M2 – Parcours de Physique Quantique 29 novembre 2011
TD n
o6 : Ondes de spin dans un ferromagn´ etique – magnons
On ´ etudie un mod` ele (quantique) ph´ enom´ enologique de ferromagn´ etique. Soit S(~ ˆ ~ r) l’op´ erateur densit´ e de spins (l’aimantation locale) correspondant ` a des spins localis´ es ou aux spins des
´
electrons de conduction. Nous ´ ecrivons l’´ energie d’interaction entre spins sous la forme : H ˆ
0= 1
2
Zd~ r d~ r
0v(~ r − ~ r
0) S(~ ˆ ~ r) · S(~ ˆ ~ r
0) (1) o` u v(~ r − ~ r
0) est un potentiel d’interaction. Cette interaction est une interaction effective qui trouve son origine dans l’interaction de Coulomb entre ´ electrons et le principe de Pauli (m´ ecanisme d’´ echange dans le cas d’une interaction ferromagn´ etique ou de super´ echange dans le cas d’une interaction antiferromagn´ etique). L’objet du probl` eme est d’´ etudier la susceptibilit´ e magn´ etique dans la phase ferromagn´ etique.
Afin d’´ eviter des ambigu¨ıt´ es, ou simplement pour aider la discussion, les op´ erateurs sont parfois “chapeaut´ es”.
1/ Justifier que
[ ˆ S
i(~ r), S ˆ
j(~ r
0)] = i
ijkδ(~ r − ~ r
0) ˆ S
k(~ r) (on choisit
~= 1) (2) (avec sommation implicite sur les indices r´ ep´ et´ es) o` u
ijkest le tenseur de Levi-Civita
1. Suggestion : on peut consid´ erer la densit´ e de spin pour une particule : S(~ ˆ ~ r) = S δ(~ ˆ ~ r − ~ ˆ r) o` u ˆ ~ r est l’op´ erateur position et S ~ l’op´ erateur de spin.
2/ ´ Equation du mouvement.– Calculer la d´ eriv´ ee par rapport au temps de l’op´ erateur en repr´ esentation d’interaction
dtdS ˆ
i(~ r, t) = i[ ˆ H
0, S ˆ
i(~ r, t)]. Montrer que
d dt
ˆ ~
S(~ r, t) =
Zd~ r
0v(~ r − ~ r
0) S(~ ˆ ~ r
0, t) × S(~ ˆ ~ r, t) − i v(0) S(~ ˆ ~ r, t) (3) V´ erifier l’hermiticit´ e du r´ esultat.
Indications : On rappelle que ( A ~ × B) ~
i=
ijkA
jB
ket
ijkijl= 2δ
kl.
3/ Susceptibilit´ e magn´ etique ( La question Importante ).– Le syst` eme est soumis ` a un champ magn´ etique ext´ erieur B(~ ~ r, t), ce qui apporte la contribution ` a l’´ energie :
H ˆ
pert(t) = −
Zd~ r S(~ ˆ ~ r) · B(~ ~ r, t) (4) La susceptibilit´ e magn´ etique est d´ efinie selon
hS
i(~ r, t)i
B def= hS
i(~ r)i +
Zdt
0d~ r
0χ
ij(~ r − ~ r
0, t − t
0) B
j(~ r
0, t
0) + O(B
2) (5) o` u h· · ·i et h· · ·i
Bsont respectivement les moyennes quantiques/statistiques ` a l’´ equilibre et en pr´ esence de la perturbation. Exprimer la susceptibilit´ e comme une fonction de corr´ elation du syst` eme ` a l’´ equilibre.
1. ijk est le tenseur antisym´etrique par rapport `a l’´echange de couples d’indices : ijk = −jik, etc, avec 123= +1.
1
4/ Utiliser l’´ equation du mouvement pour calculer
dtdχ
ij(~ r − ~ r
0, t).
5/ On suppose que l’interaction est telle que le syst` eme est dans une phase ferromagn´ etique ` a suffisamment basse temp´ erature. On note M ~ l’aimantation moyenne M ~
def= h S(~ ˆ ~ r)i et on introduit l’op´ erateur m(~ ~ r) d´ ecrivant les fluctuations d’aimantation (|| m|| || ~ M||) : ~
ˆ ~
S(~ r) = M ~ + ˆ m(~ ~ r) (6)
En n´ egligeant les termes d’ordre || m|| ~
3dans l’´ equation obtenue au 4, montrer qu’on obtient une
´
equation diff´ erentielle pour la susceptibilit´ e.
6/ Susceptibilit´ e dans l’espace de Fourier.– On d´ efinit χ
eij(~ q, ω) =
Z
dtd~ r χ
ij(~ r, t) e
−i~q·~r+iωt(7) On suppose l’aimantation selon Oz : M ~ = ~ u
zM
0. On s’int´ eresse aux composantes χ
xx= χ
yyet χ
xy= −χ
yx(pour un syst` eme isotrope). Montrer que celles-ci ob´ eissent au syst` eme d’´ equations : i[ω − v(0)] χ
exx(~ q, ω) = M
0[˜ v(~ q) − v(0)] ˜ χ
exy(~ q, ω) (8) i[ω − v(0)] χ
exy(~ q, ω) = −M
0[˜ v(~ q) − v(0)] ˜ χ
exx(~ q, ω) + M
0(9) o` u ˜ v(~ q)
def=
Rd~ r v(~ r) e
−i~q·~rFigure
1 – R. N. Sinclair & B. N. Brockhouse, Phys. Rev. 120(5), 1638 (1960). Exp´ erience de diffusion de neutrons par un alliage de cobalt avec 8% de fer (fcc).
2
7/ Magnons.–
a/ R´ esoudre le syst` eme. Montrer que les susceptibilit´ es divergent sur une ligne ω = ω
~q. Donner l’expression de ω
~q(la relation de dispersion). Interpr´ eter physiquement cette divergence.
b/ La divergence de χ
eij(~ q, ω) se produit-elle vraiment pour ω ∈
R? ` A quel principe ce probl` eme est-il reli´ e ?
c/ ` A quelle(s) condition(s) le d´ eveloppement de la transform´ ee de Fourier du potentiel pour
~
q → 0 est-il de la forme : ˜ v(~ q) ' v(0) ˜ −
A2~ q
2. Relier A ` a une propri´ et´ e du potentiel. D´ eduire que la relation de dispersion des magnons est quadratique, ω
~q'
~q→0
cste +
2m~q2∗, et exprimer la masse effective m
∗en terme du potentiel et de l’aimantation.
d/ Ferromagn´ etique isotrope - th´ eor` eme de Goldstone.– A quoi correspondent les magnons de ` vecteur ~ q → 0 ? D´ eduire la valeur de v(0) dans un ferromagn´ etique isotrope.
Rq :
ce r´ esultat est li´ e au th´ eor` eme de Goldstone. Dans un ferromagn´ etique isotrope, alors que l’hamiltonien est invariant par rotation, sous la temp´ erature de Curie le syst` eme fixe son ai- mantation dans une certaine direction. L’´ etat fondamental (la phase ferro) poss` ede une sym´ etrie, SO(2), plus basse que celle de l’hamiltonien, SO(3). On parle de brisure spontan´ ee d’une sym´ etrie continue. Ce ph´ enom` ene s’accompagne de l’apparition de modes de Goldstone, des modes col- lectifs non massifs (sans gap)
2. L’origine de ce(s) mode(s) vient de la possibilit´ e de tourner l’aimantation globale du ferromagn´ etique sans coˆ ut ´ energ´ etique.
e/ Commenter la figure 1. L’exp´ erience pour un alliage de cobalt avec 8% de fer trouve
~ω
q' C +
12J Sa
2~ q
2o` u J S ' 14.7 meV et C ' 1.3 meV. En supposant un param` etre de maille a ∼ 1˚ A, donner la valeur de la masse effective en unit´ e de masse de l’´ electron.
8/ Loi de Bloch.– On admet que les fluctuations de l’aimantation δM (T ) sont proportionnelles au nombre de modes de magnons excit´ es thermiquement. Donner la densit´ e de modes ρ
M(ω) et d´ eduire le comportement de δM avec T et M (on ne s’int´ eresse pas aux pr´ efacteurs num´ eriques).
2. ne pas confondre la notion de modemassifavec la masse effectivem∗introduite ci-dessus. Dans la termino- logie standard, un mode massif correspond `a des excitations avec un gap fini. L’origine de cette terminologie vient de la structure de la fonction de Greenhr|−∆+m1 2|0iassoci´ee `a une relation de dispersionk2+m2. La quantit´e mjoue le rˆole de gap dans le spectre de l’op´erateur (ou de masse dans une th´eorie relativiste∂2tφ= (−∆ +m2)φ).