Point
le sur
L’agréage et le contrôle qualité dans les entreprises de la
filière des fruits et légumes
L’agréage et le contrôle qualité ne s’improvisent pas et nécessitent une réflexion globale sur l’or- ganisation de l’entreprise. Ce document propose une méthodologie pour aider les entreprises (dirigeants, responsables ou animateurs qualité) à la mise en place de l’agréage et du contrôle qualité, ou à l’amélioration du système existant. Ce pourra être l’occasion de faire évoluer le pro- cessus d’agréage et de contrôle qualité, de reconsidérer la méthode utilisée, les équipements et outils d’agréage, l’utilisation des informations… L’agréage et le contrôle qualité ne se limitent pas à représenter une preuve en cas de contrôle extérieur (DGCCRF, audits clients) ; ils doivent être considérés comme une opportunité d’amélioration de la qualité produit, du management interne, de l’écoute client, des relations fournisseurs, de la prise de décision…
le Point sur L’agréage et le contrôle qualité
Intégrer les règles de commercialisation selon les espèces travaillées par l’entreprise
Un des enjeux majeurs de l’agréage et du contrôle qualité est de vérifi er la conformité des pro- duits au regard de la réglemen- tation. Les critères à contrôler se basent donc sur les textes appli- cables aux fruits et légumes tra- vaillés par l’entreprise.
Dès la première mise en marché, les F&L répondent à des règles de commercialisation. Pour la plupart, ces règles émanent de normes européennes obligatoires (norme générale, normes spéci- fi ques…) ou encore de textes natio- naux obligatoires (norme pomme de terre, accords interprofession- nels), de textes internationaux d’application facultatives (normes CEE-ONU, normes CODEX).
Le Point Sur « les règles de com- mercialisation des fruits et lé- gumes » présente les différentes réglementations auxquelles sont soumis les fruits et légumes frais.
F&L concernés Règles applicables Textes réglementaires Pomme, poire, pêche-nectarine,
kiwi, fraise, raisin de table, agrume (hors pomelo, lime…), tomate,
poivron doux, salade (laitue, chicorée frisée et scarole)
10 normes spécifi ques
obligatoires OCM fruits et légumes Règlement (UE)N° 543/2011
modifi é par le N°594/2013
Les autres produits soumis à « OCM F&L »
1 norme générale obligatoire
Voir partie IX annexe I du règlement OCM Unique
(UE) N° 1308/2013 Normes CEE-ONU facultatives
Normes CODEX facultatives
http://www.unece.org rubrique
« agricultural standards » www.fao.org rubrique Codex
Alimentarius standards F&L soumis à
« OCM autres produits » (noix de coco, gingembre…)
Dispositions françaises obligatoires
Décret N° 55-1126 modifi é et Arrêté ministériel du 20/07/56 Voir partie XXIV OCM Unique Normes CODEX facultatives www.fao.org rubrique Codex
Alimentarius standards Cas de la pomme de terre Norme pomme de terre
obligatoire Arrêté ministériel du 03/03/97 modifi é F&L hors OCM
(patate douce…) Dispositions françaises
obligatoires Décret N° 55-1126 modifi é et Arrêté ministériel 20/07/56 Banane
(hors plantain) Norme banane OCM banane
Règlement (UE) N° 1333/2011 Pour certains F&L
origine France Accords
interprofessionnels produits Interfel, rubrique « les accords interprofessionnels » Règles de commercialisation des F&L en France : synthèse non exhaustive
Les normes spécifi ques et la norme générale
En Europe, et donc en France, la grande majorité des fruits et légumes sont soumis à l’OCM (Organisation Commune des Marchés) fruits et légumes : le règlement (UE) N°543/2011 modi- fi é défi nit la norme générale d’une part et les normes spécifi ques pour dix espèces précises d’autre part.
La figure ci-contre présente les dispositions réglementaires de la norme générale et des normes spé- cifi ques. À noter l’existence de tolé- rances pour les dispositions relatives aux exigences minimales, à la qualité et au calibre (cf. tableau ci-dessous).
1 -De qualité 2 -De maturité
Catégorie EXTRA
Tolérances des défauts applicables
Exigences minimales
Marquage des emballages Classification en catégories Exigences minimales
Dispositions relatives à
1 norme générale Dispositions relatives à
10 normes spécifiques
Catégorie I Catégorie II
Calibrage
Règles de calibrage et homogénéité I
Présentation
Homogénéité et conditionnement
1 -De qualité 2 -De maturité
Règles commerciales applicables aux produits bénéfi ciant d’une norme de commercialisation spécifi que, ou d’une norme CEE- ONU /Codex facultative
Tolérances applicables aux produits bénéfi ciant de catégorie de qualité
Catégorie Extra Catégorie I Catégorie II
Tolérances relatives l’ASPECT (Coloration, forme, épiderme) 5 % de I (dont 0,5%
conformes cat. II) 10 % de II (dont 1% hors
cat.II et hors exigences 10 % hors exigences minimales
OCM F&L 11 normes obligatoires
dans les entreprises de la filière fruits et légumes
Construire le processus d’agréage et de contrôle qualité
Décrire le process d’agréage et du contrôle qualité en fonction des besoins de l’entreprise
Lors de la construction d’un système d’agréage et de contrôle qualité, l’entreprise doit se poser et analyser un ensemble de questions.
Quels sont les objectifs ?
Quels paramètres contrôler ?
Quand et à quelle fréquence faire les contrôles?
Comment échantillonner un lot de F&L ?
Quelles sont les références et les outils ? Comment formaliser les contrôles ? Comment gérer les non-conformités ?
Il s’agit de :
- s’interroger sur ce que l’activité de contrôle qualité doit produire ; - se doter des ressources indispensables ;
- détailler les pratiques nécessaires pour réaliser le contrôle.
Les normes facultatives CEE-ONU ou Codex
Dans le cas des produits soumis à la norme générale (donc vendus sans catégorie), les opérateurs peuvent décider de les commercialiser selon la norme CEE- ONU ou la norme CODEX du produit considéré.
Ces normes sont d’application facultative (le produit est alors vendu avec une catégorie de qualité).
Les accords interprofessionnels
Les Accords Interprofessionnels visent à fi xer des règles pour adapter l’offre à la demande et à relever le niveau de qualité (comme les accords sur le taux de sucres ou le taux de fermeté), à fi xer des règles de présentation (accords conditionnement), à homogé- néiser la production (accords calibrage) ou encore à informer le consommateur (accords sur les étique- tages). Ces dispositions sont rendues obligatoires et concernent uniquement les fruits et légumes pro- duits en France, quelle que soit leur destination.
Chaque entreprise doit mettre en place un agréage et un contrôle qualité afi n de vérifi er le respect des règles de commercialisation, ce qui implique de dis- poser ou de connaître les textes réglementaires en vigueur concernant ses produits.
Pour aider les professionnels dans ce travail de veille réglementaire, le Ctifl propose plusieurs outils, no- tamment :
• des synthèses de textes réglementaires (www.ctifl .fr, rubrique « espace professionnel ») ;
• l’accès à une plateforme collaborative réglemen- taire : www.legifel.fr comportant un service d’alerte par abonnement ;
• l’abonnement à une newsletter hebdomadaire infor- mant des changements sur les règles de commerciali- sation (www.ctifl .fr>Espace professionnels>Economie et données fi lière>Veille réglementaire).
La mise en place de l’agréage et du contrôle qualité peut être facilitée par les démarches qualité existantes.
Elles donnent une méthode d’application des contrôles et comportent pour la plupart un volet normatif et un volet sanitaire.
Expéditeurs Exportateurs Coopératives Importateurs Grossistes Pour en savoir plus
FeL PARTENARIAT® *
X ANEEFEL : Marion Mispouille, Chargée de mission technico- économique, marion.mispouille@aneefel.com X CSIF : Émilie Jorda, Responsable réglementation et
conseil, ejorda@csif.eu
X UNCGFL : Linda Brottes, Responsable FeL Engagement et FeL PARTENARIAT®, lbrottes@uncgfl .fr
FeL Engagement X
Démarche qualité
Saint Charles * X X X SNIFL : David Patte, Directeur,
snifl @saintcharlesinternational.fr Autocontrôle
de la qualité * X X Règlement (CE) n°543/2011,
*Démarches validées et reconnues par les autorités (DGCCRF)
Construire le processus d’agréage et de contrôle qualité (suite)
Défi nir les objectifs du système d’agréage et de contrôle qualité : à quoi va-t-il servir dans l’entreprise?
Ces questions centrales sont souvent négligées, or elles sont déterminantes dans la construction du système pour éviter aussi bien la sous qualité (résul- tats d’agréage insuffi samment précis par rapport aux besoins de l’entreprise) que la sur-qualité (résul- tats d’agréage mal ou peu utilisés ou trop détaillés par rapport aux objectifs visés).
Dans la plupart des cas, l’agréage et le contrôle qua- lité ont pour objectifs :
• de vérifi er la conformité du produit par rapport à un référentiel : la réglementation ou un cahier des charges interne ou client ou un signe de qualité : c’est souvent le premier objectif ;
• de défi nir un système de rémunération des appor- teurs basée sur la qualité livrée ;
• d’être un outil de communication interne et per- mettre :
- d’orienter des lots dans la station ou l’entrepôt ; - de vérifi er l’application des règles de tri par les opérateurs ;
- de planifi er des opérations de conditionnement ; - de gérer des stocks (non plus sur le seul principe :
« premier entré, premier sorti » : PEPS ou FIFO) mais sur la qualité organoleptique (l’apparence, l’odeur, le goût, la texture) des produits et leur ni- veau de maturité ;
- de transmettre l’information sur la qualité com- merciale des lots ;
- de gérer des litiges clients et fournisseurs.
L’évaluation des fournisseurs dans une démarche d’amélioration continue peut aussi constituer un objectif.
Choisir les paramètres à contrôler
Les paramètres à contrôler dépendent des objectifs de l’agréage et du contrôle qualité : ils peuvent com- porter uniquement des critères réglementaires, ou in- clure aussi des éléments propres à la commande. La fi gure ci-dessous récapitule les principaux paramètres de contrôle. Les critères de qualité gustative (sucres, fermeté, acidité), classés dans ce schéma comme des paramètres de conformité à la commande, peuvent aussi - pour certains fruits et légumes- être des cri- tères de conformité à la réglementation (si la norme spécifi que, la norme CEE-ONU ou les accords inter- professionnels, exigent le respect de seuils).
Les principaux paramètres à contrôler lors de l’agréage et du contrôle qualité
Principaux paramètres à contrôler
Étiquetage
Emballage Stickage
Poids
Défauts de forme, de coloration, d’épiderme
Tolérance : 5% Extra, 10 % cat 1 et 2
Calibre/grammage/
Nb de pièces Tolérance : 10 %
Conformité à la Réglementation Conformité à la commande
(cahiers des charges, instructions particulières)
Sucres, Fermeté, Acidité
Évolution de la fraîcheur : Shelf life ou
suivi après expédition Fraîcheur,
maturité
le Point sur L’agréage et le contrôle qualité
dans les entreprises de la filière fruits et légumes
Construire le processus d’agréage et de contrôle qualité (suite)
Défi nir le lieu de prélèvement des contrôles
Le contrôle de la qualité des fruits et légumes peut avoir lieu à différents moments comme indiqué dans le tableau ci-dessous.
Les diff érents agréages par stade, en fonction des lieux/moments de prélèvement
Stade Au stade expédition Au stade de gros
En réception
Agréage des produits bruts Agréage de produits
conditionnés Agréage de produits conditionnés
connaissance des lots et
orientation en station autocontrôle : conformité à la réglementation
conformité à la
réglementation ou cahier des charges
rémunération des apporteurs
acceptation ou refus par rapport à un cahier des charges/
une commande
Evaluation des apporteurs/ fournisseurs
En cours de process
Agréage des produits semi- fi nis : lors stockage longue durée, sortie calibrage...
connaissance des lots et orientation en station En sortie de conditionnement
Agréage des produits conditionnés
autocontrôle : conformité à la réglementation
Avant et après expédition (stockage)
Agréage des produits conditionnés si stockage longue durée (défauts évolutifs)
conformité à la réglementation ou cahier des charges
connaissance de l’évolution des lots = échantillothèque
Échantillonner le lot de fruits et légumes
Selon l’OCM du secteur fruits et légumes, un lot est une quantité de produits qui, au moment du contrôle, est présentée comme ayant les mêmes caractéristiques en ce qui concerne :
• l’identité de l’emballeur et/ou de l’expéditeur ;
• l’origine ;
• la nature du produit ;
• la catégorie de qualité ;
• la variété ou le type commercial ;
• le type de conditionnement ;
• la présentation ;
• le calibre.
Cette définition s’applique aux produits déjà conditionnés, prêts à être mis en marché.
Dans le cas des produits bruts (non conditionnés), la défi nition du lot est laissée au libre arbitre de l’entreprise. Le lot est constitué, le
plus souvent, de produits de même nature, venant d’un même producteur (éventuellement d’une même parcelle) et ayant la même date de cueille.
L’échantillonnage consiste à prélever une certaine quantité d’unités dans un lot de F&L pour effectuer des observations pré- cises et établir un rapport d’agréage. Cette quantité prélevée doit être représentative de l’ensemble du lot et si possible être prélevée à différents endroits.
Défi nition d’échantillon primaire, global, réduit
Échantillons primaires (1 échantillon primaire
= 1 colis)
Échantillon global
appréciation de la conformité aux règles de
commercialisation 3 à 15 plateaux
Échantillon réduit
Mesures physico- chimiques (sucres,
fermeté…) 15 à 30 fruits
Les règles d’échantillonnage sont déterminées selon la précision recherchée : par exemple, si l’objectif de l’agréage est de rémunérer les apporteurs à la qualité, les quantités prélevées devront être importantes et se rapprocher de la norme offi cielle d’échantillonnage des fruits et légumes (norme NFV 03 200). Cette norme n’est donnée qu’à titre indicatif dans l’OCM fruits et légumes. Elle est utilisée par les Autorités (DGCCRF) pour dresser un procès-verbal, mais n’est pas obligatoire pour les professionnels. Ils peuvent choisir d’autres règles d’échantillonnage. La fi gure ci-dessous donne quelques exemples de quantités à prélever pour un agréage visuel. L’aspect extérieur du produit est évalué sur l’échantillon global, la qua- lité gustative et les critères physico-chimiques le sont sur l’échantillon réduit (ou de laboratoire).
Construire le processus d’agréage et de contrôle qualité (suite)
Suivi de la qualité post-récolte ou échantillothèque pour connaître l’évolution des fruits chez le client
Exemples d’échantillonnages au stade expédition
Exemples d’échantillonnages au stade de gros
Ex. 1 :
≤1 palette : 1 colis 2-5 palettes : 2 colis
6-9 palettes: 3 colis
> 10 palettes : 4 colis
Ex. 2 : 1 colis toutes les 2 palettes (3 si >6 pal.)
Ex. 3 : 1 colis /palette
si lot à risque Sinon 1 colis /3
ou 4 palettes
Contrôle de premier niveau ou systématique contrôle visuel
rapide quelques colis/ lots
Contrôle de 2nd niveau ou renforcé respect norme NFV 03 200
Nombre de colis
dans le lot jusqu’à
100 101 à
300 301 à
500 501 à
1000 plus de 1000 Nombre de colis à
prélever 5 7 9 10 15
Norme NVF 03 200 (à titre indicatif)
Poids ou nombre
de bottes du lot jusqu’à
200 201 à
500 501 à
1000 1001 à
5000 plus de 5000 Poids ou nombre de
bottes à prélever 10 20 30 60 100
Exemples de quantités à prélever pour un échantillon global
le Point sur L’agréage et le contrôle qualité
dans les entreprises de la filière fruits et légumes
Construire le processus d’agréage et de contrôle qualité (suite)
Les principaux outils de mesure de la qualité pour l’agréage des F&L (liste non exhaustive)
Caractéristique mesurée Grandeur mesurée Outil Exemples de F&L
Calibre Longueur (en cm ou mm) Règle souple* Courgette, banane
Poids (en g) Balance* Pomme, aubergine,
concombre, kiwi, salade, …
Diamètre (en mm) Anneaux* Poire, abricot, pêche/
nectarine, agrumes, tomate, cerise, fraise…
Plaques*
Calibreur à boucle*
Pied à coulisse* Poireau, carotte, navet…
Diamètre (en cm) Compas* Chou-fl eur, artichaut
Coloration Couleur de l’épiderme Codes couleur** Nombreux fruits
Surface des défauts d’aspect /
diamètres / longueur - Réglette d’agréage ** Nombreux fruits et
légumes
Défaut d’aspect - Affi ches de défauts
d’aspect**, Révifel** Nombreux fruits et légumes
Fermeté Produits fermes Force de pénétration (en kg/cm2, kg/0,5 cm2 ou kg/0,28 cm2)
Pénétromètre manuel, Pénéfel, Pénéfel
automatisé, pénétromètre FTA
Embout de 1 cm2 : Pomme Embout de 0,5 cm2, poire, pêche/nectarine, kiwi, mangue
Embout de 0,28 cm2 : avocat
Produits souples Résistance superfi cielle à la
déformation Durofel* Tomate, cerise, abricots
mûrs à point (fruits souples)
Taux de sucres % de matières sèches
solubles (en % Brix) Réfractomètre manuel ou numérique, outils proche infrarouge* (SPIR ou NIRS)
Nombreux fruits
Taux de jus/ jutosité Comparaison masse du
jus/ masse totale (en %) Centrifugeuse, Presse
agrume, tamis et balance Pomme Agrumes…
Acidité Acidité titrable
(en meq/100 ml) Titration au pH 8,1 (pH-mètre)
Pocket Brix-acidity Meter
Agrumes, raisins, pommes…
Maturité/ maturation Régression d’amidon Régression de la chlorophylle
Code Amidon Ctifl **
DA-meter* Nombreux fruits
(en cours d’étude au Ctifl sur pomme)
Température °C Thermomètres à sonde Tous fruits et légumes
Taux de sucres/ fermeté / acidité/
jutosité/ poids (mesures intégrées ) Automate Pimprenelle Nombreux fruits
Teneur en matière sèche Hydromètre Zeal,
Balance
Féculomètre à fl éau ou électronique,
Bain de saumure, Etuve
Pommes de terre
Taux d’huile % déshydratation Micro-onde, balance,
dessicateur Avocat
* outils non destructifs, ** édition Ctifl
Rassembler les références et les outils de mesure
Il est important de préciser les références pour établir la conformité du lot (cf. fi gure page 4 « Les paramètres à contrôler »).
Les principaux outils d’agréage sont présentés sur le tableau ci-dessous. Le Point Sur « les outils de mesure de la qualité sur fruits et légumes » édition Ctifl 2016, présente, de manière détaillée, les outils et les critères de mesure associés.
Le choix des outils résultera d’une analyse des coûts d’investissement et de fonctionnement. D’une manière générale, plus le nombre de contrôles à réaliser sera grand, plus l’utilisation d’automates limitant la main d’œuvre sera à privilégier.
Construire le processus d’agréage et de contrôle qualité (suite)
Rédiger le rapport d’agréage
Les résultats d’agréage doivent être enregistrés et précisés sur un support : papier ou informatique…
Une fi che d’agréage comporte généralement trois parties :
• identifi cation du lot (par exemple : nature du pro- duit, variété, origine, n° de lot, catégorie, calibre et emballage, le cas échéant…) ;
• description des caractéristiques du lot (par exemple : défauts d’aspect, défauts de calibrage, éti- quetage, présentation, contrôle du poids, mesures des sucres/ fermeté/ acidité…) ;
• résultat pour les différents points de contrôle, décision sur le lot, et gestion des non-conformités.
Gérer les non-conformités
Les décisions à l’issue du contrôle, statuent sur la conformité du lot par rapport au réfé- rentiel (réglementation, cahier des charges…) ou donnent une description du lot (dans le cas d’un agréage de produits bruts, la description du lot permet de l’orienter.). L’enregistrement doit aussi mentionner le devenir du lot (cf. tableau ci-dessous). C’est à l’entreprise de défi - nir qui prend la décision fi nale.
Quand l’agréage est réalisé en réception, il fi nalise le transfert de propriété entre deux parties, un four- nisseur et un client. Toute non-conformité doit être signalée au fournisseur dans les délais prévus, le cas échéant.
Devenir du lot agréé selon les stades
Résultats/décision Orientation du lot
Stade expédition
Agréage des
produits bruts Description du lot
Durée/ type de conservation Habilitation pour un signe de qualité Orientation client
Information fournisseur
Autocontrôle
Décision : Conforme Non-conforme
Mise en marché, renforcement des consignes de tri, re-triage, recalibrage, ré-étiquetage, retour fournisseur, destruction, don…
Stade de gros Mise en préparation de commande,
re-triage, ré-étiquetage, retour fournisseur, destruction, don…
Dans tous les cas, le rapport d’agréage doit être clair, motivé et précis : Clair
Recevons ce jour par camion TRANS-BAHUT 8407 AIE 51, en provenance des Ets LAGASSE:
18 palettes x 50 colis x 32 Golden delicious cat. I 75/80 Afrique du Sud marque CAPE.
Motivé
Nous constatons la présence de fruits atteints de bitter-pit dans ces colis.
Précis
Notre sondage, portant sur 5 colis révèle 5% de fruits tachés
le Point sur L’agréage et le contrôle qualité
dans les entreprises de la filière fruits et légumes
Implanter et organiser l’agréage et le contrôle qualité
Agencer le poste de travail
Le contrôle qualité se pratique dans un espace dédié et le poste d’agréage s’intègre dans le processus (entrée, en cours de fabrication ou avant expédition…).
Entretenir le poste de travail
Les fréquences d’agréage nécessitent un poste de travail pratique et effi cient. Quelques conseils :
Postes d’agréage mobiles
Laboratoire d’agréage, un espace rangé et
organisé
Le poste de travail
Se débarrasser de ce
qui est inutile Le ranger, en particulier lorsqu’il est partagé !
Le nettoyer, y compris le matériel, retirer
les déchets
Quels éléments prendre en compte pour implanter le poste de travail ?
• L’accès et la circulation : le contrôleur doit être en sécurité
• La communication entre les diff érents opérateurs :
- déplacements nécessaires - et dispositifs de communication
• L’éclairage de 425 Lux (MSA)
• Équipements pour faciliter le transfert de charges (desserte mobile, escabeau roulant, …)
• Dimensionnement et hauteur du plan de travail
Former le personnel de contrôle
L’agréeur représente les « yeux de l’entreprise », il fait des constats, des analyses et conclut sur la qualité d’un lot de fruits et légumes par rapport à une réglementation, un cahier des charges ou règles internes.
Son travail est basé sur une procédure de contrôle qualité défi nie par l’entreprise qui inclut les règles d’hygiène et de sécurité.
L’agréeur est garant de l’information sur la qualité du lot. Son rôle est de transmettre cette information pour décider de l’orientation du lot, et pour prévoir l’organisation de travail qui en découle.
Ces informations sont précieuses aux commerciaux, aux acheteurs, aux responsables qualité, aux respon- sables de site de production, éventuellement aux fournisseurs et aux clients. Elles doivent être fi ables, précises et compréhensibles.
Le métier d’agréeur et de contrôleur qualité demande plusieurs compétences. Il faut être capable :
• De répartir son temps de travail entre le contrôle, les enregistrements, les synthèses, les réunions de travail.
• D’apprécier et d’évaluer la qualité des fruits et légumes
• De connaître et respecter la réglementation, les cahiers des charges ou les exigences internes
• De communiquer avec le vocabulaire technique professionnel
• D’utiliser les outils d’agréage de manière fi able et reproductible
La compétence sera renforcée par la pratique professionnelle, au fi l du temps, particulièrement pour la connaissance des défauts d’aspect et l’évolution des produits. Elle peut être accompagnée de formations
Cahier des charges Réglementation
Règles internes
Compétences techniques : Méthodes, outils
Compétences produits : Défauts d’aspect, maladies des F&L
Bon sens pratique Expérience
Constats Analyses
Résultats d’agréage :
> conformité
> non- conformité
Communication des résultats
(chef de station, commerciaux, fournisseurs,
responsable qualité, réception…)
Agréeur
«Les yeux de l’entreprise»
Décision : orientation
du lot Périmètre de responsabilité
à définir
le Point sur L’agréage et le contrôle qualité
dans les entreprises de la filière fruits et légumes
Exploiter les résultats
Connaître l’effi cacité et améliorer le système en continu
Les résultats d’agréage sur la saison et leur synthèse, constituent une véritable source d’informations sur le produit, elle peut être utilisée :
• en interne : outil de communication, suivi des fabrications, mise en évidence de points d’amélioration pour la campagne suivante, mise en évidence des périodes de sensibilités produits, choix des variétés…
• en externe : suivi de la qualité des fournisseurs, facilitation de la négociation clients
Produit 1 Produit 2 Produit 3 Produit 4 Produit 5 Produit 6
Répartition des réclamations par produit
Etiquetage Pourriture Fruit souple Calibre Répartition des réclamations par motif Exemples de
synthèse des résultats
Identifi er des indicateurs pertinents
Il est possible d’évaluer l’efficacité du système d’agréage et du contrôle qualité en place sur des cri- tères spécifi ques. Par exemple :
• la précision du contrôle des produits bruts (répar- tition des calibres, des catégories de qualité) : com- parer les résultats d’agréage produits bruts et les résultats de sortie des lignes de conditionnement, corrélation des retours ;
• la fi abilité du contrôle produit fi ni : comparer les résultats d’agréage avant expédition avec les retours ou réclamations clients.
L’analyse des indicateurs permet aux responsables de prendre des microdécisions, d’ajuster le système de contrôle qualité par rapport à l’objectif recherché (exemple : augmenter ou diminuer l’échantillonnage, faire un nouvel agréage, renouveler le matériel,…) Les résultats du contrôle qualité peuvent permettre aussi d’évaluer l’effi cacité fonctionnelle, opération- nelle et structurelle de l’entreprise (lien commerce/
production/fournisseur…). Les résultats satisfai- sants valident les démarches mises en place. Dans la situation inverse, et après recherche des causes et les remises en conformité, le système est amélioré.
Auditer le processus de contrôle qualité
Un audit du processus de contrôle qualité per- met de constater la mise en place des opérations d’agréage. Il met en avant les bonnes pratiques et les domaines possibles d’amélioration. Il s’en suit donc un plan d’action, avec des mesures correctives à mettre en place pour chaque point d’amélioration identifi é dans un délai convenu. Raisonner son sys- tème de contrôle qualité produit est une démarche qui demande du temps, des moyens et du person- nel, cependant il doit amener à faire progresser l’entreprise.
Les questions à se poser :
- à quoi servent les résultats d’agréage ?
- sont-ils communiqués aux bons interlocuteurs ? - d’autres données seraient-elles nécessaires pour les autres services ou ateliers ?
- toutes les données collectées sont-elles néces- saires ?
- la fi abilité des résultats d’agréage sont-ils contestés/
critiqués par les autres services, clients, fournisseur ? Les entreprises peuvent être accompagnées, par le Ctifl , dans la mise en place du système de contrôle depuis la conception du système, jusqu’à son éva- luation et dans la création d’outils de formation.
Retrouvez tous les contacts régionaux et les programmes détaillés des formations Ctifl : rL’agréage et le contrôle qualité en station
r Panorama de la réglementation des fruits et légumes aux stades expédition, gros ou import r Connaître les fruits et légumes : maîtrise du produit et de la qualité
r Connaître les fruits et légumes au fi l des saisons r La réception et l’agréage des fruits et légumes sur www.ctifl .fr>Nos Formations-Nos Services
Contacts
Céline ElBoukili
Ctifl, Centre de St Rémy Route de Mollégès
13210 Saint Rémy de Provence Tél. +33(0)4 90 92 05 82 e-mail : elboukili@ctifl.fr
Catherine Glémot
Ctifl, Centre de Carquefou ZI Belle Étoile - Antarès 35 allée des Sapins 44483 Carquefou Tél. +33(0)2 40 50 81 65 e-mail : glemot@ctifl.fr
Marie-Hélène Hochedez
Ctifl Rungis
1 rue de Perpignan-Bât D3 CP 30420- 94632 Rungis Cedex Tél. +33(0)1 56 70 11 30 e-mail : hochedez@ctifl.fr
Les publications et outils Ctifl
r Article Infos Ctifl « Autocontrôle de la qualité dans les stations de conditionnement », n°320 avril 2016 r « Le Point sur les outils de mesure de la qualité sur fruits et légumes » édition Ctifl 2016
r « Le Point sur les règles de commercialisation des fruits et légumes » édition Ctifl 2014 r « Agréage fruits et légumes, mode d’emploi » Réf. : 50013, édition Ctifl 2000
Cet ouvrage est destiné à l’ensemble des professionnels de la filière Fruits et Légumes intéressés par la pratique de l’agréage. Elle a pour objectif de montrer l’intérêt d’enregistrer la qualité regrouper l’ensemble des informations pratiques pour réaliser les enregistrements courants de la qualité.
r Les codes couleur permettent de juger l’avancement de la maturité et de déterminer la bonne date de récolte Pour déter- miner la date de récolte, on prélève un échantillon de 30 fruits, on note la couleur de fond en évitant les zones de décolo- ration accidentelle. On effectue ensuite la moyenne des colorations.
r Agreefel
Agreefel est un logiciel destiné à évaluer la conformité des lots de fruits (sucres ou fermeté) par rapport à un (ou plusieurs) cahier(s) des charges (interne, clients, signe de qualité…).
Un seuil de rejet strict sur un critère qualité comme la mesure des sucres (% Brix) ou la fermeté (kg/cm²ou kg/0,5cm²) ne prend pas en compte à la variabilité réelle du produit. Le logiciel prend en compte l’hétérogénéité des produits et se base sur des lois statistiques (lois de Student) pour évaluer la conformité des lots.
r Pixfel©
Pixfel© est un outil d’agréage des lots bruts de pommes en palox qui permet très rapidement, au moyen d’analyses photo- graphiques, d’estimer les calibres et les niveaux de coloration dominantes. Les résultats peuvent être obtenus dès la récolte.
Cet outil permet de mesurer un plus grand nombre de palox, de façon non destructive, avec une meilleure précision et un gain de temps appréciable. À partir de photos de la couche superficielle du palox, prises à l’aide d’un appareil numérique du commerce, le logiciel Pixfel© analyse des images et en déduit une rame de calibres et des niveaux de coloration.
r Révifel©
Révifel© est une base de données photographiques du Ctifl pour les opérateurs de la distribution : il répertorie des réfé- rentiels visuels de critères d’aspect des fruits et légumes de 45 espèces fruitières et légumières. Contact : Valérie Mérendet, Ctifl, e-mail : merendet@ctifl.fr
r La réglette d’agréage est un outil technique qui permet la mesure des défauts d’épiderme et les calibres de certaines plu- sieurs espèces de fruits et légumes. Dans le cadre de contrôle qualité, l’utilisateur peut déterminer la conformité des fruits et légumes (calibre/taille des défauts) par rapport à un texte de référence : normes produits, cahier des charges clients ou règles internes.