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ETUDES SUR LES AILES DES HYMÉNOPTÈRES.
VI. - HYPOTHÈSES RELATIVES AUX INTERACTIONS PRÉSUMÉES ENTRE
L’ÉVOLUTION DE L’AILE, LA MORPHOLOGIE GÉNÉRALE ET LA BIOLOGIE DES ESPÈCES
Jean Louis
To cite this version:
Jean Louis. ETUDES SUR LES AILES DES HYMÉNOPTÈRES. VI. - HYPOTHÈSES RELATIVES AUX INTERACTIONS PRÉSUMÉES ENTRE L’ÉVOLUTION DE L’AILE, LA MORPHOLOGIE GÉNÉRALE ET LA BIOLOGIE DES ESPÈCES. Apidologie, Springer Verlag, 1972, 3 (1), pp.35-54.
�hal-00890319�
ETUDES SUR LES AILES DES HYMÉNOPTÈRES
VI. - HYPOTHÈSES RELATIVES AUX INTERACTIONS PRÉSUMÉES
ENTRE L’ÉVOLUTION DE
L’AILE,
LA MORPHOLOGIE GÉNÉRALEET LA BIOLOGIE DES ESPÈCES
Studien über den Hymenopterenflügel
VI.
-Hypothesen
zuden angenommenen T!echselbeziehungen
zwischen Flügelentwicklung, allgemeiner Morphologie
und der Biologie der Arten
Jean LOUIS
Laboratoire de
Genetique
evolutive et de Biomgirie,Centre national de la Recherche scientifique Groupe des Laboratoires de Gif-sur-Yvette (91)
(France)
SUMMARY
STUDIES ON THE WINGS OF HYMENOPTERA
VI. - HYPOTHESIS CONNECTED WITH PRESUMED INTERACTIONS BETWEEN WING MORPHOLOGY, GENERAL MORPHOLOGY AND
BIOLOGY OF SPECIES
It is possible to regard the insect as an entity that operates with a built-in mechanical
harmony
so balanced as to respond more or lessperfectly
to the internal and external evolu-tionary restraints that control the original morphological integration of each species. We
are already familiar with the extent to which the restrictions involved in the faculty of
flight
have modified the body of the bird, and in this work an attempt has been made
through
observation, comparison and reasoning to demonstrate the effect exercised by the functionof
flight
notonly
upon thewings
but also upon thegeneral development
of the insectbody,
and
particulary
of the melliferous types, in relation to thespecific biology
of each of the entities considered.The hypotheses offered in this work place it in a
fundamentally
different category from earlier studies. Up to now, the facts adduced have been based upon demonstrations conducted with the utmost rigour.Although
the present ideas are of a much morespeculative
nature, sometimes, indeed,entirely speculative,
we have considered it useful to express those that have arisen out of the very nature of the observations that had already been made. We shall make an attempt, therefore, to keep within the limits of one logic while trying to liberate the evidence as far aspossible
from the relative nature of the compensatoryphenomena
behindthe
paradoxes
of whichreality
isnearly always
hidden. The views that follow the openingparagraphs
should, therefore be receivedonly
ashypotheses
that are very difficult to verifyand
especially
in the Insecta where size is always on a very reduced scale.RÉSUMÉ
Un Insecte, en soi, peut être considéré comme un ensemble doté d’une harmonie méca-
nique performante,
équilibrée
ou suffisante pour répondre, de façon plus ou moinsparfaite,
aux contraintes évolutives internes ou externes qui orientent l’intégration
morphologique
originale dechaque
espèce. Nous savons combien les contraintes de la fonction de vol ontempreint le corps des oiseaux. Nous avons tenté ici, par l’observation, la comparaison et le raisonnement, de mettre en évidence l’empreinte de la fonction de vol non plus seulement sur l’aile, mais sur l’évolution du corps de l’Insecte en général et, particulièrement, sur celui des
Mellifères en rapport avec la Biologie particulière de chacune des entités prises en considération.
INTRODUCTION
Les
hypothèses
émises dans ce travail font que celui-ci se situe sur unterrain fondamentalement différent des
précédents. Jusqu’ici,
les faits avancésont fait
l’objet
de démonstrations aussirigoureuses
quepossible.
Les idéesqui
seront émises ici seplacent
sur un terrainbeaucoup plus spéculatif
etmême, parfois,
exclusivementspéculatif; toutefois,
il nous a paru utile d’ex-primer
lesquelques
idéessuggérées
par la nature même des observations effec- tuées antérieurement. Nous allons donc tenter de rester dans les limites de la seulelogique,
tout enessayant
d’affranchir lesfaits,
leplus possible,
de larelativité des
phénomènes
decompensation qui
cache presquetoujours,
pard’apparentes contradictions,
l’exacte réalité des choses. Il y a donc lieu dene considérer les idées
qui
suivront lespremiers paragraphes
que comme deshypothèses,
pour laplupart
encore très difficilementvérifiables,
surtout chezles Insectes où les dimensions sont
toujours
très réduites.A. - LA NOTION DE
MÉCANIQUE
ANATOMIQUE D’E. !MINCHEN(1950)
Il ne saurait être
question
de considérer les faits antérieurement établiscomme entachés de finalisme ou
apparentés
auxconceptions
lamarckiennes.En ce
qui
concerne les modalités des processus évolutifssoupçonnés
d’être àl’origine
de la coordination desphénomènes morphologiques observés,
il y alieu de s’en tenir à la théorie de
synthèse
de SIMPSON(1951)
surl’Évolution
en
général,
et de considérer que l’Abeille arépondu
avec uneprécision, peut
être assezexceptionnelle,
à lapression
sélective de facteurs dontl’origine
estmécanique.
Chez lesOiseaux,
où certaines observations sontpeut-être plus
faciles à effectuer que chez les
Insectes,
« l’on saitdepuis longtemps déjà
parquels
détailsprécis
d’uneorganisation technique remarquable
l’animal esttrès bien
adapté
à sa fonction »(E. !’ MINCHEN, 1950).
La preuve des relationsentre les structures
anatomiques
et lamécanique
du vol n’est doncplus
à faire.A ce
sujet,
E. ŒMINCHEN considère notamment que : « enrègle générale
lesmodifications des ceintures et des membres que l’on observe chez les divers
oiseaux, permettent
très souvent, sans nullement lesconnaître,
apriori,
dedéceler leurs habitudes locomotrices.
Inversement,
la connaissance de ceshabitudes
permet
deprévoir
oud’expliquer
ungrand
nombre de caractères destructure et ceci constitue une des branches de cette nouvelle
discipline
quenous avons nommée la
mécanique anatomique
».C’est dans le même
esprit,
que l’étude des relations entre lamorphologie
alaire et la
biologie
desespèces
a été abordée ici. E. !MiNCaEN considèreéga-
lement que la structure de l’oiseau est
régie
par un déterminisme incontestable selonlequel
la fonctionimpartie
est avant tout leplanement (entendre
l’éco-nomie
d’énergie musculaire).
Lesespèces s’approchent
de ce but à desdegrés divers,
c’est ainsiqu’aux points
extrêmes lesplaneurs s’opposent
aux rameurs.Chez les
Insectes,
ilparaît logique
de considérer que l’évolution del’aile,
en liaison avec les
performances
nécessaires àchaque espèce,
reste très étroi-tement liée à l’évolution de la
puissance
de la musculature. La faibleportance
relative des formes à musculature peu évoluéepeut
ainsi êtrecompensée
parun
plus
fortdéveloppement
de lavoilure,
et inversement. Les moeurs des Insectes sont suffisamment connues maintenant pour que l’onpuisse
tenterde les mettre en
parallèle
avec les structures alaires lesplus caractéristiques.
Il est
prudent, toutefois,
de ne s’en tenirqu’aux grandes lignes
de ces inter-actions et de ces relatives convergences. La
multiplicité
extrême du nombredes
espèces,
le nombre de solutionséquivalentes adoptées
par chacuned’elles,
font que l’on nepeut
comparer que cequi
estcomparable,
c’est-à-dire les formes lesplus
étroitementapparentées.
B
. - LA
MÉCANIQUE
ALAIRE CHEZ LES INSECTESOn sait que
l’apparition
de la force deportance,
engénéral,
est soumise àl’apparition préalable
d’un étatd’équilibre
entre lepoids,
la traction et la traînée etqu’elle
est le résultat de ces trois forces. Laportance
ne devient effective quelorsque
ladépression d’extrados,
surl’aile,
devient suffisante pouréquilibrer
lepoids,
elledépend
donc : du mode et de la vitesse d’écou- lement de l’air surl’aile,
de la massespécifique
decelui-ci,
de la formegéomé- trique
del’aile,
de sonprofil,
de sasurface,
del’angle
d’inclinaison de la corde duprofil
avec latrajectoire (incidence),
enfin d’un ensemble deparamètres symbolisés
par un coefficient sansdimensions,
déterminéexpérimentalement
pour
chaque
cas.L’aile des
Hyménoptères
et celle de l’Abeille enparticulier
semble êtredu
type
creux àprofil ultramince,
cequi
luiconfère,
apriori,
desqualités
delégèreté,
degrande portance
et degrande
vitesse. La vitesse d’écoulement des microcourants d’air sur l’aile semble être une fonction directe du nombre de battements. MAGNAN a établi que la réservepuissance
était très variableselon les
espèces.
Cette variabilité semblepouvoir
êtreimputée
à une évolutionséparée,
relativement libre entre la surface alaire et lapuissance musculaire ;
les combinaisons de ces deux
types
d’évolutionpouvant
varier à l’infini entrele
développement
maximal et minimal de ces deuxéléments, convergeants
ou
divergeants.
Les Insectesprimitifs
sontgénéralement
dotés d’une muscu- lature encore peupuissante compensée
par unegrande
surface de sustentation.A
l’opposé,
chez lesDiptères
et lesHyménoptères,
lesystème
moteur,beaucoup plus
évolué entraîne corrélativement une surface alaire réduite. Les donnéesempruntées
à MAGNANpermettent
de comparer la surface relative de l’ailerapportée
à la surface du corps. Ces données sontparticulièrement
révélatrices de la corrélation inverse existant entre la surface relative et le nombre de batte-ments alaires par seconde.
En
fait,
pour une surface alairefixée,
laportance
devient une fonction linéaire du carré de la vitesse. MAGNAN remarque que si l’on étend lacomparai-
son aux
oiseaux,
lespapillons
dejour
ont une surface relative deux foisplus
considérable que les oiseaux les mieux ailés
(25,9),
et que lesDiptères
et lesHyménoptères
ontproportionnellement
deux fois moins de surface alaire que lesplus
mauvais rameursparmi
les oiseaux. Cette remarque amène une con-ception
nouvelle de l’aile mobile etajoute
à la notion d’ailebattante,
celled’ « aile vibrante n, le seuil définissant les deux
catégories
semble se situer auxenvirons de 70 à 80 battements par seconde. Nous considérerons surtout les modifications
morphologiques
relatives aux insectes dotés d’une « aile vibrante ».Indépendamment
des erreurs dues aux difficultés rencontrées dans la réalisation desexpériences,
MAGNAN a mis en évidence lephénomène
de sur-On serait en droit de s’attendre à ce que les
Bourdons,
du fait dutransport
decharges occasionnelles, présentent
unesurpuissance
assezimportante.
Làencore intervient la relativité des besoins. Il faut bien reconnaître que les réserves accumulées au nid par les Bourdons sont faibles et que le
poids
descharges
est peu élevé parrapport
à la musculature et à la taille del’Insecte ;
par ailleurs les Bourdons ne
transportent jamais
les matériaux nécessaires à la construction du nid. Ledéveloppement
considérable de la taille des grosApidés contribue,
si l’on enjuge
par la valeur élevée de lacharge
alaire(Xylo-
copa,
3, 5),
à saturer engrande partie
lasurpuissance possible
et à laisser peu de marge pour letransport
descharges
occasionnelles. Chez lesMacroglosses,
il est
probable
que ce sont d’autresimpératifs qui
nécessitent unegrande
réserve de
puissance, parmi lesquels,
onpeut présumer
dudéveloppement
desorganes de
reproduction
ou de la nécessité dedisposer
de fortes accélérations pour fuir d’habilesprédateurs,
contrelesquels,
ils sontprobablement
moinsbien armés que ne le sont les Bourdons du fait de leur
aiguillon.
On remarquera,enfin,
que l’Abeilleprésente
unefréquence
de battementsplus
de trois foissupérieure
à celle des Bourdons et une taille bienmoindre,
cequi
laissepréjuger
d’une
surpuissance importante.
Pour une
charge
alaire et un nombre de battementssemblables,
l’efficacité de lapoussée
est très variable selon lesespères.
Eneffet,
le débit d’air en cm3 par seconde à l’arrière du corps est de 350 chez Bombus et moins de la moitié(entre
100 et150)
chez Muscadomestica,
alors que l’on obtient en cequi
con-cerne la
charge
alaire et le nombre de battements les valeurs de 3 à 90 pour l’un et 3.6 et 96 pour l’autre. L’efficacité de lapoussée
est doncprobablement
un nombre relatif
plus
ou moins lié à la taille.C. - LES GRANDS TYPES D’ÉVOLUTION ALAIRE CHEZ LES INSECTES PTERYGOTES
Si l’on
symbolise
ledéveloppement
relatif entre l’aile antérieure et l’ailepostérieure
chez les Insectes par des lettresmajuscules
et minuscules pourCertains
Lépidoptères convergent
vers le 5e groupe, tels lesSphingides,
les
Zygaena
et surtoutPseudosphex rubripalpus (Hmps.),
Amatidenéotropical, mimétique
desPompilides,
d’autresLépidoptères mimétiques s’apparentent
au 2e groupe avec une aile antérieure moins
développée : Aegeria, apiformis (Cl.),
Parathrenetabaniformis (Roh.).
D. - ESSAI DE MISE EN ÉVIDENCE DES INTERACTIONS PROBABLES ENTRE LA MORPHOLOGIE ALAIRE ET LA MORPHOLOGIE GÉNÉRALE DES INSECTES
I. Il est
remarquable
de constater, notamment chez lesColéoptères,
que laprésence
d’une ailepostérieure
trèsdéveloppée
semblepermettre
un accroissement de lacharge post-thoracique.
Chez laplupart
deceux-ci,
on remarque en effetdes
téguments lourds,
fortement sclérotisés et undéveloppement important
de l’abdomen. Il en est de même chez les
Blattes,
un contre courant évolutifse manifeste chez les
Staphylins
et les Phasmides. Chez lesForficulides,
onremarque l’existence de
pinces lourdes,
fortement décentrées à l’extrémité de l’abdomen. De même chez certainsPhasgonurides apparaît
unelongue,
tarière. Certes les
qualités
de volateurs de toutes cesespèces
sont trèsvariables,
mais il y a lieu de noter que chez les
Diptères
de telles structures sont inexis-tantes et que l’abdomen n’atteint
jamais
undéveloppement
relatifcomparable
aux cas
précédents.
II. Inversement
l’acquisition
dequalités performantes
en vol àpartir
d’unemécanique
alaire médiocrepeut imposer
une diminution dupoids
et de la traînée.L’Anax
parthenope peut
être considéré comme unprédateur
detype primitif
très
rapide (8m !sec).
Le vol trèsperformant
de cetteespèce
semblepouvoir
être obtenu
malgré
un nombre de battements alairesfaible,
une aile lourde degrande
taille finement réticulée et undéveloppement
médiocre de la muscu-lature,
parplusieurs
processus decompensation
etparticulièrement :
1° un
allègement
destéguments
de l’abdomen et une réduction considé- rable du volume decelui-ci ;
2° l’existence de deux
systèmes
de volindépendants,
dedéveloppement égal,
l’unantérieur,
l’autrepostérieur,
noncoaptés, désynchronisés
etcomplé-
mentaires.
On
peut
attribuer à ces deux modifications essentiellesl’apparition
desqualités
nécessaires à la chasse deproies qui
constituent lerégime
normal decette
espèce.
III. La structure
générale
du corps del’Insecte, séparé
en troisparties distinctes, tête, thorax, abdomen,
sembleparticulièrement favorable
aux insectesvolateurs. Chez les
Oiseaux,
le nombre de battements alaires par unité detemps
reste relativement peu élevé. A
l’opposé,
WEissF OGH , puis
PRINGLEontsignalé
une
fréquence probable
de 1 000 battements par seconde chezForcipomyia (Diptère Ceratopogonidae).
On remarque d’une
façon générale qu’aucun
organe vital ne se situe dans la cavitéthoracique qui
esttoujours
presqueuniquement occupée
par la musculature des éléments de relation.Certes,
il estprobable
que l’évolution de la musculature alaire tende à occuper la presque totalité de la cavitéthoracique,
laissant ainsi peu de
place
pour les autres organes. Toutefois cecin’explique
pas l’isolement relatif du thorax. Les deux
pédoncules
situés entre la tête etle thorax d’une
part,
et entre le thorax et l’abdomen d’autrepart,
sont assezparticuliers
aux Insectes. Ils n’existentgénéralement
pas chez lesArthropodes
marins ou terrestres à
l’exception peut-être
desAraignées.
Or à cesujet,
onpeut
considérerqu’il
estprobable
que lafréquence
élevée des vibrations alaires chez l’Insecte soit assez peucompatible
avec le délicat fonctionnement des tissus et des organes destinés à assurer lareproduction
et le métabolismegénéral.
Ces deuxpédoncules
constitueraient donc des zones d’amortissement propres à éviter lapropagation
des vibrations du thorax et des ailes au restedu corps.
IV. On
peut
considérer que la réduction de la taillepeut
constituerégalement
un
phénomène
decompensation
nonnégligeable
dans le cas où l’évolution dusystème
alaire reste endeçà
des besoinsécologiques
desespèces.
On sait en effet que la viscosité relative du milieu ambiant est sensiblement inversement
proportionnelle
à la taille du volateur. Iln’y
a doncguère
decomparaison possible
entre la viscosité relative de l’air pour un Goliath de 10 centimètres et unMymaride
de0,6
mm. Il estparfaitement
connu que lesplus petits
insectes se meuvent dans un milieu relativement sivisqueux
que leurs ailes sont transformées en ramesplumeuses, convergeant plus
ou moinsen cela avec les
pattes
natatoires des formesaquatiques.
Il y a certainement dans cettepropriété physique
un effet decompensation possible
nonnégligeable.
En
effet,
si l’on considère uneespèce
dont les facultés de vol se situent à la limite de sespossibilités d’évolution,
ou bien que cette évolution soittrop
lente pourrépondre
à desimpératifs biologiques pressants (fuite, transport, etc.)
on
conçoit qu’une
sélectionrapide
favorise alors les individusprésentant
unetaille de
plus
enplus
faiblejusqu’à
ce que l’obtention de la tailleoptimale
aitrétabli
l’équilibre
entre lesperformances
en vol et lesimpératifs biologiques
propres à cette
espèce.
’
E. - ESSAI DE MISE EN ÉVIDENCE DE CERTAINES PROPRIÉTÉS PARTICULIÈRES AUX ESPÈCES TÉTRAPTÈRES
PAR RAPPORT AUX FORMES DIPTÈRES
On remarque a
priori
une différence fondamentale entre lesDiptères qui présentent toujours
des mceursvagabondes
et lesHyménoptères qui peuvent être,
surtout lesplus évolués,
nidificants et parconséquent transporteurs.
Si l’on seplace
dans le cas d’unsystème mernbraneux,
animé d’uneforte fréquence
de vibrations
(ce qui exclut,
pour le moment, notamment lesLépidoptères),
la
présence
d’une ailepostérieure
semble conférer auxHyménoptères
troispossibilités
essentielles :1
0 une réserve de
puissance
versl’arrière,
2
0 une réserve de surface
portante,
30 une
possibilité
derecentrage.
Ces trois
possibilités
semblent confirmées par certains oiseaux et, notam- ment, par lesgrands
oiseaux deproie qui présentent généralement
une aileplus large
et une surfaceportante postérieure
nonnégligeable apportée
par l’ouverture de l’éventail desplumes
caudales.En
fait,
chez lesDiptères,
la variation du centre degravité
de l’Insecteen vol
peut
êtreprésumée
nulle alors que, chez lesHyménoptères,
le centrede
gravité paraît susceptible
de sedéplacer
linéairement d’avant enarrière,
selon lerégime
devol,
et surtout laposition
descharges,
notamment, selon laprésence
ou l’absence depollen
auxpattes postérieures.
Ce n’estguère
que chezquelques
familles deDiptères
où lesimagos
sontZoophages
que l’onpeut
trouver certains cas de
transport
deproies.
Parmi les familles lesplus
caracté-ristiques
onpeut
noter lesAsilides,
lesEmpidides,
lesDolichopodides
etquel-
ques autres cas
çà
et là(S ECUY , 1950).
Ils’agit
pour laplupart
de chasseursperformants
effectuant desrapts plus
ou moins consommés surplace.
Si l’onconsidère que la chasse est un
phénomène d’apparition plus
récente que larégression
des ailespostérieures
enbalanciers,
cecipermet
de penser que si contrairement à la loi de DOLLO les balanciers de certainesespèces prédatrices
avaient la
possibilité
d’évoluer à nouveau enailes,
laplupart
desDiptères zoophages
s’en accommoderaient fort bien. Deux observations semblent venir confirmer cetteconception.
1
0 Chez les
Célyphides (Dipt.) Paracelyphus
harmandiLucas,
le scutellum très dilaté recouvre les ailes au repos etl’abdomen;
or, corrélativement l’aluleest
également
trèsdéveloppée.
Lesreprésentants
de cette famille semblentconfirmer que
lorsqu’un
fortgradient
de croissance provoque un accroissement depoids
de la massepost-thoracique,
la recherche d’uncomplément
deportance
dans cetterégion
semble s’effectuer par les moyens encoredisponibles.
Lemême
phénomène
est observable chez les Oncodides Pterodontia waxelüKlug.
2° Certaines
espèces
semblent même recourir à des artificesextraorga- niques
de sustentation. Ainsi chez Hilara maura Fabr.(Dipt. Empididae)
laproie
minuscule offerte par le mâle à la femelle est enfermée dans un coconfort
léger (GRASSE
etS EGUY , 1951). L’Empis
acrobatica Mel.souflle, lui,
ungros ballon
écumeux,
formé depetites bulles,
autour de laproie
àtransporter.
Ces éléments
jouent
de toute évidence un rôlecompensateur
de sustentationstatique analogue
à celui des sacs aériens despollens anémophiles,
autour d’uneproie
souventminuscule, parfois
mêmesymbolique (Hilara
sartorBeck).
Il est donc
probable
que chez laplupart
desDiptères,
lestransports
s’effectuent à la limite des réserves depuissance
et de surface alaire pourchaque espèce.
Aux arguments que l’onpeut
opposer auxinterprétations qui précèdent,
on ne manquera pasd’ajouter qu’il
existe demultiples espèces d’Hyménoptères
et deLépidoptères
à vol vibréqui possèdent
évidemmentquatre
ailes etqui pourtant
netransportent jamais
rien. On voudra bien remarquerqu’il
est évidentqu’un
animalcapable
d’effectuer une tâcheparti-
culière n’est pas affecté outre mesure s’il n’a pas la faculté de l’exercer et que, par
conséquent,
il semblebeaucoup plus
facile pour untétraptère
de nejamais
rien
transporter,
que detransporter quoique
ce soit pour unDiptère qui
resteratoujours privé
de certainsavantages mécaniques apparemment
inhérents à l’ailepostérieure.
F. - LA RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX ALAIRES
L’on est
obligé
de constater que la réduction des ailespostérieures
enrapport
avec un accroissement depuissance
est unphénomène
très relatifchez les
Lépidoptères qui présenteraient, probablement,
si l’on considéraitensemble toutes les
espèces
de cetordre,
lapossibilité
d’un classement continu allant dugigantisme
alaire àl’aptérisme
total. Il estsurprenant :
1
0
qu’aucun Lépidoptère
n’ait évolué vers la formeDiptère
totale bienqu’ayant toujours
des moeursvagabondes,
la nidification ou la vie en commu-nauté, lorsqu’elle existe,
étanttoujours
le fait dechenilles;
2
0
qu’aucun Lépidoptère
ne soitprédateur
ou nidificant bienqu’ils possèdent
tous une ailepostérieure, donc,
apriori,
lapossibilité
de le devenir.Il semble que du
point
de vue desphénomènes
decompensation,
lestégu-
ments des
Lépidoptères
soientbeaucoup plus légers
que ceux desColéoptères, Diptères
etHyménoptères,
et que leurs ailes soientbeaucoup plus fragiles
et moins
souples
que les ailes membraneuses. Enfait, les Lépidoptères
auraientopté
pour unegrande légèreté.
Cette facultéparaît présenter
à la fois desavantages
et des inconvénients. Parmi lesavantages,
onpeut
mentionner le fait que certainesespèces
aient pu atteindre un vol aupoint
fixeparfait
avecun
rythme
de battements alaires relativement bas(Sphingides,
85 battementspar
seconde).
Parmi lesinconvénients,
onpeut
considérer que lalégèreté
destéguments
semble affecter la résistance de leurs tissus engénéral,
et de l’aileen
particulier,
et réduire lesimagos
àl’accomplissement
d’activitébiologique
évitant au maximum les
risques
de contact et de détérioration.A taille
égale
avecl’Abeille,
onpeut présumer
quel’application
de 190 bat-tements par seconde entraînerait la
pulvérisation
des écailles en un nuage depoussière
dès lespremières
vibrations et, à court terme, larupture des longerons
de
l’aile, plus
cassants et moins fortement sclérotisés que les nervures des insectes à aile membraneuse. Il est doncpossible
de voir dans leur vulnérabilité la causeprincipale
de leurinaptitude
àacquérir
des moeurs brutales comme lachasse en vol ou au
sol,
et letransport.
Il
paraît possible
d’attribuerégalement
à la résistance des matériaux le faitqu’aucun Lépidoptère
ne soitdiptère,
l’aile antérieurepouvant
atteindreou
dépasser
difficilement le seuil de l’aile vibrante ne serait pas suffisante pour assurer, à elleseule,
la surface de sustentation et lasurpuissance
nécessaires.On
peut cependant
noter des convergences très nettes; ainsi chez Hiloicusligustri L,
il est évidentqu’une
forte musculature alaireayant
atteint presque le seuil de 85 battements par seconde a entraîné une diminutionimportante
de la surface de l’aile
postérieure.
Parailleurs,
lapersistance
de celle-ci semble avoirpermis
undéveloppement plus
fort de l’abdomen.Si l’aile des
Lépidoptères présente
des caractères communs à toutes lesespèces
de cetordre,
onpeut
voir dansl’homogénéité
de sesparticularités tégumentaires
les raisons de sesoppositions
avec l’aile membraneuse desDiptères
et desHyménoptères.
Il estcependant possible
de constater certainesconvergences
qui confirmeraient,
dans une certaine mesure, lesconceptions
relatives aux interactions
probables
entrel’aile,
le corps des insectes et leurbiologie
engénéral.
G. - ESSAI D’APPLICATION DES PRINCIPES DE
MÉCANIQUE
ANATOMIQUEA LA JUSTIFICATION DES STRUCTURES ALAIRES OBSERVABLES CHEZ LES
HYMÉNOPTÈRES
I. - I,a
morphologie
de l’abdomen chez lesHyménoptères
Les
hypothèses
faites sur lesColéoptères
et relatives audéveloppement
del’abdomen,
en relation avec ledéveloppement
dusystème
alairepostérieur,
restent
applicables
chez lesHyménoptères
où l’onpeut
noter, en outre, demultiples
effetscompensateurs
del’augmentation
de la massepost-thoracique.
Si l’on tient
compte
desaptitudes
dechaque espèce
àdévelopper
ou à rétracter certainesparties
du corps en fonctiond’impératifs biologiques
internes d’allo- métrie decroissance,
et, àl’origine, étrangers
auvol,
lamultiplicité
des formesfonctionnelles
permet
de penser que celles-ci ne sontguère
différentesqu’en
apparence et que le
principe
desphénomènes
decompensation
doit être trèsgénéralisé.
La
morphologie
de l’abdomen chez lesHyménoptères peut
êtrerépartie
en
quatre grandes catégories.
1° Abdomen lourd et très
développé (Fig. la).
C’estgénéralement
lepropre des
Hyménoptères primitifs Tenthrédoîdes,
dequelques
Chalcidiens(Leucopsis gigas L.),
de certainsProtcotrupides (Hadronotus monspeliensis Picard)
etquelques
grosApides (Xylocopa, Bombus).
2° Abdomen rétracté avec
aiguillon
ou tarière traînante(Fig.
lb etc).
DesXyleides
aux Ichneumonides onpeut
observer tous les stades de rétraction relative à l’abdomen. Il estremarquable cependant
de constaterque
plus
la tarière estlongue, plus
l’abdomen est réduit.3° Abdomen peu
développé,
situé à l’extrémité d’unpédoncule plus
oumoins
long (Fig.
1d,
2 a,d, e);
c’estgénéralement
le cas desAmmophiles.
Mais on retrouve cette
particularité
chezquelques
Chalcidiens(Stibula cynipi- formis
Rossi et Eucharia adscendensF.)
et de nombreux autres cas intermé-diaires.
4° Abdomen moyen,
aiguillon rétractile,
faculté detransport.
Cettestructure est assez
particulière
auxVespides
et auxApides
engénéral.
Or,
cesquatre catégories
extrêmes sont dupoint
de vuemécanique
sen-siblement
équivalentes
si l’on ne considère que lacharge post-thoracique.
En effet :
1° le gros abdomen des Tenthrèdes semble
incompatible
avec lalongue
tarière des
Ichneumons;
2° le
report
d’unpetit
abdomen à l’extrémité d’unlong
bras delevier,
notamment chez les
Ammophiles,
estéquivalent
aux deux casprécédents;
3
0 la diminution et la rétraction des
pièces
del’aiguillon
chez les trans-porteurs
est incontestablementfavorable,
de même que la réduction relative de l’abdomen àl’apparition
de la réserve depuissance
nécessaire à ceux-ci.On
peut
même y voir unphénomène
derecentrage
de l’abdomenqui peut
être mis en évidence chez d’autresespèces
par l’observation de laposition
del’abdomen en vol chez
Ammophila campestris Jur. (Fig. 2d)
et chez Gester-ruption
rubricans Guerin(Fig. 2e),
il est évident que le relèvement de l’ab- domen et de ses structures annexes diminue lalongueur
du bras de levier etque l’abdomen
pèse davantage
dans larégion
du centre degravité
du volateurdiminuant ainsi la
charge
traînante. Il en estprobablement
de même pourl’aiguillon
rétractile desVespides
et desApides.
Cetteconception
nous amèneévidemment à considérer bon nombre
d’exceptions :
1 0
Dans le cas de
Monoplopus
idolon Konow.(Fig. 2f)
l’abdomen pour- rait êtreplus développé
sans inconvénientmécanique,
ils’agit
là d’un contrecourant évolutif
opposé
au courantgénéral
observable chez les Tenthrèdes.2° Dans le cas de Bombus
(Fig. 2c)
et deXylocopa
le fortdéveloppement
de l’abdomen est
superposé
à la faculté detransport,
cequi mécaniquement
est une anomalie.
Cependant
il a étéremarqué :
a)
que les Bourdons récoltent peu parrapport
àl’Abeille,
b)
que la masse descharges
est faible parrapport
à leurtaille, c)
que lacharge
alaire est élevée.Il est
probable
que les Bourdons constituent un cas extrême etparticulier
se situant à la limite des
possibilités
detransport. Enfin,
onpeut
voir chezles Bourdons et les
Melipones
une preuve des difficultés detransport
dans l’existence de genresparasites (Psithyrus
etLestremelitta).
Il est infinimentpeu
probable
que soit décelée unjour
une nouvelleespèce d’Hyménoptères, jusqu’alors inconnue, possédant
à la fois un abdomen trèsdéveloppé,
unelongue
tarière et d’excellentes facultés detransport
en vol. Outrel’incompa-
tibilité
biologique
de certaines de cesfonctions,
cequi supposerait
un grosprédateur
dutype Ichneumonide,
social et récoltant massivement toutel’année,
onpeut présumer qu’aucun système
alaire ne seraitcapable
de sup-porter
de tellessurcharges.
La diminution de la taille chez les Mellifères
joue également
un rôle certain.Les castes récoltantes sont
toujours
de tailleplus
réduite que les castes fonda- trices et le nombre deparasites
minuscules est très élevé. Chez lesHymé- noptères (Fig. 2b), Mymar regalis
Enochprésente,
comme certainsrepré-
sentants de la
plupart
des autres ordresd’Insectes,
des ailesplumeuses
enrapport
avec une taillequi
n’est que de0,6
mm.Notons, enfin,
que chez lesIchneumonides,
laprospection
en vol sembleavoir
prévalu
sur letransport, puisque
laplupart
sontobligés
de traîner leursproies
au soljusqu’au
nid. Lamultiplicité
des facteursbiologiques,
desapti-
tudes
génétiques d’évolution,
des facteursmécaniques, l’apparition
dephé-
nomènes de
compensation toujours efficaces,
l’existence demultiples
formesimparfaites
maissuffisantes,
de formesplus
ou moinssurpuissantes
dont l’uti- lité nouséchappe
et surtout de formeséquivalentes
bienqu’apparemment
différentes contribuent à rendre
l’approche
duproblème
difficile. Surtout en l’absence de touteexpérimentation,
il semblequ’il
ne soit paspossible
pourun
entomologiste
d’allerbeaucoup plus
loin dansl’interprétation
des relationsprobables
entrel’aile,
le corps et labiologie
desespèces
sans encourir de gravesrisques
d’erreurs. Cesconceptions
semblent toutefoispermettre
une meilleurecompréhension
desaptitudes particulières
auxHyménoptères.
II. - Relations entre la
morphologie
alaire et labiologie
chez les
Hyménoptères
Les
principales
structures alaires chez lesHyménoptères ayant
été défi-nies dans les
précédents chapitres,
leurs moeurs étant par ailleurs bien connues, il devient doncpossible
deprévoir
les facteurssusceptibles
d’orienter certainsgrands
courants d’évolution de la nervation.1. L’aile de
Pamphilius.
Cette aile
comparée
à celle des Mellifères etparticulièrement
à celle del’Abeille
domestique,
seprésente
comme une aile dotée d’une nervationépaisse
et lourde. On
peut
doncpréjuger
que la musculature dePamphilius
incontes-tablement moins
développée
que celle del’Abeille,
doit vaincre enplus
de safonction et pour
simplement
mouvoir une telle armature alaire une inertieimportante.
Bien que lesPamphilius
aient des moeursvagabondes,
on remarquecependant
un renforcementimportant
dusystème
de crochets decoaptation.
Dans ce cas, le
développement
de lacoaptation
nepeut
êtrejustifié
par lestransports
en vol.Toutefois,
onconçoit
aisémentqu’un
organe assurant laliaison entre les deux éléments
mécaniques
soit d’autantplus développé
que lepoids
des éléments dont il doit assurer la coordination entraîne une inertieplus importante.
D’autrepart,
l’aile dePamphilius,
restéeprimitive,
a montréjusqu’ici
une tendance faible àl’évanescence,
ou même à lasimplification
de lanervation de sorte que le processus de
coaptation
a pu se réaliserpleinement
àpartir
de grosses nervures vannales restéeslongtemps disponibles.
Onpeut
donc concevoir que les formes actuelles soient peuperformantes
du fait desfaibles
possibilités
évolutivesapparentes
dusystème musculaire, incapable
d’entraîner une amélioration de la structure alaire.
Toutefois,
onpeut
remarquerque par la faiblesse relative des nervures
distales,
cetype
d’aile convergedéjà
avec celle des autres
espèces d’Hyménoptères plus
évoluées.2. L’aile de la reine
de fourmi
Atta.La
plupart
des sexués des formicoïdesprésentent
une nervation moins évoluée que les sexués du genre Atta. Celle-ci constitue l’un des cas extrêmes desimplification
de la nervation pour ce groupe. Lacaractéristique
essentielle de cette aile adéjà
été établie et réside dans larégression
totale dusystème
desnervules de sustentation transversale dans la membrane. Contrairement au cas
précédent,
la nervation montre une forte tendance à l’évanescencequi
serépercute
sur lesystème
decoaptation beaucoup plus
faible que chez lesMellifères,
bien que la surface alaire soit de toute évidenceplus importante
etque les ailes
dépassent largement
l’extrémité du corps.Or,
les besoins biolo-giques
de vol entre les deux groupes sont fondamentalementopposés.
Il estévident :
a) qu’aucun
Insecte connu ne vole ni netransporte
dansl’espace (3,5 km)
et dans le
temps (toute l’année )
1 avec une intensitécomparable
à cellequi
estobservable chez l’Abeille
domestique;
b)
que le rôle de l’aile chez laplupart
des formicoïdes est réduit stricte-ment à la
phase
depropagation
descouples précédant
de peu la fécondation.La
disparition
dusystème
transversal chez Atta semble doncplus
ou1. En France la période de vol va de février à novembre.