NOTE
ÉTUDE DES MODIFICATIONS DU COMPORTEMENT
ÉLECTROPHORÉTIQUE DES PROTÉINES DE L’ALBUMEN
AU COURS DE LA CONSERVATION DES ŒUFS DE POULE
G. CROIZIER B. SAUVEUR Station de Recherches avicoles,
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut
national de
la Rechercheagronomique
INTRODUCTION
Au cours
de
laconservation
desoeufs,
l’albumen est lesiège
de modificationsphysico-chimiques.
Celles-ci se traduisent par saliquéfaction progressive préjudi-
ciable
à laqualité marchande
de l’œuf. Plusieurs auteurs ontrelié
ceschangements
de structure à des altérations des
protéines
du blanc(FEE N E Y
etal.,
1952,EVANS
et
al., i 95 8, etc.).
’On
peut
donc se demander sil’électrophorèse
n’est pas uneméthode d’appré-
ciation intéressante de la détérioration de l’albumen. Cette
technique permet
en effet decompléter
les résultats lesplus
souvent rencontrés(mesures
de hauteur d’al-bumen)
par uneappréciation plus fine
desphénomènes
au niveau des moléculesprotéiques.
Nous comparons dans cette note deux
techniques d’électrophorèse
engel
d’amidon etles
utilisons pour testerdeux modes
deconservation.
Nous montrons en
particulier
que l’uned’elles, qui possède
un hautpouvoir
derésolution dans la
région
desglobulines,
est bienadaptée à
l’étude de ladégradation
des
protéines
del’albumen
au cours de la conservationdes
oeufs.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Matériel animal
Les oeufs
proviennent
de troispoules
de raceLeghorn
et de troispoules
issues d’un croisement Rhode Island XWyandotte.
Ils sontrépartis
en troiscatégories :
oeufs frais, oeufs conservés dans des conditions normales et oeufs conservés enatmosphère
enrichie en gazcarbonique.
a)
OEufs jrais (F).
- Ces oeufs sont ramassés la veille del’électrophorèse.
Le blanc mince externe de l’oeuf est recueilli aussitôt et conservé avantl’électrophorèse
à -!- 4° dans un tube àhémolyse hermétiquement
bouché.b) OEufs
conservés(T). ―
Ces oeufs sont ramassés 22jours
avantl’électrophorèse
et conservés enchambre froide à -!- io°C et 100p. 100d’humidité relative. L’albumen externe est
prélevé juste
avant
l’électrophorèse.
c) O E ufs
conservés sousatmosphère
enrichie en CO,(CO!).
- Ces oeufs sont ramassés le z3ejour qui précède
celui del’électrophorèse ;
ils sont conservés dans les mêmes conditions detempérature
et
d’hygrométrie
que les oeufs témoins(T). L’atmosphère
de conservation contient 4 p. 100de COa.Un oeuf de chacune des six
poules
estprésent
danschaque catégorie (T,
F etCO J .
Méthodes .
Neuf échantillons d’albumen sont
comparés
simultanément. Pour chacune des troispoules
lesalbumens externes des oeufs conservés dans les conditions F, T et
C0 2
sontjuxtaposés.
Techniques d’électrophorèse
Nous avons utilisé deux
systèmes
de tampons discontinustris-citrique.
Dans latechnique
Ale
système
tampon est celui de LusH( 19 6 1 ) ;
dans latechnique
B nous avonsadopté
celui de KRIST-JANSSON
( 19 6 3 ).
Dans les deux cas le mode depréparation
dugel
et la conduite del’électrophorèse
suivent la
technique
de KRISTJANSSON( 19 6 3 ).
Afin d’obtenir une meilleure
séparation
de laconalbumine,
nous avonsajouté
du fer à la solu-tion tampon du
gel
sous forme de 20mg de citrate de fer ammoniacal vert pour 100ml(B UVANFN -
DRAN,
19 66).
RÉSULTATS
1°
Technique
AI,a dispertion électrophorétique
des échantillons d’albumen des oeufs frais(F)
et des oeufs conservés sous
atmosphère
enrichie en gazcarbonique (CO!)
estidentique
pour
chaque
animal. Les trois fractions de conalbumine numérotées 15, 16 et yparL
USH
( 19 6 1 )
sont bien individualisées. Al’opposé
ces trois fractions se confondenten une traînée à contour mal défini sur les
électrophorégrammes
d’albumenprélevé
dans les oeufs témoins
(T)
conservés enatmosphère
non enrichie enC0 2 pendant
trois semaines.
Ces constatations sont schématisées sur la
figure
iqui représente
lesdispersions électrophorétiques
des échantillons d’albumen d’une mêmepoule (F,
T etCO Q ).
2
°
Technique
BCette
technique sépare
très bien lesprotéines
situées dans larégion
délimitéepar les fractions 9et 18 de LusH.
L’albumen
des oeufs frais se résout dans cetterégion
en de nombreuses fractions(jusqu’à i6) plus
ou moins faciles à identifier que nous décrivons très sommairement pour les besoins del’exposé.
Les fractions 9, 10, 12 et 14 de LusH sont reconnues en utilisant les variants
génétiques
desprotéines
de l’albumen. Selon les oeufs il y a de o à 3 fractions entre les bandes 10et 12 de 1,USH. Les fractionsi 5 , z6
et 1de
la conalbumine ne sontplus
identifiables. Cette
protéine
sesépare
enquatre
fractions. Entre la fraction laplus
mobile de la conalbumine et la fraction 14, il y a
quatre
fractions mineuresde
nature inconnue que nousappellerons préconalbumines.
Laplupart
de ces fractionsfigurent
sur la
figure
2qui
schématisel’électrophorégramme
des échantillons(F,
T etCO 2 )
de l’albumen d’une même
poule.
I,es différences
imputables
à la dénaturation desprotéines
de l’albumen por- tent seulement sur les fractions de la conalbumine et sur lespréconalbumines.
Commedans la
technique précédente,
les échantillons F etCO,
ne sont pas différenciablessur les
plaques d’électrophorèse (voir fig. 2 ).
On observe pour les échantillons T un renforcement des deux fractions lesplus
mobiles de laconalbumine ;
la fraction laplus
lente despréconalbumines
adisparu :
à l’inverse de cequi
se voit pour l’oeuf frais lespréconalbumines
lesplus
mobiles sontquantitativement
lesplus impor-
tantes
(cf. fig. 2 ).
DISCUSSION ’
Nous retrouvons avec la
technique
A des résultatscomparables
à ceux obtenuspar F!!rrEY et
al., (i 9 6 3 ).
A savoir :plus
un albumen est conservélongtemps
moinsla
séparation
des fractions de la conalbumine est bien dessinée. Par contre la tech-nique
B nous fournit desrenseignements supplémentaires
nouveaux. Cettetechnique permet
desaisir,
enplus
de la dénaturation de laconalbumine,
des modifications despréconalbumines.
Lesélectrophorégrammes
d’albumen conservés sont différents mais tout aussi nets que ceux des albumens d’oeufsfrais ;
des modifications de cette nature n’ontjamais,
à notreconnaissance,
étésignalées.
La conalbumine est identifiée sans difficulté
grâce
àl’emploi
des variantsgéné- tiques.
La nature despréconalbumines
est inconnue. Le fait que le vieillissement de l’oeuf induise une modification del’importance quantitative
desquatre
fractionsélectrophorétiques
en cause, sans affecter leurmobilité,
fait penserqu’il
existe entreelles une
parenté biochimique. Puisque l’importance
relative desquatre préconal-
bumines
présente
une variationcontinue, (résultat
àparaître)
son observationpeut
être un indice de l’état de fraîcheur de l’oeuf.L’examen
de la coloration des fractions lesplus
mobiles de la conalbumine est un indicecomplémentaire
du vieillissement de l’albumen.Rappelons
en effet que l’intensité de cette colorationaugmente
avec letemps
pour des oeufs conservés dans les conditions habituelles.Il reste à vérifier à
partir
d’échantillonsplus importants
et sur des oeufs appar- tenant à despoules
degénotypes
différents si latechnique
que nous proposons con-serve toute sa valeur. Cette étude fera
l’objet
d’une communicationprochaine.
CONCLUSIONS
L’albumen
des oeufs conservés encoquille
évolue endépit
desprécautions
usuelles de
conservation, température basse, hygrométrie
suffisante.L’électropho-
rèse en
gel
d’amidon est unetechnique qui peut
déceler certainsaspects
de cette évo- lution.La
technique
deK RI ST J ANSSON ( 19 63) après
delégères
modifications donne de bons résultats. Ellepermet,
enparticulier,
de contrôler l’efficacité des méthodes de conservation. Nous montrons ainsi que la conservation de l’oeuf encoquille pendant
trois semaines dans une
atmosphère
enrichie en gazcarbonique,
4 p. 100 deC0 2 ,
semble
garder
auxprotéines
de l’albumen la structure de celles de l’oeuf frais.Reçu pour
publication
en mars 1967.SUMMARY
ALTERATIONS IN THE ELECTROPHORETIC CHARACTERISTICS OF ALBUMEN PROTEINS INDUCED BY THE STORAGE OF EGGS
The deterioration of stored shell egg
proteins
was studiedby
means of twostarch-gel
electro-phoretic
methods : one(A technique)
is a modified LusH’s method(ig6i) ;
the other(B technique)
is a modified KRISTJANSSON’s method
( 19 6 3 ).
Figure
i shows thecomparative A-electrophoresis
of 3 eggs from the same hen : one was fresh(F),
one was stored for 21
days
at 100C(T),
one was stored for 22days
at io°C under a q per cent C02atmosphere (CO 2 ). Figure
2corresponds
to theB-electrophoresis
under the sameexperimental
pattern.
Both
diagrams
show out the alterations ofproteins
inducedby
egg storage.Moreover,
B-electro-phoresis
entitles topoint
out a part from the deterioration of conalbumin, alterations inpre-conal-
bumins.
It can also be inferred that the storage in
C0 2 atmosphere
slows down the alterative processes of albumenproteins.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
B
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