 1996 et 1998. De plus, entre 1996 et 2003, aucune femelle nicheuse n’a été trouvée morte à proximité du site de ponte. Le taux de mortalité chez les juvéniles et les

adultes était très bas (1 %) (Y. Robitaille comm. pers.), malgré la présence de plusieurs prédateurs potentiels tels que le renard roux (Vulpes vulpes), le vison (Mustela vison), la moufette rayée (Mephitis mephitis), la loutre de rivière (Lutra canadensis) et le raton laveur (Procyon lotor). La fréquence des amputations liées à la prédation se situait à un niveau normal et se compare aux autres populations de tortues des bois (Arvisais et al., 2001 ; Waldeet al., 2003).

Notons toutefois qu’entre 2003 et 2005, un événement de prédation excessive est survenu, occasionnant une perte estimée de 50 % de la population de femelles nicheuses qui fréquentaient le site de ponte principal.

Les mâles et les juvéniles ont aussi subi une mortalité importante (Bourgeois et al., 2004 ; Adams et al., 2007 ; Bourgeoiset al., 2008). Cette augmentation du taux de prédation serait liée à une augmentation de la population de ratons laveurs dans la région en 2003 et 2004. Plusieurs sources d’information indiquent qu’un nombre élevé d’individus inopportuns capturés dans les milieux urbains environnants par des résidents ou des compagnies de gestion parasitaire ont possiblement été déportés au nord de la ville, soit à proximité de la rivière Shawinigan et du parc national de la Mauricie.

Les ratons laveurs auraient donc colonisé les habitats riverains et se seraient adaptés aux proies disponibles, dont la tortue des bois.

2.2. Reproduction

Chez cette espèce longévive, la maturité sexuelle est atteinte à l’âge minimal de 13 ans. L’accouplement peut avoir lieu au printemps mais survient principalement à l’automne (77 %) (Waldeet al., 2007). La ponte a lieu entre la fin mai et la fin juin sur des sites généralement sablonneux, dépourvus de végétation, très ensoleillés et situés près des cours d’eau.

Les femelles peuvent parcourir plus de cinq kilomètres pour se rendre à leur site de ponte (Arvisais etal., 2001).

Jeune tortue des bois émergeant de son nid

La taille des adultes de la rivière Shawinigan est imposante: les mâles atteignent une longueur de 215 mm et une masse corporelle de 1,2 kg (Walde et al., 2003).

Photo: J. Pleau / Parcs Canada

(12)

Les études réalisées en 1996 et 1997 ont estimé que près de 44 % des femelles de la population se concentraient sur un site de ponte principal sur la rivière Shawinigan et que 96 % des femelles observées s’y étaient déjà présentées au cours des deux années pré- cédentes (Waldeet al., 2003 ; 2007). En moyenne, 82 % de toutes les femelles nicheuses ont été recapturées sur le site de ponte entre 2000 et 2004 (Bourgeoiset al.,

2004 ; Masseet al., 2005). Les femelles tortues des bois démontrent donc une grande fidélité à leur site de ponte au cours des années.

De 1996 à 2003, on a dénombré une moyenne annuelle de 36 nids sur le site de ponte principal (Masse et al., 2005). Après l’épisode de prédation excessive, ce nombre a toutefois varié entre 17 et 30 nids, de 2004 à 2008. L’éclosion des nids a lieu de la mi-août à la mi- septembre, mais cette période peut cependant s’étendre jusqu’au début octobre.

LA REPRODUCTION : DES CHIFFRES EN VRAC

• Les femelles passent de 2 à 3 jours en périphérie du site de ponte.

• La ponte dure en moyenne 121 minutes.

• Il y a ponte de 5 à 20 œufs (Walde, 1998 ; Walde et al., 2007 ; Walde et Saumure, 2008), la moyenne étant de 11 œufs.

• La période d’incubation des œufs dure en moyenne 83 jours.

• Le succès d’éclosion varie de 61 à 85 %.

• De 1996 à 1999, de 3 à 50 % des nids contenaient au moins un œuf infesté par des larves de diptères (Walde et Bider, 1998 ; D. Masse, comm. pers.).

• Le plus jeune mâle à s’être accouplé avait 15 ans et la taille minimale observée était de 205 mm de carapace.

Chez les femelles, la plus jeune avait 14 ans et la taille minimale observée s’élevait à 188 mm (Walde et al., 2003).

Femelle au moment de la ponte

Jeunes tortues des bois émergeant de leur nid

Photos: J. Pleau / Parcs Canada

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2.3. Domaine vital et habitats

La présence de tortues des bois est étroitement associée aux bandes riveraines des cours d’eau de bonne qualité, situées dans des portions de rivière où il y a peu de perturbations humaines et où les berges sont généralement boisées (Bélanger, 1998). Dans le bassin versant de la rivière Shawinigan, on trouve la tortue des bois en bordure du lac Wapizagonke, à la tête du bassin versant dans le parc national de la Mauricie et, surtout, dans les petits cours d’eau de la portion sud du lac. Dans la portion aval, cette espèce est associée à la rivière Shawinigan et à la plupart de ses tributaires.

Les résultats de suivis télémétriques ont montré que la majorité des localisations de tortues (95 %) sont situées

à l’intérieur des 200 premiers mètres de la rive d’un cours d’eau. Les tortues utilisent un domaine vital moyen de 28 ha et démontrent une fidélité à leur milieu avec 89 % de chevauchement annuel des domaines vitaux (Arvisaiset al., 2002). Le domaine vital des individus de cette population est plus grand que celui observé au sein d’autres populations situées plus au sud.

L’évaluation des domaines vitaux et les résultats des suivis télémétriques ont permis de définir l’habitat de la tortue des bois. Celui-ci correspond à la bande riveraine de 200 m de part et d’autre des cours d’eau sur une distance de 3 km en aval et en amont d’une occurrence de tortue (figure 3).

La tortue des bois est la plus terrestre des tortues d’eau douce du Québec. Elle est omnivore et s’alimente autant en milieu terrestre qu’en milieu aquatique. Elle se nourrit de petits fruits, de plantes vertes, de champignons, d’insectes et de poissons morts (Harding et Bloomer, 1979 ; Caron, 1999).

Photo: J. Pleau / Parcs Canada

(14)

Figure 3

Bassin versant de la rivière Shawinigan Limite du bassin versant de la rivière Shawinigan

Parc national de la Mauricie Limite de MRC

MRC MÉKINAC

MRC MASKINONGÉ

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Saint-Mathieu-du-Parc

Shawinigan

Shawinigan Shawinigan Grandes-Piles Saint-Roch-de-Mékinac

Lac Wapizagonke

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Rivière

Saint-

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(secteur Saint-Gérard-des-Laurentides)

(secteur Grand-Mère)

0 2.5 5 10km

Système de projection cartographique MTM fuseau8 NAD83

! Shawinigan (secteur Saint-Jean-des-Piles)

Rivière

du Loup

Rivière

Shawinigan Réserve faunique Mastigouche

Zone urbaine

Parc récréoforestier de Saint-Mathieu Habitat de la tortue des bois

Figure 3. Habitat principal de la tortue des bois dans le bassin versant de la rivière Shawinigan

Photo: J. Pleau / Parcs Canada

(15)

LA SÉLECTION D’HABITATS

Les tortues des bois sélectionnent des habitats précis au cours de l’année et elles utilisent une grande diversité de milieux, autant aquatiques que terrestres, allant du marais à la sapinière. Durant la période estivale, elles utilisent surtout les boisés et les zones arbustives de la bande riveraine. Elles choisissent de jeunes forêts mixtes (16 ans) de faible hauteur (1-4 m) avec un faible couvert arborescent (25 %) et arbustif (35 %) et une ouverture de canopée variant de 0 à 50 %. Les gravières sont des habitats visités principalement lors de la ponte. L’habitat préféré reste toutefois les aulnaies situées sur les rives des plans d’eau, milieux que cette espèce affectionne particulièrement à la sortie de l’hibernation au printemps, en période de ponte en juin et à l’automne en période de préhibernation (Arvisais, 2000 ; Arvisais et al., 2002 ; Arvisais et al., 2004). À l’automne, les tortues retournent à la rivière. En hiver, on les trouve sur le fond des cours d’eau. Elles hivernent dans un endroit bien oxygéné, seules ou en petits groupes.

Zone arbustive de la bande riveraine (printemps-automne) Alimentation et repos

Plage de sable pour la ponte (printemps)

Zone forestière (été) Alimentation et repos

Hibernacle (hiver)

Eau de bonne qualité

Les différents habitats de la tortue des bois

Photo: D. Masse / Parcs Canada

(16)

En 2003, des analyses ont également été effectuées par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec (MDDEP, Direction du patrimoine écologique et du développement durable, service d’aide à la gestion écosystémique) pour établir le cadre écologique de référence du bassin versant de la rivière Shawinigan (Côté, 2003). Cet outil, juxtaposé aux suivis télémétriques de plusieurs individus durant les quatre périodes d’activité (sortie d’hibernation, ponte, été, préhibernation), a permis de décrire le paysage fréquenté par la tortue des bois.

La caractérisation écologique du périmètre d’habitat de la rivière Shawinigan démontre que les tortues utilisent des terrains plats, avec une faible pente, ou des dépressions ouvertes. Les dépôts de surface associés à ces sites sont généralement épais (> 100 cm), à texture sableuse, sans pierrosité et principalement constitués d’alluvions récentes ou deltaïques (Côté, 2003). Cette caractérisation a également permis de déterminer avec précision les habitats potentiels pour la tortue des bois dans le bassin versant.

2.4. Génétique

Des études ont aussi défini la structure génétique de la population de tortues des bois de la rivière Shawinigan et des autres populations du Québec (rivières Missisquoi, Tomifobia, Sutton, Forêt de l’Aigle, du Chêne et aux Pins ; Tessier et Lapointe, 2002 ; 2006 ; Tessieret al., 2005).

Elles montrent une dichotomie claire entre les populations de la rive sud du fleuve Saint-Laurent et celles de la rive nord, dont fait partie la rivière Shawinigan. Les deux

populations de la rive nord possèdent des différences majeures dans leurs distributions alléliques par rapport aux populations du sud, et sont caractérisées par une diversité génétique plus faible. Diverses explications sont proposées par Tessieret al. (2005) : un plus petit nombre d’individus a colonisé ce milieu ou ces deux populations se sont adaptées pour affronter des conditions environ- nementales plus rigoureuses. Les tortues des bois vivant à des latitudes plus élevées atteignent leur maturité sexuelle plus tard, ont une taille corporelle plus grande (Brookset al., 1992), ont des domaines vitaux plus vastes et effectuent plus de déplacements saisonniers (Quinn et Tate, 1991 ; Brooks et al., 1992 ; Arvisaiset al., 2002).

Ces différences morphologiques, comportementales et génétiques montrent bien que les populations de la rive nord (Forêt de l’Aigle et Shawinigan) représentent des unités de conservation uniques pour l’espèce et qu’il est primordial de les protéger.

Les analyses génétiques révèlent aussi que les tortues observées à l’intérieur des limites du parc et celles de la rivière Shawinigan forment une seule et même population (Tessier et Lapointe, 2002 ; Tessier et al., 2005). Les tortues du parc ne constituent pas une population distincte et viable, puisque peu d’individus y sont présents et que ceux-ci sont originaires de la dispersion des individus de la rivière Shawinigan vers le parc via les émissaires et les tributaires du lac Wapizagonke. Ces tortues dépendent donc du maintien de la population de la rivière Shawinigan et ne peuvent assurer à elles seules la survie à long terme de cette espèce dans la région.

Habitat typique utilisé par la tortue des bois aux abords de la rivière Shawinigan

Photo: J. Pleau / Parcs Canada

Photo: D. Masse / Parcs Canada

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3. SITUATION DE LA POPULATION

de tortues des bois du bassin versant de la rivière Shawinigan

3.1. Le bassin versant de la rivière Shawinigan

D’une superficie de 500 km2, le bassin versant de la rivière Shawinigan est situé dans la MRC de Maskinongé et sur le territoire de la ville de Shawinigan. Le nord du bassin versant est compris dans les limites du parc national de la Mauricie et la portion aval s’écoule jusqu’à la rivière Saint- Maurice dans la ville de Shawinigan (figure 3). Près de 33 % du bassin versant est situé en terres privées, alors que les terres publiques sont constituées principalement du parc national de la Mauricie (140 km2), de la réserve faunique Mastigouche (65 km2) et du parc récréoforestier de Saint-Mathieu (113 km2). Le bassin versant est situé dans le piedmont du Bouclier canadien et est ceinturé au sud et à l’est par la rivière Saint-Maurice, à l’ouest par le bassin versant de la rivière du Loup et au nord par la rivière Matawin. Ce territoire est représenté en majorité par le domaine bioclimatique de l’érablière à bouleau jaune de l’est.

3.2. Une présence historique

On trouve dans les limites du parc national de la Mauricie des fresques amérindiennes ou peintures rupestres qui représentent des tortues. On ignore toutefois s’il s’agit de tortues des bois ou d’autres espèces de tortues.

La présence de tortues des bois dans le bassin versant de la rivière Shawinigan est connue depuis longtemps.

Elle a été documentée par Morency et Lafleur (1984), Bider et Matte (1994), Masse (1996) et Arvisais et al., (2001). Ces occurrences anciennes et les inventaires plus récents ont permis d’établir une carte de distribution qui illustre la présence de l’espèce dans l’ensemble du bassin versant (Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec : CDPNQ).

Lac Wapizagonke

11

Photos: Lac Wapizagonke et Peintures rupestres: J. Pleau / Parcs Canada

Peintures

rupestres

(18)

3.3. Fragilité de la population

La situation de la population de tortues des bois du bassin versant de la rivière Shawinigan se distingue de celle des autres populations. Bien qu’elle soit l’une des plus importantes au Canada, cette population est à risque, car elle utilise principalement un seul site de ponte d’envergure, en plus de quelques autres sites isolés et dispersés. À ce jour, c’est sur ce site principal que l’on trouve la plus grande concentration de nids jamais observée en Amérique du Nord (Arvisais et al., 2001 ; Masse et al., 2005 ; Walde et al., 2007). Près de la moitié des femelles de cette population utilisent le même endroit pour pondre chaque année (Walde, 1998 ; Walde et Bider, 1998 ; Walde et al., 2003 ; 2007). De la fin mai au début juillet, un grand nombre de tortues occupe cet espace restreint, ce qui les rend vulnérables à toute source importante de mortalité concentrée dans le temps ou l’espace.

Le suivi de la population a révélé une mortalité importante des adultes et la perte de près de 50 % des femelles nicheuses en 2004 et 2005 à cause de la prédation excessive (Adams et al., 2007). Les années précédentes, ce taux était inférieur à 1 %. Une mortalité à long terme des adultes supérieure à 5 % peut amener une population à l’extinction (Cameron et Brook, 2002). Considérée jusqu’en 2003 comme une population stable, la population de Shawinigan possède maintenant le statut de population

menacée (Équipe de rétablissement de cinq espèces de tortues au Québec, 2005). Son déclin est lié à une mortalité élevée et à une diminution de la nidification et du recrutement.

Le nombre d’observations d’individus localisés à l’inté- rieur des limites du parc national de la Mauricie est en baisse depuis 1970 (Masse, 1996 ; Masseet al., 2003 et en préparation). Les tortues observées récemment sont des juvéniles isolés (2-8 ans) qui fréquentent principalement le secteur sud-ouest du parc (lacs Wapizagonke et l’Esker). Les petits cours d’eau adjacents au lac Wapizagonke abriteraient également de rares individus. Depuis 1996, seulement quelques adultes ont été observés dans ce secteur et aucun nid n’a été trouvé sur les plages où l’espèce nichait auparavant. Plusieurs facteurs pourraient expliquer ce déclin, notamment l’aménagement récréotouristique dans la partie sud du lac, la circulation routière élevée, le dérangement humain et la collecte illicite. De plus, l’exploitation forestière intensive effectuée avant la création du parc (1850-1970) et les variations du niveau de l’eau pour le transport du bois ont probablement contribué à la perte d’habitats de bonne qualité (Masseet al., en préparation).

3.4. Actions de conservation entreprises

La contribution financière de la Fondation de la faune du Québec a permis à la Société d’histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent de faire l’acquisition, en l’an 2000, du site de ponte principal sur la rivière Shawinigan. Ce terrain comprend également les zones en périphérie utilisées par les femelles avant la ponte et par les jeunes après l’éclosion, au moment de leur dispersion. Des clôtures permanentes ont été installées pour empêcher les utilisateurs de véhicules récréatifs de circuler dans ces zones. Un suivi de ce site de ponte est en cours depuis 1994. Un programme de protection des nids et des jeunes par la mise en place de grillages contre les prédateurs est réalisé annuellement.

Un programme de protection des nids et des jeunes a été mis en place afin

d’augmenter le succès de la nidification et le recrutement.

Photo: D. Masse, Parc Canada Photo: J. Pleau / Parcs Canada

(19)

Sur les terres publiques, il a été suggéré d’interdire la fréquentation de quelques sentiers pédestres en bordure de la rivière Shawinigan, à certaines périodes de l’année, pour ne pas exposer les tortues à une capture illégale et pour éviter de les perturber durant la période de ponte.

Toutefois, personne n’a le mandat de faire respecter ces recommandations.

Des campagnes de sensibilisation et d’éducation ont été réalisées dans les écoles et la communauté par le Mouvement Vert Mauricie, grâce au soutien financier du Programme d’intendance de l’habitat des espèces en péril (PIH). Les résidents de Saint-Mathieu ont adopté la tortue des bois comme un symbole de fierté. L’école primaire de Saint-Mathieu porte d’ailleurs le nom de « École de la Tortue-des-bois ».

Au parc national de la Mauricie, on a également réalisé un important programme d’éducation pour sensibiliser le public à la fragilité de l’espèce et pour l’informer sur sa biologie et sur les gestes à adopter pour la protéger. Des affiches, des conférences, des activités spéciales et du matériel éducatif ont été produits.

Depuis 2002, le Mouvement Vert Mauricie, avec le soutien financier du PIH, de la Fondation de la faune du Québec et du Programme de mise en valeur des ressources du milieu forestier – Volet II, a réalisé un programme d’intendance et de conservation volontaire (Bachandet al., 2002). Dans le cadre de ce projet, on a produit des cahiers destinés aux propriétaires pour les sensibiliser à la conservation des habitats de la tortue des bois et pour conclure des ententes de conservation volontaire. La participation de la Direction du patrimoine écologique du MDDEP a également permis de créer trois réserves naturelles protégeant l’habitat de la tortue des bois en terres privées.

Par ailleurs, une entente sur la protection des espèces menacées ou vulnérables en milieu forestier en terres publi- ques est intervenue entre la Direction de l’environnement forestier (Forêt Québec) et la Direction du développement de la faune (Faune Québec ; Anonyme 2002 ; 2007). Cette entente reconnaît l’importance des bandes riveraines pour la tortue des bois et fournit des modalités de coupe fores- tière dans la bande riveraine de 200 m de part et d’autre du cours d’eau sur une distance de 3 km, en amont et en aval d’un point d’observation de tortue. Pour le moment, cette entente administrative est applicable sur les terres publiques seulement. Des efforts de sensibilisation sont en cours afin que des mesures similaires soient intégrées aux plans d’aménagement des MRC, en plus d’être respec- tées par les compagnies, les agences et les associations forestières, les promoteurs d’activités récréotouristiques et les propriétaires riverains.

Commencé en 1995, un suivi des tortues du parc national de la Mauricie consigne toutes les observations recueillies annuellement dans une base de données. Des

émetteurs ont également été fixés sur quelques individus pour faire un suivi télémétrique permettant de répertorier les habitats utilisés par les tortues dans le parc (Masse, 1996 ; Masseet al., 2003).

Une étude sur l’écologie des juvéniles est en cours de réalisation afin de statuer sur l’efficacité d’un programme d’ajout d’individus (Tessier et Lapointe, 2003). Pour le moment, l’ajout de juvéniles (4-10 ans) a été réalisé une seule année, en mai 2006. Parallèlement, Parcs Canada a également élaboré un programme de restauration des habitats du lac Wapizagonke et de ses tributaires (Masse et al., en préparation) pour maintenir la population de tortues des bois à l’intérieur des limites du parc et pour en améliorer l’état.

3.5. Menaces appréhendées

Plusieurs facteurs menaçant le maintien à long terme de la population de la rivière Shawinigan ont été identifiés (Arvisaiset al., 2001 ; Masse, 1996 ; 2003 ; Bourgeois et al., 2004 ; 2008 ; Paradiset al., 2005 ; Masseet al., 2005). Selon le plan de rétablissement provincial, les données obtenues pour l’ensemble des travaux réalisés jusqu’à maintenant démontrent que la population de la rivière Shawinigan peut être considérée comme menacée (Équipe de rétablissement de cinq espèces de tortues au Québec, 2005). Le risque d’extinction de cette population est donc élevé et toute catastrophe affectant le milieu et la mortalité des adultes pourrait entraîner la disparition de cette population.

3.5.1. Fragmentation et destruction de l’habitat La destruction de l’habitat demeure la cause principale de la disparition des populations de tortues (Harding et Bloomer, 1979). La canalisation, la construction de barrages, les coupes forestières, l’agriculture et le déve- loppement urbain ont réduit les habitats naturels nécessaires à sa survie (Litzgus et Brooks, 1996 ; Mitchell et Klemens, 2000). La population de la rivière Shawinigan n’échappe pas à cette menace qui s’est accentuée au cours des dernières années.

Le bassin versant connaît d’importants développements agricole, résidentiel, récréatif et de villégiature. De façon générale, on note une perte ou une fragmentation impor- tante de l’habitat à l’extérieur des limites du parc et ce problème s’accentue lorsqu’on se déplace vers le sud (figure 4). Les bandes riveraines s’artificialisent, passant de groupements d’aulnaies peu fragmentés à des zones affectées par la villégiature, l’agriculture et le dévelop- pement résidentiel. Dans le bassin versant, Prud’homme et Robitaille (1998) ont observé que l’abondance de tortues diminue de façon importante dans la portion sud de l’habitat, là où l’on signale le plus de pertes d’habitats.

La modification des habitats par les activités liées à la foresterieserévèleuneautrepréoccupationdontilfauttenir compte pour la conservation. Pendant près de 150 ans,

(20)

l’habitat de la tortue des bois a été soumis à d’énormes pressions relatives à l’exploitation forestière intensive et aux activités de drave. Les coupes de bois, le flottage, la construction de chemins forestiers et le contrôle des niveaux d’eau par les barrages constituent quelques exemples des pressions anthropiques exercées sur l’ensemble du bassin versant (Plante, 1996 ; Masseet al., en préparation).

Les tortues ont toutefois survécu à ces perturbations, principalement dans la portion amont de la rivière Shawinigan où l’on trouve encore des habitats de qualité.

Depuis la création du parc en 1970, on interdit la coupe forestière sur ce territoire. Toutefois, les normes précises d’exploitation forestière en terres publiques (Anonyme, 2002 ; 2007) ne s’appliquent pas aux terres privées qui constituent la plus grande proportion de l’habitat de la tortue des bois. Les dernières activités de coupes forestières ont eu lieu principalement à l’intérieur et en bordure du parc récréoforestier de Saint-Mathieu.

Le réseau routier de cette région est également bien développé. Son étalement constitue une autre menace pour le devenir de cette population. La construction de routes ou leur réfection dans l’habitat de la tortue des bois doit se faire de façon à minimiser la mortalité routière des tortues et la perte d’habitats. Comme ailleurs, la mortalité routière demeure une préoccupation importante.

Puisque la stratégie de reproduction de la tortue des bois est basée sur un haut taux de survie des adultes, la mortalité routière de par son impact sur les adultes est probablement le facteur de déclin le plus important pour toutes les populations de tortues du Québec. Toutefois ses effets sont difficiles à observer et probablement sous- estimés.

Dans le parc national de la Mauricie, les habitats sont actuellement protégés de toute dégradation majeure.

Cependant, il faut tenir compte des effets cumulatifs antérieurs à la création du parc ainsi que des perturbations plus récentes. Les infrastructures (aires de pique-nique, camping, sentiers, plages) et le réseau routier actuels dans le sud du lac Wapizagonke ainsi que l’aménagement de nouvelles aires récréatives peuvent représenter des menaces mineures mais qui, cumulées, peuvent avoir un effet non négligeable sur la population de tortues (Masse, 1996 ; 2003).

3.5.2. Perturbations humaines

Les activités humaines représentent une cause importante de mortalité chez les tortues des bois adultes (Brooks, 1994). À titre d’exemple, les conclusions des travaux de Garber et Burger (1995) réalisés pendant 20 ans dans une réserve naturelle au Connecticut ont révélé un déclin radical des populations à la suite de l’ouverture de cette aire protégée pour la pratique d’activités récréatives, telles que la pêche et le canotage.

Figure 4.

À partir du sud des limites du parc national de la Mauricie, il y a perte ou fragmentation importante de l’habitat.

Photos: D. Masse / Parcs Canada

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Le dérangement occasionné par la circulation routière et les activités récréatives demeure élevé dans les habitats de la tortue des bois en bordure de la rivière ainsi que dans le parc (Masseet al., en préparation). Les utilisateurs de VTT fréquentent également la gravière située à proximité du site de ponte principal. Leur présence peut induire des dérangements pouvant affecter le comportement de la ponte et la mortalité des jeunes après l’éclosion et lors de leur dispersion aléatoire (Walde, 1998 ; Waldeet al., 2008).

3.5.3. Quantité et qualité des sites de ponte La répartition historique des sites de ponte de la tortue des bois est méconnue. Plusieurs sites ont toutefois été identifiés, mais la plupart d’entre eux sont non protégés et ne font l’objet d’aucune mesure de conservation. Comme il a été mentionné précédemment, la concentration des femelles sur un même site de ponte accentue leur vulnérabilité. L’exploitation de gravières en marge des rivières menace aussi les femelles, puisque celles-ci choisissent souvent ces sites pour pondre.

Dans le parc national de la Mauricie, la disponibilité des sites de ponte a été affectée par les activités antérieures à la création du parc (barrages et drave). Vestige de l’exploitation forestière, un barrage situé au sud du grand lac Wapizagonke maintient un niveau d’eau plus élevé, restreignant la disponibilité des plages de sable utilisées antérieurement pour la ponte (Masse et al., 2005 et en préparation).

Sur le site de ponte principal, l’envahisse- ment de la végétation peut nuire à la qualité de l’habitat. Un couvert végétal crée une obstruction physique pour la nidification et

réduit l’ensoleillement nécessaire au maintien d’une température du sol favorable à l’incubation et à l’éclosion des œufs (Schwarzkopf, 1984 ; Ross et Anderson, 1990 ; Janzen, 1994 ; Fletcher, 1996). Les racines peuvent aussi envahir les nids et détruire les œufs (Burger et Montevecchi, 1975 ; Plummer, 1976 ; Fletcher 1996), d’où l’importance de maintenir les sites de ponte dégagés de toute végétation. Au cours des années 2000, 2002 et 2003, un contrôle de la végétation par des techniques non mécanisées (râteau ou manuellement) a été effectué au site de ponte principal. Malgré ces actions, un programme d’entretien du site doit être mis en place.

L’emploi d’herbicide n’est pas une solution acceptable.

3.5.4. Prédation

Le nombre de résidents et de villégiateurs est en crois- sance dans la région, ce qui entraîne une augmentation de la quantité de déchets et du nombre d’animaux domestiques. La présence de déchets domestiques favorise l’augmentation des prédateurs de la tortue,

Photo: J. Pleau / Parcs Canada Photo: J. Pleau / Parcs Canada

Traces de tortue des bois

(22)

comme les ratons laveurs et les moufettes rayées. La modification des habitats forestiers par des zones agricoles et résidentielles peut créer les mêmes effets.

Ce fait est inquiétant, car la prédation peut entraîner la destruction de 70 à 100 % des œufs (Ernst et Barbour, 1972 ; Brooks et al., 1992 ; Congdon et al., 1987 ; 1993 ; Tuttle et Carroll, 1997). Ainsi, les ratons laveurs, les moufettes, les renards, les coyotes (Canis latrans), les chiens (Canis familiaris) et les chats (Felis catus) s’avèrent extrêmement efficaces pour détruire les nids et pour dévorer les jeunes tortues (Congdonet al., 1987 ; Ross et Anderson, 1990 ; Boarman, 1997). De plus, lors de la construction du nid, les tortues prennent de trois à huit jours pour visiter l’endroit et la ponte dure en moyenne deux heures (Waldeet al., 2003). Les femelles sont donc très vulnérables, car elles restent longtemps autour du site et deviennent des proies faciles pour les prédateurs.

Jusqu’à récemment, les prédateurs tels que les moufettes et les ratons laveurs étaient peu présents dans l’habitat de la rivière Shawinigan, en raison de la faible abondance de ces espèces et d’un certain contrôle exercé par les résidents. Toutefois, on a observé un effet néfaste de leur présence sur la survie de la population de tortues des bois. En effet, au cours de 2004, la prédation excessive a causé une perte estimée à 50 % des effectifs de la population étudiée (Bourgeoiset al., 2008).

À l’intérieur des limites du parc national, on a observé une augmentation du nombre de ratons et de moufettes au cours des dernières années (Denis Masse, observ.

pers.), bien que des données précises à ce sujet ne soient pas disponibles. Cette augmentation pourrait être attribuable à la relocalisation d’animaux indésirables par les compagnies de gestion parasitaire ou par des individus près des limites du parc et tout près du site de ponte principal.

3.5.5. Collecte illégale

Le déclin des populations de tortues des bois au Québec peut également s’expli- quer par la collecte d’individus pour en faire des animaux de compagnie (Bider et Matte, 1994 ; Seburn et Seburn, 2000).

Le prélèvement intentionnel ou accidentel d’individus, aussi modeste soit-il, mène souvent au déclin des populations d’espè- ces à maturité sexuelle tardive (Crouse et al., 1987 ; Congdonet al., 1993 ; 1994).

La plupart des populations de tortues possèdent un effectif faible et sont isolées les unes des autres. Le prélèvement d’un seul adulte mature peut donc avoir des conséquences très néfastes sur la popu- lation, puisque sur 100 jeunes produits, une seule tortue en moyenne atteindra l’âge de la maturité sexuelle (Farrell et Graham, 1991 ;

Galois et Bonin, 1999). Par conséquent, le maintien d’une population repose sur la survie et le succès reproducteur des adultes. Aux États-Unis, plusieurs États ont déjà établi des mesures de protection pour cette espèce menacée.

Au Canada, il est illégal de prélever ou de garder en captivité des tortues des bois (Seburn et Seburn, 2000).

En Ontario et au Québec (L.R.Q., chapitre C-61.1), cette espèce est protégée contre l’exploitation ou la capture à des fins commerciales.

La capture de tortues pour en faire des animaux de compagnie a aussi des répercussions négatives, lorsqu’on les relâche dans l’environnement sans tenir compte de l’endroit où elles ont été capturées ni de la présence d’autres tortues de la même espèce. Les déplacements d’individus d’un endroit à l’autre risquent d’introduire de nouvelles maladies et de modifier l’intégrité génétique de la population déjà présente dans le milieu.

Bien qu’on ne dispose pas de données exactes ou de preuves tangibles, la capture illégale de tortues le long de la rivière Shawinigan et dans le parc aurait existé et serait toujours pratiquée (Masse et al., en préparation).

Plusieurs tortues, soit 1,7 % des individus observés lors des inventaires effectués en 1996 et 1997, présen- taient des signes de captivité (trou dans la carapace ; Y.

Robitaille, comm. pers.). La concentration de femelles sur le site de ponte principal rend cette population fragile aux effets de la capture illégale (Masseet al., 2005).

3.5.6. Qualité de l’eau

L’eau dans le lac Wapizagonke (Plante, 1996) ainsi que dans la portion nord de la rivière Shawinigan est classée de très bonne qualité (Bélanger 1998 ; Pelletier, 2006).

Toutefois, la qualité passe de très bonne à passable vers l’aval, là où le milieu se détériore avec l’intensité du développement résidentiel, agricole, industriel et de villégiature. À court terme, il ne s’agit pas d’un enjeu important. Toutefois à long terme, toute détérioration de la qualité de l’eau pourrait nuire à cette population.

oto: D. Masse, Parcs Canada

(23)

4. PLAN DE CONSERVATION

4.1. But

La situation précaire de la tortue des bois sur l’ensemble de son aire de répartition nécessite une action rapide et concrète pour assurer la survie de l’espèce. Le but de ce plan de conservation est d’assurer la survie et le maintien à long terme de la population de tortues des bois du bassin versant de la rivière Shawinigan. Ces actions s’inscrivent conjointement et à l’intérieur du plan de rétablissement de cinq espèces de tortues au Québec. Rappelons toutefois que dans le cas d’une espèce longévive comme la tortue des bois, le résultat des actions du plan de conservation sera observable seulement à moyen et à long terme.

4.2. Objectifs

Les objectifs suivants tiennent compte des connaissances acquises au cours des années et des besoins d’habitats spécifiques à chaque étape du cycle vital des tortues : 1- protéger les habitats et la population par des mesures

telles que l’intendance, les ententes administratives, réglementaires ou de protection de l’habitat ;

2- accroître la population actuelle afin d’assurer sa via- bilité, notamment par un programme d’ajout d’individus et de restauration d’habitats dans le parc national de la Mauricie ;

3- sensibiliser et éduquer le public sur les menaces et la fragilité de cette espèce et de ses habitats par des activités d’interprétation et des efforts de diffusion ; 4- poursuivre le suivi de la population de tortues des

bois ;

5- compléter le programme d’acquisition de connais- sances.

4.3. Stratégies et priorités

4.3.1. Protection et conservation des habitats et de la population

4.3.1.1. Protections légales

Il faut sensibiliser les gouvernements municipaux et la MRC de Maskinongé afin qu’ils inscrivent dans le schéma d’aménagement et le plan de zonage de la MRC des mesures nécessaires à la conservation de l’habitat de la tortue des bois en milieu riverain privé.

À l’intérieur des limites du parc national de la Mauricie, la Loi sur les parcs nationaux protège les habitats et les individus. Toutefois, un plan d’action spécifique à la protection de la tortue des bois et son habitat doit être élaboré et mis en œuvre.

Sur les terres du domaine de l’État, on doit faire connaître et appliquer les mesures de protection pour la

Photo: J. Pleau / Parcs Canada

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tortue des bois du ministère des Ressources naturelles et de la Faune concernant les activités liées aux opérations forestières (Anonyme 2002 ; 2007).

4.3.1.2. Intendance

La conservation des habitats de la tortue des bois en terre privée repose en grande partie sur la conservation volontaire, sur l’acquisition de terres ou sur la mise en place de réserves naturelles. Il importe de soutenir les partenaires qui réalisent les activités d’intendance et les propriétaires qui souhaitent inclure une partie de leur propriété en réserve naturelle. Dans le cas de la création de réserve naturelle en terre privée, l’engagement du MDDEP est essentiel.

Pour l’acquisition des terres, il faut solliciter la parti- cipation des organismes partenaires des ententes cadres, soit celles entre Parcs Canada et Conservation de la Nature Canada (CNC) (améliorer l’intégrité écologique des parcs nationaux), entre le MRNF et CNC (conservation d’habitats d’espèces en péril et maintien de la biodiversité) et entre le MRNF et Canards Illimités Canada (protection des terres humides). On devrait privilégier les actions d’intendance dans l’habitat de la tortue des bois afin de protéger les habitats en milieu riverain (200 m), les sites de ponte et le maintien de la connectivité entre le parc et la rivière Shawinigan (figure 3).

Finalement, l’application des normes de coupe forestière similaires à celles recommandées sur les terres du domaine de l’État (Anonyme 2002 ; 2007) devrait être encouragée sur les terres privées.

4.3.1.3. Protection et surveillance des sites de ponte Un plan de gestion du site de ponte principal doit être élaboré à brève échéance. Il devra contenir des mesures relatives à la protection des nids et des jeunes, à la gestion de la végétation envahissante, à la surveillance pour prévenir la récolte illégale et au contrôle des prédateurs, si nécessaire.

Une zone de protection en périphérie du site de ponte principal doit également être établie afin de contrôler les activités nuisibles à la ponte et de maintenir la qualité écologique de l’habitat. Pour ce faire, des discussions avec les propriétaires des terres avoisinantes, notamment de la gravière, doivent être entreprises.

La protection des bandes riveraines d’une largeur de 200 mètres et des aulnaies est importante.

Photo: J. Pleau / Parcs Canada Photo: D. Masse / Parcs Canada

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Rivière Shawinigan

Photo: D. Masse / Parcs Canada

Pourquoi protéger la tortue des bois et les bandes riveraines ?

Chaque espèce joue un rôle dans la nature et la perte d’une espèce fragilise l’équilibre naturel. La protection de la tortue des bois est intimement associée à la conservation de la bande riveraine.

Cette portion de terre en bordure de l’eau est une zone de transition entre les milieux terrestres et aquatiques. Elle est utilisée par une grande variété d’animaux.

C’est aussi la partie la plus importante pour un lac ou un cours d’eau puisqu’en

agissant comme une ceinture de protection, elle assure la qualité de l’eau. Sans

cette bande de végétation, les riverains voient la qualité de leur environnement

diminuer : les berges sont instables, la faune est moins présente, la température

de l’eau augmente, les chalets sont davantage exposés aux vents et à la chaleur

lors de canicules l’été. Donc, en plus d’être importante pour la tortue des bois,

la bande de protection améliore la qualité de vie des riverains qui ont choisi de

s’établir dans un milieu naturel intéressant.

(26)

La protection d’environ 10 autres sites de nidification dans le bassin versant constitue également une priorité à prendre en compte dans les actions d’intendance. Les risques inhérents à la concentration d’un grand nombre de femelles sur un seul site de ponte seraient atténués si celles-ci étaient dispersées sur différents sites.

4.3.2. Restauration de l’habitat et soutien de la population

4.3.2.1. Restauration de l’habitat

Il faut sensibiliser les propriétaires riverains pour les inciter à restaurer les bandes riveraines dans le bassin versant de la rivière Shawinigan. Cette action aura des effets bénéfiques sur le maintien d’habitats propices à la tortue des bois et indirectement sur la qualité de l’eau.

Des actions plus ciblées devraient aussi permettre de créer ou de restaurer des sites de ponte jadis utilisés ou ayant un potentiel d’utilisation. La mise en place d’un programme de suivi pour ces sites sera nécessaire pour valider leur efficacité.

À l’intérieur du parc, des travaux de restauration doivent être entrepris afin de rétablir le niveau d’eau naturel du

lac Wapizagonke et de ses tributaires. Ces actions seront bénéfiques pour la restauration des habitats riverains (aulnaies) et entraîneront une réhabilitation des sites utilisés historiquement pour la ponte. Des actions appropriées doivent être mises en œuvre pour protéger ces sites de ponte.

4.3.2.2. Programme de soutien

Étant donné la diminution de la population de tortues des bois dans le parc national de la Mauricie causée par l’utilisation de ce territoire avant 1970, il importe d’y implanter un programme de soutien par l’ajout d’individus (Tessier et Lapointe, 2003). L’objectif immédiat est d’augmenter le nombre d’individus à l’intérieur du parc en relocalisant des tortues (des juvéniles, surtout des jeunes qui viennent d’éclore) provenant de la population de la rivière Shawinigan. Il s’agit de la même population génétique (Tessier et Lapointe, 2002). Le rétablissement d’une population locale favorisera les échanges d’individus entre le parc et la rivière Shawinigan. Ce plan constitue un projet à très long terme, qui nécessitera un suivi régulier tout au long de son application. Les tortues ayant une maturité sexuelle tardive, il importe de mettre en œuvre très rapidement ce projet afin de pouvoir évaluer son efficacité.

Plus précisément, le programme de soutien vise à ajouter des individus en amont du bassin versant, soit dans la portion sud du lac Wapizagonke où l’espèce était jadis plus abondante (Morency et Lafleur, 1984 ; Masse, 1996) et où quelques individus se retrouvent encore. Dans ce secteur, une dizaine de tortues sont suivies par télémétrie depuis 1996. L’habitat est caractérisé

Un certain nombre de jeunes tortues a été relocalisé dans le sud du parc national de la Mauricie.

Photos: D. Masse / Parcs Canada

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