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soutenu par SEYFULLAH SAHIN CIP Promotion Jules Verne (2013-2014) LES ENJEUX GEOPOLITIQUES LIES A L’OLEODUC BAKOU-TBILISSI-CEYHAN (BTC) ET LES IMPLICATIONS DU BTC POUR LES PAYS CONCERNES

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Université Paris 1

Ecole nationale d’administration

Master « Relations internationales et Actions à l’Etranger » Parcours « Administration publique et Affaires Internationales »

LES ENJEUX GEOPOLITIQUES LIES A L’OLEODUC BAKOU-TBILISSI-CEYHAN (BTC) ET LES IMPLICATIONS

DU BTC POUR LES PAYS CONCERNES

soutenu par

SEYFULLAH SAHIN

CIP Promotion Jules Verne (2013-2014)

Sous la direction de JEAN-CRISTOPHE ROMER Professeur, SCIENCE PO STRASBOURG

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TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE ………

INTRODUCTION………...

I. PARTIE : LES PHASES DE LA CONSTRUCTION DE L’OLEODUC BAKOU- TBILISSI-CEYHAN ET LES ENJEUX ASSOCIES A CET OLEODUC POUR LES GRANDES PUISSANCES ………...

A. LE POTENSIEL HYDROCARBURES DE LA REGION………..

B. ANALYSE DES TRACÉS ALTERNATIFS………...

C. LES ETAPES OFFICIELLES VERS LE BTC ET L’APPROCHE DES GRANDES PUISSANCES ………

II. PARTIE : LES IMPLICATIONS DU BTC POUR LES PAYS TRANSITS AINSI QUE LES AUTRES ACTEURS ……….………...

A. L’IMPLICATION DU BTC POUR LA TURQUIE ………

B. L’IMPLICATION DU BTC POUR L’AZERBAÏDJAN ………

C. L’IMPLICATION DU BTC POUR LA GEORGIE ………

D. LES IMPLICATIONS POUR LA REGION ET L’UNION EUROPEENNE …….

CONCLUSION ………

BIBLIOGRAHIE………...

ANNEXE………...

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18 21 23 25

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SOMMAIRE

Aujourd’hui, c’est une réalité que les pays développés continuent à avoir besoin de plus en plus de quantités de pétrole, de gaz et d'autres types d’énergie afin de faire fonctionner leurs économies. De surcroît, nous sommes de plus en plus conscients, depuis la deuxième guerre mondiale, de l’existence de liens très forts entre la croissance de la demande d’énergie, le développement économique, la sécurité et la politique étrangère, même si le lien de causalité entre ces différents enjeux n’est pas toujours clair.

Ainsi, le problème d’interdépendance en énergie entre les pays producteurs et consommateurs nous conduit à une nouvelle phase dans les relations internationales : l’usage des matériaux énergétiques, et principalement du pétrole, est devenu une arme politique.

On constate que les réserves pétrolières sont très inégalement réparties et se concentrent surtout dans les pays du golfe Arabo-Persique, à hauteur de 62%, en mer Caspienne et dans l’ouest de la Russie (10%). Notamment après l’effondrement de l’Union soviétique en 1990 et l’issue de l’accession à l’indépendance de nouveaux pays en Asie centrale ou dans le Caucase, de nouveaux pays exportateurs d’énergie sont entrés en jeu.

Dans cette perspective, l’objectif de ce travail est de montrer les enjeux stratégiques de la construction d’un nouvel oléoduc, Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) qui traverse l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, pour l’accès au marché européen ainsi que les implications de ce projet sur les pays concernés. La question est de voir dans quelle mesure les facteurs politiques et stratégiques sont déterminants par rapport aux facteurs économiques pour construire un nouvel oléoduc tel que l’oléoduc BTC dans la région.

Nous développerons notre étude en suivant deux axes principaux. Dans un premier temps, nous examinons les phases et raisons qui ont conduit au choix de la construction de l’oléoduc BTC en appuyant sur l’équation économique, politique et géostratégique du projet.

Dans un second temps, nous essayerons d’identifier les implications de l’oléoduc BTC pour les pays traversés (l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie) ainsi que les autres acteurs à être affectés du projet.

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INTRODUCTION

Depuis plus d’un siècle et demi, l’utilisation des énergies fossiles comme le pétrole, le gaz naturel et le charbon a changé la face du monde. Ce n’est que lorsqu’il est parvenu à apprivoiser la puissance contenue dans les énergies fossiles que l’homme a pu se libérer des corvées et déclencher successivement les révolutions industrielle, de la production d’électricité, du transport et de l’informatique1.

Durant ce changement radical, on constate que la croissance de la demande énergétique depuis le début du XXème siècle n’est près ni de s’arrêter, ni de se stabiliser. Compte-tenu de la croissance de la population mondiale et des objectifs de parvenir à une meilleure qualité de vie et à un meilleur accès aux soins de santé, il est obligatoire que la demande en énergie continue à croître dans les prochaines décennies. Malgré les efforts utiles et nécessaires destinés à limiter la consommation énergétique dans les pays développés, la consommation mondiale d’énergie est en constante augmentation, dans le rythme moyen d’environ 2,3% par an depuis près de 150 ans sans qu’aucune des énergies disparaisse2. (Cf. figure 1 pour voir la consommation d’énergie entre 1971 et 2011 par matière première)

Aujourd’hui, c’est une réalité que les pays développés continuent à avoir besoin de plus en plus de quantités de pétrole, de gaz et d'autres types d’énergie afin de faire fonctionner leurs économies. C’est-à-dire, l’énergie est, de fait, condition sine qua non du développement économique. De surcroît, nous sommes de plus en plus conscients, depuis la deuxième guerre mondiale, de l’existence de liens très forts entre la croissance de la demande d’énergie, le développement économique, la sécurité et la politique étrangère. Le lien de causalité entre ces différents enjeux n’est pas toujours clair.3.

L’analyse du e secteur de l’énergie conduit ainsi au constat d’enjeux en termes de

« dépendance », d’ « indépendance » et d’ « interdépendance » entre les économies4, au regard de l’augmentation de l’importance et de la dépendance à l’énergie pour les pays consommateurs

1 FURFARIE Samuel, Politique et Géopolitique de l’Energie: Une Analyse des Tensions internationales au XXIème Siècle, Paris, Editions TECHNIP, 2012, p. 31.

2 IBID, p. 31-32

3 OGUTÇU Mehmet, “Turkey and the Changing Dynamics of World Energy: Towards Cleaner and Smarter Energy”, Insight Turkey Vol. 12 / No. 3, 2010, p. 63-88, p. 63

4 IBID

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afin de poursuivre leur développement économique et social ; pour les pays exportateurs afin de financer leur développement.

Figure 1: La consommation mondiale d’énergie entre 1971-2011

Source : International Energy Agency5

Ce nouveau problème d’interdépendance en énergie entre les pays producteurs et consommateurs nous a conduit à une nouvelle phase dans les relations internationales : l’usage des matériaux énergétiques, et principalement du pétrole, est devenu une arme politique.

L’économie globale l’a vécu dans les années 1970. Et plus récemment, ce constat a également été effectué lors de l'invasion de l'Irak en 2003 ainsi que par l'utilisation du gaz naturel russe comme l'instrument du Kremlin en tant que choix politique et stratégique dans ses relations avec les pays de sa zone d’influence ainsi qu’avec les pays européens.

Ainsi, avec l’utilisation du pétrole comme un instrument d’investissement dans les marchés internationaux, nous observons de fortes montées et chutes du cours du pétrole au cours des dernières décennies (Cf. figure 2 : « Prix du pétrole entre 1991 et 2013 »). Nous constatons que son prix par baril est de 38 dollars américains en 2004, 54 dollar en 2005, 65 dollar en 2006, et arrive à son pic 147 dollar en juillet 2008. En 2009, on constate, une forte chute, le cours du pétrole descendant jusqu’à 46 dollar pour atteindre aujourd’hui plus de 100

5 Key World Energy Statistics 2013,

http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/KeyWorld2013.pdf

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dollars. Malgré la forte variabilité de son cours, le pétrole prend la plus grande place dans la consommation mondiale énergétique et, selon les projections effectuées, gardera sa position dominante durant les prochaines décennies.

Figure 2 : Le prix du pétrole entre 1991-2013

Source : International Energy Agency6

Parallèlement à l’augmentation de la demande énergétique, de nouvelles zones de réserve d’énergie à exploiter ont été découvertes ou ont déjà commencé à être exploitées. De plus, notamment après l’effondrement de l’Union soviétique en 1990 et l’issue de l’accession à l’indépendance de nouveaux pays en Asie centrale ou dans le Caucase, de nouveaux pays exportateurs d’énergie sont entrés en jeu.

Par ailleurs, on constate que les réserves pétrolières sont très inégalement réparties et se concentrent surtout dans les pays du golfe Arabo-Persique, à hauteur de 62%, en mer Caspienne et dans l’ouest de la Russie (10%)7. En conséquence, l’énergie d’une manière générale (et le pétrole en particulier) est un des premiers déterminants des relations internationales depuis la fin de la seconde guerre mondiale, devient de plus en plus un enjeu stratégique ainsi qu’un atout indéniable.

6 Key World Energy Statistics 2013,

http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/KeyWorld2013.pdf

7 CHAUTARD Sophie, Géopolitique et Pétrole, Levallois-Perret, Groupe Studyrama, 2007, p. 52

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Prenant compte la fragilité de la stabilité politique de la zone Arabo-Persique (pouvant potentiellement bouleverser le marché pétrolier), et les sanctions des pays occidentaux sur l’Iran à propos de son programme nucléaire, les pays dépendants en pétrole et en ressources énergétiques ont besoin d’assurer leur sécurité énergétique en diversifiant leurs approvisionnements en la matière. Il faut également envisager les risques de blocage des zones de transit, telles que les routes maritimes et les détroits très fréquentés par les tankers, ou encore les régions traversées par les oléoducs et/ou gazoducs. Par exemple, lors des tensions entre certains pays occidentaux et l’Iran, l’Iran avait menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit d’Ormuz où 20% du pétrole mondial transite8.

Après cette brève présentation de l’importance du pétrole pour l’ensemble des économies et de l’enjeu stratégique de son transport des pays producteurs vers les pays consommateurs, l’objectif de ce travail est de montrer les enjeux stratégiques de la construction d’un nouvel oléoduc, Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) qui traverse l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, pour l’accès au marché européen ainsi que les implications de ce projet sur les pays concernés. La question est de voir dans quelle mesure les facteurs politiques et stratégiques sont déterminants par rapport aux facteurs économiques pour construire un nouvel oléoduc tel que l’oléoduc BTC dans la région.

Nous développerons notre étude en suivant deux axes principaux. Dans un premier temps, nous examinons les phases et raisons qui ont conduit au choix de la construction de l’oléoduc BTC en appuyant sur l’équation économique, politique et géostratégique du projet.

Dans un second temps, nous essayerons d’identifier les implications de l’oléoduc BTC pour les pays traversés (l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie) ainsi que les autres acteurs à être affectés du projet.

1. PARTIE : LES PHASES DE LA CONSTRUCTION DE L’OLEODUC BAKOU-TBILISSI-CEYHAN ET LES ENJEUX ASSOCIESA CET OLEODUC POUR LES GRANDES PUISSANCES

A. LE POTENSIEL HYDROCARBURES DE LA REGION

Restant isolée de la scène internationale jusqu’au l’effondrement de l’Union soviétique, la région de la mer caspien et de l’Asie centrale a attiré les attentions des acteurs internationaux

8 MONGRENİER Jean-Sylvestre, Du Pétrole à la Géopolitque, Levallois-Perret, Groupe Studyrama, 2012, p. 186- 187

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de l’Occident surtout grâce aux hydrocarbures9. En fait, autour de la mer Caspienne, plusieurs anciennes républiques soviétiques disposent de gisements importants. Parmi elles, l’Azerbaïdjan est le détenteur du célèbre gisement de Bakou, où la production avait commencé à partir de la seconde moitié du XIXème siècle, mais dont les réserves se sont largement appauvries10. L’indépendance de nouveaux Etats11 dans cette région a conduit à poser les questions de l’importance de l'approvisionnement énergétique mondial et, par conséquent, de la sécurité énergétique mondiale.

Cette zone géographique a considérablement élargi ses exportations de gaz et de pétrole vers les marchés internationaux depuis le début des années 1990 et selon les analyses de l’Agence international d’Energie sur la région, publiées en 2010, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Turkménistan et, dans une moindre mesure, l'Ouzbékistan ont tous le potentiel d'augmenter leur production d'hydrocarbures dans les années à venir12.

Figure 3 : La production pétrolière dans le bassin Caspien.

9 RABALLAND Gaël, “Les hydrocarbures du bassin Caspien : de la construction à l'affranchissement des interdépendances ?”, Revue internationale et stratégique, 2006/4 N°64, p. 121-132, p. 121.

10 CHAUTARD Sophie, Géopolitique et Pétrole, op. cit., p. 56

11 Dans ce travail, la région dite Caspienne et l’Asie Centrale comprend les pays suivant: l’Arménie, l’Azerbaidjan, la Géorgie, le Kazakhstan, le Kirgizsthan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan.

12 World Energy Outlook 2010, http://www.worldenergyoutlook.org/media/weo2010.pdf

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Bien évidemment, le point important pour le projet de BTC était la signature d’un contrat, le 20 Septembre 1994 à Bakou, entre la compagnie pétrolière d'Etat d'Azerbaïdjan, SOCAR (The State Oil Company of Azerbaijan Republic) et un groupe de sociétés pétrolières étrangères conduit par la compagnie British Petroleum (BP)13. Ce contrat prévoyait le partage de la production de 8 milliards de dollars, durant 30 ans et 80.000 barils par jour (b/j) jusqu’au 1997. Le contrat prévoit que la production puisse atteindre un maximum de 800 000 b / j. Dans le cadre de ce contrat, il s’agit également de développer des champs pétroliers ‘offshore’ Azeri, Chirag et Guneshli dans la mer Caspienne où sont estimées des réserves de 5,4 milliards de barils. Ce contrat est connu pour être un « contrat du siècle »14.

Dans le secteur de l’énergie, le transport de ressources énergétiques vers les marchés internationaux de manière économique, sécurisée et efficace est aussi important que l’exploitation de ces ressources. Même s’il s’agissait de l'exploitation et de l'exportation des principales ressources énergétiques de la mer Caspienne depuis le milieu des années 1990, il y avait incontestablement un monopole russe sur le transport de ces ressources vers les marchés mondiaux et européens.

Avant la signature de ce « contrat du siècle », trois grandes options concernant le transport pétrolier étaient à l'étude : premièrement, l'expansion du système russe au nord, via son réseau d’oléoducs et par chemin de fer ; deuxièmement, l'option iranienne au sud , en grande partie grâce aux oléoducs nouvellement construits; et en dernier lieu, le projet soutenu par les américains d’ « oléoducs multiples » (multiple pipelines en anglais), qui essaie d’empêcher l’existence d’un acteur monopolistique sur l'exportation de ressources énergétiques de la région15.

Dans cette perspective, en dehors des oléoducs de faible capacité pour transporter le pétrole brut, y compris celui concerné dans le contrat du siècle, cette nouvelle stratégie

13 Les autres investisseurs dans le contrat sont suivants : Amoco-américain (17%), de Pennzoil (4,8%), Unocal (9,5%) et Exxon (5%), de la Russie Lukoil (10%), le norvégien Statoil (8.5%), le japonais Itochu (7,45%), Btitish Ramco (2%), TPAO de la Turquie (6,75%), le Delta de l'Arabie Saoudite (1,6%) et la SOCAR en Azerbaïdjan (10%).

14 BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, Perceptions, Winter 2005, p. 29-60, p. 30-31

15CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the Baku- Tbilisi-Ceyhan Pipeline”, in STARR S. Frederick and CORNELL Svante, the Baku-Tbilisi-Ceyhan Pipeline: Oil Window to the West”, Washington, Central Asia-Caucasus Institute & Silk Road Studies Program, 2005, p. 17- 38, p. 18

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américaine avait deux composantes principales: la première est le « Caspian Pipeline Consortium » (CPC), c’est-à-dire l'exportation du pétrole kazakh par le territoire russe, et l’autre est l'oléoduc BTC comme oléoduc principal d'exportation pour les ressources pétrolières de l’autre côté de la mer Caspienne16.

B. ANALYSE DES TRACÉS ALTERNATIFS

Vers le Sud : Depuis la révolution iranienne en 1979, l’Iran avait arrêté ses activités nucléaires jusqu’à la fin des années 80 (compte-tenu également de la guerre contre l’Irak entre 1980-1988). Mais, au début de l’année 1990, l’Iran a repris ses activités en la matière eu égard à sa position insécurisée contre les Etats-Unis et l’Israël. A la suite de reprise des activités nucléaires par l’Iran, les Etats-Unis ont accepté certaines sanctions économiques visant à l’Iran pendant les années 1990. Parmi ces sanctions, le décret présidentiel adopté par le Président Bill Clinton, daté du 17 mars 1995 (Prohibiting Certain Transactions with Respect to the Development of Iranian Petroleum Resources)17 et la loi de Sanctions contre l’Iran (1996 Iran Sanctions Act (ISA))18 adoptée par le Congrès américain en 1996 rendent impossible l’alternative iranienne de transport de ressources énergétiques en provenance de la mer Caspienne. Bien que le tracé via Iran soit un trajet plus économique, les préférences politiques et la perception générale des Etats-Unis face à l’Iran constituent les obstacles majeurs devant un tel projet.

De plus, comme nous l’avons précisé plus haut, le détroit d’Ormuz était le point de transit de 20% du pétrole mondial et l’Iran menace souvent de bloquer ce détroit. Il ne fait pas de doute que la construction d’un nouvel oléoduc visant à transporter des ressources énergétiques de la mer Caspienne à travers l’Iran aurait conduit à la constitution d’un monopole iranien et aurait également renforcé la position de l’Iran dans la scène internationale. Cela aurait conduit à octroyer à ce pays un avantage indéniable lui permettant de négocier avec le monde occidental la poursuite de ses activités nucléaires.

A la lumière des informations mentionnées au-dessus, l’itinéraire vers le Sud, c’est-à- dire faire passer les conduits par l’Iran a donc été écarté.

16 IBID

17 http://www.treasury.gov/resource-center/sanctions/Documents/12957.pdf

18 http://www.state.gov/e/eb/tfs/spi/iran/index.htm

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Vers le Nord : Le tracé vers le Nord conduisait à utiliser et à rénover les infrastructures déjà existantes et à privilégier la Russie. Cette option renforçait le fait que toutes les ressources énergétiques exploitées dans la zone ex-soviétique transitaient par les territoires russes. Pour le nouveau contrat concernant l’exploitation du pétrole caspien, la Russie avait proposé un nouvel oléoduc dans l’espace soviétique, de Bakou à Novorossisk (le port russe à la mer Noire) en insistant sur le fait que cette route de 1400 km ne nécessitait que 27 km de nouvel oléoduc19.

Dans cette option, tous les volumes supplémentaires à transporter par le réseau russe d’oléoduc auraient accru la pression sur le dispositif russe mais surtout, sur les détroits turcs.

En effet, les pétroles arrivant à Novorossisk sont ensuite transportés par tankers vers le marché occidental en passant par les détroits turcs. Avant l’exportation des nouveaux pétroles, trois millions de barils par jour traversaient les détroits turcs ayant seulement la largeur de 800 metres.20.

Bien évidemment, cette proposition russe a obtenu une réponse favorable de la part de l’Azerbaïdjan. Ainsi, un contrat sur le transport du pétrole azerbaïdjanais via la Russie par le port de la mer Noire de Novorossisk a été signé à Moscou le 18 février 199621. Pourtant, il est possible de dire qu’il s’agisse d’un choix plus politique qu’économique. Bien que cet oléoduc n’ait présenté aucun avantage significatif par rapport aux autres alternatives compte-tenu des quantités limitées de pétrole brut concernées (4-5 millions de tonnes par an), Moscou avait pu également utiliser son rôle dans le groupe de Minsk de l'OSCE médiation comme l’un des trois co-présidents sur la question du Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Finalement, avec la présence militaire de la Russie en Arménie et en Géorgie, l’Azerbaïdjan devait prendre en considération non seulement les facteurs économiques, mais également politiques. Dans ce contexte, comme Ilham Aliev (actuel président et fils de l’ancien Président Haidar Aliev), l’a souligné alors il était le vice-président de SOCAR, la question de la sélection d'un itinéraire de transport du pétrole a été une décision politique et non pas une décision économique pour l'Azerbaïdjan’22.

19 BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit. p. 34

20 CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the Baku- Tbilisi-Ceyhan Pipeline”, p. 19

21 http://www.azerbaijan.az/_Economy/_OilStrategy/oilStrategy_05_e.html

22 BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit. p. 35

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Selon les dispositions prévues dans le contrat, le pétrole azerbaïdjanais a commencé à être transporté par l'oléoduc Bakou-Novorossisk vers les marchés mondiaux le 25 octobre 1997.

La capacité totale de l’oléoduc (4-5 millions de tonnes par an) reste toutefois insuffisante pour exporter l’intégralité du pétrole azerbaïdjanais (le potentiel d’exportation étant de 25 millions de tonnes par an).

Vers l’ouest : Selon un tracé qui part de Bakou en Azerbaïdjan, deux options étaient envisagées. La première était de transporter jusqu’au Soupsa, un port de mer Noire en Géorgie, grâce à l’oléoduc Bakou-Soupsa. Le Président de l'Azerbaïdjan Heydar Aliyev et le Président de la Géorgie Edvard Chevardnadze ont signé un accord sur la mise en place de l'oléoduc Bakou-Soupsa à Tbilissi le 8 Mars 1996 et le pétrole a commencé à être transporté par cet oléoduc le 17 avril 1999 avec une capacité de 145.000 de barils par jour.

La deuxième option, après être arrivé en Géorgie de Bakou, était de prolonger le transport du combustible par voie terrestre jusqu’à Ceyhan, le port de mer Méditerranée en Turquie. L’oléoduc de Bakou-Tbilissi-Ceyhan aurait ainsi été long d’environ 1.768 km, soit 443 km en Azerbaïdjan, 249 km en Géorgie et 1076 km en Turquie23.

En fait, l’idée de construire un oléoduc reliant la mer Caspienne à la mer Méditerranée n’était pas nouvelle. Depuis la chute de l’Union soviétique, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie se sont penchés sur ce projet. Après la signature du contrat entre l’Azerbaïdjan et les entreprises occidentaux, le projet a été traité de manière plus approfondie par les pays concernés. Il a été prévu que la capacité de l’oléoduc aurait un million de barils par jour. De plus, l’oléoduc BTC n’apparait pas seulement comme un moyen de transport rassurant : il est également efficient sur le plan économique et correspond aux critères environnementaux24.

À cet égard, le BTC avait de grands avantages par rapport aux autres options vers le Nord et l’Ouest. Il permet d’exporter du pétrole jusqu’à la Méditerranée, en évitant les

23 http://www.bp.com/en_az/caspian/operationsprojects/pipelines/BTC.html

24 CHEMINEAU Sylvie, “La Turquie, un acteur stratégique centrasiatique”, Rapport du Stage sous la direction de Prof. Dr. Jean Marcou, Institut Français d’Études Anatoliennes – IFEA, Observatoire de la Vie Politique Turque – OVIPOT, Istanbul, 2007, p. 4

http://ifea-

istanbul.net/images/stories/OVIPOT/memoiresovipot/2007_Sylvie_Chemineau_TR_strategique_centrasiatique.p df

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principaux points de transport tels que les détroits d'Ormuz et de Turquie. Plus précisément, cet avantage crée une option fiable permettant de délivrer le pétrole de la Caspienne vers les marchés internationaux d’une façon sécurisée, en temps opportun et de manière économiquement viable tout en diversifiant les routes d’exportation25. Cependant, le cout total du projet, estimé 3,6 milliards de Dollar restait comme un obstacle majeur pour convaincre les entreprises d’investir dans ce projet. Enfin, le BTC représentait le centre d’un corridor énergétique de l’Est-Ouest.

C. LES ETAPES OFFICIELLES VERS LE BTC ET L’APPROCHE DES GRANDES PUISSANCES

Comme nous l’avons souligné auparavant, le projet d’exportation du pétrole azerbaïdjanais vers la mer Méditerranée via la Turquie était une idée au début des années 1990.

Mais, les développements politiques autour des pays caspiennes, comme l’occupation de l’Haute Karabagh, qui est une région d’Azerbaidjan, par la force militaire arménienne, empêchent la coopération sur ce sujet. Après la signature du « contrat du siècle », ce sont des firmes multinationales, majoritairement occidentales, qui ont mis le projet à l’ordre du jour de l’actualité des pays et acteurs concernés.

Au sein des pays parties prenantes dans le suivi des négociations sur le projet de BTC, le premier pas sérieux a été réalisé le 29 octobre 1998 à Ankara avec la déclaration d’Ankara signée par les présidents de Turquie, de Géorgie, d’Azerbaïdjan, du Kazakhstan et d’Ouzbékistan. Ces pays ont exprimé leur soutien au le transport du pétrole caspien par la voie de BTC.

Les Etats-Unis soutiennent également le projet de BTC. L’ambassadeur américain M.

Richard Morningstar, Conseiller de l’Energie Diplomatie du Bassin Caspien auprès du Président et Secrétaire d’Etat américain, avait exprimé le soutien des Etats-Unis au projet d’une manière très claire dans toutes les plateformes concernant le projet. Dans cette perspective, il

25CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the Baku- Tbilisi-Ceyhan Pipeline”, op. cit. p. 19

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avait précisé que le gouvernement américain a pour devoir et obligation de jouer un rôle majeur dans les oléoducs et gazoducs dans la région caspienne26.

Suite à la Déclaration d’Ankara, au cours du Sommet de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le 17-19 novembre 1999 à Istanbul, la Turquie, la Géorgie et l'Azerbaïdjan avec la participation des Etats-Unis ont signé l'Accord intergouvernemental du projet de l'oléoduc de pétrole brut Bakou-Tbilissi-Ceyhan (Baku-Tbilisi-Ceyhan Crude Oil Pipeline Project). Le Secrétaire à l'Énergie des États-Unis, Bill Richardson a souligné l'importance de ce projet en disant que, ce n'est pas juste un accord de pétrole et de gaz et ce n'est pas juste un oléoduc ; ce projet peut modifier l’équilibre géopolitique de la région toute entière27.

Consécutivement à la déclaration d’Ankara et au sommet de l’OSCE, c’est-à-dire suite à la détermination politique des Etats transits pour le projet, l’accord concernant l’établissement de BTC Pipeline Company (BTC Co.) a été signé à Londres en août 2002. Dans cet accord, l’opérateur principal de l’oléoduc, BP, possédait 38,21 % de BTC Co. et SOCAR (côté azerbaidjanaise) en possédait 25 %28.

La construction d’un tel projet qui est toujours primordial politiquement, mais qui reste en secondaire économiquement, a ainsi débuté en septembre 2002 ; le pétrole a commencé à être pompé en mai 2005 en Azerbaïdjan et le premier tanker a été chargé à Ceyhan, en Turquie, en juillet 200629.

- L’Approche des Etats-Unis au projet d’oléoduc BTC

Il n’est pas possible de voir l’approche américaine sur le projet d’oléoduc BTC séparément de sa stratégie régionale, l’oléoduc BTC étant l’une des pièces déterminantes de cette stratégie. En effet, après l’effondrement de l’Union soviétique, les Etats-Unis ont augmenté leur intérêt pour les nouveaux états indépendants de la région caspienne. Même s’ils

26 BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit. p. 39

27 IBID, p. 40

28 AKPINAR Erdal, “Baku-Tbilisi-Ceyhan Pure Oil Pipeline (BTC) And its Effects On Turkey’s Geopolitics” (en langue turque), GÜ, Gazi Eğitim Fakültesi Dergisi, Vol. 25, No: 2, 2005, p. 229-248, , p. 242

29 ÇAMKIRAN Radiye Funda, “From a Dream to a Reality: Baku-Tbilisi-Ceyhan Oil Pipeline Project and Its Role ın Turkish-American Relations”, Turkish Review of Eurasian Studies, Vol. 6, 2005, p. 5 – 45, p. 11

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adoptent un certain attentisme et se satisfont du maintien d’une influence traditionnelle russe dans la région tout au début des années 1990, ils ont aussi commencé à redouter une expansion du fondamentalisme islamique venu d’Iran dans les années à venir30. Dans une telle option, l’absence des Etats-Unis dans les équations géostratégiques et géopolitiques de la région aurait donné une occasion aux puissances régionales contestantes les intérêts américains telles la Russie ou l’Iran de s’affirmer plus avant. A partir du milieu des années 1990, les Etats-Unis ont donc commencé à renforcer leurs liens avec les pays de la région en portant une stratégie basée notamment sur l’énergie.

Dans ce contexte, les Etats-Unis utilisent les oléoducs en tant qu’outil de politique étrangère afin de faire aboutir leurs objectifs dans la région, ceci parce que cette région est riche en matière des ressources hydrocarbures et également compte-tenu de l’importance pour les pays concernés d’exporter ces ressources vers les marchés mondiaux. Comme l’Ambassadeur Morningstar l’a souligné, l’un des buts des Etats-Unis dans la région est d’atténuer les conflits régionaux en établissant des liens économiques parmi les nouveaux Etats de la région31.Les Etats-Unis préféreraient utiliser des oléoducs et gazoducs qui économiquement et commercialement viables, afin d’établir un cadre économique et politique qui servira à renforcer la coopération et la stabilité régionale et à encourager les réformes politiques pour les prochaines décennies. Dans ce contexte, les Etats-Unis ont soutenu le projet de BTC dès début.

Cependant, il ne sera pas faux de dire que le point crucial pour le soutien du BTC par les Etats-Unis a été les événements de 11 septembre 2001. Les événements de 11 septembre ont permis dans le cadre de la campagne militaire d’Afghanistan de développer une autre approche de l’Asie centrale et du Caucase, au travers de la présence militaire. Depuis la signature de l’accord sur oléoduc BTC par les pays concernés en 1998, en marge de la conférence de l’OSCE, les Américains ne cherchent pas tant à affaiblir la Russie qu’à conforter leurs nouveaux alliés dans la région. A cet égard, l’une des conséquences du 11 septembre était de renforcer la détermination des Américains à impliquer toujours davantage les pays de la région dans leur mouvance, de sorte que la nouvelle configuration des tracés de lignes énergétiques se superpose

30 NOGUIER Sophia Clément, “Stratégie Régionale Américaine: révolutions stratégiques après le 11 septembre?”, Etude réalisé par l’Institut d’expertise et de prospective de l’ENS avec la collabaration de l’équipe du centre de géostratégie de l’ENS, avril 2003, p. 22, www.defense.gouv.fr

31 ÇAMKIRAN Radiye Funda, “From a Dream to a Reality: Baku-Tbilisi-Ceyhan Oil Pipeline Project and Its Role ın Turkish-American Relations”, op. cit, p.16

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aux tracés sécuritaires anti-terroristes32. D’autre part, suite aux attaques du 11 Septembre, les trois pays du BTC, l’Azerbaïdjan, la Turquie et la Géorgie ont signé un accord trilatéral sur la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée en Juin 2002. L'accord portait également une importance particulière à la question de la sécurité du pétrole du BTC et parallèlement au projet de gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum33.

Quant aux pays écartés par le projet du BTC, les Etats-Unis avaient à la fois pour objectif de stabiliser la région caspienne, en diminuant la pression de la Russie sur la région, et de diminuer la dépendance de leurs alliées aux pays comme la Russie et l’Iran en matière d’énergie. L’attitude des Etats-Unis contre l’Iran était claire. Comme nous l’avons mentionné plus haut, avec les sanctions adoptées par les Etats-Unis et également par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le champs d’action de l’Iran a été fortement réduit. D’autre part, bien sûr, la diversification des voies d'approvisionnement de l’énergie vers l’Europe permet de limiter le rôle monopolistique de la Russie dont le secteur de l’énergie n’était pas concurrentiel pour le développement du corridor énergétique du Caucase du Sud et ses entreprises nationales et monopoles, Gazprom et Transneft, qui sont en position dominante pour l'accès aux marchés.

De plus, plutôt que de traiter le secteur d’énergie comme un domaine économique, la Russie préfère l’utiliser comme un arme géopolitique, en forçant ses voisins du Sud à répondre par des initiatives privilégiées lui permettant de préserver ses intérêts34. Donc, pour limiter le rôle dominant de la Russie, le soutien de projets alternatifs écartant la Russie dans la région constitue un objectif concret des Etats-Unis.

A côté des priorités politiques et stratégiques, il s’agissait également d’un aspect économique pour les projets à effectuer dans la région caspienne. Le potentiel hydrocarbure de la région caspienne constitue un enjeu économique pour le monde entier. Les États-Unis, dans les années 1990, étaient le plus grand consommateur d'énergie dans le monde et il était naturel pour assurer la sécurité d'énergie américaine de rechercher les ressources d’énergies de manière diversifiée et facilement accessible. De plus, à cette époque-là, la demande croissante d'énergie indienne et surtout chinoise pouvait créée une concurrence pour les ressources des pays du Golfe ; aussi, la mer Caspienne était considérée comme une alternative importante de

32NOGUIER Sophia Clément, “Stratégie Régionale Américaine: révolutions stratégiques après le 11 septembre?”, op. cit, p.27

33 BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit. p. 43

34CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the Baku- Tbilisi-Ceyhan Pipeline”, op. cit., p.28

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remplacement. Dans ce contexte, la participation de l’entreprise américaine, Chevron Texaco, au projet de Caspien Pipeline Consortium, pour l’exportation du pétrole de Tengiz, en Kazakhstan, à Novorossisk, le port de la mer Noire en Russie, en 1996 représente une démonstration concrète de la stratégie américaine.

Sans aucun doute, l’exportation du pétrole azerbaïdjanais par la voie de BTC constitue un catalyseur important pour la coopération stratégique et positive des nouveaux Etats de la région tout en fournissant à ces Etats un rôle stratégique dans le transport du bien/matériel le plus important du monde, l’énergie. Effectivement, il est aisé de voir encore aujourd’hui l’approche stratégique des américains dans la région et dans le projet d’oléoduc BTC, comme cela a été souligné clairement dans le rapport préparé au sein du comité de relations extérieures du Sénat américain en 2012.

‘U.S. strategic interests in linking the nations of the Caspian Sea region with European and global markets have long been recognized and supported on a bipartisan basis. Energy is the economic lifeblood of many NATO allies and partners in the Europe and Eurasia region, and dependence on Russia and Iran for energy imports or exports remains a central detriment to those nations’ sovereign independence in policymaking, economic development, and security. When U.S. allies and partners are made vulnerable in this way, it undermines our own bilateral relationships and weakens our multilateral diplomatic and military efforts. Development of a Southern Corridor to link the Caspian to Europe with oil and natural gas pipelines was an early element of a U.S. strategy to end that dependence.

The first stage was achieved with the completion of the Baku-Tblisi-Ceyhan (BTC) oil pipeline from Azerbaijan to a Turkish Mediterranean port and the South Caucasus Gas Pipeline (SCP) from Azerbaijan to Turkey.35

En résumé, l'oléoduc BTC était clairement le projet le plus stratégique que les Etats- Unis ont soutenu, en dehors du domaine de la sécurité, dans l'ancien espace soviétique.

L'engagement durable et continu dans un tel projet et avec une vision unique peut être compris par l’importance stratégique de ce projet, à une époque où l’oléoduc BTC représentait le plus grand projet dans l'ex-Union soviétique soutenu, encouragé et réalisé de façon stratégique par les Etats-Unis avec trois différents pays36.

- L’approche russe au projet de BTC

35A Minorıty Staff Report, Energy and Securıty From the Caspıan to Europe, December 12, 2012, Washington, Committee on Foreign Relations of United States Senate, http://www.gpo.gov/fdsys/, p. 2

36CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the Baku- Tbilisi-Ceyhan Pipeline”, op. cit., p.30.

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Parallèlement à la stratégie des Etats-Unis, il convient de souligner que la stratégie et l’approche russe à propos du BTC n’est également pas séparable de sa stratégie globale sur la région caspienne et sur l’Asie centrale. Depuis l’indépendance des Etats ex-soviétiques de la région, la Russie s’est efforcée de contrôler étroitement les développements énergétiques dans ces pays de « l’étranger proche » afin d’orienter les projets en la matière dans un sens favorable à la Russie et au maintien de son influence dans la région37.

Dans cette stratégie globale, la Russie a souvent utilisé les grandes compagnies russes comme Lukoil, Gazprom ou Transneft en tant qu’instruments, pour influencer les décisions sur les itinéraires d’exportation du pétrole de la mer Caspienne. Comme nous l’avons précisé plus haut, jusqu’à la réalisation de l’oléoduc BTC, la plupart des ressources énergétiques des pays ex-soviétiques était exportée vers les marchés mondiaux par le territoire russe. Cette position dominante de la Russie, sans aucun doute, a contribué à faire échouer les autres projets d’oléoducs transcaspiens38. Il est sûr que le développement des oléoducs et gazoducs représente un enjeu fondamental pour l’avenir de la région. Et Moscou, conformément à sa stratégie globale sur la région, en s’efforçant d’empêcher la réalisation de toute route d’acheminement qui écarte la Russie, était tout à fait opposé au projet BTC dès son origine.

D’autre part, il est certain que, avant les événements de 11 septembre, l’importance géopolitique de l’Asie Centrale et du Basin Caspien s’était définie au regard du critère de l’énergie. Les théoriciens et chercheurs en relations internationales avaient néanmoins envisagé que la région représenterait une scène du nouveau grand jeu (« great game » en anglais) pour les puissances régionales ainsi que pour les puissances globales39. Mais, le capital russe pour investir dans l’exploitation des ressources énergétique restait insuffisant pour les nouveaux Etats de la région qui avaient donc besoin de capitaux étrangers. Cet état de fait a créé les conditions d’une concurrence régionale en mettant sous tension les intérêts de la Russie qui ne veut pas perdre son poids politique et économique. Dans ce contexte, les entreprises russes ont pris des participations diversifiées dans le gisement des ressources en Azerbaïdjan, Kazakhstan, Ouzbékistan et Turkménistan. Ces contrats sur des questions énergétiques permettaient donc à

37 SIMONET Loïc, « Les pipelines internationaux, vecteurs de prospérité, de puissance et de rivalités. Oléoducs et gazoducs dans la géopolitique et les relations internationales »,Revue internationale et stratégique, 2007/1 N°65, p. 51-64, p. 56-57

38 IBID

39 KUBICEK Paul, Russian Energy Policy in the Caspian Basin, World Affairs;Spring2004, Vol. 166 Issue 4, p.

207-217, p. 207

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Moscou de se maintenir de manière significative dans la région et de s’assurer un contrôle important des ressources stratégiques locales.

Pourtant, avec l’élection du Poutine en 2000 comme président de la Russie, il s’agissait d’une nouvelle ouverture politique vers la région. Poutine soulignait clairement que les pays de la Communauté des Etats Indépendants (dont tous les pays de la région sont membres à l’exception du Turkménistan) seraient la priorité absolue de la Russie. Mais, les évènements de 11 septembre ont changé l’approche russe, comme celle des Etats-Unis, sur la région.

Désormais, notamment le départ pour la guerre en Afghanistan et la présence militaire américaine dans certains pays de la région, soit pour soutenir la guerre en Afghanistan (en Ouzbékistan et au Kirghizistan) soit pour lutter contre le terrorisme (en Géorgie), a réduit l'espoir de Moscou de rester prééminent dans la région. De leur côté, l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan ont été des États plus périphérique dans la guerre contre le terrorisme, mais ces deux pays étaient généralement favorables à la participation active des États-Unis dans la région40.

De l’autre côté, il n’est pas vain de dire que les priorités russes et américaines en matière de sécurité ont de plus en plus coïncidés après le 11 septembre. En fait, les efforts des Etats- Unis dans la lutte contre le terrorisme contribuaient à la guerre russe contre le fondamentalisme islamique dans la région ex-soviétique et dans le cadre de la question de la Tchétchénie. Ainsi, la Russie trouvait une raison plus claire et plus pertinente dans sa guerre contre les pouvoirs séparatistes de Tchétchénie, sous la forme de la lutte contre le terrorisme. En effet, la région du Caucase, et plus précisément la Tchétchénie, avait une grande importance pour le transport d’énergie. Donc, une situation déstabilisée dans la région et une possible séparation de la Tchétchénie de la Fédération russe menaçait nettement les intérêts globaux de la Russie41.

A la lumière des développements que nous avons essayé de résumer, l’approche russe sur le BTC a évolué au cours des années. Certes, on ne peut pas dire que la Russie était totalement favorable à l’oléoduc BTC, mais il s’agissait d’un changement positif dans l’approche russe en prenant compte les équilibres et les intérêts politiques. Par ailleurs, même

40 IBID, p.212

41 KASIM Kamer, “Les politiques de sécurité en Caucasie dans le processus de 11 septembre” en langue turque (11 Eylül Sürecinde Kafkasya’da Güvenlik Politikaları), OAKA, vol. 1, No: 1, 2006, p.19-40, p. 36 http://www.usak.org.tr/dosyalar/dergi/bPU2ju5jnL7XvAe7EuSjXfQZzKyDA5.pdf

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si le BTC affaiblit la position russe dans l’exportation des ressources de la région, dans le même période, l’oléoduc de Caspian Pipeline Consortium (CPC) de champs de pétrole de Kazakhstan, le projet de Blue Stream pour transporter le gaz naturel de la Russie à la Turquie et les contrats de gisement et d’exportation de gaz naturel avec le Turkménistan et l’Ouzbékistan offrent une grande occasion à la Russie de jouer un rôle important dans l’offre et le développement d’énergie dans la région.

II. PARTIE : LES IMPLICATIONS DU BTC POUR LES PAYS TRANSITS AINSI QUE LES AUTRES ACTEURS

A. L’IMPLICATION DU BTC POUR LA TURQUIE

La Turquie, pays faiblement producteur d’hydrocarbures, est importante comme consommateur et pays de transit dont on attend sécurité et diversification des acheminements.

Depuis l’indépendance des nouveaux Etats de l’Asie Centrale et du Caucase, la Turquie a poursuivi une politique étrangère plus active et multidimensionnelle avec ces pays. Notamment, l’acquis des liens historiques, culturels et linguistiques avec les pays turcophones (l’Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizstan, Turkménistan et Ouzbékistan) constituait un avantage indéniable pour la Turquie par rapport aux autres acteurs régionaux et globaux.

Pour la Turquie, le projet d'oléoduc BTC a été considéré depuis le début comme un projet ayant principalement une importance géopolitique. Malgré l'absence de solides arguments économiques en faveur du projet, les avantages sécuritaires et stratégiques du BTC ont été largement reconnus par les pays transits, y compris la Turquie42. Donc la Turquie, prenant en compte les gains économiques et géopolitiques pour toutes les parties concernées, a toujours encouragé l’Azerbaïdjan pour le projet Bakou-Ceyhan. Ce projet, étant donné que la Turquie et l’Azerbaïdjan ne sont pas des pays frontaliers, nécessitait l’appui d’un autre pays, la Géorgie ou l’Arménie. Mais, l’exclusion de l’Arménie des projets régionaux a conduit à la participation de la Géorgie43.

42 BARAN Zeyno, “The Baku-Tbilisi-Ceyhan Pipeline: Implications for Turkey”, in STARR S. Frederick and CORNELL Svante, the Baku-Tbilisi-Ceyhan Pipeline: Oil Window to the West”, Washington, Central Asia- Caucasus Institute & Silk Road Studies Program, 2005, p. 103-119, p. 103

43 Les relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie (l’occupation de 20 % des territoires azerbaidjanais – Haute Karabagh- par l’Arménie), entre la Turquie et l’Arménie, pour des raisons historiques comme l’attitude arménienne face aux évènements de 1915, également ces deux pays n’ont pas de relations diplomatiques et les frontières Turco-Arméniennes sont fermées depuis le problème de Haute Karabagh, ont éliminés l’option arménienne pour le tracé.

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En fait, la Turquie s’est toujours intéressée aux projets d’exportation des ressources énergétiques de la région vers les marchés occidentaux. Certes, le transport des hydrocarbures par les tankers depuis le bassin caspien vers l’Europe occidentale ou les États-Unis pourrait se faire à travers la mer Noire, en débouchant en Méditerranée par les détroits du Bosphore et des Dardanelles, mais cette solution poserait de multiples et graves problèmes (engorgement des détroits, menaces sur l’environnement)44. Selon les données statistiques de l’année 1996, le pétrole transporté par les Détroits turcs étaient 60 millions de tonnes et en 2006, après un accroissement extrêmement important, il a été enregistré 143,4 millions de tonnes. Ce chiffre représentait environ 4 % de la consommation mondiale du pétrole par an45. En conséquence, la réalisation du projet BTC, c’est-à-dire le transport d’un million de barils par jour, aidera à la diminution de la pression sur les détroits turcs.

La Turquie en tant que pays dépendant de l’importation d’énergie visait à poursuivre une politique d’équilibre, qui évite tout conflit avec la Russie, dans la région. D’une part elle encourageait forcement le projet de BTC, d’autre part elle signait un accord pour le gaz naturel russe, « Blue Stream », à la fois pour utiliser ce gaz dans le marché intérieur et pour le réexporter vers le marché européen. Dans ce contexte, le développement des nouvelles stratégies pour l’approvisionnement de l’énergie de la région caspienne et centrasiatique en Europe, en bouleversant le monopole russe, renforcerait la position de la Turquie comme un pays transit en énergie. Ainsi, sa position en matière énergétique revêt également un enjeu politique vis-à- vis de l’Union européen (UE) afin que cette dernière reconnaisse la place et l’importance de la Turquie pour atteindre ses objectifs de politiques énergétiques : il peut donc exister un lien entre le rôle de la Turquie en ce domaine et son processus d’adhésion à l’UE46.

D’une autre coté, la Turquie estimait qu’un oléoduc non-russe et qui fonctionne bien présenterait un avantage certain pour développer les nouvelles stratégies visant à faire évoluer le monopole russe pour l’exportation des ressources de la région. Par exemple, après la découverte d’une réserve massive de 700 milliards de mètres cubes de gaz naturel en mai 1999

44 Chuvin Pierre, “La Turquie : futur Hub énergétique de l'europe ?”, Revue Tiers Monde, 2008/2 n° 194, p. 359- 370, p. 362

45http://www.mfa.gov.tr/data/DISPOLITIKA/EnerjiPolitikasi/T%C3%BCrkiye'nin%20Enerji%20Stratejisi%20(

Ocak%202009).pdf

46 Schalck Christophe, “Le développement énergétique en Turquie : quels effets en attendre ?”, Management &

Avenir, 2011/2 n° 42, p. 328-340, p. 332

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dans la région azérie en mer caspienne par BP, les négociations pour exporter ce gaz au plus grand marché de la région, la Turquie, ont immédiatement commencé. Comme le projet d'oléoduc BTC était à un stade avancé, parvenir à un accord pour ce gaz n'a pas été difficile.

Finalement, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie ont convenu de construire un gazoduc (Bakou-Tbilissi-Erzurum) parallèle à la ligne du BTC (la route serait exactement la même jusqu’à la ville turque orientale d'Erzurum, où le gazoduc relierait le système de gazoduc turc), qui permettrait de réduire les coûts47.

Par ailleurs, et surtout, l’engagement plus fort des Etats-Unis à la région après le 11 septembre, autrement dit le rapprochement avec la Russie dans la sécurité énergétique et la guerre contre le terrorisme, présentait une occasion pour la Turquie, qui est un allié des Etats- Unis depuis plus un demi-siècle au sein de l’OTAN et au Moyen-Orient, d’être plus active et plus forte dans sa région et de poursuivre une politique de stabilisation de la région. Suite au soutien plus clair et plus concret des Etats-Unis au projet du BTC, il convient de souligner que le BTC réaffirmait les bonnes relations entre la Turquie et les Etats-Unis.

En résumé, le BTC est un projet stratégique et géopolitique pour la Turquie qui est un acteur depuis longtemps dans le transport des énergies du Moyen-Orient vers le marché occidental par la voie d’oléoduc Kirkouk-Yumurtalik. L’oléoduc BTC est le premier grand pas de l’engagement de la Turquie dans les enjeux énergétiques de la région caspienne.

B. L’IMPLICATION DU BTC POUR L’AZERBAÏDJAN

Il est certain que le secteur des hydrocarbures de l’Azerbaïdjan et la signature des contrats importants dans ce secteur ont conféré à ce pays un nouveau statut sur la scène internationale depuis son indépendance. L’Azerbaïdjan, qui a rang de ‘partenaire stratégique’

des Etats-Unis et de la Russie, se situe au cœur d’une région déstabilisée par la crise du nucléaire iranien et veille à conduire une habile ‘politique de l’équilibre’ sur le plan international48.

Bien évidemment, quand il se concentre sur le tracé Bakou-Tbilissi-Ceyhan en tant que meilleure alternative pour exporter son pétrole, l'Azerbaïdjan a pris en considération les

47 BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit., p. 50

48 RAPHAËLLE Mathey, « Azerbaïdjan 2006 » Croissance hors norme et consolidation du pouvoir, Le Courrier des pays de l'Est, 2007/1 n° 1059, p. 94-108, p. 96

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implications politiques et sécuritaires et bien entendu économiques. Le choix de BTC par l’Azerbaïdjan signifiait quand même sa méfiance quant à une coopération à long terme avec les puissances régionales comme la Russie et l’Iran. Sans aucun doute, l’Azerbaïdjan, pays petit riche en hydrocarbure, pourrait rester sous l’influence et le contrôle de ces puissances régionales s’il choisissait l’un des tracés vers le sud, via l’Iran ou le nord, via la Russie.

Il est clair que, en prenant en compte les avantages économiques et sociaux, une fois que l’oléoduc BTC sera pleinement opérationnel, l'Azerbaïdjan sera le principal bénéficiaire.

Selon le prix du pétrole en 2005, il est prévu qu’il collectera plus ou moins 29 milliards de dollars par année en revenus pétroliers. Cependant, lors de la cérémonie de BTC pour le premier pompage du pétrole, à Bakou en 25 mai 2005, le Président de l’Azerbaïdjan Aliev a déclaré que cet oléoduc aidera d'abord à résoudre les problèmes économiques et sociaux mais que son rôle dans le renforcement de la paix et de la sécurité dans la région n'est pas mince49.

C’est la raison pour laquelle, l’Azerbaïdjan à propos de l’exportation de ses ressources énergétiques, a mis l’accent sur le partenariat avec le monde occidental avec lequel il développait une coopération depuis son indépendance. Ainsi, ses relations avec l’OTAN en matière de sécurité évoluent depuis 1992 et l’Azerbaïdjan a adhéré au programme de Partenariat pour la paix de l’OTAN en 199450. Dans ce contexte, pour l’Azerbaïdjan qui cherche à garantir sa sécurité nationale au-delà de sa région et dans les coopérations avec les institutions euro- atlantiques, le BTC était le symbole de la garantie de sa sécurité énergétique et économique.

D’autre part, grâce à la réussite de BTC, l’Azerbaïdjan prévoyait d’accélérer le dialogue, entamé en juin 2004 dans le cadre de la Politique européenne de voisinage, avec l’Union européenne51.

Ces attentes politiques de l’Azerbaïdjan ne sont pas restées sans réactions de la part du monde occidental. Ainsi, l’Azerbaïdjan et l’UE ont abouti à la conclusion d’un plan d’action pour cinq ans. L’accent mis par l’UE notamment sur la nécessité de trouver une issue pacifique au conflit du Haut-Karabakh entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie et sur la nécessité de développer les échanges de toutes natures et la coopération au niveau régional, représentait un gain politique destiné à attirer l’attention de l’Europe sur la plus importante question de la politique

49 BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit., p. 46

50 http://www.nato.int/cps/fr/natolive/topics_49111.htm

51 RAPHAËLLE Mathey, « Azerbaïdjan 2006 » Croissance hors norme et consolidation du pouvoir, op. cit., p.103 21

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étrangère azerbaidjanaise. De même, la signature d’un protocole d’accord sur un partenariat énergétique entre l’UE et l’Azerbaïdjan en Novembre 2006 permettait d’améliorer l’intégration de l’Azerbaïdjan aux marchés européens de l’énergie, de renforcer la sécurité énergétique de l’UE grâce aux approvisionnements en provenance du bassin de la mer Caspienne et de rendre plus efficace la gestion de la demande énergétique en Azerbaïdjan. Par conséquent, comme cela a été soulevé plus haut, la découverte des zones de gaz naturel dans la région azéri en mer caspienne, Shah Deniz et Azeri-Chirag-Guneshli, et la signature des accords avec les entreprises occidentales constituaient un atout supplémentaire pour l’Azerbaïdjan qui renforcera sa position d’approvisionnement pour l’Europe. Si les nouveaux projets pour exporter les ressources de l’autre côté de la Caspienne, au Kazakhstan et au Turkménistan, voient le jour dans un avenir proche, l’Azerbaïdjan pourra gagner un statut de pays transit pour l’Europe.

S’agissant de la sécurité et de la défense, les revenus provenant de l’exportation du pétrole via le BTC donnera une occasion à l’Azerbaïdjan d’augmenter ses dépenses dans le domaine militaire. Ainsi, il essayera d’équilibrer sa position à l’encontre de l’Arménie qui est soutenue militairement par la Russie depuis le conflit du Haut-Karabakh. D’autre part, l’isolation de l’Arménie du BTC et des autres projets devant être prochainement réalisés dans la région pour le transport des ressources énergétique de la mer Caspienne renforcera la position de l’Azerbaïdjan par rapport à l’Arménie dans la poursuite de négociations et de compromis sur le Haut-Karabakh52.

En conséquence, ni le BTC ni le pétrole et le gaz naturel ne sont une solution pour tous les défis de l'Azerbaïdjan comme la démocratie, les droits de l’homme, la primauté du droit, la gouvernance et l’institutionnalisation. Toutefois, l’intégration croissante avec le monde occidental grâce aux investissements et projets multinationaux constituera une opportunité importante pour le développement économique et politique du pays et lui permettra de se prémunir des pressions des puissances régionales.

52 CORNELL Svante E. and Fariz Ismailzade, “The Baku-Tbilisi-Ceyhan Pipeline: Implications for Azerbaijan”, in STARR S. Frederick and CORNELL Svante, the Baku-Tbilisi-Ceyhan Pipeline: Oil Window to the West”, Washington, Central Asia-Caucasus Institute & Silk Road Studies Program, 2005, p. 61-85, p. 83

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